Publié le 17 Avril 2024

La dixième saison de Joan Matabosch à la direction artistique du Teatro Real de Madrid a été révélée le jeudi 04 avril 2024, soit avec plus d’un mois d’avance par rapport à l’annonce de la saison 2023/2024, et contraste fortement avec la saison en cours par la quasi absence d'œuvres post-romantiques.

Saison lyrique 2024/2025 du Teatro Real de Madrid

Ainsi, la saison 2024/2025 présente 11 ouvrages lyriques en version scénique ou semi-scénique (contre 15 cette saison) et 8 opéras en version de concert pour un total de 96 représentations, soit 23 soirées de moins que l’exceptionnelle saison 2023/2024, mais tous seront joués dans la grande salle, ce qui est le volume habituel du théâtre madrilène.
Et 11 de ces 19 ouvrages n‘ont jamais été interprétés sur cette scène.

Elīna Garanča (La Princesse de Bouillon) dans  'Adriana Lecouvreur'

Elīna Garanča (La Princesse de Bouillon) dans 'Adriana Lecouvreur'

L’Opéra Italien du XIXe siècle

La langue italienne et le répertoire du XIXe siècle vont représenter tous deux les deux tiers des soirées, ce qui est la proportion que l’on observe dans les maisons d’opéra traditionnelles telle le MET de New-York, comme si cette saison était pensée pour offrir d’abord de beaux écrins à de grandes chanteuses et de grands chanteurs.

Ainsi, deux piliers du répertoire traditionnel italien ouvriront et clôtureront la saison 2024/2025 pour un total de 31 soirées, soit 1/3 de la programmation.

En ouverture, ‘Adriana Lecouvreur’ de Francesco Cilea (mis en scène par la production bien connue et internationale de David McVicar – Londres, 2010), fera son entrée au répertoire du Teatro Real à l’occasion du 50e anniversaire de l’interprétation de l’œuvre par José Carreras et Montserrat Caballé au Teatro de la Zarzuela les 6 et 8 juin 1974. Le public madrilène y retrouvera Ermonela Jaho, Maria Agresta, Elīna Garanča et Ekaterina Semenchuk selon les soirs.

Et à l’été 2025, ‘La Traviata' sera donné dans la production de Willy Decker (Festival de Salzbourg, 2005) sur une longue série avec d’excellentes distributions comprenant Nadine Sierra, Adela Zaharia, Xabier Anduaga, et Juan Diego Flórez notamment.

Deux autres ouvrages représentatifs du jeune Giuseppe Verdi seront interprétés en version de concert, deux soirs chacun, ‘Les Lombards à la Première Croisade’, avec Anna Pirozzi, et ‘Attila’, avec Sondra Radvanovsky.

Enfin, une œuvre belcantiste rejoindra ce groupe d’opéras verdiens et post-verdiens, ‘Maria Stuarda’ de Gaetano Donizetti, à nouveau dans une mise en scène de David McVicar (co-production avec le Gran Teatre del Liceu, le Donizetti Opera Festival - Bergamo et La Monnaie de Bruxelles), avec, selon les soirs, Aigul Akhmetshina, Silvia Tro Santafé, Lisette Oropesa ou bien Yolanda Auyanet.

Elsa Dreisig (Sifare) dans 'Mitridate, Re di Ponto'

Elsa Dreisig (Sifare) dans 'Mitridate, Re di Ponto'

La tragédie française selon Mozart

Les amoureux de la langue italienne chantée avec la finesse d’écriture de Mozart pourront ensuite retrouver deux ouvrages inspirés de tragédies françaises, ‘Mitridate, Re di Ponto’, d’après la pièce de Jean Racine, dans une nouvelle production de Claus Guth et sous la direction d’Ivor Bolton, avec la ravissante Elsa Dreisig en Sifare, et, en version semi-scénique, ‘Idomeneo, Re di Creta’ d’après l’œuvre éponyme d’André Campra, sous la direction de René Jacobs.

Gustavo Gimeno, direction musicale d'‘Eugène Onéguine’

Gustavo Gimeno, direction musicale d'‘Eugène Onéguine’

L’Opéra romantique russe

L’un des cœurs de cette saison est la présentation de deux ouvrages russes basés sur des textes d’Alexandre Pouchkine, ‘Eugène Onéguine’ de Piotr Ilitch Tchaïkovski, dans une nouvelle production de Christof Loy (coproduction Den Norske Opera & Ballett d’Oslo et Gran Teatre del Liceu), qui sera dirigée par Gustavo Gimeno, le nouveau directeur musical du Teatro Real de Madrid à partir de septembre 2025, et ‘Le Conte du Tsar Saltan’ de Nikolaï Rimski-Korsakov, une merveilleuse production de Dmitri Tcherniakov qui a déjà circulé à Strasbourg et à Bruxelles, sous la direction de Karel Mark Chichon.

Joyce DiDonato - Irène dans 'Theodora' et Storgé dans 'Jephté'

Joyce DiDonato - Irène dans 'Theodora' et Storgé dans 'Jephté'

Le Festival baroque

Ensuite, c’est toute une série d’opéras baroques dans les langues italienne, française et anglaise qui seront interprétés pour près de 20% des soirées.

Œuvre à forte dimension spirituelle, ‘Théodora’ de  Georg Friedrich Händel fera son entrée au répertoire dans la production londonienne de Katie Mitchell sous la direction d’ Ivor Bolton avec Julia Bullock, Joyce DiDonato et Iestyn Davies.

Les madrilènes pourront également découvrir des extraits des ‘Indes Galantes’ de Jean-Philippe Rameau sous la direction de Leonardo García Alarcón et dans la mise en scène de Bintou Dembélé.
Tous deux participaient déjà à la production marquante de Clément Cogitore réalisée pour l’opéra Bastille en 2019. 

Puis, 6 ouvrages en version de concert seront joués chacun pour un soir, ‘David et Jonathas’ de Marc-Antoine Charpentier (direction Sébastien Daucé), une trilogie Händel avec ‘Tamerlano’ (direction René Jacobs), ‘Alcina’ (direction Francesco Corti avec Elsa Dreisig, Sandrine Piau et Emily d’Angelo) et ‘Jephté’ (direction Francesco Corti avec Michael Spyres et Joyce DiDonato), un opéra du compositeur catalan Domènec Terradellas ‘La Merope’ (direction Francesco Corti avec Emoke Baráth et Pia Francesca Vitale), et enfin, ‘L’Uomo Femmina’ de Baldassare Galuppi (direction Vincent Dumestre avec Eva Zaïcik et Lucile Richardot), opéra récemment redécouvert et que les Français pourront notamment voir avec la même équipe à Versailles et à Dijon dans une mise en scène d’Agnès Jaoui au cours de la saison 2024/2025.

 Jesús Torres, compositeur de 'Tejas Verdes’

Jesús Torres, compositeur de 'Tejas Verdes’

L’Opéra espagnol du XXe et XXIe siècle

A l’opposé de la saison 2023/2024, seul un spectacle donné sur 6 soirées sera consacré à l’opéra postromantique et contemporain. 

Il s’agira d’un diptyque de deux compositions musicales en langue espagnole mis en scène par Rafael R. Villalobos et dirigé par Jordi Francés, ‘La Vida Breve’ de Manuel de Falla, une œuvre inspirée du courant vériste italien, et, en création mondiale, ‘Tejas Verdes’ de Jesús Torres, compositeur né à Saragosse qui appréhendera dans son second opéra la période de la dictature de Pinochet, une œuvre que l’on pourra rapprocher de ‘Die Passagierin’, de Mieczysław Weinberg, présenté cette saison.

Joan Matabosch (Directeur artistique), Gregorio Marañón (Président) et García-Belenguer (Directeur général)

Joan Matabosch (Directeur artistique), Gregorio Marañón (Président) et García-Belenguer (Directeur général)

Cette saison sans Richard Wagner, Richard Strauss, et même sans la moindre œuvre allemande, et sans Giacomo Puccini, est assez singulière dans le paysage lyrique, et elle montre l’avantage en terme de souplesse que peut avoir une maison qui cherche à se constituer une forte expérience musicale en attirant de grands artistes sans chercher à se créer une identité propre pour autant. La présence de deux opéras russes est par ailleurs un fait assez rare pour être souligné, et la création mondiale de 'Tejas Verdes’ de Jesús Torres sera suivie de près.

Reste que cette saison tranche tant avec l'ouverture programmatique constatée ces dernières années que la question sous-jacente est de savoir si elle annonce une durable inflexion dans le choix des œuvres, des sujets qu'elles abordent et de la façon de les représenter, où bien s'il s'agit d'une respiration dans un parcours mené de façon très ambitieuse ces dernières années.

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Publié le 13 Avril 2024

Éclipse totale de Soleil au Canada (Woburn-Québec) du 08 avril 2024

L'éclipse totale de Soleil qui a traversé l'Amérique du Nord, le lundi 08  avril 2024, était très attendue car il s'agissait de la seule éclipse totale de la période 2021-2025 qui soit visible par des millions d’observateurs, tous situés en Amérique du Nord du Mexique à Terre-Neuve en passant par le Texas, l’Oklahoma, l’Arkansas, le Missouri, l’Illinois, le Kentucky, l’Indiana, l’Ohio, un petit bout du Michigan, la Pennsylvanie, l’État de New-York, le Vermont, le Maine, l’Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick.

Trajectoire de l'ombre de la Lune sur l'Amérique du Nord, le lundi 08 avril 2024

Trajectoire de l'ombre de la Lune sur l'Amérique du Nord, le lundi 08 avril 2024

Par ailleurs, cette éclipse était la réplique de celle qui était passée sur le désert libyen de Waw an Namus (lire Soleil noir en Libye le 29 mars 2006) et sur la Turquie le mercredi 29 mars 2006. Toutes deux font partie de la même série d’éclipses Saros 139 dont la première totale a débuté en 1843. Et après 42 répliques, tous les 18 ans 11 jours et huit heures, cette série de totales s'achèvera en 2601.

Le meilleur endroit pour profiter dans la durée de cette éclipse se situait dans la région de Durango au Nord-Ouest du Mexique où elle pouvait durer 4mn28s sur la bande de centralité, avec 70% de chance de pouvoir bénéficier d’un ciel dégagé.

Trajectoire de l'ombre de la Lune au sud du Saint-Laurent (Québec)

Trajectoire de l'ombre de la Lune au sud du Saint-Laurent (Québec)

Pourtant, c’est la région d’Estrie au Québec que j’ai choisi pour des raisons de proximité, s’agissant d’un voyage d’une huitaine de jours seulement, et parce l’ambiance y est harmonieuse de par la forte imprégnation de la nature qui vivifie les reliefs montagneux des Appalaches qui la traverse.

Arrivée sur Montréal, le jeudi 04 avril 2024

Arrivée sur Montréal, le jeudi 04 avril 2024

La situation météorologique au sud du Saint-Laurent n’y est habituellement pas favorable, mais une semaine avant le départ, les prévisions du ciel du Québec ont laissé entrevoir qu'il serait probablement l’un des mieux dégagés sur la trajectoire de l’ombre de la Lune, ce qui va se confirmer le jour venu.

Aéroport de Montréal, le jeudi 04 avril 2024

Aéroport de Montréal, le jeudi 04 avril 2024

Après une escale à Montréal sous une tempête qui a recouvert de plus de 30 cm de neige les régions de Montérégie et d’Estrie, soit trois fois ce que l’on observe habituellement en avril, l’arrivée à Québec se fait sous un vent glacial qui va durer deux jours.

Dimanche 07 avril, Québec : Sculpture de Sir George-Étienne Cartier (1814-1873), l'un des pères de la Confédération canadienne (1867)

Dimanche 07 avril, Québec : Sculpture de Sir George-Étienne Cartier (1814-1873), l'un des pères de la Confédération canadienne (1867)

Une première visite du Vieux-Québec permet de découvrir à quel point cette ville fortifiée regorge de places où d’impressionnantes statues racontent l’histoire des découvreurs et de la colonisation française, de la guerre avec les Anglais et les Américains et de l’implication dans la Première Guerre mondiale, tout en faisant ressortir les valeurs humanistes qui fondent cette nation.

Mardi 09 avril, Québec : pièces d'artillerie allemandes saisies par le corps expéditionnaire canadien lors de la Première Guerre mondiale

Mardi 09 avril, Québec : pièces d'artillerie allemandes saisies par le corps expéditionnaire canadien lors de la Première Guerre mondiale

Puis, une journée est dédiée au repérage d’un bon site d’observation de l’éclipse qui ne soit pas un lieu de convergence de la foule le jour J. C’est vers Lac Mégantic, scène d’une terrible tragédie ferroviaire en 2013 située à 2h30 de route au sud de Québec, que je me suis dirigé sous des averses de neige constantes rendant les conditions de visibilité fort réduites. 

Samedi 06 avril 2024, route vers Lac Mégantic : Eglise de Saint-Martin érigée en 1902 et 1903 par l'entrepreneur Elzéar Métivier

Samedi 06 avril 2024, route vers Lac Mégantic : Eglise de Saint-Martin érigée en 1902 et 1903 par l'entrepreneur Elzéar Métivier

Au sud de Lac Mégantic, la route des sommets mène à Saint-Augustin de Woburn, à Notre-Dame-des Bois, puis à l’Observatoire du Mont-Mégantic situé à 1102 m. Ce dernier étant pris d’assaut le jour de l’éclipse, c’est finalement une plaine entourée de collines à l’entrée de Saint-Augustin de Woburn qui apparait comme un lieu favorable qui ne soit obstrué ni par les forêts, omniprésentes, ni par des poteaux électriques. En 1775, une partie de l’Armée américaine passa non loin de cet endroit situé à la frontière avec le Maine, lors de l’invasion du Québec.

Lundi 08 avril 2024 : plaine à l'entrée de Saint-Augustin de Woburn

Lundi 08 avril 2024 : plaine à l'entrée de Saint-Augustin de Woburn

Ce lieu s’avère effectivement un bon choix situé à moins de 10km de la ligne de centralité – la largeur de la bande de terre située dans l’ombre s’étendant à cet endroit sur 172 km – qui ne soit fréquenté que par quelques locaux sympathiques, dont certains se rappellent encore le passage de l’éclipse du 10 juillet 1972 un peu plus au nord du Québec.

Ciel bleu sans le moindre nuage, étendues des paysages encore blanches de neige, même si celle ci va fondre toute la journée avec le radoucissement des températures.

Eclipse partielle de Soleil et tâches solaires (14h53)

Eclipse partielle de Soleil et tâches solaires (14h53)

Alors que l’ombre de la Lune pénètre au Mexique à 14h05mn, heure de Québec, notre satellite ne commence à masquer le Soleil qu’à 14h18mn. Et pendant 70mn, il est possible de suivre l’avancée du disque noir devant une surface solaire qui apparaît marquée par la présence de plusieurs groupes de taches solaires, des zones où le champ magnétique est très intense.

2024 est en effet l’année du maximum de l’activité solaire, un cycle de 11 ans dont le climax est caractérisé par de fortes éjections de masses coronales qui, lorsqu’elles sont émises en direction de la Terre, peuvent créer des orages magnétiques.

Diamant et protubérances solaires (15h28) - F/5.9 -  Temps de pose 1/500s - Focale 215mm - Iso 100

Diamant et protubérances solaires (15h28) - F/5.9 - Temps de pose 1/500s - Focale 215mm - Iso 100

Une des tâches solaires visible le jour de l’éclipse montre d’ailleurs une étendue de plus de deux fois et demi le diamètre de la Terre, ce qui est considérable.

Couronne solaire (15h30) - F/5.6 -  Temps de pose 1/125s - Focale 118mm - Iso 640

Couronne solaire (15h30) - F/5.6 - Temps de pose 1/125s - Focale 118mm - Iso 640

20 minutes avant la totalité, le changement de luminosité se fait sentir, le vent est encore fort, et la baisse de température est tout autant sensible. Puis, vient le moment irrésistible de la formation de l’anneau de feu dans le ciel et du scintillement du diamant, lorsque l’ombre n’est plus qu’à une cinquantaine de kilomètres.

Et à 15h28mn50s, le soleil noir entouré de sa couronne solaire d’argent apparaît dans le ciel, ainsi que les planètes Vénus et Jupiter. Le premier élément frappant est que cette couronne semble assez homogène, sans faire apparaître une forme particulière contrairement à l’éclipse d’août 2017 qui avait touché le parc Yellowstone.

Protubérances solaires (15h31) - F/5.9 -  Temps de pose 1/500s - Focale 215mm - Iso 100

Protubérances solaires (15h31) - F/5.9 - Temps de pose 1/500s - Focale 215mm - Iso 100

Tout se déroule dans une absolue sérénité en plein paysage baigné par des lueurs claires à l’horizon au fur et à mesure que l’ombre avance à plus de 4500 km/h. A l’œil nu le spectacle est somptueux, d’autant plus que d'impressionnantes protubérances solaires émergent au sud de l'astre, si bien que le disque luminescent semble pleurer des larmes de sang avec l'éclat d'un rubis. Et ce feu se révèle particulièrement vivant, mais peut-être est-ce du à la turbulence atmosphérique?

Limite de l'ombre de la Lune sur paysage (15h30) - F/4.5 -  Temps de pose 1/2s - Focale 4mm - Iso 100

Limite de l'ombre de la Lune sur paysage (15h30) - F/4.5 - Temps de pose 1/2s - Focale 4mm - Iso 100

Puis, 3 minutes et 26 secondes plus tard, les rayons du Soleil percent à nouveau, et la lumière diurne se rétablit. Au loin, des cerfs de Virginie continuent imperturbablement de se nourrir des herbes découvertes par la fonte des neiges. Nous sommes en effet dans une aire de confinement où ces chevreuils se regroupent pour passer l’hiver dans les forêts de résineux où la nourriture est plus accessible, et qu’ils ne quittent qu’avec le redoux.

Cerfs de Virginie - Saint-Augustin de Woburn

Cerfs de Virginie - Saint-Augustin de Woburn

De nombreuses Bernaches du Canada profitent également des plans d’eaux qui se forment, un groupe s’envole avec le retour de la lumière, et deux grands Urubu à tête rouge, oiseaux de proie communs dans ces régions, planent majestueusement au dessus de la plaine. La vie reprend.

La Lune mettra encore plus d’une heure à découvrir totalement le disque solaire.

Urubu à tête rouge - Saint-Augustin de Woburn

Urubu à tête rouge - Saint-Augustin de Woburn

Il faudra attendre 16 mois pour qu’une autre éclipse totale de Soleil se produise sur Terre, le 12 août 2026 dans le nord de l’Espagne, des Asturies jusqu’à la communauté valencienne et les Îles Baléares, vers 20h30 au coucher du Soleil. 

Mais avant cet événement estival, deux éclipses annulaires de soleil se produiront, l’une au Chili et en Argentine le 02 octobre 2024, l’autre en Antarctique le 26 février 2026, et une éclipse partielle à 87% touchera la même région du Québec le 29 mars 2025 (35% à Paris).

La Nouvelle Zélande profitera également d’une autre éclipse partielle à près de 80%, le 21 septembre 2025.
 

Photomontage des phases de l'éclipse solaire du lundi 08 avril 2024

Photomontage des phases de l'éclipse solaire du lundi 08 avril 2024

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Rédigé par David

Publié dans #Astres, #Eclipse

Publié le 1 Avril 2024

La Voix humaine (Francis Poulenc – Opéra Comique, le 06 février 1959)
Silencio (Rossy de Palma et Christof Loy – Madrid, le 17 mars 2024)
Erwartung (Arnold Schönberg – Prague, le 06 juin 1924)
Représentation du 23 mars 2024
Teatro Real de Madrid

La Voix Humaine
La Femme Ermonela Jaho
Marthe Rossy de Palma

Silencio
La Femme Rossy de Palma
La Voix Christof Loy

Erwartung
La Femme Malin Byström
L’Homme Gorka Culebras

Direction musicale Jérémie Rhorer
Mise en scène Christof Loy (2024)

Coproduction avec le Teatr Wielki de Varsovie
En commémoration du 150e anniversaire de la naissance d’Arnold Schönberg

 

Longtemps associé au charmant opéra bouffe ‘The Telephone’ de Gian Carlo Menotti (1946), ‘La Voix humaine’ de Francis Poulenc fut couplé plus tard à ‘Erwartung’ d’Arnold Schönberg, ces deux ouvrages étant les deux premiers monodrames pour femme seule composés au XXe siècle – il y en aura un troisième ultérieurement, ‘Erzsebet’ de Charles Chaynes, créé à l’Opéra national de Paris le 28 mars 1983 -. 

Affiche de La Voix Humaine, Silencio et Erwartung au Teatro Real de Madrid

Affiche de La Voix Humaine, Silencio et Erwartung au Teatro Real de Madrid

Ils parlent des souffrances et de la solitude de deux femmes, l’une qui laisse ses sentiments torturer son cœur alors que son amant se sépare d’elle au téléphone, et l’autre, perdue en forêt, qui se livre aux impressions étranges dans la quête de son amant perdu qu’elle retrouve assassiné, ce qui l’entraîne dans un délire de pensées affectives plus ou moins inquiétantes.

Francis Poulenc et Arnold Schönberg à Mödling le 6 juin 1922 : source Arnold Schönberg Center (Vienne)

Francis Poulenc et Arnold Schönberg à Mödling le 6 juin 1922 : source Arnold Schönberg Center (Vienne)

Par ailleurs, Francis Poulenc rencontra le compositeur autrichien en juin 1922, lors d’un séjour viennois organisé chez Alma Mahler à l’occasion de l’audition de ‘Pierrot Lunaire’ dans sa version allemande, ouvrage que le Teatro Real de Madrid a aussi présenté il y a quelques semaines.

Le Théâtre du Châtelet présenta ce diptyque en octobre 2002, pour lequel Jessy Norman incarna les deux rôles féminins, et le Teatro Real Madrid le monte pour la première fois dans une nouvelle production de Christof Loy, en complément des célébrations des 150 ans de la naissance d’Arnold Schönberg (13 septembre 1874).

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho - La Voix humaine

La structure du décor est la même pour les deux ouvrages, élaborée de manière à représenter une large pièce éclairée à l’arrière par d’immenses fenêtres à carreaux. Mais pour faire ressentir l’état de désolation de ‘La Voix humaine’, elle est totalement vidée à la suite d’un déménagement. Ne règne plus que la froideur.

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho apparaît comme une belle jeune femme moderne, dynamique et sûre d’elle qui ose encore sourire à la vie. N’importe quelle femme d’aujourd’hui, libre et indépendante pourrait se reconnaître en elle. Mais au fur et à mesure que la conversation avance autour de ce téléphone au fil interminable, les traits du visage se crispent, les habits deviennent plus légers, et l’on assiste à une descente qui va droit au gouffre, à un optimisme de façade qui se défait, à un corps qui lâche les poses sophistiquées pour se laisser aller dans la chute, jusqu’à l’ultime prise de médicaments.

Ce fil noir si long et si fin au sol a un effet terrible tant il fait ressentir l’étroitesse et le rien de la conversation au milieu d’un océan de vide sentimental.

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho - La Voix humaine

La soprano albanaise est une artiste véritablement bouleversante, car elle met beaucoup de cœur avec un tempérament écorché qui convient bien, sans pour autant hystériser le comportement de la jeune femme à outrance. Son personnage est très humain car l’affectivité en jeu est fortement palpable, et le spectateur n’a donc aucun mal à se projeter dans cette situation désespérée.

Et si l’interprétation corporelle et théâtrale est nerveusement très engagée, son chant est avant tout lyrique avec des impulsions saisissantes quand elle sent la folie la gagner. Toutefois, noyée dans la noirceur du timbre, son élocution n’est pas suffisamment bien définie, et c’est donc moins le détail du texte que la sincérité de l’expression des sentiments qui fait la force de ce beau portrait très accrocheur.

Rossy de Palma - Silencio

Rossy de Palma - Silencio

A la direction d’un orchestre du Teatro Real très démonstratif, Jérémie Rhorer libère beaucoup d’ampleur ce qui donne l’impression que la situation dramatique happe littéralement la jeune femme. Ce lyrisme impétueux aux accents sévères et peu intimistes est d’une noirceur très prononcée ce qui ajoute à l’atmosphère crépusculaire du drame personnel.

Et au cours de ce monologue, l’actrice Rossy de Palma, qui incarnait Eva et Tornada dans ‘Le chanteur de Mexico’ au Théâtre du Châtelet en 2006, joue le rôle muet de Marthe, regard bienveillant et inquiet qui sait d’avance que tout est perdu.

Pleine Lune occultée par la géométrie du Teatro Real de Madrid, au sortir d''Erwartung'

Pleine Lune occultée par la géométrie du Teatro Real de Madrid, au sortir d''Erwartung'

Nous la retrouvons en prologue de la seconde partie à travers un monologue théâtral ‘Silencio’ conçu avec Christof Loy sur la base de textes de divers auteurs tels Oscar Wilde, Bertolt Brecht et des dramaturges de Zarzuelas, Anselmo C. Carreno et Luis Fernández de Sevilla.

A l’avant scène, sur fond noir, l’artiste asturienne surplombe l’orchestre tout en largeur en laissant traîner derrière elle le panache blanc de sa très longue robe de mariée. Elle raconte à travers les modulations de sa voix le désir ardent pour l’autre, et son évocation de ‘Salomé’, dite en excellent français, fait une parfaite liaison avec la seconde oeuvre, ‘Erwartung’.

Malin Byström - Erwartung

Malin Byström - Erwartung

Dans cette pièce, la soprano suédoise Malin Byström fait revivre le personnage imaginé par Marie Pappenheim, écrivaine et médecin, avec un modelé du texte et une complexité de couleurs névrotique qui évoque sa grande Salomé à la scène.

Le décor utilisé pour ‘La Voix humaine’ est cette fois enrichi de la présence de la chambre, de la salle à manger, de lumières mauves et orangées plus chaleureuses, et les fenêtres sont ouvertes pour laisser entrevoir les fleurs qui embellissent le balcon de la maison.

L’ouvrage commence comme une attente bovaryste confortable et très vite prenante de par l’osmose qui règne entre la présence vocale de Malin Byström et le superbe expressionnisme orchestral des musiciens. Jérémie Rhorer dégage ainsi une intensité et une netteté de sonorités que l’on retrouve aussi dans le timbre de la chanteuse.

Malin Byström et Gorka Culebras - Erwartung

Malin Byström et Gorka Culebras - Erwartung

Ce tableau bourgeois bascule ensuite dans le surréalisme avec la découverte du corps de l’amant gisant à moitié nu au pied du lit. Il se relève, en sang, et tout un jeu malsain se déploie, là aussi avec beaucoup de références à la relation entre Salomé et Jean-Baptiste. L’aveuglement du désir donne une apparence tout à fait normale et étonnamment sereine à cette rencontre macabre.

Puis, avec le retour des lumières du jour, survient, en coup de théâtre final, le même mari rentrant de sa journée au bureau, comme si l’absence temporaire de ce dernier avait engendré chez sa femme tout un délire morbide.

Rossy de Palma, Ermonela Jaho, Malin Byström et Gorka Culebras

Rossy de Palma, Ermonela Jaho, Malin Byström et Gorka Culebras

Ce diptyque qui charrie des sentiments sombres et cachés se déroule en parallèle des représentations de ‘Die Passagierin’ et montre à quel point l’orchestre titulaire du Teatro Real de Madrid s’exalte dorénavant dans les pièces les plus ardues, une progression qui ne cesse d’impressionner.

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Publié le 31 Mars 2024

TV-Web Avril 2024 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Mardi 02 avril 2024 sur France 4 à 21h00
Les clefs de l'orchestre de Jean-François Zygel - La Moldau de Smetana

Mardi 02 avril 2024 sur France 4 à 22h25
Les clefs de l'orchestre de Jean-François Zygel - Schéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov

Mercredi 03 avril 2024 sur France 4 à 00h05
Entre duel et duo : André Manoukian et Jean-François Zygel improvisent sur l'amour

Dimanche 07 avril 2024 sur France 3 à 00h25
Requiem (Verdi) - Chorégies d'Orange

Dimanche 07 avril 2024 sur Arte à 18h40
Le Collegium 1704 interprète "Water Music" de Haendel

Dimanche 07 avril 2024 sur Arte à 23h50
Hope on the Road - Daniel Hope aux sources de la musique irlandaise

Lundi 08 avril 2024 sur Arte à 23h50
Boris Godounov (Modeste Moussorgski) - Scala de Milan - dm Chailly - ms Holten

Mardi 09 avril 2024 sur France 4 à 21h10
Madame Butterfly (Puccini) - Opéra de Rennes - dm Piehlmayer - ms Ceresa

Mardi 09 avril 2024 sur France 4 à 23h35
La Bohème (Puccini) - Théâtre des Champs-Elysées- dm Passerini - ms Ruf

Mercredi 10 avril 2024 sur France 4 à 01h35
Prades 2021 - Festival Pablo Casals

Dimanche 14 avril 2024 sur France 3 à 00h25
Serse (Haendel) - Opéra Rouen Normandie

Dimanche 14 avril 2024 sur France 5 à 14h35
Alice (Ballet sur une musique de Philip Glass) - Opéra national du Rhin

Dimanche 14 avril 2024 sur Arte à 18h40
Grand bal symphonique avec l'Orchestre national de France - dm Cristian Macelaru

Lundi 15 avril 2024 sur Arte à 00h35
La chorégraphe Carolyn Carlson - Oser la danse

Lundi 15 avril 2024 sur Arte à 01h30
Richard Siegal - Ballet of (Dis)Obedience

Jeudi 18 avril 2024 sur Arte à 02h15
Nick Cave - The Idiot Prayer at Alexandra Palace

Vendredi 19 avril 2024 sur Arte à 22h25
Pavarotti

Samedi 20 avril 2024 sur Arte à 00h20
Pavarotti à Hyde Park

Dimanche 21 avril 2024 sur France 3 à 00h25
Les cercles sacrés (opéra de Brizzi Aldo)

Dimanche 21 avril 2024 sur Arte à 18h25
Klaus Mäkelä dirige Ravel - Avec Yuja Wang & l'Orchestre de Paris

Dimanche 21 avril 2024 sur Arte à 23h55
Klaus Mäkelä, vers la flamme

Lundi 22 avril 2024 sur Arte à 00h50
L'ensemble vocal Amarcord chante Josquin des Préz

Mardi 23 avril 2024 sur France 4 à 21h10
Soirée Béjart - Opéra national de Paris

Mardi 23 avril 2024 sur France 4 à 22h10
Rudolf Noureev, l'attraction céleste

Mardi 23 avril 2024 sur France 4 à 23h10
Island (Ballet) - Carolyn Carlson Company

Dimanche 28 avril 2024 sur France 3 à 00h25
Vissi d'Arte - Gala Maria Callas - Opéra national de Paris

Dimanche 28 avril 2024 sur Arte à 18h40
"Les quatre saisons" (incertaines) de Vivaldi - Depuis l'île de Délos

Lundi 29 avril 2024 sur Arte à 18h40
Tugan Sokhiev dirige l'Orchestre philharmonique de Vienne

Mezzo et Mezzo HD

Lundi 01 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
Les Chants des possibles : rencontre lyrique internationale à Paris

Mardi 02 avril 2024 sur Mezzo à 23h20
'Jenufa' de Janacek au Staatsoper Berlin

Mercredi 03 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss

Vendredi 05 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Les Boréades de Rameau à l'Opéra de Dijon

Vendredi 05 avril 2024 sur Mezzo à 23h45
Verdi : Falstaff - Opéra de Lille

Samedi 06 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
Eugène Onéguine de Tchaikovsky à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Dimanche 07 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Don Carlos de Verdi à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Mardi 09 avril 2024 sur Mezzo à 22h25
'La Sonnambula' de Bellini à l'Opéra Royal de Wallonie Liège

Mercredi 10 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
Farnace de Vivaldi à la Fenice de Venise

Vendredi 12 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Didon et Enée' de Purcell au Grand Théâtre de Genève

Vendredi 12 avril 2024 sur Mezzo à 23h25
'Les Pêcheurs de perles' de Bizet au Capitole de Toulouse

Samedi 13 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
La Traviata de Verdi au Gran Teatre del Liceu

Dimanche 14 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Les Boréades de Rameau à l'Opéra de Dijon

Mardi 16 avril 2024 sur Mezzo à 22h55
Verdi: La Forza del destino - Opéra Royal de Wallonie-Liège

Mercredi 17 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
'The Perfect American' de Philip Glass au Teatro Real de Madrid

Mercredi 17 avril 2024 sur Mezzo à 22h20
'Adelaide di Borgogna' de Rossini à Pesaro

Vendredi 19 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
La Bohème de Puccini à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Vendredi 19 avril 2024 sur Mezzo à 23h05
Lully : Phaéton - Opéra Royal de Versaille

Samedi 20 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
'Arabella' de Strauss au Teatro Real de Madrid

Dimanche 21 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Lakmé' de Delibes à l'Opéra de Wallonie-Liège

Mardi 23 avril 2024 sur Mezzo à 23h40
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss

Mercredi 24 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
'Ernani' de Verdi au Palau de les Arts de Valence

Vendredi 26 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Tchaïkovski : La Dame de Pique - Bayerische Staatsoper

Samedi 27 avril 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini : Turandot - Vérone

Dimanche 28 avril 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Ambroise Thomas - Mignon - Opéra Royal de Wallonie-Liège

Mardi 30 avril 2024 sur Mezzo à 23h45
Farnace de Vivaldi à la Fenice de Venise

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Illimité

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 2018) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

Roberto Alagna - Ma vie est un opéra

Le Royaume des Deux-Siciles (Roberto Alagna)

Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

Michaël Denard, le « prince » de l'Opéra de Paris

Le Lac des Cygnes, l'Ambitieux projet de Tchaïkovski

Maria Callas - Il était une voix

Body and Soul (Opéra national de Paris)

Dans les coulisses de Casse-Noisette

Dans les coulisses de Roméo et Juliette

Dans les coulisses de La Fille mal gardée

Accès Live avec Rim'K à l'Opéra Bastille pour « Le Lac des Cygnes »

Accès live à l'Opéra Garnier dans les coulisses de « La Cenerentola »

Le Requiem de Verdi (Chorégies d'Orange)

                       Avril 2024

Carmen (Opéra Comique) jusqu'au 02 avril 2024

Kristine Opolais à Kaunas (Gala Lyrique en Lituanie) jusqu'au 04 avril 2024

Messe en si mineur (Chapelle Royale de Versailles) jusqu'au 08 avril 2024

Finale concours Voix des Outre-mers 2024 (Amphithéâtre Bastille) jusqu'au 08 avril 2024

Le Jacobin (National Theatre Brno) jusqu'au 08 avril 2024

Salomé (Opéra d'Helsinki) jusqu'au 08 avril 2024

Gala Verdi (Teatro Regio Parma) jusqu'au 10 avril 2024

Le Concert de Paris 2023 jusqu'au 13 avril 2024

Madame Butterfly (Opera de Rennes) jusqu'au 16 avril 2024

Requiem de Verdi - Claudio Abbado (Berlin) jusqu'au 18 avril 2024

Le Chant de la Terre - Claudio Abbado (Berlin) jusqu'au 18 avril 2024

Récital Pene Pati (Dvorak Rudolfinum de Prague) jusqu'au 19 avril 2024

Dona Nobis Pacem - Neumeier (Ballet de Hambourg) jusqu'au 19 avril 2024

Ghost Light - Neumeier (Ballet de Hambourg) jusqu'au 20 avril 2024

Magic Mozart ... Concert spectaculaire! jusqu'au 21 avril 2024

Boris Godounov (Scala de Milan) jusqu'au 21 avril 2024

Il Barbiere di Siviglia (Garsington Opera) jusqu'au 24 avril 2024

Salomé (Opéra de Hambourg) jusqu'au 26 avril 2024

La Bohème (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 28 avril 2024

Pavarotti à Hyde Park jusqu'au 29 avril 2024

Les 31e Victoires de la Musique classique 2024 jusqu'au 29 avril 2024

                          Mai 2024

Carmen (Chorégies d'Orange 2023) jusqu'au 03 mai 2024

Zoraidandi Granata (Wexford Opera Festival) jusqu'au 03 mai 2024

Carmen (Chorégies d'Orange) jusqu'au 08 mai 2024

Dance! (Avec Sylvia Camarda, Oumi Janta, Ahmad Joudeh) jusqu'au 10 mai 2024

Le cinéma d'Howard Shore - Le Seigneur des anneaux jusqu'au 13 mai 2024

L'Agneau de Dieu (Lithuanian National Opera & Ballet) jusqu'au 18 mai 2024

Ligeti, compositeur de l’extraterrestre jusqu'au 19 mai 2024

L'Ours (Klaipeda State Music Theater) jusqu'au 19 mai 2024

Otello (Poznan Opera) jusqu'au 25 mai 2024

Bastarda - Le Couronnement (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - La tournée royale (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Mary, Reine d'Ecosse (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Tuer une Reine (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Miroirs brisés (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - La Reine de la Farce (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Maria Callas chante 'Tosca' jusqu'au 29 mai 2024

La Source (Opéra national de Paris) jusqu'au 29 mai 2024

Oper! Awards 2024 jusqu'au 29 mai 2024

200 ans de Smetana - Gala d'Opéra (Opéra de Prague) jusqu'au 31 mai 2024

                          Juin 2024

Dans les coulisses de Roméo et Juliette (Opéra national de Paris) jusqu'au 02 juin 2024

Maria de Buenos Aires (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 03 juin 2024

Masque of Might (Opera North) jusqu'au 03 juin 2024

Don Carlo (Scala de Milan 2023) jusqu'au 05 juin 2024

Vissi d'Arte : Gala Maria Callas jusqu'au 06 juin 2024

Haendel : Flavio, re de' Longobardi (Bayreuth Baroque 2023) jusqu'au 07 juin 2024

Lili Elbe (Theater St Gallen) jusqu'au 08 juin 2024

Il Turco in Italia (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 09 juin 2024

Suor Angelica - L'Enfant et les sortilèges (New National Theatre Tokyo) jusqu'au 15 juin 2024

Casse-Noisette (Opéra national de Paris) jusqu'au 19 juin 2024

Giselle (Opéra national de Bordeaux) jusqu'au 19 juin 2024

Fauteuils d'Orchestre - Maria Callas (Palais Garnier) jusqu'au 19 juin 2024

Requiem de Verdi (Teatro Regio Parma) jusqu'au 23 juin 2024

La Vie parisienne (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 25 juin 2024

Il Giustino (Drottningholm Court Theater) jusqu'au 26 juin 2024

Don Carlo (Scala de Milan 2023) jusqu'au 27 juin 2024

Concert du nouvel an de l'Orchestre national de France (Radio France) jusqu'au 28 juin 2024

Concert du nouvel an du Philharmonique de Vienne (1ère partie) jusqu'au 29 juin 2024

Concert du nouvel an du Philharmonique de Vienne (2d partie) jusqu'au 29 juin 2024

Concert du nouvel an à Venise jusqu'au 29 juin 2024

Les Indes Galantes - version resserrée (Opéra national de Paris) jusqu'au 29 juin 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 30 juin 2024

                           Juillet 2024

La Fiancée vendue (Théâtre national de Prague) jusqu'au 01 juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

La Chauve-Souris (Croatian national Theatre in Zagreb) jusqu'au 09 juillet 2024

L'incoronazione di Poppea  (Gran Theatre del Liceu de Barcelone) jusqu'au 11 juillet 2024

Andrea Chénier (Teatro Comunale di Bologna) jusqu'au 12 juillet 2024

Wozzeck (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

Richard Siegal : Ballet of (Dis)Obedience jusqu'au 12 juillet 2024

L'opéra de quat'sous (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

Picture a day like this (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 13 juillet 2024

Gala d'opéra - Classic Open Air Hannover jusqu'au 14 juillet 2024

Valuska (Hungarian State Opera) jusqu'au 19 juillet 2024

                          Août 2024

Nereydas (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 02 août 2024

Artifacts Assembly (Palau des Les Arts Reina Sofia) jusqu'au 02 août 2024

Orchestre des Champs-Elysées (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 02 août 2024

Le cinéma de Maurice Jarre jusqu'au 06 août 2024

Theodora (MusikTheater an der Wien) jusqu'au 12 août 2024

Le Diable chantant (Theater Bonn) jusqu'au 17 août 2024

Hyuk Lee (Palais Royal) jusqu'au 27 août 2024

                           Septembre 2024

Nadine Sierra et Pretty Yende (Philharmonie) jusqu'au 04 septembre 2024

Christiane Eda-Pierre, en scène jusqu'au 05 septembre 2024

Lise Davidsen (Den Norske Opera & Ballett) jusqu'au 08 septembre 2024

Dalibor (Théâtre national de Prague) jusqu'au 10 septembre 2024

Valer Sabadus (Bayreuth Baroque 2023) jusqu'au 14 septembre 2024

Cambio madre (Muziehtheater Transparant, Flanders Festival Ghent) jusqu'au 15 septembre 2024

La Fille mal gardée (Opéra de paris) jusqu'au 21 septembre 2024

Eugène Onéguine (Deutsche Oper Am Rhein) jusqu'au 23 septembre 2024

Bruno de Sa (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 24 septembre 2024

Il était une fois Casse-Noisette (Karl Paquette - Châtelet) jusqu'au 25 septembre 2024

Serse (Opéra de Rouen) jusqu'au 26 septembre 2024

Télémaque et Calypso (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 29 septembre 2024

Rivoluzione (La Monnaie) jusqu'au 29 septembre 2024

Nostalgia (La Monnaie) jusqu'au 30 septembre 2024

                          Octobre 2024

Intimate Portraits (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 01 octobre 2024

Pietari Inkinen dirige Caplet, Ravel et Rimski-Korsakov - Avec Fatma Saïd jusqu'au 4 octobre 2024

Orlando Furioso (Teatro Comunale di Ferrara) jusqu'au 05 octobre 2024

Requiem de Mozart (Festival d'Ambronay) jusqu'au 06 octobre 2024

Viva Napoli! (Festival d'Ambronay) jusqu'au 07 octobre 2024

Les Chemins de Bach / Un Voyage à Lübeck (Chapelle royale de Versailles) jusqu'au 10 octobre 2024

Britten - War Requiem (Château de Prague) jusqu'au 16 octobre 2024

                          Novembre 2024

On Danse Chez Vous : Mehdi Kerkouche (Chaillot) jusqu'au 08 novembre 2024

Marco Tutino : La ciociara (Wexford Festival Opera 2023) jusqu'au 18 novembre 2024

                          Décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Ballet National de España (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 18 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 21 décembre 2024

Hommage à Patrick Dupond jusqu'au 26 décembre 2024

 

                           Février 2025

Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste - Opéra Grand Avignon jusqu'au 09 février 2025

Charpentier à l'honneur - Festival de musique sacrée à Madrid jusqu'au 14 février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

                           Mars 2025

Fidelio courte animation jusqu'au 01 mars 2025

Maria Callas au cinéma jusqu'au 03 mars 2025

Vivaldi et Mozart au musée du Louvre jusqu'au 24 mars 2025

 

                           Juin 2025

Jour de fête chez Offenbach (Radio France) jusqu'au 22 juin 2025

 

                         Septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

 

                         Novembre 2025

Le Ring sans paroles (Philharmonique de Strasbourg) jusqu'au 05 septembre 2025

 

                           Février 2026

Voix des Outre-Mer 2023 (Amphithéâtre Bastille) jusqu'au 22 février 2026

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

 

                           Juillet 2026

Kiev, un opéra en guerre (1/4) - Danser pour résister jusqu'au 11 juillet 2026

 

                           Septembre2026

Kiev, un opéra en guerre (2/4) - Exister ou disparaître jusqu'au 12 septembre 2026

 

                         Novembre 2026

Les trois ballets de Stravinsky (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 25 novembre 2026

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 27 Mars 2024

Die Passagierin (Mieczysław Weinberg – composé en 1968, première à Moscou le 25 décembre 2006)
Livret d’Alexander Medvedev, d’après la pièce radiophonique ‘Pasażerka z kabiny 45’ (1959) et la nouvelle ‘Pasażerka’ (1962) de Zofia Posmysz (1923-2022)
Représentation du 16 mars 2024 au Bayerische Staatsoper de Munich et
Représentation du 24 mars 2024 au Teatro Real de Madrid

Distribution              Bayerische Staatoper            Teatro Real de Madrid

L’autre Lisa              Sibylle Maria Dordel            
Lisa                           Sophie Koch                         Daveda Karanas
Walter                       Charles Workman                  Nikolai Schukoff
Marta                        Elena Tsallagova                    Amanda Majeski
Tadeusz                     Jacques Imbrailo                   Gyula Orendt
Katja                                                                        Anna Gorbachyova-Ogilvie
Alte                                                                         Helen Field
Krystina                    Daria Proszek                        Lidia Vinyes-Curtis
Vlasta                       Lotte Betts-Dean                    Marta Fontanals-Simmons
Hannah                     Noa Beinart                            Nadezhda Karyazina
Bronka                      Larissa Diadkova                   Liuba Sokolova
Yvette                       Evgeniya Sotnikova               Olivia Doray
SS-Mann                  Bálint Szabó,                          Hrólfur Sæmundsson,
                                 Roman Chabaranok,               Marcell Bakonyi,
                                 Gideon Poppe                         Albert Casals
Älterer Passagier      Martin Snell                           Graeme Danby    
Oberaufseherin / Kapo    Sophie Wendt                  Géraldine Dulex
Steward                    Lukhanyo Bele                       Graeme Danby

Direction musicale   Vladimir Jurowski                  Mirga Gražinytè-Tyla
Mise en scène           Tobias Kratzer (2024)             David Pountney (2010)

Nouvelle production du Bayerische Staatsoper
Nouvelle production du Teatro Real, en co-production avec le festival de Bregenz, Le Théâtre Wielki de Varsovie, et l’English National Opera.
En hommage au 10e anniversaire de la disparition de Gerard Mortier (1943-2014)  

Au même moment, et pour commémorer le 10e anniversaire de la disparition de Gerard Mortier (1943-2014) , l’opéra d’État de Bavière et le Teatro Real de Madrid, respectivement dirigés par Serge Dorny et Joan Matabosch, montent une pièce du compositeur russe Mieczysław Weinberg (1919-1996) basée sur la nouvelle ‘La Passagère’ de Zofia Posmysz, une survivante du camp d’extermination d’Auschwitz.

Die Passagierin (Weinberg) - ms Kratzer à Munich / ms Pountney à Madrid

Die Passagierin (Weinberg) - ms Kratzer à Munich / ms Pountney à Madrid

L’œuvre fut achevée en 1968, mais elle ne fut donnée en version semi-scénique que le 25 décembre 2006 à la Maison internationale de la musique de Moscou, puis en version scénique au Festival de Bregenz, en juillet 2010, dans une mise en scène de David Pountney et sous la direction de Teodor Currentzis.

Gerard Mortier, coproducteur de ce spectacle, vint au célèbre festival autrichien pour y assister, mais il ne put le monter comme prévu à Madrid à cause de la crise économique qui sévissait en 2012 et 2013, et c’est donc Joan Matabosch, son successeur et fidèle admirateur, qui s’en charge cette saison après avoir programmé tous les ouvrages que le directeur flamand tenait à cœur de présenter.

Le Teatro Real de Madrid aux applaudissements finaux de 'Die Passagierin'

Le Teatro Real de Madrid aux applaudissements finaux de 'Die Passagierin'

L’idée d’écrire ‘Pasażerka z kabiny 45’ est venue à Zofia Posmysz lorsque, se rendant à Paris en 1959 pour écrire sur l’ouverture de la ligne Varsovie-Paris, elle crut reconnaître, place de La Concorde, la voix de sa surveillante à Auschwitz. Une fois chez elle, et incapable d’apaiser ses questionnements, son mari lui suggéra de rédiger une nouvelle.

Plus tard, Chostakovitch recommandera à Weinberg d’en faire un opéra.

L'orchestre du Bayerische Staatsoper de Munich

L'orchestre du Bayerische Staatsoper de Munich

Mettre en miroir les productions madrilène et munichoise est véritablement passionnant à vivre, et avant d’en venir à la nouvelle production de Tobias Kratzer, commencer par celle de David Pountney permet d’aborder, en premier lieu, une lecture qui ne cache rien de la vie dans les camps.

Le dispositif scénique représente en hauteur le pont du navire transatlantique qui emmène, en 1960, l’ancienne tortionnaire Lise et son mari Walter au Brésil. Mais au pied du décor, des rails circulaires enlacent la nacelle du bâtiment, et deux autres rails aboutissent directement sur l’orchestre. 

Toutes les scènes de brimades et d’humiliation dans le camp s'y déroulent, avec SS, prisonniers en tenues bariolées et exécutants qui retirent les cendres des fours. Les lumières sont constamment crépusculaires, et elles éclairent un misérabilisme réaliste qui happe le spectateur dans cet enfer étouffant.

Nikolai Schukoff (Walter) et Daveda Karanas (Lise) - Madrid (ms Pountney)

Nikolai Schukoff (Walter) et Daveda Karanas (Lise) - Madrid (ms Pountney)

L’opéra se déroule en alternant le présent, situé des années après le drame, et le passé inimaginable auquel Marta et l’autrice ont survécu.  Et l’on voit comment Lise devient un instrument au service d’un dispositif oppressif où elle occupe un rôle autoritaire qui la valorise. 

Marta, la détenue, évolue en permanence la tête courbée pour signifier son statut de victime de l’oppression, et elle ne relèvera la tête qu’aux saluts lorsqu’Amanda Majeski, maquillée de façon à ressembler à Zofia Posmysz, viendra se tenir humblement face au public.

Amanda Majeski (Marta / Zofia Posmysz) - Madrid (ms Pountney)

Amanda Majeski (Marta / Zofia Posmysz) - Madrid (ms Pountney)

La production munichoise est, elle, beaucoup plus distanciée - avec des coupures de scènes du camp - , et cherche à montrer l'incidence mentale du sentiment de culpabilité, approche shakespearienne qui rappelle 'Macbeth', tout en démontant en seconde partie les réflexes d’oubli que la société d’aujourd’hui pourrait élaborer afin d’éviter de se confronter à son passé.

En première partie, Tobias Kratzer représente en avant scène 3 ponts du paquebot, avec en arrière plan l’intérieur très cosy d’une des chambres où conversent Lise et Walter. S’ajoute un troisième personnage, une vieille dame, dont on comprend aisément qu’elle est Lise beaucoup plus âgée lors d’un voyage ultérieur en bateau, et les deux périodes temporelles qui s'interpénètrent sont donc l’année 1960 et notre époque. Le jeu de l’actrice Sibylle Maria Dordel, très émouvant, malgré son rôle, montre l’impact mental des souvenirs dont elle ne peut plus se débarrasser. 

Les scènes du camp sont interprétées par des passagers qui mêlent ainsi des paroles passées à leur situation présente et banale, ce qui entraîne une confusion et des questions sur ces personnages en apparence anodins. Et la victime, Marta, est dédoublée par des chanteuses et actrices habillées comme elle en tenues modernes, au lieu d’incarner plus littéralement des codétenues.

Sophie Kock (Lise) - Munich (ms Kratzer)

Sophie Kock (Lise) - Munich (ms Kratzer)

En seconde partie, et après une projection vidéo montrant Lise, âgée, se suicider dans la mer, nous nous retrouvons dans les profondeurs de l’âme, face à une grande salle à manger pouvant accueillir plus d’une centaine de convives huppés, où va être analysée la relation entre Lise et Marta.

Kratzer étudie beaucoup plus finement le caractère de Lise, et montre comment ses frustrations se projettent à travers le couple de la jeune Marta et du musicien Tadeusz. Sa jalousie, son attirance pour les corps, et donc tout ce qu’il y a d’irrésolu dans son être, devient ainsi le moteur de son goût pour la domination.

Jacques Imbrailo (Tadeusz) - Munich (ms Kratzer)

Jacques Imbrailo (Tadeusz) - Munich (ms Kratzer)

Cette approche très psychologique confronte ainsi le public à sa propre conscience lorsqu’il se voit en miroir à travers les tablées d’invités où gisent, de ci, de là, les corps des doubles de Marta.

Mais bien que Kratzer ne montre pas directement les camps, le tabassage de Tadeusz suite à son refus de jouer une valse est bien plus cru que dans la version de Pountney

Le personnage de Lise y est d’ailleurs incarné avec beaucoup d’intériorité, et Sophie Koch apporte une noirceur névrotique avec un sens de la vérité confondant, un superbe engagement de sa part qui montre à quel point elle saisit le tragique, et le désespoir, de cette femme qui ne peut s’empêcher d’avoir de l’emprise sur les autres.

Die Passagierin - ms Pountney (Madrid)

Die Passagierin - ms Pountney (Madrid)

A Madrid, Daveda Karanas induit également beaucoup d’intensité à la tortionnaire, en accentuant plus sur sa posture rigide et dure lorsqu’elle se remémore Auschwitz.

Son mari, chanté par un Nikolai Schukoff qui soigne avec attention le mordant de ses expressions très franches et sincères, est présenté comme un homme léger, presque clownesque et sympathique, alors qu’à Munich, Charles Workman, au timbre lunaire toujours aussi charmeur, montre la nature arriviste, et sensible au regard d’autrui, de Walter de manière plus saillante, en faisant ressentir son attachement à sa stature d’homme intègre lorsqu’il réalise le passé SS de sa femme.

Elena Tsallagova (Marta) - ms Kratzer (Munich)

Elena Tsallagova (Marta) - ms Kratzer (Munich)

Magnifique de rondeur de timbre au velouté slave, Elena Tsallagova est une très séduisante Marta moderne qui contraste beaucoup avec la femme atteinte et démolie que joue Amanda Majeski sur la scène madrilène, très expressive, et dont les couleurs de voix sont plus marquées par le temps.

Et le très beau chant ombré de Gyula Orendt ennoblit Tadeusz, alors que Jacques Imbrailo, sur la scène bavaroise, donne plus de présence réaliste au malheureux musicien.

Gyula Orendt (Tadeusz) - ms Pountney (Madrid)

Gyula Orendt (Tadeusz) - ms Pountney (Madrid)

Et s’il faut reconnaître qu’il est difficile de résister au fondu chaleureux de l’orchestre du Bayerische Staatsoper qu’exalte Vladimir Jurowski avec un sens de la rythmique redoutable et une capacité à créer une superbe unité de texture, la chef d’orchestre lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla offre à Madrid une lecture sauvage d'un grand relief mais aussi d'une grande rigueur, avec un orchestre titulaire porté à son meilleur qui fait corps avec l'œuvre.

La musique de Weinberg n'est pas difficile à aborder, pourtant d'une grande violence dans les scènes sous haute tension, car elle innerve aussi le champ musical d'une poétique sereine, et se révèle même enjouée et jazzy quand elle accompagne le personnage de Walter. 

Et le fait que les cordes de l'orchestre madrilène n’aient pas le soyeux des cordes allemandes est ici un grand atout qui ajoute à l'âpreté de l’ambiance représentée sur scène, surtout quand elles vibrent avec vigueur et précision.

Sophie Koch, Vladimir Jurowski et Elena Tsallagova - Die Passagierin (Munich)

Sophie Koch, Vladimir Jurowski et Elena Tsallagova - Die Passagierin (Munich)

En ce jour de dernière représentation, le Teatro Real de Madrid affiche une salle tenue par un public au ressenti chevillé au corps, et qui réserve un accueil extraordinaire à l’ensemble de l’équipe artistique, d’une façon qui démontre que les spectateurs ne viennent pas forcément à l’opéra pour y voir du beau ou bien rêver, mais aussi pour être saisis par une histoire horrible qui dépasse l’entendement.

Enfin, très beaux murmures des chœurs lors des deux spectacles, avec sans doute un peu plus d’impression d’irréalité sur la scène du Teatro Real.

Mirga Gražinytė-Tyla - Die Passagierin (Madrid)

Mirga Gražinytė-Tyla - Die Passagierin (Madrid)

Il sera bientôt possible de retrouver Mirga Gražinytė-Tyla en août 2024 au Festival de Salzburg pour un autre opéra de Mieczysław Weinberg, 'Der Idiot', mis en scène par Krzysztof Warlikowski, et ensuite au Bayerische Staatsoper en mars 2025 pour 'Katia Kabanova' de Leoš Janáček, dans une nouvelle production confiée également à Krzysztof Warlikowski. Quelle chance!

Interview de Zofia Posmysz lors de la création de 'Die Passagierin' au Festival de Bregenz

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Publié le 25 Mars 2024

Présentation de la saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris
Le vendredi 22 mars 2024 à l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Depuis le mercredi 20 mars 2024 à 11h30, la quatrième saison d’Alexander Neef à la direction de l’Opéra national de Paris est officiellement dévoilée au grand public sur le site internet de l’institution, trois semaines après l’annonce de la reconduction du directeur général jusqu’en 2032, ce qui va permettre de renforcer l’institution dans son évolution programmatique et organisationnelle, de consolider sa relation à tous ses publics, et de forger en profondeur son identité propre.

La saison 2024 / 2025 comprend ainsi 3 nouvelles productions maison et 3 coproductions, dont 1 nouveauté pour le répertoire, et 12 reprises.

Aux 18 œuvres scéniques jouées dans les grandes salles, s’ajoute également une production de l’Académie de l’Opéra de Paris qui sera représentée à l’amphithéâtre Bastille

Au total, 187 représentations lyriques seront ainsi données, en parfaite stabilité par rapport aux deux précédentes saisons.

En effet, après une première saison qui ciblait près de 200 représentations lyriques, l’Opéra s’est recentré sur un calendrier d’un peu plus de 180 représentations lyriques hors spectacle de l’académie, et semble s’y tenir.

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Et les nouvelles budgétaires sont très encourageantes, car le directeur général a annoncé pour 2023 un léger bénéfice de 2.3 M€, alors qu’un déficit de  – 10 M€ était initialement prévu. En lisant le rapport d’activité rendu public au même moment, on peut ainsi observer que si la billetterie s’est améliorée de 2 M€ grâce au passage d’une fréquentation de 86 % à 93 %, tous genres confondus, et ce malgré 2 M€ de pertes à cause des grèves, le mécénat a rapporté 6 M€ supplémentaires, et les activités commerciales 11 M€ de plus.

L’équilibre financier dépend donc surtout de ces deux derniers postes, les seuls à avoir un dynamisme capable de couvrir l’augmentation des frais de fonctionnement, la billetterie devant probablement se stabiliser autour de 70 M€.

Peter Sellars (mise en scène de 'Castor et Pollux')

Peter Sellars (mise en scène de 'Castor et Pollux')

Après ‘Œdipe’ de Georges Enesco, ‘Hamlet’ d’Ambroise Thomas, ‘Médée’ de Marc-Antoine Charpentier et ‘La Vestale’ de Gaspare Spontini, une autre pièce créée à l’Opéra de Paris et qui n’avait plus été jouée sur ses planches depuis 1940 sera de retour, ‘Castor et Pollux’ de Jean-Philippe Rameau, œuvre baroque dont la version révisée de 1754 fit partie des 5 titres les plus joués de l’Académie Royale de Musique jusqu’à la Révolution.

Il s’agira d’un des immanquables de la saison, dont la conception scénique et musicale sera confiée à deux artistes, Peter Sellars et Teodor Currentzis, profondément liés à travers une collaboration qui, sous la direction de Gerard Mortier au Teatro Real de Madrid, a donné d’inoubliables productions ‘Iolanta/Perséphone’ de Tchaïkovski/Stravinsky en 2012, puis ‘The Indian Queen’ de Purcell en 2013.

Depuis, leur association s’est enrichie principalement au Festival de Salzbourg où ils ont mis en scène ‘Idomeneo’ et ‘La Clemenza di Tito’ de Mozart.

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Cette saison sera aussi l’occasion de célébrer les 150 ans de l’ouverture du Palais Garnier, le 05 janvier 1875, dont la construction fut initiée en 1861. Un gala mis en scène par Victoria Sitja, artiste de l’Académie de l’Opéra de Paris, dirigé par Thomas Hengelbrock, avec la participation de Ludovic Tézier et Lisette Oropesa, donnera le coup d’envoi de cet anniversaire qui sera marqué par plusieurs manifestations. 

Et après 6 ans d’absence, les récitals vocaux sont de retour avec Benjamin Bernheim, Renée Fleming, Elīna Garanča, et Natalie Dessay qui en profitera pour fêter ses 60 ans.

Et comme chaque année, les équipes de communication de l’Opéra de Paris ont préparé un ensemble d’interviews de metteurs en scène, Wajdi Mouawad, Peter Sellars, Barrie Kosky …, de musiciens, Pascal Dusapin, de solistes, Natalie Dessay, Benjamin Bernheim …, pour partager avec le public leur rapport aux œuvres présentées.

Alexander Neef, Jean-Yves Kaced, Clara Mousseigne, Antonio Conforti, Inès McIntosh, Margarita Polonskaya et Thomas Ricart

Alexander Neef, Jean-Yves Kaced, Clara Mousseigne, Antonio Conforti, Inès McIntosh, Margarita Polonskaya et Thomas Ricart

Enfin, à l'occasion de la présentation au Grand Hôtel, les lauréats des prix de l'AROP 2022/2023 ont été récompensés en personnes, Clara Mousseigne, Antonio Conforti et Inès McIntosh pour les Prix de la Danse, Margarita Polonskaya, Thomas Ricart pour les Prix Lyriques.

Barrie Kosky (mise en scène des 'Brigands')

Barrie Kosky (mise en scène des 'Brigands')

Les nouvelles productions

Les Brigands (Jacques Offenbach – 1869) – Nouvelle production
Du 21 septembre au 12 octobre 2024 puis du 26 juin au 12 juillet 2025 (17 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Stefano Montanari / Michele Spotti, mise en scène Barrie Kosky
Marcel Beekmann, Marie Perbost, Antoinette Dennefeld, Yann Beuron, Laurent Naouri, Mathias Vidal, Philippe Talbot, Adriana Bignagni Lesca, Eugénie Joneau, Leonardo Cortellazzi, Éric Huchet, Franck Leguérinel, Ilanah Lobel-Torres, Héloïse Poulet, Clara Guillon, Maria Warenberg, Doris Lamprecht, Hélène Schneiderman, Luis Felipe Sousa, Marine Chagnon
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 12 janvier 1994

C’est au Théâtre des Variétés, où seront jouées les premières de la plupart des opérettes d’Offenbach, ‘La belle Hélène’ (1864), ‘Barbe-Bleue’ (1866), ‘La Grande Duchesse de Gerolstein’ (1867), ‘La Perichole’ (1868), et la seconde version de ‘La vie parisienne’ (1873), tous écrits sur les livrets de Meilhac et Ludovic Halévy, que sera créé en 1869 ‘Les Brigands’
L’œuvre connaîtra 107 représentations jusqu’à la guerre de 1870 qui balayera le Second Empire. Une seconde version sera ensuite créée pour le Théâtre de la Gaîté en 1878. 
Le brigandage y est présenté comme l’un des moteurs de la société.

‘Les Brigands’ fit bien plus tard son entrée réussie au répertoire de l’Opéra Comique, le 13 juin 1931, puis à l’Opéra de Paris le 3 décembre 1993 dans une production de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff donnée à l’Opéra Bastille pour 19 représentations, auxquelles participait déjà Doris Lamprecht dans le rôle de Fragoletto.

La nouvelle production de 2024 est confiée à Barrie Kosky qui a monté un ‘Orphée aux Enfers’ décapant au festival de Salzburg en 2019, entouré par son équipe de danseurs hors-pair pour induire un art du mouvement irrésistiblement entraînant.


Castor et Pollux (Jean-Philippe Rameau – 1737) Nouvelle production
Du 20 janvier au 23 février 2025 (12 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Teodor Currentzis, Orchestre et Choeur Utopia, mise en scène Peter Sellars
Jeanine De Bique, Stéphanie d’Oustrac, Reinoud Van Mechelen, Marc Mauillon, Claire Antoine, Laurence Kilsby
Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 26 octobre 1940

Héros antiques des poèmes d’Homère et d’Hésiode, Castor et Pollux ont inspiré à Jean-Philippe Rameau un de ses chefs-d’œuvre incontesté pour sa puissance dramatique et l’absence de faiblesse.

La première version, créée au Théâtre du Palais Royal en 1737, eut un succès d’estime, mais la version révisée de 1754, qui supprime le prologue (une commémoration de la fin de la Guerre de Succession de Pologne), réécrit le premier acte et raccourcit les récitatifs, fut jouée en continu jusqu’en 1785. 

Puis, après 133 ans d’absence, l’ouvrage réapparut au Palais Garnier en 1918, dans une mise en scène de Jacques Rouché, qui sera reprise jusqu’au 26 octobre 1940.

Teodor Currentzis, qui a édité en 2014 un album intitulé ‘The sound of light’ pour célébrer les 250 ans de la disparition de Jean-Philippe Rameau, revient après 15 ans d’absence à l’Opéra de Paris pour y retrouver à la mise en scène son complice, Peter Sellars, et faire revivre la première version de l’ouvrage.

Ching-Lien Wu - cheffe de chœur

Ching-Lien Wu - cheffe de chœur

L’Or du Rhin (Richard Wagner – 1869) Nouvelle production
Du 29 janvier au 19 février 2025 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Pablo Heras-Casado, mise en scène Calixto Bieito
Ludovic Tézier, Florent Mbia, Matthew Cairns, Simon O'Neill, Kwangchul Youn, Mika Kares, Brian Mulligan, Gerhard , Eve-Maud Hubeaux, Eliza Boom, Marie-Nicole Lemieux, Margarita Polonskaya, Isabel Signoret, Katharina Magiera
Œuvre jouée en public pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 18 juin 2013

Il s’agit d’un spectacle qui aurait du connaître sa première le 02 avril 2020, le prologue du nouveau cycle du Ring conçu par Calixto Bieito va donc être présenté à l’hiver prochain, et les 3 journées ‘La Walkyrie’, ‘Siegfried’ et ‘Le Crépuscule des Dieux’ suivront au cours des saisons 2025/2026 et 2026/2027, avant que deux cycles complets ne concluent la célébration des 150 ans de la présentation intégrale de ‘L’Anneau du Nibelung’ au Festival de Bayreuth en août 1876.

Le baryton toulousain Ludovic Tézier y fera une très attendue prise de rôle de Wotan auprès de Marie-Nicole Lemieux et Eve-Maud Hubeaux, sous la direction de Pablo Heras-Casado qui a emmené récemment l’orchestre du Teatro Real de Madrid à son meilleur pour offrir au public madrilène un Ring d’une grande force, et qui vient de faire ses débuts à Bayreuth en 2023 dans la nouvelle production de ‘Parsifal’.

 

Pelléas et Mélisande (Claude Debussy – 1902) Coproduction Abu Dhabi Festival
Du 28 février au 27 mars 2025 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Antonello Manacorda, mise en scène Wajdi Mouawad
Sabine Devieilhe, Huw Montague Rendall, Gordon Bintner, Jean Teitgen, Sophie Koch, Amin Ahangaran
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 06 octobre 2017

Auteur, en septembre 2021, d’une mise en scène d’’Œdipe’ à l’opéra Bastille qui remporta le Grand prix du Syndicat de la critique, Wajdi Mouawad revient à l’Opéra de Paris pour renouveler la vision onirique et glacée de ‘Pelléas et Mélisande‘ que Robert Wilson a offert au public parisien pendant plus de 20 ans.

Créé en 1902 à l’Opéra Comique, le chef d’œuvre lyrique de Claude Debussy fait désormais partie des 20 grands titres de l’institution, et il s’agit de la première coproduction de l’institution avec l’Abu Dhabi Festival.

Le baryton britannique Huw Montague Rendall, excellent Mercutio dans ‘Roméo et Juliette’ de Charles Gounod la saison passée, reprend le rôle de Pelléas qu’il a abordé à Rouen en 2021, auprès de Sabine Devieilhe qui est désormais familière du personnage de Mélisande depuis une dizaine d’années.

Pascal Dusapin (compositeur de 'Il Viaggio, Dante')

Pascal Dusapin (compositeur de 'Il Viaggio, Dante')

Il Viaggio, Dante (Pascal Dusapin – 2022) Coproduction Festival d’Aix-en-Provence, Saarländisches Staatstheater Sarbrücken, Théâtres de la ville de Luxembourg
Du 21 mars au 9 avril 2025 (6 représentations au Palais Garnier)
Direction musicale Kent Nagano, mise en scène Claus Guth
Bo Skovhus, David Leigh, Christel Loetzsch, Jennifer France, Danae Kontora, Dominique Visse, Giacomo Prestia
Entrée au répertoire

Onzième opéra de Pascal Dusapin basé sur la ‘Divine Comédie’ de Dante, cette commande conjointe avec le Festival d’Aix-en-Provence explore l’œuvre du poète florentin à travers le dialogue entre deux ‘Dante’.
Comme à Aix, Kent Nagano en assurera la direction musicale, dans une mise en scène de Claus Guth qui en sera déjà à sa sixième production à l’Opéra de Paris.

Il Trittico (Giacomo Puccini – 1918) Coproduction Salzburger Festspiele
Du 29 avril au 25 mai 2025 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Carlo Rizzi, mise en scène Christof Loy
Asmik Grigorian, Misha Kiria, Enkelejda Shkoza, Alexey Neklyudov, Dean Power, Lavinia Bini, Manel Esteve Madrid, Scott Wilde, Iurii Samoilov, Theresa Kronthaler, Vartan Gabrielian, Roman Burdenko, Joshua Guerrero, Ilanah Lobel-Torres, Chae-Hoon Baek, Pranvera Lehnert Ciko, Karita Mattila, Hanna Schwarz, Margarita Polonskaya, Daryl Freedman, Matteo Peirone, Andrea Giovannini, Maria Warenberg, Camille Chopin, Lisa Chaïb-Auriol, Silga Tiruma, Sophie Van de Woestyne

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 27 octobre 2010

Puccini avait eu l’idée de constituer un triptyque de trois sujets issus de la 'Divine Comédie' de Dante.
Finalement, seul ‘Gianni Schicchi’ en sera inspiré, mais ces trois ouvrages traitent de la difficulté de la vie sur Terre, qui ressemble parfois à l’Enfer ou au Paradis qui est censé nous attendre.

Pour cette nouvelle production créée au Festival de Salzbourg en 2022, l’ordre des œuvres est cependant modifié afin de commencer par la plus légère, ‘Gianni Schicchi’, et s’achever sur ‘Suor Angelica’, la plus forte.

Asmik Grigorian, soprano lituanienne et véritable star en Autriche, fera ses débuts à l’Opéra de Paris, à l’instar de Christof Loy qui a déjà derrière lui un quart de siècle de travail de mise en scène dans toute l’Europe.

Asmik Grigorian ('Il Trittico')

Asmik Grigorian ('Il Trittico')

Les reprises


Falstaff (Giuseppe Verdi – 1893)
Du 10 septembre au 30 septembre 2024 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Michael Schønwandt, mise en scène Dominique Pitoiset (1999)
Ambrogio Maestri, Olivia Boen, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Andrei Kymach, Gregory Bonfatti, Marie-Nicole Lemieux, Iván Ayón-Rivas, Federica Guida, Nicholas Jones, Alessio Cacciamani
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 16 novembre 2017

Madame Butterfly (Giacomo Puccini – 1904)
Du 14 septembre au 25 octobre 2024 (13 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Speranza Scappucci, mise en scène Robert Wilson (1993)
Eleonora Buratto, Elena Stikhina, Aude Extrémo, Stefan pop, Christopher Maltman, Carlo Bosi, Andres Cascante, Vartan Gabrielian, Marine Chagnon, Kim Youngwoo, Bernard Arrieta, Hyunsik Zee, Marianne Chandelier, Liliana Faraon, Stéphanie Loris
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 13 novembre 2019

Faust (Charles Gounod – 1859 1ère version – 1869 version de l’Opéra de Paris)
Du 26 septembre au 18 octobre 2024 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Emmanuel Villaume, mise en scène Tobias Kratzer (2021)
Pene Pati, Alex Esposito, John Relyea, Florian Sempey, Amina Edris , Marina Viotti, Sylvie Brunet-Grupposo
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 13 juillet 2022

La Fille du Régiment (Gaetano Donizetti – 1840) Production Metropolitan Opera, New-York, Royal Opera House Covent Garden, Londres, Staatsoper, Vienne
Du 17 octobre au 20 novembre 2024 (12 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Evelino Pidò, mise en scène Laurent Pelly (2012)
Julie Fuchs, Lawrence Brownlee, Lionel Lhote, Susan Graham, Florent Mbia, Felicity Lott, Cyrille Lovighi, Mikhail Silant’ev
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 11 novembre 2012

The Rake's Progress (mise en scène Olivier Py)

The Rake's Progress (mise en scène Olivier Py)

La Flûte enchantée (Wolfgang Amadé Mozart – 1791) Coproduction Festspielhaus, Baden-Baden
Du 02 au 23 novembre 2024 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Oksana Lyniv, mise en scène Robert Carsen (2014)
Pavol Breslik, Nikola Hillebrand, Aleksandra Olczyk, Jean Teitgen, Mathias Vidal, Mikhail Timoshenko, Ilanah Lobel-Torres, Nicolas Cavallier, Margarita Polonskaya, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Claudia Huckle, Niall, Nicholas Jones
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 19 novembre 2022

The Rake’s Progress (Igor Stravinsky – 1951)
Du 30 novembre au 23 décembre 2024 (7 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Susanna Mälkki, mise en scène Olivier Py (2008)
Ben Bliss, Iain Paterson, Clive Bayley, Golda Schultz, Justina Gringytė, Jamie Barton, Rupert Charlesworth, Vartan Gabrielian
Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 30 octobre 2012

Rigoletto (Giuseppe Verdi – 1851)
Du 01 au 24 décembre 2024 et du 10 mai au 12 juin 2025 (18 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Domingo Hindoyan / Andrea Battistoni, mise en scène Claus Guth (2016)
Roman Burdenko, George Gagnidze, Rosa Feola, Slávka Zámečníková, Liparit Avetisyan, Dmitry Korchak, Goderdzi Janelidze, Alexander Tsymbalyuk, Aude Extrémo, Justina Gringytė, Marine Chagnon, Seray Pinar, Blake Denson, Daniel Giulianini, Florent Mbia, Kevin Punnackal, Teona Todua, Amin Ahangaran, Julien Joguet, Fabio Bellenghi, Henri Bernard Guizirian, Sofia Anisimova
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 24 novembre 2021

La Petite Renarde rusée (Leoš Janáček – 1924)
Du 15 janvier au 01 février 2025 (6 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Juraj Valčuha, mise en scène André Engel (2008)
Elena Tsallagova, Paula Murrihy, Iain Paterson, Éric Huchet, Frédéric Caton, Milan Siljanov, Maria Warenberg, Se-Jin Hwang, Anne-Sophie Ducret, Rocio Ruiz Cobarro, Irina Kopylova, Marie-Cécile Chevassus, Slawomir Szychowiak, Marie Gautrot
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 12 juillet 2010

Krzysztof Warlikowski, Marina Rebeka, Simone Young - 'Don Carlos'

Krzysztof Warlikowski, Marina Rebeka, Simone Young - 'Don Carlos'

Les Puritains (Vincenzo Bellini – 1835)
Du 06 février au 05 mars 2025 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Corrado Rovaris, mise en scène Laurent Pelly (2013)
Lisette Oropesa, Lawrence Brownlee, Andrei Kymach, Roberto Tagliavini, Vartan Gabrielian, Nicholas Jones, Maria Warenberg
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 05 octobre 2019

Don Carlos (Giuseppe Verdi – 1867)
Du 29 mars au 25 avril 2025 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Simone Young, mise en scène Krzysztof Warlikowski (2017)
Charles Castronovo, Marina Rebeka, Christian Van Horn, Ekaterina Gubanova, Andrzej Filończyk, Alexander Tsymbalyuk, Sava Vemić, Marine Chagnon, Teona Todua, Kevin Punnackal, Hyun-Jong Roh, Christian Rodrigue Moungoungou, Amin Ahangaran, Niall Anderson, Alejandro Baliñas Vieites, Vartan Gabrielian, Florent Mbia, Milan Perišić
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 23 novembre 2019

Manon (Jules Massenet – 1884)
Du 26 mai au 20 juin 2025 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Pierre Dumoussaud, mise en scène Vincent Huguet (2020)
Nadine Sierra, Amina Edris, Benjamin Bernheim, Roberto Alagna, Andrzej Filończyk, Nicolas Cavallier, Nicholas Jones, Régis Mengus, Ilanah Lobel-Torres, Marine Chagnon, Maria Warenberg, Philippe Rouillon, Laurent Laberdesque, Olivier Ayault
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 26 février 2022

Le Barbier de Séville (Gioacchino Rossini – 1816)
Du 10 juin au 13 juillet 2025 (12 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Diego Matheuz, mise en scène Damiano Michieletto (2014)
Isabel Leonard, Aigul Akhmetshina, Mattia Olivieri, Levy Sekgapane, Carlo Lepore, Luca Pisaroni, Andres Cascante, Margarita Polonskaya, Jian-Hong Zhao
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 19 juin 2022

L’isola disabitata (Joseph Haydn - 1779)

L’isola disabitata (Joseph Haydn - 1779)

L’Académie de l’Opéra national de Paris

L’isola disabitata (Joseph Haydn - 1779)
Du 11 au 21 mars 2025 (6 représentations à l’amphithéâtre Bastille)

Direction musicale François López-Ferrer, mise en scène Simon Valastro
Artistes en résidence à l’Académie
Œuvre inédite à l’Opéra national de Paris

Les opéras de Joseph Haydn sont jusqu’à présent totalement absents du répertoire de l’Opéra de Paris.
Les artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris vont donc présenter une version de ‘L’isola disabitata’, un opéra composé en 1779 dont l’une des caractéristiques est que les récitatifs sont tous accompagnés à l’orchestre.

La salle de l'Opéra Bastille - Représentation de 'La Traviata' du 16 février 2024

La salle de l'Opéra Bastille - Représentation de 'La Traviata' du 16 février 2024

Premières impressions sur la saison 2024/2025

Avec 6 nouvelles productions dans les grandes salles, cette programmation se veut un peu plus prudente tout en assurant un renouvellement des œuvres conséquent en comparaison de ce que proposent les autres grandes maisons internationales (6 nouvelles productions au MET de New-York et 7 nouvelles productions à l’Opéra d’État de Bavière).

Par ailleurs, 16 des 20 titres les plus joués de l’Opéra de Paris ont connu une nouvelle production ces 10 dernières années, dont 13 sous Stéphane Lissner, ce qui signifie qu’Alexander Neef peut se consacrer principalement au développement de visions neuves sur des ouvrages moins fréquemment représentés.

On peut également remarquer que sur les 18 titres programmés, 8 n’ont pas été joués au cours des 10 dernières années (‘Castor et Pollux’, ‘La Fille du Régiment’, ‘Les Brigands’, ‘L’Or du Rhin’, ‘Il Trittico’, ‘La Petite Renarde rusée’, ‘The Rake’s Progress’, ‘Il Viaggio, Dante’), ce qui est une proportion élevée, car, depuis l’ouverture de Bastille, il est rare qu’une saison comporte plus de 8 titres absents de la dernière décennie.

La saison 2024/2025 comprend cependant une seule entrée au répertoire mais fort signifiante, celle de ‘Il Viaggio, Dante’, en langue italienne, qui signe le retour du compositeur français Pascal Dusapin à l’Opéra de Paris après plus de vingt ans d’absence, et s’y ajoute le retour au répertoire de ‘Castor et Pollux’, œuvre créée au sein de l’institution en 1737, et qui n’y était plus apparue depuis 1940.

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Mais le fait majeur de cette saison est qu'avec 7 ouvrages programmés, la langue française va occuper plus de 40% des soirées, et ce depuis la période baroque (Castor et Pollux) à l’après Wagner (Pelléas et Mélisande), en passant par le genre du grand opéra français (Don Carlos, dans la version originale des répétitions parisiennes de 1866), une prépondérance de la langue de Molière qui n’avait plus été observée depuis la saison 1992/1993 de Pierre Bergé aux débuts de l’opéra Bastille.

Il s'agit clairement pour Alexander Neef d'assoir l'identité propre de l'Opéra de Paris en rappelant son histoire tout en lui attachant une programmation originale.

Teodor Currentzis et Peter Sellars

Teodor Currentzis et Peter Sellars

Le répertoire des compositeurs italiens du XIXe siècle représente un autre socle important avec 40% de la programmation également, en s’appuyant sur Rossini, Bellini, Verdi et Puccini, ce qui est la part habituelle dans toutes les grandes maisons de répertoire, y compris à Munich où Serge Dorny privilégie pourtant les œuvres des XXe et XXIe siècles.

Et à nouveau, un titre chanté en anglais, ‘The Rake’s Progress’, prolonge cette ligne d’opéras anglo-saxons (Igor Stravinsky fut naturalisé américain en 1945) qu’Alexander Neef tisse patiemment depuis le début de son mandat, ce qu’aucun autre directeur n’avait profilé jusqu’à présent.

Mais à l’instar de cette saison, le répertoire slave reste peu représenté, et c’est avec beaucoup d’attention que l’on va suivre la reprise de ‘La Petite Renarde rusée’ de Leoš Janáček qui bénéficie d’une tarification très attractive, et qui pourrait créer la surprise de la même manière que ‘Cendrillon’  pour laquelle il était difficile de trouver une place.

Benjamin Bernheim, Renée Fleming, Natalie Dessay, Elīna Garanča

Benjamin Bernheim, Renée Fleming, Natalie Dessay, Elīna Garanča

Après l’entrée en fanfare de metteurs en scène féminins, Netia Jones, Lydia Steier, Valentina Carrasco et Deborah Warner, au cours de ses deux premières saisons, Alexander Neef n’invite cette fois qu’un seul nouveau metteur en scène, Christof Loy, bien connu partout ailleurs en Europe.

Et dans l’attente de connaître qui sera le futur directeur musical de l’Opéra national de Paris, de nouveaux chefs d’orchestre sont invités dans la fosse, Andrea Battistoni et Domingo Hindoyan (Rigoletto), Oksana Lyniv (La Flûte enchantée), Corrado Rovaris (Les Puritains), et Juraj Valčuha (La Petite Renarde rusée).

Comme chaque année, nombre d’artistes francophones sont par ailleurs invités, Marie Perbost, Antoinette Dennefeld, Yann Beuron, Laurent Naouri, Mathias Vidal, Philippe Talbot, Doris Lamprecht, Stéphanie d’Oustrac, Reinoud Van Mechelen, Marc Mauillon, Claire Antoine, Ludovic Tézier, Eve-Maud Hubeaux, Marie-Nicole Lemieux, Sabine Devieilhe, Jean Teitgen, Sophie Koch, Dominique Visse, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Florian Sempey, Sylvie Brunet-Grupposo, Julie Fuchs, Nicolas Cavallier, Frédéric Caton, Benjamin Bernheim, Roberto Alagna, Philippe Rouillon ..., auxquels s’ajoutent plusieurs artistes du chœur tels Julien Joquet, Laurent Laberdesque, Anne-Sophie Ducret, Rodrigue Moungoungou ...

Quant à la troupe lyrique de l’Opéra de Paris, composée en 2023 d’Alejandro Baliñas Vieites, Maciej Kwaśnikowski, Ilanah Lobel-Torres, Marine Chagnon, Nicholas Jones, Florent Mbia et Emy Gazeilles, elle s’enrichit en 2024 d’Amin Ahangaran et Maria Warenberg.

Evolution du prix des places pour le lyrique à Bastille de 1998/1999 à 2024/2025

Evolution du prix des places pour le lyrique à Bastille de 1998/1999 à 2024/2025

Les tarifs 2024/2025

Les tarifs de cette saison pour le lyrique à Bastille sont globalement en baisse de 3% car il y a deux fois moins de places à 220 € (optima) du fait que seuls l’’Or du Rhin’ et ‘Il Trittico’ sont classés dans la grille la plus élevée (15 à 220 €), bien qu'une augmentation de 6% soit appliquée sur les places de 35 à 70 € - il faut dire que la saison précédente les prix de ces places étaient restés inchangés -.

Par ailleurs, et à l'instar de la saison 2023/2024, toutes les autres productions, hormis 'La Flûte enchantée', bénéficient de déclassements de certaines places du parterre et des balcons par rapport au plan de salle de référence  - 600 places par soir sont concernées -, ce qui revient à réduire le prix de vente des places en moyenne de 3,5%. Cependant, la seconde série de 'Rigoletto', de mai à juin 2025, bénéficie d'un nombre supplémentaire de déclassements - la moitié des places baisse d'une catégorie -, ce qui réduit son prix moyen de 7% supplémentaires.

Et l’on retrouve à nouveau, comme chaque saison, deux spectacles à petits prix à Bastille, ‘I Puritani’ et ‘La Petite Renarde rusée’, avec un prix moyen de 90 euros pour le premier, et un prix moyen de 55 euros pour le second (soit 1500 places à 45 euros ou moins, et toutes les places optima à moins de 100 €). Ces deux spectacles représentent 10% des soirées, mais portent 30% des places à moins de 60 euros de la saison pour le lyrique à Bastille.

Cette politique tarifaire montre que l’Opéra de Paris maîtrise bien l'enveloppe des prix de manière à préserver son attractivité tout en cherchant à maintenir un volume de billetterie qui puisse couvrir un budget de 70 M€.

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Le détail de la saison lyrique et chorégraphique 2024 / 2025 de l'Opéra national de Paris est accessible sous le lien suivant : Programmation & Billets - Opéra national de Paris (operadeparis.fr)

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Publié le 22 Mars 2024

Simon Boccanegra (Giuseppe Verdi – La Fenice de Venise, le 12 mars 1857, puis seconde version à La Scala de Milan, le 24 mars 1881)
Répétition générale du 8 mars et représentation du 19 mars 2024
Opéra Bastille

Simon Boccanegra Ludovic Tézier
Maria Boccanegra Nicole Car
Jacopo Fiesco Mika Kares
Gabriele Adorno Charles Castronovo
Paolo Albiani Étienne Dupuis
Pietro Alejandro Baliñas Vieites
Un capitano dei Balestrieri Paolo Bondi
Un’ ancella di Amelia Marianne Chandelier
Maria Fiesco, rôle muet Annie Lockerbie Newton

Direction musicale Thomas Hengelbrock
Mise en scène Calixto Bieito (2018)

La reprise de la production de ‘Simon Boccanegra’ dans la mise en scène de Calixto Bieito, la quatrième à l’Opéra de Paris après celles de Giorgio Strehler, Nicolas Brieger et Johan Simons, permet de se confronter à nouveau à la force d’un théâtre psychique dont la forme dramatique vise à faire ressentir les souffrances que subit le corsaire génois devenu, en 1339, le premier Doge à vie.

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra)

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra)

Cette approche qui ne vise pas à raconter de manière descriptive la portée au pouvoir par le peuple, puis la redoutable conspiration menée par Paolo, déroute forcément une partie du public traditionnel attaché à la représentation fastueuse d’un XIVe siècle révolu, alors qu’elle cherche en réalité à produire des images qui touchent la sensibilité du spectateur pour le faire réagir à cette violence, ce qui est le contraire d’un théâtre élitiste.

Simon Boccanegra - mise en scène Calixto Bieito

Simon Boccanegra - mise en scène Calixto Bieito

Le décor unique axé sur un vaisseau spectaculaire, fantomatique et squelettique, les entrailles à ciel ouvert, tourne selon les scènes sous des éclairages savamment réglés pour créer des jeux d’ombres angoissants, et nous enferme dans l’univers mental de Simon Boccanegra, dépressif et qui court à la mort.

Le visage de Ludovic Tézier est ainsi projeté en arrière scène, et les lignes du navire semblent étudiées pour épouser ses traits. L’esthétique des plans vidéo filmés en temps réel ajoute au relief visuel tout en dégageant une beauté triste et froide.

Nicole Car (Maria Boccanegra)

Nicole Car (Maria Boccanegra)

Mais pour que l’ambiance prenne, il faut aussi une réalisation orchestrale qui ait une véritable puissance dramatique, et la surprise provient de la direction de Thomas Hengelbrock, nouveau directeur musical de l’Orchestre de Chambre de Paris depuis janvier 2024 et chef absolument inattendu dans ce répertoire verdien, lui qui est surtout associé aux périodes classique et baroque.

En terme de coloration, il avive beaucoup le brillant des cordes qui évoque des scintillements marins, et laisse se dégager avec poésie et souplesse de geste les petites touches des vents qui expriment une mélancolie prégnante. Sa lecture est vive et d’une énergie théâtrale efficace dénuée d’effets par trop fracassants, et il enrichit le flux des cordes de mélismes complexes et très expressifs dans l’esprit névrotique de la production, tout en laissant aussi se poser une lenteur crépusculaire pour faire entendre un vague à l’âme noir et diffus qui s’immisce de façon inconsciente à la perception de l’auditeur.

Étienne Dupuis (Paolo Albiani)

Étienne Dupuis (Paolo Albiani)

Ainsi, stupéfiants sont les applaudissements de la salle dès la fin du premier air de Fiesco, un homme issu d’une famille qui soutient le Pape, regardant de haut le corps de sa fille horriblement torturée pour avoir aimé Simon Boccanegra, un partisan de l’Empereur, applaudissements aussi bien justifiés par la poignante noblesse avec laquelle Mika Kares fait ressortir la monstruosité de cet ennemi à vie du marin, que par l’atmosphère happante de l’interprétation orchestrale.

D’ailleurs, ce monde sans pitié qui est décrit doit beaucoup à la qualité des interprètes masculins qui, chacun à leur manière, font ressentir toute absence d’espoir possible.

Charles Castronovo (Gabriele Adorno)

Charles Castronovo (Gabriele Adorno)

Étienne Dupuis est par exemple saisissant dans ce personnage malsain et maladif qui couve en Paolo Albiani, grimé de façon à lui donner l’aspect d’un vieux bandit sur la fin, et d’une intégrité de timbre de belle allure malgré tout, et Ludovic Tézier, faisant résonner une assise grave fort impressionnante va, lui, jouer sur les nuances pour révéler des pensées caressantes, ou bien suggérer envers Paolo des sentiments méfiants, après le soulèvement du peuple, d’une manière qui fait entendre un dialogue intérieur où l’on sent poindre, déjà, le personnage shakespearien, calculateur et lucide, de Iago.

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) et Mika Kares (Jacopo Fiesco)

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) et Mika Kares (Jacopo Fiesco)

Son rôle est épisodique, mais chacune des interventions d’Alejandro Baliñas Vieites, artiste de la troupe de l’Opéra de Paris, sont dessinées avec justesse et un beau contraste, et Charles Castronovo, qui incarne Gabriele Adorno, fait entendre dans le médium des intonations très âpres, mais qui prennent de l’allure et de l’engagement volontaire dans les grands moments d’extériorisation.

Quand ce jeune rebelle réalise sa méprise en ayant cru à une liaison amoureuse entre Amélia et Simon, sa sincérité expressive dans les ombres du décor laisse ainsi l’audience totalement saisie par le cœur qui s’en dégage.

Ludovic Tézier, Nicole Car et Mika Kares

Ludovic Tézier, Nicole Car et Mika Kares

Et Nicole Car, qui est amenée à incarner une Amélia qui finira par porter les séquelles physiques laissées par la violence d’un peuple qui cherchait à travers elle à atteindre Simon, montre qu’elle a gagné en ampleur ces dernières années, et aussi en rondeur de timbre. Certes, la mise en scène décrit sans pitié l'écrasement des femmes par la mécanique machiste du pouvoir masculin, mais l'artiste australienne réussit à projeter un véritable cri de désespoir et donc un sentiment de révolte qui se ressent fortement.

Sa réaction un peu titubante lors de l’accueil chaleureux du public est par ailleurs très touchante.

Charles Castronovo, Nicole Car, Thomas Hengelbrock, Ludovic Tézier, Mika Kares et Étienne Dupuis

Charles Castronovo, Nicole Car, Thomas Hengelbrock, Ludovic Tézier, Mika Kares et Étienne Dupuis

Chœur massif qui donne une image de roc de ce peuple virulent, la dureté de cristal de cet autre protagoniste du drame est ici mise en lumière sans fard.

Cette reprise d’un grand relief laisse ainsi des sensations qui hantent ensuite l’esprit car tout concoure dans cette production à entraîner chacun dans le gouffre de l’âme humaine.

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Publié le 19 Mars 2024

Depuis le lundi 18 mars 2024, la quinzième et dernière saison de Michel Franck à la direction du Théâtre des Champs Élysées est officiellement dévoilée à travers la mise en ligne de la programmation sur le site du théâtre.

Cette saison s’inscrit dans la continuité des saisons passées et comprend 5 productions d’opéras en version scénique données sur un total de 23 soirées, 15 représentations d’opéras et oratorio en version concert et 8 œuvres religieuses (dont un dimanche matin pour ‘Un Requiem allemand’ de Brahms en version piano), 19 concerts symphoniques (dont 5 avec l'ensemble Les Siècles), 10 récitals vocaux, 21 récitals de piano, 8 concerts de l’orchestre de chambre de Paris, 8 autres concerts de musique de chambre, 21 concerts du dimanche matin (dont 2 représentations de ‘La Flûte enchantée’ en mimodrame), 7 ballets dansés sur 35 soirées et 3 soirées d’humour.

Par ailleurs, une version de ‘L’Élixir d’Amour’ ramenée à une durée d’une heure et trente minutes, interprétée par l’orchestre Les Frivolités Parisiennes, sera créée pour le jeune public, et donnée en 9 représentations sur le temps scolaire, ainsi que sur 3 matinées et 3 soirées tout public.

Ce spectacle sera une coproduction avec le Teatro Sociale di Como / projet Opera Domani, l’opéra de Reims, l’opéra de Rouen Normandie et l’opéra de Bordeaux.

Cette ligne programmatique est globalement stable par rapport à la saison précédente qui avait vu la part des récitals vocaux ramenée à une dizaine de soirées, mais la danse, qui avait pendant les trois dernières saisons cédé de la place à l’opérette et au théâtre, retrouve toute son importance, notamment avec les 17 soirées dédiées à la nouvelle production de ‘La Reine des Neiges’ interprétée par le Ballet de l’Opéra national d’Ukraine.

La part des opéras en version de concert diminue de 22 à 15, ce qui reste conséquent, mais celle des œuvres religieuses augmente de 5 à 8 soirées.

Au total, ce sont 186 représentations qui seront données avenue Montaigne, tous genres et tous publics confondus.

Der Rosenkavalier - Krzysztof Warlikowski, Marlis Petersen et Henrik Nánási  (première le 21 mai 2025)

Der Rosenkavalier - Krzysztof Warlikowski, Marlis Petersen et Henrik Nánási (première le 21 mai 2025)

Opéras en version scénique

La Passion selon Saint Jean (Jean-Sébastien Bach)
4, 5 novembre (2 représentations)

Direction musicale Leonardo García Alarcón, Mise en scène Sasha Waltz
Sophie Junker, Georg Nigl, Christian Immler, Benno Schachtner, Valerio Contaldo, Mark Milhofer
Ensemble Cappella Mediterranea, Chœur de chambre de Namur, Chœur de l’Opéra de Dijon
Production Opéra de Dijon
Coproduction Compagnie Sasha Waltz & Guests

Dialogues des Carmélites (Francis Poulenc)
4, 6, 8, 10, 12 décembre (5 représentations)

Direction musicale Karina Canellakis, Mise en scène Olivier Py
Patricia Petibon, Vannina Santoni, Véronique Gens, Jodie Devos, Madame de Croissy, Le Chevalier de La Force, Le Marquis de La Force, Marie Gautrot, Ramya Roy, Loïc Félix, Blaise Rantoanina, Yuri Kissin , Matthieu Lécroart
Les Siècles, Chœur Unikanti-Maîtrise des Hauts-de-Seine
Coproduction Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles

Semele (Georg Friedrich Haendel)
6, 9, 11, 13, 15 février (5 représentations)

Direction musicale Emmanuelle Haïm, Mise en scène Oliver Mears
Pretty Yende, Ben Bliss, Alice Coote, Brindley Sherratt, Niamh O’Sullivan, Carlo Vistoli, Marianna Hovhannisyan
Orchestre Le Concert d’Astrée, Chœur Le Concert d’Astrée
Coproduction Covent Garden Royal Opera House

Werther (Jules Massenet)
22, 25, 28, 31 mars et 3, 6 avril (6 représentations)

Direction musicale François-Xavier Roth, Mise en scène Christof Loy
Johannes Leiacker, Robby Duiveman, Roland Edrich, Benjamin Bernheim, Marina Viotti, Jean-Sébastien Bou, Sandra Hamaoui, Marc Scoffoni, Yuri Kissin, Rodolphe Briand
Les Siècles, Maîtrise des Hauts-de-Seine
Coproduction Teatro alla Scala

Der Rosenkavalier (Richard Strauss)
21, 24, 27 mai et 2, 6 juin (5 représentations)

Direction musicale Henrik Nánási, Mise en scène Krzysztof Warlikowski
Marlis Petersen , Marina Viotti, Regula Mühlemann, Peter Ros, Jean-Sébastien Bou, Eléonore Pancrazi, Krešimir Špicer, Francesco Demuro, Laurène Paternò, Florent Karre, François Piolino, Yoann Le Lan 
Orchestre National de France, Chœur Unikanti, Maîtrise des Hauts-de-Seine

Anna Pirozzi - Andrea Chénier

Anna Pirozzi - Andrea Chénier

Opéras et oratorio en version de concert

Così fan tutte (Wolfgang Amadé Mozart) le 24 septembre
Ana Maria Labin, Angela Brower, James Ley, Leon Košavić, Miriam Albano, Alexandre Duhamel

Marc Minkowski direction, Les Musiciens du Louvre

Un Requiem allemand (Georg Friedrich Haendel) le 29 septembre à 11h
Claire Désert et Tanguy de Williencourt piano

Henri Chalet direction, Chœur et solistes de la Maîtrise Notre-Dame de Paris

La Résurrection (Georg Friedrich Haendel) le 4 octobre
Emőke Baráth, Elsa Benoit, Lucile Richardo, Emiliano Gonzalez Toro, Robert Gleadow

Julien Chauvin direction, Le Concert de La Loge

Requiem  (Wolfgang Amadé Mozart) le 17 octobre
En première partie de programme Sept Répons des ténèbres (Francis Poulenc)
Lisette Oropesa, Eve-Maud Hubeaux, Cyrille Dubois, Nahuel Di Pierro

Bertrand de Billy direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France , Maîtrise de Radio France

Andrea Chénier (Umberto Giordano) le 18 octobre
Riccardo Massi, Anna Pirozzi, Amartuvshin Enkhbat, Sophie Pondjicli, Thandiswa Mpongwana

Daniele Rustioni direction, Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Lyon
Coproduction Opéra National de Lyon

Cyrille Dubois - Le Comte Ory

Cyrille Dubois - Le Comte Ory

Le Comte Ory (Gioachino Rossini) le 07 novembre
Cyrille Dubois, Sara Blanch, Ambroisine Bré, Monica Bacelli, Nicola Ulivieri, Sergio Villegas-Galvain, Marielou Jacquard

Patrick Lange direction Orchestre de chambre de Paris, Chœur de Chambre de Rouen

Passion selon Saint Matthieu (Jean-Sébastien Bach) le 16 novembre
Guy Cutting , Matthias Winckhler, Tobias Berndt, Miriam Feuersinger, Alex Potter, Christoph Pfaller, Martin Schicketanz

Hans-Christoph Rademann direction, Chœur et Orchestre du Gaechinger Cantorey

Alcina (Georg Friedrich Haendel) le 5 décembre
Elsa Dreisig, Sandrine Piau, Emily D’Angelo, Jasmin White, Stefan Sbonnik, Bruno de Sá, Alex Rosen

Francesco Corti direction, Il Pomo d’Oro

Le Messie (Georg Friedrich Haendel) le 11 décembre
Emőke Baráth, Lauranne Oliva, Tim Mead, Robin Tritschler, Benjamin Appl 

Hervé Niquet direction, Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel

Le Couronnement de Poppée (Claudio Monteverdi) le 16 décembre
Catherine Trottmann, Ray Chenez, Victoire Bunel, Paul-Antoine Bénos-Djian, Adrien Mathonat, Paul Figuier, Maïlys de Villoutreys, Camille Poul, Sebastian Monti, Thibault Givaja, Yannis François

Le Banquet Céleste

Glory to God (Vivaldi, Bach, Corelli) le 18 décembre
Nina Maestracci, Malena Ernman, Luigi De Donato

Jean-Christophe Spinosi direction, Ensemble Matheus, Académie Handel & Hendrix

Elsa Dreisig - Alcina

Elsa Dreisig - Alcina

Stabat Mater  (Giovanni Battista Pergolesi) le 18 janvier
Œuvre précédée de Stabat Mater (Intonation), Tarentelle « Mo’è benuto il Giovedì Santu » (anonyme), Stabat Mater (Manuscrit de Monopoli)

Lauranne Oliva, Eva Zaïcik
Vincent Dumestre direction, Le Poème Harmonique

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart) le 20 janvier
Florian Sempey, Ana Maria Labin, Léo Vermot-Desroches, Marion Lebègue, Edwin Fardini, Catherine Trottman, Louis Morvan

Alexis Kossenko direction, Orchestre et Chœur Les Ambassadeurs~La Grande Ecurie

Persée (Jean-Baptiste Lully) le 14 février
Mathias Vidal, Déborah Cache, Hélène Carpentier, Thomas Dolié, Véronique Gens, Matthieu Lécroart, Reinoud Van Mechelen, David Tricou, David Witczak, Alexandre Baldo, Olivia Doray, Marine Lafdal-Franc

Hervé Niquet direction, Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel, Chantres du Centre de musique baroque de Versailles
Coproduction Centre de musique baroque de Versailles

Les Noces de Figaro (Wolfgang Amadé Mozart) le 26 mars
Florian Boesch, Anett Fritsch, Robert Gleadow, Nikola Hillebrand, Anna Lucia Richter, Anna-Doris Capitelli, Shinyoung Kim

Giovanni Antonini direction, Kammerorchester Basel, Basler Madrigalistent

Mathias Vidal - Persée

Mathias Vidal - Persée

Un Requiem allemand (Johannes Brahms) le 05 avril
Sara Blanch , Michael Volle

Daniele Gatti direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France 

Passion selon Saint Matthieu (Jean-Sébastien Bach) le 09 avril
Werner Güra, Louis Morvan, Julie Roset, Giuseppina Bridelli, Fabien Hyon, Thomas Dolié

Enrico Onofri direction, Orchestre National d’Auvergne, Chœur NFM-Varsovie

Jephté (Georg Friedrich Haendel) le 29 avril
Michael Spyres, Joyce DiDonato, Mélissa Petit, Jasmin White

Francesco Corti direction, Il Pomo d’Oro 

Le Freischütz (Carl Maria von Weber) le 30 avril
Charles Castronovo, Golda Schultz, Kyle Ketelsen, Nikola Hillebrand, Jongmin Par, Milan Siljanov, Sebastian Wartig

Antonello Manacorda direction, Kammerakademie Potsdam, RIAS Kammerchor

Deborah (Georg Friedrich Haendel) le 23 mai
Sophie Junke, Jakub Józef Orlińsk, Sophia Patsi, Wolf Matthias Friedrich

Ton Koopman direction, Amsterdam Baroque Orchestra & Choir

Mitridate re di Ponte (Wolfgang Amadé Mozart) le 25 mai
Sergey Romanovsky, Jessica Pratt, Olga Bezsmertna, Rose Naggar-Tremblay, Maria Kokareva, Alasdair Kent, Nina van Essen

Christophe Rousset direction, Les Talens Lyriques

Semiramide (Gioachino Rossini) le 17 juin
Karine Deshayes, Franco Fagioli, Giorgi Manoshvili, Alasdair Ken, Mara Gaudenzi, Antonio Di Matteo

Valentina Peleggi direction, Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, Chœur Accentus

L’Italienne à Alger (Gioachino Rossini) le 18 juin
Marie-Nicole Lemieux, Levy Sekgapane, Nahuel Di Pierro, Mikhail Timoshenko, Sulkhan Jaiani, Eléonore Pancrazi, Julie Roset

Julien Chauvin direction, Le Concert de La Loge

Adriana González et Freddie De Tommaso

Adriana González et Freddie De Tommaso

Les Récitals vocaux

Adriana González, Freddie De Tommaso (Puccini, Cilea, Ponchielli, Verdi, Charpentier, Massenet, Bizet...), le 07 octobre

Philippe Jaroussky (Haydn, Mozart, Schubert), le 9 novembre

Concert des Diapason d’or, Julia Lezhneva, Pene Pati, le 13 novembre

Gala des 10 ans – Le Concert de La Loge, le 15 janvier

Jakub Józef Orliński (Lieder et mélodies), le 10 février

Patricia Petibon et Olivier Py

Patricia Petibon et Olivier Py

Concert Voix Nouvelles (Airs et ensembles d’opéras), le 17 février

Anna Netrebko, Yusif Eyvazov (Scènes d’opéras italiens ), le 27 mars

Pretty Yende, ONF, Giacomo Sagripanti direction (extraits de comédies musicales), le 08 juin

Philippe Jaroussky fête ses 25 ans de scène, le 23 juin

Patricia Petibon, Olivier Py (airs extraits de La Grande Duchesse de Gerolstein, Ciboulette), le 28 juin

Shani Diluka et Natalie Dessay

Shani Diluka et Natalie Dessay

Concerts (sélection subjective)

Wiener Philharmoniker, Daniele Gatti direction (Stravinsky, Chostakovitch), le 05 octobre

Natalie Dessay, Shani Diluka piano (Grieg, Fauré, Ravel, Debussy, Rimski-Korsakov, Berg ...), le 06 octobre 11h

Centenaire Gabriel Fauré, Camille Chopin, Pierre-Yves Cras, le 03 novembre

Les Siècles, F-X Roth (Saint-Saëns, Ravel), le 08 novembre

Orchestre de Chambre de Paris, Gábor Takács-Nagy, Steven Isserlis (Haydn, Beethoven), le 14 novembre

La Flûte enchantée en mimodrame, le 17 novembre 11h et 15h

Les Ambassadeurs~La Grande Écurie, Alexis Kossenko (Concertos de Vivaldi), le 19 novembre

Bruce Liu piano (Tchaïkovski, Mendelssohn, Scriabine, Prokofiev), le 03 décembre

Orchestre de Chambre de Paris, Thomas Hengelbrock (Strauss, Bruckner), le 16 janvier

Wiener Philharmoniker, Zubin Metha direction, Pinchas Zukerman violon (Mozart, Bruckner), le 17 janvier

Orchestre de Chambre de Paris, Andrew Staples (Bach, Mahler), le 20 février

Orchestre National de France, Cristian Măcelaru, Marie-Nicole Lemieux, Sarah Nemtanu (Ravel), le 05 mars

Quatuor Modigliani (Ravel, Beethoven), le 16 mars 11h

Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin, Angel Blue (Strauss, Bruckner), le 23 mars

Nikolaï Lugansky piano (Mozart, Beethoven, Wagner), le 24 mars

Elisabeth Leonskaja (Mozart, Schoenberg, Chopin, Berg, Schumann), le 29 mars

Les Siècles, F-X Roth, Bertrand Chamayou, Grégoire Pont (Massenet, Chabrier, Ravel), le 30 mars

Pierre-Laurent Aimard, Mathieu Amalric (Portrait de Ravel), le 06 avril

Stephen Kovacevich piano (Beethoven , Schubert, Berg, Brahms), le 12 avril

Jan Lisiecki piano (Chopin, Bach, Rachmaninov, Szymanowski, Messiaen, Górecki), le 07 juin

David Fray piano (Autour de transcription), le 25 juin

Orchestre National de France, Maxim Emelyanychev, Sabine Devieilhe (Schubert, Haydn, Mozart, Tchaïkovski), le 26 juin.

Yannick Nézet-Séguin et Angel Blue

Yannick Nézet-Séguin et Angel Blue

Première impression sur la saison 2024 / 2025

Avec seulement 2 opéras en version de concert, ’Persée’ de Lully et ‘Le Comte Ory’ de Rossini, la langue française est peu représentée dans ce genre concertant, mais c’est la première fois en 15 saisons qu’un opéra du compositeur originaire de Pesaro est interprété dans notre langue. Par ailleurs, ces deux ouvrages ont été créés à l’Opéra de Paris, le premier au Théâtre du Palais Royal, en 1682, le second à la Salle Le Peletier, en 1828.

En revanche, avec deux opéras en version scénique, ‘Werther’ et la reprise de ‘Dialogues des Carmélites’, Michel Franck peut se féliciter d’avoir consacré tout au long de son mandat un tiers des opéras en version scénique à la langue française. 

Les opéras en italien reprennent de l’importance en version de concert, mais hormis Umberto Giordano avec ‘Andrea Chénier’, seuls les quatre compositeurs d’œuvres en langue italienne les plus joués de tout le mandat du directeur, Monteverdi, Haendel, Mozart et Rossini, sont présentés, la seule nouveauté étant ‘Mitridate, re di Ponto’, opéra plus rarement donné. Mais aucun opéra en version scénique ne sera chanté en italien cette saison ci.

Avec 6 ouvrages, les amoureux des œuvres de Haendel seront gâtés d’autant plus que 4 de ces opéras et oratorio seront chantés en langue anglaise, dont la version scénique de ‘Semele’, et le très rare ‘Deborah’ interprété par Sophie Junker et Jakub Józef Orliński.

Mais c’est surtout la langue allemande qui prédomine en beauté pour cette dernière saison avec deux œuvres en version scénique, ‘La Passion selon Saint-Jean’ de Bach chorégraphiée par Sasha Waltz, et ‘Le Chevalier à la Rose’ de Richard Strauss mis en scène par Krzysztof Warlikowski, un grand connaisseur du compositeur allemand dont il a mis en scène ‘Salomé’ et ‘Die Frau ohne Schatten’ à Munich, et ‘Elektra’ à Salzburg.

Par ailleurs, le choix de cet ouvrage par Michel Franck pour clore ses 15 ans à la direction du Théâtre des Champs-Elysées rappelle beaucoup celui qu’effectua Hugues Gall au moment de quitter la direction de l’Opéra de Paris en programmant ‘Capriccio’. Dans les deux cas, il y a l’émotion d’une fin d’histoire et du début d’une nouvelle page à écrire.

Oliver Mears - Semele

Oliver Mears - Semele

En version de concert, la langue allemande sera cependant surtout dédiée au chant spirituel avec deux versions du ‘Requiem allemand’ de Brahms, dont l’une sera jouée au piano par Claire Désert et Tanguy de Williencourt un dimanche matin, et deux versions de ‘La Passion selon Saint Matthieu’, l’une interprétée par le Chœur et l’ Orchestre du Gaechinger Cantorey, l’autre par l’Orchestre National d’Auvergne et le Chœur NFM-Varsovie.

Quant au ‘Freischutz’, il revient pour la troisième fois sur l'avenue Montaigne avec une excellente distribution comprenant Charles Castronovo, Golda Schultz, Kyle Ketelsen et Milan Siljanov.

Et la langue latine, qui a fortement reflué depuis ces trois dernières saisons, sera uniquement défendue par Mozart, Vivaldi et Pergolese, chacun pour un soir.

Globalement, cette saison respecte les fondamentaux du théâtre centrés principalement sur le répertoire du XVIIIe et XIXe siècle (75% de la programmation), en s’appuyant sur les 3 piliers italien, français et allemand.

La surprise provient du choix des metteurs en scène, un peu plus au goût du jour qu’à l’accoutumée, qui augure de visions fortes, et le travail d’Oliver Mears, le directeur artistique du Royal Opera House de Londres, pour 'Semele’ sera suivi de près.

Parmi les soirées très attendues, en regard de ‘Semele’ et ‘Der Rosenkavalier’, ‘Le Comte Ory’, avec Cyrille Dubois et Sara Blanch, ‘Alcina’, avec Elsa Dreisig, Sandrine Piau et Emily d’Angelo, ‘Persée’ avec Mathias Vidal et Véronique Gens, ‘Semiramide’ avec Karine Deshayes et Franco Fagioli, ainsi que le récital d’Adriana González et Freddie De Tommaso, le concert des Diapason d’or, le Gala des 10 ans du concert de la Loge, le récital de Pretty Yende dans des airs de comédies musicales, et le concert du Wiener Philharmoniker dirigé par Zubin Metha avec Pinchas Zukerman au violon, sont des exemples de spectacles originaux à vivre.


L'intégralité de la saison c'est ici.

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Publié le 18 Mars 2024

Saison 2024/2025 du Bayerische Staatsoper de Munich (BSO)

Depuis le samedi 16 mars 2024 10h, la saison 2024/2025 du Bayerische Staatsoper est enfin dévoilée au public venu à la grande salle de l’opéra de Munich pour la découvrir, ainsi qu’aux spectateurs qui ont pu suivre la présentation en direct sur internet via la chaîne TV de l’institution bavaroise.

Cette annonce de la 4e saison de Serge Dorny à la direction de ce prestigieux opéra se fait dans un contexte particulier car ni lui, ni le directeur de ballet Laurent Hilaire, ni le directeur musical Vladimir Jurowski ne savent à ce moment là s’ils seront reconduits au-delà de 2026, alors qu’ils programment déjà la saison 2027/2028, y compris la fin du cycle du ‘Ring’. Dans l’expectative, Serge Dorny a fait savoir qu’il a postulé à la direction du Festival de Salzburg.

Mais en attendant que l’incertitude soit levée d’ici fin août, la structure de la programmation qu’il propose n’opère aucun relâchement par rapport à la ligne initiale, et comporte un quart d’opéras du XXe/XXIe siècles (hors Puccini), ce qui est conséquent sans, néanmoins, revenir au niveau de la saison 2022/2023 qui atteignait 30% d’ouvrages postromantiques.

Ainsi, la saison lyrique 2024/2025 affiche 167 soirées dédiées à 41 ouvrages - dont 7 nouvelles productions - ce qui constitue une légère érosion par rapport à la saison en cours qui comprend 172 soirées et 8 nouvelles productions.

Toutefois, à ces 167 soirées de répertoire s’ajoutent 10 représentations supplémentaires pour le festival biannuel ‘Ja, Mai’ qui sera centré sur deux ouvrages du XXIe siècle.

 Krzysztof Warlikowski, Corinne Winters et Mirga Gražinytė-Tyla - Katia Kabanova (Première le 13 mars 2025)

Krzysztof Warlikowski, Corinne Winters et Mirga Gražinytė-Tyla - Katia Kabanova (Première le 13 mars 2025)

Comme la saison passée, Serge Dorny propose en nouvelles productions un grand ouvrage dramatique italien du XIXe siècle – il s’agit en fait de deux récits bien connus, le diptyque ‘Cavalleria Rusticana / Pagliacci’ – , et une œuvre plus légère ‘La Fille du régiment’, qui sont des opéras emblématiques et très prisés des maisons de répertoire.

Son cœur de projet s’axe donc sur les œuvres créées au XXe siècle, car elles apportent souvent une vision du monde plus crépusculaire, vraie et désillusionnée qui invite au regard intérieur.

Tobias Kratzer : Das Rheingold (première le 27 octobre 2024), Die Passagierin (reprise le 15 novembre 2024)

Tobias Kratzer : Das Rheingold (première le 27 octobre 2024), Die Passagierin (reprise le 15 novembre 2024)

Ainsi, 11 ouvrages de cette période - contre 7 pour la saison 2023-2024 en cours - seront présentés sur 43 soirées, parmi lesquels 3 auront droit à de nouvelles productions : ‘Katia Kabanova’ de Leoš Janáček mis en scène par Krzysztof Warlikowski, un familier des œuvres du compositeur tchèque, sous la direction de la chef d'orchestre lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla avec Corinne Winters dans le rôle titre, puis ‘Die Liebe der Danae’ de Richard Strauss, une réflexion sur le pouvoir de l’argent qui sera confiée à Claus Guth sous la direction de Sebastian Weigle, et enfin, lors du festival d’été, la rare ‘Pénélope’ de Gabriel Fauré qui fut créée en mars 1913 à l’opéra de Monte-Carlo, puis en mai 1913 au Théâtre des Champs-Élysées, dont la lecture sera confiée à Andrea Breth qui fera donc ses débuts au Bayerische Staatsoper, sous la direction de Susanna Mälkki.

Vladimir Jurowski - Don Giovanni, Das Rheingold, Die Fledermaus, Der Rosenkavalier

Vladimir Jurowski - Don Giovanni, Das Rheingold, Die Fledermaus, Der Rosenkavalier

Si Vladimir Jurowski ne dirigera qu’un seul opéra de cette période, ‘Der Rosenkavalier’, son assistant Azim Karimov reprendra ‘Die Passagierin’.

Le chef Valentin Uryupin, qui a du quitter son poste du Nouvel Opéra de Moscou en 2022 suite à ses critiques de la guerre en Ukraine, dirigera ‘Erwartung’ (sous forme de diptyque avec ‘Didon et Enée’), Lothar Koenigs assurera les reprises de ‘Die Tote Stadt’ et ‘La Petite Renarde rusée’, Edward Gardner, le successeur de Vladimir Jurowski au London Philharmonic Orchestra, dirigera ‘Rusalka’, Kent Nagano reprendra ‘Le Grand Macabre’ dans la production de Krzysztof Warlikowski, et Ustina Dunitsky interprètera à nouveau pour deux soirées ‘Der Mond’ de Carl Orff, jouées dans le cadre du ‘UniCredit Septemberfest’ pour ouvrir la nouvelle saison lyrique avec seulement deux catégories de prix, 8 et 25 euros.

Francesco Micheli - Cavalleria Rusticana / Pagliacci (Première le 22 mai 2025)

Francesco Micheli - Cavalleria Rusticana / Pagliacci (Première le 22 mai 2025)

Comme pour la saison 2023/2024, le répertoire des compositeurs italiens du XIXe siècle est une composante solide et fondamentale qui va occuper 40% des représentations grâce à 17 ouvrages répartis sur 65 soirées, dont 6 de Giuseppe Verdi (‘Macbeth’, ‘I Masnadieri’, ‘La Traviata’, ‘Don Carlo’, ‘Un Ballo in maschera’, Aida’), 5 de Giacomo Puccini (‘Manon Lescaut’, ‘La Bohème’, ‘Tosca’, ‘Madame Butterfly’, ‘Turandot’), et 3 de Gaetano Donizetti (‘Lucrezia Borgia’, ‘Lucia di Lammermoor’, ‘L’Elixir d’Amour’).

Ces grands classiques italiens seront complétés par la reprise de la ‘La Cenerentola’ de Gioachino Rossini, ainsi qu'une nouvelle production du diptyque ‘Cavalleria Rusticana’ et ‘Pagliacci’ de Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo mise en scène par Francesco Micheli, directeur artistique du Festival Opera Donizetti de Bergame, sous la direction de Daniele Rustioni.

David Hermann - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025)

David Hermann - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025)

Mozart a habituellement une place de choix à Munich, et c’est encore le cas cette saison avec 4 ouvrages dont la trilogie Da Ponte, ‘Cosi fan tutte’, ‘Les Noces de Figaro’ et une nouvelle production de ‘Don Giovanni’ confiée à David Hermann (le metteur en scène du récent ‘Tannhäuser’ à l’opéra de Lyon et du ‘Die Frau ohne schatten’ à l’opéra de Stuttgart’), ainsi que la reprise de ‘La Flûte enchantée’, mais Wagner devra se contenter de seulement 12 soirées avec les reprises de ‘Lohengrin’ et du ‘Vaisseau Fantôme’, et surtout la nouvelle production de ‘Das Rheingold’ mise en scène par Tobias Kratzer, premier volet d’un Ring qui se déroulera sur 4 ans.

Deux autres compositeurs germanophones du XIXe siècle sont également à l’affiche avec les reprises de ‘Die Fledermaus’ (Johan Strauss) et de ‘Hänsel und Gretel’ (Engelbert Humperdinck).

Susanna Mälkki - Les Noces de Figaro, Pénélope (première le 18 juillet 2025)

Susanna Mälkki - Les Noces de Figaro, Pénélope (première le 18 juillet 2025)

Et il n’y a pas que Wagner a être un peu en retrait cette saison devant l’importance du répertoire du XXe siècle, car le répertoire russe romantique ne pourra compter que sur une seule reprise, celle de ‘La Dame de Pique’ pour 4 soirs, dans la mise en scène de Benedict Andrews.

Mais la langue française se défend plutôt bien puisque qu’à la nouvelle production de ‘Pénélope’ viendront s’ajouter deux ouvrages créés à l’Opéra Comique, la nouvelle production de ‘La Fille du régiment’ de Donizetti dans la mise en scène de Damiano Michieletto, sous la direction de Stefano Montanari, et la reprise de ‘Carmen’ sous la direction d’Alexandre Bloch, le directeur musical de l’opéra de Lille.

Et les baroqueux seront à nouveaux déçus puisque seules deux soirées seront dédiées à ‘Didon et Enée’ de Purcell, mais avec Sonya Yoncheva dans le rôle titre et la mise en scène de Krzysztof Warlikowski.

Sonya Yoncheva - Didon et Enée / Erwartung (reprise le 13 juillet 2025)

Sonya Yoncheva - Didon et Enée / Erwartung (reprise le 13 juillet 2025)

Enfin, le festival ‘Ja, Mai’ permettra de découvrir deux ouvrages rares contemporains sur 5 soirs chacun, ‘Matsukaze’ de Toshio Hosokawa (La Monnaie – 2011 - mise en scène Sasha Waltz), donné à la salle Utopia (ehemals Reithalle) dans une nouvelle mise en scène de Lotte van den Berg et Tobias Staab, et ‘Das Jagdgewehr’ de Thomas Larcher (Bregenz – 2018) qui sera joué au Théâtre Cuvilliés dans une mise en scène d’Ulrike Schwab.

Il s'agit de pièces inspirées de deux nouvelles japonaises, respectivement une pièce de théâtre Nô, 'Matsukaze' (松風, 'Le Vent dans les pins'), et un roman de Yasushi Inoue, 'Ryōjū' (猟銃, 'Le fusil de chasse').

Antonino Fogliani - I Masnadieri, Lucrezia Borgia, Turandot

Antonino Fogliani - I Masnadieri, Lucrezia Borgia, Turandot

Cette programmation met ainsi en exergue d’excellents chefs d’orchestre, mais quatre se distinguent particulièrement, Vladimir Jurowski, le directeur musical, qui dirigera ‘Der Rosenkavalier’ , ‘Die Fledermaus’ et les nouvelles productions de ‘Don Giovanni’ et ‘Das Rheingold’, Sebastian Weigle qui dirigera ‘La Dame de Pique’, ‘Lohengrin’ et la nouvelle production de ‘Die Liebe der Danae’, Susanna Mälkki qui dirigera la reprise des ‘Noces de Figaro’ – il est assez rare d'entendre la chef d'orchestre finlandaise interpréter une œuvre lyrique du XVIIIe siècle – et la nouvelle production de ‘Pénélope’, et Antonino Fogliani qui se réservera trois opéras italiens, ‘I Masnadieri’, ‘Lucrezia Borgia’ et 'Turandot'.

Klaus Florian Vogt - Die Tote Stadt (Reprise, le 01 octobre 2024)

Klaus Florian Vogt - Die Tote Stadt (Reprise, le 01 octobre 2024)

Et pour ceux qui scrutent les distributions de grands chanteurs, on pourra entendre cette saison Sonya Yoncheva (Didon et Enée / Erwartung), Lise Davidsen (Tosca), Asmik Grigorian et Franz-Josef Selig (Der Fliegende Holländer), Violeta Urmana (La Dame de Pique, Katia Kabanova), Ermonela Jaho (Manon Lescaut), Pretty Yende, Susan Graham, Lawrence Brownlee (La Fille du Régiment), Marlis Petersen (Der Rosenkavalier), Yulia Matochkina (Un Ballo in Maschera, Cavalleria Rusticana), Anja Kampe et René Pape (Lohengrin), Rachel Willis-Sørensen (Don Carlo, Lohengrin), Elena Guseva (Rusalka, Madame Butterfly), Nicole Car (Un Ballo in Maschera), Vida Miknevičiūtė et Klaus Florian Vogt (Die Tote Stadt), Charles Castronovo (I Masnadieri, Un Ballo in Maschera), Jonas Kaufmann (Pagliacci), Wolfgang Koch (Cavalleria Rusticana/Pagliacci, Lohengrin, La Petite Renarde rusée), Brandon Jovanovich (Pénélope), Pavol Breslik (Rusalka, Lucrezia Borgia), Xabier Anduaga (Lucia di Lammermoor, La Fille du Régiment), Peter Mattei, Golda Schultz, Willard White et Emily D’Angelo (Les Noces de Figaro), Elena Tsallagova (Die Passagierin, La Petite Renarde rusée), Charles Workmann (Die Passagierin), Piotr Beczala (Lohengrin, Carmen), Lisette Oropesa (I Masnadieri, La Fille du régiment), Erwin Schrott (Don Carlo, Lucrezia Borgia, I Masnadieri), Vera-Lotte Boecker (Don Giovanni), Simon Keenlyside (La Traviata), Ekaterina Semenchuk et Vittorio Grigolo (Cavalleria Rusticana), Ailyn Pérez (Pagliacci), Elena Stikhina (La Dame de Pique, Aida), Pavel Cernoch, Corinne Winters et John Daszak (Katia Kabanova), Angel Blue et Pene Pati (La Bohème), Christopher Maltman et Andreas Schager (Die Liebe der Danae), Angela Meade (Lucrezia Borgia), Jessica Pratt (La Flûte enchantée), Gerald Finley (Macbeth, Der Fliegende Holländer), Sondra Radvanovsky (Turandot, Macbeth), Elina Garanca (Aida), Ekaterina Gubanova (Das Rheingold)…

Sondra Radvanovsky - Turandot, Macbeth

Sondra Radvanovsky - Turandot, Macbeth

Cette saison est aussi marquée par la mise en avant de Konstantin Krimmel, baryton allemand et roumain membre de l'opéra de Munich depuis 2021, qui apparaitra dans les trois volets de la trilogie Da Ponte, où il fera l'ouverture du festival d'été en Don Giovanni.

Ce jeune chanteur a débuté en tant qu'enfant de chœur de l’église Saint-Georges à Ulm, et il se démarque aujourd'hui dans le répertoire du Lied. Une soirée de lieder lui sera d'ailleurs dédiée au Prinzregententheater le 24 juillet 2025, en fin de festival.

Konstantin Krimmel - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025), Les Noces de Figaro, Cosi fan Tutte

Konstantin Krimmel - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025), Les Noces de Figaro, Cosi fan Tutte

Un focus sur les grands chanteurs français permet enfin de mettre en valeur Clémentine Margaine et Jérôme Boutillier (Carmen), Loïc Félix (Pénélope), Julie Fuchs (Les Noces de Figaro) et Sandrine Piau (Cosi fan tutte).

Sandrine Piau - Cosi fan tutte (reprise le 12 mai 2025)

Sandrine Piau - Cosi fan tutte (reprise le 12 mai 2025)

Mais seuls deux spectacles, hors festival ‘Ja, Mai’, seront affichés avec des prix ne dépassant pas 100 euros en première catégorie, ‘Hänsel et Gretel’ et ‘La Cenerentola’. C’est moins que la saison 2023/2024 où 6 productions étaient à ce tarif, ce qui est aussi un indice que les contraintes financières sont un peu plus fortes chaque année, mais la représentation de 'Don Giovanni' du 06 juillet 2025 sera projetée en direct sur la Max-Joseph Platz, avec saluts des artistes sur le parvis de l'opéra à la fin du spectacle.

Le Bayerische Staatsoper n’en est pas moins une maison lyrique qui se porte encore très bien, et s’intéresse toujours autant aux œuvres rares.


Le détail de la saison 2024/2025 du Bayerische Staatsoper peut être consulté sous le lien suivant : Season 2024 /2025 : From Life - Throught Love.

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Publié le 2 Mars 2024

The Exterminating Angel (Thomas Adès – Festival de Salzburg, 28 juillet 2016)
Livret de Tom Cairns, d’après le film éponyme de Luis Buñuel (1962)
Répétition du 24 février et représentations du 29 février et 09 mars 2024
Opéra Bastille

Lucia de Nobile Jacquelyn Stucker
Leticia Maynar Gloria Tronel
Leonora Palma Hilary Summers
Silvia de Avila Claudia Boyle
Blanca Delgado Christine Rice
Beatriz Amina Edris
Edmundo de Nobile Nicky Spence
Comte Raul Yebenes Frédéric Antoun
Colonel Álvaro Gómez Jarrett Ott
Francisco de Ávila Anthony Roth Costanzo
Eduardo Filipe Manu
Señor Russell Philippe Sly
Alberto Roc Paul Gay
Doctor Carlos Conde Clive Bayley
Julio Thomas Faulkner
Enrique Nicholas Jones
Pablo Andres Cascante
Meni Ilanah Lobel-Torres
Camila Bethany Horak-Hallett
Lucas Julien Henric
Padre Sanson Régis Mengus
Yoli Arthur Harmonic / Artiste de la Maîtrise des Hauts-de-Seine

Direction musicale Thomas Adès (du 26/02 au 09/03) / Robert Houssart (du 13/03 au 23/03)
Mise en scène Calixto Bieito (2024)
Nouvelle production (Entrée au répertoire)

Diffusion en direct sur Paris Opera Play, la Plateforme de l’Opéra national de Paris, le samedi 09 mars à 20h00, puis à compter du vendredi 22 mars sur Medici.TV
Diffusion sur France Musique le samedi 20 avril 2024 à 20h00 dans l’émission ‘Samedi à l’opéra’ présentée par Judith Chaine.

Créé au Festival de Salzbourg en 2016 dans une coproduction de Tom Cairns qui l’a amené à Toronto (2016), New-York (2017) et Copenhague (2018), ‘The Exterminating Angel’ est le troisième opéra de Thomas Adès

L'arrivée des hôtes et invités

L'arrivée des hôtes et invités

L’œuvre est basée sur le film de Luis Buñuel, ‘L’Ange Exterminateur’ (1962), qui se déroule dans les années 1960, au Mexique, après une représentation de l’opéra ‘Lucia di Lammermoor’, lorsque plusieurs couples de riches bourgeois, réunis dans une villa pour finir la soirée autour d’un dîner, se trouvent dans l’incapacité de sortir de la demeure.

Il s’agit d’une réflexion sur les barrières mentales, le conformisme, les artifices sociaux, et sur les travers d’une bourgeoisie, en apparence à l’aise, qui vont être révélés sous la pression d’un espace contraint.

Dans un contexte de ressentiment pour les riches drainé par certains mouvements extrémistes, ‘The Exterminating Angel’ apparaît donc comme un exutoire sans concession.

Claudia Boyle (Silvia), Filipe Manu (Eduardo), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Clive Bayley (Le docteur) et Gloria Tronel (Leticia)

Claudia Boyle (Silvia), Filipe Manu (Eduardo), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Clive Bayley (Le docteur) et Gloria Tronel (Leticia)

La production intégralement maison de cet opéra surréaliste, confiée au metteur en scène catalan Calixto Bieito qui est un grand admirateur du cinéaste aragonais, est donc la seconde au monde après celle montée par le librettiste, Tom Cairns, et est dirigée par Thomas Adès pour les premières représentations, puis par Robert Houssart qui avait assuré la première danoise en 2018.

Et pour mettre le spectateur dans l’ambiance, les sonneries des cloches se font entendre dans la salle Bastille pendant les 15 minutes qui précèdent le spectacle, manifestation malicieuse du metteur en scène au moment où le public rejoint ses places, et reflet mimétique des moutons se pressant à l’église dans la scène finale du film original.

Jacquelyn Stucker (Lucia de Nobile) et Christine Rice (Blanca Delgado)

Jacquelyn Stucker (Lucia de Nobile) et Christine Rice (Blanca Delgado)

Le rideau se lève sur une immense nef blanche, espace unique où va se dérouler toute l’action, donnant ainsi une dimension monumentale à l’espace de la salle à manger qui ne comprend aucun recoin pour se soustraire au regard d’autrui. L’ambiance est chic mais froide, et, dès lors, l’intimisme et les obscurités du film de Buñuel ne sont pas recréés.

Les différents couples peuvent donc être librement scrutés, et les comportements de chacun peuvent être suivis sans discontinuité. La grande table longitudinale, perpendiculaire à la salle, permet un défilé frontal des participants, et seul un piano est ajouté en fond de scène.

Gloria Tronel (Leticia Maynar) et Philippe Sly (Señor Russell)

Gloria Tronel (Leticia Maynar) et Philippe Sly (Señor Russell)

Calixto Bieito a soigneusement habillé les personnages avec goût et soin pour, par la suite, donner plus de force visuelle à leur déchéance spectaculaire.

La scène inaugurale fait intervenir des domestiques spasmodiques, Julio et Lucas, qui, sous les traits respectifs de Thomas Faulkner et Julien Henric d’une présence vocale bien accentuée, se préparent à fuir. Puis, leur succèdent Camilla et Meni, incarnées par Bethany Horak-Hallett et Ilanah Lobel-Torres, cette dernière affichant un dramatisme qui rappelle celui de Karine Deshayes à ses débuts.

Anthony Roth Costanzo (Francisco de Ávila) et Hilary Summers (Leonora Palma)

Anthony Roth Costanzo (Francisco de Ávila) et Hilary Summers (Leonora Palma)

La présentation des invités est marquée par la puissance percutante de Nicky Spence en Edmundo de Nobile, l’hôte principal qui finira par se proposer en sacrifice au final, et de Jacquelyn Stucker, qui va décrire tout au long de la soirée l’extraversion nymphomane de Lucia de Nobile avec un très beau galbe vocal, affûté et brillant. Son jeu décomplexé sera par ailleurs d’un primitivisme délirant jusqu’au-boutiste.

Claudia Boyle (Silvia), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Hilary Summers (Leonora), Nicky Spence (Edmundo), Thomas Faulkner (Julio), Gloria Tronel (Leticia Maynar), Jarrett Ott (Le Colonel) et Paul Gay (Alberto)

Claudia Boyle (Silvia), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Hilary Summers (Leonora), Nicky Spence (Edmundo), Thomas Faulkner (Julio), Gloria Tronel (Leticia Maynar), Jarrett Ott (Le Colonel) et Paul Gay (Alberto)

Et impossible d’être insensible à la voix extrêmement aiguë et surnaturelle de Gloria Tronel, absolument charmante. La soprano bordelaise, dont la mère est une artiste du chœur de l’opéra de Bordeaux, fait vivre Leticia Maynar avec une agilité facétieuse. L’étrangeté des sons qu’elle obtient résonne d’ailleurs avec les ondes Mathenot qui évoquent les voix fantomatiques de l’Ange exterminateur.

Amina Edris (Beatriz) et Filipe Manu (Eduardo)

Amina Edris (Beatriz) et Filipe Manu (Eduardo)

C’est en fait une véritable décomposition humaine qui se déroule sur scène à travers un jeu déjanté qui, parfaitement allié à la musique, a quelque chose d’enivrant à la vue de ces artistes qui se donnent à fond pour faire se déchaîner exultations vocales et comportements fortement débridés et difficiles à crédibiliser.

A travers cette déliquescence, Calixto Bieito montre comment la perte de repères et de dignité ramène chacun à une sexualité primaire, tous les protagonistes étant pris dans une spirale de l’angoisse qui les anéantit.

The Exterminating Angel (Stucker Tronel Spence Adès Bieito) Opéra de Paris

Le baryton américain Jarrett Ott, qui s’était fortement fait remarquer la saison dernière à l’Opéra Comique dans ‘Breaking the waves’, un opéra de Missy Mazzoli créé 2 mois seulement après ‘The Exterminating Angel’, est très impressionnant autant par sa caractérisation vocale très soutenue que par son engagement physique, lui qui doit jouer avec force le Colonel amant de Lucia.

Christine Rice et Frédéric Antoun, deux interprètes des créations salzbourgeoise (2016) et new-yorkaise (2017) de l’œuvre, se retrouvent pour cette nouvelle production, la mezzo anglaise imposant, elle aussi, une forte personnalité, le ténor québecois ayant plus naturellement tendance à garder de l’allure même quand il doit se montrer violent.

Clive Bayley (Le Docteur) et Jarrett Ott (Le Colonel)

Clive Bayley (Le Docteur) et Jarrett Ott (Le Colonel)

Les différents couples invités génèrent également des émotions très différentes, celui formé par le vieux docteur et Leonora - chanté par un Clive Bayley acéré et une Hilary Summers au timbre baillé et mélancolique - est sans doute le plus attendrissant, les jeunes fiancés un peu à part, incarnés par Amina Edris et Filipe Manu, obtiennent un magnifique duo ‘Fold your body’ avant de s’éteindre sous un beau jeu d’ombre à l’avant scène, mais le frère et la sœur de Ávila sont bien plus hystérisés, Anthony Roth Costanzo, contre-ténor nerveux et très percutant dans l’enceinte Bastille, poussant, en réalité, très loin la destructuration de sa personnalité, et Claudia Boyle lui donnant le change avant d'offrir une très touchante étreinte finale pour son enfant, Yoli, qu’elle ne peut atteindre.

Le metteur en scène rend plus claire la symbolique des moutons avec cet enfant qui se promène avec ses ballons en forme d’ovins, et la scène d'abattage des ovidés est adaptée pour faire surgir des murs des peaux de moutons dont se recouvriront les invités.

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Thomas Adès et Jacquelyn Stucker

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Thomas Adès et Jacquelyn Stucker

La musique de Thomas Adès est d’un foisonnement sonore étourdissant mais, surtout, comprend un discours dramaturgique puissant, le compositeur se révélant un chef d’orchestre d’un punch implacable. 

La violence peut atteindre des moments paroxysmiques d’une même brutalité qu’’Elektra’ de Richard Strauss - voir la scène d'escamotage du plancher pour trouver de l'eau -, des tensions menaçantes sont par ailleurs entretenues pour ne pas lâcher l’auditeur, mais s’adjoint aussi une virtuose et pétaradante évocation de l’exotisme mexicain, jouée avec la rythmique et l’éclat d’un Chostakovitch, et, malgré le désastre humain, une lueur de poésie peut surgir sous forme de mélopées sensibles.

L’énergie saisissante qui s’en dégage, faisant toujours corps avec les expressions chevillées-au-corps des chanteurs, induit au fur et à mesure de la soirée un sentiment de débordement excessif qui ne peut se vivre que dans les conditions de la représentation.

Ching-Lien Wu (Cheffe de choeur)

Ching-Lien Wu (Cheffe de choeur)

Sans oublier le chœur très élégiaque provenant des hauteurs et arrières de la salle au final, pour renforcer cette impression d’enfermement dans un crane humain suggérée par le décor - qui pivotera d’ailleurs au moment où les invités comprendront, peut-être, que ce sont leurs névroses qui les empêchaient de sortir -, c’est finalement un triomphe qui est réservé à toute l’équipe artistique à laquelle se joint même Tom Cairns

Amina Edris, Jarrett Ott, Jacquelyn Stucker, Gloria Tronel, Claudia Boyle, Anthony Roth Costanzo, Nicky Spence, Frédéric Antoun et Hilary Summers

Amina Edris, Jarrett Ott, Jacquelyn Stucker, Gloria Tronel, Claudia Boyle, Anthony Roth Costanzo, Nicky Spence, Frédéric Antoun et Hilary Summers

Ce n’est en effet pas tous les jours que l’on assiste à un ouvrage du XXIe siècle dirigé par son compositeur en personne et qui, de plus, montre qu’il est capable d’accepter deux visions scéniques très différentes, celle de Cairns, assez littérale et proche de l’ambiance du film, et celle de Bieito, plus sévèrement psychologique et excessive, Alexander Neef étant le seul directeur d'opéra à avoir produit ou coproduit ces deux mises en scène.

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Calixto Bieito, Tom Cairns, Anna-Sofia Kirsch, Ingo Krügler, Thomas Adès, Bettina Auer et Jacquelyn Stucker

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Calixto Bieito, Tom Cairns, Anna-Sofia Kirsch, Ingo Krügler, Thomas Adès, Bettina Auer et Jacquelyn Stucker

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