Publié le 12 Mars 2017

Carmen (Georges Bizet)
Représentation du 10 mars 2017
Opéra Bastille

Carmen Clémentine Margaine
Don José Roberto Alagna
Micaela Aleksandra Kurzak
Escamillo Roberto Tagliavini
Frasquita Vannina Santoni
Mercédès Antoinette Dennefeld
Le Dancaïre Boris Grappe
Le Remendado François Rougier
Zuniga François Lis

Direction musicale Bertrand de Billy
Mise en scène Calixto Bieito

Production du Festival Castell de Peralada (1999)

                                                                                                 Aleksandra Kurzak (Micaela)

Peu de spectateurs s’en rendent compte, probablement, mais représenter Carmen à l’Opéra Bastille symbolise, par essence, un acte de popularisation de l’Art lyrique venu que sur le tard à l’Opéra National de Paris.

En effet, alors que l’Opéra de New-York affichait le chef-d’œuvre de Bizet dès les années 1880, Paris ne l’accueillit sur la scène du Palais Garnier qu’à partir de 1959, dans un grand élan d’ouverture au répertoire populaire qui était jusque-là préservé par la salle Favart de l’Opéra-Comique.

L’année d’après, Tosca fit également son apparition sur la scène de l’Opéra.

Depuis, l’Opéra de Paris est ouvert à l’ensemble du répertoire lyrique et étend son emprise sur celui-ci à un rythme qui, pour l’instant, est plus soutenu que les principales maisons internationales.

Clémentine Margaine (Carmen)

Clémentine Margaine (Carmen)

Après 15 ans de mise en scène par Alfredo Arias, et un essai de mise en scène par Yves Beaunesne, en 2012, qui ne fut pas un succès, ne serait-ce que par le tort qu’il créa à la soprano Anna Caterina Antonacci, la production de Calixto Bieito imaginée pour le Festival Castell de Peralada, un petit village catalan situé au sud de Perpignan, fait son entrée sur la scène Bastille après 18 ans de voyage à travers le monde.

En le dépouillant du folklore hispanique habituellement associé à l’imagerie de Carmen, Calixto Bieito transpose l’univers de Mérimée dans une Espagne décadente des années 1970, pour en tirer une satire sociale et montrer sans tabou la violence interne et la puissance sexuelle inhérente qui sont les moteurs essentiels de la vie.

Détailler l’ensemble des facettes et les contradictions de l’héroïne l’intéresse moins que de reconstituer une époque dans son ensemble, cohérente, où les militaires dominent la vie politique et sociale – nous pouvons les voir distribuer de la nourriture au chœur d’enfants -, ce qui correspond à ce que fût l’Espagne franquiste.

Choeur d'enfants

Choeur d'enfants

Le décor repose sur un sol recouvert d'une spirale couleur sable andalou, au centre duquel un mât dresse un drapeau espagnol en berne. L’arrivée d’une Mercédès vient apporter un peu de distraction et de relief scénique au tableau de la taverne de Lillas Pastia, la silhouette du taureau Osborne, symbole commercial espagnol, figure les montagnes des contrebandiers – mais c’est un jeune militaire nu qui s’exhibe à ses pieds au cours d’une danse tauromachique plus poétique qu’érotique -, et, sous des éclairages vifs et lunaires, se conclue l’ultime confrontation entre Carmen et Don José.

La puissance de la lumière renvoie ainsi à l’éblouissante impression du sable du désert, sur lequel se détachent en contre-jour les ombres pathétiques des amants. ‘Duel au soleil’, pourrait-on penser…

Clémentine Margaine (Carmen) et Roberto Alagna (Don José)

Clémentine Margaine (Carmen) et Roberto Alagna (Don José)

La vulgarité du comportement brillamment désinhibé des hommes et des femmes présents sur scène sature cependant très vite le spectateur, mais nombre de petites saynètes font sourire, par exemple les selfies de Don José et Micaela qui traduisent le besoin de justification de leur couple, la solitude des personnages secondaires qui se rêvent toreros, ou bien les mimiques de corrida des manutentionnaires qui démontent l’effigie du taureau publicitaire au cours de l’entracte du quatrième acte.

Avec son tempérament sauvage et tonique, ses aigus soudains et saillants, un médium généreux et des inflexions parfois chaotiques, Clémentine Margaine, mezzo-soprano originaire d’une ville à forte personnalité catalane, Narbonne, offre un portrait ample et magnétique de cette femme qui vit librement dans un monde marginal régi par toutes sortes de trafics. 

Clémentine Margaine (Carmen) et Roberto Alagna (Don José)

Clémentine Margaine (Carmen) et Roberto Alagna (Don José)

Par un effet galvanisant, l'excès de ce spectacle se prolonge dans l’agressivité noire de sa voix qui la rapproche du volontarisme masculin d'une Lady Macbeth, d’autant plus que ses sentiments sont moins nuancés que dans d’autres lectures.

Pour Roberto Alagna, la première parisienne de cette production ressemble à un rejeu de la première qu’il interpréta à Peralada avec son ex-épouse, Angela Gheorghiu, qui incarnait Micaela, puisque c’est sa nouvelle partenaire dans la vie, Aleksandra Kurzak, qui le rejoint pour cette reprise.

Souffrant, il renvoie une image exemplaire de professionnalisme, malgré la gêne que son timbre altéré occasionne. D’abord prudent, mais avec la même virilité solaire, certes vacillante, qui le rend unique, le chanteur français, conscient de ses limites dans les aigus, dépeint un Don José un peu gauche et neutre, avant de réaliser un superbe dernier acte.

Aleksandra Kurzak (Micaela) et Roberto Alagna (Don José)

Aleksandra Kurzak (Micaela) et Roberto Alagna (Don José)

Il fait alors des faiblesses de ce soir une force interprétative poignante où se mélangent troubles et sentiments passionnels, et réussit en conséquence à achever la représentation sur un effet admiratif splendide.

Ses duos avec Aleksandra Kurzak sont par ailleurs d’une très grande intensité, notamment parce que la soprano polonaise nourrit une sensibilité mature qui va au-delà de ce que le rôle de Micaela, souvent réservé, évoque. On sent une envie de donner une force à leur couple qui égale celle de Rodolfo et Mimi dans La Bohème.

Quant à Roberto Tagliavini, son Escamillo bien chanté ne recherche pas l’abattage scénique, mais les contraintes de Bieito pèsent vraisemblablement sur le rayonnement du personnage.

Dans les petits rôles, Vannina Santoni (Frasquita) et Antoinette Dennefeld (Mercédès) démontrent une complicité réjouissante jusqu’au salut final.

Clémentine Margaine (Carmen) et Roberto Alagna (Don José)

Clémentine Margaine (Carmen) et Roberto Alagna (Don José)

Enfin, la ligne orchestrale conduite par Bertrand de Billy privilégie une noirceur austère, sans débordements ou effets ornementaux appuyés de la part des cuivres ou des cordes, et une rythmique vive qui cadence le drame tout en n’évitant pas les décalages dus, notamment, à la forte implication du chœur dans la dramaturgie scénique. Les plus beaux moments surviennent quand le son concentre harmoniques et couleurs des instruments pour donner de la profondeur aux duos. 

Le chœur, lui, est employé dans sa force un peu brute, mais ce sont les enfants qui emportent totalement l’adhésion, pour l’énergie et la vitalité qu’ils dissipent à tout-va, et pour la géniale envolée dans le défilé final interprété tout en rebondissant face à la salle.

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Publié le 5 Mars 2017

Eclipse annulaire du 26 février 2017, deux minutes avant la formation de l'anneau

Eclipse annulaire du 26 février 2017, deux minutes avant la formation de l'anneau

Circonstances de l’éclipse annulaire de soleil

L’éclipse annulaire de soleil qui vient de traverser le centre de la Patagonie est la première d’une série de trois éclipses qui va toucher l’Argentine entre 2017 et 2020, ce qui est rare pour un même pays en si peu de temps (celles du 02 juillet 2019, près de San Juan, Cordoba et Buenos Aires, et du 14 décembre 2020, près de Viedma et Las Grutas, seront par ailleurs totales, et donc plus spectaculaires).

Elle a parcouru une région très peu habitée de l’Amérique du Sud où, probablement, de l’ordre de 70.000 habitants vivent sur la bande de terre d’où l’’anneau de feu’ était visible, mais l’Afrique a elle aussi pu l’observer au soleil couchant en Angola, Zambie et République démocratique du Congo.

Trajectoires des 3 éclipses de soleil prévues en Argentine entre 2017 et 2020 - (c) Xavier Jubier

Trajectoires des 3 éclipses de soleil prévues en Argentine entre 2017 et 2020 - (c) Xavier Jubier

Présentation de la Patagonie

Les steppes, déserts et pâturages de la Patagonie couvrent un tiers de l’Argentine, mais la partie occidentale de la Cordillère des Andes qu’elle abrite appartient, elle, au Chili.
Son nom proviendrait du terme ‘Patagon’ (‘grande patte’) employé dans leurs écrits par Fernand de Magellan et Antonio Pigafetta, un des membres de son expédition, lorsqu’ils découvrirent, en 1520, le peuple amérindien Tehuelche sur ces terres.

Ce peuple, dont le nom fut donné par un autre peuple originaire des Andes chiliennes, les Mapuche, avait une culture nomade et chassait les guanacos et les nandous.
Avec l’introduction du cheval au XVIIIe siècle par les Espagnols, ses itinéraires de transhumances se modifièrent, et, quand il rencontra les colons gallois qui fuyaient l’oppression religieuse et culturelle en Grande-Bretagne, il établit avec eux des liens très forts, et leur apprit les techniques de chasse et de confection d’habits traditionnels.

Ces colons, arrivés le 28 juillet 1865, fondèrent leur première ville dans leur port naturel de débarquement, situé à l’entrée de la péninsule de Valdès, et le nommèrent Puerto Madryn.

Puerto Madryn face au Golfo Nuevo

Puerto Madryn face au Golfo Nuevo

Mais en 1879, le général Julio Argentino Roca lança une conquête génocidaire du désert afin d’ouvrir de larges territoires à la colonisation espagnole. Les indigènes furent décimés, et ne subsistent dorénavant que quelques vestiges de la culture Tehuelche.

Une des conséquences de cette appropriation des terres du sud fut d’ouvrir la voie aux paléontologues qui découvrirent cette zone peu humide où la géologie est parfaitement visible. 

Au cours des années 1890, Carlos Ameghino, paléontologue argentin, entreprit avec son frère, Florentino, d’importants voyages en Patagonie, et ramena au total plus de 2000 pièces de mammifères du tertiaire appartenant à 120 espèces différentes.

Aujourd’hui, la Patagonie est aussi devenue la zone qui recèle le plus de fossiles datant du Jurassique au monde, comme le prouve la découverte d’un immense gisement dans la province de Santa Cruz en 2012, ou bien celle des restes d’un Titanosaure, le plus grand herbivore jamais mis à jour, dans la région du Chubut.

Squelette de Tyrannotitan - musée paléontologique de Trelew

Squelette de Tyrannotitan - musée paléontologique de Trelew

Route vers le point d’observation

Le point de départ de ce voyage fut Puerto Madryn, base tranquille dévouée à l'écotourisme et emplacement idéal pour aller observer les baleines franches, les orques, les dauphins de Commerson, les lions et les éléphants de mer.

Route vers le point d'observation au nord de Sarmiento

Route vers le point d'observation au nord de Sarmiento

Deux endroits paraissaient d’emblée privilégiés pour observer l’éclipse annulaire dans de bonnes conditions, la Baie de Camarones et sa réserve naturelle de Cabo Dos Bahias, ou bien la rive nord-est du lac Musters situé tout près de Sarmiento, au creux du Corridor Central de Patagonie.

C’est ce dernier lieu qui fut retenu, aussi bien pour son relief et la nature préhistorique de sa géologie que pour son importante distance à l’Océan Atlantique, dont les brumes et les formations nuageuses auraient pu perturber le spectacle.

De Puerto Madryn, il fut aisé de rejoindre, à 55km au sud, Trelew, ville qui dispose d’un important musée paléontologique où règnent nombre de squelettes de fossiles, dont celui d’un impressionnant Tyrannotitan.

Pingouins de Magellan - Cabo dos Bahias (Camarones)

Pingouins de Magellan - Cabo dos Bahias (Camarones)

A 250km plus au sud, au pied de la ‘Meseta de Montemayor’, le village de Camarones se présenta comme un point d’étape obligé, tant la faune qui vit dans ses alentours jouit d’un environnement qui la protège à l’écart des foules touristiques. Les guanacos – une espèce de lama non domestiqué -, les nandous de Darwin, les colonies de pingouins de Magellan, les troupeaux de moutons, les lions de mers et toutes sortes d’oiseaux de mers cohabitent sur les bordures rocheuses couvertes de bosquets, auxquelles on ne peut accéder que par de fastidieuses routes de pierres.

Lever de soleil dans l'horizon de Comodoro Rivadavia - dimanche 26 février 2017 à 06h45

Lever de soleil dans l'horizon de Comodoro Rivadavia - dimanche 26 février 2017 à 06h45

En poursuivant sur 200km la voie principale qui longe le flanc oriental de la Patagonie jusqu'au détroit de Magellan, la ville de Comodoro Rivadavia fut la dernière étape avant de quitter la côte pour se diriger vers l’intérieur des terres. Elle se situe en plein centre d’une importante zone pétrolifère où champs de puits de pétrole et champs d’éoliennes se côtoient non sans un certain sens de l’incompatible écologique.

Arrivée sur la rive du Lac Musters - le 26 février 2017 à 08h30

Arrivée sur la rive du Lac Musters - le 26 février 2017 à 08h30

Ne resta plus qu’à rejoindre Sarmiento dans les lueurs du soleil levant. Après 150km de route bitumée, puis 45 km de route de pierres, sur laquelle on conduit comme sur de la neige, la rive du Lac Musters est enfin apparue à 8h30, alors que les premiers groupes d’observateurs étaient déjà installés.

Un camp principal était même déployé sur l’estancia El Musters où l’association scientifique argentine ‘Grupo Astronomico Osiris’ avait réuni des dizaines de jeunes amateurs, et qu’un champ d’instruments d'observation jonchait le sol.

Camp d'observation - Estancia El Musters - Sarmiento

Camp d'observation - Estancia El Musters - Sarmiento

Observation de l’éclipse

A 9h24, dans un ciel parfaitement bleu sous une température ambiante très agréable, la lune commença à se dessiner sur la surface solaire dans une clameur générale, à 23° au-dessus de l’horizon. Au centre, une tâche solaire bien visible pouvait s'apercevoir.

Le sol, lui, offrait à ceux qui en avaient la curiosité nombre de témoignages des passages des tribus Tehuelche, pointes de flèches taillées en pierre, outils de découpe et bois fossilisés n’attendaient qu’à être ramassés …

Détail de l'activité solaire - 9h45mn

Détail de l'activité solaire - 9h45mn

Vers 10h15, la variation de luminosité devint perceptible, le bleu du ciel plus profond, les contrastes plus marqués sur les profils des sommets, et la sensation de fin de jour vint.

Au cours des dix dernières minutes avant l’éclipse annulaire, le vent et la fraicheur se levèrent, inévitables signes que le paroxysme approchait et qui resserra l’emprise sensible du phénomène sur notre psyché. On sent la nature comme aspirée par la conjonction astrale.

Photo montage de l'éclipse annulaire du 26 février 2017 entre 09h45mn et 10h40mn

Photo montage de l'éclipse annulaire du 26 février 2017 entre 09h45mn et 10h40mn

Enfin, à 10h39mn et 26 secondes, l’anneau de soleil apparut dans les instruments pour une petite minute, à 35° au-dessus de l’horizon, dans une clameur encore plus forte qu’au début de l’évènement.

Le maintien de cette impression lunaire sur la zone s’est alors prolongé pour une dizaine de minutes, avant que, petit à petit, le cycle du jour ne reprenne. A 12h01, plus aucune trace du passage de la lune devant le disque de notre astre n’était visible.

Plateau du Lac Musters sous les lumières de l'éclipse

Plateau du Lac Musters sous les lumières de l'éclipse

Après l’éclipse

L’heure qui suivit fut consacrée aux flâneries le long de la rive du lac Musters, immensité bleu-vert totalement isolée au milieu d'un plateau sec et désertique pauvre en végétation.

Le lac Musters

Le lac Musters

Puis, la fin de journée fut dédiée à la découverte du parc des Bosquets pétrifiés, situé 30km au sud de Sarmiento. Dans un paysage extra planétaire baptisé la ‘Vallée Lunaire’, des restes de troncs d’arbres datant de dizaines de millions d’années gisent toujours sur les flancs des falaises érodées par le temps. 

Bois pétrifiés (à gauche) et strates géologiques de la 'Vallée Lunaire' (Sarmiento)

Bois pétrifiés (à gauche) et strates géologiques de la 'Vallée Lunaire' (Sarmiento)

Arrachés par des vents violents et silicifiés par les sels des mers qui se sont depuis retirées, ils témoignent éternellement de la végétation qui recouvrait jadis cette région à l’aspect abandonné, et de la richesse en vie animale qu’elle protégeait.

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Rédigé par David

Publié dans #Astres, #Eclipse

Publié le 5 Mars 2017

TV-Web Mars 2017 - Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 05 mars 2017 sur France 3 à 00h40
Benjamin, dernière nuit (Tabachnik) - Opéra de Lyon - ms Fuljames - dm Kontarsky

Briend, Lolov, Kutstekova, Selinger, Rice

Dimanche 05 mars 2017 sur France 3 à 02h10
Cav&Pav (Mascagni & Leoncavallo) - Chorégies d'Orange - ms Auvray - dm Prêtre

Alagna, Uria Monzon, Gillet, Mula, Degout, Laconi

Dimanche 05 mars 2017 sur Arte à 18h10
Concert d'ouverture de la salle Pierre Boulez à Berlin

Lundi 06 mars 2017 sur France 3 à 02h15
La Damnation de Faust (Berlioz) - Opéra de Paris - ms Hermanis - dm Jordan

Koch, Kaufmann, Terfel

Vendredi 10 mars 2017 sur France 2 à 00h30
Fidelio (Beethoven) - Opéra Royal de Wallonie - ms Martone - dm Arrivabeni

Wilson, Todorovich, Hawlata, Gorodetski

Dimanche 12 mars 2017 sur France 3 à 00h30
Dialogues des Carmélites (Poulenc) - ms Delunsch - dm Lacombe

Caton, Barbeyrac, Gillet, Lamprecht

Dimanche 12 mars 2017 sur Arte à 12h30
The high road to Kilkenny - les Musiciens de Saint-Julien

Documentaire de Benjamin Bleton

Dimanche 12 mars 2017 sur Arte à 23h55
Norma (Belini) - Liceu de Barcelone - ms Livermore - dm Abbado

Agresta, Kunde, Deshayes, Pertusi, Miro

Dimanche 19 mars 2017 sur France 3 à 00h30
Mozart, Bach - Orchestre de chambre de Paris - violon Nemtaru

Dimanche 19 mars 2017 sur Arte à 12h30
Stabat Mater (Pergolèse)

Dimanche 26 mars 2017 sur France 3 à 00h30
Le Roi Carotte (Offenbach) - Opéra de Lyon - ms Pelly - dm Aviat

Boulianne, Beuron, Mortagne, Grappe, Bou

Vendredi 31 mars 2017 sur France 2 à 00h05
Les pigeons d'argile (Hurel) - Capitole de Toulouse - ms Clément - dm Ceccherini

Arquez, Lefèvre, Le Texier, Santoni, Brunet-Grupposo


Mezzo et Mezzo HD

Mercredi 01 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
Einstein on the beach de Philip Glass et Robert Wilson au Théâtre du Châtelet

Vendredi 03 mars 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Valery Gergiev dirige Samson et Dalila de Saint-Saëns

Samedi 04 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
Dardanus de Rameau au Grand-Théâtre de Bordeaux

Dimanche 05 mars sur Mezzo HD à 20h30
Don Giovanni de Mozart au Théâtre des Champs-Elysées

Mercredi 08 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
Les Indes Galantes de Rameau par Christophe Rousset

Vendredi 10 mars 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Platée de Rameau à 'Opéra Comique

Samedi 11 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
La Traviata de Verdi au Festival de Glyndebourne

Dimanche 12 mars sur Mezzo HD à 20h30
Macbeth de Giuseppe Verdi au Gran Teatre del Liceu de Barcelone

Mercredi 15 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
Manon Lescaut de Puccini à la Monnaie de Bruxelles

Vendredi 17 mars 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Castor et Pollux de Rameau au Théâtre des Champs-Elysées

Samedi 18 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
Alcina de Haendel à la Monnaie de Bruxelles

Dimanche 19 mars sur Mezzo HD à 20h30
Così fan tutte de Mozart à l'Opéra National de Paris

Mercredi 22 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
Lulu d'Alban Berg à la Monnaie de Bruxelles

Jeudi 23 mars sur Mezzo HD à 20h30
Macbeth de Giuseppe Verdi au Gran Teatre del Liceu de Barcelone

Dimanche 26 mars sur Mezzo à 20h30
La Femme sans ombre de Richard Strauss au Bayerische Staatsoper

Dimanche 26 mars sur Mezzo HD à 20h30
Platée de Rameau à 'Opéra Comique

Mercredi 29 mars 2017 sur Mezzo à 20h30
Don Giovanni de Mozart à la Monnaie de Bruxelles

Vendredi 31 mars 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Cadmus et Hermione de Lully à l'Opéra Comique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Concert Arte

Macbeth (Théâtre de la Monnaie de Bruxelles)

"Kalila Wa Dimna" de Moneim Adwan au Festival d'Aix-en-Provence

La Flûte Enchantée (Académie du Teatro alla Scala)

L'Orfeo (Opéra de Lausanne) - ms Robert Carsen

Samson et Dalila (Opéra National de Paris)

Norma (Teatro Real de Madrid) - ms Davide Livermore

Manon (Grand Théâtre de Genève) - ms Olivier Py

Les Trois Ténors - les inédits

Il Giasone (Grand Théâtre de Genève) - ms Sinigaglia

La Belle Hélène (Théâtre du Châtelet) - ms  Corsetti, Sorin


Sur Operaplatform, Culturebox etc...

Lady Macbeth de Mzensk (Opéra d'Amsterdam) jusqu'au 16 mars 2017

Otello (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 23 mars 2017

Le Prince Igor (Bolshoi) jusqu'au 24 mars 2017

Les Noces de Figaro (Opera d'Amsterdam) jusqu'au 26 mars 2017


La descente aux Enfers d'Orphée (OPERA2DAY) jusqu'au 02 avril 2017

Les Stigmatisés (Opéra de Lyon) jusqu'au 06 avril 2017

Sancta Susanna (Opéra de Lyon) jusqu'au 06 avril 2017

Von Heute auf Morgen (Opéra de Lyon) jusqu'au 06 avril 2017

Madame Butterfly (Théâtre de la Monnaie) jusqu'au 07 avril 2017

Eliogabalo (Opéra National de Paris) jusqu'au 08 avril 2017

Manon Lescaut (Aubert) - Opéra Royal de Wallonie jusqu'au 17 avril 2017

La Bohème - Teatro Regio jusqu'au 20 avril 2017


Goplana - Polish National Opera jusqu'au 02 mai 2017

The Nose - Covent Garden jusqu'au 08 mai 2017

Les Contes d'Hoffmann (Opéra National de Paris) jusqu'au 22 mai 2017

Les perles de Cléopâtre (Komische Oper Berlin) jusqu'au 02 juin 2017

L'Amico Fritz - Teatro de la Fenice jusqu'au 03 juin 2017

Le Coq d'Or (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 22 juin 2017

La Bohème - Opera de Liège jusqu'au 24 juin 2017

Nowark - Space Opera (Opéra de Poznan) jusqu'au 02 août 2017

Werther (Opéra de Metz) jusqu'au 08 août 2017

King Arthur (Staastoper Berlin) jusqu'au 18 août 2017

Fantasio (Opéra Comique - Théâtre du Châtelet) jusqu'au 23 août 2017

Tannhäuser (Opéra de Monte-Carlo) jusqu'au 01 septembre 2017

La Cenerentola (Opéra de Lille) jusqu'au 20 octobre 2017

Nabucco (Opera Royal de Wallonie) jusqu'au 27 octobre 2017

Aquagranda de Filippo Perocco (Teatro La Fenice) jusqu'au 14 novembre 2017

Le Requiem de Mozart (Philharmonie de Paris) - dm rené Jacobs - jusqu'au 26 novembre 2017

Don Giovanni (Opéra de Liège) jusqu'au 23 novembre 2017

Le Vaisseau Fantôme (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 27 décembre 2017

La Bohème (Festival d'Opéra en plein air) jusqu'au 29 décembre 2017

La Damnation de Faust (ms Ruggero Raimondi) jusqu'au 01 février 2018

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 21 Février 2017

La Ciudad de las Mentiras (Elena Mendoza)

Représentation du 20 février 2017
Teatro Real de Madrid

Gracia  Katia Guedes 
Mujer de 'El sueño realizado'  Laia Falcón 
Carmen  Anne Landa 
Moncha  Anna Spina 
Díaz Grey Graham Valentine
Risso David Luque 
Jorge Michael Pflumm 
Tito / Barman Tobias Dutschke 
Langmann Guillermo Anzorena 

 

Musiciens sur scène 
Piano Íñigo Giner Miranda, Clarinete Miguel Pérez Iñesta, Saxofón Martín Posegga, Trombón Matthias Jann, Violín Wojciech Garbowski, Violonchelo Erik Borgir

Direction musicale Titus Engel                                    Matthias Rebstock et Elena Mendoza
Mise en scène Matthias Rebstock 
Collaboration à la mise en scène  Elena Mendoza 
Scénographie Bettina Meyer 
Orchestre du Teatro Real

Théâtre musical en quinze scènes - Création mondiale (2017)
Musique Elena Mendoza et livret et collaboration musicale de Matthias Rebstock, basé sur les nouvelles Un sueño realizado (1943), El álbum (1953), La novia robada (1986) et El infierno tan temido (1962) de Juan Carlos Onetti


La Ciudad de las Mentiras est le dernier opéra commandé par Gerard Mortier pour le Teatro Real de Madrid, dont il eut l'assurance, peu avant sa mort, qu'il serait conservé dans la programmation du théâtre malgré le contexte économique difficile. Prévu initialement pour la saison 2014/2015, l'aboutissement de ce projet a finalement été décalé de deux ans.

Guillermo Anzorena (Langmann)

Guillermo Anzorena (Langmann)

Créer un opéra sur la base de l'oeuvre d'un auteur hispanique c'est rendre vivant un texte et le confronter au public d'aujourd'hui.

Juan Carlos Onetti est né en 1908 à Montevideo. Il a passé la première partie de sa vie entre la capitale uruguayenne et Buenos Aires, avant que la dictature ne le pousse à émigrer à Madrid en 1975.

Ecrivain existentialiste, le défi est grand pour réussir à entraîner le spectateur dans l'univers de quatre de ses nouvelles, Un sueño realizado (1943), El álbum (1953), La novia robada (1986) et El infierno tan temido (1962), dont les histoires sont réunies dans une même ville, Santa Maria, et sur la même scène du Teatro Real de Madrid, pour y parler de solitude, d'abandon, d'ennui, d'argent et de routine.

Anne Landa (Carmen) et Michael Pflumm (Jorge)

Anne Landa (Carmen) et Michael Pflumm (Jorge)

Elena Mendoza a ainsi composé une musique qui tend à accentuer et lier les uns aux autres les petits gestes de la vie quotidienne d'un groupe d'habitants qui vit en vase clos avec ses souvenirs de vie ratée, de mariage annulé et de couple séparé.

Mais la musique n'en n'est pas le centre, sinon le texte d'Onetti et le théâtre qui en découle, une construction à laquelle Elena Mendoza et Matthias Rebstock ont collaboré très étroitement.

Laia Falcón (Mujer de 'El sueño realizado')

Laia Falcón (Mujer de 'El sueño realizado')

Dans un décor labyrinthique fait d'escaliers qui descendent de toutes parts autour d'un large bar surmontée d'une batterie de bouteilles alignées et menant vers de petits promontoires en surplomb, les chanteurs et des musiciens animent leurs mornes petites vies.

Les héroïnes portent des robes qui évoquent leurs rêves perdus, et les voix, toutes très belles et mélancoliques, ne sont utilisées que pour l'expressivité de leurs couleurs et leur malléabilité.

Guillermo Anzorena, en Langmann, le directeur d'une misérable compagnie théâtrale, est le seul à avoir du recul. Il est le reflet de cette société dont il cherche à profiter.

La Ciudad de las Mentiras (Onetti-Mendoza-Rebstock) Teatro Real de Madrid

La musique, elle, repose sur les inévitables percussions vrombissantes, et trouve surtout son originalité ludique par sa manière de surgir des gestes mécaniques de la vie. Ainsi, deux scènes sont particulièrement originales, l'une où l'on entend des joueurs de dominos, répartis sur trois tables, transformer leur partie en un jeu musical auquel les musiciens sont associés, l'autre, hilarante, d'un barman dont le moindre geste pour servir sa cliente est signifié par des sonorités de l'orchestre. Et les seules notes que l'on entend de la joueuse d'accordéon proviennent de ses tapotis répétitifs sur son instrument.

L'ensemble des musiciens participent également à un concert de frémissements qui signalent la présence d'un environnement vivant, mais sans forme définitive.

Vénus surplombant le Teatro Real - le 20 février 2017

Vénus surplombant le Teatro Real - le 20 février 2017

Au cours de ces quatre vingt dix minutes sans entracte, l'auditeur se trouve donc confronté à ce qu'il ressent lui même dans les scènes de la vie qui l'entoure, dans la rue, au travail, dans les conversations absurdes, et est même invité à y rechercher des sonorités musicales pour le simple plaisir du jeu.

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Publié le 19 Février 2017

Prince Igor (Alexander Borodin)
Représentation du 17 février 2017
De Nationale Opera – Amsterdam

Prince Igor Ildar Abdrazakov
Yaroslavna Oksana Dyka
Prince Galitsky et Khan Konchak Dmitri Ulyanov
Konchalovna Agunda Kulaeva
Vladimir Igoryevich Pavel Černoch
Ovlur Vasily Efimov
Skula Vladimir Ognovenko
Yerosha Andrei Popov
Yaroslavna’s Nanny Marieke Reuten
A Polovtsian Maiden Adèle Charvet

Direction musicale Stanislav Kochanovsky
Mise en scène Dmitri Tcherniakov (2014)
Chorégraphie Itzik Galili
Rotterdams Philharmonisch Orkest
Chœur De Nationale Opera – Ching-Lien Wu

Coproduction New York Metropolitan Opera                          Oksana Dyka (Yaroslavna)

Il y a exactement cinq ans, l’opéra d’Amsterdam accueillit la fantastique production de Dmitri Tcherniakov pour porter sur scène l’ouvrage que Nikolaï Rimski-Korsakov considérait comme son testament musical - sans se douter qu’il composerait plus tard Le Coq d’Or -, La Légende de la ville invisible de Kitège et de la vierge Fevronia.

Le metteur en scène russe, loin de vouloir faire revivre un univers médiéval, décrivit une vision futuriste d’une grande ville décadente, livrée aux bandes de pillards et totalement coupée de la vie des villages forestiers restés liés, eux, à leur environnement naturel.

Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Deux ans après, c’est dans le même esprit, brillant et audacieux, qu’il prit à bras le corps un autre monument de l’opéra russe, Le Prince Igor, pour lui donner une portée contemporaine aussi forte.  Le New York Metropolitan Opera eut la primeur de ce travail que reprend aujourd’hui De Nationale Opera.

L’unique opéra d’Alexander Borodine, achevé par Rimski-Korsakov et Glazounov, s’inspire des évènements décrits dans le poème médiéval Le dit de la campagne d’Igor. Cette œuvre relate la lutte entre les jeunes états russes chrétiens et les tribus eurasiennes de Coumans, les Polovtsiens, qui percèrent jusqu’en Europe avant les conquêtes mongoles.

Prologue - cour du palais de la ville de Poutivl

Prologue - cour du palais de la ville de Poutivl

Ces nomades étaient païens – et non musulmans comme certains esprits aimeraient le croire -, ce qui fait de ce chef-d’œuvre une ode à la religion orthodoxe, rempart contre la dureté du climat et les invasions venant de l’est comme de l’ouest, Allemands, Polonais et Suédois compris.

Ce n’est pourtant pas cette dimension conceptuelle qui intéresse Dmitri Tcherniakov, mais plutôt le thème de la passion humaine pour la guerre, comme la manifeste ici le Prince.

La scénographie s’ouvre ainsi sur un décor de citadelle qui aligne nombre de portes, surmontées de balcons, où se recueille le peuple, et d’ouvertures par lesquelles pénètre la lumière extérieure.

Dmitri Ulyanov (Prince Galitsky)

Dmitri Ulyanov (Prince Galitsky)

Les costumes des hommes et des femmes évoquent la Russie aristocratique de la fin du XIXe siècle, si bien que l’on pourrait tout à fait rapprocher la destinée d’Igor et son fils, Vladimir, de celle de l’Empereur Nicholas II qui combattit les Allemands sur le front en 1915.

Les images grimaçantes en noir et blanc des visages des combattants qu’insère Tcherniakov à la fin du prologue lui permettent d’enchaîner directement avec la défaite du Prince Igor, et de poursuivre un passionnant montage qui inverse les traditionnels actes I et II, et mixe également les scènes afin d’aboutir au meurtre confus de Galitsky, un déroulement d’une force dramaturgique stupéfiante.

Pavel Černoch (Vladimir Igoryevich)

Pavel Černoch (Vladimir Igoryevich)

L’acte I immerge ainsi le spectateur dans un univers paradisiaque, fond de ciel bleu-azur, tapis de fleurs rouges, dont l’onirisme est renforcé par un fin voile ouateux. 

La voix claire et entêtante d’Adèle Chauvet, discrètement en retrait à droite de la scène, chante l’attente des caresses à la tombée du jour, puis, celle chaude et généreuse d’Agunda Kulaeva fait surgir le souvenir imaginaire d’une femme perdue, en même temps que la femme d’Igor, Yaroslavna, apparaît à son regard. 

Cette très belle image est cependant ambiguë, car on pourrait y voir le Prince pensant à sa première épouse, impression qui s’estompe, par la suite, à l’arrivée de Pavel Černoch, au beau timbre d’amande, qui incarne un Vladimir tendre dans les bras de Konchalovna.

Et l’acte baigne ainsi entièrement dans un esprit de réconciliation et de nostalgie. Les danses polovtsiennes deviennent alors un ballet de l’Eden, magnifié par les corps gracieux et chargés de désirs de jeunes hommes et jeunes femmes nageant dans les fleurs des steppes.

Oksana Dyka (Yaroslavna)

Oksana Dyka (Yaroslavna)

L’acte II, lui, débute par la seconde scène originelle (de l’acte I).

Oksana Dyka, vêtue d’une fière robe grenat, superbe Chimène, paraît seule mais déterminée au milieu de la cour du palais. Artiste clivante, elle l’est, car si on peut lui reprocher certaines sonorités aigües pincées, la personnalité qu’elle dépeint est forte et passionnée. Elle est de plus une très belle femme au regard mystique. Vocalement, elle possède un souffle phénoménal qui lui permet de filer des lignes infinies, et le médium de son timbre exprime vaillamment de profonds élans de noble mélancolie.

L’arrivée des Boyards, ses conseillers, est l'un des grands moments impressifs de cet opéra, car le chœur masculin use alors de ses graves sinistres et intrigants pour annoncer à la princesse la défaite d’Igor.  De bout en bout, les chanteurs du Chœur d’Amsterdam, dirigés par Ching-Lien Wu, font entendre des sonorités harmonieusement détaillées, fluides et colorées de grâce, une merveille dans ce répertoire slave.

Danses Polovtsiennes

Danses Polovtsiennes

Et alors que les hommes de Yaroslavna étaient vêtus de costumes vert de gris parés de palmes dorées, l’armée de Galitski est représentée comme une réplique de l’Armée rouge, en bleu et rouge.

Dmitri Ulyanov, qui interprète à la fois le rôle du successeur temporaire d’Igor et le Khan Konchak, dévoile un caractère burlesque et léger, tout en chantant d’une voix bien timbrée et ironiquement sombre, ce qui lui permet à la fois de paraître un beau-frère sans dimension impériale, et un chef polovtsien magnanime.

Le croisement intelligent des scènes de l’acte II rend alors possible de donner un sens à sa présence en le faisant disparaître dans la panique spectaculaire créée par l’arrivée de l’ennemi, au point de suggérer que Yaroslavna est le commanditaire insoupçonné de son meurtre. Les nombreuses portes permettent le soudain surgissement du choeur.

Une façon géniale d’ajouter une atmosphère de complot à cette scène qui s’achève par l’effondrement du palais.

Oksana Dyka (Yaroslavna) et Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Oksana Dyka (Yaroslavna) et Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Tout au long de cet acte, on admire également les chorégraphies entraînantes des chœurs, que l’on voit même entamer une danse bien rythmée, païenne aurait-on envie de dire, les poings levés au ciel, autour de Galitski. Un éblouissement gai et jouissif.

Le dernier acte, qui repose sur l’acte IV initial interpénétré, comme en un songe marqué par les changements de luminosité, par des saynètes de l’acte III, décrit enfin un monde en recherche de rédemption, une résonance salutaire qui fait écho au Parsifal de Richard Wagner (sur le thème de la chute d’un monde et de sa reconstruction).

Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Le décor est délabré, déprimant, et des filets d’eau chutent depuis le toit du palais. Tous sont recouverts de haillons, et chacun, Skula (Vladimir Ognovenko) et Yerosha (Andrei Popov) y compris, tire leçon de cette épopée destructrice.

La confusion est telle que l’on distingue à peine les chanteurs principaux du reste du peuple. Le spectateur se retrouve face à un amas de pierres et d’humains indistincts.

Dans une recherche d’effets véristes, s'entend ainsi la nourrice pleurer à voix déchirée, et l'attente désespérée d’une déité qui ne survient pas.

Adèle Charvet (A Polovtsian Maiden)

Adèle Charvet (A Polovtsian Maiden)

Ildar Abdrazakov aura été tout au long de cette épopée un prince fraternel, humain, au chant mature et d’une belle compacité sans aucune inflexion disgracieuse. L’acteur est séduisant, sympathique, avec quelque chose de presque trop sage dans l’intention, il ne peut donc qu'être touchant dans l’acte des réminiscences sur le champ de bataille.

Quant à la direction fine et splendide du jeune chef russe Stanislav Kochanovsky, elle allie joliment les timbres des cuivres, des bois et des vents, fluidifie les lignes et dégage une poésie qui ne vient jamais s’imposer au drame, sinon l’encenser de façon subliminale.

Oksana Dyka (Yaroslavna) et Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Oksana Dyka (Yaroslavna) et Ildar Abdrazakov (Le Prince Igor)

Sans volonté d’effets tonitruants, même dans les danses, et associés à des chanteurs tous excellents, les musiciens peuvent être heureux d’avoir fait de ce spectacle une référence artistique qui compte dans l’histoire du Nationale Opera et du répertoire russe.

Il semble, pour le moment, que ce ne soit pas cette version du Prince Igor qui sera portée sur la scène de l’opéra Bastille au cours de la saison 2019/2020. La barre est donc déjà très élevée pour l’Opéra National de Paris. A bon entendeur…

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Publié le 3 Février 2017

TV-Web Février 2017 - Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 05 février 2017 sur Arte à 17h30
Ravel, Prokofiev, Dvorak - dm Poga - Folles journées de Nantes

Lundi 06 février 2017 sur Arte à 01h30
Le Sacre du Printemps pour deux pianos (Stravinsky) - Kadouch, Laloum

Lundi 06 février 2017 sur Arte à 02h35
Les Quatre saisons (Vivaldi) - Max Richter

Vendredi 10 février 2017 sur France 2 à 00h00
Il Mondo de la Luna (Haydn) - dm Rhorer - ms Sagi

Do, Bridelli, Candia, Le Corre

Samedi 11 février 2017 sur France 3 à 00h30
Dona Francisquita (Vives) - dm Caballé Domenech - ms Sagi

Melian, Mouriz Aurora, Prieto, Alvarez

Dimanche 12 février 2017 sur arte à 23h30
Dans le ventre de Notre-Dame - Documentaire sur le grand orgue

Dimanche 19 février 2017 sur France 3 à 00h30
La Damnation de Faust (Berlioz) - dm Jordan - ms Hermanis

Kaufmann, Koch, Terfel

Dimanche 19 février 2017 sur Arte à 18h30
Jonas Kaufmann chante le Berlin des années 1930

Dimanche 26 février 2017 sur Arte à 18h20
L'orchestre du festival de Dresde joue Robert Schumann

Lundi 27 février 2017 sur Arte à 00h15
Le Coq d'Or (Rimski-Korsakov) - dm Altinoglu - ms Pelly

Hunka, Dolgov, Vassiliev, Zwierko


Mezzo et Mezzo HD

Mercredi 01 février 2017 sur Mezzo à 20h30
Les Troyens de Berlioz au Royal Opera House

Vendredi 03 février 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Valery Gergiev dirige Samson et Dalila de Saint-Saëns

Samedi 04 février 2017 sur Mezzo à 20h30
Macbeth de Verdi au Royal Opera House de Londres

Dimanche 05 février 2017 sur Mezzo HD à 22h15
Les Indes Galantes de Rameau par Christophe Rousset

Mercredi 08 février 2017 sur Mezzo à 20h30
Agrippina de Haendel au Theater an der Wien

Vendredi 10 février 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Dardanus de Rameau au Grand-Théâtre de Bordeaux

Samedi 11 février 2017 sur Mezzo à 20h30
Nixon In China de John Adams au Théâtre du Châtelet de Paris

Dimanche 12 février 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Valery Gergiev dirige Eugène Onéguine de Tchaïkovski au Mariinsky

Mercredi 15 février 2017 sur Mezzo à 20h30
La Cenerentola de Rossini à l'Opéra de Rennes

Vendredi 17 février 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Valery Gergiev dirige Guerre et Paix de Prokofiev au Mariinsky de Saint-Pétersbourg

Samedi 18 février 2017 sur Mezzo à 20h30
L'Etoile de Chabrier à Amsterdam

Dimanche 19 février 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Les Indes Galantes de Rameau par Christophe Rousset

Mercredi 22 février 2017 sur Mezzo à 20h30
L'Heure Espagnole de Ravel au Festival de Glyndebourne
L'Enfant et les Sortilèges de Ravel au Festival de Glyndebourne
Sancta Susanna d'Hindemith à l'Opéra de Lyon

Vendredi 24 février 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Dardanus de Rameau au Grand-Théâtre de Bordeaux

Samedi 25 février 2017 sur Mezzo à 20h30
Hamlet de Thomas dirigé par Marc Minkowski à la Monnaie de Bruxelles

Dimanche 26 février 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Dardanus de Rameau au Grand-Théâtre de Bordeaux

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Concert Arte

Macbeth (Théâtre de la Monnaie de Bruxelles)

"Kalila Wa Dimna" de Moneim Adwan au Festival d'Aix-en-Provence

La Flûte Enchantée (Académie du Teatro alla Scala)

L'Orfeo (Opéra de Lausanne) - ms Robert Carsen

Samson et Dalila (Opéra National de Paris)

Norma (Teatro Real de Madrid) - ms Davide Livermore

Manon (Grand Théâtre de Genève) - ms Olivier Py

Mefistofele (Festival de Baden Baden) - ms Philipp Himmelmann

Les Trois Ténors - les inédits


Sur Operaplatform, Culturebox etc...

La Traviata - Chorégies d'Orange jusqu'au 04 février 2017

Orfeo - Rossi (Opéra de Nancy) jusqu'au 09 février 2017

Le Vaisseau Fantôme (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 12 février 2017

Les Chevaliers de la table ronde d'Hervé (Teatro Malibran) jusqu'au 15 février 2017

Labirinto d'amore (Festival de Sable) jusqu'au 25 février 2017

Alcina (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 25 février 2017


Otello (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 23 mars 2017

Le Prince Igor (Bolshoi) jusqu'au 24 mars 2017

Les Noces de Figaro (Opera d'Amsterdam) jusqu'au 26 mars 2017


Les Stigmatisés (Opéra de Lyon) jusqu'au 06 avril 2017

Sancta Susanna (Opéra de Lyon) jusqu'au 06 avril 2017

Von Heute auf Morgen (Opéra de Lyon) jusqu'au 06 avril 2017

Eliogabalo (Opéra National de Paris) jusqu'au 08 avril 2017

Manon Lescaut (Aubert) - Opéra Royal de Wallonie jusqu'au 17 avril 2017

La Bohème - Teatro Regio jusqu'au 20 avril 2017

Goplana - Polish National Opera jusqu'au 02 mai 2017

The Nose - Covent Garden jusqu'au 08 mai 2017

Les Contes d'Hoffmann (Opéra National de Paris) jusqu'au 22 mai 2017

Les perles de Cléopâtre (Komische Oper Berlin) jusqu'au 02 juin 2017

L'Amico Fritz - Teatro de la Fenice jusqu'au 03 juin 2017

Le Coq d'Or (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 22 juin 2017

La Bohème - Opera de Liège jusqu'au 24 juin 2017

La Cenerentola (Opéra de Lille) jusqu'au 20 octobre 2017

Nabucco (Opera Royal de Wallonie) jusqu'au 27 octobre 2017

Aquagranda de Filippo Perocco (Teatro La Fenice) jusqu'au 14 novembre 2017

Le Requiem de Mozart (Philharmonie de Paris) - dm rené Jacobs - jusqu'au 26 novembre 2017

Don Giovanni (Opéra de Liège) jusqu'au 23 novembre 2017

Le Vaisseau Fantome (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 27 décembre 2017

La Bohème (Festival d'Opéra en plein air) jusqu'au 29 décembre 2017

La Damnation de Faust (ms Ruggero Raimondi) jusqu'au 01 février 2018

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 29 Janvier 2017

La Flûte Enchantée (Wolfgang Amadé Mozart)
Représentation du 28 janvier 2017
Opéra Bastille

Tamino Pavol Breslik
Erste Dame Gabriela Scherer 
Zweite Dame Annika Schlicht
Dritte Dame Nadine Weissmann
Papageno Florian Sempey
Papagena Christina Gansch
Sarastro Tobias Kehrer
Monostatos Andreas Conrad 
Pamina Kate Royal
Königin der Nacht Sabine Devieilhe
Der Sprecher José Van Dam 
Drei Knaben Solistes des Aurelius Sängerknaben Calw

Direction musicale Henrik Nánási
Mise en scène Robert Carsen (2014)

Coproduction Festspielhaus Baden-Baden

                                                                                         José Van Dam (Der Sprecher)

Si l’intelligence théâtrale de la mise en scène de Robert Carsen réserve nombre d’émerveillements au spectateur qui découvre La Flûte Enchantée – on pense à l’intégration de la fosse d’orchestre au décor, à l’interaction des chanteurs avec les auditeurs de la salle, à l’humour macabre de Papagena (géniale Christina Gansch!) grimée en mort-vivante, au changement de point de vue entre la surface verte de la forêt et le monde souterrain, liés par seulement trois ouvertures … -, deux facettes du chef-d’œuvre de Mozart sont pourtant occultées : la féerie, et la symbolique maçonnique.

Florian Sempey (Papageno)

Florian Sempey (Papageno)

Le directeur canadien, auteur d’une douzaine de spectacles présentés à l’Opéra de Paris, s’est volontairement dégagé de ces dimensions imaginaires pour se réapproprier les éléments naturels du livret, et monter une dramaturgie qui réévalue le parcours initiatique à l’aune de la relation entre l’homme et la nature.

Ainsi, l’unité de l’humanité, divisée par l’idéologie et l’organisation sociale, ne peut se réaliser que dans la conscience de son appartenance au monde naturel : l’image des cercueils disséminés dans une grotte privée de lumière est éloquente sur ce point. Il ressort donc une tonalité lugubre de cette représentation émaillée d’effets mémorables.

Pavol Breslik (Tamino)

Pavol Breslik (Tamino)

Quel instant saisissant, en effet, que d’entendre José Van Dam, après 43 ans de présence sur la scène de l’Opéra de Paris, interpréter le rôle du Sprecher, le visage dissimulé sous un voile noir, la voix certes fluctuante, mais empreinte d’un velours émouvant ! Combien de spectateurs, ce soir, ont réalisé la défiance au temps de ce passage solennel ?

Et quel rôle exaltant pour Florian Sempey que ce Papageno randonneur, si proche du public qu’il semble en provenir ! Chacun peut alors se sentir lié à lui comme à un double de soi-même.

Florian Sempey (Papageno) et Kate Royal (Pamina)

Florian Sempey (Papageno) et Kate Royal (Pamina)

Ce jeune baryton tout fou, timbre mat et joues généreuses, a une élocution franche totalement désinhibée, dans une langue qui ne lui est pourtant pas naturelle. Sensible aux regards rivés sur lui, il en tire une énergie qui le galvanise dans son art de la comédie qui semble vouloir embrasser le monde entier.

Kate Royal, Pamina aux traits délicats et finement estompés, plus espiègle que romantique, en semble presque séduite, et finit par former un couple contrasté avec le Tamino viril, brillant et expressif de Pavol Breslik, loin d’être un prince vaporeux, mais une personnalité consciente et affirmée.

Sabine Devieilhe (La Reine de la Nuit) et Tobias Kehrer (Sarastro)

Sabine Devieilhe (La Reine de la Nuit) et Tobias Kehrer (Sarastro)

Et, en Reine de la Nuit plus bourgeoise que magicienne, Sabine Devieilhe révèle dans chaque air un sens de la nuance qui adoucit, notamment en seconde partie, le caractère intransigeant de son personnage.

On trouve également, dans les accents d’Andreas Conrad et de Tobias Kehrer, des traits de caractères ambivalents, car le premier dessine un Monostatos finalement presque attachant, alors que le second dresse une allure impériale de Sarastro qui incarne beaucoup plus que la sagesse de l’expérience, sinon une autorité prodigieuse qui résonne des tressaillements menaçants d’un commandeur inquiétant. 

Kate Royal (Pamina) et les solistes de l’Aurelius Sängerknaben Calw

Kate Royal (Pamina) et les solistes de l’Aurelius Sängerknaben Calw

Quant aux trois dames, Gabriela Scherer, Annika Schlicht, Nadine Weissmann, elles évoquent, par moment, de leurs voix chaudes, des romancières de mélodies russes. Leurs contraires, les trois jeunes solistes de l’Aurelius Sängerknaben Calw, sont, eux, élégants, charmants de pureté et d’enthousiasme.

Enfin, excellent Henrik Nánási qui gorge l’orchestre moelleux de sonorités chaleureuses tout en disséminant une vitalité agrémentée de touches subtiles, légères et amusées. La musique irrigue ainsi de jeunesse une scène sur laquelle le chœur, en harmonie avec cette image finale profondément utopique du cercle communautaire, y fond naturellement un chant uni et réconciliateur.

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Publié le 27 Janvier 2017

Cosi fan Tutte (Wolfgang Amadé Mozart)
Répétition du 20 janvier 2017 et représentations du 04 et 10 février 2017
Palais Garnier

Fiordiligi Ida Falk-Winland / Jacquelyn Wagner / Cynthia Loemij*
Dorabella Stéphanie Lauricella / Michèle Losier / Samantha van Wissen*
Ferrando Cyrille Dubois / Frédéric Antoun /Julien Monty*
Guglielmo Philippe Sly / Michaël Pomero*
Don Alfonso Simone Del Savio / Paulo Szot / Bostjan Antoncic*
Despina Maria Celeng / Ginger Costa-Jackson / Marie Goudot*

*Danseurs de la Compagnie Rosas

Direction musicale Philippe Jordan
Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker (2017)
Dramaturgie Jan Vandenhouwe

                                                                                           Stéphanie Lauricella (Dorabella)

Patrice Chéreau ayant préféré ne plus reprendre sa mise en scène de Cosi fan Tutte, et la production Ezio Toffolutti créée à Garnier en 1996 ayant fait son temps, s’ouvre dorénavant une nouvelle jeunesse pour le dernier volet de la collaboration légendaire entre Mozart et le librettiste italien Da Ponte.

Philippe Sly (Guglielmo) et Stéphanie Lauricella (Dorabella)

Philippe Sly (Guglielmo) et Stéphanie Lauricella (Dorabella)

Ainsi, plutôt que de faire appel à un pur metteur en scène de théâtre ou d’opéra, Stéphane Lissner a choisi de confier à une chorégraphe, qui connait le monde lyrique, le renouvellement scénique d’un des chefs-d’œuvre du compositeur autrichien.

Anne Teresa de Keersmaker a en effet déjà chorégraphié des opéras tels Le Château de Barbe-Bleue et I Due Foscari, et son nom, qui évoque, pour un large public, la danse contemporaine, a le pouvoir d’attirer au Palais Garnier des spectateurs qui ne privilégient pas forcément l’art lyrique dans leur monde culturel.

Chanteurs et danseurs

Chanteurs et danseurs

Sur une scène nue, débarrassée de ses parois latérales, totalement repeinte en blanc jusqu’au mur arrière qui fait partie intégrante du théâtre, des diagonales, figures géométriques et cercles concentriques définissent des contours sur lesquels les chanteurs - deux distributions sont prévues en janvier et février - et les danseurs qui les doublent respirent, se synchronisent, et jouent avec l’espace et la pesanteur en fonction des pulsations et du rythme de la musique de Mozart.

Inévitablement, cette évocation des sciences mathématiques met à découvert des structures parfaites dont les lois reflètent celles sur lesquelles l’écriture musicale est fondamentalement construite.

Les artistes paraissent ainsi liés les uns aux autres par des forces invisibles, mais le plus beau, dans ce spectacle, qui prive de décor le spectateur, réside dans le choix des chanteurs dont le chant est d’une très belle homogénéité, auquel se rajoute, chez les femmes, des lignes physiques savamment exploitées pour leur fascinante souplesse.

Ida Falk-Winland (Fiordiligi)

Ida Falk-Winland (Fiordiligi)

A ce titre, Ida Falk-Winland, qui ne chante que pour deux soirs, est une Fiordiligi longiligne, sophistiquée, véhémente dans ses injections vocales, et pourtant d’une classe irradiante, un peu comme une Isolde fantasmée, lignes aux vents, ayant la capacité de capter par la totalité de son être le regard admiratif du spectateur.

Stéphanie Lauricella, plus physique, mais tout aussi charmante, incarne une Dorabella très lumineuse, en décalage complet avec les interprétations sulfureuses et profondément sensuelles des mezzo-sopranos dramatiques, mélange de maitrise de soi et de sensibilité touchante réservée.

Chanteurs et danseurs

Chanteurs et danseurs

Leurs partenaires, Cyrille Dubois et Philippe Sly, représentent une jeunesse pleine de fraîcheur et de sincérité, chez lesquels on ne peut soupçonner la moindre perversion. 

Le premier, jeune ténor issu de l’atelier lyrique, rend à Ferrando une épure adolescente, un peu lunaire, teintée d’immature timidité, alors que le second joue avec les sentiments en usant des facettes les plus alanguies de son timbre coulé de tendresse. 

Ida Falk-Winland (Fiordiligi) et, de dos, Cynthia Loemij

Ida Falk-Winland (Fiordiligi) et, de dos, Cynthia Loemij

Cette vision fluide qui s’accompagne du Don Alfonso bon vivant et léger de Simone Del Savio et de la spontanéité de Maria Celeng, qui rend Despine plus agréable que bon nombre d’interprétations, est bien entendu portée par les danseurs de la compagnie Rosas, dont les mouvements peuvent paraître simples, mais qui ont véritablement en eux un sens du balancement qui tisse ce lien subliminal entre les trajectoires chorégraphiques et la musique.

Une des danseuses, Samantha van Wissen, est particulièrement captivante dans ses déplacements, avant, arrière, et son attention portée à Dorabella.

Cyrille Dubois (Ferrando), Cynthia Loemij et Ida Falk-Winland (Fiordiligi)

Cyrille Dubois (Ferrando), Cynthia Loemij et Ida Falk-Winland (Fiordiligi)

Quelques scènes reviennent à la pure théâtralité du livret, comme celle de l’empoisonnement qui s’amuse de l’effet d’attraction des deux beaux torses des garçons comme le faisait Michael Haneke dans sa mise en scène de l’œuvre à Madrid, et, dans la seconde partie, Anne Teresa De Keersmaeker utilise l’espace entier pour permettre à chaque danseuse de représenter en arrière scène les tourments des deux jeunes femmes.

Dans la fosse d’orchestre, Philippe Jordan, chef, mais également claveciniste, livre une de ses meilleures interprétations de Mozart entendues à ce jour. L’orchestre ne sonne ni lourd, ni trop étoffé, et le directeur musical prend un plaisir visible à entraîner les musiciens, à les envelopper avec un panache jubilatoire, à s’accorder avec la chorégraphie, et à soutenir son attention pour chaque artiste. 

Le son, qui peut être aussi piqué que fondu dans une patine rutilante, se pare d'une beauté moderne et inventive qui en magnifie la verve jouissive.

Jacquelyn Wagner (Fiordiligi) et, de dos, Cynthia Loemij

Jacquelyn Wagner (Fiordiligi) et, de dos, Cynthia Loemij

Quelques jours plus tard, nous retrouvons la distribution choisie pour interpréter la majorité des représentations.

Personnage d’une puissante allure adoucie par l’onde de sa longue chevelure blonde, Jacquelyn Wagner, qui évoque ainsi la déesse de la sagesse, Athéna, incarne l’idéal mozartien d’une grâce lyrique rarement aussi aboutie dans le rôle de Fiordiligi. 

Michèle Rosier, en Dorabella, aurait du paraître encore plus voluptueuse, mais sa vitalité, très humaine, et sa tessiture grave, plus modeste, la révèlent plutôt comme le prolongement espiègle de Zerlina, une des héroïnes d’un autre opéra de Mozart et de Da Ponte, Don Giovanni.

Au cours du duo de séduction avec le beau Philippe Sly, il serait alors naturel, après un long silence, d’entendre l’air ‘La ci darem la mano’ s’élever pour unir les deux artistes.

Frédéric Antoun (Ferrando) et Philippe Sly (Guglielmo)

Frédéric Antoun (Ferrando) et Philippe Sly (Guglielmo)

Et dans le rôle de Ferrando, Frédéric Antoun, fascinant de son regard sombre et méditerranéen, et de son timbre doux et légèrement noir, donne lui aussi une épaisseur mystérieuse à son personnage.

Rarement aura-t-on admiré Despina plus séductrice, libre et entreprenante que celle de Ginger Costa-Jackson, un regard brillant magnifique.

Quant à Paulo Szot, encore jeune pour incarner un vieil Don Alfonso, rusé et désabusé, il est en premier lieu un acteur charismatique d’une ironie mordante.

A la veille de diriger Lohengrin, dimanche, Philippe Jordan est, à nouveau, maître d’une interprétation magistrale de Mozart, nuancée et théâtrale à la fois.

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Publié le 25 Janvier 2017

Présentation de la saison Lyrique 2017 / 2018 de l’Opéra National de Paris
Le 2
5 janvier 2017 - Palais Garnier

Dans la suite de la présentation à la presse, tenue dans la matinée, Aurélie Dupont et Stéphane Lissner ont exposé aux membres de l'Association pour le Rayonnement de l'Opéra de Paris, dans la grande salle du Palais Garnier, la prochaine saison 2017/2018.

Dans un contexte de réduction des financements publics, ils ont souligné l'importance des soutiens privés pour mener à bien leurs projets, relevé l'engouement positif enclenché depuis le début de saison, au risque de passer un peu vite sur ce qui fonde l'âme des oeuvres qu'ils défendent.

Aurélie Dupont et Stéphane Lissner

Aurélie Dupont et Stéphane Lissner

Si, pour la danse, Aurélie Dupont a confirmé que Marie Agnès-Gillot et Hervé Moreau feront respectivement leurs adieux à l'occasion des représentations d'Orphée et Eurydice et de Roméo et Juliette, Stéphane Lissner a, lui, confirmé la poursuite des grandes lignes qui façonnent la programmation de ses saisons, un cycle Berlioz, qui aboutira sur la représentation des Troyens en 2019, un cycle sur la littérature française, qui se poursuivra avec Bérénice et le Soulier de Satin lors des saisons 2018/2019 et 2019/2020, un opéra de Wagner chaque année, et un cycle d'opéras russes qui se poursuivra avec Katerina Ismailova, Prince Igor et Guerre et Paix.

L'importance des chefs d'orchestre, mythique, Boulez, actuels, Jordan, Salonen, et prometteur, Dudamel, transparaît dans toute la présentation, et la noirceur des oeuvres clés passe avant les ouvrages plus légers, ce qui est l'essentiel.

Les Nouvelles Productions

Don Carlos (Giuseppe Verdi – 1867) – Nouvelle Production
Du 10 octobre au 11 novembre 2017 (11 représentations à l’opéra Bastille)
Direction musicale Philippe Jordan, mise en scène Krzysztof Warlikowski
Jonas Kaufmann, Pavel Cernoch, Sonya Yoncheva, Hibla Gerzmava, Ludovic Tézier, Ildar Abdrazakov, Elina Garanca, Ekaterina Gubanova

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 30 octobre 1986

Il s'agit de la version 5 actes de 1866 intégrale, composée avant que Verdi n'opère des coupures afin d'y inclure les ballets prévus pour la création en mars 1867. Cette version est, d'un point de vue dramaturgique, la plus complète qui soit.                             Krzysztof Warlikowski

La Ronde (Philippe Boesmans – 1993) – Nouvelle Production
Du 02 novembre au 11 novembre 2017 (6 représentations à l’amphithéâtre Bastille)
Direction musicale Jean Deroyer, mise en scène Christiane Lutz
Artistes de l’Académie de l’Opéra National de Paris

Entrée au répertoire

L'oeuvre est basée sur la pièce de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler.

De la Maison des Morts (Leos Janacek - 1930) – Coproduction Scala de Milan, MET Opera, Festival d’Aix en Provence, Holland Festival
Du 18 novembre au 02 décembre 2017 (6 représentations à l’Opéra Bastille)
Direction musicale Esa-Pekka Salonen, mise en scène Patrice Chéreau
Andreas Conrad, Eric Stoklossa, Peter Mattei, Stefan Margita, Willard White, Peter Straka, Vladimir Chmelo, Jiri Sulzenko, Ladislav Elgr, Jan Galla, Vadim Artamonov, Olivier Dumait, Susannah Haberfeld, Ales Jenis, Marian Pavlovic, Peter Hoare

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 12 juin 2005

La Bohème (Giacomo Puccini - 1896) – Nouvelle Production
Du 01 décembre au 31 décembre 2017 (12 représentations à l’Opéra Bastille)
Direction musicale Gustavo Dudamel, Manuel Lopez-Gomez, mise en scène Claus Guth
Sonya Yontcheva, Nicole Car, Atalla Ayan, Benjamin Bernheim, Artur Rucinski, Aida Garifullina , Alessio Arduini, Andrei Jilihovschi, Roberto Tagliavini, Marc Labonnette, Antonel Boldan

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 30 décembre 2014

La mise en scène de Claus Guth tente de poser la question de ce qu'est un artiste en 2017, et ce qu'est la vie à Paris aujourd'hui.

Jephta (Georg Friedrich Haendel - 1770) – Coproduction De Nationale Opera, Amsterdam
Du 13 janvier au 30 janvier 2018 (8 représentations au Palais Garnier)
Direction musicale William Christie, mise en scène Claus Guth
Ian Bostridge, Marie-Nicole Lemieux, Philippe Sly, Katherine Watson, Tim Mead, Valer Sabadus

Entrée au répertoire

Only the sound remains (Kaija Saariaho - 2016) – Coproduction De Nationale Opera, Amsterdam, Teatro Real de Madrid, Finish National Opera, Opera de Toronto
Du 23 janvier au 07 février 2018 (6 représentations au Palais Garnier)
Direction musicale Ernest Martinez, mise en scène Peter Sellars
Philippe Jaroussky, Davone Tines, Nora Kimball-Mentzos

Entrée au répertoire – Co-commande de l’Opéra National de Paris

Présentation de la saison lyrique 2017 / 2018 de l'Opéra de Paris

Benvenuto Cellini (Hector Berlioz - 1838) – Coproduction De Nationale Opera, Amsterdam, English National Opera, Opéra de Rome
Du 20 mars au 14 avril 2018 (9 représentations à l’Opéra Bastille)
Direction musicale Philippe Jordan, mise en scène Terry Gilliam
John Osborn, Pretty Yende, Maurizio Muraro, Audun Iversen, Marco Spotti, Vincent Delhoume, Luc Bertin-Hugault, Rodolphe Briand, Michèle Losier, Se-jin Hwang

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 31 mars 1993

Parsifal (Richard Wagner - 1882) – Nouvelle Production
Du 27 avril au 23 mai 2018 (8 représentations à l’Opéra Bastille)
Direction musicale Philippe Jordan, mise en scène Richard Jones
Andreas Schager, Peter Mattei, Anja Kampe, Evgeny Nikitin, Günther Groissböck, Jan-Hendrik Rootering 

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 23 mars 2008

Boris Godounov (Modeste Petrovitch Moussorgsky - 1869) – Nouvelle Production
Du 07 juin au 12 juillet 2018 (12 représentations à l’Opéra Bastille)
Direction musicale Vladimir Jurowski, Damian Iorio, mise en scène Ivo van Hove
Ildar Abdrazakov, Ain Anger, Evgeny Nikitin, Evdokia Malevskaya, Ruzan Mantashyan, Alexandra Durseneva, Maxim Paster, Boris Pinkhasovich, Dmitri Golovin, Elena Manistina, Vasily Efimov, Mikhail Timoshenko, Maxim Mikhailov, Francisco Simonet

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 24 mai 2005

Don Pasquale (Gaetano Donizetti - 1843) – Coproduction Royal Opera House, Covent Garden
Du 09 juin au 12 juillet 2018 (12 représentations au Palais Garnier)
Direction musicale Evelino Pido, mise en scène Damiano Michieletto
Lawrence Brownlee, Nadine Sierra, Michele Pertusi, Florian Sempey, Frédéric Guieu

Entrée au répertoire

Présentation de la saison lyrique 2017 / 2018 de l'Opéra de Paris

Les reprises

La Veuve Joyeuse (Franz Lehar - 1905)
Du 09 septembre au 21 octobre 2017 (15 représentations à l’Opéra Bastille)

Direction musicale Jakub Hrusa, Marius Stieghorst, mise en scène Jorge Lavelli (1997)
José Van Dam, Valentina Nafornita, Thomas Hampson, Véronique Gens, Stephen Costello, Alexandre Duhamel, Karl-Michael Elbner, Peter Bording, Rebecca Jo Loeb, Michael Kranebitter, Edna Prochnik, Julien Arsenault, Yvonne Wiedstruk, Siegfried Jerusalem, Esthel Durand, Isabelle Escalier, Sylvie Delaunay, Virginia Leva-Poncet, Ghislaine Roux, Marie-Cécile Chevassus

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 02 avril 2012

Cosi fan Tutte (Wolfgang Amadé Mozart – 1790)
Du 09 septembre au 21 octobre 2017 (12 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Philippe Jordan, Marius Stieghorst, Mise en scène Anne Teresa De Keersmaeker (2017)
Jacquelyn Wagner, Ida Falk Winland, Michèle Losier, Stéphanie Lauricella, Cyrille Dubois, Philippe Sly, Edwin Crossley-Mercer, Paulo Szot, Simone Del Savio, Ginger Costa-Jackson, Maria Celeng

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 19 février 2017

Pelléas et Mélisande (Claude Debussy – 1902)
Du 19 septembre au 06 octobre 2017 (5 représentations à l’Opéra Bastille)

Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Robert Wilson (1997)
Etienne Dupuis, Luca Pisaroni, Franz-Josef Selig, Thomas Dear, Elena Tsallagova, Anna Larsson, Jodie Devos

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 28 février 2015

Falstaff (Giuseppe Verdi – 1893)
Du 20 octobre au 16 novembre 2017 (7 représentations à l’Opéra Bastille)

Direction musicale Fabio Luisi, Mise en scène Dominique Pitoiset (1999)
Bryn terfel, Franco Vassallo, Francesco Demuro, Graham Clark, Riodolphe Briand, Thomas Dear, Aleksandra Kurzak, Julie Fuchs, Varduhi Abrahamyan, Julie Pasturaud

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 24 mars 2013

La Clémence de Titus (Wolfgang Amadé Mozart – 1791)
Du 15 novembre au 25 décembre 2017 (15 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Dan Ettinger, Mise en scène Willy Decker (1997)
Ramon Vargas, Michael Spyres, Amanda Majeski, Aleksandra Kurzak, Valentina Nafornita, Christina Gansch, Stéphanie d’Oustrac, Marianne Crebassa, Antoinette Dennefeld, Angela Brower, Marko Mimica

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 23 décembre 2013

Un ballo in Maschera (Giuseppe Verdi – 1859)
Du 16 janvier au 10 février 2018 (9 représentations à l’Opéra Bastille)

Direction musicale Bertrand de Billy, Mise en scène Gilbert Deflo (2007)
Marcelo Alvarez, Piero Pretti, Simone Piazzola, Anja Harteros, Sondra Radvanovsky, Luciana D’Intino, Nina Minasyan, Mikhail Timoshenko, Marko Mimica, Thomas Dear, Vincent Morell, Hyoung-Min Oh

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 23 mai 2009

Le Barbier de Séville (Gioacchino Rossini – 1816)
Du 24 janvier au 16 février 2018 (9 représentations à l’Opéra Bastille)

Direction musicale Riccardo Frizza, Mise en scène Damiano Michieletto (2014)
René Barbera, Levy Sekgapane, Simone Del Savio, Olga Kulchynska, Massimo Cavalletti, Florian Sempey, Nicolas Testé, Pietro Di Bianco, Julie Boulianne, Olivier Ayault

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 04 mars 2016

La Traviata (Giuseppe Verdi – 1853)
Du 02 février au 28 février 2018 (8 représentations à l’Opéra Bastille)

Direction musicale Dan Ettinger, Mise en scène Benoît Jacquot (2014)
Anna Netrebko, Marina Rebeka, Virginie Verrez, Isabelle Druet, Rame Lahaj, Charles Castronovo, Vitaliy Bilyy, Placido Domingo, Julien Dran, Philippe Rouillon, Tiago Matos, Tomislav Lavoie, John Bernard

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 29 juin 2016

Le Château de Barbe-Bleue / La Voix humaine (Bela Bartok / Francis Poulenc – 1918 / 1959)
Du 17 mars au 29 mars 2018 (7 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Ingo Metzmacher, Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2015)
John Relyea, Ekaterina Gubanova, Barbara Hannigan

Œuvres jouées pour la dernière fois au Palais Garnier le 12 décembre 2015

Orphée et Eurydice (Christoph Willibald Gluck – 1774)
Du 24 mars au 06 avril 2018 (11 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Thomas Hengelbrock, Manlio Benzi, Mise en scène Pina Bausch (2005)
Maria Riccarda Wesseling, Agata Schmidt, Yun Jung Choi, Chiara Skerath 

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 21 mai 2014

L’Heure espagnole / Gianni Schicchi (Maurice Ravel / Giacomo Puccini – 1911 / 1918) – Coproduction Seji Ozawa Opera Project
Du 17 mai au 17 juin 2018 (10 représentations à l’Opéra Bastille)
Direction musicale Maxime Pascal, Mise en scène Laurent Pelly (2004)
Clémentine Margaine, Michèle Losier, Stanislas de Barbeyrac, Philippe talbot, Alessio Arduini, Thomas Dolié, Nicolas Courjal
Artur Rucinski, Elsa Dreisig, Rebecca De Pont davies, Vittorio Grigolo, Philippe Talbot, Emmanuelle de Negri, Nicolas Courjal, Maurizio Muraro, Jean-Luc Ballestra, Isabelle Druet, Pietro Di Bianco, Tomasz Kumiega, Mateuse Hoedt, Piotr Kumon

Œuvres jouées pour la dernière fois au Palais Garnier le 07 avril 2004

Il Trovatore (Giuseppe Verdi – 1853) - Coproduction De Nationale Opera, Amsterdam, Opéra de Rome
Du 20 juin au 14 juillet 2018 (14 représentations à l’Opéra Bastille)
Direction musicale Maurizio Benini, Mise en scène Alex Ollé (2016)
Zeljo Lucic, Gabriele Viviani, Sondra Radvanovsky, Elena Stikhina, Anita Rachvelishvili, Ekaterina Semenchuk, Marcelo Alvarez, Roberto Alagna, Yusif Eyvazov, Mika kares, Elodie Hache, Yu Shao, Lucio Prete, Luca Sannai

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’Opéra Bastille le 15 mars 2016

Présentation de la saison lyrique 2017 / 2018 de l'Opéra de Paris

Premières impressions sur la saison 2017 / 2018

Le rythme de production

Pour sa troisième saison à la direction de l'Opéra National de Paris, Stéphane Lissner se tient à une ligne de renouvellement intense avec 9 nouvelles productions (dont 5 en coproductions), plus une nouvelle production à l'amphithéâtre, Reigen (La Ronde) de Philippe Boesmans, mise en scène par Christiane Lutz.

Parmi les nouveautés, une rareté, Jephta de Haendel, un grand classique, Don Pasquale de Donizetti, et une création récente, Only The sound remains de Kaija Saariaho, entrent au répertoire.

Le grand répertoire français de l'Opéra de Paris

Et, à l'instar de Samson et Dalila, la saison passée, Don Carlos et Benvenuto Cellini, deux autres ouvrages en langue française créés à la salle Le Peletier, avant la construction du Palais Garnier, qui n'avaient plus été représentés depuis au moins 25 ans, font leur retour sur scène, avec le soutien, notamment, du Cercle Berlioz, un groupe de mécènes engagés à faire revivre les oeuvres du grand répertoire.

Cependant, la création du second volet sur la littérature française, Bérénice, d'après Racine, sur une musique de Michael Jarrell et dans la mise en scène de Claus Guth, est, elle, reportée à la saison 2018/2019.

En revanche, aucun des quatre compositeurs français du XIXe siècle habituellement les plus joués, Bizet, Massenet, Gounod, Offenbach ne revient cette saison, au bénéfice de Debussy, Ravel et Poulenc.

Giuseppe Verdi

Fait unique, Giuseppe Verdi bat tous ses records de représentations, dans l'histoire de l'Opéra de Paris, puisque cinq de ses opéras sont programmés pour un total de 49 soirées (le quart de la programmation 2017/2018!).

La Bohème

Après 20 ans de service, la production de La Bohème par Jonathan Miller disparaît au profit de la nouvelle mise en scène de Claus Guth. A cette occasion, La Bohème rejoint Les Noces de Figaro en tête des oeuvres les plus jouées (un peu plus de 200 soirées pour chacun de ces deux ouvrages) depuis le début de l'ère Liebermann (1973-1980).

L'équilibre du répertoire sur 3 ans

Ainsi, les trois premières années du mandat de Stéphane Lissner montrent une logique programmatique très proche de celle d'Hugues Gall, le directeur de la période 1995-2004, dont 5 productions sont reprises en 2017/2018 (La Veuve Joyeuse, Pelléas et Mélisande, Falstaff, La Clémence de Titus, L'Heure espagnole / Gianni Schicci).

Cette logique s'appuie sur la présence d'une forte proportion du répertoire du XIXe siècle, notamment parmi les nouvelles productions (seul Pierre Berger avait jusqu'à présent consacré 60% de ses nouveautés au siècle des révolutions industrielles), sans négliger pour autant le répertoire slave (Nicolas Joel n'avait programmé aucune nouvelle production dans cette langue en cinq ans).

Les metteurs en scène

Certes, Lissner ne prend pas autant de risques que Mortier pour défendre le répertoire du XXe siècle, dans un contexte budgétaire moins facile, il est vrai, mais il livre dans le même esprit ses productions aux mains de véritables metteurs en scène de théâtre, ce qui permet de relancer le renouvellement scénique de l'opéra qui avait été stoppé net par Nicolas Joel.

Confier ainsi la première nouvelle production de la saison, Don Carlos, en version originale française, à Krzysztof Warlikowski, et la faire suivre par De la Maison des Morts, dans la mise en scène de Patrice Chéreau, est un signe fort qui symbolise le mieux la philosophie de cette première partie de mandat. L'arrivée d' Ivo van Hove, pour la mise en scène de Boris Godounov, renforce par ailleurs cette logique.

Spécificité musicale

Se distingue également un regroupement inédit d'oeuvres d'une très grande valeur musicale, car, pour la première fois, Moussorgsky, Debussy et Berlioz (avec Benvenuto Cellini et Romeo et Juliette - sous forme de ballet -) sont joués au cours de la même saison.

Les artistes

De grands chefs (Jordan, Metzmacher, Salonen, Dudamel, Christie, Jurowski ...), des stars (Netrebko, Kaufmann, Yoncheva, Terfel, Alvarez, Harteros, Jaroussky ...), des jeunes qui montent (Spyres, Dupuis, Losier, Lemieux, Margaine ...), des vétérans (Jerusalem, Domingo, van Dam ...).

Au total, ce sont plus de 200 représentations d'opéras qui sont prévues - en incluant la reprise de l'Opéra-Ballet Orphée et Eurydice -, ce qui est le record de l'institution.

Les tarifs 2017/2018 - une baisse de 5%, en moyenne, du prix du billet

En moyenne, le prix du billet d'opéra, à Bastille, passe à 126 euros, en baisse de 5% par rapport à la saison précédente. Ceci est du à la simplification de la grille tarifaire qui s'accompagne de la disparition de la classe des prix 5 à 195 euros au profit de la classe 5 à 180 euros.

Ainsi, si les prix des catégories de billets inférieures à 100 euros (1/3 des places) sont stables, ceux des catégories de billets au delà de 100 euros baissent de 10% environ, d'autant plus que les majorations, pour certaines soirées, ne dépassent pas 10%, au lieu des 20% de la saison en cours.

La distribution des prix selon les oeuvres reste, comme cette saison, très importante, 90 euros en moyenne, certains soirs, pour De la Maison des Morts et Pelléas et Mélisande, et 150 euros en moyenne, certains soirs, pour Don Carlos, La Bohème, La Traviata, Parsifal, Boris Godounov, Benvenuto Cellini.

Pour la première fois, depuis l'ouverture de Bastille, les prix se tassent, les ressources de mécénat et des activités commerciales restant fondamentales pour garantir l'équilibre budgétaire d'une maison vouée au plus complexe, mais fragile, des arts vivants.

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Publié le 22 Janvier 2017

Circonstances de l’éclipse annulaire de Soleil du 26 février 2017 en Argentine

L’année 2017 réserve au continent américain deux phénomènes astronomiques spectaculaires, sous la forme de deux éclipses de Soleil.

La plus importante, et la plus médiatique, sera l’éclipse de Soleil du 21 août 2017 qui traversera 14 états des Etats-Unis, selon une trajectoire qui partira de l’Oregon jusqu’à la Caroline du Sud, en passant par l’Idaho et le Wyoming. Ce sera la réplique de l’éclipse qui était passée au nord de Paris le 11 août 1999.

Trajectoire de l'éclipse annulaire de Soleil du 26 février 2017 - (c) Xavier Jubier - xjubier.free.fr

Trajectoire de l'éclipse annulaire de Soleil du 26 février 2017 - (c) Xavier Jubier - xjubier.free.fr

En prélude à ce spectacle très attendu, une première éclipse annulaire va se dérouler sur l’Amérique du Sud le 26 février 2017. Elle touchera les régions peu habitées d’Aisén del General Carlos Ibáñez del Campo, au Chili, et du Chubut, en Patagonie argentine.

Elle se poursuivra ensuite à travers l’Océan Atlantique pour atteindre l’Angola, la Zambie et la république démocratique du Congo.

Tracé de l'éclipse annulaire de Soleil du 26 février 2017 au Chubut - (c) Xavier Jubier - xjubier.free.fr

Tracé de l'éclipse annulaire de Soleil du 26 février 2017 au Chubut - (c) Xavier Jubier - xjubier.free.fr

Cette éclipse sera annulaire, et non totale, car la Lune, située à 380 000 km de la Terre, sera sur un point de sa trajectoire un peu trop éloigné de la Terre – la Lune peut, en effet, s’approcher jusqu’à près de 356 000 km de la Terre, et s’en éloigner jusqu’à 407 000 km, du fait de son excentricité orbitale.

Cependant, même si le diamètre de la Lune sera un peu inférieur à celui du Soleil, la durée de l’éclipse sera inférieure à la minute, ce qui devrait donner un effet lumineux grandiose sur les contrées sauvages de l’Amérique du Sud.

En Argentine, la région privilégiée pour l’observer se situe sur une bande large de seulement 53km au nord de Sarmiento, autour des deux lacs de Musters et Colhue Huapi. La probabilité d’y trouver un ciel dégagé est de 65%.

L'éclipse annulaire de Soleil du 26 février 2017 à Sarmiento - (c) Xavier Jubier - xjubier.free.fr

L'éclipse annulaire de Soleil du 26 février 2017 à Sarmiento - (c) Xavier Jubier - xjubier.free.fr

Le déroulement de l’éclipse comprendra quatre jalons importants dimanche 26 février :

  1. A 9h24mn43s, heure locale, la Lune commencera à recouvrir le bord solaire, à 22° au-dessus de l’horizon Nord-Est.
  2. Une heure et quart plus tard, à 10h38mn22s, à 35° au-dessus de l’horizon, la Lune recouvrira entièrement le Soleil à 99%, ne laissant passer qu’un fin anneau lumineux autour de sa circonférence. La vitesse de l’anté-ombre sera de 4800 km/h. Le ciel ne sera pas noir, mais Vénus sera visible.
  3. Une minute plus tard, à 10h39mn27s, la Lune touchera l’autre bord du Soleil et commencera à se dégager de sa surface.
  4. Enfin, à 12h00mn24s, la Lune aura définitivement fini de recouvrir notre étoile.

L’inconnu réside bien entendu dans l’effet lumineux que provoquera l’éclipse sur ces étendues naturelles.

Voir également le compte-rendu de cet événement sous le lien Eclipse annulaire de soleil du 26 février 2017 en Patagonie Argentine.

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Rédigé par David

Publié dans #Astres, #Eclipse