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Publié le 14 Septembre 2008

Master Class Maria Callas (Terrence McNally)

Représentation du 13 septembre 2008 au Théâtre de Paris

Maria Callas Marie Laforêt

Avec Leïla Benhamza, Maud Darizcuren, Juan Carlos Echeverry, Frédéric Rubay (pianiste)

Mise en scène Didier Long

Il serait dommage de se rendre au Théâtre de Paris sans passer par l’Opéra Garnier rien que pour la cohérence de la démarche.

Bien sûr les fous de Callas auront relu les multiples biographies, peut être revu le tragique « Maria Callas Assoluta » de Philippe Kohly tout en se demandant ce que la pièce « Master Class » pourra leur apprendre de plus.

Marie Laforêt (Maria Callas)

Marie Laforêt (Maria Callas)

Car il y a de quoi être perplexe à retrouver la Diva dans ce qui ressemble à une comédie de boulevard. Tout le monde en a pour son grade, le public, le pianiste, les techniciens et surtout les élèves. Callas n’épargne décidément personne de ses répliques piquantes et drôles.

Présentée comme un professeur qui se met exagérément en scène, cela nous remémore l’abattage de Teresa Berganza lors des master classes de l’Opéra Bastille en 2003, elle aussi partisane d'un franc-parler très direct pour tenter de transmettre ce qu'elle sait.

Seulement cela ne colle pas avec ce que nous savons de l’artiste lorsque qu’elle participa à ces Master Classes fin 1971, telle une tentative cachée de préparer un éventuel retour et de prendre le dessus sur les souffrances de sa séparation avec Onassis et sur son déclin vocal.

Les propos deviennent parfois incroyablement immodestes lorsque Callas affirme qu'elle n'a pas de rivale car pour être sa rivale il faudrait être capable de chanter aussi bien qu'elle.

Ce passage de la pièce délicieusement amusant est en fait inspiré d'une interview bien réelle donnée à Milan en septembre 1957 où elle explique même qu'il faudrait qu'une chanteuse se sacrifie autant qu'elle pour être sa rivale.

Seulement, l'inconvénient de restituer ses propos avec l'intention de faire rire le public est de contredire le ton absolument sérieux et la précision de ses justifications dans l'interview, ce qui donne un sentiment d'exagération.

C'est donc au moment de l’interprétation des airs par les jeunes chanteurs que la pièce atteint une réelle profondeur.

Le masque tombe, et la leçon de chant devient alors une leçon d’art qui expose les blessures de Callas comme la matière précieuse qui lui permet de donner sa propre interprétation aux mots. Blessures qui commencèrent dès l’enfance.

Le souvenir des échanges entre Onassis et Callas est d'ailleurs rapporté de manière particulièrement crue.

Les chanteurs sont de qualité, Leïla Benhamza dans « La Somnanbule », Juan Carlos Echeverry dans « Tosca » et Maud Darizcuren dans une interprétation très réussie de « Lady Macbeth ».

Standing ovation méritée pour une Marie Laforêt parfois étrangement proche des intonations de Brigitte Bardot, et pour un spectacle qui place le spectateur face aux réalités intimes de l’Opéra.

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