Ernani (Verdi)

Publié le 22 Août 2007

Genèse de l’œuvre

 
La concurrence avec les autres compositeurs fait prendre conscience à Verdi qu’il doit composer pour d’autres scènes que la Scala. Fort courtisé par le comte Mocenigo, directeur de la Fenice, ce dernier attend que le compositeur soit un peu libéré de ses engagements vis à vis de la Scala pour lui commander une œuvre. Et en attendant, il programme  Nabucco puis Les Lombards, dans la cité des doges.
 
Après de nombreuses hésitations entre plusieurs livrets dont « Le roi Lear », « Le Corsaire » et « I due Foscari », le choix se porte sur un livret de Francesco Maria Piave inspiré du roman de Victor Hugo : « Hernani ».
Un symbole ! Car le 25 février 1830, la jeunesse romantique se soulève lors de la première représentation d’Hernani à la comédie française. Les insultes volent vers les tenants des règles classiques. Comme par hasard, le lendemain les ordonnances de Charles X déclenchent une insurrection, les « Trois glorieuses », qui aboutit à la fuite du roi, malheureusement remplacé par un autre monarque, le Duc d’Orléans.
 
Cette fois, la représentation d’un soulèvement contre l’autorité en place lui vaut une forte opposition de la part de la censure autrichienne. Tout langage violent et agressif est supprimé, mais Verdi réussit au moins à ne pas modifier le titre de l’œuvre.
En parallèle, il doit assurer la réalisation des « Lombards » qui, joués le 27 décembre 1843, seront totalement hués par les vénitiens.
 
Malgré tout, la première de « Ernani » a lieu le 9 mars 1844 et est un succès considérable, le public se révélant subjugué par la musique.
 
Et c’est cet opéra qui, au cours de l’été 1846 à Bologne, va susciter pour la première fois une manifestation bruyante. Le public, qui voit en Pie IX (le nouveau pape avait accordé une amnistie aux prisonniers politiques) le possible fédérateur de l’Italie, va exiger de reprendre trois fois le chœur « O sommo Carlo ».
 
Ernani
 
A la fin de la guerre de cent ans, un courant de centralisation monarchique traverse l’Europe. En 1469, le mariage d’Isabelle de Castille et Ferdinand II d’Aragon unit les deux royaumes.
Ils libèrent l’Espagne des dernières places fortes islamiques en 1492. Les expulsions de Maures et de juifs entraînent un véritable désastre économique.
 
Le petit fils de Ferdinand II d’Aragon, Charles, né en 1500 à Gand, est également le petit fils de Maximilien Ier, l’empereur du Saint Empire.
Il devient le premier roi d’Espagne en 1516, puis devient l’empereur Charles Quint en 1519. Il hérite des possessions castillanes, aragonaises, autrichiennes et bourguignonnes. Sa politique est d’étendre ces territoires et de coloniser l’Amérique, malheureusement au détriment de l’industrie espagnole. 
Il sera le plus grand empereur après Charlemagne.
 
Dans l’histoire de Victor Hugo et de Verdi, Hernani (Jean d’Aragon) a perdu son père, Grand d’Espagne et opposant politique, assassiné par le père de Charles. 
Pour le venger, le montagnard aragonais prépare une conspiration contre le roi. Ce dernier, en 1519, est présenté ici comme un Don Juan.
Il se trouve que Hernani aime d’un amour réciproque Elvira, promise au Duc Silva, elle-même convoitée par Charles. Malgré cela, Silva va protéger Hernani du roi en échange de sa vie quand il l’ordonnera . 
Celui ci, une fois élu empereur, se montre clément vis-à-vis des conspirateurs. 
C’est le moment où Le Duc engage Jean d’Aragon à tenir sa promesse.
 
Un détail historique surprend dans l’œuvre. Le père de Charles Quint était Philippe le Beau, archiduc d’Autriche. Ce n’est donc pas le père de Charles qui a pu ordonner le meurtre du père d’Hernani mais son grand père, Ferdinand, mort en 1516.
 
Seul opéra de jeunesse régulièrement programmé avec  Nabucco , il faut souligner ici la force d’une musique qui supporte l’exubérance des sentiments.
 

Rédigé par David

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