Genèse de l’œuvre
De retour à Milan, le musicien n’a pas le temps de souffler. La collaboration Verdi-Solera est relancée pour la composition d’un opéra en un temps record.
Il s’agit cette fois de partir d’une pièce d'un écrivain allemand du XVIIIième siècle, Schiller, dont les œuvres inspireront les auteurs romantiques du XIXième siècle.
Si Schiller se détache nettement de la réalité historique dans « La pucelle d’Orléans » en imaginant une idylle entre Jeanne d’Arc et un anglais, Solera n’accepte pas l’idée qu’un symbole de résistance à l’ordre établi se compromette ainsi.
Il imagine donc une histoire d’amour entre celle-ci et le roi !
Trois mois seront alors suffisants pour que Verdi mette en musique ce livret dont le sujet va être prétexte à une série de marches militaires et de chœurs tonitruants.
La première est programmée à la Scala le 15 février 1845 et le succès est encore au rendez-vous.
Giovanna d’Arco
Au milieu du XIVième siècle éclate la guerre de Cent ans. Edouard III, sous prétexte de ses origines, revendique la couronne de France, tandis que Philippe VI annonce sa volonté de récupérer la Guyenne. Le conflit s’apaise sous Richard II, mais l’accession en 1411 d’Henri V au trône d’Angleterre relance les hostilités et aboutit à la sévère défaite de la France à Azincourt en 1415.
Parallèlement, l’assassinat en 1407 de Louis d’Orléans (frère du roi Charles VI) par Jean sans peur (duc de Bourgogne) puis de ce dernier lors de la rencontre avec le roi de France en 1419 déclenche une guerre interne entre bourguignons et armagnacs.
Philippe Le Bon, successeur de Jean sans peur, se range du côté des anglais et signe en 1420 le traité de Troyes qui partage entre eux les possessions françaises, et ne laisse au dauphin Charles que les territoires situés au sud de la Loire. La Flandre passe à cette occasion sous le contrôle bourguignon.
Le Dauphin est d’autant plus affaibli que la majorité de l’opinion le pense responsable du meurtre de Jean sans peur.
En 1429, Charles sent que Orléans, assiégée par le général Talbot, est sur le point de se rendre aux anglais. C’est une femme, Jeanne, née en Lorraine vers 1412 qui lui est alors présentée. Des voix lui ont impérativement demandé d’agir pour Dieu et elle convainc le Dauphin.
Le 29 avril, Jeanne d’Arc entre dans Orléans avec quelques compagnons, puis fait une sortie le 7 mai qui lui permet de prendre un fort anglais. La ville est libérée.
Enfin elle entraîne Charles VII à Reims où le roi est sacré le 17 juillet.
Ensuite elle ne connaît que des revers jusqu’à sa capture par les Bourguignons à Compiègne en mai 1430.
Remise au Duc de Bedford, elle est déclarée hérétique et brûlée vive le 30 mai 1431 à Rouen.
Au bout de 20 ans de lutte, les anglais seront finalement chassés de France (hormis Calais).
Le livret de « Giovanna d’Arco » n’a pas grand-chose d’historique. Charles VII rencontre Jeanne dans la forêt de Domrémy. Après la libération d’Orléans on les retrouve directement lors du sacre à Reims. A cette occasion leurs sentiments sont révélés. Jacques, père de Jeanne, survient et accuse sa propre fille de sorcellerie. Il la remet aux anglais puis la libère. Elle sauve ainsi la vie de Charles VII sur le champ de bataille où elle est mortellement blessée.