Genèse de l’œuvre
Invité à mettre en scène « Giovanna d’Arco » à Rome, Verdi ne peut s’y rendre à cause de son état de santé affecté par des problèmes d’estomac.
Seulement, il a promis un autre opéra pour le San Carlo de Naples. Il doit être représenté en juin 1845 et visiblement les enjeux sont trop importants pour prendre ses certificats médicaux en considération.
Il s’attelle donc à la tâche, mais son librettiste Cammarono se traîne également, si bien que début mai le compositeur n’a toujours rien reçu du deuxième acte et devra attendre mi-juin pour disposer de l’ensemble des vers.
« Alzira » est inspiré de la tragédie d’ « Alzire » de Voltaire. L'histoire en est réduite, mais ce qui plait ici très sincèrement à Verdi tient simplement dans l’expression d’un sentiment religieux auquel il est sensible.
Et s’il paraît paradoxalement en conflit avec l’église, c’est à cause de ses interférences très concrètes dans la vie des hommes au mépris de leur liberté et parfois avec violence.
Ainsi, bien qu’inspiré par le thème, il ne va pouvoir consacrer que 26 jours à son élaboration musicale, et il part pour les répétitions à Naples fin juin.
Le public se bouscule à la première le 12 août 1845. L’accueil est mitigé, Verdi reconnaît lui-même que cet opéra ne lui a pas donné de peine. Seulement il renonce à le modifier de peur de faire pire.
Plus tard il en dira « Pour cet opéra là, il est franchement mauvais ».
Alzira
Au début du XVième siècle, la conquête du nouveau monde dans laquelle Charles Quint engloutit toutes les ressources espagnoles, s’étend à une vitesse accrue par l’existence de solides structures politiques et des réseaux de communications étendus.
Parti depuis Panama en 1526, Francisco Pizarro explore la côte Pacifique et entre en contact avec l’empire Inca, qu’il conquière définitivement en 1535.
Les tribus américaines sont divisées, sensibles aux maladies européennes, si bien que quelques années suffisent à attribuer aux colons les mines d’or et d’argent destinées à une exploitation intensive.
Dans le livret d' Alzira, le gouverneur espagnol Alvaro a installé son palais à Lima. Ses troupes subissent les harcèlements constants des Indiens qui organisent une importante offensive de libération.
Fait prisonnier, il est pourtant gracié par l’Inca Zamoro.
De retour à la capitale, il confie le pouvoir à son fils, l’impitoyable Gusmano. Celui-ci retient Alzira captive, mais même l’arrivée soudaine de Zamoro ne peut l’affranchir.
Relâché grâce à Alvaro, Zamoro est cependant repris après une sanglante bataille, puis aidé dans son évasion.
Lors des noces de Gusmano et Alzira, sa main frappe mortellement Gusmano qui révèle une foi telle qu’il pardonne à son meurtrier.