Kroum l'Ectoplasme (Théâtre de l'Odéon)
Publié le 13 Décembre 2007
Krum (Hanokh Levin)
Représentation du 12 décembre 2007 (Théâtre de l’Europe)
Kroum Jacek Poniedzialek La Mère Malgorzata Rozniatowska
Trouda Magdalena Cielecka Doupa Malgorzata Hajewska-Krzystofik
Tougati Redbad Klijnstra Félicia Anna Radwan-Gancarczyk
Dulcé Zygmunt Malanowicz
Mise en scène Krzysztof Warlikowski
Krzysztof Warlikowski est un homme qui s’intéresse à la vie en ce qu'elle a de plus direct et de tragique. Partant de la pièce d’Hanokh Levin il reconstitue, un petit univers glauque quelque part à Tel-Aviv et dans lequel revient Krum.
Krum a tout raté de sa vie. Le constat est clair face à sa mère. Comment ne peut-il la tenir responsable d’une condition dont il ne peut s’échapper et qu’il doit accepter ?
D’ailleurs c’est le cas de toute cette famille qui, chacun à sa manière, trouve moyen de se divertir d’une destinée écrasante. Que ce soit Tougati avec ses problèmes de diaphragme ou bien ce couple qui se croit sorti de sa condition. Dans ce dernier cas cela nous vaut une scène hilarante par sa caricature du couple bourgeois qui veut faire croire à son évasion du vide.
Alors l’on rit beaucoup. Car ces personnages sont portés par des acteurs affranchis des regards et de leur propre corps de manière stupéfiante. Ce sentiment de liberté extraordinaire est renvoyé au spectateur qui doit faire avec. Il peut prendre cette énergie pour lui, ou bien chercher si l’on ne souhaite pas se jouer de lui.
Mais sur le fond nous rions moins. Pas sûr que les cendres de la mère jetées sur la table n’aient levé quelque angoisse. Par sûr que certains ne se soit demandés s’ils sont bien aussi vivants qu’ils ne le pensent.
Ce soir Krzysztof Warlikowski est dans la salle. Spectateur de son propre spectacle il suit ses comédiens, s’amuse lui-même de ses gags interactifs avec le public conçus uniquement pour lui faire plaisir.
Les jeux de lumières et l’atmosphère musicale évoquent parfois les lueurs obscures de Blade Runner, l’absurdité de ces protagonistes déjantés rejoint celle d’un Alain Platel, et le dernier tableau semble tiré de « Talons Aiguilles » de Pedro Almodovar.
Et enfin, avec cette mise en scène, nous avons une explication de l’origine de
l’ Iphigénie en Tauride terriblement dramatique avec laquelle Warlikowski s’en est allé à la rencontre du public de Garnier en 2006. Le même écran vidéo, les mêmes ventilateurs et la même chaise roulante sont présents.
N’a-t-il pas voulu transposer un peu de cet univers (la pièce fût créée à Avignon en juillet 2005) dans le monde de l’Opéra ?