Rigoletto (Verdi)

Publié le 4 Mai 2008

Genèse de l’œuvre

 

Dans les premiers jours de 1851, Verdi retourne à Busseto et convoque rapidement Francesco Maria Piave.

« Le Roi s’amuse » de Victor Hugo (1832) est, selon le compositeur, le meilleur des arguments qu’il ait eu en main.

Piave assure à Verdi que la censure donnera son autorisation, mais Marzari, président de la Fenice, n’est pas du même avis.

Et avec raison : la censure autrichienne, plus insolente que jamais depuis son retour, ne peut tolérer de voir opposer un « vil bouffon » à un roi célèbre (François Ier).

 

Le gouverneur militaire, chevalier de Gorzkowski, donne ainsi l’ordre au Directeur Général de l’Ordre public, Carlo Martello, d’avertir Piave et Verdi qu’il n’acceptera aucune proposition concernant le sujet de « La Maledizione » (titre donné par Verdi).

 

Martello suggère alors quelques adaptations :  plus de Roi mais le Duc de Vendôme,  plus de monarque libertin, plus de malédiction, plus de bossu.

Verdi voit bien qu’ainsi réduit le livret manque de caractère. Martello et Marzari reprennent les discussions avec Verdi et arrivent à un accord où tous les vices sont supportés par le bouffon renommé Rigoletto, et qui devient le titre même de l’opéra. Ainsi disparaît dans le titre toute source d’angoisse causée par les injustices des hommes ou bien le destin.

 

Les nouvelles suggestions de Martello vont ainsi dans le sens du drame, ce qui fait dire à Verdi que « Les gens seront stupéfaits lorsque l’on saura que nous avons eu comme collaborateur un fonctionnaire de la police ».

 

L’œuvre est enfin prête et créée le 11 mars 1851. Pour la troisième fois (après Ernani et Attila) Venise fait un triomphe à Verdi.

Dans « Rigoletto », Verdi alterne larmes et sourires avec une fougue qu’il n’avait jamais réalisé auparavant.

L’Opéra parcourt l’Italie toute entière puis toute l’Europe. Mais la France devra attendre 6 ans avant que l’ouvrage puisse être monté au Théâtre des Italiens à cause de l’opposition de Victor Hugo.

A propos du quatuor du dernier acte, il déclarera quand même : « Si je pouvais, moi aussi, dans mes drames faire parler en même temps quatre personnages, et que le public perçoive leurs paroles et leurs sentiments, j’obtiendrais le même effet. »

 

Rigoletto

 

Le 22 novembre 1832, Victor Hugo crée « Le Roi s'amuse » à la Comédie Française.

Dès le lendemain, la pièce est interdite. L’écrivain s’élève contre les abus de la censure lors d’un plaidoyer pour la liberté d’expression tenu le 19 décembre devant le tribunal de commerce.

Il argue ainsi que ce même tribunal avait déclaré « illégales » les ordonnances du 25 juillet 1830 de Charles X qui provoquèrent l’insurrection parisienne 3 jours après et démontre point par point l’absence de toute immoralité dans l’oeuvre.

 

La plaidoirie est rapportée dans les Mémoires d’Alexandre Dumas.

Cet épisode ne fait qu’illustrer le combat de près de 50 ans mené par l’auteur pour défendre les œuvres littéraires et l’appartenance à leur auteur.

 

Verdi en sait quelque chose, tant il eut de difficultés à présenter Ernani et Rigoletto à Paris même si Victor Hugo avait de la sympathie pour les mouvements nationalistes.

Il s’était d’ailleurs opposé en 1849 à ce que la France soutienne le retour de Pie IX en Italie.

 

Dans Rigoletto, Verdi conserve toute l’intrigue du Roi s’amuse.

Rigoletto n’a qu’une seule crainte : voir sa fille, Gilda, devenir victime des aventures libertines du Duc De Mantoue.

La malédiction jetée sur lui et le Duc par Monterone n’atteint pas le monarque.

En revanche, Gilda est enlevée, ce qui pousse le bossu à se venger en commandant le meurtre de son souverain.

Ce dernier en réchappe, la fille de Rigoletto ayant choisi d’être à sa place la victime de l’assassin.

 

La suite Le Trouvère

L'ouvrage précédent Stiffelio

Rédigé par David

Publié dans #Verdi

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Bonjour, je viens de lire votre note fort instructive ; je cherchais justement des informations sur la phrase d'Hugo à propos du quatuor, c'est comme cela que je suis tombé sur ce blog ; je suis à la recherche des références précises de cette anecdote, sauriez-vous où ce propos de Hugo a été cité pour la première fois ? ou est-ce un propos plus ou moins apocryphe, ou une simple paraphrase plus ou moins fidèle du propos véritable ? Merci infiniment de vos lumières, dans la mesure du possible.
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