L'Opéra en Italie de 1770 à 1990
Publié le 13 Novembre 2009
Rossini-Bellini-Donizetti conquièrent l’Italie puis Paris
1778 Inauguration de la Scala de Milan en présence de l'archiduc Ferdinand d'Autriche. Ce nouveau théâtre est une commande de Marie-Thérèse d'Autriche destinée à remplacer l'ancien théâtre ducal détruit dans un incendie.
1792 Inauguration de la Fenice de Venise, trois ans après la destruction (également par le feu) du théâtre San Benedetto.
1796 Napoléon vainc les Autrichiens et les Sardes à Cherasco. L’année d’après, la République cisalpine est créée, avec Milan comme capitale.
1800 La victoire de Marengo permet à Napoléon de signer la paix de Luneville avec les Autrichiens.
1805 Napoléon se nomme Roi d’Italie.
1807 Âgé de 15 ans, Gioacchino Rossini entend à Bologne le grand castrat Giovanni Battista Veluti (le passé), et l’étoile montante de l’Opéra en Italie, Isabella Colbran (soprano colorature qui annonce l’avenir).
Au début du XIXième siècle, l’Opéra est très populaire en Italie, mais le public préfère des nouveautés aux reprises, et en langue italienne.
Dans la plupart des villes, les théâtres sont aux mains d’imprésarios, des aristocrates qui cherchent à faire fructifier leurs capitaux.
1810 Rossini crée au Teatro San Moisé de Venise « La cambiale di matrimonio », écrit en quelques jours.
1811 Première création en Italie du Don Giovanni de Mozart.
1812 Début à la Scala de Milan de Rossini avec « La Pietra del Paragone ».
Suivent « L’Italienne à Alger » à Venise (1813), « Elisabetta Regina d’Inghilterra à Naples (1815), « Le Barbier de Séville » à Rome (1816).
1815 Avec la Restauration, l’Italie est partagée entre l’Empire Austro-Hongrois, la Sardaigne, la Maison de Savoie, le Pape, les Bourbon.
1820 Sous l’influence des idées révolutionnaires françaises, les Carbonaristes se soulèvent à Naples. L’intervention autrichienne annule la nouvelle constitution calquée sur celle de 1791 en France.
1823 Rossini part pour Londres puis Paris où il va y faire fortune. Il y devient Inspecteur général du chant pour les théâtres royaux. Mis à part « Le voyage à Reims », tous ses opéras seront créés en français.
1827 Premier succès de Bellini à la Scala de Milan avec « Il Pirata ».
1830 Premier succès de Donizetti au Teatro Carcano de Milan avec « Anna Bolena » suivi l’année d’après par « La Somnambule » de Bellini. Fin 1831, ce dernier compose également "Norma" pour la Scala de Milan.
1831 Fondation du mouvement « Jeune Italie » par Giuseppe Mazzini, avec pour base l'unification des différents royaumes d’Italie.
1833 Bellini s’installe à Paris et y meurt en 1835.
1835 Triomphe de « Lucia di Lammermoor » à Naples. La voix humaine est la passion de Donizetti, alors que l’orchestre ne joue qu’un rôle secondaire.
Entre 1825 et 1845, c’est à Paris que l’on peut entendre des représentations extraordinaires faites pour les grands chanteurs du Bel Canto italien (Malibran, La Pasta, Grisi).
Verdi et le Risorgimento
1839 Début à la Scala de Milan de Verdi avec « Oberto ».
1842 Succès considérable de « Nabucco » à la Scala. Les sympathies nationalistes de Verdi vont être de plus en plus transparentes dans ses opéras (Giovanna d’Arco, Attila, La Battaglia di Legnano). Il croit à l’Opéra comme drame.
1848 Soulèvement des Milanais. Les représailles des Autrichiens ne se font pas attendre, mais la France intervient en 1849 et prend Rome pour ne pas laisser l’Italie aux Habsbourg.
1852 Louis-Napoléon Bonaparte nomme Verdi Chevalier de la Légion d’Honneur.
1853 « La Traviata » à la Fenice de Venise montre la fascination du compositeur pour les personnages torturés et confrontés à un dilemme moral.
1858 Attentat manqué contre Napoléon III devant l’Opéra de la rue Le Pelletier à Paris, pour venger l’intervention de 1849. L’Alliance entre la France et le Piémont Sardaigne (dirigé par Cavour) pour aider à unifier l’Italie se forme.
1859 Avec « Le Bal Masqué » , Verdi se lance dans le Grand Opéra. Suivent La Forza del Destino, Don Carlos, Aïda. Les idéaux s’insèrent dans le tissu de l’opéra de façon plus dramatique.
La guerre contre l’Autriche est déclenchée. L’insurrection des États se poursuit, et Verdi est élu pour représenter Busseto à l’assemblée des provinces de l’état de Parme.
1861 Garibaldi débarque en Sicile et mate les forces des Bourbons. Victor Emmanuel II est proclamé Roi par le parlement italien.
1887 La première d’ « Otello » à la Scala de Milan sera une des plus grandes soirées de l’Histoire de l’Opéra, avant que « Falstaff » (1893) ne constitue l’aboutissement final de l’intégration du drame à la musique.
L’Émergence du vérisme et l’aboutissement d’un art théâtral
La rivalité commerciale entre les deux grands éditeurs de Milan, Ricordi (Verdi, Puccini) et Lucca (Wagner) va être perturbée par un nouveau compétiteur : Sonzogno.
Sous l’impulsion du critique Galli, le journal Il Secolo - organe le plus connu de l’empire de l’éditeur - lance un concours national pour la composition d’un opéra en un acte.
1880 Ouverture du Théâtre de l'Opéra de Rome, le Teatro Costanzi.
1884 Bien qu'écarté du concours organisé par Sonzogno, « Le Villi » de Puccini est créé au Teatro Dal Verme de Milan. Ricordi, qui assiste à cette représentation privée, commande un autre opéra : « Edgar ». Ce sera un échec en 1889.
1888 Sonzogno devient le directeur du Teatro Costanzi. Il organise un nouveau concours, que Mascagni remporte avec Cavalleria Rusticana. L’Opéra est créé à Rome en 1890. Il correspond le plus à la définition du vérisme.
1892 Sur les conseils de Puccini, le Napolitain Leoncavallo compose un opéra en un acte.
« I Pagliacci » est inspiré d’une histoire vraie de crime passionnel en Calabre. Il remporte un grand succès à Milan. Sonzogno réunit alors les deux opéras « Cav et Pag » dès l’année suivante.
1892 Passé chez Ricordi, Alfredo Catalani compose « La Wally » et réussit son entrée à la Scala de Milan. Toscanini en donne à sa fille ce prénom.
1893 Ricordi refuse cependant que Turin monte « La Wally » afin que toute l’énergie soit concentrée sur la création de la « Manon Lescaut » de Puccini. Premier grand succès du compositeur.
La même année, Puccini et Leoncavallo travaillent sur l’adaptation d’un même livret : « Scène de la vie de Bohème » d’Henri Murger.
1896 « La Bohème » de Puccini est créée à Turin, sous la direction de Toscanini, et l‘année suivante « La Bohème » de Leoncavallo est créée à Venise.
1896 Giordano, concurrent de Mascagni lors du concours de 1888, fait un triomphe avec « André Chénier ».
1902 Cilea crée « Adrienne Lecouvreur » (actrice de la comédie française en 1730) au Teatro Lirico de Milan.
1904 Quatre ans après l’échec de Tosca à Rome (1900), transformé en succès populaire plus tard, Madame Butterfly subit le même sort lors de la première à la Scala de Milan. Puccini remanie l’opéra et obtient cette fois un triomphe à Brescia.
1915 L’Italie (bien que membre de la Triple-Alliance) entre en guerre au côté des alliés.
1918 Guerre oblige, Il Trittico (ensemble de 3 opéras en un acte) est créé à New York, puis Puccini laisse inachevé Turandot en 1924, final qui sera complété par Franco Alfano, puis par Luciano Berio en 2001.
Mais en fin de compte, personne ne peut marcher dans les pas de géant de Verdi, et les membres de la « giovane scuola » prennent grand soin de le reconnaître.
1919 L’Italie vit très mal le Traité de Versailles qui ne lui permet pas de récupérer les provinces de Dalmatie, du Trentin et d’Istrie, malgré son fort engagement dans la guerre.
1922 Mussolini devient premier ministre du royaume d’Italie.
1940 L’Italie est l’alliée de l’Allemagne dans la seconde guerre mondiale
1946 Après la défaite, la monarchie est remplacée par une république.
La prospérité retrouvée, l’Europe d’Après Guerre voit se multiplier pléthore de maisons d’Opéra soutenues par des subventions officielles et par le mécénat.
La majorité des compositions vont faire de l’Opéra une branche du théâtre, et non plus une pièce de concert.
L’Italie connaît une seconde renaissance musicale.
1946 Création des « Cours d’été de musique moderne de Darmstadt » que fréquentent notamment Luigi Nono et Luciano Berio.
1948 Luigi Dallapiccola crée Il Prigioniero, des souffrances humaines face aux atrocités de la guerre.
1961 Luigi Nono compose pour Venise Intolleranza, série de scènes montrant différents aspects de l’intolérance.
1982 Luciano Berio transpose au XXième siècle Il Trovatore, qui devient la Vera Storia, et en 1984 Il Re in Ascolto reçoit sa première à Salzbourg.