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Publié le 9 Octobre 2010

Purcell, Haendel et les Ballad Opera (1660-1770)

Au XVIIième siècle, le « Masque » - somptueux mélange de musique, de danse et de mime initialisé par Élisabeth Ire, est le traditionnel divertissement de cour.

1653   Mais l’arrivée au pouvoir de l’austère et puritain Oliver Cromwell pousse la cour des Stuart à l’exil.

1656   Les théâtres publics étant toujours fermés, The Siege of Rhodes, œuvre de Davenant, est montée à Londres à Rutland House. Henry Purcell, le père du compositeur, en est un des exécutants.

1660   Avec Charles II, la maison des Stuart revient à Londres avec une connaissance plus large des développements culturels en France et en Italie. Pour ses décors, Davenant s’était ainsi inspiré de la création d’Andromède de Corneille, à Paris.

1671   Inauguration du Dorset Garden Theatre, qui sera pendant vingt ans au centre de la vie théâtrale londonienne.

1689  A l’âge de trente ans, Henry Purcell fils compose son véritable premier opéra : Didon et Enée.
Inspiré par quelques uns des plus grands auteurs du théâtre anglais, il façonne une forme de théâtre musical typiquement anglais (King Arthur  en 1691, The Fairy Queen en 1692).

1711  16 ans après la mort de Purcell, Georg Friedrich Haendel arrive à Londres. C’est un impresario et homme de théâtre allemand ayant découvert Vivaldi et Scarlatti en Italie.
Il compose Rinaldo pour le Queen’s Theater (rue Haymarket).
Il aime Londres et y reste.
Ses opéras italiens y prospèrent (Teseo, Amadigi, Radamisto, Ottone, Flavio). Ce succès repose sur la capacité de la musique à décrire l’action.

1718  John Gay, poète et dramaturge, écrit le livret de l’oratorio de Haendel , Acis et Galatée.

1724  Création de Giulio Cesare qui deviendra, après un oubli de deux siècles, l’opéra de Haendel le plus représenté de nos jours.

1727   En réponse à l’artifice des opéras de Haendel joués au King‘s Theater (nouveau nom du Queen‘s Theater), les Ballad Opera apparaissent.
John Gay crée « The Beggar’s Opera », le plus populaire des Ballad Opera, parodie de Haendel écrite pour le Lincoln’s Inn Fields Theater qui appartient à John Rich.
Dans cet opéra, la scène de la prison, au cours de laquelle Polly et Lucy en viennent aux mains, est inspirée d’un incident arrivé entre deux divas haendéliennes, Bordoni et Cuzzoni.

Les Ballad Opera, traduits et diffusés par  des troupes itinérantes, vont influencer le développement du Singspiel en Allemagne et en Autriche (L’enlèvement au Sérail de Mozart).

1731   The Devil to Pay (Charles Coffey), créé au théâtre de Drury Lane à Londres, sera joué en 1743 à Berlin, en allemand.

1732   La réussite de John Rich lui donne les moyens financiers pour construire sur le site de Covent Garden un nouveau Theatre Royal. L’établissement ouvre avec une pièce de William Congreve, puis, quelques semaines plus tard, The Beggar’s Opera.

1759  A la mort de Haendel, ses opéras disparaissent avec lui pour ne renaître que dans les années 1920 en Allemagne. Dans les 18 dernières années de sa vie, las de la forme rigide de l’opéra italien, il ne composera quasiment plus que des oratorios en anglais (Le Messie, Samson, Semele, Hercules…).

1762  Artaxerxes, sur un livret de Métastase, est l’opéra italien le plus réussi de Thomas Arne.
Le compositeur s’épanouit surtout dans les comédies légères comme Thomas and Sally (1760) ou bien Love in a village (1762).

Mais pendant plus d’un siècle, l’Opéra classique en Angleterre consistera principalement en œuvres italiennes d’importation.

 

L’Opérette anglaise (1870-1900)

1809   Détruit en 1808 par un incendie, le Theatre Royal, Covent Garden est reconstruit.

1838   Michael William Balfe compose Falstaff pour le Queen’s Theater devenu Her Majesty’s Theatre , The Italian Opera House.
Installée à Londres depuis 1834, la soprano milanaise Giulia Grisi participe à la création de l’ouvrage.

1858   A nouveau détruit par un incendie en 1856, le Theatre Royal, Covent Garden rouvre avec une représentation des Huguenots.

1861   A l’âge de 18 ans, la cantatrice italienne Adelina Patti débute à Londres dans la Sonnambula.

1870    Adelina Patti choisit un agent anglais : Richard D’Oyly Carte. Il prend la direction du Royalty Theater (Dean Street, Soho).
A cette époque, il y a plus de 200 music-halls à Londres.

1871    D’Oyly Carte assiste à Thespis or The Gods Grown Old (opéra comique), première collaboration entre W.S  Gilbert, le librettiste, et Arthur Sullivan, le compositeur.

1875    D’Oyly Carte propose à Gilbert et Sullivan une collaboration.
Le lever de rideau sur Trial by Jury est un succès.
13 opérettes sont montées depuis The Sorcerer ( (1877), H.M.S Pinafore (1878) jusqu’au The Grand Duke (1896) 
Cependant, les opérettes de Gilbert & Sullivan ne seront célèbres que dans le monde anglo-saxon.

1881   D’Oyly Carte crée le Savoy Theater (Strand, City of Westminster) consacré à l’Opéra anglais.

1891   L’unique opéra de Sir Arthur Sullivan, Ivanhoe, inaugure l’ouverture de la Royal English Opera House.

1896   Le Theatre Royal, Covent Garden est renommé Royal Opera House.

 

L’émergence de nouveaux compositeurs (1900-1990)

Au XXième siècle, un groupe de compositeurs talentueux émerge : Edward Elgar (Sea Pictures - 1899), Frederick Delius (A village Romeo and Juliet - 1907), Gustav Holst (Les Planètes - 1918) et Ralph Vaughan William (Riders to the sea - 1936).

1932   Le danseur Rupert Doone et son ami peintre, Robert Medley, créent le Group Theater, avec le désir d’unifier plusieurs disciplines artistiques, comme l’avait fait Diaghilev, et de promouvoir le drame musical. Benjamin Britten fait parti de ce groupe.

1945    Benjamin Britten crée Peter Grimes au Sadler’s Wells Theatre de Londres

1946    Puis il fonde l’English Opera Group. Cette compagnie commande des œuvres à Benjamin Britten, Lennox Berkeley, Harrison Birtwistle, William Walton et d’autres.

Elle crée plusieurs institutions nationales, l’Opera Studio, l’Opera School, et le festival d’Aldeburgh (1948) dans la ville où est né Britten.

De nombreux artistes rejoignent Benjamin Britten : le peintre John Piper, l’écrivain Eric Crozier, la librettiste Mary Myfanwy Piper, le ténor Peter Pears, la soprano Joan Cross et le producteur Colin Graham.

Le langage musical de Britten, par ses affinités avec la langue anglaise,  reste très accessible au public.

Parmi ses ouvrages célèbres : Albert Herring (1947 - Festival de Glyndebourne), Billy Budd (1951 - Covent Garden), The Turn of th Screw (1954 - La Fenice de Venise), Gloriana (1953 - Couronnement de la Reine Elisabeth II, avec l'interprétation  de Joan Sutherland), A Midsummer Night’s Dream (1960 - Festival d’Aldeburgh), Death in Venice (1973 - Festival d’Aldeburgh)

1954    Covent Garden donne la première de Troilus et Cressida, unique opéra de William Walton.

1955     Michael Tippett crée The Midsummer Marriage. Sur le modèle de La Flûte enchantée, il explore la richesse de l‘expérience humaine.

1968     Le Sadler’s Wells Theatre se déplace au London Coliseum, et est renommé, six ans plus tard, English National Opera (ENO).

1980     Quatre ans après la mort de Benjamin Britten, le gouvernement de Margaret Thatcher  retire les subventions à sa compagnie, ce qui précipite sa fermeture.

1984     Sous la direction générale de Peter Jonas, artistique de David Pountney et musicale de Mark Elder, l’ENO est la première compagnie depuis D’Oyly Carte Opera Company à se déplacer aux États-Unis d’Amérique.

1984      Gavin Bryars, compositeur et contrebassiste influencé par l'école américaine de John Cage,  crée Médée à l'Opéra de Lyon, dans une mise en scène de Bob Wilson.

1989     New Year, le dernier opéra de Michael Tippett, est créé au Houston Grand Opera

 

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Publié le 13 Novembre 2009

Rossini-Bellini-Donizetti conquièrent l’Italie puis Paris

1778    Inauguration de la Scala de Milan en présence de l'archiduc Ferdinand d'Autriche. Ce nouveau théâtre est une commande de Marie-Thérèse d'Autriche destinée à remplacer l'ancien théâtre ducal détruit dans un incendie.

1792    Inauguration de la Fenice de Venise, trois ans après la destruction (également par le feu) du théâtre San Benedetto.

1796    Napoléon vainc les Autrichiens et les Sardes à Cherasco. L’année d’après, la République cisalpine est créée, avec Milan comme capitale.

1800    La victoire de Marengo permet à Napoléon de signer la paix de Luneville avec les Autrichiens.

1805    Napoléon se nomme Roi d’Italie.

1807    Âgé de 15 ans, Gioacchino Rossini entend à Bologne le grand castrat Giovanni Battista Veluti (le passé), et l’étoile montante de l’Opéra en Italie, Isabella Colbran (soprano colorature qui annonce l’avenir).

Au début du XIXième siècle, l’Opéra est très populaire en Italie, mais le public préfère des nouveautés aux reprises, et en langue italienne.

Dans la plupart des villes, les théâtres sont aux mains d’imprésarios, des aristocrates qui cherchent à faire fructifier leurs capitaux.

1810    Rossini crée au Teatro San Moisé de Venise « La cambiale di matrimonio », écrit en quelques jours.

1811    Première création en Italie du Don Giovanni de Mozart.

1812     Début à la Scala de Milan de Rossini avec « La Pietra del Paragone ».
Suivent « L’Italienne à Alger » à Venise (1813), « Elisabetta Regina d’Inghilterra à Naples (1815), « Le Barbier de Séville » à Rome (1816).

1815    Avec la Restauration, l’Italie est partagée entre l’Empire Austro-Hongrois, la Sardaigne, la Maison de Savoie, le Pape, les Bourbon.

1820    Sous l’influence des idées révolutionnaires françaises, les Carbonaristes se soulèvent à Naples. L’intervention autrichienne annule la nouvelle constitution calquée sur celle de 1791 en France.


1823   Rossini part pour Londres puis Paris où il va y faire fortune. Il y devient Inspecteur général du chant pour les théâtres royaux. Mis à part « Le voyage à Reims », tous ses opéras seront créés en français.

1827    Premier succès de Bellini à la Scala de Milan avec « Il Pirata ».

1830    Premier succès de Donizetti au Teatro Carcano de Milan avec « Anna Bolena » suivi l’année d’après par « La Somnambule » de Bellini. Fin 1831, ce dernier compose également "Norma" pour la Scala de Milan.

1831    Fondation du mouvement « Jeune Italie » par Giuseppe Mazzini, avec pour base l'unification des différents royaumes d’Italie.

1833    Bellini s’installe à Paris et y meurt en 1835.

1835    Triomphe de « Lucia di Lammermoor »  à Naples. La voix humaine est la passion de Donizetti, alors que l’orchestre ne joue qu’un rôle secondaire.

Entre 1825 et 1845, c’est à Paris que l’on peut entendre des représentations extraordinaires faites pour les grands chanteurs du Bel Canto italien (Malibran, La Pasta, Grisi).

Verdi et le Risorgimento

1839    Début à la Scala de Milan de Verdi avec « Oberto ».

1842    Succès considérable de « Nabucco » à la Scala. Les sympathies nationalistes de Verdi vont être de plus en plus transparentes dans ses opéras (Giovanna d’Arco, Attila, La Battaglia di Legnano). Il croit à l’Opéra comme drame.

1848    Soulèvement des Milanais. Les représailles des Autrichiens ne se font pas attendre, mais la France intervient en 1849 et prend Rome pour ne pas laisser l’Italie aux Habsbourg.

1852    Louis-Napoléon Bonaparte nomme Verdi Chevalier de la Légion d’Honneur.

1853    « La Traviata » à la Fenice de Venise montre la fascination du compositeur pour les personnages torturés et confrontés à un dilemme moral.

1858    Attentat manqué contre Napoléon III devant l’Opéra de la rue Le Pelletier à Paris, pour venger l’intervention de 1849. L’Alliance entre la France et le Piémont Sardaigne (dirigé par Cavour) pour aider à unifier l’Italie se forme.

1859    Avec « Le Bal Masqué » , Verdi se lance dans le Grand Opéra. Suivent La Forza del Destino, Don Carlos, Aïda. Les idéaux s’insèrent dans le tissu de l’opéra de façon plus dramatique.
La guerre contre l’Autriche est déclenchée. L’insurrection des États se poursuit, et Verdi est élu pour représenter Busseto à l’assemblée des provinces de l’état de Parme.

1861    Garibaldi débarque en Sicile et mate les forces des Bourbons. Victor Emmanuel II est proclamé Roi par le parlement italien.

1887    La première d’ « Otello »  à la Scala de Milan sera une des plus grandes soirées de l’Histoire de l’Opéra, avant que « Falstaff » (1893) ne constitue l’aboutissement final de l’intégration du drame à la musique.

L’Émergence du vérisme et l’aboutissement d’un art théâtral

La rivalité commerciale entre les deux grands éditeurs de Milan, Ricordi (Verdi, Puccini) et Lucca (Wagner) va être perturbée par un nouveau compétiteur : Sonzogno.
Sous l’impulsion du critique Galli, le journal Il Secolo - organe le plus connu de l’empire de l’éditeur - lance un concours national pour la composition d’un opéra en un acte.

1880    Ouverture du Théâtre de l'Opéra de Rome, le Teatro Costanzi.

1884
    Bien qu'écarté du concours organisé par Sonzogno, « Le Villi » de Puccini est créé au Teatro Dal Verme de Milan. Ricordi, qui assiste à cette représentation privée, commande un autre opéra : « Edgar ». Ce sera un échec en 1889.

1888    Sonzogno devient le directeur du Teatro Costanzi. Il organise un nouveau concours, que Mascagni remporte avec Cavalleria Rusticana. L’Opéra est créé à Rome en 1890. Il correspond le plus à la définition du vérisme.

1892    Sur les conseils de Puccini, le Napolitain Leoncavallo compose un opéra en un acte.
« I Pagliacci » est inspiré d’une histoire vraie de crime passionnel en Calabre. Il remporte un grand succès à Milan. Sonzogno réunit alors les deux opéras « Cav et Pag » dès l’année suivante.

1892    Passé chez Ricordi, Alfredo Catalani compose « La Wally » et réussit son entrée à la Scala de Milan. Toscanini en donne à sa fille ce prénom.

1893    Ricordi refuse cependant que Turin monte « La Wally » afin que toute l’énergie soit concentrée sur la création de la « Manon Lescaut » de Puccini. Premier grand succès du compositeur.
La même année, Puccini et Leoncavallo travaillent sur l’adaptation d’un même livret : « Scène de la vie de Bohème » d’Henri Murger.

1896    « La Bohème » de Puccini est créée à Turin, sous la direction de Toscanini, et l‘année suivante « La Bohème » de Leoncavallo est créée à Venise.

1896    Giordano, concurrent de Mascagni lors du concours de 1888, fait un triomphe avec « André Chénier ».

1902    Cilea crée « Adrienne Lecouvreur » (actrice de la comédie française en 1730) au Teatro Lirico de Milan.

1904    Quatre ans après l’échec de Tosca à Rome (1900), transformé en succès populaire plus tard, Madame Butterfly subit le même sort lors de la première à la Scala de Milan. Puccini remanie l’opéra et obtient cette fois un triomphe à Brescia.

1915    L’Italie (bien que membre de la Triple-Alliance) entre en guerre au côté des alliés.

1918    Guerre oblige, Il Trittico (ensemble de 3 opéras en un acte) est créé à New York, puis Puccini laisse inachevé Turandot en 1924, final qui sera complété par Franco Alfano, puis par Luciano Berio en 2001.
Mais en fin de compte, personne ne peut marcher dans les pas de géant de Verdi, et les membres de la « giovane scuola » prennent grand soin de le reconnaître.

1919    L’Italie vit très mal le Traité de Versailles qui ne lui permet pas de récupérer les provinces de Dalmatie, du Trentin et d’Istrie, malgré son fort engagement dans la guerre.

1922    Mussolini devient premier ministre du royaume d’Italie.

1940    L’Italie est l’alliée de l’Allemagne dans la seconde guerre mondiale

1946    Après la défaite, la monarchie est remplacée par une république.
La prospérité retrouvée, l’Europe d’Après Guerre voit se multiplier pléthore de maisons d’Opéra soutenues par des subventions officielles et par le mécénat.
La majorité des compositions vont faire de l’Opéra une branche du théâtre, et non plus une pièce de concert.
L’Italie connaît une seconde renaissance musicale.

1946    Création des « Cours d’été de musique moderne de Darmstadt » que fréquentent notamment Luigi Nono et Luciano Berio.

1948    Luigi Dallapiccola crée Il Prigioniero, des souffrances humaines face aux atrocités de la guerre.

1961    Luigi Nono compose pour Venise Intolleranza, série de scènes montrant différents aspects de l’intolérance.

1982    Luciano Berio transpose au XXième siècle Il Trovatore, qui devient la Vera Storia, et en 1984 Il Re in Ascolto reçoit sa première à Salzbourg.

 

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Publié le 25 Décembre 2008

La Camerata Florentina

1569     Stimulés par l’état déplorable de la musique de leur temps, des poètes, musiciens et intellectuels créent l’Accademia delgli Alterati à Florence.

1576    Un groupe de l’Accademia (nommée la Camerata Florentina) se réunit pour étudier si les grandes tragédies grecques étaient écrites pour être chantées.

1591    Vincenzo Galilei, membre de la Camerata Florentine, décède après avoir formulé le premier un nouveau style musical : sur une simple ligne, le chanteur déclame son texte.
Son fils, Galileo, deviendra un des grands astronomes du XVIIième siècle. 
A partir de 1609, ce dernier va rendre compte des premières observations du ciel grâce à la lunette astronomique.

1598    Dafne, le premier opéra écrit sur un livret de Ottavio Rinuccini, est donné dans la demeure de Corsi (marchand et musicien qui accueillait la Camerata).

1600    Marie de Médicis épouse Henri IV. A cette occasion, Ottavio Rinuccini écrit « Euridice » pour lequel Peri et Caccini composent la musique.
Le Duc de Mantoue, Vincenzo Gonzaga, y assiste probablement accompagné par l’un de ses musiciens de cour : Claudio Monteverdi.

1600    Venise est excommuniée par l’Église romaine pour avoir banni les Jésuites.

1607    En février, Claudio Monteverdi crée « L’Orfeo » à Mantoue avec 38 instruments, chœurs, corps de ballet et 11 chanteurs.

1608    Monteverdi crée « Arianna » pour les noces du fils du duc. Le succès est plus grand mais seul le « Lamento d’Ariane » a survécu.

1613    Monteverdi est nommé maître de Chapelle à Saint Marc de Venise.

Le Drama per Musica se répand en Italie

1623    Rome : Urbain VIII (famille Barberini) monte sur le trône pontifical.

1624    Monteverdi compose « Le combat de Tancrède et de Clorinde », unique madrigal du musicien dont la partition a été conservée jusqu’à nos jours.

1625    Florence : Pour la visite du Roi de Pologne, la cité monte un Opéra Ballet « La liberazione di Ruggiero dall’ Isola d’Alcina » par Francesca Caccini.

1632    Rome : Inauguration de la Grande Salle du palais Barberini avec « Il Sant’ Alessi » de Landi, introduisant des personnages comiques pour détendre l’atmosphère.
Le librettiste, Giulio Rospigliosi, deviendra le Pape Clément IX en 1667.

1637    Venise : Avec le succès croissant du carnaval et un solide esprit mercantile, des familles investissent dans l’Opéra.
La famille Tron afferme le Théâtre San Cassino à deux musiciens, Ferrari et Manelli, qui y organisent une saison d’Opéras.
Le succès est éclatant.
Entre 1640 et 1680, 385 opéras seront donnés dans 16 à 17 théâtres paroissiaux.

1641    Bologne : « Le Retour d’Ulysse dans sa patrie » de Monteverdi est donné en même temps qu’à Venise.

1641    Venise : « La finta Pazza » de Sacreti devient l’un des opéras les plus populaires de Venise et est précurseur de l’Opéra Buffa de Naples.

1642    Rome : Création de « Il Palazzo incantation » sur une musique de Luigi Rossi et un livret de Rospigliosi.
Dans la capitale pontificale, l’opéra est une affaire d’homme, les rôles féminins étaient donc chantés par des castrats.

1643    En novembre, Claudio Monterverdi meurt après avoir créé pour le carnaval de Venise  « Le couronnement de Poppée », le dernier de sa série de trois opéras composés depuis 1640 ( le livret des « Noces d’Enée et de Lavinie » est malheureusement perdu).

1650    Naples : « Didone » de Pier Francesco Cavalli est représenté.

1668    Rome : Cavalli devient maître de Chapelle à l’église du doge.

1669    Mort de Pietro Antonio Cesti qui fût l’un des premiers ambassadeurs de l’Opéra par sa nomination comme maître de chapelle de l’Archiduc Ferdinand d’Autriche.

Les Opéras Vénitiens et Seria se propagent hors d’Italie

Au fur et à mesure, les chanteurs prennent une importance croissante et le rôle des récitatifs diminue.
Le scénographe le plus célèbre, Giacomo Torelli, imagine des dispositifs sophistiqués, grandioses et frappants.
L’Opéra Vénitien devient donc une forme d’art et s’implante à travers l’Europe, notamment en Allemagne, en Autriche et surtout en France.

Les artistes cherchèrent à faire de l’Opéra une expérience du merveilleux, tout le contraire des inventeurs qui étaient partis d’une forme d’art austère et classique.

Les grands castrats vont devenir les chanteurs les plus accomplis de tous les temps.

1713    Fin de la Guerre de Succession d'Espagne due à l'alliance dynastique de la France et de l'Espagne. La branche autrichienne des Habsbourg s'installe en Lombardie et en Toscane. L'Autriche remplace l'Espagne comme puissance hégémonique en Italie.

1722    Rome : Farinelli cloue sur place la salle lors d’un duel musical avec un des trompettistes.

L’ Empereur d’Allemagne Charles VI lui recommande de privilégier l’émotion, conseil qui vaut à l’artiste l’attachement de Philippe V d’Espagne.

1725    Scarlatti meurt à Madrid en ayant laissé 115 opéras remplis d’allusions pastorales évocatrices du rapprochement de l’homme et de la nature.
Il raffina à Naples les principaux éléments musicaux de l’Opéra Seria.
L’Aria « Da Capo », bien que de formule rigide, laissa toute liberté aux chanteurs pour y ajouter leurs ornementations.

1729    Metastase, ami d’enfance de Farinelli, devient le poète de la cour impériale de Charles VI.
Il fait sa carrière presque totalement à Vienne.
Hasse, Mozart, Gluck, Haendel, et même Meyerbeer avant de s’installer à Paris, utiliseront ses vers toujours très élégants.

L’Opera Buffa agite Naples

En réaction à l’Opéra Seria surchargé de sentiments artificiels et conformistes, l’Opera Buffa se développe à Naples.
Les personnages deviennent des protagonistes inspirés de la réalité.

1733    Pergolèse écrit le plus populaire de ses opéras : La Serva Padrona.
Il meurt à l’âge de 26 ans en laissant des œuvres aussi bien comiques que religieuses (le Stabat Mater).

Porpora, qui avait enseigné le chant à Farinelli, fonde une compagnie à Londres dans les années 30 pour concurrencer Haendel et dans les années 50 s’installe à Vienne où il compte Haydn parmi ses élèves.

Jommelli, Piccinni, Paisiello, Spontini seront les successeurs de cette école napolitaine.
Il y a une raison politique au succès de Naples : position stratégique en Méditerranée, elle fût choyée par ses occupants.

1734    La Guerre de Succession de Pologne fait rage. Après la défaite de Bitonto, les Autrichiens cèdent le Royaume de Naples aux Bourbon d'Espagne.

1737    Naples : Les Bourbons dépensent des sommes folles et construisent le Teatro San Carlo.

1741    Mort à Vienne de Vivaldi, qui laissera 45 opéras dont seul « l’Orlando Furioso » (1727) est joué régulièrement aujourd’hui.

1750    Venise : Il Mondo della Luna (Goldoni et Galuppi) marque une innovation majeure : le « Finale » dans lequel plusieurs intrigues se mêlent. Mozart et Rossini s’en inspireront.

1759    Farinelli se retire en Italie, immensément riche.

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Publié le 1 Novembre 2008

Après cinq années à la direction de l’Opéra National de Paris, Gerard Mortier va laisser un bilan qui ne manquera pas d’alimenter des conversations sans fin sur les qualités artistiques de ses productions.

Il est alors intéressant de donner quelques éléments objectifs de comparaison avec son prédécesseur, Hugues Gall, non pas en comparant les noms des chanteurs, des chefs d’orchestres ou des metteurs en scènes - nous n’en sortirions pas - mais simplement en considérant les ouvrages programmés.

Hugues Gall a été le directeur de l’Opéra de Paris pendant 9 saisons de 1995 à 2004 alors que Gerard Mortier n’a eu que 5 ans pour déployer à marche forcée ses projets entre 2004 et 2009.
Chaque saison ,ce sont environ 20 ouvrages lyriques qui ont été proposés au public.



1. La diversité des ouvrages

En 9 ans, Hugues Gall a proposé 174 spectacles composés de 78 oeuvres différentes et représentatives de 36 compositeurs.

En 5 ans, Gerard Mortier a proposé 98 spectacles composés de 76 œuvres différentes et représentatives de 42 compositeurs.

Le directeur flamand aura donc, sur une période plus courte, monté autant d’ouvrages différents et fait connaître plus de compositeurs.

Gounod, Britten, Bizet, Gershwin, Lehar, Fenelon, Zemlinsky, Ravel, Manoury, Lachenman, Liebermann, Dusapin, Pintscher, Weill ont certes disparu avec Mortier.

Cependant Messiaen, Monteverdi, Gluck, Chostakovitch, Saariaho, Hindemith, Bartok, Charpentier, Halevy, Sciarrino, Haas, Dallapiccola, Stravinsky, Dukas, Boesmans, Beethoven, Jommelli, Szymanowski, Schoenberg et Smetana entrent ou reviennent au répertoire.

Un tel challenge aura eu tout de même un coût : l’augmentation du prix moyen des places de 20% en 5 ans.
Une première catégorie qui coûtait 114 euros en 2004, vaut en 2009 138 euros .
Il faut néanmoins relativiser car en 1999, la première catégorie est à 98 euros, soit 15% d'augmentation sur les 5 dernières années d'Hugues Gall.

Le mécénat joue un rôle très important, car en ayant augmenté son apport de 2.5 millions d’euros en 2003 à 7 millions d’euros en 2008, cela a permis d'éviter une augmentation de 10% supplémentaires du prix des billets.

2. L’Opéra du XVIIième et XVIIIième siècle

Gerard Mortier se dit le champion de l’Opéra contemporain.
Ce n’est pas pour autant qu’il aura délaissé le XVIIIième, voir le XVIIième siècle.
En effet, les deux premiers siècles de l’histoire de l’Opéra représentent 20% de la programmation aussi bien avec Mortier qu'avec Gall.

Mais alors que Gall ne connaît que Mozart, Rameau et Haendel, Mortier programme autant de Mozart et propose également Gluck, Monteverdi, Jommelli avec un peu de Haendel et de Rameau (mais juste un soupçon).

Orphée et Eurydice (Pina Bausch)

Paris dispose déjà du Théâtre des Champs Elysées et de l’Opéra Comique pour programmer de l’Opéra Baroque et classique ce qui ne rend pas impératif une augmentation de ce répertoire à l’Opéra de Paris.

Il est cependant mieux représenté qu’au Metropolitan Opera (15%).

3. L’Opéra du XIXième siècle

Mortier va donc commencer à faire des coupes dans l’Opéra du XIXième siècle.
Il ne représente plus que 45% de la programmation alors qu’avec Gall il culminait à 55%.

Bellini et Massenet se maintiennent avec un ouvrage chacun seulement, Bizet et Gounod disparaissent et Puccini (intermédiaire entre deux siècles) voit sa programmation réduire de moitié.
Seuls Donizetti (Lucia di Lammermoor, L’Elixir d’Amour) et Berlioz (La Damnation de Faust, Les Troyens, Roméo et Juliette) s’en sortent mieux.

En revanche, Verdi continue à représenter 15% du répertoire de l‘Opéra de Paris.

La très rare Luisa Miller et le Bal Masqué mis en scène par Gilbert Deflo font à nouveau leur apparition.

Simon Boccanegra, La Traviata, et peut être Macbeth, seront de nouvelles productions controversées.

Nabucco, Attila, Les Vêpres siciliennes et Falstaff ne sont pas repris et Aïda ne semble pas en mesure de faire son retour à Paris.

Par comparaison, le Metropolitan Opera représente excessivement ce répertoire (65%).
                                                                                      La Traviata (mise en scène Christoph Marthaler)

4. L’Opéra du XXième et XXIième siècle

L’opéra contemporain augmente donc logiquement sa représentativité avec 35% du répertoire (25% sous Gall).

C’est la consécration de Janacek (De la maison des morts, La Petite Renarde Rusée, Katia Kabanova, L’Affaire Makropoulos, Le Journal d’un disparu).
Prokofiev (L’Amour des 3 oranges, Guerre et Paix), Hindemith (Cardillac) se substituent à Ravel et Britten.

Cardillac (mise en scène André Engel)

Cardillac (mise en scène André Engel)

Toutes les productions de Richard Strauss par Hugues Gall sont reprises (Salomé, Capriccio, Ariane à Naxos, La Femme sans ombre, Le Chevalier à La Rose) auxquelles s’ajoute la nouvelle production d’Elektra.

Sont créées également Adriana Mater, Melancholia, Da Gelo a Gelo, Yvonne de Bourgogne.

Par comparaison, ce répertoire est représenté à hauteur de 20% au Metropolitan Opera.

5. L’Opéra Français

Si l’Opéra français représentait 25% de la programmation avec Gall, il n’est plus que de 15% ces 5 dernières années.

Saint François d’Assise, Iphigénie en Tauride, Louise, La Juive, Ariane et Barbe Bleue, Yvonne princesse de Bourgogne (création) et Werther ont tout de même droit à de nouvelles productions.

D’ailleurs, le nombre de compositeurs est plus diversifié avec Mortier que Gall (12 en 5 ans contre 14 en 9 ans).
Seulement mis à part Iphigénie et Louise, aucune production n’est reprise alors que Gall utilisait Bizet, Gounod, Massenet et Offenbach pour leur rentabilité.

L’Opéra français ne joue donc plus avec Mortier son rôle de moteur économique pour l’Opéra National de Paris.

Il se rapproche même du Metropolitan Opera où l’Opéra Français représente moins de 10% de la programmation.

6. L’Opéra Italien

L’Opéra italien se maintient avec 40% de la programmation, Gall en faisait un tout petit peu plus avec 45% des ouvrages.

En fait Puccini ne constitue plus un fond de roulement, mais L’Elixir d’Amour de Donizetti monté sur 3 ans avec 4 distributions différentes, restera assez étrangement une des productions marquantes du passage de Gerard Mortier à Paris.

Il faut souligner aussi que nous avons eu la meilleure distribution jamais vue et entendue dans Madame Butterfly (Liping Zhang, Marco Berti) mis en scène par Bob Wilson.

Ce répertoire est représenté au Metropolitan Opera à hauteur de 60% de la programmation.

7. L’Opéra Allemand

Avec 20% de la programmation, l’Opéra Allemand est figuré avec une constante régularité à l’Opéra de Paris depuis 15 ans.

Les productions de Strauss d’Hugues Gall sont nettement amorties par Gerard Mortier ce qui permet à ce dernier de s’offrir trois productions très coûteuses :

- Cardillac, transposé par André Engel dans les décors du Paris des années 30.

- Tristan et Isolde (représenté 3 fois en 5 ans) avec les très belles images de Bill Viola dont toutefois l’Opéra de Paris perdra les droits de diffusion fin 2008.

- Parsifal mis en scène par K.Warlikowski de manière réfléchie sur certains ressorts des rapports humains mais qui sans doute aurait voulu détailler encore plus sa mise en correspondance avec les faits réels. Sa reprise n’est pas du tout assurée.                                         Tristan et Isolde (Bill Viola - Peter Sellars)

On observe le même niveau de représentativité de ce répertoire au Metropolitan Opera (20%).

8. L’Opéra Slave

La langue Slave est donc mise à l’honneur avec 20% de la programmation (7% précédemment) même si Janacek est le véritable vecteur de ce répertoire.

La Petite Renarde Rusée (mise en scène André Engel)

La Petite Renarde Rusée (mise en scène André Engel)

Le nombre de compositeurs s’élargit (Chostakovitch, Szymanowski, Smetana, Bartok).
Les nouvelles productions de l’Affaire Makropoulos et du Château de Barbe Bleue se sont très nettement distinguées, Lady Macbeth de Mzensk (coproduction avec Amsterdam) et Le Roi Roger étant d’ailleurs très attendus.

Au Metropolitan Opera, le répertoire slave reste plutôt à un niveau de 8% de la programmation.

Olga Pasichnyk (Roxane) dans Le Roi Roger mis en scène par Krzysztof Warlikowski.

Olga Pasichnyk (Roxane) dans Le Roi Roger mis en scène par Krzysztof Warlikowski.

9. Les reprises et nouvelles productions

Alors qu’Hugues Gall programmait 7 nouvelles productions par an, Gerard Mortier a présenté entre 9 et 10 nouvelles productions par an.

Ce qui explique qu’en 5 ans nous ayons vu  autant d’ouvrages que pendant les 9 années précédentes.

Mais si le répertoire contemporain correspond à 30% des créations avec Gall, il est de 45% maintenant.

Malgré l’effort de Gerard Mortier pour privilégier les œuvres du XXième siècle, il paraît difficile d’en constituer un répertoire récurrent capable d’attirer le public autant que le répertoire du XIXième siècle. Cela aura au moins contribué à développer la sensibilité à ces nouveaux langages musicaux.

Le succès de la nouvelle production de Wozzeck par Christoph Marthaler (avec 17000 spectateurs) est remarquable, car obtenir un taux de remplissage de 90% est du jamais vu pour cette oeuvre (la production d'Hugues Gall n'atteignait pas 80%).

Le traitement des nouvelles productions d’opéras du XVIIIième et XIXième siècles est cependant bien plus polémique.
Gall n’a connu qu’un véritable échec artistique interdisant toute reprise : Idomeneo.
Les productions de Tristan,  Attila, Guillaume Tell et Les Vêpres siciliennes ne seront jamais reprises mais il y avait tout de même un intérêt à les monter.

Décors de Cosi fan Tutte (Patrice Chéreau)

Décors de Cosi fan Tutte (Patrice Chéreau)

Avec Mortier 15 nouvelles productions du XVIIIième-XIXième sont  susceptibles d’être régulièrement reprises :
Fidelio, La Juive, Werther, La Clémence de Titus, L’Elixir d’Amour, La Fiancée vendue, Un Bal Masqué, Roméo et Juliette, Luisa Miller, Macbeth, Orphée et Eurydice, Cosi fan Tutte, Les Troyens, Idomeneo, Tannhauser.
Il en aurait fallu plutôt 20 pour être à la hauteur des 35 créations de Gall reprises plusieurs fois dans ce répertoire.

Car Tristan et Isolde ne sera pas repris pour des questions de droits ainsi que vraisemblablement Don Giovanni (Haneke) (annonciateur d'un drame survenu récemment en Inde où des employés s'en sont pris mortellement à leur patron) et Parsifal (Warlikowski).

Iphigénie en Tauride, Les Noces de Figaro, La Traviata, d’une incontestable valeur théâtrale s’éloignent trop des goûts esthétiques d'une partie du public du Palais Garnier pour y revenir et sont, tout comme Don Giovanni, trop dépendants des qualités d‘acteurs des chanteurs et parfois même indissociables (C.Schäfer en Violetta-Piaf, P.Mattei-L.Pisaroni en cadres sup et doubles l'un de l'autre dans Don Giovanni).

Erika Miklosa (La Reine de la Nuit) dans la Flûte Enchantée de la Fura del Baus

Erika Miklosa (La Reine de la Nuit) dans la Flûte Enchantée de la Fura del Baus

Quand à la Flûte enchantée de la Fura dels Baus (coproduction avec la Ruhr Triennale et le Teatro Real de Madrid), son caractère iconoclaste ne devrait pas lui permettre de résister à la reprise de la production de Benno Besson.

En fait tout dépend de la capacité du futur directeur à reprendre des productions fortes, ne correspondant pas à ses goûts et portant la marque "Mortier", sachant que pourtant elles feront salle comble.

Simon Boccanegra (mise en scène Johan Simons)

Simon Boccanegra (mise en scène Johan Simons)

Il en va de même pour le Simon Boccanegra de Johan Simons, bien plus intéressant que la précédente production mais focalisé sur le politique au détriment de la poésie.

Enfin le magnifique Eugène Onéguine du Bolchoï n’était que de passage.

10. Vers un retour au traditionnel ?

La dernière saison du directeur Flamand s'est achevée sur deux consécrations des prix du Syndicat de la Critique : "Yvonne princesse de Bourgogne" a obtenu le prix de la "Meilleure création musicale", et "Lady Macbeth de Mzensk", le "Grand prix musique".

Quelques jours plus tard, le 01 juillet 2009, le conseil d'administration a félicité le directeur pour le record absolu de spectateurs lors de la saison 2008/2009 (800.000 spectateurs), le record de recettes de billetterie (48,3 Millions d'euros), de doublement du Mécénat (7,4 Millions d'euros), et un quadruplement du fond de roulement (44 Millions d'euros).

Car avec Gerard Mortier, l’Opéra de Paris aura connu un dynamisme stimulant qui l’aura momentanément sorti de la politique plus économiquement efficace, consensuelle et moins novatrice d’Hugues Gall (quoi que sur la deuxième partie de son mandat, l’ancien directeur s’était montré plus créatif ).

Le rééquilibrage entre répertoires des XIXième et XXième siècles est le fait le plus marquant (à New York, le rapport est de 1 à 3 en faveur du XIXième siècle).

L’institution est dorénavant dotée d’un budget artistique sans précédent.
Seulement le mécénat y contribue à hauteur de 15% et la vocation populaire de l'Opéra de Paris en est plus dépendante.

Parsifal (Krzysztof Warlikowski)

Parsifal (Krzysztof Warlikowski)

Sans doute le public amateur des ouvrages français du XIXième siècle aura été le plus déçu, bien que Gerard Mortier aura porté à l’affiche un nombre record de compositeurs du baroque au contemporain, il est vrai un peu au détriment du renouvellement du socle de productions traditionnelles conformes au goût d'une clientèle plus classique.

Nicolas Joël semble nommé pour cette tâche et il reste à savoir dans quelle mesure son image conservatrice va réellement s’exprimer.

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Publié le 30 Juillet 2007

Ce chapitre répertorie les liens vers les articles de ce blog qui présentent au lecteur une analyse détaillée et visuelle la plus compréhensible possible des ouvrages ayant connu au cours du temps plusieurs versions. On y retrouve Don Carlo et Don Carlos, mais également Benvenuto Cellini, Faust, Les Contes d'Hoffmann, Prince Igor, Boris Godounov et Maometto II / Le Siège de Corinthe.

Les lecteurs sont également invités à proposer des sujets d'études qui les intéressent.

L'esprit de ces articles est de restituer en quelques instants, par un travail de présentation lisible, la complexité de ces remaniements. Il suffit de cliquer sur les liens ci-dessous pour y accéder :

Hamlet (Ambroise Thomas)

Maometto II et Le siège de Corinthe (Gioachino Rossini)

Faust (Charles Gounod)

Les Contes d'Hoffmann (Jacques Offenbach)

Prince Igor (Alexandre Borodine)

Boris Godounov (Modest Moussorgski)

Benvenuto Cellini (Hector Berlioz)

Don Carlos (Giuseppe Verdi)

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Publié le 15 Juillet 2007

La Belle Epoque

 
L’Aristocratie, très sûre d’elle-même, continue à jouer les Mécènes (citons Madame de Guermantes)
 
1902     Répétition Générale de Pelléas et Mélisande à l’Opéra Comique.
Albert Carré (Directeur de l’Opéra) et André Messager (Chef d’orchestre) croient en Debussy.
La pièce est de Maeterlinck avec lequel le compositeur s’est brouillé ce qui lui vaut une cabale.
Mais cette fois l’intelligentsia (Romain Roland, Gide) réussit rapidement à imposer Debussy ce que Verlaine, Mallarmé avaient manqué avec Wagner.
 
1904     L’imprésario Gabriel Astruc (basé au Châtelet) convainc le directeur de l’Opéra de s’intéresser à Salomé. Les embûches sont nombreuses : problèmes de droits, de scandale et de traduction.
L’œuvre est créée au Châtelet avec une troupe allemande 3 ans avant Garnier.
Aristide Briand propose au président de nommer Strauss Chevalier de la Légion d’Honneur.
Paris redevient une métropole de l’art lyrique international.
 
Albert Carré monte à l’Opéra Comique les Puccini en français (Bohème 1898, Tosca 1903, Butterfly 1906). L’accueil est délirant, la critique hostile.
 
1910     Tout le Metropolitan, dont Toscanini, est là pour interpréter les Puccini. Astruc, le Moderniste, monte des œuvres véristes à Paris.
 
1911     Paris finit par accepter Wagner de manière durable et la première Tétralogie est produite.
 
1913     Astruc, dédie Le Théâtre des Champs Elysées aux créations les plus modernes.
Le 29 mai, les huées accueillent La Sacre du Printemps. Le 12 octobre le Théâtre ferme. Astruc est ruiné.
 
La période Rouché
 
1913     Jacques Rouché engagé à fond en faveur de la modernité est un polytechnicien qui a la faveur des salons. Il devient directeur de l’Opéra sachant que depuis Louis XIV, l’administrateur partage les pertes avec l’état. Il le restera jusqu’en 1945.
Sa générosité naturelle en fait un directeur mécène ce qui est très rare en France
 
Si « Le Rossignol » de Stravinsky est froidement accueilli, « La Légende de Joseph » (argument Hofmannsthal, musique de Strauss) est très bien reçue.
 
1916     L’Opéra retrouve une dimension politique
Rouché produit « Jeanne d’Arc », « Les Girondins » et « Chants de Guerre ».
Le pays se retourne vers ses arts et ses traditions. Jamais le répertoire national n’a autant été cultivé que dans les années 20-40.
Garnier est suivi par l’Opéra Comique avec Padmavati, Le Festin de l’Araignée, Nausicaa, Le Marchand de Venise).
 
1918    Satie se voit commander "Socrate" dont la froideur choque le public.
Le groupe des 6 (Durey, Milhaud, Honegger, Tailleferre, Auric et Poulenc) se constitue dans la ligne de Satie pour écrire de la bonne musique française dans un esprit d'avant-garde. Leurs oeuvres ne seront appréciées qu'à partir des années 50 (Honegger : Jeanne au bûcher en 1950 et Le Roi David 1960).
 
1923     La princesse de Polignac commande « le Tréteau de Maître Pierre » à Falla. Enthousiasmé par ses aspects burlesques, Ravel crée « L’Enfant et les sortilèges » en 1926.
 
Avec « Œdipe Rex », Stravinsky amène à son apogée un style d’Opéra Parisien bien à soi qui se distingue du post Wagnérien et des Véristes Italiens.
 
Le Temps de Rouché est comparable à celui de Mahler à Vienne. Il réussit à faire cohabiter répertoire et Avant-garde. L’école de chant française est défendue par Georges Thill, Lily Pons, André Pernet, Marcel Journet.
 
1939     Le 14 novembre, les théâtres lyriques nationaux sont réunis. Le personnel ne se sent plus au service exclusif d’une maison. Les corporatismes et revendications redoublent.
A la fin de la guerre, Rouché est accusé à tort d’être un collaborateur et doit partir.
 
L’après guerre
 
C’est une période faible marquée par quelques coups d’essais :
 
1952     Les Indes galantes
1953     The Rake’s Progress
1956     Dialogues des Carmélites
 
L’Ere Liebermann
 
Avec Rolf Liebermann, l’Opéra sera l’évènement de Paris.
 
1973     En mars, les Noces de Figaro (Strehler) signent au Théâtre royal du Château de Versailles, et sous la direction de Solti, la renaissance de la vie lyrique parisienne.
Liebermann inculque l’idée que l’Opéra reste un genre actuel et engagé.
Ce n’est pas une partie de chant mais du vrai, du grand Théâtre.
 
Avec la Scala, l’Opéra de Paris produit Simon Boccanegra (Strehler, Abbado) mais le Ring sera limité à L’Or du Rhin et La Walkyrie.
 
1979     Avec Lulu, il réussit à monter les 3 actes malgré l’opposition de la fondation Berg (Mise en scène Chéreau, Lulu incarnée par Stratas).
 
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Publié le 15 Juillet 2007

L’apogée
 
1830     Révolution du Juillet : C’est le triomphe de la bourgeoisie qui ne veut que s’amuser.
Le dernier directeur de l’époque Louis Philipparde, Louis Désiré Véron va séduire le public avec seulement trois noms : Rossini, Auber, Meyerbeer. « Quand on ne parle ni à l’esprit ni au cœur, il faut parler aux sens et surtout aux yeux ».
L’Académie de Musique est installée rue LePeletier depuis l’assassinat du Duc de Berry.
 
Les œuvres issues du romantisme musical sont montées avec 10 à 20 ans de retard (Lucia en 46, Don Giovanni en 34).
On retrouve les auteurs éprouvés comme Halévy (La Juive en 35) ou Meyerbeer qui recherche la vraisemblance mais non dénuée de superficialité (Robert le Diable en 31, Huguenots en 36, Le Prophète en 49).
 
Depuis 1825, le Théâtre Italien est installé à Favart.
1835     Succès prodigieux des Puritains. C’est du Théâtre Italien que va procéder l’évolution lyrique et non pas de l’Académie de Musique ou l’Opéra Comique. Il va notamment s’attacher Donizetti.
En 1838, le théâtre déménage rue Vendatour.
 
1839     Arrivée de Wagner à Paris. Il défend sans succès le particularisme de l’art germanique et repart en avril 1842
 
1840     L’Opéra Comique s’installe alors salle Favart après l’incendie de la rue Feydeau.
Le Postillon de Longjumeau, Le Pardon de Ploërmel ou La Fille du régiment réjouissent ceux qui cherchent un spectacle complet.
 
1846     Echec de la Damnation de Faust par l’absence du côté visuel et dramatique.
 
 
Wagner, Verdi et les affaires politiques
 
Verdi contribue à retarder le recul sur la scène internationale de Paris et ses oeuvres sont présentées bien des années après leur création en Italie.Victor Hugo s’oppose à la création de Hernani (pour des questions de droits d’auteurs) mais ne peut rien faire contre Rigoletto.
 
 
1856     3 ans après le scandale de sa création, La Traviata est montée aux Italiens par curiosité et pour son parfum de Paris.
 
1859     Création de Faust (Gounod) et plus tard Roméo et Juliette (1867) au théâtre Lyrique.
 
Napoléon III souhaite parachever la rénovation du Louvre et des Tuileries par une large avenue débouchant sur un théâtre.
Charles Garnier gagne le concours de soumission face à plus de 170 concurrents.
Il devine que la bourgeoisie triomphante veut se montrer.
 
1860     Wagner est de retour à Paris depuis 1859. Il ne réussit à convaincre aucun directeur d’Opéra si bien qu’il trouve le soutien de la princesse de Metternich, femme de l’ambassadeur d’Autriche. Elle parle du compositeur à Napoléon III qui ordonne de représenter Tannhauser.
Avec « La lettre sur la Musique », Wagner se rallie bon nombre d’intellectuels. Mais l’avant-garde ne plait pas à tout le public. Des aristocrates n’acceptent pas d’être dérangés dans leurs habitudes et notamment le ballet situé en introduction de l’œuvre les obligent à être présents dés le début pour voir leurs danseuses. Munis de sifflets, ils transforment la seconde représentation en tapage.
 
1862     L’architecte Gabriel Davioud crée le Théâtre du Châtelet et le Théâtre Sarah Bernhardt. Carvalho devient le promoteur de l’Opéra Comique.
 
1866     Le succès de Mignon (Thomas) montre une évolution du goût français vers un style moins pompeux.
 
1867     Verdi est commandité par l’Académie de Musique à deux reprises : Les Vêpres siciliennes (1855) et Don Carlos qui sera cette année là le dernier grand succès international de Paris.
 
1870     La guerre éclate. Wagner se venge en écrivant « Une Capitulation » et se laisse aller à un pangermanisme grotesque. Le Wagnérisme devient une affaire politique pour accuser les artistes de dénationaliser l’art.
A l’inverse, si Verdi a souvent raillé la frivolité parisienne, il n’a pas oublié la part prise par la France de Napoléon III à l’unité italienne.
Il souhaite même que l’Italie vole au secours de la France.
 
A la fin du XIXième siècle, Verdi est quasiment le seul compositeur étranger officiellement adopté à l’Opéra de Paris.
 
1873     La salle rue LePeletier vient de Brûler.

1875     Inauguration par Mac Mahon du plus beau monument du second Empire. Cependant rien d’important ne sera créé à L’Opéra Garnier pendant 30 ans. Aïda (1880) et Rigoletto (1885) ne servent que pour combattre Wagner (politique oblige).
Il n’y a pas d’opéra français mais un genre français : Le Grand Opéra.
 
1887     Incendie de la Salle Favart après deux créations majeures : Carmen (1875) et Manon (1884).
 
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Publié le 15 Juillet 2007

Voici quelques notes que j’ai pu recueillir sur l’histoire de l’opéra à Paris.

   
Le ballet de cour et la découverte des opéras italiens
 
1573     Catherine de Médicis offre un ballet de cour aux ambassadeurs polonais.
La cour se fait défenseur de ce genre prisé par les cercles éclairés où la danse et le décor visuel servent musique et poésie.
 
1581     Belgiojoso crée le premier spectacle baroque complet, prétexte à danses éblouissantes.
 
1589     Mort de Catherine de Médicis. Henri IV lui succède.
 
1605     Les ballets sont entièrement chantés.
 
1610     Assassinat d’Henri IV. Marie de Médicis assure la régence.
 
1617     En guerre avec son fil, Marie de Médicis s’exile.
 
1624     Richelieu entre au conseil du Roi.
           
Louis XIII fait venir la troupe des Fedeli : Les styles intensément dramatiques de Rossi, Monteverdi enthousiasment les beaux esprits.
 
1643     Mort de Louis XIII et début de la régence d’Anna d’Autriche.
 
1645     Mazarin devenu 1er ministre révèle les splendeurs du grand Opéra Baroque Italien à Paris.
14 décembre : « La Finta Pazza » de Giulio Strozzi est donné à la salle du Petit Bourbon à l’est  du Palais du Louvre. Le public parisien peut y assister pour une modique somme.
Il s’agit de distraire les esprits agités d’un souffle de fronde.
 
1647     7 mars : L’Orfeo de Rossi est joué au Palais Royal. Les machines de Torelli impressionnent.
 
1648     Mazarin met fin à la guerre de 30 ans (traité de Westphalie) mais déclenche contre lui la Fronde. Il s’exile pour que la paix soit restaurée.
 
1653     Mazarin est rétabli dans son pouvoir.
 
1654     14 avril : Lors des Nozze di Peleo e di Theti (Capicoli) représenté au Petit Bourbon,  Louis XIV danse Apollon. Un autre danseur est Lully.
 
1659     Mazarin impose la paix des Pyrénées entre Bourbons et Habsbourg. Construction d’une salle de 7000 places aux Tuileries.
 
1661     Mort de Mazarin. Louis XIV devient monarque absolu.
 
L’Académie d’Opéra français sous Louis XIV
 
1664     Lully commence sa collaboration avec Molière (Le Bourgeois Gentilhomme en 70).
 
1669     Le poète Pierre Perrin obtient le privilège d’une Académie d’Opéra français et crée un théâtre au jeu de Paume du Becquet (Vaugirard).
 
1672     Lully obtient la succession de Perrin. Il rencontre Philippe Quinault qui composera ses livrets : Alceste (74), Thésée (75), Atys (76), Persée (82), Roland (85), Armide (86).
C’est le règne de l’opéra courtisan où le spectacle prime sur l’action en musique.
 
1694     Médée de Charpentier puis Alcyone de Marais (1706) sont fêtés à l’Académie.  
Le public montre ainsi un goût plus sensible et raffiné.
 
Rameau : l’émotion dans la musique
 
1697     André Campra illustre la mutation des activités lyriques avec l’Opéra Ballet.
L’Europe Galante triomphe suivi par Le Carnaval de Venise (1699)
 
1715     Mort de Louis XIV.
 
L’Opéra se déplace de la cour royale vers des résidences moins importantes.
 
1735     Les Indes Galantes de Rameau achèvent le règne de l’épicurisme de la Régence et du Rococo.
 
Avec une mentalité de chercheur Rameau intellectualise les ressorts de la tragédie. Poussé par Voltaire, il déploie de nouveaux timbres orchestraux et esquisse plus de vérité psychologique.
 
1751     Ainsi le succès de Pygmalion à Paris marque l’adéquation parfaite entre une esthétique, une ville et une société donnée. Mais cette suprématie renferme un débat violent.
 
1762     Une troupe Italienne arrive à Paris. Elle diffuse une musique simple et naturelle aux coûts de productions réduits, et lance un nouveau genre : l’Opéra Comique.
L’Opéra devient la préoccupation et le plaisir majeur de l’opinion.
 
1770     Construction d’une nouvelle salle au Palais Royal (2000 places).
 
1774     Gluck arrive à Paris après une longue carrière à Vienne. Il est ici sous la protection de son ancienne élève de Schönbrunn, Marie Antoinette, devenue reine cette année là.
L’enthousiasme pour Iphigénie en Aulide se transforme en délire pour Orphée et Eurydice.
 
Le directeur de l’Opéra de Paris a l’idée de faire concourir Gluck et Piccinni.
 
1779     Iphigénie en Tauride de Gluck donne la vie à un drame sans amour.
 
1781     Piccinni joue son Iphigénie appréciée mais incomparable à celle de Gluck reparti à Vienne.

 

L’Opéra impérial et la propagande politique 
L’Opéra Italien incarne la modernité
 
1781     Incendie de la salle du Palais Royal. L’Opéra est déplacé place St Martin.
 
1783     L’Opéra Comique à enfin sa salle nommée en l’honneur du librettiste Favart.
L’année d’après « Richard Cœur de Lion » de Grétry est connu de toute l’Europe.
 
1784     Salieri, élève de Gluck met en musique Les Danaïdes. Le maître rentre à Vienne.
           
1787     La situation économique puis politique s’aggrave. L’Italien retourne auprès de Joseph II
Un autre Italien arrive à Paris, Sacchini, soutenu par Marie Antoinette. Elle ne peut empêcher les cabales organisées contre lui de peur de donner l’impression de soutenir le parti étranger.
Il meurt avant le triomphe de son chef-d’œuvre : Œdipe à Colone
Cherubini est le dernier Italien à s’installer à Paris. Il y reste plus de 50 ans.
 
1791     Rue Feydeau, un théâtre concurrent à Favart s’installe.
 
La période révolutionnaire favorise surtout une certaine forme d’agitation politique.
 
1792     Gossec récupère la Marseillaise pour « Offrande à la liberté ». Huées, sifflets deviennent monnaie courante dans tous les théâtres de France jusqu’au Directoire.
 
1800     Triomphe de Cherubini à Feydeau avec « Les Deux Journées » dont l’humanisme fascine Beethoven pour « Fidélio ». L’œuvre est renommée « Le Porteur d’Eau » pour Vienne.
 
1801     Napoléon pousse Feydeau et Favart à fusionner. Les deux théâtres s’installent à Feydeau.
 
1804     Proclamation de l’Empire. Le théâtre des Arts devient l’Académie Impériale de Musique.
Le Sueur triomphe avec « Ossian ou Les Bardes ». Napoléon le choisit pour succéder à Paisiello à la tête de la chapelle des Tuileries.
Le sujet évoque l’Ecosse et l’apparition du surnaturel correspond au goût de Napoléon et du romantisme naissant. Les mythologies Celtes et Scandinaves rentrent à l’Opéra, mais l’Empereur rappelle que l’on ne bâti pas un empire en rêvant.
Des sujets plus réalistes sont nécessaires à la propagande officielle.
 
1807     Avec ses défilés de chevaux, Le Triomphe de Trajan (Persuis) atteint l’invraisemblable.
Un journaliste allemand constate que le premier théâtre de France est devenu un manège où la musique n’a plus qu’un rôle d’apparat. Les leçons de Gluck sont oubliées.
Spontini présente La Vestale qui, malgré le cadre antique, porte la grâce mélancolique du Bel Canto romantique.
 
1807-1811        La troupe fait entendre Les Noces de Figaro /Cosi/Don Giovanni en italien à Feydeau.
 
1819     L’Inganno Felice obtient le succès malgré l’hostilité d’une partie de la presse française qui tente d’abattre Rossini. On dirait une querelle d’Anciens et de Modernes. Le « Barbier de Séville » fait craquer le barrage. Le théâtre Italien devient le point de ralliement des Modernes.
 
1825     « La Dame Blanche » (Boieldieu) évoque avec fantaisie l’Ecosse romantique de Walter Scott.
 
Les dix dernières années de la Restauration, les compositeurs français voient avec jalousie le succès de Rossini que l’intendant des théâtres royaux attire pour deux ou trois triomphes : le Comte d’Ory (1828), Guillaume Tell (1829) à l’Académie de Musique
 
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Publié le 4 Juillet 2007


1867-1870 Franz Von Dingelstedt

Responsable de la transition et amateur de fastes scéniques auxquels il laisse libre cour avec le ballet ‘Sardanapale’.
Inauguration du nouvel opéra le 25 mai 1869 avec ‘Don Giovanni’
Il obtient la création des Maîtres Chanteurs le 27 février 1870.

1870-1875 Johann Von Herbreck
 
Son engagement le plus important est celui du chef Hans Richter.
Il n’arrive pas à surmonter les difficultés administratives dans le conflit entre l’Intendant général et Richard Wagner sur les œuvres à jouer. Le Ring n’est pas monté.
'Faust' est tout de même son plus grand succès mais le Krack boursier de mai 1873 précipite la fin de sa direction.

1875-1880 Franz Von Jauner

Ce spécialiste du théâtre à sensation est chargé de remplir les caisses et de calmer les amateurs d’opéras. Il réussit à présenter le Ring et Wagner vient même diriger 'Lohengrin'.
Ainsi voit on également Verdi diriger 'Aida', Brahms le 'Requiem Allemand', Bizet disparaît malheureusement avant de diriger 'Carmen'.
'Les Huguenots' est l’opéra le plus joué.
Les recettes atteignent un seuil critique alors que décors et costumes sont de plus en plus somptueux.
Un Intendant Général est nommé (Jauner avait obtenu sa suppression au début de son mandat) ce qui pousse le directeur à la démission.

1881-1897 Wilhem Jahn 

Sociable, aimable, spécialiste de la découverte de nouveaux chanteurs, il est apprécié de tous.
Marie Renard, Rosia Papier, Hermann Winchelmann, Theodor Reichmann ou Josef Ritter se produisent à Vienne tout comme à Bayreuth.
Il obtient la création de ‘Werther’ (en allemand) le 16 février 1892 et l’année suivante débute un cycle Wagner.
Le virage artistique de fin siècle (La Sécession) rend nécessaire le remplacement de ce directeur symbole d’un style fastueux et superficiel.

1897-1907 Gustav Malher

La cantatrice Rosia Papier et son mari ont suffisamment d’influence pour imposer Gustav Malher.
Il reconnaît que les belles voix ne suffisent pas et renouvelle la troupe avec de jeunes chanteurs capables d’interpréter des rôles.
Le décorateur Alfred Roller signe ici et jusqu’en 1930 des réalisations crédibles.
Des chanteurs comme Selma Kurtz, Erik Schmedes ou Anna Von Mildenburg font sensation.
Les chefs A.Von Zemlisnky, Bruno Walter, Franz Schalk maintiennent un excellent niveau.
Malher n’arrive pourtant pas à imposer 'Salome' de Richard Strauss à la censure et sa démission est refusée.
Néanmoins il fait entrer au répertoire 'La Bohème' et les opéras de Tchaïkovski au répertoire et réussit une sensationnelle mise en scène de 'Don Giovanni'.
Sa forte personnalité engendre des hostilités au moment où le déficit de la caisse augmente.
Cette fois on le laisse partir.

1908-1911 Felix Von Weingartner

Il s’empresse de détruire l’héritage Malher mais ne peut cependant supprimer l’ouverture de 'Léonore' que ce dernier a rétabli dans 'Fidelio'. Roller démissionne bien évidemment.
La troupe de chanteurs est maintenue.
Le baryton basse Victor Madin la rejoint et reste jusqu’en 1968, exemple même du chanteur consciencieux qui ne joue pas la vedette.
Weingartner est à l’origine de la mention du nom du chef et du metteur en scène sur les programmes de l’opéra. Il est de retour pour une transition en 35-36.

1911-1918 Hans Gregor

Beaucoup de nouveautés de la part de ce saxon dont le franc-parler ne plait pas aux Viennois.
Création de 'Ariane à Naxos' (version remaniée), première de 'Parsifal' et enfin 'Salome' en 1918.
Alfred Roller revient.
Gregor introduit des mises en scènes qui ont leur vie propre ce que les amateurs de pur musique critiquent.
Maria Jeritza et Lotte Lehmann sont les grandes vedettes.
A la fin de la guerre la République est proclamée. Pour le nouvel Intendant le créateur est tout.
Il nomme alors Richard Strauss et Franz Schalk comme nouveaux directeurs.

1919-1924 Franz Schalk / Richard Strauss

L’hostilité à la nomination de Strauss est unanime. A l’époque il passe pour avant-gardiste et cela fait peur. Par contre il reste très apprécié comme chef et les Viennois le réclament dans la fosse.
La collaboration ne fonctionne pas car aucun n’accepte d’être le second de l’autre.
Malgré la tension, le Ring est monté et Strauss offre la création de ‘La femme sans ombre’ en 1919.
Beaucoup d’œuvres contemporaines rentrent au répertoire ('Le Triptyque', 'Manon', 'Die tote stadt').

1924-1929 Franz Schalk

Richard Strauss reste chef d’orchestre.
Le 3 mai 1927 : première de 'Cardillac' (créé à Dresde l’année précédente).
Lothar Wallerstein est engagé comme metteur en scène. Il inaugure le théâtre de metteurs en scène et le public va suivre demandant des interprétations plausibles.
La nomination d’un Intendant général, Franz Scheinderhan, dans un contexte de crise économique pousse Schalk à la démission.

1929-1934 Clémens Kraus

Comme sous le temps de Malher, l’opéra de Vienne se trouve sous le joug d’une volonté artistique inflexible.
Clémens Kraus impose le principe de troupe avec de nouveaux chanteurs : Viorica Ursuleac (qu’il épouse), Jarmila Novotna, Franz Volker
Son Ring est une grande interprétation.
Il s’intéresse à l’opéra moderne ('Wozzeck') et tente une création ‘Karl V’ de Ernst Krenek qui ne sera jouée qu’en 1987 sous la direction musicale de Leinsdorf.
Après l’assassinat de Dollfuss, le mandat de Kraus n’est pas prolongé. Le directeur accepte alors l’invitation de Berlin. Il n’est pas adhérent du parti National Socialiste bien que la plupart des artistes qui le suivent le seront.

1935-1936 Felix Von Weingartner

De retour pour assurer la transition.
L’opéra lui doit la première de ‘L’heure espagnole’ et un ballet très réussi ‘Der Liebe Augustin’ d’Alexander Steinbrecher.

1936-1940 Erwin Kerber

Bruno Walter devient son directeur artistique.
'Tristan und Isolde' dirigé par Walter ou 'Fidelio' avec Lotte Lehmann sont de grands moments.
Mais les agressions du parti Nazi contre certains artistes entraînent une hémorragie.
Friedrich Schorr qui a quitté l’Allemagne pour Vienne a droit à des boules puantes dans la salle. Walter, Lehmann, Krips et bien d’autres partent.

1940-1941 Heinrich Karl Strohm

Atteint de graves troubles mentaux il doit être rapidement remplacé.

1941-1942 Lothar Müthel

Il engage Rudof Moralt comme chef d’orchestre très apprécié.
Hans Hotter, Max Lorenz, Erich Kunz, Peter Klein deviennent des habitués.
Müthel insuffle un nouveau souffle mozartien qui sera très admiré après la guerre.
Il fait venir le metteur en scène O.F Schuh et le décorateur C. Neher.

1943-1945 Karl Böhm

Il s’intéresse aux opéras de Mozart, Strauss et Wagner et embauche Sena Jurinac, Elisabeth Hïgen et Josef Herrmann.
En automne 44, la guerre totale annonce la fermeture de l’opéra.
Le 12 mars 1945, le bâtiment est la proie des flammes.

 

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Publié le 4 Juillet 2007

 

1945-1954 Franz Salmhofer

En attendant la reconstruction de l’opéra, le nouveau directeur s’installe au Theater an der Wien.
Schwarzkopf, Rysanek, Della Casa, Guden, London, Edelman sont de nouveaux engagés.
Un petit répertoire est rapidement constitué avec des reprises d’œuvres de Salzbourg comme ‘l’amour de Danae’. Elektra est jouée malgré la taille réduite de la fosse.

1954-1956 Karl Böhm

Le 5 novembre 1955, l’ Opéra d’Etat est reconstruit.
Martha Möld est la Léonore de l’inauguration.
Mais les chanteurs ont dépassé leur point culminant.
Le public s’irrite et Böhm doit partir.

1956-1964 Herbert Von Karajan

Il abandonne l’idée de troupe pour une politique de contrat longue durée avec les chanteurs les plus célèbres.
Le développement du transport aérien permet en effet d’avoir des invités plus facilement car tout le monde bouge, même les artistes les moins connus.
Le rythme de 300 spectacles par an est atteint.
Mitropoulos, L.Price, Janowitz, Freni, Tebaldi, Corelli sont régulièrement à l’affiche.
Un nouveau Ring est créé et les productions de Tosca et La Bohème sont toujours à l’affiche aujourd’hui.

1964-1968 Egon Hilbert

Il poursuit la politique de vedettariat.
L.Bernstein est embauché pour remplacer Karajan.
Wieland Wagner monte Salomé et Elektra.
J.King, Resnik, Jones, Aragall Windelich sont entendus plus souvent qu’autrefois.
Atteint d’une maladie grave, le directeur devient la cible d’une campagne médiatique acharnée.
Prié de démissionné, il meurt d’un accident de voiture le lendemain.

1968-1972 Henrich Reif-Gintl

Pas de véritable dynamisme.
Il découvre Shirley Verret et Sherril Milnes.

1972-1976 Rudolf Gamsjager

C’est un excellent organisateur.
‘Moïse et Aron’ de A.Schönberg dirigé par Dohnanyi rentre au répertoire.
Vienne lui doit également un Tristan dirigé par Kleiber.
Salomé est monté dans des décors évoquant Klimt.
Il découvre Carreras, Ricciarelli, Atlantov et Obraszova.
 
1976-1982 Egon Seefehlner

Il met à l’épreuve ses idées sur la gestion d’un opéra.
Il monte une troupe de jeunes chanteurs, identifie des artistes de premier rang avec l’idée de les fixer à Vienne, et invite le plus souvent possible les artistes d’élites.
L’opéra du XXième siècle est à l’honneur avec Korngold, Henze, Bartok.
Karajan, Bernstein, Kleiber viennent au pupitre, Solti et Levine étant même invités.
Sinopoli fait ses début également.
Gruberova, Lipovsek, Baltsa, Rydl, T.Moser sont à la scène à présent.
Cependant les grands chanteurs ne font que passer et Seefehlner ne peut installer un répertoire prêt à tout moment.

1982-1984 Lorin Maazel

Il restreint le répertoire avec un système de bloc qui consiste à jouer une oeuvre à 2 reprises afin d’arriver à une interprétation irréprochable avant de les retirer.
Claudio Abbado dirige Simon Boccanegra dans une mise en scène de Strelher.
Il y a malheureusement trop de spectacles usés pour intéresser un large public.

1984-1986 Egon Seefehlner

Il assure la continuité en attendant un nouveau directeur.

1986-1991 Claus Helmut Drese

Claudio Abbado devient son directeur musical.
Très bon administrateur, il est à l’origine d’un cycle Monteverdi à Zurich (dont il a été le directeur de 1975 à1986) dirigé par Harnoncourt et qui a fait une tournée internationale.
En 1987, Harnoncourt débute à Vienne avec ‘Idoménée’ puis ‘La flûte enchantée’ en 1988, ‘L’enlèvement au Sérail’ et ‘Cosi fan tutte’ en 1989.

1991-1992 Eberhard Wächter

Assure la transition tout en restant le directeur du Volksoper (autre opéra de Vienne où l’on joue des opérettes et des comédies musicales).

Depuis 1992 Ioan Holender

C’est le recordman de longévité puisque son contrat initialement prévu pour finir en 2007 vient d’être prolongé jusqu’en 2010.
Ce très bon gestionnaire privilégie un répertoire traditionnel et laisse au Volksoper les œuvres trop difficiles.
Les taux de remplissage sont à la hausse depuis plusieurs années.
Alagna, Gruberova, Dessay,C.Alvarez, A.Netrebko, Furlanetto, Borodina, Massis, Forbis,
Struckmann, Florez, Hampson et même Caballé sont à l’affiche pour la saison 2006/2007 (une cinquantaine d’œuvres sont programmées).
Un Ring serait prévu avant 2010.
 
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