Publié le 22 Mai 2023

Présentation à la presse de la saison 2023/2024 du Teatro Real de Madrid

Présentation à la presse de la saison 2023/2024 du Teatro Real de Madrid

La neuvième saison de Joan Matabosch à la direction artistique du Teatro Real de Madrid a été révélée le jeudi 18 mai 2023, et elle montre une forte volonté d’accélération dans l’intégration du répertoire lyrique à l’histoire de l’institution madrilène – pour rappel, le Teatro Real en tant que théâtre d’opéra fut fermé de 1925 à 1997 -.

Ainsi, la saison 2023/2024 présente 15 ouvrages lyriques en version scénique ou semi-scénique et 8 opéras en version de concert pour un total de 119 représentations, soit 16 soirées de plus que la saison 2022/2023. Et plus de la moitié de ces œuvres n‘ont jamais été représentées sur cette scène.
Cette extension salutaire des soirées lyriques est par ailleurs rendue possible par l’intégration du Teatro del Retiro qui est devenu un nouvel espace artistique de référence du Teatro Real pour représenter les opéras pour enfants.

Parallèlement, doté d’un budget de 56 M€ avant la crise du covid, le Teatro Real affiche dorénavant un budget de 75 M€ en 2023, alors que sa subvention publique est passée dans le même temps de 14,5 M€ à 27,5 M€. S’il y a un endroit en Europe où l’opéra opère un mouvement d’expansion, c’est bien à Madrid.

Joan Matabosch, directeur artistique du Teatro Real de Madrid

Joan Matabosch, directeur artistique du Teatro Real de Madrid

Et il ne faut pas croire que Joan Matabosch recherche la facilité, car si deux piliers du répertoire italien du XIXe siècle, ‘Rigoletto’ (mise en scène de Miguel del Arco en coproduction avec la l’ABAO Bilbao Ópera et le Teatro de la Maestranza de Sevilla) et ‘Madame Butterfly’ (mise en scène de Damiano Michieletto en provenance du Teatro Regio Torino, donnée en hommage au centenaire de la naissance de Victoria de Los Angeles née le 01 novembre 1923 à Barcelone), vont couvrir à eux-seuls 42 soirées, 30% de la programmation sera dédiée aux XXe et XXI siècles.

María Luisa Manchado Torres (compositrice de 'La Regenta’)

María Luisa Manchado Torres (compositrice de 'La Regenta’)

Une création mondiale aura tout d’abord lieu au Naves del Español en Matadero, le 24 octobre 2023, jouée pour 5 représentations. Il s’agira de ‘La Regenta’, le troisième opéra de la compositrice espagnole María Luisa Manchado Torres, achevé depuis 2015 et basé sur un livret de la philosophe et Professeur d’Université Amelia Valcárcel, qui sera mis en scène par Bárbara Lluch, sous la direction musicale de Jordi Francés.

Puis, ‘Lear’ d’Aribert Reimann, dans la production de Calixto Bieto créée pour l’Opéra de Paris en 2016, fera son entrée au répertoire sous la direction musicale d’Asher Fisch avec à nouveau Bo Skovhus dans le rôle titre, et Susanne Elmark en Cordelia.

Le Naves del Español en Matadero où sera joué ‘La Regenta’

Le Naves del Español en Matadero où sera joué ‘La Regenta’

Deux ouvrages seront ensuite dédiés à Arnold Schönberg afin de célébrer les 150 ans de sa naissance (13 septembre 1874).

Le premier, ‘Pierrot Lunaire’, sera joué au Teatro de La Abadía d’après la production originale du Gran Teatre del Liceu. Et comme à Barcelone en novembre 2021, le contre-ténor Xavier Sabata assurera aussi bien la mise en scène que la partie de soliste. Jordi Francès sera à la direction musicale.

Christof Loy (Mise en scène de ‘La Voix humaine / Erwartung’)

Christof Loy (Mise en scène de ‘La Voix humaine / Erwartung’)

Le second, ‘Erwartung’, sera monté sous forme de diptyque avec ‘La Voix humaine’ de Francis Poulenc, dans une mise en scène de Christof Loy coproduite par le Teatr Wielki de Varsovie.

Jérémie Rhorer dirigera l’orchestre du Teatro Real, et Ermonela Jaho incarnera la Femme du drame de Jean Cocteau, alors que Malin Byström fera revivre le personnage imaginé par Marie Pappenheim.

Arnold Schönberg (‘Pierrot Lunaire’ et ‘Erwartung’)

Arnold Schönberg (‘Pierrot Lunaire’ et ‘Erwartung’)

Par une étonnante coïncidence, l’année 2024 sera marquée par deux productions de ‘Die Passagierin’ de Mieczyslaw Weinberg, mises en scène simultanément au mois de mars à Munich et Madrid.

Cette œuvre qui traite de l’expérience des camps de concentration sera ainsi montée par Tobias Kratzer pour l’opéra de Bavière, alors que Madrid reprendra la production de David Pountney qui avait fait découvrir au grand public, lors du festival de Bregenz 2010, le premier des 7 opéras du compositeur d’origine polonaise.

Cette production est présentée pour le 10e anniversaire de la disparition de Gerard Mortier (8 mars 2014) qui avait coproduit ce spectacle pour Madrid et assisté à la première avant que la crise économique ne perturbe ses plans.

Gerard Mortier, directeur artistique du Teatro Real de Madrid de 2009 à 2014

Gerard Mortier, directeur artistique du Teatro Real de Madrid de 2009 à 2014

Depuis 2014, tous ceux qui ont suivi pendant des décennies le travail passionnant et passionné du directeur flamand savent que Joan Matabosch a tenu tous ses engagements à son égard, et a prouvé aux yeux de tous sa passion et sa totale reconnaissance à un homme qu’il a admiré profondément.

C’est Mirga Gražinytè-Tyla, chef d’orchestre lituanienne prévue au festival d’été 2024 de l’opéra de Bavière pour diriger la nouvelle production de ‘Pelléas et Mélisande’, qui assura auparavant la direction musicale de ‘Die Passagierin’ au Teatro Real de Madrid.

Mirga Gražinytè-Tyla (direction musicale de ‘Die Passagierin’)

Mirga Gražinytè-Tyla (direction musicale de ‘Die Passagierin’)

Et en fin de saison, le compositeur madrilène Tomás Marco présentera un opéra de chambre créé en version de concert à l’Auditorium de San Lorenzo de El Escorial en juillet 2017, ‘Tenorio’, sous la direction musicale de Santiago Serrate
La distribution réunira Juan Antonio Sanabria, Joan Martín-Royo, Adriana Gónzalez, Juan Franciso Gatel, Cristina Faus et Sandra Ferrández.

Enfin, une seule des soirées en version de concert sera dédiée à une œuvre du XXe siècle, ‘Luisa Fernanda’, célèbre zarzuela de Federico Moreno Torroba qui sera interprétée par la mezzo-soprano lettone Elīna Garanča, accompagnée à la direction d’orchestre par son mari, Karel Mark Chichon.

 Pablo Heras-Casado (direction musicale de ‘Die Meistersingers von Nürnberg’)

Pablo Heras-Casado (direction musicale de ‘Die Meistersingers von Nürnberg’)

En parallèle de ce riche répertoire du XXe et XXIe siècle, le répertoire allemand sera représenté, comme chaque saison, par une œuvre de Richard Wagner avec une nouvelle production de ‘Die Meistersingers von Nürnberg’  mise en scène par Laurent Pelly en coproduction avec le Royal Danish Opera de Copenhague, sous la direction de Pablo Heras-Casado qui fera aussi l’ouverture du Festival de Bayreuth 2023 avec ‘Parsifal’.

Dans un répertoire plus léger, ‘Die Fledermaus’ de Johann Strauss fera ses débuts sur la scène du Teatro Real - ce qui est tout à fait étonnant pour une œuvre aussi connue – en version de concert sous la direction musicale de Marc Minkowski avec Marina Viotti en  Prince Orlofsky.

Au total, plus d’un quart des soirées seront chantées en langue germanique, proportion qui n’est dépassée que dans les villes allemandes.

Les Teatros del Canal où sera joué ‘La liberarione di Ruggiero dall’Isola d’Alcina’

Les Teatros del Canal où sera joué ‘La liberarione di Ruggiero dall’Isola d’Alcina’

Et si Mozart sera cependant absent de la programmation lyrique cette saison, Joseph Haydn sera, lui, bien présent à travers une version de concert de ‘Orlando Paladino’ dirigée par Giovanni Antonini avec Il Giardino Armonico.

Cette œuvre fera partie d’un ensemble de trois ouvrages dédiés à l’’Orlando Furioso’ de l’Arioste qui comprendra également l’’Orlando’ de Georg Friedrich Haendel dans la vision de Claus Guth dirigée par Ivor Bolton, avec une distribution qui permettra de retrouver Christophe Dumaux et Anna Prohaska, ainsi que le premier opéra composé par une femme, ‘La liberarione di Ruggiero dall’Isola d’Alcina’ (1625) de Francesca Caccini, qui sera joué au Teatros del Canal dans une mise en scène de Blanca Li sous la direction d’ Aarón Zapico avec Vivica Genaux, Lidia Vinyes-Curti et Sebastià Peris.

Saioa Hernández ('Médée' de Luigi Cherubini)

Saioa Hernández ('Médée' de Luigi Cherubini)

Le répertoire français sera lui aussi bien représenté avec deux ouvrages consacrés au mythe de Médée. 
C’est en effet avec la ‘Médée’ de Luigi Cherubini que le Teatro Real ouvrira la saison 2023/2024 dans l’édition critique d’Heiko Cullmann et les nouveaux récitatifs écrits par Alan Curtis, dans une mise en scène de Paco Azorín coproduite avec le Festival d’Abu Dhabi.

Ivor Bolton sera à la direction musicale, et plusieurs Médée se partageront l’affiche, Maria Agresta, Saioa Hernández et Maria Pia Piscitelli.

José Luis Basso, chef des chœurs titulaires du Teatro Real

José Luis Basso, chef des chœurs titulaires du Teatro Real

Et à cette occasion, José Luis Basso fera ses débuts comme chef des chœurs titulaires du Teatro Real.

Ces représentations seront données en hommage à Maria Callas dont on célébrera les 100 ans de sa naissance le 02 décembre 2023, et à cette occasion, le Teatro Real de Madrid projettera la ‘Médée’ de Pier Paolo Pasolini qui fut l’unique apparition sur grand écran de la célèbre cantatrice.

Maria Callas lors du tournage de 'Médée' de Pier Paolo Pasolini

Maria Callas lors du tournage de 'Médée' de Pier Paolo Pasolini

Puis, la ‘Médée’ de Marc-Antoine Charpentier créée le 04 décembre 1693 à l’Académie Royale de musique de Paris sera interprétée en version semi-scénique pour 4 représentations sous la direction de William Christie avec une belle distribution francophone qui réunira Véronique Gens , Emmanuelle de Negri , Reinoud van Mechelen , Marc Mauillon , Élodie Fonnard , David Tricou , Virginie Thomas , Juliette Perret et Clément Debieuvre.

Et une version de concert de ‘Carmen’ dirigée par René Jacob avec Gaëlle Arquez dans le rôle titre complétera un parcours du répertoire français où chaque siècle, du XVIIe au XXe siècle, sera représenté.

Le Teatro de La Abadía où sera joué ‘Pierrot Lunaire’

Le Teatro de La Abadía où sera joué ‘Pierrot Lunaire’

Et comme les liens entre le Teatro Real et le Teatr Wielki de Varsovie sont très forts, l’oeuvre la plus importante de Stanisław Moniuszko, ‘Halka’, sera jouée en version de concert pour deux soirées sous la direction de Łukasz Borowicz.

Enfin, une série d’œuvres baroques du XVIIe siècle seront données en version de concert, ‘Il Ritorno d’Ulisse in Patria’ de Claudio Monteverdi (direction Emiliano González Toro), ‘La Rappresentatione di anima et di corpo’ d’Emilio de' Cavalieri (direction Lionel Meunier) et un diptyque ‘Dido & Aeneas / Jepthe’ respectivement d’Henry Purcell et Giacomo Carissimi (direction Maxim Emelyanychev) qui donneront une coloration très proche de celle du Théâtre des Champs-Élysées à Paris.

Ermonela Jaho ('La Voix humaine’ de Francis Poulenc)

Ermonela Jaho ('La Voix humaine’ de Francis Poulenc)

Il est absolument passionnant de suivre année après année l’évolution du Teatro Real de Madrid dans son désir de devenir une nouvelle référence lyrique européenne, et le fait que Joan Matabosch vienne d’être reconduit pour 5 ans comme directeur artistique est une reconnaissance méritée pour un homme d’une très grande culture qui projette l’avenir de l’art lyrique probablement au-delà de ce que Gerard Mortier n’aurait espéré.

La présentation à la presse de la saison 2023/2024 du Teatro Real de Madrid

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Publié le 20 Mai 2023

Metropolis (Fritz Lang – Allemagne, 1927, nouvelle version restaurée en 2010 par Murnau Stiftung)
Ciné-concert du 19 mai 2023
Philharmonie de Paris
Grande salle Pierre Boulez

Metropolis rebooted, version orchestrale en 2021, sur une commande de la Philharmonie de Paris – Orchestre de Paris, de l’Orchestre du Gürzenich de Cologne et du Festival Ars Musica.
Créé à Cologne, le 16 février 2022, avec l’Orchestre du Gürzenich sous la direction de François-Xavier Roth
Création française
Durée 148 mn

Direction musicale Kazushi Ōno
Orchestre de Paris
Thomas Goepfer, réalisation informatique musicale Ircam
Étienne Démoulin, électronique Ircam
Lucas Bagnoli, diffusion sonore Ircam
Eiichi Chijiiwa, violon sonore

L’intemporalité de ‘Metropolis’ – l’histoire est censée se dérouler dans une ville futuriste de 2026 – se conjugue à une sidérante vidéographie visionnaire qui anticipe en 1927 des scènes que l’Allemagne connaîtra au cours des deux décennies qui suivront, la volonté de domination, la mythologie des Dieux du stade, la recherche du surhomme représenté par l’androïde d’allure féminine, les camps de travaux forcés, l'immatriculation des déportés, l’espion Fritz Rapp en véritable figure gestapiste, ou bien l’étoile de David pour identifier les juifs que l’on retrouve sur la porte du savant Rotwang. 

Thea von Harbou, scénariste du film et épouse de Fritz Lang, adhérera par ailleurs au parti nazi en 1940, 7 ans après son divorce avec le cinéaste.

L'Orchestre de Paris et Kazushi Ōno devant une scène de Metropolis

L'Orchestre de Paris et Kazushi Ōno devant une scène de Metropolis

Mais ce film légendaire vaut aussi pour la référence qu’il constitue pour les films de science-fiction de la seconde partie du XXe siècle, à l’instar de l’androïde qui servira de modèle au futur C-3PO de ‘Star Wars’, ou bien des éléments architecturaux que l’on retrouvera dans ‘Blade Runner’.

Scènes de Metropolis (Fritz Lang - 1927) et Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Scènes de Metropolis (Fritz Lang - 1927) et Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

L’aventure de ‘Metropolis’ avait pourtant très mal débuté. Après sa présentation le 10 janvier 1927 à Berlin, dans une version de 153 minutes, et une réception catastrophique, ‘Metropolis’ a été tronqué à plusieurs reprises au point d'être réduit à une durée de 80 minutes dans les années 1980. 

Puis, suite aux travaux de la fondation Friedrich Murnau créée en 1966 afin de préserver le patrimoine cinématographique allemand, une version de 123 minutes fut rétablie en 2001.
‘Metropolis’ devint le premier film à être classé au registre ‘Mémoire du monde’ par l’UNESCO.

L'Orchestre de Paris et Kazushi Ōno

L'Orchestre de Paris et Kazushi Ōno

Quelques années plus tard, en 2008, 25 minutes supplémentaires du film furent retrouvées au musée du cinéma de Buenos Aires à partir d’une copie fortement altérée, ainsi que la musique originale imaginée par Gottfried Huppertz – il était aussi le compositeur de la musique de ‘La Mort de Siegfried’ et ‘La vengeance de Kriemhild’, deux précédents films mythologiques de Fritz Lang -, un grand poème symphonique aux accents wagnériens, straussiens et brucknériens épiques dont la partition comprend de nombreuses informations de synchronisation avec le film.

Cette version restaurée de 148 minutes, considérée comme définitive, fut projetée sur grand écran à la Porte de Brandebourg de Berlin le 12 février 2010 et diffusée simultanément sur Arte.

Scène de Metropolis (Freder libérant Georgy)

Scène de Metropolis (Freder libérant Georgy)

La Philharmonie de Paris propose ainsi de présenter pour deux soirs cette grande version tout en lui adjoignant une nouvelle musique écrite par Martin Matalon, compositeur argentin élève d’Olivier Messiaen et Pierre Boulez, qui collabore depuis 30 ans avec l’IRCAM. Il est l’auteur d’un opéra ‘L’Ombre de Venceslao’ (2016) qui a circulé partout en France, à Rennes, Avignon, Clermont-Ferrand, Toulouse, Marseille, Montpellier, Reims, Toulon et Bordeaux, et contribué grandement à sa reconnaissance. 

Auteur également en 1995 d’une première version pour 16 musiciens et électronique de la musique de ‘Metropolis’, il en a par la suite réalisé des versions étendues pour grand orchestre en 2001, 2010 et enfin en 2021 dont la première fut jouée à Cologne le 16 février 2022 avec l’Orchestre du Gürzenich sous la direction de François-Xavier Roth

Kazushi Ōno

Kazushi Ōno

Moins lyrique que la musique de Gottfried Huppertz, cette nouvelle bande originale fait appel à tous les timbres du grand orchestre qui sont utilisés par groupes sonores afin d’apporter un relief et une coloration auxquels les images donnent sens, mais aussi une dureté très actuelle. 

Les percussions sont très présentes autant pour souligner le grandiose de situation que pour accentuer la sauvagerie de l’action, les cuivres dépeignent des stress agressifs, les cordes dessinent des reflets métalliques glaçants, mais des moments de relâchement poétiques sont aussi très présents afin de laisser le temps se faire évanescent.

Kazushi Ōno et Martin Matalon

Kazushi Ōno et Martin Matalon

Des bruitages acoustiques se fondent très naturellement à la structure orchestrale pour accroître la dimension cinématographique de la composition, et c’est avec grande confiance que l’on suit Kazushi Ōno, solide défenseur de la musique contemporaine, dans sa manière d’insuffler à l’impressionnante phalange de l’Orchestre de Paris rythmique précise et déploiement de timbres somptueux.

Un très grand moment de retrouvaille avec une œuvre fondatrice bientôt centenaire, dont la force réside en tout ce qu’elle raconte sur la place du sentiment et de la compréhension dans une société tranchée où deux classes, l’une dominante, et l’autre dominée, sont liées par un même destin hanté par l'histoire fantasmée des grandes civilisations antiques.

Metropolis (version 2010 avec la musique de Gottfried Huppertz)

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Publié le 16 Mai 2023

Der Fliegende Holländer (Richard Wagner – 1843)
Version de concert du 15 mai 2023
Théâtre des Champs-Elysées

Daland Karl-Heinz Lehner
Senta Ingela Brimberg
Erik Maximilian Schmitt
Mary Dalia Schaechter
Der Steuermann Dmitry Ivanchey
Der Holländer James Rutherford

Direction musicale François-Xavier Roth
Les Siècles
Chœur de l’Opéra de Cologne

Coproduction Théâtre des Champs-Élysées / Les Siècles / Atelier Lyrique de Tourcoing / Oper Köln / Bühnen Köln

                                                      François-Xavier Roth

10 ans après l’interprétation par l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin (18 septembre 2013), et 50 ans après celle du Deutsche Staatsoper de Berlin menée par Wilfried Werz (19 mars 1973), le Théâtre des Champs-Élysées est à nouveau embarqué pour un soir dans l’élan romantique du ‘Vaisseau Fantôme’, mais avec cette fois une coloration musicale issue d’instruments allemands de l’époque de la création à Dresde.

James Rutherford (Der Holländer) et Ingela Brimberg (Senta)

James Rutherford (Der Holländer) et Ingela Brimberg (Senta)

Dés l’ouverture, qui se déroule dans une ambiance lumineuse ambrée, se dégagent les qualités orchestrales qui vont se déployer tout le long du concert, le charme des sonorités chantantes des vents au délié rond, bien timbré et très poétique, la chaleur et la tessiture un peu âpre des cuivres, le dessin soigné et nuancé des différentes lignes harmoniques, et un surprenant métal scintillant des cordes qui, toutefois, n’est pas aussi prédominant que dans d’autres versions plus expansives.

Et il y a surtout ce sens du tempo net et souple qui crée une théâtralité percutante d’une très grande élégance.

François-Xavier Roth, Les Siècles et le Chœur de l’Opéra de Cologne

François-Xavier Roth, Les Siècles et le Chœur de l’Opéra de Cologne

On aime également chez François-Xavier Roth cette manière passionnée de danser et d’humaniser la musique de Richard Wagner, d’en faire ressortir le toucher intime, mais aussi de galvaniser la scène à l'instar du grand choral ‘Johohoe!’ du dernier acte où les choristes de l’Opéra de Cologne, tous accourus à l’avant-scène, s’emparent de l’audience pour l’entraîner avec un impact franc phénoménal, et aussi avec grand sens de la cohésion et de la détermination qui induit un véritable sentiment fraternel entre eux.

François-Xavier Roth et Les Siècles

François-Xavier Roth et Les Siècles

Par ailleurs, si l’ensemble de la distribution est très impliqué, la psychologie de certains personnages montre de nouvelles facettes, à commencer par le Hollandais incarné par James Rutherford. Le baryton britannique se distancie d’une figure qui serait trop froide pour insuffler une forme d’autorité au gant de velours. Timbre homogène, voix sombre et attendrissante, il rend son personnage plus proche de nous, et il est très étonnant de voir comment Maximilian Schmitt lui oppose un Erik qui est son exact reflet physique, mais avec des expressions plus émotives, un tempérament bien écorché, la mise en espace semblant mettre en équilibre ces deux fortes personnalités face à Senta.

James Rutherford (Der Holländer)

James Rutherford (Der Holländer)

La soprano suédoise Ingela Brimberg brosse aussi un grand portrait wagnérien de la fille de Daland, un peu plus dur et moins romantique que d’autres interprètes, mais avec une solidité de timbre et un splendide aigu qui rendent une sensible impression névrotique à son caractère. Ses regards fusants sont à l’unisson de la forte pénétrance de son élocution ample et bien marquée, et point même l’envie d’y voir certains reflets de l’art déclamatoire de Waltraud Meier.

Ingela Brimberg (Senta)

Ingela Brimberg (Senta)

Autre personnalité forte, Karl-Heinz Lehner fait aussi vivre un Daland assez violent et particulièrement retentissant, dans une veine très théâtrale et vigoureuse où l’on sent l’influence d’un grand personnage straussien, le Baron Och du ‘Rosenkavalier’.

Quant à Dalia Schaechter, elle affiche une sévérité excessive alors que la nourrice de Senta pourrait révéler un visage maternel très attachant.

Dmitry Ivanchey (Der Steuermann) et Karl-Heinz Lehner (Daland)

Dmitry Ivanchey (Der Steuermann) et Karl-Heinz Lehner (Daland)

Et par contraste avec ses partenaires, Dmitry Ivanchey apporte une touche plus légère et mozartienne en dénuant le pilote de tout vague à l’âme sombrement mélancolique, tout en lui ajoutant, avec sa tessiture très claire, une tonalité humoristique inattendue.

Un version attachante, amoureusement dirigée, dont le souffle, la générosité et la précision musicale font à nouveau la valeur de cette brillante soirée wagnérienne donnée au Théâtre des Champs-Élysées.

Chœur de l’Opéra de Cologne

Chœur de l’Opéra de Cologne

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Publié le 6 Mai 2023

La Bohème (Giacomo Puccini - 1896)
Représentation du 02 mai 2023
Opéra Bastille

Mimì Ailyn Pérez
Musetta Slávka Zámečníková
Rodolfo Joshua Guerrero
Marcello Andrzej Filończyk
Schaunard Simone Del Savio
Colline / Benoît Gianluca Buratto
Alcindoro Franck Leguérinel
Parpignol Luca Sannai*
Sergente dei doganari Bernard Arrieta*
Un doganiere Pierpaolo Palloni*
Un venditore ambulante Paolo Bondi*
Le maître de cérémonie Virgile Chorlet (mime)
* Artistes des Chœurs de l’Opéra de Paris

Direction musicale Michele Mariotti    
Mise en scène Claus Guth (2017)

Il est courant à l’opéra qu’une mise en scène qui propose une lecture contemporaine d’une œuvre lyrique composée des décennies, voir des siècles, auparavant rencontre une forte résistance à sa création, puis trouve son chemin et devienne un classique. Ce fut le cas pour le ‘Ring’ dirigé par Patrice Chéreau à Bayreuth en 1976, ou bien, plus récemment, pour ‘Don Giovanni’ et ‘Iphigénie en Tauride’ respectivement mis en scène par Michael Haneke et Krzysztof Warlikowski au Palais Garnier en 2006.

Joshua Guerrero (Rodolfo) et Ailyn Pérez (Mimì)

Joshua Guerrero (Rodolfo) et Ailyn Pérez (Mimì)

C’est donc avec grand intérêt que la première soirée de reprise de ‘La Bohème’ imaginée par Claus Guth en décembre 2017, à l’occasion de laquelle l’orchestre de l’Opéra de Paris et Gustavo Dudamel collaboraient pour la première fois, était attendue afin de voir comment le public allait réagir.

La grande force de cette production est de déplacer le centre émotionnel sur la condition de Rodolfo et ses amis qui vivent leurs dernières heures à bord d’un vaisseau spatial qui dérive dans le vide sidéral, alors que l’oxygène vient à manquer, ce qui est une autre façon de représenter le sort de ces quatre artistes qui n’ont plus de quoi se nourrir.

Mimi devient ainsi une figure du souvenir nostalgique du bonheur terrestre qui survient quand le cerveau se met à fabriquer des images mentales colorées à l’approche du moment où la vie s'en va.

Joshua Guerrero (Rodolfo)

Joshua Guerrero (Rodolfo)

Comparé aux versions traditionnelles qui inlassablement reproduisent une vision cliché du Paris bohème fin XIXe siècle et de l’animation de ses bars qui convoque des dizaines de figurants sur scène, ce puissant spectacle gagne en épure poétique et ne fait intervenir qu’un nombre très limité de participants avec des coloris signifiants : le blanc pour les tenues des astronautes sur le point de perdre la vie, le rouge pour la robe de Mimi et l’élan vital qu’elle représente, le noir pour tous les personnages parisiens issus de l’imagination de Rodolfo.

Joshua Guerrero (Rodolfo) et Ailyn Pérez (Mimì)

Joshua Guerrero (Rodolfo) et Ailyn Pérez (Mimì)

Le troisième acte réussit une parfaite synthèse entre le concept spatial de Claus Guth et la désolation de la barrière d’Enfer sur cette surface lunaire balayée par les chutes de neige, et le quatrième acte brille par l’humour de la scène étincelante de cabaret qui constitue le dernier baroud de folie pour fuir la réalité avant que la mort n’achève d’entraîner Rodolfo après ses amis.

Mimi, cette lueur de vie qui était apparue afin de surmonter pour un temps le désespoir de la situation, et qui dorénavant s’éteint au dernier souffle du poète, disparaît dans le paysage lunaire.

Slávka Zámečníková (Musetta)

Slávka Zámečníková (Musetta)

Ailyn Pérez, jeune interprète américaine du répertoire français et italien fin XIXe siècle régulièrement invitée au New-York Metropolitan Opera depuis 8 ans, inspire dans les deux premiers actes une félicité épanouie dénuée de toute mélancolie. Ce rayonnement s’accompagne d’une clarté et d’un moelleux de timbre d’une très agréable suavité, ce qui donnerait envie de l’entendre prolonger plus longuement ce souffle passionné qu’elle écourte parfois un peu tôt promptement. 

Andrzej Filończyk (Marcello) et Ailyn Pérez (Mimì)

Andrzej Filończyk (Marcello) et Ailyn Pérez (Mimì)

Son compatriote, Joshua Guerrero, qui devait être son partenaire dans la reprise de ‘Manon’ la saison dernière à l’opéra Bastille, avant qu'il ne se retire pour raison de santé, fait des débuts très appréciés sur la scène parisienne grâce à un charme vocal vaillant d’une très belle unité, même dans la tessiture aiguë, et une impulsivité théâtrale ombreuse qui laisse émaner beaucoup de profondeur de la part de Rodolfo. 

Il donne d’ailleurs l’impression de porter en lui une fougue rebelle qui donne un véritable sens au sentiment de rébellion de son personnage.

La Bohème (Pérez Guerrero Zámečníková Mariotti Guth) Opéra de Paris

Les trois autres artistes/astronautes sont vocalement très bien caractérisés et de façons très distinctes, que ce soit Gianluca Buratto, en Colline, qui dispose d’une forte résonance grave bien timbrée, ou bien Simone Del Savio qui insuffle une douce débonnaireté à Schaunard, ainsi que Andrzej Filończyk qui offre à Marcello jeunesse et modernité, mais peu de noirceur. On pourrait presque le sentir en concurrence avec Rodolfo.

Mais quel envoûtement à entendre la Musetta de Slávka Zámečníková! Glamour et plénitude du timbre, pureté du galbe vocal, sensualité et sophistication de la gestuelle corporelle, elle réussit à devenir un point focal d’une très grande intensité lorsqu’elle interprète ‘Quando me’n vo’ au cœur de l’alcôve dorée qu’a conçue Claus Guth, si bien qu’elle donne immédiatement envie de la découvrir dans des rôles de tout premier plan. 

Ailyn Pérez (Mimì)

Ailyn Pérez (Mimì)

Tous les autres rôles associés, dont quatre sont confiés à des artistes du chœur de l’Opéra de Paris, s’insèrent naturellement à la vitalité scénique, et Michele Mariotti, fervent défenseur d’une lecture à la théâtralité bien marquée, infuse l’amplitude orchestrale à l’action scénique de manière très harmonieuse avec des timbres orchestraux efficacement déployés.

Claus Guth, Michele Mariotti et Ailyn Pérez

Claus Guth, Michele Mariotti et Ailyn Pérez

Et l’un des grands plaisirs est d’avoir redécouvert comment cette version, qui dépouille le drame de toute agitation excessive, recrée un lien très intime entre l’auditeur et la musique de Puccini, d'autant plus que ce retour à la sincérité et à la simplicité se double d’une énergie extrêmement positive renvoyée toute la soirée par les spectateurs présents dans la salle, du moins dans l’entourage proche.

Car dorénavant délivré du public trop traditionnel, bruyant lors des premières et souvent ennuyeux par ses commentaires prévisibles, l’opéra Bastille semble accueillir des personnes plus jeunes et moins formatées qui manifestent beaucoup de joie à cette lecture qui les surprend souvent, ce qui permet de profiter de la soirée avec une fraîcheur tout à fait inattendue.

Et la plus belle surprise est de constater que Claus Guth, revenu pour cette reprise, reçoit au rideau final de chaleureux applaudissements, que les pourvoyeurs de huées se sont évanouis, que les mécontents se retirent en silence, ce qui confirme que ce type de proposition est clairement justifié et conforté.

 

Pour aller plus loin : Présentation de la nouvelle production de La Bohème par Claus Guth pour l'Opéra Bastille

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Publié le 2 Mai 2023

Ariodante (Georg Friedrich Haendel – 1735)
Répétition générale du 14 avril et représentations du 30 avril et 16 mai 2023
Palais Garnier

Ariodante Emily D'Angelo
Ginevra Olga Kulchynska
Polinesso, Duc d’Albany Christophe Dumaux
Le Roi d’Ecosse Matthew Brook
Lurcanio Eric Ferring
Dalinda Tamara Banješević
Odoardo Enrico Casari

Direction musicale Harry Bicket
Mise en scène Robert Carsen (2023)
The English Concert & Chœurs de l’Opéra national de Paris

                                                            Harry Bicket

Coproduction Metropolitan Opera, New-York
Retransmission en direct le jeudi 11 mai 2023 sur la plateforme de l’Opéra national de Paris : Paris Opera Play, et diffusion le samedi 27 mai 2023 sur France Musique à 20 h.

Créé au Covent Garden Theatre de Londres 3 mois avant ‘Alcina’,  le 8 janvier 1735, ‘Ariodante’ fait partie des plus beaux chefs-d’œuvre de Georg Friedrich Haendel composés dans les années 1730, à un moment où les conventions de l’opera seria commençaient à passer de mode et à moins intéresser le public londonien. 

Emily D'Angelo (Ariodante)

Emily D'Angelo (Ariodante)

Son succès modeste ne durera qu’un an, et il faudra attendre près de 250 ans pour qu’il retrouve les scènes du monde entier et soit apprécié à sa juste valeur.

La première implication de l’Opéra de Paris avec cette œuvre inspirée de l’’Orlando Furioso’ de l’Arioste date de 1985, lorsque la production de Pier Luigi Pizzi créée à la Scala de Milan fut présentée au Théâtre des Champs-Élysées pour 5 représentations du 25 mars au 09 avril de cette année là. 

Olga Kulchynska (Ginevra)

Olga Kulchynska (Ginevra)

A cette occasion, les chœurs titulaires du Théâtre national de l’Opéra de Paris s’étaient alliés à La Grande Écurie et la Chambre du Roy sous la direction de Jean-Claude Malgoire, et ce n’est que 16 ans plus tard, le 17 avril 2001, que l’ouvrage fit son entrée au répertoire de l’institution parisienne dans une mise en scène de Jorge Lavelli jamais reprise depuis. 

Le souvenir d’Anne Sofie von Otter chantant le si beau lamento ‘Scherza, infida’ est l’un des moments les plus bouleversants de l’histoire contemporaine du Palais Garnier, immortalisé au disque 4 ans plus tôt lors d’une version de concert donnée au Théâtre de Poissy le 11 janvier 1997.

Emily D'Angelo (Ariodante)

Emily D'Angelo (Ariodante)

Pour le retour d’’Ariodante’ sur les planches de la place de l’Opéra, Alexander Neef a confié cette nouvelle production à une équipe artistique qui se connaît bien, Robert Carsen – il s’agit de sa 13e mise en scène pour l’Opéra de Paris depuis 1991 – et le chef d’orchestre Harry Bicket, qui ont tous deux enregistrés en 2005 la reprise du spectacle mythique du régisseur canadien, ‘A Midsummer’s night dream’ de Benjamin Britten.

Coréalisateur des décors et des éclairages, Robert Carsen imagine des changements de lieux fréquents ayant tous en commun d’être recouverts d’une peinture verte au sol, au plafond et sur les parois décorées de lignes et de motifs carrés, qui évoque le rapport de l’Écosse à la nature.

Ariodante (D'Angelo Kulchynska Dumaux Bicket Carsen) Opéra de Paris

Du cabinet intime de Ginevra - dont la symétrie de la configuration du lit à baldaquin flanqué de lampes de chevet chaleureuses rappelle celle du lit de ‘Rusalka’, une autre production emblématique du metteur en scène - à la grande salle des fêtes du Palais conçue selon un procédé architectural qui a aussi des résonances avec celle des sanctuaires égyptiens, en passant par le bureau du Roi où trônent les portraits de famille, et même cette clairière spacieuse et symbolique où Ariodante cherche l’inspiration pour peindre le portrait de sa bien aimée, se lit le désir de raconter l’histoire de manière sensible, et de rendre la justesse de chaque geste, qu’il soit d’honneur, affectueux ou destructeur. 

Eric Ferring (Lurcanio)

Eric Ferring (Lurcanio)

Également, s’imprime en filigrane la volonté d’opposer la nature violente et mortifère du pouvoir (trophées de têtes de cerfs et armures omniprésents servent de décorum aristocratique fixe et sans vie) à la nature authentique et romantique du prince.

Les jeux d’ombres et de lumières à travers les moindres interstices des portes sont véritablement très beaux, esthétisant un décor assez simple d’apparence, alors que l’utilisation récurrente d’une paroi descendante en avant scène sert aussi bien à isoler les solistes qu’à couvrir les changements de tableaux.

Christophe Dumaux (Polinesso)

Christophe Dumaux (Polinesso)

Une des particularités d’’Ariodante’ est de comprendre des musiques de ballet à la fin de chaque acte. Danse de cour joyeuse et énergique lors de la cérémonie de fiançailles, ou bien chorégraphie cauchemardesque de Ginevra qui voit s’affronter des doubles de Polinesso et d’Ariodante, l’immersion dans la psyché humaine donne de la profondeur à l’intrigue en accentuant les tourments que vivent les protagonistes victimes de la machination du Duc d’Albany.

Mais de petites touches d’humour, souvent destinées à s’amuser des relations entre la cour et le milieu médiatique, émaillent le jeu d’acteur, jusqu’à la scène finale qui invite à tirer un trait sur une société dépassée en faisant apparaître le chœur sous forme d’une foule de touristes plus ou moins bien éduquée déambulant dans une salle de musée où s’érigent les statues de cires de personnalités royales britanniques. Ariodante, Ginevra, Dalinda et Lurcanio auront d'ailleurs enfilés des tenues contemporaines avant de filer à l'anglaise.

Olga Kulchynska (Ginevra) et Emily D'Angelo (Ariodante)

Olga Kulchynska (Ginevra) et Emily D'Angelo (Ariodante)

Pour donner vie à cet univers formel et feutré où couve une violence autoritaire, Harry Bicket est entouré des musiciens de l’ensemble baroque ‘The English Concert’ qu’il dirige depuis 2007.

Rigueur rythmique infailliblement contrôlée, enrichissement subtil du son et étirement des lignes avec lustre et netteté qui ne couvre pas l’expression lyrique des solistes, il règne une clarté musicale qui s’accorde à la sincérité des sentiments dépeints.

Ariodante (D'Angelo Kulchynska Dumaux Bicket Carsen) Opéra de Paris

Issue de l’Ensemble Studio de la Canadian Opera Company après avoir remporté plusieurs premiers prix, Emily D'Angelo investit un nouveau grand rôle haendélien dans la prolongation de ses interprétations de Ruggiero (‘Alcina’) et Serse (‘Xerxès), l’année dernière à Londres.

Absolument subjuguante de par cette manière si naturelle de faire vivre l’allure androgyne d’Ariodante magnifiquement mise en valeur par le metteur en scène, elle inspire un caractère éveillé et romanesque que son timbre de voix homogène aux teintes bronze-argent enrichit d’une ferveur grave qui contribue aussi à une impression d’indétermination adolescente.

Emily D'Angelo (Ariodante)

Emily D'Angelo (Ariodante)

Et Robert Carsen lui offre de plus une très belle scène tout en contrastes d’ombres et de lumières au moment où elle chante ‘Scherza, infida’  comme si elle recherchait la confidence de l’orchestre pour calmer sa peine.

Autre image évocatrice qui marquera fortement, le retour d’Ariodante au troisième acte, avec en arrière plan un simple disque lumineux en guise de pleine lune, où, à nouveau, la voix d’Emily D'Angelo inspire toute l’âme dépressive du prince qui a survécu à son propre suicide.

Olga Kulchynska (Ginevra)

Olga Kulchynska (Ginevra)

Très touchante et acclamée à l’Opéra de Munich le mois précédent dans le rôle de Natacha du Guerre et Paix’ de Sergueï Prokofiev, l’artiste ukrainienne Olga Kulchynska est de retour à l’Opéra de Paris pour rendre au personnage de Ginevra une candeur féminine idéalisée, mais aussi pour faire ressortir les réactions angoissées que le retournement de son père contre elle induit.

Son chant très lumineux aux éclats juvéniles accentue le sentiment de fraîcheur d’âme, alors que les noirceurs du timbre plus estompées sont filées avec une extrême finesse. Pour elle aussi, le metteur en scène détaille une très belle incarnation gestuelle qui permet au charme de cette artiste de s’épanouir harmonieusement.

Tamara Banješević (Dalinda) et Eric Ferring (Lurcanio)

Tamara Banješević (Dalinda) et Eric Ferring (Lurcanio)

Autre personnage d’une très grande force impressive, le Duc d’Albany, qui fait croire au Roi que sa fille est infidèle, est incarné avec une vitalité acérée par Christophe Dumaux qui se délecte à rendre Polinesso le plus infâme possible. Le kilt lui va très bien, et sa voix de contre ténor, agile, bien focalisée, et d’une très grande force radiale, a la minéralité de l’ivoire qui lui permet de camper un être à l’esprit aiguisé. Il est par ailleurs dirigé afin de faire ressortir une véritable confiance calculatrice, mais aussi afin de faire ressentir la puissance sexuelle comme véritable moteur de l’action. L’impulsivité qui le caractérise se double ainsi d’une grande maturité dans l’affirmation de son pouvoir émotionnel.

Enrico Casari (Odoardo) et Matthew Brook (Le Roi d’Écosse)

Enrico Casari (Odoardo) et Matthew Brook (Le Roi d’Écosse)

Tamara Banješević, qui joue Dalinda, insuffle une très grande modernité à la servante de Ginevra par des attitudes très libres, un chant souple, joliment délié, dans une coloration brune qui définit bien le tempérament trouble de la jeune femme qui apprécie de séduire.

Dans le rôle du fiancé, Lucarno, Eric Ferring expose une personnalité tendre et fière à la fois, doué d’un timbre de voix clair et aéré et une attitude bien ancrée qui inspire solidité et humanité.

Olga Kulchynska

Olga Kulchynska

Enfin, c’est un vieux Roi d’Écosse austère que fait vivre Matthew Brook, avec des variations de facettes vocales qui laissent poindre peu de sentiments et d’affectations, et qui s’inscrit plus dans le réalisme expressif, alors qu’ Enrico Casari pare la voix Odoardo de nuances mates et d’un souffle bien stable.

Emily D'Angelo

Emily D'Angelo

Ce spectacle où les chœurs colorés de l’Opéra de Paris sont joyeusement sollicités se joue ainsi des symboles naturels et culturels de l’Écosse, engage les émotions de l’auditeur, et initie aussi une réflexion sur le rapport de l’homme à la nature.

Olga Kulchynska et Christophe Dumaux

Olga Kulchynska et Christophe Dumaux

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Publié le 30 Avril 2023

TV-Web Mai 2023 Lyrique et Musique

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TV-Web Mai 2023 Lyrique et Musique

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Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

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                         Mai 2023

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Gounod : Faust d'orchestre (Opéra de Limoges) jusqu'au 21 mai 2023

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Graines d'étoiles - En scène (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2023

Graines d'étoiles - Le temps des épreuves (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2023

Graines d'étoiles - 5 ans après - Danser classique (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2023

Graines d'étoiles - 5 ans après - La liberté d'être soi (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2023

Graines d'étoiles - 5 ans après - Le chemin des étoiles (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2023

Graines d'étoiles - 5 ans après - L'envol (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2023

Graines d'étoiles - 5 ans après - Danser sa vie (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2023

Placido Domingo (Arènes de Vérone) jusqu'au 31 mai 2023

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Les enfants terribles (Opéra de Rennes) jusqu'au 14 juin 2023

Défilé du Corps de ballet (Opéra de Paris) et Mon premier Lac des Cygnes (Mogador) jusqu'au 14 juin 2023

Graines d'étoiles, les années de maturité (Opéra national de Paris) jusqu'au 15 juin 2023

Les Noces de Figaro (Opéra de Vienne) jusqu'au 15 juin 2023

Der Freischütz (La Fura dels Baus) - moments choisis -  jusqu'au 16 juin 2023

Musique de chambre - Paul Hindemith Orchestra Academy (Frankfurt) jusqu'au 16 juin 2023

Jawnuta (Poznan Opera) jusqu'au 18 juin 2023

Fidelio (Opéra Comique) jusqu'au 20 juin 2023

Ariane à Naxos (Festival d'Aix-en-Provence 2018) jusqu'au 23 juin 2023

Simon Boccanegra (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 23 juin 2023

Giselle (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 26 juin 2023

Concert du Nouvel an (Orchestre national de France) jusqu'au 28 juin 2023

                           Juillet 2023

Rigoletto (Opéra de Montpellier) jusqu'au 01 juillet 2023

Les sept paroles du Christ (Vladimir Jurowski) jusqu'au 02 juillet 2023

Chefs-d’œuvre de musique française par François-Xavier Roth - "Les Siècles" fête ses 20 ans (Tourcoing) jusqu'au 04 juillet 2023

Le Moine noir (Festival d'Avignon 2022) jusqu'au 07 juillet 2023

Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier (Festspielhaus Baden-Baden) jusqu'au 07 juillet 2023

Moïse et Pharaon (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 11 juillet 2023

Résurrection - Castellucci (Festival d'Aix-en-Provence 2022) jusqu'au 12 juillet 2023

Guillaume Tell (Irish National Opera) jusqu'au 13 juillet 2023

Les Vêpres siciliennes (Teatro Massimo, Palermo) jusqu'au 14 juillet 2023

Luciano Pavarotti (Live in Central Park) jusqu'au 21 juillet 2023

L'Orfeo (Festival de Beaune) jusqu'au 22 juillet 2023

Agrippina (Drottningholm Palace Theatre) jusqu'au 27 juillet 2023

Ukrainian Freedom Orchestra (Concert de Varsovie) jusqu'au 29 juillet 2023

                           Août 2023

Fauteuil d'orchestre (Opéra Comique) jusqu'au 03 août 2023

Concert inaugural de l'Opéra national de Paris (dm Dudamel) jusqu'au 04 août 2023

Jonas Kaufmann et Diana Damrau (Musikverein de Vienne) jusqu'au 04 août 2023

Turandot (Finnish Opera & Ballet) jusqu'au 16 août 2023

Aida (Opéra national de Paris) jusqu'au 16 août 2023

Achille in Sciro (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 25 août 2023

Vivaldi sous les étoiles (Planétarium de Fribourg) jusqu'au 28 août 2023

T                       Septembre 2023

Guerre et Paix (Bayerische Staatsoper) jusqu'au 05 septembre 2023

Jules César en Egypte (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 07 septembre 2023

Soirée Balanchine (Opéra national de Paris) jusqu'au 07 septembre 2023

Max Emanuel Cencic chante Haendel (Bayreuth 2022) jusqu'au 09 septembre 2023

Soirée de l'Opernstudio (Opéra de Frankfurt) jusqu'au 09 septembre 2023

Il matrimonio segreto (Teatro Regio di Parma) jusqu'au 10 septembre 2023

Alessandro nell' Indie de Leonardo Vinci (Bayreuth 2022) jusqu'au 10 septembre 2023

Catone in Utica (Teatro Comunale di Ferrara) jusqu'au 17 septembre 2023

'Amazon' par Lea Desandre, Thomas Dunford et l'Ensemble Jupiter  jusqu'au 20 septembre 2023

La Boxeuse amoureuse de Marie Agnès Gillot et Arthur H  jusqu'au 21 septembre 2023

Concert en soutien au peuple ukrainien (Orchestre national de l'Opéra de Lituanie) jusqu'au 21 septembre 2023

Rigoletto (Opéra de Rouen) jusqu'au 23 septembre 2023

Boris Godounov (New National Theater Tokyo) jusqu'au 24 septembre 2023

Asmik Grigorian (Philharmonie de Paris) jusqu'au 30 septembre 2023

                           Octobre 2023

Cendrillon - Pauline Viardot (Palau de les Arts Reina Sofia) jusqu'au 01 octobre 2023

Les Paladins (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 03 octobre 2023

Lakmé (Opéra Comique) jusqu'au 05 octobre 2023

Haendel au Théâtre du Châtelet jusqu'au 06 octobre 2023

Aida (Teatro dell'Opera di Roma) jusqu'au 07 octobre 2023

La Décision (Birmingham Opera Company) jusqu'au 14 octobre 2023

Kaija dans le miroir jusqu'au 13 octobre 2023

Maria Callas : Renata Tebaldi, la Féline et la Colombe jusqu'au 13 octobre 2023

La décision (Birmingham Opera Company) jusqu'au 14 octobre 2023

Mythologies (Angelin Preljocaj) jusqu'au 15 octobre 2023

Prix Opera XXI (Theatre principal de Palma) jusqu'au 18 octobre 2023

Nathalie Stutzmann dirige l'Orchestre de Paris jusqu'au 20 octobre 2023

La Sonnambula (Deutsche Oper am Rhein) jusqu'au 21 octobre 2023

L'Oiseau de Feu (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 24 octobre 2023

L'Orfeo (Staatsoper Hannover) jusqu'au 28 octobre 2023

                           Novembre 2023

Atys (Opéra de Versailles) jusqu'au 09 novembre 2023

Les Talens Lyriques (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 11 novembre 2023

Le Songe d'une nuit d'été (Royal Swedish Opera) jusqu'au 12 novembre 2023

I Capuleti e i Montecchi (Opéra national de Paris) jusqu'au 12 novembre 2023

Henri VIII (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 16 novembre 2023

The Turn of the Screw (Teatro di Reggio Emilia) jusqu'au 21 novembre 2023

Haendel au Théâtre du Châtelet jusqu'au 23 novembre 2023

Soirée Maurice Béjart (Opéra National de Paris) jusqu'au 24 novembre 2023

Lennon (Croatian National Theatre in Zagreb) jusqu'au 26 novembre 2023

                           Décembre 2023

Fromental Halévy : La Tempesta (Wexford Festival Opera 2022) jusqu'au 03 décembre 2023

La Finta Pazza (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 04 décembre 2023

Joyce DiDonato : Master Class au Carnegie Hall (I/III) jusqu'au 12 décembre 2023

Joyce DiDonato : Master Class au Carnegie Hall (II/III) jusqu'au 12 décembre 2023

Joyce DiDonato : Master Class au Carnegie Hall (III/III) jusqu'au 13 décembre 2023

Les Chemins de Bach / Dynasties à la Philharmonie de Paris jusqu'au 13 décembre 2023

Concert de Noël 2020 du Philharmonique de Radio France jusqu'au 17 décembre 2023

La vie parisienne (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 23 décembre 2023

Léa Desandre, récital baroque jusqu'au 31 décembre 2023

 

                           Janvier 2024

Idomeneo (Festival d'Aix-en-Provence 2022) jusqu'au 15 janvier 2024

Les artistes de l'académie de l'Opéra national de Paris (dm Dudamel) jusqu'au 23 janvier 2024

                           Février 2024

Giulio Cesare (Opéra national des Pays-Bas) jusqu'au 01 février 2024

                          Mars 2024

Hamlet (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mars 2024

Asmik Grigorian (Philharmonie de Paris) jusqu'au 31 mars 2024

                       Avril 2024

Messe en si mineur (Chapelle Royale de Versailles) jusqu'au 07 avril 2024

Récital Pene Pati (Dvorak Rudolfinum de Prague) jusqu'au 19 avril 2024

 

                          Mai 2024

Bastarda - Le Couronnement (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - La tournée royale (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Mary, Reine d'Ecosse (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Tuer une Reine (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Miroirs brisés (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - La Reine de la Farce (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

                          Juin 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 30 juin 2024

                           Juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

                           Septembre 2024

Christiane Eda-Pierre, en scène jusqu'au 05 septembre 2024

Dalibor (Théâtre national de Prague) jusqu'au 10 septembre 2024

                          Décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 21 décembre 2024

 

                           Février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

 

                         Septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

 

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique