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Publié le 23 Avril 2024

Street Scene (Kurt Weill – Philadelphie, Schubert Theater, 16 décembre 1946,  New York, Adelphi Theatre, 9 janvier 1947 – version révisée)
Fragments de l’opéra de Broadway de 1948 Street Scene
Représentation du 19 avril 2024
MC93, Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny

Artistes en résidence à l’Académie de l'Opéra de Paris

Greta Fiorentino Sima Ouahman
Emma Jones Seray Pinar
George Jones Luis Felipe Sousa
Carl Olsen Adrien Mathonat
Anna Maurrant Margarita Polonskaya
Frank Maurrant Ihor Mostovoi
Rose Maurrant Teona Todua
Sam Kaplan Kevin Punnackal
Shirley Kaplan Lisa Chaïb-Auriol
Mrs Hildebrand Sofia Anisimova

Artistes de la Maîtrise des Hauts-de-Seine
Charlie Hildebrand Noah Diabate
Willie Maurrant Nicolas Brière

Artistes invités
Mae Jones Lindsay Atherton
Dick McGann Robson Broad
Mr Sankey Teddy Chawa
Mr Fiorentino Francesco Lucii
Olga Olsen Cornelia Oncioiu
Harry Easter Jeremy Weiss

Direction musicale Yshani Perinpanayagam
Mise en scène Ted Huffman (2024)

Avec les musiciens de l’Académie de l’Opéra national de Paris et les musiciens de l'Orchestre atelier Ostinato
Coproduction avec la MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis

Après ‘Don Giovanni’ en 2014, chanté par l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, puis ‘La Chauve Souris’ en 2019, l’Académie de l’Opéra de Paris est de retour au MC93 de Bobigny pour y présenter des fragments de ‘Street Scene’, un des opéras de Kurt Weill qui inspirera plus tard Leonardo Bernstein par l’art avec lequel plusieurs influences musicales sont unifiées en une même composition orchestrale afin de conduire à un drame poignant.

Margarita Polonskaya (Anna Maurrant)

Margarita Polonskaya (Anna Maurrant)

Dans cette œuvre, le compositeur allemand, naturalisé ‘Américain’ en 1943, se base sur une nouvelle d’Emler Rice (1929) pour décrire la vie fourmillante d’un quartier de l’est de Manhattan où les habitants vivent en songeant à un avenir meilleur.

Plusieurs familles cohabitent plus ou moins difficilement, la famille Jones, menée par Emma, véritable commère mariée à un homme alcoolique, le couple suédois Olsen, le couple italo-allemand Fiorentino, la mère célibataire Hildebrand et son petit garçon, la famille érudite Kaplan dont le fils, Sam, est amoureux de Rose Maurrant autour de laquelle la tragédie va se cristalliser.

Et pour cette version réduite à une heure quarante, seuls dix-huit de la trentaine de personnages sont incarnés, dix par les artistes de l’Académie, deux enfants par les artistes de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, auxquels se joignent six autres artistes invités.

Cornelia Oncioiu (Olga Olsen) et Adrien Mathonat (Carl Olsen)

Cornelia Oncioiu (Olga Olsen) et Adrien Mathonat (Carl Olsen)

Le dispositif scénique est constitué de la fosse d’orchestre entourée de balustrades autour desquelles les chanteurs jouent des scènes vivantes et sensibles au milieu des spectateurs répartis de part et d’autre sur les gradins de l’amphithéâtre principal, ainsi que sur une estrade plus réduite placée en face à face.

Tout au long de la représentation, le son laqué de l’orchestre constitué de musiciens de l’Académie et de musiciens de l’Orchestre Atelier Ostinato, une formation de jeunes artistes de 18 à 25 ans, est très bien unifié, débordant d’un vrai lyrisme puccinien et d’un doux entrain dans les passages jazzy en apparence nonchalants. Pianiste, compositrice et directrice musicale, Yshani Perinpanayagam insuffle une énergie profonde, et même un dramatisme romantique dès l’ouverture, qui s’équilibre très bien avec la partie chantée, rehaussée par des micros pour assurer une proximité quel que soit le placement de l’auditeur.

Lindsay Atherton (Mae Jones) et Ted Huffman

Lindsay Atherton (Mae Jones) et Ted Huffman

Ted Huffman, jeune metteur en scène new-yorkais que beaucoup de théâtres internationaux, mais aussi français, connaissent depuis une douzaine d’années, travaille le rendu psychologique des personnages afin de faire ressortir leur état d’esprit et leur condition sociale par leurs tenues contemporaines et ordinaires, mais aussi par leurs manières d’être.

Il évite de faire prendre aux chanteurs une tonalité trop mélodramatique, et montre surtout une vrai envie de faire ressentir qu’ils sont tous liés par une force symbolisée par l’orchestre central, le point de rencontre vers lequel ils reviennent toujours après qu’ils se soient retirés momentanément à travers les gradins.

Teona Todua (Rose Maurrant)

Teona Todua (Rose Maurrant)

Dans cette production, tous les artistes sont très jeunes, ce qui permet également d’entendre des voix d’une belle homogénéité même pour les personnages censés être bien plus âgés.

La soprano polonaise Margarita Polonskaya, en Anna Maurrant - une femme mariée qui entretient une relation avec le laitier, Mr Sankey, incarné par Teddy Chawa, un acteur qui est apparu récemment dans deux pièces de Tiphaine Raffier, ‘La réponse des hommes’ et ‘France fantôme’ -, possède déjà d’impressionnantes qualités lyriques avec une voix profonde, chargée d’intensité, qui évoquent couleurs et les vibrations de la soprano bulgare Krassimira Stoyanova.

Originaire de Donetsk, Teona Todua brosse le portrait de Rose, la fille d’Anna Maurrant, avec un jeu et un chant d’une fine émotivité, vêtue du rouge de la vie et de la passion au début, puis de noir en seconde partie lorsque s’annonce le drame passionnel qui aboutira au meurtre soudain de sa mère par son père jaloux.

Kevin Punnackal (Sam Kaplan)

Kevin Punnackal (Sam Kaplan)

Sa relation avec le jeune Sam Kaplan est le cœur palpitant de l’œuvre, car se pose en permanence la question de ce qu’elle éprouve confusément pour lui, et si elle le prend au sérieux. 

Le ténor indo-américain Kevin Punnackal dévoue au rôle de Sam Kaplan un charme vocal doux et boisé idéal pour exprimer une vraie maturité romantique, et la chaleur qu’il communique à l’audience se démarque de l’ambiance générale d’autant plus que Kurt Weill lui confie les pages les plus exaltées de l’ouvrage. 

Seray Pinar (Emma Jones)

Seray Pinar (Emma Jones)

Tous les caractères sont ainsi bien très bien dessinés et différenciés en terme de couleurs, que ce soit la noirceur bienveillante d’Adrien Mathonat en Carl Olsen, dont la femme est jouée avec naturel et familiarité par une ancienne de l’Atelier lyrique, Cornelia Oncioiu, ou bien la pétillance impertinente de Seray Pinar, très à l’aise dans le jeu social qu’elle entend animer, ou bien le sinistre Frank Maurrant dont Ihor Mostovoi exprime toutes les rancœurs hargneuses qui le mènent à la déchéance, puis au crime.

Et rodé à la comédie musicale – il intervenait récemment dans ‘Moulin Rouge’, le Musical, à Londres -, l’acteur Robson Broad joue de son jeune physique musclé pour interpréter un Dick McGann dragueur et joueur avec un brillant très nettement affiché.

Robson Broad (Dick McGann)

Robson Broad (Dick McGann)

Grand succès au final pour l’ensemble de l’équipe artistique qui réussit à rendre ce spectacle stimulant alors qu’il est joué sans décors, ce qui accentue la charge vitale de chacun des chanteurs et permet un échange d’énergie assez fort avec le public.

Street Scenes (d’après Kurt Weill - Académie de l’Opéra de Paris ) MC93

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Publié le 17 Avril 2024

La dixième saison de Joan Matabosch à la direction artistique du Teatro Real de Madrid a été révélée le jeudi 04 avril 2024, soit avec plus d’un mois d’avance par rapport à l’annonce de la saison 2023/2024, et contraste fortement avec la saison en cours par la quasi absence d'œuvres post-romantiques.

Saison lyrique 2024/2025 du Teatro Real de Madrid

Ainsi, la saison 2024/2025 présente 11 ouvrages lyriques en version scénique ou semi-scénique (contre 15 cette saison) et 8 opéras en version de concert pour un total de 96 représentations, soit 23 soirées de moins que l’exceptionnelle saison 2023/2024, mais tous seront joués dans la grande salle, ce qui est le volume habituel du théâtre madrilène.
Et 11 de ces 19 ouvrages n‘ont jamais été interprétés sur cette scène.

Elīna Garanča (La Princesse de Bouillon) dans  'Adriana Lecouvreur'

Elīna Garanča (La Princesse de Bouillon) dans 'Adriana Lecouvreur'

L’Opéra Italien du XIXe siècle

La langue italienne et le répertoire du XIXe siècle vont représenter tous deux les deux tiers des soirées, ce qui est la proportion que l’on observe dans les maisons d’opéra traditionnelles telle le MET de New-York, comme si cette saison était pensée pour offrir d’abord de beaux écrins à de grandes chanteuses et de grands chanteurs.

Ainsi, deux piliers du répertoire traditionnel italien ouvriront et clôtureront la saison 2024/2025 pour un total de 31 soirées, soit 1/3 de la programmation.

En ouverture, ‘Adriana Lecouvreur’ de Francesco Cilea (mis en scène par la production bien connue et internationale de David McVicar – Londres, 2010), fera son entrée au répertoire du Teatro Real à l’occasion du 50e anniversaire de l’interprétation de l’œuvre par José Carreras et Montserrat Caballé au Teatro de la Zarzuela les 6 et 8 juin 1974. Le public madrilène y retrouvera Ermonela Jaho, Maria Agresta, Elīna Garanča et Ekaterina Semenchuk selon les soirs.

Et à l’été 2025, ‘La Traviata' sera donné dans la production de Willy Decker (Festival de Salzbourg, 2005) sur une longue série avec d’excellentes distributions comprenant Nadine Sierra, Adela Zaharia, Xabier Anduaga, et Juan Diego Flórez notamment.

Deux autres ouvrages représentatifs du jeune Giuseppe Verdi seront interprétés en version de concert, deux soirs chacun, ‘Les Lombards à la Première Croisade’, avec Anna Pirozzi, et ‘Attila’, avec Sondra Radvanovsky.

Enfin, une œuvre belcantiste rejoindra ce groupe d’opéras verdiens et post-verdiens, ‘Maria Stuarda’ de Gaetano Donizetti, à nouveau dans une mise en scène de David McVicar (co-production avec le Gran Teatre del Liceu, le Donizetti Opera Festival - Bergamo et La Monnaie de Bruxelles), avec, selon les soirs, Aigul Akhmetshina, Silvia Tro Santafé, Lisette Oropesa ou bien Yolanda Auyanet.

Elsa Dreisig (Sifare) dans 'Mitridate, Re di Ponto'

Elsa Dreisig (Sifare) dans 'Mitridate, Re di Ponto'

La tragédie française selon Mozart

Les amoureux de la langue italienne chantée avec la finesse d’écriture de Mozart pourront ensuite retrouver deux ouvrages inspirés de tragédies françaises, ‘Mitridate, Re di Ponto’, d’après la pièce de Jean Racine, dans une nouvelle production de Claus Guth et sous la direction d’Ivor Bolton, avec la ravissante Elsa Dreisig en Sifare, et, en version semi-scénique, ‘Idomeneo, Re di Creta’ d’après l’œuvre éponyme d’André Campra, sous la direction de René Jacobs.

Gustavo Gimeno, direction musicale d'‘Eugène Onéguine’

Gustavo Gimeno, direction musicale d'‘Eugène Onéguine’

L’Opéra romantique russe

L’un des cœurs de cette saison est la présentation de deux ouvrages russes basés sur des textes d’Alexandre Pouchkine, ‘Eugène Onéguine’ de Piotr Ilitch Tchaïkovski, dans une nouvelle production de Christof Loy (coproduction Den Norske Opera & Ballett d’Oslo et Gran Teatre del Liceu), qui sera dirigée par Gustavo Gimeno, le nouveau directeur musical du Teatro Real de Madrid à partir de septembre 2025, et ‘Le Conte du Tsar Saltan’ de Nikolaï Rimski-Korsakov, une merveilleuse production de Dmitri Tcherniakov qui a déjà circulé à Strasbourg et à Bruxelles, sous la direction de Karel Mark Chichon.

Joyce DiDonato - Irène dans 'Theodora' et Storgé dans 'Jephté'

Joyce DiDonato - Irène dans 'Theodora' et Storgé dans 'Jephté'

Le Festival baroque

Ensuite, c’est toute une série d’opéras baroques dans les langues italienne, française et anglaise qui seront interprétés pour près de 20% des soirées.

Œuvre à forte dimension spirituelle, ‘Théodora’ de  Georg Friedrich Händel fera son entrée au répertoire dans la production londonienne de Katie Mitchell sous la direction d’ Ivor Bolton avec Julia Bullock, Joyce DiDonato et Iestyn Davies.

Les madrilènes pourront également découvrir des extraits des ‘Indes Galantes’ de Jean-Philippe Rameau sous la direction de Leonardo García Alarcón et dans la mise en scène de Bintou Dembélé.
Tous deux participaient déjà à la production marquante de Clément Cogitore réalisée pour l’opéra Bastille en 2019. 

Puis, 6 ouvrages en version de concert seront joués chacun pour un soir, ‘David et Jonathas’ de Marc-Antoine Charpentier (direction Sébastien Daucé), une trilogie Händel avec ‘Tamerlano’ (direction René Jacobs), ‘Alcina’ (direction Francesco Corti avec Elsa Dreisig, Sandrine Piau et Emily d’Angelo) et ‘Jephté’ (direction Francesco Corti avec Michael Spyres et Joyce DiDonato), un opéra du compositeur catalan Domènec Terradellas ‘La Merope’ (direction Francesco Corti avec Emoke Baráth et Pia Francesca Vitale), et enfin, ‘L’Uomo Femmina’ de Baldassare Galuppi (direction Vincent Dumestre avec Eva Zaïcik et Lucile Richardot), opéra récemment redécouvert et que les Français pourront notamment voir avec la même équipe à Versailles et à Dijon dans une mise en scène d’Agnès Jaoui au cours de la saison 2024/2025.

 Jesús Torres, compositeur de 'Tejas Verdes’

Jesús Torres, compositeur de 'Tejas Verdes’

L’Opéra espagnol du XXe et XXIe siècle

A l’opposé de la saison 2023/2024, seul un spectacle donné sur 6 soirées sera consacré à l’opéra postromantique et contemporain. 

Il s’agira d’un diptyque de deux compositions musicales en langue espagnole mis en scène par Rafael R. Villalobos et dirigé par Jordi Francés, ‘La Vida Breve’ de Manuel de Falla, une œuvre inspirée du courant vériste italien, et, en création mondiale, ‘Tejas Verdes’ de Jesús Torres, compositeur né à Saragosse qui appréhendera dans son second opéra la période de la dictature de Pinochet, une œuvre que l’on pourra rapprocher de ‘Die Passagierin’, de Mieczysław Weinberg, présenté cette saison.

Joan Matabosch (Directeur artistique), Gregorio Marañón (Président) et García-Belenguer (Directeur général)

Joan Matabosch (Directeur artistique), Gregorio Marañón (Président) et García-Belenguer (Directeur général)

Cette saison sans Richard Wagner, Richard Strauss, et même sans la moindre œuvre allemande, et sans Giacomo Puccini, est assez singulière dans le paysage lyrique, et elle montre l’avantage en terme de souplesse que peut avoir une maison qui cherche à se constituer une forte expérience musicale en attirant de grands artistes sans chercher à se créer une identité propre pour autant. La présence de deux opéras russes est par ailleurs un fait assez rare pour être souligné, et la création mondiale de 'Tejas Verdes’ de Jesús Torres sera suivie de près.

Reste que cette saison tranche tant avec l'ouverture programmatique constatée ces dernières années que la question sous-jacente est de savoir si elle annonce une durable inflexion dans le choix des œuvres, des sujets qu'elles abordent et de la façon de les représenter, où bien s'il s'agit d'une respiration dans un parcours mené de façon très ambitieuse ces dernières années.

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Publié le 1 Avril 2024

La Voix humaine (Francis Poulenc – Opéra Comique, le 06 février 1959)
Silencio (Rossy de Palma et Christof Loy – Madrid, le 17 mars 2024)
Erwartung (Arnold Schönberg – Prague, le 06 juin 1924)
Représentation du 23 mars 2024
Teatro Real de Madrid

La Voix Humaine
La Femme Ermonela Jaho
Marthe Rossy de Palma

Silencio
La Femme Rossy de Palma
La Voix Christof Loy

Erwartung
La Femme Malin Byström
L’Homme Gorka Culebras

Direction musicale Jérémie Rhorer
Mise en scène Christof Loy (2024)

Coproduction avec le Teatr Wielki de Varsovie
En commémoration du 150e anniversaire de la naissance d’Arnold Schönberg

 

Longtemps associé au charmant opéra bouffe ‘The Telephone’ de Gian Carlo Menotti (1946), ‘La Voix humaine’ de Francis Poulenc fut couplé plus tard à ‘Erwartung’ d’Arnold Schönberg, ces deux ouvrages étant les deux premiers monodrames pour femme seule composés au XXe siècle – il y en aura un troisième ultérieurement, ‘Erzsebet’ de Charles Chaynes, créé à l’Opéra national de Paris le 28 mars 1983 -. 

Affiche de La Voix Humaine, Silencio et Erwartung au Teatro Real de Madrid

Affiche de La Voix Humaine, Silencio et Erwartung au Teatro Real de Madrid

Ils parlent des souffrances et de la solitude de deux femmes, l’une qui laisse ses sentiments torturer son cœur alors que son amant se sépare d’elle au téléphone, et l’autre, perdue en forêt, qui se livre aux impressions étranges dans la quête de son amant perdu qu’elle retrouve assassiné, ce qui l’entraîne dans un délire de pensées affectives plus ou moins inquiétantes.

Francis Poulenc et Arnold Schönberg à Mödling le 6 juin 1922 : source Arnold Schönberg Center (Vienne)

Francis Poulenc et Arnold Schönberg à Mödling le 6 juin 1922 : source Arnold Schönberg Center (Vienne)

Par ailleurs, Francis Poulenc rencontra le compositeur autrichien en juin 1922, lors d’un séjour viennois organisé chez Alma Mahler à l’occasion de l’audition de ‘Pierrot Lunaire’ dans sa version allemande, ouvrage que le Teatro Real de Madrid a aussi présenté il y a quelques semaines.

Le Théâtre du Châtelet présenta ce diptyque en octobre 2002, pour lequel Jessy Norman incarna les deux rôles féminins, et le Teatro Real Madrid le monte pour la première fois dans une nouvelle production de Christof Loy, en complément des célébrations des 150 ans de la naissance d’Arnold Schönberg (13 septembre 1874).

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho - La Voix humaine

La structure du décor est la même pour les deux ouvrages, élaborée de manière à représenter une large pièce éclairée à l’arrière par d’immenses fenêtres à carreaux. Mais pour faire ressentir l’état de désolation de ‘La Voix humaine’, elle est totalement vidée à la suite d’un déménagement. Ne règne plus que la froideur.

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho apparaît comme une belle jeune femme moderne, dynamique et sûre d’elle qui ose encore sourire à la vie. N’importe quelle femme d’aujourd’hui, libre et indépendante pourrait se reconnaître en elle. Mais au fur et à mesure que la conversation avance autour de ce téléphone au fil interminable, les traits du visage se crispent, les habits deviennent plus légers, et l’on assiste à une descente qui va droit au gouffre, à un optimisme de façade qui se défait, à un corps qui lâche les poses sophistiquées pour se laisser aller dans la chute, jusqu’à l’ultime prise de médicaments.

Ce fil noir si long et si fin au sol a un effet terrible tant il fait ressentir l’étroitesse et le rien de la conversation au milieu d’un océan de vide sentimental.

Ermonela Jaho - La Voix humaine

Ermonela Jaho - La Voix humaine

La soprano albanaise est une artiste véritablement bouleversante, car elle met beaucoup de cœur avec un tempérament écorché qui convient bien, sans pour autant hystériser le comportement de la jeune femme à outrance. Son personnage est très humain car l’affectivité en jeu est fortement palpable, et le spectateur n’a donc aucun mal à se projeter dans cette situation désespérée.

Et si l’interprétation corporelle et théâtrale est nerveusement très engagée, son chant est avant tout lyrique avec des impulsions saisissantes quand elle sent la folie la gagner. Toutefois, noyée dans la noirceur du timbre, son élocution n’est pas suffisamment bien définie, et c’est donc moins le détail du texte que la sincérité de l’expression des sentiments qui fait la force de ce beau portrait très accrocheur.

Rossy de Palma - Silencio

Rossy de Palma - Silencio

A la direction d’un orchestre du Teatro Real très démonstratif, Jérémie Rhorer libère beaucoup d’ampleur ce qui donne l’impression que la situation dramatique happe littéralement la jeune femme. Ce lyrisme impétueux aux accents sévères et peu intimistes est d’une noirceur très prononcée ce qui ajoute à l’atmosphère crépusculaire du drame personnel.

Et au cours de ce monologue, l’actrice Rossy de Palma, qui incarnait Eva et Tornada dans ‘Le chanteur de Mexico’ au Théâtre du Châtelet en 2006, joue le rôle muet de Marthe, regard bienveillant et inquiet qui sait d’avance que tout est perdu.

Pleine Lune occultée par la géométrie du Teatro Real de Madrid, au sortir d''Erwartung'

Pleine Lune occultée par la géométrie du Teatro Real de Madrid, au sortir d''Erwartung'

Nous la retrouvons en prologue de la seconde partie à travers un monologue théâtral ‘Silencio’ conçu avec Christof Loy sur la base de textes de divers auteurs tels Oscar Wilde, Bertolt Brecht et des dramaturges de Zarzuelas, Anselmo C. Carreno et Luis Fernández de Sevilla.

A l’avant scène, sur fond noir, l’artiste asturienne surplombe l’orchestre tout en largeur en laissant traîner derrière elle le panache blanc de sa très longue robe de mariée. Elle raconte à travers les modulations de sa voix le désir ardent pour l’autre, et son évocation de ‘Salomé’, dite en excellent français, fait une parfaite liaison avec la seconde oeuvre, ‘Erwartung’.

Malin Byström - Erwartung

Malin Byström - Erwartung

Dans cette pièce, la soprano suédoise Malin Byström fait revivre le personnage imaginé par Marie Pappenheim, écrivaine et médecin, avec un modelé du texte et une complexité de couleurs névrotique qui évoque sa grande Salomé à la scène.

Le décor utilisé pour ‘La Voix humaine’ est cette fois enrichi de la présence de la chambre, de la salle à manger, de lumières mauves et orangées plus chaleureuses, et les fenêtres sont ouvertes pour laisser entrevoir les fleurs qui embellissent le balcon de la maison.

L’ouvrage commence comme une attente bovaryste confortable et très vite prenante de par l’osmose qui règne entre la présence vocale de Malin Byström et le superbe expressionnisme orchestral des musiciens. Jérémie Rhorer dégage ainsi une intensité et une netteté de sonorités que l’on retrouve aussi dans le timbre de la chanteuse.

Malin Byström et Gorka Culebras - Erwartung

Malin Byström et Gorka Culebras - Erwartung

Ce tableau bourgeois bascule ensuite dans le surréalisme avec la découverte du corps de l’amant gisant à moitié nu au pied du lit. Il se relève, en sang, et tout un jeu malsain se déploie, là aussi avec beaucoup de références à la relation entre Salomé et Jean-Baptiste. L’aveuglement du désir donne une apparence tout à fait normale et étonnamment sereine à cette rencontre macabre.

Puis, avec le retour des lumières du jour, survient, en coup de théâtre final, le même mari rentrant de sa journée au bureau, comme si l’absence temporaire de ce dernier avait engendré chez sa femme tout un délire morbide.

Rossy de Palma, Ermonela Jaho, Malin Byström et Gorka Culebras

Rossy de Palma, Ermonela Jaho, Malin Byström et Gorka Culebras

Ce diptyque qui charrie des sentiments sombres et cachés se déroule en parallèle des représentations de ‘Die Passagierin’ et montre à quel point l’orchestre titulaire du Teatro Real de Madrid s’exalte dorénavant dans les pièces les plus ardues, une progression qui ne cesse d’impressionner.

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Publié le 27 Mars 2024

Die Passagierin (Mieczysław Weinberg – composé en 1968, première à Moscou le 25 décembre 2006)
Livret d’Alexander Medvedev, d’après la pièce radiophonique ‘Pasażerka z kabiny 45’ (1959) et la nouvelle ‘Pasażerka’ (1962) de Zofia Posmysz (1923-2022)
Représentation du 16 mars 2024 au Bayerische Staatsoper de Munich et
Représentation du 24 mars 2024 au Teatro Real de Madrid

Distribution              Bayerische Staatoper            Teatro Real de Madrid

L’autre Lisa              Sibylle Maria Dordel            
Lisa                           Sophie Koch                         Daveda Karanas
Walter                       Charles Workman                  Nikolai Schukoff
Marta                        Elena Tsallagova                    Amanda Majeski
Tadeusz                     Jacques Imbrailo                   Gyula Orendt
Katja                                                                        Anna Gorbachyova-Ogilvie
Alte                                                                         Helen Field
Krystina                    Daria Proszek                        Lidia Vinyes-Curtis
Vlasta                       Lotte Betts-Dean                    Marta Fontanals-Simmons
Hannah                     Noa Beinart                            Nadezhda Karyazina
Bronka                      Larissa Diadkova                   Liuba Sokolova
Yvette                       Evgeniya Sotnikova               Olivia Doray
SS-Mann                  Bálint Szabó,                          Hrólfur Sæmundsson,
                                 Roman Chabaranok,               Marcell Bakonyi,
                                 Gideon Poppe                         Albert Casals
Älterer Passagier      Martin Snell                           Graeme Danby    
Oberaufseherin / Kapo    Sophie Wendt                  Géraldine Dulex
Steward                    Lukhanyo Bele                       Graeme Danby

Direction musicale   Vladimir Jurowski                  Mirga Gražinytè-Tyla
Mise en scène           Tobias Kratzer (2024)             David Pountney (2010)

Nouvelle production du Bayerische Staatsoper
Nouvelle production du Teatro Real, en co-production avec le festival de Bregenz, Le Théâtre Wielki de Varsovie, et l’English National Opera.
En hommage au 10e anniversaire de la disparition de Gerard Mortier (1943-2014)  

Au même moment, et pour commémorer le 10e anniversaire de la disparition de Gerard Mortier (1943-2014) , l’opéra d’État de Bavière et le Teatro Real de Madrid, respectivement dirigés par Serge Dorny et Joan Matabosch, montent une pièce du compositeur russe Mieczysław Weinberg (1919-1996) basée sur la nouvelle ‘La Passagère’ de Zofia Posmysz, une survivante du camp d’extermination d’Auschwitz.

Die Passagierin (Weinberg) - ms Kratzer à Munich / ms Pountney à Madrid

Die Passagierin (Weinberg) - ms Kratzer à Munich / ms Pountney à Madrid

L’œuvre fut achevée en 1968, mais elle ne fut donnée en version semi-scénique que le 25 décembre 2006 à la Maison internationale de la musique de Moscou, puis en version scénique au Festival de Bregenz, en juillet 2010, dans une mise en scène de David Pountney et sous la direction de Teodor Currentzis.

Gerard Mortier, coproducteur de ce spectacle, vint au célèbre festival autrichien pour y assister, mais il ne put le monter comme prévu à Madrid à cause de la crise économique qui sévissait en 2012 et 2013, et c’est donc Joan Matabosch, son successeur et fidèle admirateur, qui s’en charge cette saison après avoir programmé tous les ouvrages que le directeur flamand tenait à cœur de présenter.

Le Teatro Real de Madrid aux applaudissements finaux de 'Die Passagierin'

Le Teatro Real de Madrid aux applaudissements finaux de 'Die Passagierin'

L’idée d’écrire ‘Pasażerka z kabiny 45’ est venue à Zofia Posmysz lorsque, se rendant à Paris en 1959 pour écrire sur l’ouverture de la ligne Varsovie-Paris, elle crut reconnaître, place de La Concorde, la voix de sa surveillante à Auschwitz. Une fois chez elle, et incapable d’apaiser ses questionnements, son mari lui suggéra de rédiger une nouvelle.

Plus tard, Chostakovitch recommandera à Weinberg d’en faire un opéra.

L'orchestre du Bayerische Staatsoper de Munich

L'orchestre du Bayerische Staatsoper de Munich

Mettre en miroir les productions madrilène et munichoise est véritablement passionnant à vivre, et avant d’en venir à la nouvelle production de Tobias Kratzer, commencer par celle de David Pountney permet d’aborder, en premier lieu, une lecture qui ne cache rien de la vie dans les camps.

Le dispositif scénique représente en hauteur le pont du navire transatlantique qui emmène, en 1960, l’ancienne tortionnaire Lise et son mari Walter au Brésil. Mais au pied du décor, des rails circulaires enlacent la nacelle du bâtiment, et deux autres rails aboutissent directement sur l’orchestre. 

Toutes les scènes de brimades et d’humiliation dans le camp s'y déroulent, avec SS, prisonniers en tenues bariolées et exécutants qui retirent les cendres des fours. Les lumières sont constamment crépusculaires, et elles éclairent un misérabilisme réaliste qui happe le spectateur dans cet enfer étouffant.

Nikolai Schukoff (Walter) et Daveda Karanas (Lise) - Madrid (ms Pountney)

Nikolai Schukoff (Walter) et Daveda Karanas (Lise) - Madrid (ms Pountney)

L’opéra se déroule en alternant le présent, situé des années après le drame, et le passé inimaginable auquel Marta et l’autrice ont survécu.  Et l’on voit comment Lise devient un instrument au service d’un dispositif oppressif où elle occupe un rôle autoritaire qui la valorise. 

Marta, la détenue, évolue en permanence la tête courbée pour signifier son statut de victime de l’oppression, et elle ne relèvera la tête qu’aux saluts lorsqu’Amanda Majeski, maquillée de façon à ressembler à Zofia Posmysz, viendra se tenir humblement face au public.

Amanda Majeski (Marta / Zofia Posmysz) - Madrid (ms Pountney)

Amanda Majeski (Marta / Zofia Posmysz) - Madrid (ms Pountney)

La production munichoise est, elle, beaucoup plus distanciée - avec des coupures de scènes du camp - , et cherche à montrer l'incidence mentale du sentiment de culpabilité, approche shakespearienne qui rappelle 'Macbeth', tout en démontant en seconde partie les réflexes d’oubli que la société d’aujourd’hui pourrait élaborer afin d’éviter de se confronter à son passé.

En première partie, Tobias Kratzer représente en avant scène 3 ponts du paquebot, avec en arrière plan l’intérieur très cosy d’une des chambres où conversent Lise et Walter. S’ajoute un troisième personnage, une vieille dame, dont on comprend aisément qu’elle est Lise beaucoup plus âgée lors d’un voyage ultérieur en bateau, et les deux périodes temporelles qui s'interpénètrent sont donc l’année 1960 et notre époque. Le jeu de l’actrice Sibylle Maria Dordel, très émouvant, malgré son rôle, montre l’impact mental des souvenirs dont elle ne peut plus se débarrasser. 

Les scènes du camp sont interprétées par des passagers qui mêlent ainsi des paroles passées à leur situation présente et banale, ce qui entraîne une confusion et des questions sur ces personnages en apparence anodins. Et la victime, Marta, est dédoublée par des chanteuses et actrices habillées comme elle en tenues modernes, au lieu d’incarner plus littéralement des codétenues.

Sophie Kock (Lise) - Munich (ms Kratzer)

Sophie Kock (Lise) - Munich (ms Kratzer)

En seconde partie, et après une projection vidéo montrant Lise, âgée, se suicider dans la mer, nous nous retrouvons dans les profondeurs de l’âme, face à une grande salle à manger pouvant accueillir plus d’une centaine de convives huppés, où va être analysée la relation entre Lise et Marta.

Kratzer étudie beaucoup plus finement le caractère de Lise, et montre comment ses frustrations se projettent à travers le couple de la jeune Marta et du musicien Tadeusz. Sa jalousie, son attirance pour les corps, et donc tout ce qu’il y a d’irrésolu dans son être, devient ainsi le moteur de son goût pour la domination.

Jacques Imbrailo (Tadeusz) - Munich (ms Kratzer)

Jacques Imbrailo (Tadeusz) - Munich (ms Kratzer)

Cette approche très psychologique confronte ainsi le public à sa propre conscience lorsqu’il se voit en miroir à travers les tablées d’invités où gisent, de ci, de là, les corps des doubles de Marta.

Mais bien que Kratzer ne montre pas directement les camps, le tabassage de Tadeusz suite à son refus de jouer une valse est bien plus cru que dans la version de Pountney

Le personnage de Lise y est d’ailleurs incarné avec beaucoup d’intériorité, et Sophie Koch apporte une noirceur névrotique avec un sens de la vérité confondant, un superbe engagement de sa part qui montre à quel point elle saisit le tragique, et le désespoir, de cette femme qui ne peut s’empêcher d’avoir de l’emprise sur les autres.

Die Passagierin - ms Pountney (Madrid)

Die Passagierin - ms Pountney (Madrid)

A Madrid, Daveda Karanas induit également beaucoup d’intensité à la tortionnaire, en accentuant plus sur sa posture rigide et dure lorsqu’elle se remémore Auschwitz.

Son mari, chanté par un Nikolai Schukoff qui soigne avec attention le mordant de ses expressions très franches et sincères, est présenté comme un homme léger, presque clownesque et sympathique, alors qu’à Munich, Charles Workman, au timbre lunaire toujours aussi charmeur, montre la nature arriviste, et sensible au regard d’autrui, de Walter de manière plus saillante, en faisant ressentir son attachement à sa stature d’homme intègre lorsqu’il réalise le passé SS de sa femme.

Elena Tsallagova (Marta) - ms Kratzer (Munich)

Elena Tsallagova (Marta) - ms Kratzer (Munich)

Magnifique de rondeur de timbre au velouté slave, Elena Tsallagova est une très séduisante Marta moderne qui contraste beaucoup avec la femme atteinte et démolie que joue Amanda Majeski sur la scène madrilène, très expressive, et dont les couleurs de voix sont plus marquées par le temps.

Et le très beau chant ombré de Gyula Orendt ennoblit Tadeusz, alors que Jacques Imbrailo, sur la scène bavaroise, donne plus de présence réaliste au malheureux musicien.

Gyula Orendt (Tadeusz) - ms Pountney (Madrid)

Gyula Orendt (Tadeusz) - ms Pountney (Madrid)

Et s’il faut reconnaître qu’il est difficile de résister au fondu chaleureux de l’orchestre du Bayerische Staatsoper qu’exalte Vladimir Jurowski avec un sens de la rythmique redoutable et une capacité à créer une superbe unité de texture, la chef d’orchestre lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla offre à Madrid une lecture sauvage d'un grand relief mais aussi d'une grande rigueur, avec un orchestre titulaire porté à son meilleur qui fait corps avec l'œuvre.

La musique de Weinberg n'est pas difficile à aborder, pourtant d'une grande violence dans les scènes sous haute tension, car elle innerve aussi le champ musical d'une poétique sereine, et se révèle même enjouée et jazzy quand elle accompagne le personnage de Walter. 

Et le fait que les cordes de l'orchestre madrilène n’aient pas le soyeux des cordes allemandes est ici un grand atout qui ajoute à l'âpreté de l’ambiance représentée sur scène, surtout quand elles vibrent avec vigueur et précision.

Sophie Koch, Vladimir Jurowski et Elena Tsallagova - Die Passagierin (Munich)

Sophie Koch, Vladimir Jurowski et Elena Tsallagova - Die Passagierin (Munich)

En ce jour de dernière représentation, le Teatro Real de Madrid affiche une salle tenue par un public au ressenti chevillé au corps, et qui réserve un accueil extraordinaire à l’ensemble de l’équipe artistique, d’une façon qui démontre que les spectateurs ne viennent pas forcément à l’opéra pour y voir du beau ou bien rêver, mais aussi pour être saisis par une histoire horrible qui dépasse l’entendement.

Enfin, très beaux murmures des chœurs lors des deux spectacles, avec sans doute un peu plus d’impression d’irréalité sur la scène du Teatro Real.

Mirga Gražinytė-Tyla - Die Passagierin (Madrid)

Mirga Gražinytė-Tyla - Die Passagierin (Madrid)

Il sera bientôt possible de retrouver Mirga Gražinytė-Tyla en août 2024 au Festival de Salzburg pour un autre opéra de Mieczysław Weinberg, 'Der Idiot', mis en scène par Krzysztof Warlikowski, et ensuite au Bayerische Staatsoper en mars 2025 pour 'Katia Kabanova' de Leoš Janáček, dans une nouvelle production confiée également à Krzysztof Warlikowski. Quelle chance!

Interview de Zofia Posmysz lors de la création de 'Die Passagierin' au Festival de Bregenz

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Publié le 22 Mars 2024

Simon Boccanegra (Giuseppe Verdi – La Fenice de Venise, le 12 mars 1857, puis seconde version à La Scala de Milan, le 24 mars 1881)
Répétition générale du 8 mars et représentation du 19 mars 2024
Opéra Bastille

Simon Boccanegra Ludovic Tézier
Maria Boccanegra Nicole Car
Jacopo Fiesco Mika Kares
Gabriele Adorno Charles Castronovo
Paolo Albiani Étienne Dupuis
Pietro Alejandro Baliñas Vieites
Un capitano dei Balestrieri Paolo Bondi
Un’ ancella di Amelia Marianne Chandelier
Maria Fiesco, rôle muet Annie Lockerbie Newton

Direction musicale Thomas Hengelbrock
Mise en scène Calixto Bieito (2018)

La reprise de la production de ‘Simon Boccanegra’ dans la mise en scène de Calixto Bieito, la quatrième à l’Opéra de Paris après celles de Giorgio Strehler, Nicolas Brieger et Johan Simons, permet de se confronter à nouveau à la force d’un théâtre psychique dont la forme dramatique vise à faire ressentir les souffrances que subit le corsaire génois devenu, en 1339, le premier Doge à vie.

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra)

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra)

Cette approche qui ne vise pas à raconter de manière descriptive la portée au pouvoir par le peuple, puis la redoutable conspiration menée par Paolo, déroute forcément une partie du public traditionnel attaché à la représentation fastueuse d’un XIVe siècle révolu, alors qu’elle cherche en réalité à produire des images qui touchent la sensibilité du spectateur pour le faire réagir à cette violence, ce qui est le contraire d’un théâtre élitiste.

Simon Boccanegra - mise en scène Calixto Bieito

Simon Boccanegra - mise en scène Calixto Bieito

Le décor unique axé sur un vaisseau spectaculaire, fantomatique et squelettique, les entrailles à ciel ouvert, tourne selon les scènes sous des éclairages savamment réglés pour créer des jeux d’ombres angoissants, et nous enferme dans l’univers mental de Simon Boccanegra, dépressif et qui court à la mort.

Le visage de Ludovic Tézier est ainsi projeté en arrière scène, et les lignes du navire semblent étudiées pour épouser ses traits. L’esthétique des plans vidéo filmés en temps réel ajoute au relief visuel tout en dégageant une beauté triste et froide.

Nicole Car (Maria Boccanegra)

Nicole Car (Maria Boccanegra)

Mais pour que l’ambiance prenne, il faut aussi une réalisation orchestrale qui ait une véritable puissance dramatique, et la surprise provient de la direction de Thomas Hengelbrock, nouveau directeur musical de l’Orchestre de Chambre de Paris depuis janvier 2024 et chef absolument inattendu dans ce répertoire verdien, lui qui est surtout associé aux périodes classique et baroque.

En terme de coloration, il avive beaucoup le brillant des cordes qui évoque des scintillements marins, et laisse se dégager avec poésie et souplesse de geste les petites touches des vents qui expriment une mélancolie prégnante. Sa lecture est vive et d’une énergie théâtrale efficace dénuée d’effets par trop fracassants, et il enrichit le flux des cordes de mélismes complexes et très expressifs dans l’esprit névrotique de la production, tout en laissant aussi se poser une lenteur crépusculaire pour faire entendre un vague à l’âme noir et diffus qui s’immisce de façon inconsciente à la perception de l’auditeur.

Étienne Dupuis (Paolo Albiani)

Étienne Dupuis (Paolo Albiani)

Ainsi, stupéfiants sont les applaudissements de la salle dès la fin du premier air de Fiesco, un homme issu d’une famille qui soutient le Pape, regardant de haut le corps de sa fille horriblement torturée pour avoir aimé Simon Boccanegra, un partisan de l’Empereur, applaudissements aussi bien justifiés par la poignante noblesse avec laquelle Mika Kares fait ressortir la monstruosité de cet ennemi à vie du marin, que par l’atmosphère happante de l’interprétation orchestrale.

D’ailleurs, ce monde sans pitié qui est décrit doit beaucoup à la qualité des interprètes masculins qui, chacun à leur manière, font ressentir toute absence d’espoir possible.

Charles Castronovo (Gabriele Adorno)

Charles Castronovo (Gabriele Adorno)

Étienne Dupuis est par exemple saisissant dans ce personnage malsain et maladif qui couve en Paolo Albiani, grimé de façon à lui donner l’aspect d’un vieux bandit sur la fin, et d’une intégrité de timbre de belle allure malgré tout, et Ludovic Tézier, faisant résonner une assise grave fort impressionnante va, lui, jouer sur les nuances pour révéler des pensées caressantes, ou bien suggérer envers Paolo des sentiments méfiants, après le soulèvement du peuple, d’une manière qui fait entendre un dialogue intérieur où l’on sent poindre, déjà, le personnage shakespearien, calculateur et lucide, de Iago.

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) et Mika Kares (Jacopo Fiesco)

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) et Mika Kares (Jacopo Fiesco)

Son rôle est épisodique, mais chacune des interventions d’Alejandro Baliñas Vieites, artiste de la troupe de l’Opéra de Paris, sont dessinées avec justesse et un beau contraste, et Charles Castronovo, qui incarne Gabriele Adorno, fait entendre dans le médium des intonations très âpres, mais qui prennent de l’allure et de l’engagement volontaire dans les grands moments d’extériorisation.

Quand ce jeune rebelle réalise sa méprise en ayant cru à une liaison amoureuse entre Amélia et Simon, sa sincérité expressive dans les ombres du décor laisse ainsi l’audience totalement saisie par le cœur qui s’en dégage.

Ludovic Tézier, Nicole Car et Mika Kares

Ludovic Tézier, Nicole Car et Mika Kares

Et Nicole Car, qui est amenée à incarner une Amélia qui finira par porter les séquelles physiques laissées par la violence d’un peuple qui cherchait à travers elle à atteindre Simon, montre qu’elle a gagné en ampleur ces dernières années, et aussi en rondeur de timbre. Certes, la mise en scène décrit sans pitié l'écrasement des femmes par la mécanique machiste du pouvoir masculin, mais l'artiste australienne réussit à projeter un véritable cri de désespoir et donc un sentiment de révolte qui se ressent fortement.

Sa réaction un peu titubante lors de l’accueil chaleureux du public est par ailleurs très touchante.

Charles Castronovo, Nicole Car, Thomas Hengelbrock, Ludovic Tézier, Mika Kares et Étienne Dupuis

Charles Castronovo, Nicole Car, Thomas Hengelbrock, Ludovic Tézier, Mika Kares et Étienne Dupuis

Chœur massif qui donne une image de roc de ce peuple virulent, la dureté de cristal de cet autre protagoniste du drame est ici mise en lumière sans fard.

Cette reprise d’un grand relief laisse ainsi des sensations qui hantent ensuite l’esprit car tout concoure dans cette production à entraîner chacun dans le gouffre de l’âme humaine.

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Publié le 19 Mars 2024

Depuis le lundi 18 mars 2024, la quinzième et dernière saison de Michel Franck à la direction du Théâtre des Champs Élysées est officiellement dévoilée à travers la mise en ligne de la programmation sur le site du théâtre.

Cette saison s’inscrit dans la continuité des saisons passées et comprend 5 productions d’opéras en version scénique données sur un total de 23 soirées, 15 représentations d’opéras et oratorio en version concert et 8 œuvres religieuses (dont un dimanche matin pour ‘Un Requiem allemand’ de Brahms en version piano), 19 concerts symphoniques (dont 5 avec l'ensemble Les Siècles), 10 récitals vocaux, 21 récitals de piano, 8 concerts de l’orchestre de chambre de Paris, 8 autres concerts de musique de chambre, 21 concerts du dimanche matin (dont 2 représentations de ‘La Flûte enchantée’ en mimodrame), 7 ballets dansés sur 35 soirées et 3 soirées d’humour.

Par ailleurs, une version de ‘L’Élixir d’Amour’ ramenée à une durée d’une heure et trente minutes, interprétée par l’orchestre Les Frivolités Parisiennes, sera créée pour le jeune public, et donnée en 9 représentations sur le temps scolaire, ainsi que sur 3 matinées et 3 soirées tout public.

Ce spectacle sera une coproduction avec le Teatro Sociale di Como / projet Opera Domani, l’opéra de Reims, l’opéra de Rouen Normandie et l’opéra de Bordeaux.

Cette ligne programmatique est globalement stable par rapport à la saison précédente qui avait vu la part des récitals vocaux ramenée à une dizaine de soirées, mais la danse, qui avait pendant les trois dernières saisons cédé de la place à l’opérette et au théâtre, retrouve toute son importance, notamment avec les 17 soirées dédiées à la nouvelle production de ‘La Reine des Neiges’ interprétée par le Ballet de l’Opéra national d’Ukraine.

La part des opéras en version de concert diminue de 22 à 15, ce qui reste conséquent, mais celle des œuvres religieuses augmente de 5 à 8 soirées.

Au total, ce sont 186 représentations qui seront données avenue Montaigne, tous genres et tous publics confondus.

Der Rosenkavalier - Krzysztof Warlikowski, Marlis Petersen et Henrik Nánási  (première le 21 mai 2025)

Der Rosenkavalier - Krzysztof Warlikowski, Marlis Petersen et Henrik Nánási (première le 21 mai 2025)

Opéras en version scénique

La Passion selon Saint Jean (Jean-Sébastien Bach)
4, 5 novembre (2 représentations)

Direction musicale Leonardo García Alarcón, Mise en scène Sasha Waltz
Sophie Junker, Georg Nigl, Christian Immler, Benno Schachtner, Valerio Contaldo, Mark Milhofer
Ensemble Cappella Mediterranea, Chœur de chambre de Namur, Chœur de l’Opéra de Dijon
Production Opéra de Dijon
Coproduction Compagnie Sasha Waltz & Guests

Dialogues des Carmélites (Francis Poulenc)
4, 6, 8, 10, 12 décembre (5 représentations)

Direction musicale Karina Canellakis, Mise en scène Olivier Py
Patricia Petibon, Vannina Santoni, Véronique Gens, Jodie Devos, Madame de Croissy, Le Chevalier de La Force, Le Marquis de La Force, Marie Gautrot, Ramya Roy, Loïc Félix, Blaise Rantoanina, Yuri Kissin , Matthieu Lécroart
Les Siècles, Chœur Unikanti-Maîtrise des Hauts-de-Seine
Coproduction Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles

Semele (Georg Friedrich Haendel)
6, 9, 11, 13, 15 février (5 représentations)

Direction musicale Emmanuelle Haïm, Mise en scène Oliver Mears
Pretty Yende, Ben Bliss, Alice Coote, Brindley Sherratt, Niamh O’Sullivan, Carlo Vistoli, Marianna Hovhannisyan
Orchestre Le Concert d’Astrée, Chœur Le Concert d’Astrée
Coproduction Covent Garden Royal Opera House

Werther (Jules Massenet)
22, 25, 28, 31 mars et 3, 6 avril (6 représentations)

Direction musicale François-Xavier Roth, Mise en scène Christof Loy
Johannes Leiacker, Robby Duiveman, Roland Edrich, Benjamin Bernheim, Marina Viotti, Jean-Sébastien Bou, Sandra Hamaoui, Marc Scoffoni, Yuri Kissin, Rodolphe Briand
Les Siècles, Maîtrise des Hauts-de-Seine
Coproduction Teatro alla Scala

Der Rosenkavalier (Richard Strauss)
21, 24, 27 mai et 2, 6 juin (5 représentations)

Direction musicale Henrik Nánási, Mise en scène Krzysztof Warlikowski
Marlis Petersen , Marina Viotti, Regula Mühlemann, Peter Ros, Jean-Sébastien Bou, Eléonore Pancrazi, Krešimir Špicer, Francesco Demuro, Laurène Paternò, Florent Karre, François Piolino, Yoann Le Lan 
Orchestre National de France, Chœur Unikanti, Maîtrise des Hauts-de-Seine

Anna Pirozzi - Andrea Chénier

Anna Pirozzi - Andrea Chénier

Opéras et oratorio en version de concert

Così fan tutte (Wolfgang Amadé Mozart) le 24 septembre
Ana Maria Labin, Angela Brower, James Ley, Leon Košavić, Miriam Albano, Alexandre Duhamel

Marc Minkowski direction, Les Musiciens du Louvre

Un Requiem allemand (Georg Friedrich Haendel) le 29 septembre à 11h
Claire Désert et Tanguy de Williencourt piano

Henri Chalet direction, Chœur et solistes de la Maîtrise Notre-Dame de Paris

La Résurrection (Georg Friedrich Haendel) le 4 octobre
Emőke Baráth, Elsa Benoit, Lucile Richardo, Emiliano Gonzalez Toro, Robert Gleadow

Julien Chauvin direction, Le Concert de La Loge

Requiem  (Wolfgang Amadé Mozart) le 17 octobre
En première partie de programme Sept Répons des ténèbres (Francis Poulenc)
Lisette Oropesa, Eve-Maud Hubeaux, Cyrille Dubois, Nahuel Di Pierro

Bertrand de Billy direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France , Maîtrise de Radio France

Andrea Chénier (Umberto Giordano) le 18 octobre
Riccardo Massi, Anna Pirozzi, Amartuvshin Enkhbat, Sophie Pondjicli, Thandiswa Mpongwana

Daniele Rustioni direction, Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Lyon
Coproduction Opéra National de Lyon

Cyrille Dubois - Le Comte Ory

Cyrille Dubois - Le Comte Ory

Le Comte Ory (Gioachino Rossini) le 07 novembre
Cyrille Dubois, Sara Blanch, Ambroisine Bré, Monica Bacelli, Nicola Ulivieri, Sergio Villegas-Galvain, Marielou Jacquard

Patrick Lange direction Orchestre de chambre de Paris, Chœur de Chambre de Rouen

Passion selon Saint Matthieu (Jean-Sébastien Bach) le 16 novembre
Guy Cutting , Matthias Winckhler, Tobias Berndt, Miriam Feuersinger, Alex Potter, Christoph Pfaller, Martin Schicketanz

Hans-Christoph Rademann direction, Chœur et Orchestre du Gaechinger Cantorey

Alcina (Georg Friedrich Haendel) le 5 décembre
Elsa Dreisig, Sandrine Piau, Emily D’Angelo, Jasmin White, Stefan Sbonnik, Bruno de Sá, Alex Rosen

Francesco Corti direction, Il Pomo d’Oro

Le Messie (Georg Friedrich Haendel) le 11 décembre
Emőke Baráth, Lauranne Oliva, Tim Mead, Robin Tritschler, Benjamin Appl 

Hervé Niquet direction, Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel

Le Couronnement de Poppée (Claudio Monteverdi) le 16 décembre
Catherine Trottmann, Ray Chenez, Victoire Bunel, Paul-Antoine Bénos-Djian, Adrien Mathonat, Paul Figuier, Maïlys de Villoutreys, Camille Poul, Sebastian Monti, Thibault Givaja, Yannis François

Le Banquet Céleste

Glory to God (Vivaldi, Bach, Corelli) le 18 décembre
Nina Maestracci, Malena Ernman, Luigi De Donato

Jean-Christophe Spinosi direction, Ensemble Matheus, Académie Handel & Hendrix

Elsa Dreisig - Alcina

Elsa Dreisig - Alcina

Stabat Mater  (Giovanni Battista Pergolesi) le 18 janvier
Œuvre précédée de Stabat Mater (Intonation), Tarentelle « Mo’è benuto il Giovedì Santu » (anonyme), Stabat Mater (Manuscrit de Monopoli)

Lauranne Oliva, Eva Zaïcik
Vincent Dumestre direction, Le Poème Harmonique

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart) le 20 janvier
Florian Sempey, Ana Maria Labin, Léo Vermot-Desroches, Marion Lebègue, Edwin Fardini, Catherine Trottman, Louis Morvan

Alexis Kossenko direction, Orchestre et Chœur Les Ambassadeurs~La Grande Ecurie

Persée (Jean-Baptiste Lully) le 14 février
Mathias Vidal, Déborah Cache, Hélène Carpentier, Thomas Dolié, Véronique Gens, Matthieu Lécroart, Reinoud Van Mechelen, David Tricou, David Witczak, Alexandre Baldo, Olivia Doray, Marine Lafdal-Franc

Hervé Niquet direction, Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel, Chantres du Centre de musique baroque de Versailles
Coproduction Centre de musique baroque de Versailles

Les Noces de Figaro (Wolfgang Amadé Mozart) le 26 mars
Florian Boesch, Anett Fritsch, Robert Gleadow, Nikola Hillebrand, Anna Lucia Richter, Anna-Doris Capitelli, Shinyoung Kim

Giovanni Antonini direction, Kammerorchester Basel, Basler Madrigalistent

Mathias Vidal - Persée

Mathias Vidal - Persée

Un Requiem allemand (Johannes Brahms) le 05 avril
Sara Blanch , Michael Volle

Daniele Gatti direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France 

Passion selon Saint Matthieu (Jean-Sébastien Bach) le 09 avril
Werner Güra, Louis Morvan, Julie Roset, Giuseppina Bridelli, Fabien Hyon, Thomas Dolié

Enrico Onofri direction, Orchestre National d’Auvergne, Chœur NFM-Varsovie

Jephté (Georg Friedrich Haendel) le 29 avril
Michael Spyres, Joyce DiDonato, Mélissa Petit, Jasmin White

Francesco Corti direction, Il Pomo d’Oro 

Le Freischütz (Carl Maria von Weber) le 30 avril
Charles Castronovo, Golda Schultz, Kyle Ketelsen, Nikola Hillebrand, Jongmin Par, Milan Siljanov, Sebastian Wartig

Antonello Manacorda direction, Kammerakademie Potsdam, RIAS Kammerchor

Deborah (Georg Friedrich Haendel) le 23 mai
Sophie Junke, Jakub Józef Orlińsk, Sophia Patsi, Wolf Matthias Friedrich

Ton Koopman direction, Amsterdam Baroque Orchestra & Choir

Mitridate re di Ponte (Wolfgang Amadé Mozart) le 25 mai
Sergey Romanovsky, Jessica Pratt, Olga Bezsmertna, Rose Naggar-Tremblay, Maria Kokareva, Alasdair Kent, Nina van Essen

Christophe Rousset direction, Les Talens Lyriques

Semiramide (Gioachino Rossini) le 17 juin
Karine Deshayes, Franco Fagioli, Giorgi Manoshvili, Alasdair Ken, Mara Gaudenzi, Antonio Di Matteo

Valentina Peleggi direction, Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, Chœur Accentus

L’Italienne à Alger (Gioachino Rossini) le 18 juin
Marie-Nicole Lemieux, Levy Sekgapane, Nahuel Di Pierro, Mikhail Timoshenko, Sulkhan Jaiani, Eléonore Pancrazi, Julie Roset

Julien Chauvin direction, Le Concert de La Loge

Adriana González et Freddie De Tommaso

Adriana González et Freddie De Tommaso

Les Récitals vocaux

Adriana González, Freddie De Tommaso (Puccini, Cilea, Ponchielli, Verdi, Charpentier, Massenet, Bizet...), le 07 octobre

Philippe Jaroussky (Haydn, Mozart, Schubert), le 9 novembre

Concert des Diapason d’or, Julia Lezhneva, Pene Pati, le 13 novembre

Gala des 10 ans – Le Concert de La Loge, le 15 janvier

Jakub Józef Orliński (Lieder et mélodies), le 10 février

Patricia Petibon et Olivier Py

Patricia Petibon et Olivier Py

Concert Voix Nouvelles (Airs et ensembles d’opéras), le 17 février

Anna Netrebko, Yusif Eyvazov (Scènes d’opéras italiens ), le 27 mars

Pretty Yende, ONF, Giacomo Sagripanti direction (extraits de comédies musicales), le 08 juin

Philippe Jaroussky fête ses 25 ans de scène, le 23 juin

Patricia Petibon, Olivier Py (airs extraits de La Grande Duchesse de Gerolstein, Ciboulette), le 28 juin

Shani Diluka et Natalie Dessay

Shani Diluka et Natalie Dessay

Concerts (sélection subjective)

Wiener Philharmoniker, Daniele Gatti direction (Stravinsky, Chostakovitch), le 05 octobre

Natalie Dessay, Shani Diluka piano (Grieg, Fauré, Ravel, Debussy, Rimski-Korsakov, Berg ...), le 06 octobre 11h

Centenaire Gabriel Fauré, Camille Chopin, Pierre-Yves Cras, le 03 novembre

Les Siècles, F-X Roth (Saint-Saëns, Ravel), le 08 novembre

Orchestre de Chambre de Paris, Gábor Takács-Nagy, Steven Isserlis (Haydn, Beethoven), le 14 novembre

La Flûte enchantée en mimodrame, le 17 novembre 11h et 15h

Les Ambassadeurs~La Grande Écurie, Alexis Kossenko (Concertos de Vivaldi), le 19 novembre

Bruce Liu piano (Tchaïkovski, Mendelssohn, Scriabine, Prokofiev), le 03 décembre

Orchestre de Chambre de Paris, Thomas Hengelbrock (Strauss, Bruckner), le 16 janvier

Wiener Philharmoniker, Zubin Metha direction, Pinchas Zukerman violon (Mozart, Bruckner), le 17 janvier

Orchestre de Chambre de Paris, Andrew Staples (Bach, Mahler), le 20 février

Orchestre National de France, Cristian Măcelaru, Marie-Nicole Lemieux, Sarah Nemtanu (Ravel), le 05 mars

Quatuor Modigliani (Ravel, Beethoven), le 16 mars 11h

Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin, Angel Blue (Strauss, Bruckner), le 23 mars

Nikolaï Lugansky piano (Mozart, Beethoven, Wagner), le 24 mars

Elisabeth Leonskaja (Mozart, Schoenberg, Chopin, Berg, Schumann), le 29 mars

Les Siècles, F-X Roth, Bertrand Chamayou, Grégoire Pont (Massenet, Chabrier, Ravel), le 30 mars

Pierre-Laurent Aimard, Mathieu Amalric (Portrait de Ravel), le 06 avril

Stephen Kovacevich piano (Beethoven , Schubert, Berg, Brahms), le 12 avril

Jan Lisiecki piano (Chopin, Bach, Rachmaninov, Szymanowski, Messiaen, Górecki), le 07 juin

David Fray piano (Autour de transcription), le 25 juin

Orchestre National de France, Maxim Emelyanychev, Sabine Devieilhe (Schubert, Haydn, Mozart, Tchaïkovski), le 26 juin.

Yannick Nézet-Séguin et Angel Blue

Yannick Nézet-Séguin et Angel Blue

Première impression sur la saison 2024 / 2025

Avec seulement 2 opéras en version de concert, ’Persée’ de Lully et ‘Le Comte Ory’ de Rossini, la langue française est peu représentée dans ce genre concertant, mais c’est la première fois en 15 saisons qu’un opéra du compositeur originaire de Pesaro est interprété dans notre langue. Par ailleurs, ces deux ouvrages ont été créés à l’Opéra de Paris, le premier au Théâtre du Palais Royal, en 1682, le second à la Salle Le Peletier, en 1828.

En revanche, avec deux opéras en version scénique, ‘Werther’ et la reprise de ‘Dialogues des Carmélites’, Michel Franck peut se féliciter d’avoir consacré tout au long de son mandat un tiers des opéras en version scénique à la langue française. 

Les opéras en italien reprennent de l’importance en version de concert, mais hormis Umberto Giordano avec ‘Andrea Chénier’, seuls les quatre compositeurs d’œuvres en langue italienne les plus joués de tout le mandat du directeur, Monteverdi, Haendel, Mozart et Rossini, sont présentés, la seule nouveauté étant ‘Mitridate, re di Ponto’, opéra plus rarement donné. Mais aucun opéra en version scénique ne sera chanté en italien cette saison ci.

Avec 6 ouvrages, les amoureux des œuvres de Haendel seront gâtés d’autant plus que 4 de ces opéras et oratorio seront chantés en langue anglaise, dont la version scénique de ‘Semele’, et le très rare ‘Deborah’ interprété par Sophie Junker et Jakub Józef Orliński.

Mais c’est surtout la langue allemande qui prédomine en beauté pour cette dernière saison avec deux œuvres en version scénique, ‘La Passion selon Saint-Jean’ de Bach chorégraphiée par Sasha Waltz, et ‘Le Chevalier à la Rose’ de Richard Strauss mis en scène par Krzysztof Warlikowski, un grand connaisseur du compositeur allemand dont il a mis en scène ‘Salomé’ et ‘Die Frau ohne Schatten’ à Munich, et ‘Elektra’ à Salzburg.

Par ailleurs, le choix de cet ouvrage par Michel Franck pour clore ses 15 ans à la direction du Théâtre des Champs-Elysées rappelle beaucoup celui qu’effectua Hugues Gall au moment de quitter la direction de l’Opéra de Paris en programmant ‘Capriccio’. Dans les deux cas, il y a l’émotion d’une fin d’histoire et du début d’une nouvelle page à écrire.

Oliver Mears - Semele

Oliver Mears - Semele

En version de concert, la langue allemande sera cependant surtout dédiée au chant spirituel avec deux versions du ‘Requiem allemand’ de Brahms, dont l’une sera jouée au piano par Claire Désert et Tanguy de Williencourt un dimanche matin, et deux versions de ‘La Passion selon Saint Matthieu’, l’une interprétée par le Chœur et l’ Orchestre du Gaechinger Cantorey, l’autre par l’Orchestre National d’Auvergne et le Chœur NFM-Varsovie.

Quant au ‘Freischutz’, il revient pour la troisième fois sur l'avenue Montaigne avec une excellente distribution comprenant Charles Castronovo, Golda Schultz, Kyle Ketelsen et Milan Siljanov.

Et la langue latine, qui a fortement reflué depuis ces trois dernières saisons, sera uniquement défendue par Mozart, Vivaldi et Pergolese, chacun pour un soir.

Globalement, cette saison respecte les fondamentaux du théâtre centrés principalement sur le répertoire du XVIIIe et XIXe siècle (75% de la programmation), en s’appuyant sur les 3 piliers italien, français et allemand.

La surprise provient du choix des metteurs en scène, un peu plus au goût du jour qu’à l’accoutumée, qui augure de visions fortes, et le travail d’Oliver Mears, le directeur artistique du Royal Opera House de Londres, pour 'Semele’ sera suivi de près.

Parmi les soirées très attendues, en regard de ‘Semele’ et ‘Der Rosenkavalier’, ‘Le Comte Ory’, avec Cyrille Dubois et Sara Blanch, ‘Alcina’, avec Elsa Dreisig, Sandrine Piau et Emily d’Angelo, ‘Persée’ avec Mathias Vidal et Véronique Gens, ‘Semiramide’ avec Karine Deshayes et Franco Fagioli, ainsi que le récital d’Adriana González et Freddie De Tommaso, le concert des Diapason d’or, le Gala des 10 ans du concert de la Loge, le récital de Pretty Yende dans des airs de comédies musicales, et le concert du Wiener Philharmoniker dirigé par Zubin Metha avec Pinchas Zukerman au violon, sont des exemples de spectacles originaux à vivre.


L'intégralité de la saison c'est ici.

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Publié le 18 Mars 2024

Saison 2024/2025 du Bayerische Staatsoper de Munich (BSO)

Depuis le samedi 16 mars 2024 10h, la saison 2024/2025 du Bayerische Staatsoper est enfin dévoilée au public venu à la grande salle de l’opéra de Munich pour la découvrir, ainsi qu’aux spectateurs qui ont pu suivre la présentation en direct sur internet via la chaîne TV de l’institution bavaroise.

Cette annonce de la 4e saison de Serge Dorny à la direction de ce prestigieux opéra se fait dans un contexte particulier car ni lui, ni le directeur de ballet Laurent Hilaire, ni le directeur musical Vladimir Jurowski ne savent à ce moment là s’ils seront reconduits au-delà de 2026, alors qu’ils programment déjà la saison 2027/2028, y compris la fin du cycle du ‘Ring’. Dans l’expectative, Serge Dorny a fait savoir qu’il a postulé à la direction du Festival de Salzburg.

Mais en attendant que l’incertitude soit levée d’ici fin août, la structure de la programmation qu’il propose n’opère aucun relâchement par rapport à la ligne initiale, et comporte un quart d’opéras du XXe/XXIe siècles (hors Puccini), ce qui est conséquent sans, néanmoins, revenir au niveau de la saison 2022/2023 qui atteignait 30% d’ouvrages postromantiques.

Ainsi, la saison lyrique 2024/2025 affiche 167 soirées dédiées à 41 ouvrages - dont 7 nouvelles productions - ce qui constitue une légère érosion par rapport à la saison en cours qui comprend 172 soirées et 8 nouvelles productions.

Toutefois, à ces 167 soirées de répertoire s’ajoutent 10 représentations supplémentaires pour le festival biannuel ‘Ja, Mai’ qui sera centré sur deux ouvrages du XXIe siècle.

 Krzysztof Warlikowski, Corinne Winters et Mirga Gražinytė-Tyla - Katia Kabanova (Première le 13 mars 2025)

Krzysztof Warlikowski, Corinne Winters et Mirga Gražinytė-Tyla - Katia Kabanova (Première le 13 mars 2025)

Comme la saison passée, Serge Dorny propose en nouvelles productions un grand ouvrage dramatique italien du XIXe siècle – il s’agit en fait de deux récits bien connus, le diptyque ‘Cavalleria Rusticana / Pagliacci’ – , et une œuvre plus légère ‘La Fille du régiment’, qui sont des opéras emblématiques et très prisés des maisons de répertoire.

Son cœur de projet s’axe donc sur les œuvres créées au XXe siècle, car elles apportent souvent une vision du monde plus crépusculaire, vraie et désillusionnée qui invite au regard intérieur.

Tobias Kratzer : Das Rheingold (première le 27 octobre 2024), Die Passagierin (reprise le 15 novembre 2024)

Tobias Kratzer : Das Rheingold (première le 27 octobre 2024), Die Passagierin (reprise le 15 novembre 2024)

Ainsi, 11 ouvrages de cette période - contre 7 pour la saison 2023-2024 en cours - seront présentés sur 43 soirées, parmi lesquels 3 auront droit à de nouvelles productions : ‘Katia Kabanova’ de Leoš Janáček mis en scène par Krzysztof Warlikowski, un familier des œuvres du compositeur tchèque, sous la direction de la chef d'orchestre lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla avec Corinne Winters dans le rôle titre, puis ‘Die Liebe der Danae’ de Richard Strauss, une réflexion sur le pouvoir de l’argent qui sera confiée à Claus Guth sous la direction de Sebastian Weigle, et enfin, lors du festival d’été, la rare ‘Pénélope’ de Gabriel Fauré qui fut créée en mars 1913 à l’opéra de Monte-Carlo, puis en mai 1913 au Théâtre des Champs-Élysées, dont la lecture sera confiée à Andrea Breth qui fera donc ses débuts au Bayerische Staatsoper, sous la direction de Susanna Mälkki.

Vladimir Jurowski - Don Giovanni, Das Rheingold, Die Fledermaus, Der Rosenkavalier

Vladimir Jurowski - Don Giovanni, Das Rheingold, Die Fledermaus, Der Rosenkavalier

Si Vladimir Jurowski ne dirigera qu’un seul opéra de cette période, ‘Der Rosenkavalier’, son assistant Azim Karimov reprendra ‘Die Passagierin’.

Le chef Valentin Uryupin, qui a du quitter son poste du Nouvel Opéra de Moscou en 2022 suite à ses critiques de la guerre en Ukraine, dirigera ‘Erwartung’ (sous forme de diptyque avec ‘Didon et Enée’), Lothar Koenigs assurera les reprises de ‘Die Tote Stadt’ et ‘La Petite Renarde rusée’, Edward Gardner, le successeur de Vladimir Jurowski au London Philharmonic Orchestra, dirigera ‘Rusalka’, Kent Nagano reprendra ‘Le Grand Macabre’ dans la production de Krzysztof Warlikowski, et Ustina Dunitsky interprètera à nouveau pour deux soirées ‘Der Mond’ de Carl Orff, jouées dans le cadre du ‘UniCredit Septemberfest’ pour ouvrir la nouvelle saison lyrique avec seulement deux catégories de prix, 8 et 25 euros.

Francesco Micheli - Cavalleria Rusticana / Pagliacci (Première le 22 mai 2025)

Francesco Micheli - Cavalleria Rusticana / Pagliacci (Première le 22 mai 2025)

Comme pour la saison 2023/2024, le répertoire des compositeurs italiens du XIXe siècle est une composante solide et fondamentale qui va occuper 40% des représentations grâce à 17 ouvrages répartis sur 65 soirées, dont 6 de Giuseppe Verdi (‘Macbeth’, ‘I Masnadieri’, ‘La Traviata’, ‘Don Carlo’, ‘Un Ballo in maschera’, Aida’), 5 de Giacomo Puccini (‘Manon Lescaut’, ‘La Bohème’, ‘Tosca’, ‘Madame Butterfly’, ‘Turandot’), et 3 de Gaetano Donizetti (‘Lucrezia Borgia’, ‘Lucia di Lammermoor’, ‘L’Elixir d’Amour’).

Ces grands classiques italiens seront complétés par la reprise de la ‘La Cenerentola’ de Gioachino Rossini, ainsi qu'une nouvelle production du diptyque ‘Cavalleria Rusticana’ et ‘Pagliacci’ de Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo mise en scène par Francesco Micheli, directeur artistique du Festival Opera Donizetti de Bergame, sous la direction de Daniele Rustioni.

David Hermann - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025)

David Hermann - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025)

Mozart a habituellement une place de choix à Munich, et c’est encore le cas cette saison avec 4 ouvrages dont la trilogie Da Ponte, ‘Cosi fan tutte’, ‘Les Noces de Figaro’ et une nouvelle production de ‘Don Giovanni’ confiée à David Hermann (le metteur en scène du récent ‘Tannhäuser’ à l’opéra de Lyon et du ‘Die Frau ohne schatten’ à l’opéra de Stuttgart’), ainsi que la reprise de ‘La Flûte enchantée’, mais Wagner devra se contenter de seulement 12 soirées avec les reprises de ‘Lohengrin’ et du ‘Vaisseau Fantôme’, et surtout la nouvelle production de ‘Das Rheingold’ mise en scène par Tobias Kratzer, premier volet d’un Ring qui se déroulera sur 4 ans.

Deux autres compositeurs germanophones du XIXe siècle sont également à l’affiche avec les reprises de ‘Die Fledermaus’ (Johan Strauss) et de ‘Hänsel und Gretel’ (Engelbert Humperdinck).

Susanna Mälkki - Les Noces de Figaro, Pénélope (première le 18 juillet 2025)

Susanna Mälkki - Les Noces de Figaro, Pénélope (première le 18 juillet 2025)

Et il n’y a pas que Wagner a être un peu en retrait cette saison devant l’importance du répertoire du XXe siècle, car le répertoire russe romantique ne pourra compter que sur une seule reprise, celle de ‘La Dame de Pique’ pour 4 soirs, dans la mise en scène de Benedict Andrews.

Mais la langue française se défend plutôt bien puisque qu’à la nouvelle production de ‘Pénélope’ viendront s’ajouter deux ouvrages créés à l’Opéra Comique, la nouvelle production de ‘La Fille du régiment’ de Donizetti dans la mise en scène de Damiano Michieletto, sous la direction de Stefano Montanari, et la reprise de ‘Carmen’ sous la direction d’Alexandre Bloch, le directeur musical de l’opéra de Lille.

Et les baroqueux seront à nouveaux déçus puisque seules deux soirées seront dédiées à ‘Didon et Enée’ de Purcell, mais avec Sonya Yoncheva dans le rôle titre et la mise en scène de Krzysztof Warlikowski.

Sonya Yoncheva - Didon et Enée / Erwartung (reprise le 13 juillet 2025)

Sonya Yoncheva - Didon et Enée / Erwartung (reprise le 13 juillet 2025)

Enfin, le festival ‘Ja, Mai’ permettra de découvrir deux ouvrages rares contemporains sur 5 soirs chacun, ‘Matsukaze’ de Toshio Hosokawa (La Monnaie – 2011 - mise en scène Sasha Waltz), donné à la salle Utopia (ehemals Reithalle) dans une nouvelle mise en scène de Lotte van den Berg et Tobias Staab, et ‘Das Jagdgewehr’ de Thomas Larcher (Bregenz – 2018) qui sera joué au Théâtre Cuvilliés dans une mise en scène d’Ulrike Schwab.

Il s'agit de pièces inspirées de deux nouvelles japonaises, respectivement une pièce de théâtre Nô, 'Matsukaze' (松風, 'Le Vent dans les pins'), et un roman de Yasushi Inoue, 'Ryōjū' (猟銃, 'Le fusil de chasse').

Antonino Fogliani - I Masnadieri, Lucrezia Borgia, Turandot

Antonino Fogliani - I Masnadieri, Lucrezia Borgia, Turandot

Cette programmation met ainsi en exergue d’excellents chefs d’orchestre, mais quatre se distinguent particulièrement, Vladimir Jurowski, le directeur musical, qui dirigera ‘Der Rosenkavalier’ , ‘Die Fledermaus’ et les nouvelles productions de ‘Don Giovanni’ et ‘Das Rheingold’, Sebastian Weigle qui dirigera ‘La Dame de Pique’, ‘Lohengrin’ et la nouvelle production de ‘Die Liebe der Danae’, Susanna Mälkki qui dirigera la reprise des ‘Noces de Figaro’ – il est assez rare d'entendre la chef d'orchestre finlandaise interpréter une œuvre lyrique du XVIIIe siècle – et la nouvelle production de ‘Pénélope’, et Antonino Fogliani qui se réservera trois opéras italiens, ‘I Masnadieri’, ‘Lucrezia Borgia’ et 'Turandot'.

Klaus Florian Vogt - Die Tote Stadt (Reprise, le 01 octobre 2024)

Klaus Florian Vogt - Die Tote Stadt (Reprise, le 01 octobre 2024)

Et pour ceux qui scrutent les distributions de grands chanteurs, on pourra entendre cette saison Sonya Yoncheva (Didon et Enée / Erwartung), Lise Davidsen (Tosca), Asmik Grigorian et Franz-Josef Selig (Der Fliegende Holländer), Violeta Urmana (La Dame de Pique, Katia Kabanova), Ermonela Jaho (Manon Lescaut), Pretty Yende, Susan Graham, Lawrence Brownlee (La Fille du Régiment), Marlis Petersen (Der Rosenkavalier), Yulia Matochkina (Un Ballo in Maschera, Cavalleria Rusticana), Anja Kampe et René Pape (Lohengrin), Rachel Willis-Sørensen (Don Carlo, Lohengrin), Elena Guseva (Rusalka, Madame Butterfly), Nicole Car (Un Ballo in Maschera), Vida Miknevičiūtė et Klaus Florian Vogt (Die Tote Stadt), Charles Castronovo (I Masnadieri, Un Ballo in Maschera), Jonas Kaufmann (Pagliacci), Wolfgang Koch (Cavalleria Rusticana/Pagliacci, Lohengrin, La Petite Renarde rusée), Brandon Jovanovich (Pénélope), Pavol Breslik (Rusalka, Lucrezia Borgia), Xabier Anduaga (Lucia di Lammermoor, La Fille du Régiment), Peter Mattei, Golda Schultz, Willard White et Emily D’Angelo (Les Noces de Figaro), Elena Tsallagova (Die Passagierin, La Petite Renarde rusée), Charles Workmann (Die Passagierin), Piotr Beczala (Lohengrin, Carmen), Lisette Oropesa (I Masnadieri, La Fille du régiment), Erwin Schrott (Don Carlo, Lucrezia Borgia, I Masnadieri), Vera-Lotte Boecker (Don Giovanni), Simon Keenlyside (La Traviata), Ekaterina Semenchuk et Vittorio Grigolo (Cavalleria Rusticana), Ailyn Pérez (Pagliacci), Elena Stikhina (La Dame de Pique, Aida), Pavel Cernoch, Corinne Winters et John Daszak (Katia Kabanova), Angel Blue et Pene Pati (La Bohème), Christopher Maltman et Andreas Schager (Die Liebe der Danae), Angela Meade (Lucrezia Borgia), Jessica Pratt (La Flûte enchantée), Gerald Finley (Macbeth, Der Fliegende Holländer), Sondra Radvanovsky (Turandot, Macbeth), Elina Garanca (Aida), Ekaterina Gubanova (Das Rheingold)…

Sondra Radvanovsky - Turandot, Macbeth

Sondra Radvanovsky - Turandot, Macbeth

Cette saison est aussi marquée par la mise en avant de Konstantin Krimmel, baryton allemand et roumain membre de l'opéra de Munich depuis 2021, qui apparaitra dans les trois volets de la trilogie Da Ponte, où il fera l'ouverture du festival d'été en Don Giovanni.

Ce jeune chanteur a débuté en tant qu'enfant de chœur de l’église Saint-Georges à Ulm, et il se démarque aujourd'hui dans le répertoire du Lied. Une soirée de lieder lui sera d'ailleurs dédiée au Prinzregententheater le 24 juillet 2025, en fin de festival.

Konstantin Krimmel - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025), Les Noces de Figaro, Cosi fan Tutte

Konstantin Krimmel - Don Giovanni (Première le 27 juin 2025), Les Noces de Figaro, Cosi fan Tutte

Un focus sur les grands chanteurs français permet enfin de mettre en valeur Clémentine Margaine et Jérôme Boutillier (Carmen), Loïc Félix (Pénélope), Julie Fuchs (Les Noces de Figaro) et Sandrine Piau (Cosi fan tutte).

Sandrine Piau - Cosi fan tutte (reprise le 12 mai 2025)

Sandrine Piau - Cosi fan tutte (reprise le 12 mai 2025)

Mais seuls deux spectacles, hors festival ‘Ja, Mai’, seront affichés avec des prix ne dépassant pas 100 euros en première catégorie, ‘Hänsel et Gretel’ et ‘La Cenerentola’. C’est moins que la saison 2023/2024 où 6 productions étaient à ce tarif, ce qui est aussi un indice que les contraintes financières sont un peu plus fortes chaque année, mais la représentation de 'Don Giovanni' du 06 juillet 2025 sera projetée en direct sur la Max-Joseph Platz, avec saluts des artistes sur le parvis de l'opéra à la fin du spectacle.

Le Bayerische Staatsoper n’en est pas moins une maison lyrique qui se porte encore très bien, et s’intéresse toujours autant aux œuvres rares.


Le détail de la saison 2024/2025 du Bayerische Staatsoper peut être consulté sous le lien suivant : Season 2024 /2025 : From Life - Throught Love.

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Publié le 2 Mars 2024

The Exterminating Angel (Thomas Adès – Festival de Salzburg, 28 juillet 2016)
Livret de Tom Cairns, d’après le film éponyme de Luis Buñuel (1962)
Répétition du 24 février et représentations du 29 février et 09 mars 2024
Opéra Bastille

Lucia de Nobile Jacquelyn Stucker
Leticia Maynar Gloria Tronel
Leonora Palma Hilary Summers
Silvia de Avila Claudia Boyle
Blanca Delgado Christine Rice
Beatriz Amina Edris
Edmundo de Nobile Nicky Spence
Comte Raul Yebenes Frédéric Antoun
Colonel Álvaro Gómez Jarrett Ott
Francisco de Ávila Anthony Roth Costanzo
Eduardo Filipe Manu
Señor Russell Philippe Sly
Alberto Roc Paul Gay
Doctor Carlos Conde Clive Bayley
Julio Thomas Faulkner
Enrique Nicholas Jones
Pablo Andres Cascante
Meni Ilanah Lobel-Torres
Camila Bethany Horak-Hallett
Lucas Julien Henric
Padre Sanson Régis Mengus
Yoli Arthur Harmonic / Artiste de la Maîtrise des Hauts-de-Seine

Direction musicale Thomas Adès (du 26/02 au 09/03) / Robert Houssart (du 13/03 au 23/03)
Mise en scène Calixto Bieito (2024)
Nouvelle production (Entrée au répertoire)

Diffusion en direct sur Paris Opera Play, la Plateforme de l’Opéra national de Paris, le samedi 09 mars à 20h00, puis à compter du vendredi 22 mars sur Medici.TV
Diffusion sur France Musique le samedi 20 avril 2024 à 20h00 dans l’émission ‘Samedi à l’opéra’ présentée par Judith Chaine.

Créé au Festival de Salzbourg en 2016 dans une coproduction de Tom Cairns qui l’a amené à Toronto (2016), New-York (2017) et Copenhague (2018), ‘The Exterminating Angel’ est le troisième opéra de Thomas Adès

L'arrivée des hôtes et invités

L'arrivée des hôtes et invités

L’œuvre est basée sur le film de Luis Buñuel, ‘L’Ange Exterminateur’ (1962), qui se déroule dans les années 1960, au Mexique, après une représentation de l’opéra ‘Lucia di Lammermoor’, lorsque plusieurs couples de riches bourgeois, réunis dans une villa pour finir la soirée autour d’un dîner, se trouvent dans l’incapacité de sortir de la demeure.

Il s’agit d’une réflexion sur les barrières mentales, le conformisme, les artifices sociaux, et sur les travers d’une bourgeoisie, en apparence à l’aise, qui vont être révélés sous la pression d’un espace contraint.

Dans un contexte de ressentiment pour les riches drainé par certains mouvements extrémistes, ‘The Exterminating Angel’ apparaît donc comme un exutoire sans concession.

Claudia Boyle (Silvia), Filipe Manu (Eduardo), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Clive Bayley (Le docteur) et Gloria Tronel (Leticia)

Claudia Boyle (Silvia), Filipe Manu (Eduardo), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Clive Bayley (Le docteur) et Gloria Tronel (Leticia)

La production intégralement maison de cet opéra surréaliste, confiée au metteur en scène catalan Calixto Bieito qui est un grand admirateur du cinéaste aragonais, est donc la seconde au monde après celle montée par le librettiste, Tom Cairns, et est dirigée par Thomas Adès pour les premières représentations, puis par Robert Houssart qui avait assuré la première danoise en 2018.

Et pour mettre le spectateur dans l’ambiance, les sonneries des cloches se font entendre dans la salle Bastille pendant les 15 minutes qui précèdent le spectacle, manifestation malicieuse du metteur en scène au moment où le public rejoint ses places, et reflet mimétique des moutons se pressant à l’église dans la scène finale du film original.

Jacquelyn Stucker (Lucia de Nobile) et Christine Rice (Blanca Delgado)

Jacquelyn Stucker (Lucia de Nobile) et Christine Rice (Blanca Delgado)

Le rideau se lève sur une immense nef blanche, espace unique où va se dérouler toute l’action, donnant ainsi une dimension monumentale à l’espace de la salle à manger qui ne comprend aucun recoin pour se soustraire au regard d’autrui. L’ambiance est chic mais froide, et, dès lors, l’intimisme et les obscurités du film de Buñuel ne sont pas recréés.

Les différents couples peuvent donc être librement scrutés, et les comportements de chacun peuvent être suivis sans discontinuité. La grande table longitudinale, perpendiculaire à la salle, permet un défilé frontal des participants, et seul un piano est ajouté en fond de scène.

Gloria Tronel (Leticia Maynar) et Philippe Sly (Señor Russell)

Gloria Tronel (Leticia Maynar) et Philippe Sly (Señor Russell)

Calixto Bieito a soigneusement habillé les personnages avec goût et soin pour, par la suite, donner plus de force visuelle à leur déchéance spectaculaire.

La scène inaugurale fait intervenir des domestiques spasmodiques, Julio et Lucas, qui, sous les traits respectifs de Thomas Faulkner et Julien Henric d’une présence vocale bien accentuée, se préparent à fuir. Puis, leur succèdent Camilla et Meni, incarnées par Bethany Horak-Hallett et Ilanah Lobel-Torres, cette dernière affichant un dramatisme qui rappelle celui de Karine Deshayes à ses débuts.

Anthony Roth Costanzo (Francisco de Ávila) et Hilary Summers (Leonora Palma)

Anthony Roth Costanzo (Francisco de Ávila) et Hilary Summers (Leonora Palma)

La présentation des invités est marquée par la puissance percutante de Nicky Spence en Edmundo de Nobile, l’hôte principal qui finira par se proposer en sacrifice au final, et de Jacquelyn Stucker, qui va décrire tout au long de la soirée l’extraversion nymphomane de Lucia de Nobile avec un très beau galbe vocal, affûté et brillant. Son jeu décomplexé sera par ailleurs d’un primitivisme délirant jusqu’au-boutiste.

Claudia Boyle (Silvia), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Hilary Summers (Leonora), Nicky Spence (Edmundo), Thomas Faulkner (Julio), Gloria Tronel (Leticia Maynar), Jarrett Ott (Le Colonel) et Paul Gay (Alberto)

Claudia Boyle (Silvia), Anthony Roth Costanzo (Francisco), Hilary Summers (Leonora), Nicky Spence (Edmundo), Thomas Faulkner (Julio), Gloria Tronel (Leticia Maynar), Jarrett Ott (Le Colonel) et Paul Gay (Alberto)

Et impossible d’être insensible à la voix extrêmement aiguë et surnaturelle de Gloria Tronel, absolument charmante. La soprano bordelaise, dont la mère est une artiste du chœur de l’opéra de Bordeaux, fait vivre Leticia Maynar avec une agilité facétieuse. L’étrangeté des sons qu’elle obtient résonne d’ailleurs avec les ondes Mathenot qui évoquent les voix fantomatiques de l’Ange exterminateur.

Amina Edris (Beatriz) et Filipe Manu (Eduardo)

Amina Edris (Beatriz) et Filipe Manu (Eduardo)

C’est en fait une véritable décomposition humaine qui se déroule sur scène à travers un jeu déjanté qui, parfaitement allié à la musique, a quelque chose d’enivrant à la vue de ces artistes qui se donnent à fond pour faire se déchaîner exultations vocales et comportements fortement débridés et difficiles à crédibiliser.

A travers cette déliquescence, Calixto Bieito montre comment la perte de repères et de dignité ramène chacun à une sexualité primaire, tous les protagonistes étant pris dans une spirale de l’angoisse qui les anéantit.

The Exterminating Angel (Stucker Tronel Spence Adès Bieito) Opéra de Paris

Le baryton américain Jarrett Ott, qui s’était fortement fait remarquer la saison dernière à l’Opéra Comique dans ‘Breaking the waves’, un opéra de Missy Mazzoli créé 2 mois seulement après ‘The Exterminating Angel’, est très impressionnant autant par sa caractérisation vocale très soutenue que par son engagement physique, lui qui doit jouer avec force le Colonel amant de Lucia.

Christine Rice et Frédéric Antoun, deux interprètes des créations salzbourgeoise (2016) et new-yorkaise (2017) de l’œuvre, se retrouvent pour cette nouvelle production, la mezzo anglaise imposant, elle aussi, une forte personnalité, le ténor québecois ayant plus naturellement tendance à garder de l’allure même quand il doit se montrer violent.

Clive Bayley (Le Docteur) et Jarrett Ott (Le Colonel)

Clive Bayley (Le Docteur) et Jarrett Ott (Le Colonel)

Les différents couples invités génèrent également des émotions très différentes, celui formé par le vieux docteur et Leonora - chanté par un Clive Bayley acéré et une Hilary Summers au timbre baillé et mélancolique - est sans doute le plus attendrissant, les jeunes fiancés un peu à part, incarnés par Amina Edris et Filipe Manu, obtiennent un magnifique duo ‘Fold your body’ avant de s’éteindre sous un beau jeu d’ombre à l’avant scène, mais le frère et la sœur de Ávila sont bien plus hystérisés, Anthony Roth Costanzo, contre-ténor nerveux et très percutant dans l’enceinte Bastille, poussant, en réalité, très loin la destructuration de sa personnalité, et Claudia Boyle lui donnant le change avant d'offrir une très touchante étreinte finale pour son enfant, Yoli, qu’elle ne peut atteindre.

Le metteur en scène rend plus claire la symbolique des moutons avec cet enfant qui se promène avec ses ballons en forme d’ovins, et la scène d'abattage des ovidés est adaptée pour faire surgir des murs des peaux de moutons dont se recouvriront les invités.

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Thomas Adès et Jacquelyn Stucker

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Thomas Adès et Jacquelyn Stucker

La musique de Thomas Adès est d’un foisonnement sonore étourdissant mais, surtout, comprend un discours dramaturgique puissant, le compositeur se révélant un chef d’orchestre d’un punch implacable. 

La violence peut atteindre des moments paroxysmiques d’une même brutalité qu’’Elektra’ de Richard Strauss - voir la scène d'escamotage du plancher pour trouver de l'eau -, des tensions menaçantes sont par ailleurs entretenues pour ne pas lâcher l’auditeur, mais s’adjoint aussi une virtuose et pétaradante évocation de l’exotisme mexicain, jouée avec la rythmique et l’éclat d’un Chostakovitch, et, malgré le désastre humain, une lueur de poésie peut surgir sous forme de mélopées sensibles.

L’énergie saisissante qui s’en dégage, faisant toujours corps avec les expressions chevillées-au-corps des chanteurs, induit au fur et à mesure de la soirée un sentiment de débordement excessif qui ne peut se vivre que dans les conditions de la représentation.

Ching-Lien Wu (Cheffe de choeur)

Ching-Lien Wu (Cheffe de choeur)

Sans oublier le chœur très élégiaque provenant des hauteurs et arrières de la salle au final, pour renforcer cette impression d’enfermement dans un crane humain suggérée par le décor - qui pivotera d’ailleurs au moment où les invités comprendront, peut-être, que ce sont leurs névroses qui les empêchaient de sortir -, c’est finalement un triomphe qui est réservé à toute l’équipe artistique à laquelle se joint même Tom Cairns

Amina Edris, Jarrett Ott, Jacquelyn Stucker, Gloria Tronel, Claudia Boyle, Anthony Roth Costanzo, Nicky Spence, Frédéric Antoun et Hilary Summers

Amina Edris, Jarrett Ott, Jacquelyn Stucker, Gloria Tronel, Claudia Boyle, Anthony Roth Costanzo, Nicky Spence, Frédéric Antoun et Hilary Summers

Ce n’est en effet pas tous les jours que l’on assiste à un ouvrage du XXIe siècle dirigé par son compositeur en personne et qui, de plus, montre qu’il est capable d’accepter deux visions scéniques très différentes, celle de Cairns, assez littérale et proche de l’ambiance du film, et celle de Bieito, plus sévèrement psychologique et excessive, Alexander Neef étant le seul directeur d'opéra à avoir produit ou coproduit ces deux mises en scène.

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Calixto Bieito, Tom Cairns, Anna-Sofia Kirsch, Ingo Krügler, Thomas Adès, Bettina Auer et Jacquelyn Stucker

Arthur Harmonic, Claudia Boyle, Calixto Bieito, Tom Cairns, Anna-Sofia Kirsch, Ingo Krügler, Thomas Adès, Bettina Auer et Jacquelyn Stucker

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Publié le 24 Février 2024

Pelléas et Mélisande (Claude Debussy – Opéra Comique, le 30 avril 1902)
Représentations du 15 et 21 février 2024
Athénée Théâtre – Louis Jouvet

Pelléas Jean-Christophe Lanièce
Mélisande Marthe Davost
Golaud Halidou Nombre
Arkel Cyril Costanzo
Geneviève Marie-Laure Garnier
Yniold Cécile Madelin
Pianiste Martin Surot (le 15), Jean-Paul Pruna (le 21)
Mise en scène Moshe Leiser et Patrice Caurier

Production : Fondation Royaumont.
Coproduction Châteauvallon-Liberté, La Scène nationale d’Orléans, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, Art et Création du Perreux-sur-Marne, Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées, Opéra de Vichy, Clermont-Auvergne Opéra, Saint-Quentin en Yvelines.

 

Créée le 15 janvier 2022 à Châteauvallon-Liberté, la scène national de Toulon, la production de ‘Pelléas et Mélisande’ mise en scène par Moshe Leiser et Patrice Caurier avec de jeunes chanteurs a circulé partout en France en 2022 et 2023, et fait enfin escale à Paris, au Théâtre de l’Athénée, quelques jours après Vichy, pour pas moins de 6 représentations.

Marthe Davost (Mélisande) et Jean-Christophe Lanièce (Pelléas)

Marthe Davost (Mélisande) et Jean-Christophe Lanièce (Pelléas)

Il y a toujours une appréhension à aller entendre une œuvre d’une grande puissance orchestrale donnée dans une version intégrale mais jouée au piano, ce qui, inévitablement, devrait la dépouiller d’une part de son mystère.

Et pourtant, c’est bien à une interprétation captivante qu’il est donné d’assister, tous ces excellents artistes étant doués, d’une part, d’une réelle force dramatique, et, d’autre part, de qualités d’élocution permettant de saisir l’essence du texte colorée par des timbres vocaux contrastés.

Halidou Nombre (Golaud) et Marthe Davost (Mélisande)

Halidou Nombre (Golaud) et Marthe Davost (Mélisande)

Moshe Leiser et Patrice Caurier contiennent l’action en une pièce unique située à l’avant-scène, délimitée à l’arrière par un long mur en contreplaqué, fendu d’une unique porte centrale. Un canapé, deux fauteuils et le piano, seuls objets de salon, serviront de reliefs imaginaires, évoquant balcon, fontaine ou surplomb d’un puits, concentrant ainsi l’action en un huis-clos oppressant.

Les lumières latérales qui se réféchissent sur la paroi longitudinale créent des jeux d’ombres et des ambiances plus ou moins crépusculaires, et permettent aussi de resserrer l’intimité des scènes entre Pelléas et Mélisande.

 Jean-Paul Pruna, Marie-Laure Garnier (Geneviève) et Cyril Costanzo (Arkel)

Jean-Paul Pruna, Marie-Laure Garnier (Geneviève) et Cyril Costanzo (Arkel)

Arkel, chanté par Cyril Costanzo, qui participera prochainement au ‘Platée’ de Rameau à l’opéra de Versailles, puis à ‘Médée’ de Charpentier au Teatro Real de Madrid, est incarné avec beaucoup de clarté sincère et de vibration émotive.

Désormais en fauteuil roulant, son empathie pour autrui le pousse à s’en extraire pour permettre à Golaud, puis Mélisande, de se reposer de leurs tensions. Chef de famille attentionné, même son regard sur la jeune femme est teinté de fascination, mais avec retenue et délicatesse.

Marie-Laure Garnier (Geneviève)

Marie-Laure Garnier (Geneviève)

Marie-Laure Garnier, qui impose une Geneviève très stable émotionnellement, attentive à ce qui se joue avec une véritable solidité intérieure, lui offre une jeunesse de timbre ambrée que l’on entend rarement dans ce rôle, doublée par une netteté de prononciation qui renforce tout ce qu’il y a de bienveillant en cette femme soucieuse des états d’âme de sa famille.

Halidou Nombre (Golaud) et Cécile Madelin (Yniold)

Halidou Nombre (Golaud) et Cécile Madelin (Yniold)

Le Golaud d’Halidou Nombre, ultérieurement Enée dans ‘Didon et Enée’ de Purcell à l’opéra de Versailles, est joué en apparence comme un homme de raison, mais dont l’impulsivité intériorisée peut très vite le faire changer de visage. 

Son regard sur Mélisande et Pelléas est une emprise en soi, son chant sombre et naturaliste donne du poids à chacun de ses mots qui transmettent à l’auditeur ses intentions avec presque de l’effroi, et les metteurs en scène le chargent d’une agressivité qui s’exprime et se libère au fur et à mesure.

Le texte pris au mot, il étouffe de sa masse Pelléas, lors de la scène de la grotte, se décharge physiquement de sa violence sur Mélisande, et exécute Pelléas avec une froideur assumée.

Et en même temps, l’humain en lui reste prégnant, car se ressent aussi une souffrance en Golaud.

Marthe Davost (Mélisande) et Jean-Christophe Lanièce (Pelléas)

Marthe Davost (Mélisande) et Jean-Christophe Lanièce (Pelléas)

Avec une couleur vocale très proche de celle de Golaud dans le médium, et un délié plus lyrique qui s’éclaire dans les aigus, Jean-Christophe Lanièce, le futur Saül dans ‘David et Jonathas’ de Charpentier au Théâtre des Champs-Élysées, est extraordinaire par la simplicité qu’il donne à Pelléas, avec une poésie extrêmement touchante. Il a l’art d’exprimer les tressaillements des sentiments avec un mélange de vérité et de souplesse vocale qui rendent tout juste en lui.

Cécile Madelin, Halidou Nombre, Marthe Davost, Jean-Christophe Lanièce, Marie-Laure Garnier, Cyril Costanzo et Jean-Paul Pruna

Cécile Madelin, Halidou Nombre, Marthe Davost, Jean-Christophe Lanièce, Marie-Laure Garnier, Cyril Costanzo et Jean-Paul Pruna

Et Marthe Davost, Mélisande d’une très belle unité de timbre, exprimant l’oppression du cœur et une féminité innocente, joue, elle aussi, un personnage en quête de vie et de lumière, prise entre désir de séduire et convention sociale. Et tout ce qu’elle dit est d’une intelligibilité que l’on n’obtient pas toujours dans les grandes interprétations orchestrales.

Enfin, Cécile Madelin fait grandir Yniold avec ses touches d’espièglerie qui en font moins un ingénu manipulé par Golaud, qu'un être joueur laissant ondoyer et varier les couleurs au fil des émotions.

Marie-Laure Garnier, Halidou Nombre et Cécile Madelin

Marie-Laure Garnier, Halidou Nombre et Cécile Madelin

Que ce soit Martin Surot ou Jean-Paul Pruna au piano, l’atmosphère musicale debussyste est d’une empreinte poignante, d’une plénitude de résonance qui mêle noirceur et pureté cristalline, en rendant saillants les motifs mélodiques récurrents de la partition. Et c’est la cohésion d’ensemble de cet univers austère et désenchanté qui charge le drame, et qui donne envie de le revoir sans réserve, parce ce monde est sans artifice et sans fausse légèreté.

Moshe Leiser, Patrice Caurier et Halidou Nombre

Moshe Leiser, Patrice Caurier et Halidou Nombre

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Publié le 22 Février 2024

Dorénavant, l’annonce de chaque saison du New-York Metropolitan Opera (312 M$ de budget annuel en 2023) est scrutée de près car, même si la culture musicale américaine diffère de la culture européenne, aussi bien par ses modes de financements que par ses manifestations créatives (respectivement privés et plus tournées vers le grand public, outre-Atlantique), elle reste néanmoins un indicateur de la bonne santé de l’art lyrique dans le monde, et un soutien important pour les grands artistes.

Emily d'Angelo dans 'Grounded' de Jeanine Tesori

Emily d'Angelo dans 'Grounded' de Jeanine Tesori

Par ailleurs, Peter Gelb a même reconnu lors d’une interview donnée au blog Appreciate Opera (1) (près de 50 000 consultations par mois), fondé en 2019 par Alkis Karmpaliotis à l’âge de 12 ans, qu’il ne peut prévoir ce que sera l’opéra dans 5 ans.

Récemment, les informations révélées au New-York Times, fin janvier 2024 (2), montrent que le taux de fréquentation de l’année 2023 au MET atteint 73 %, bien mieux que les 61 % d’il y a un an, signe que la tendance s’inverse. Il sera cependant encore nécessaire de retirer 40 M$ du fond de dotation de l’institution, tombé à 255 M$, pour financer les projets à venir, mais Peter Gelb espère obtenir plus de 100 M$ de donations dans les années à venir pour le recompléter.

Une des pistes retenues pour améliorer la marge artistique de 15 M$ est également de programmer plus d’opéras populaires pendant les week-ends.

(1) Appreciate Opera 16/01/2024 :  An Interview with Peter Gelb
(2) New York Times 25/01/2024 : Met Opera Taps Its Endowment Again to Weather Downturn

Antony and Cleopatra’ de John Adams (San Francisco – 2022)

Antony and Cleopatra’ de John Adams (San Francisco – 2022)

18 spectacles, 6 nouvelles productions, 12 compositeurs dont 4 contemporains (4 œuvres du XXIe siècle)

Avec 194 représentations lyriques au cours de la saison 2024/2025 et 18 spectacles lyriques (dont 6 nouvelles productions), le MET se situe très légèrement en dessous de la saison 2023/2024 (191 représentations et 18 spectacles), car deux de ces spectacles concernent la même œuvre (‘La Flûte enchantée’, en version originale et en version abrégée en anglais).
Il s’agit clairement d’une programmation d’équilibre qui se resserre sur un socle ferme.

12 compositeurs différents sont représentés (contre 13 la saison dernière), dont 4 sont contemporains et toujours vivants, soit 17% des soirées dédiées à 4 nouvelles productions de 4 œuvres du XXIe siècle: ‘Ainadamar’ du compositeur argentin Osvaldo Golijov (Tanglewood - 2003), ‘Moby Dick’ de Jake Heggie (Dallas – 2010), ‘Antony and Cleopatra’ de John Adams (San Francisco – 2022), et ‘Grounded’ de Jeanine Tesori (Washington – 2023), un hommage à l’US Air Force.

Elza van den Heever : ‘Die Frau Ohne Schatten’ & ‘Salome’

Elza van den Heever : ‘Die Frau Ohne Schatten’ & ‘Salome’

Deux ouvrages de Richard Strauss représentent le XXe siècle

Absent de la programmation la saison dernière, Richard Strauss revient avec deux ouvrages dirigés par Yannick Nézet-Séguin avec Elza van den Heever en premier rôle, ‘Die Frau Ohne Schatten’, dans la mise en scène d’Herbert Wernicke, et ‘Salome’, dans une nouvelle production de Claus Guth (le metteur en scène allemand a déjà monté deux productions de cet opéra, l'une pour le Deutsche Oper de Berlin en 2016, l'autre pour le Bolshoï en 2021, avec lequel une coproduction était prévue originellement).

Au total, le répertoire des XXe et XXIe siècles représente 24% de la programmation, en incluant les 4 ouvrages contemporains, ce qui est conséquent dans une maison qui consacre habituellement moins de 20% de son affiche aux œuvres post-Puccini.

Susanna Mälkki : 'Fidelio'

Susanna Mälkki : 'Fidelio'

Une saison heureuse pour Mozart et le crépuscule du classicisme 

Avec deux versions de ‘La Flûte enchantée’, puis la reprise des ‘Noces de Figaro’, Mozart se porte très bien au MET, puisqu’il va occuper plus de 20% des soirées. Ces deux ouvrages font partie des 12 titres les plus joués de l’institution depuis l’ouverture du Nouveau Metropolitan Opera sur le Lincoln center en 1966, et, de par leur popularité, ils devraient le rester. 

En effet, le regain d’intérêt pour Mozart date de cette période, au moment où Wagner et le répertoire français refluaient de plus en plus du MET.

Auprès de Mozart, la reprise pour 5 représentations de ‘Fidelio’ de Beethoven, dans la production de Jürgen Flimm, entretient la flamme d’un ouvrage qui a aussi tendance à se faire rare. Il est confié à Susanna Mälkki qui, après ‘L’amour de Loin’ et ‘The Rake’s Progress’, dirige cette fois une œuvre teintée d’un classicisme crépusculaire et d’un romantisme naissant. Lise Davidsen sera Leonore.

Pene Pati : 'Rigoletto'

Pene Pati : 'Rigoletto'

Le répertoire italien du XIXe siècle (Puccini, Rossini, Verdi) premier pilier du MET

Mais le grand répertoire italien préserve ses fondamentaux avec 24% des soirées dédiées à Giuseppe Verdi, avec ‘Aida’ (dans la nouvelle production de Michael Mayer – sa quatrième production après ‘Rigoletto -2013’, ‘Marnie-2018’ et ‘La Traviata-2018’ -, initialement prévue en 2020, mais dorénavant sans la participation du Bolshoi), et deux reprises, ‘Il Trovatore’ par David McVicar, et ‘Rigoletto’ dans la production de Bartlett Sher qui remplace depuis 2021 celle de Michael Mayer.

16% des autres soirées sont réservées à Puccini (‘La Bohème’, ‘Tosca’), deux œuvres déjà jouées au cours de la saison 2023-2024, et 6% à Rossini (‘Le Barbier de Séville’).

Comme la saison passée, ce répertoire populaire est confié à des metteurs en scène plutôt conventionnels, et couvre un peu plus de 45% des représentations.

Clémentine Margaine : 'Les Contes d'Hoffmann'

Clémentine Margaine : 'Les Contes d'Hoffmann'

Les répertoires français et russe du XIXe siècle se maintiennent faiblement

Après ‘Carmen’ et ‘Roméo et Juliette’, la saison passée, la reprise des ‘Contes d’Hoffmann’, dans la mise en scène de Bartlett Sher, sera la seule occasion de défendre le répertoire français.

Et après avoir fait ses débuts au MET en septembre 2022, à la direction de ‘Lady Macbeth de Mzensk’ de Dmitri Chostakovitch, Keri-Lynn Wilson, l’épouse de Peter Gelb, d’origine en partie ukrainienne et créatrice de l’Ukrainian Freedom Orchestra, dirigera un autre opéra russe, ‘La Dame de Pique’ de Tchaikovski, dans la mise en scène d’Elijah Moshinsky

C’est tout un symbole de l’engagement politique du MET dans le conflit russo-ukrainien.

Keri-Lynn Wilson : 'La Dame de Pique'

Keri-Lynn Wilson : 'La Dame de Pique'

Richard Wagner absent du MET: une première depuis l’ouverture de l’institution, le 22 octobre 1883.

Mais l’absence de Richard Wagner est le véritable marqueur historique de cette saison, puisque cela n’était jamais arrivé de toute la vie du MET en 140 ans, hormis en 1918 et 1919 par sentiment antiallemand en sortie de guerre, et non pour une raison programmatique.

C’est avec ‘Lohengrin’, chanté à l’époque en italien, que Wagner était entré dans cette maison, le 07 novembre 1883, deux semaines après l’ouverture des portes. Italo Campanini incarnait le héros médiéval, Christine Nilsson était Elsa, et Auguste Vianesi assurait la direction musicale. 

Il sera naturalisé français 4 ans plus tard et deviendra chef d’orchestre principal de l’Opéra de Paris la même année, en 1887.

L’absence de Richard Wagner est une conséquence des limitations de la programmation à 17 ouvrages différents, quand, dans les années 2000 et 2010, il y en avait plus de 25.

'Moby Dick’ de Jake Heggie

'Moby Dick’ de Jake Heggie

Les répertoires 1900-1980 tchèque et anglais et le répertoire baroque toujours absents de la programmation

Comme la saison passée, aucun ouvrage tchèque ou britannique de la période 1900-1980 ne sera représenté (exit Leos Janacek ou Benjamin Britten).

Quant aux œuvres baroques, rares au MET, elles devaient être représentées cette saison par la nouvelle production de ‘Semele’ mise en scène par Claus Guth, en coproduction avec Munich, où elle fit un tabac au festival d’été 2023, mais elle a du être reportée pour des questions budgétaires.

Yannick Nézet-Séguin - Philharmonie de Paris, le 29 octobre 2023

Yannick Nézet-Séguin - Philharmonie de Paris, le 29 octobre 2023

5 ouvrages en 3 langues différentes dont 3 nouvelles productions dirigées par Yannick Nézet-Seguin

Toujours engagé dans la rénovation de l’esprit du MET, Yannick Nézet Séguin conduira 5 spectacles dont 3 nouvelles productions, ‘Grounded’ de Jeanine Tesori, avec Emily d’Angelo (création au Washington National Opera en 2023), dans une version remaniée au premier acte et une nouvelle musique, 'Salome’ (nouvelle production par Claus Guth), et ‘Aida’ (la seule nouvelle production 100% MET), qui sera aussi dirigée par Alexander Soddy, ainsi que les reprises de ‘La Bohème’ et ‘Die Frau ohne schatten’.

Osvaldo Golijov : ‘Ainadamar’ (2003)

Osvaldo Golijov : ‘Ainadamar’ (2003)

A ces 3 nouvelles productions s’ajoutent celles d’‘Ainadamar’ (coproduction Opera Ventures, Scottish Opera, Detroit Opera, et Welsh National Opera) mis en scène par Deborah Colker et conduite par Miguel Harth-Beyoda, ‘Antony and Cleopatra’ (création au San Fransisco Opera en 2022) mis en scène par Elkhanah Pulitzer et dirigée par son compositeur, John Adams, et 'Moby Dick’ (coproduction Dallas Opera, State Opera of South Australia, Calgary Opera, San Diego Opera, et San Francisco Opera) mis en scène par Leonard Foglia sous la direction de Karen Kamensek.

Et si l’on s’intéresse aux artistes français, Clémentine Margaine et Benjamin Bernheim défendront ‘Les Contes d’Hoffmann’, respectivement en Giulietta et Hoffmann,  Nicolas Teste incarnera Colline dans ‘La Bohème’, et Marianne Crebassa sera Cherubino des ‘Noces de Figaro’.

Saison 2024/2025 du New-York Metropolitan Opera (MET)

8 productions du MET en direct au cinéma en HD

Samedi        05 octobre 2024 - 12h55 (EST) : Les Contes d’Hoffmann
Samedi        19 octobre 2024 - 12h55 (EST) : Grounded (Nouvelle production)
Samedi    23 novembre 2024 - 12h55 (EST) : Tosca
Samedi         25 janvier 2025 - 12h55 (EST) : Aida (Nouvelle production)
Samedi            15 mars 2025 - 12h55 (EST) : Fidelio
Samedi            26 avril 2025 - 12h55 (EST) : Les Noces de Figaro
Samedi             17 mai 2025 - 12h55 (EST) : Salome (Nouvelle production)
Samedi             31 mai 2025 - 12h55 (EST) : Le Barbier de Séville

Le détail de la saison 2024/2025 du MET peut être consulté sous le lien suivant : On Stage 2024–25

La présentation de la saison 2023/2024 peut être consultée sous le lien suivant : Saison 2023/2024 du New-York Metropolitan Opera (MET)

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