Quatuor FAMA (Srnka Adamek Rataj Krejcik) Centre Tchèque-Paris

Publié le 27 Avril 2024

Quatuor FAMA (Srnka Adamek Rataj Krejcik) Centre Tchèque-Paris
Parcours croisés de créations contemporaines de Miroslav Srnka (1975), Ondřej Adámek (1979), Jakub Rataj (1984) et Jan Krejčík (1974)
Concert du 22 avril 2024
Centre Culturel Tchèque, 18 rue Bonaparte, Paris 6

Miroslav Srnka
That long town of White to cross - pour violon solo (2004)
Here With You - pour violon et violoncelle (2011/2016)

Ondřej Adámek
Rapid Eyes Movements (2003-05) - pour quatuor à cordes

Jakub Rataj
STRIA (2023-24) - pour violoncelle solo - création mondiale
Transition - pour quatuor à cordes (2018/2024)

Jan Krejčík
Emaux coulés de Jitka Válová (2024) - pour quatuor à cordes - création mondiale

FAMA Quartet : David Danel et Roman Hranička (violons), Ondřej Martinovský (alto) et Balázs Adorján (violoncelle)

Programme composé par Marie Kopecká Verhoeven


Ce ne sont pas moins de quatre compositeurs tchèques contemporains, dont deux présents ce soir au Centre Culturel Tchèque, Jakub Rataj et Jan Krejčík, que le quatuor FAMA, ensemble fondé à Prague en 2005 par des musiciens de grands orchestres nationaux, a le plaisir de jouer avec une passion sans faille.

Quatuor FAMA

Quatuor FAMA

Le premier de ces compositeurs, Miroslav Srnka, est déjà l’auteur de plus de 60 pièces depuis ‘Podvrhy / The Falsifications’ (1998).  En ouverture de ce concert, le violoniste David Danel interprète l’une de ses œuvres pour instrument solo ‘That long town of White to cross’, qui fut créée le 20 juin 2004 à Lysice par la violoniste morave Hana Kotková.

Dans une tessiture très aigüe, l’espace est tailladé de frémissements fins et mystérieux, de traits rêches adoucis par des tremolos, et de sinuosités qui font ressortir des sonorités étranges que l’on n'imaginerait pas émaner d’un violon. Ce monde imagé et rude cherche à illustrer le poème d’Emily Dickinson, ‘It can’t be ‘Summer’ !’ , qui décrit les impressions d’un monde situé entre l’hiver et le printemps, ce qui est tout à fait de saison.

David Danel

David Danel

Puis, David Danel est rejoint par Balázs Adorján pour interpréter une pièce plus récente, ‘Here With You’, créée à Fribourg le 06 octobre 2016. Ce qui est étonnant dans ce duo très subtil qui étire des sonorités à l’infini, est d’entendre comment les deux instruments se fondent dans les aigus, le violoncelle pouvant aussi creuser des résonances graves éphémères qui donnent subitement du volume à l'ensemble.

Pour mieux découvrir Miroslav Srnka, il sera possible d’entendre les créations françaises de ‘Milky Way’ (2019), le 27 mai 2024 au studio de la Philharmonie, et de ‘Superorganisms’ (2022) par l’Orchestre de Paris, le 12 juin 2024 à la Philharmonie, sous la direction de Klaus Mäkelä.

Roman Hranička

Roman Hranička

Nous retrouvons ensuite le Quatuor FAMA au complet pour évoquer Ondřej Adámek, compositeur d’une trentaine d’œuvres depuis la création de ‘Rapid Eye Movements’ à l’IRCAM en avril 2005 sous la direction de Jan Krejčík, qui est reprise à cette occasion sans dispositif électronique.

Entêtants sont ces mouvements de machines illustrés par les cordes frottées, ainsi que cette profusion de croisements de lignes saccadées et d’ondulations qui alternent rythmique incisive et passages très ludiques. Le plus étonnant est de voir comment les quatre musiciens se répondent, les voix de chacun ayant la même importance, ce que l’on ressent beaucoup plus rarement dans les concerts classiques traditionnels.

Balázs Adorján

Balázs Adorján

La seconde partie du concert est dédiée aux deux compositeurs présents en salle et à leurs créations.
Balázs Adorján revient seul sur scène afin de présenter en création mondiale ‘STRIA’ de Jakub Rataj, l’auteur d’une quarantaine d’œuvres et de musiques de films souvent associées à des univers électro-acoustiques.

Ce moment est très impressionnant par la façon dont le violoncelliste semble littéralement engagé avec son instrument de musique dans un corps à corps physique et profond, afin de faire ressortir de la matière un chant expressif et rugueux.

Jakub Rataj (compositeur) et David Danel (violon)

Jakub Rataj (compositeur) et David Danel (violon)

Le quatuor FAMA se forme à nouveau autour de lui afin de jouer une autre pièce du compositeur, ‘Transition’, créée en 2018 pour flûte basse et quatuor, mais retravaillée sous une autre forme ce soir. 

Les attaques des archets sont très franches, les traits saillants et d’une grande force de caractère, avec toujours d’étourdissants effets de variations de vibrations.

David Danel et Roman Hranička (violons), Ondřej Martinovský (alto)

David Danel et Roman Hranička (violons), Ondřej Martinovský (alto)

Enfin, c’est une pièce en quatre mouvements d’environ 4 minutes chacun que présente Jan Krejčík, ‘Emaux coulés de Jitka Válová’, inspirée par le travail de gravure sur verre de l’artiste tchèque disparue en 2011. 

D’une écriture précise et élégamment striée, avec des touches également très acérées, l’évocation est sémillante, parfois finement spasmodique, et décrit un tissage d’effets lumineux tenus qui s’enrichissent de couleurs vives et bariolées, avec aussi des moments de lentes variations de nuances.

Balázs Adorján (violoncelle) et Jan Krejčík (compositeur)

Balázs Adorján (violoncelle) et Jan Krejčík (compositeur)

Au delà du paysage sonore unique proposé pendant plus d’une heure de musique, ce sont la proximité avec les instruments et les musiciens, et les formes abstraites qui sont maniées à travers ces compositions, qui font ressentir un esprit qui invite aussi l’auditeur à se laisser imprégner de toutes ces ondes qui suscitent images en relief et souvenirs propres à chacun.

Rédigé par David

Publié dans #Saison 2023-2024, #Concert, #FAMA, #Krejčík, #Srnka, #Adamek, #Rataj, #Paris, #Verhoeven

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