Publié le 31 Janvier 2019

TV-Web Février 2019 - Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 03 février 2019 sur France 3 à 00h40
Don Giovanni (Mozart) - Théâtre des Champs Elysées - ms Braunschweig - dm Rhorer

Werba, Persson, Behle, Marin-Degor, Gleadow

Dimanche 03 février 2019 sur Arte à 17h30
La Folle journée de Nantes

Dimanche 03 février 2019 sur Arte à 23h45
Alondra de la Parra, la Maestra

Lundi 04 février 2019 sur Arte à 00h40
Le Radeau de la Méduse (Henze) - ms Castellucci - dm Metzmacher

Ruiten, Skovhus, Duesing

Lundi 04 février 2019 sur France 3 à 02h00
Le Roi Carotte (Offenbach) - Opéra de Lyon - ms Pelly - dm Aviat

Boulianne, Beuron, Mortagne, Briot, Dennefeld

Vendredi 08 février 2019 sur France 2 à 00h10
Music for a while - chorégraphie Lin - dm Pluhar

Vendredi 08 février 2019 sur France 2 à 21h00
Les victoires de la Musique 2019

Dimanche 10 février 2019 sur France 3 à 00h30
La Damnation de Faust (Berlioz) - Opéra de Paris - ms Hermanis - dm Jordan

Kaufmann, Koch, Terfel, Crossley-Mercer

Dimanche 10 février 2019 sur Arte à 18h30
Symphonie n°2 (Rachmaninov) - Staatskapelle de Dresde - dm Pappano

Lundi 11 février 2019 sur Arte à 02h05
Brahms, Chostakovitch et Kaija Saariaho - Renaud Capuçon (violon)

Mercredi 13 février 2019 sur France 3 à 21h00
Les 26e victoires de la Musique classique

Jeudi 14 février 2019 sur Arte à 03h10
Graine d'étoiles ... cinq ans après. Danser sa vie.

Vendredi 15 février 2019 sur France 2 à 00h05
Orphée et Eurydice (Gluck) - ms Carsen - dm Fasolis
Jaroussky, Petibon, Barath

Vendredi 15 février 2019 sur France 3 à 21h00
300 choeurs chantent les plus belles chansons des années 60

Dimanche 17 février 2019 sur France 3 à 00h35
Le médecin malgré lui (Gounod) - Grand Théâtre de Genève - ms Pelly - dm Woodbridge

Leguérinel, Tilquin, De Barbeyrac, Mhamdi, Lamprecht

Lundi 17 février 2019 sur France 3 à 02h25
Le Roi Carotte (Offenbach) - Opéra de Lyon - ms Pelly - dm Aviat

Boulianne, Beuron, Mortagne, Briot, Dennefeld

Dimanche 17 février 2019 sur Arte à 18h10
Wang piano - Festival de Lucerne - dm Petrenko

Dimanche 24 février 2019 sur France 3 à 00h30
Requiem (Donizetti) - Festival de Saint-Denis - dm Garcia Alarcon

Bré, Bridelli, Trümpy, Borchev

Dimanche 24 février 2019 sur Arte à 18h50
Sabine Meyer et sa clarinette


Mezzo et Mezzo HD

Vendredi 01 février 2019 sur Mezzo HD à 22h15
Macbeth de Verdi - Opéra royal de Wallonie

Samedi 02 février 2019 sur Mezzo à 20h30
Carmen de Bizet à l'Opéra Royal de Wallonie

Dimanche 03 février 2019 sur Mezzo HD à 21h00
Don Pasquale de Donizetti à la Monnaie de Bruxelles

Mercredi 06 février 2019 sur Mezzo à 20h30
Norma de Vicenzo Bellini, Teatro La Fenice

Vendredi 08 février 2019 sur Mezzo HD à 21h00
Le Vaisseau fantôme de Wagner au Teatro Real de Madrid

Samedi 09 février 2019 sur Mezzo à 20h30
Daniele Gatti dirige Salome de Strauss au Dutch National Opera & Ballet Amsterdam

Dimanche 10 février 2019 sur Mezzo HD à 21h00
Rigoletto de Verdi au Liceu de Barcelone

Mercredi 13 février 2019 sur Mezzo à 21h00
Orlando Furioso de Vivaldi à Venise

Vendredi 15 février 2019 sur Mezzo HD à 20h30
Il Trovatore de Verdi au Liceu de Barcelone

Samedi 16 février 2019 sur Mezzo à 20h30
Mitridate de Mozart au Théâtre des Champs-Elysées

Dimanche 17 février 2019 sur Mezzo HD à 21h00
Le Vaisseau fantôme de Wagner au Teatro Real de Madrid

Mercredi 20 février 2019 sur Mezzo à 20h30
Semiramide de Gioachino Rossini, Teatro La Fenice

Vendredi 22 février 2019 sur Mezzo HD à 23h00
Street Scene de Kurt Weill au Teatro Real de Madrid

Samedi 23 février 2019 sur Mezzo à 20h30
Tristan et Isolde de Wagner au Staatsoper de Berlin

Dimanche 24 février 2019 sur Mezzo HD à 21h00
l Trovatore de Verdi au Liceu de Barcelone

Mercredi 27 février 2019 sur Mezzo à 20h30
Don Giovanni de Mozart au Festival d'Aix-en-Provence

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, ConcertArte etc...

 

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange) jusqu'au 01 février 2019

Vanessa (Festival de Glyndebourne) jusqu'au 14 février 2019

 

Bank Ban (Hungarian State Opera) jusqu'au 06 mars 2019

Butterfly (Opéra de Limoges) jusqu'au 11 mars 2019

Le Couronnement du Roi à Versailles (Chapelle du Château de Versailles) jusqu'au 12 mars 2019

The Magic Flute (Garsington Opera) jusqu'au 13 mars 2019

Orphée et Eurydice (Opéra Comique) jusqu'au 17 mars 2019

Les Victoires de la Musique classique jusqu’au 17 mars 2019

Albert Herring (Royal College of Music) jusqu'au 20 mars 2019

Attila (Scala de Milan) jusqu'au 20 mars 2019

La Flûte enchantée (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 26 mars 2019

Les Noces de Figaro (Royal College of Music) jusqu'au 26 mars 2019

The Flying Dutchman (Latvian Opera & Ballet) jusqu'au 27 mars 2019

Die Tote Stadt (Komische Oper Berlin) jusqu'au 29 mars 2019

La Passion selon Saint-Jean (Philharmonie) jusqu'au 31 mars 2019

Gala des 350 ans de l'Opéra de Paris jusqu'au 31 mars 2019

 

Sanatorio Express (Finnish Opera & Ballet) jusqu'au 01 avril 2019

Le viol de Lucrèce (Festival de Glyndebourne 2015) jusqu'au 04 avril 2019

Tosca (Opéra National de Finlande) jusqu'au 05 avril 2019

Medea (Moscow Stanivslavsky Theater) jusqu'au 11 avril 2019

Les Noces de Figaro (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 11 avril 2019

Orlando Furioso (Teatro de la Fenice) jusqu'au 12 avril 2019

Thamos, roi d'Egypte (La Seine Musicale) jusqu'au 13 avril 2019

Mam'zelle Nitouche (Opéra de Lausanne) jusqu'au 14 avril 2019

La Traviata (Capitole de Toulouse) jusqu'au 17 avril 2019

Musique for a while (Opéra de Linz) jusqu'au 19 avril 2019

Le radeau de la méduse (Opéra d'Amsterdam) jusqu'au 25 avril 2019

Libuse (Opéra National de Prague) jusqu'au 26 avril 2019

T.H.A.M.O.S (direction Alondra de la Parra - ms Carlus Peadrissa) jusqu'au 26 avril 2019

Obéron (Bayerische Staatsoper) jusqu'au 29 avril 2019

Quatre chorégraphes d'aujourd'hui à l'Opéra de Paris jusqu'au 30 avril 2019

Cosi fan Tutte (Opéra de Lausanne) jusqu'au 01 mai 2019

Les Troyens (Opéra National de Paris) jusqu'au 01 mai 2019

Ero the Joker (Croatian National Theatre in Zagreb) jusqu'au 05 mai 2019

Hommage à Jérôme Robbins (Opéra de Paris) jusqu'au 09 mai 2019

Cunning Little Vixen (National Theatre Brno) jusqu'au 17 mai 2019

Norma (Teatro de la Fenice) jusqu'au 19 mai 2019 (Culturebox)

Macbeth (Teatro de la Fenice) jusqu'au 06 juin 2019

Caligula (Opéra avec l'Arcal et le Poème de l'Harmonie) jusqu'au 11 juin 2019

Tosca (Opéra de Rome) jusqu'au 12 juin 2019

Macbeth (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 14 juin 2019

Simon Boccanegra (Opéra de Paris) jusqu'au 15 juin 2019

Le concert des étoiles - Hommage à Mozart jusqu'au 15 juin 2019

Katia Kabanova (Teatro San Carlo) jusqu'au 19 juin 2019

Musique en fête aux Chorégies d'Orange jusqu'au 21 juin 2019

Debussy / Saint-Saëns / Franck (Festival de Grenade) jusqu'au 25 juin 2019

Maria Callas, une vie d'Opéra jusqu'au 27 juin 2019

Le Roi Arthur (Vox Luminis) jusqu'au 04 juillet 2019

Ariane à Naxos (Festival d'Aix en Provence) jusqu'au 10 juillet 2019

Manru (Polish National Opera) jusqu'au 18 juillet 2019

La Bohème (Komische Oper Berlin) jusqu'au 26 juillet 2019

Xerxès (Deutsche Oper Am Rhein) jusqu'au 31 juillet 2019

La Damnation de Faust (Opéra de Versailles) jusqu'au 01 août 2019

Billy Budd (Den Norske Opera & Ballett) jusqu'au 07 août 2019

Les Vêpres de Monteverdi jusqu'au 10 août 2019

La Gioconda (La Monnaie) jusqu'au 11 août 2019

L'incantesimo (Opéra National de Lettonie) jusqu'au 20 août 2019

Le Lac des Cygnes (Opéra National de Paris) jusqu'au 22 août 2019

Il Trionfo del Tempo (Festival d'Ambronay) jusqu'au 19 septembre 2019

Il Trovatore (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 22 septembre 2019

Nuit Erik Satie (Philharmonie de Paris) jusqu'au 07 octobre 2019

Rodelinda (Opéra de Lille) jusqu'au 12 octobre 2019

Madrigaux de Dowland, Wert, Monteverdi (Ambronay 2018) jusqu'au 23 octobre 2019

Sémiramide (Opéra La Fenice) jusqu'au 30 octobre 2019

Macbeth (La Fenice) jusqu'au 04 décembre 2019

 

Il Sogno Di Scipione (La Fenice) jusqu'au 18 février 2020

Karine Deshayes et l'ONF interprètent Ravel et Debussy jusqu'au 26 mars 2020

The Rake's Progress (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 10 juillet 2020

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 31 Janvier 2019

Rusalka (Antonín Dvořák)
Représentations du 29 janvier et du 01, 07 et 13 février 2019
Opéra Bastille

Le Prince Klaus Florian Vogt
La Princesse étrangère Karita Mattila
Rusalka Camilla Nylund
L'Esprit du lac Thomas Johannes Mayer
Ježibaba Michelle DeYoung
La Voix d'un chasseur Danylo Matviienko
Le Garçon de cuisine Jeanne Ireland
Première nymphe Andreea Soare 
Deuxième nymphe Emanuela Pascu.
Troisième nymphe Élodie Méchain      

Le Garde forestier Tomasz Kumiega                             Klaus Florian Vogt et Karita Mattila  

Direction musicale Susanna Mälkki
Mise en scène Robert Carsen (2002)

Depuis son entrée au répertoire en juin 2002, à l'initiative d'Hugues Gall, Rusalka a été repris par chaque directeur, Gerard Mortier, Nicolas Joel et, dorénavant, Stéphane Lissner, démontrant l'unanimisme non seulement pour le chef-d’œuvre d'Antonín Dvořák, mais également pour la mise en scène si belle et si sensible de Robert Carsen.

Double inversé de la chambre suspendue au-dessus du lac où vit la créature des eaux, lumières tamisées et roses rouges entourant le lit nuptial, ondes marines qui se projettent devant les nymphes, la scénographie épure et entrelace réalité et fantastique avec une virtuosité qui fait de cette production un incontournable du metteur en scène canadien, avec celle de Capriccio qu’il réalisa pour le Palais Garnier deux ans plus tard.

Camilla Nylund (Rusalka)

Camilla Nylund (Rusalka)

Et, contrairement aux dernières reprises, ces nouvelles représentations s’abstiennent de faire appel dans les rôles principaux à des chanteurs d’origine slave, et sont confiées à une directrice musicale finlandaise.

Passionnée par les œuvres du XXe et XXIe siècle - elle a en effet déjà dirigé Siddharta, L’Affaire Makropoulos et Trompe-la-mort à l’Opéra de Paris-, Susanna Mälkki s’applique sans relâche à entretenir la tonicité de l’orchestre, tout en tirant sur les cuivres, les percussions et les sonorités métalliques, parfois fort tranchantes, avec une technicité indéniable, mais également une volonté de maintenir les cordes dans des teintes froides, sans effet de rubato qui pourrait évoquer une atmosphère trop sentimentale.

Camilla Nylund (Rusalka) et Klaus Florian Vogt (Le Prince)

Camilla Nylund (Rusalka) et Klaus Florian Vogt (Le Prince)

Camilla Nylund, dont la diction claire montre ses affinités avec l’univers des héroïnes straussiennes, décrit dans le premier acte une jeune fille un peu extérieure à ses douleurs, et se situe sur le même plan vocal que Michelle DeYoung, en Ježibaba, qui ne diffère d’elle que pas des couleurs légèrement plus sombres, sans grande différence d’ampleur.

Karita Mattila (La Princesse)

Karita Mattila (La Princesse)

Dans le second acte, l’arrivée triomphale de Karita Mattila, somptueuse de chaleur et de rayonnement, ne fait que mettre plus à mal le personnage de Rusalka, écrasée par cette princesse si sûre de sa volupté. C’est donc au dernier acte, après l’injonction au meurtre proférée par Ježibaba, que Camilla Nylund donne plus de consistance à son personnage, épanouissant ainsi Rusalka dans son être de femme entière.

Elle est également la seule, parmi les premiers rôles, à faire entendre des sonorités typiques de la langue du livret.

Jeanne Ireland (Le garçon de cuisine) et Tomasz Kumiega (Le Garde forestier)

Jeanne Ireland (Le garçon de cuisine) et Tomasz Kumiega (Le Garde forestier)

Et le cœur de l'Esprit du lac de Thomas Johannes Mayer bat tel celui de l'esprit de la mélancolie noire, et bienveillante, entouré des trois nymphes d'Andreea Soare, Emanuela Pascu et Elodie Méchain, aux voix homogènes.

Quant à Klaus Florian Vogt, immense chanteur wagnérien associé aux rôles de Tannhäuser, Lohengrin et Parsifal, il trouve, à l’instar du personnage de Paul dans Die Tote Stadt, une incarnation qui lui convient bien, que ce soit par le charme du Prince ou par l’éclat juvénile de son timbre. Il doit toutefois composer avec une écriture qui lui offre moins d’occasions de déployer sa puissance et sa largeur vocale, et qui devient plus exigeante dans les aigus au dernier acte, ce qui tend à renforcer la clarté nasale de ses intonations. L’inimitable unicité de ce chanteur n’en est pas moins totalement captivante à admirer.

Klaus Florian Vogt et Camilla Nylund

Klaus Florian Vogt et Camilla Nylund

Et finalement, c’est parmi les seconds rôles, tous des artistes issus de l'Académie de Musique de l'Opéra, que l'on retrouve des sonorités slaves, notamment chez Danylo Matviienko, jeune chanteur ukrainien qui n'incarne la voix du chasseur qu’en coulisse, et Tomasz Kumiega, dont on sent poindre les accents graves et nonchalants d'Eugène Onéguine. 

Jeanne Ireland, en garçon de cuisine, montre aussi une belle présence et de la brillance, et nous rappelle que c’est dans ce rôle, il y a 16 ans, que nous découvrions Karine Deshayes pour la première fois sur la scène de l’opéra Bastille.

Danylo Matviienko (la voix d'un chasseur), Jeanne Ireland (le garçon de cuisine) et Tomasz Kumiega (le garde forestier)

Danylo Matviienko (la voix d'un chasseur), Jeanne Ireland (le garçon de cuisine) et Tomasz Kumiega (le garde forestier)

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Publié le 28 Janvier 2019

Les Troyens (Hector Berlioz)
Répétition du 19 janvier et représentations du 25 janvier et 03 février 2019
Opéra Bastille

Cassandre Stéphanie d'Oustrac
Ascagne Michèle Losier
Hécube Véronique Gens
Énée Brandon Jovanovich
Chorèbe Stéphane Degout
Panthée Christian Helmer
Le Fantôme d'Hector Thomas Dear
Priam Paata Burchuladze
Un Capitaine Grec Jean-Luc Ballestra
Hellenus Jean-François Marras
Polyxène Sophie Claisse
Didon Ekaterina Semenchuk
Anna Aude Extrémo
Iopas Cyrille Dubois
Hylas Bror Magnus Tødenes
Narbal Christian Van Horn

Direction musicale Philippe Jordan
Mise en scène Dmitri Tcherniakov (2019)                           
Ekaterina Semenchuk (Didon)
Nouvelle production
Diffusion sur Arte et sur Arte Concert le 31 janvier 2019 à 22h45

Composé pour le Théâtre Lyrique en 1863, où seule la seconde partie Les Troyens à Carthage sera représentée, Les Troyens n’est entré au répertoire de l'Opéra de Paris qu'en 1921, et a eu l'honneur de faire l’ouverture de Bastille dans une mise en scène de Pier-Luigi Pizzi, le 17 mars 1990, sous la direction de Myung-whun Chung

Le rideau de scène bleu Lapis Lazuli, orné de figures symboliques tracées au trait blanc, était confié à Cy Twombly, et avait la même fonction que le nouveau plafond peint par Marc Chagall en 1964 pour le Palais Garnier, c'est-à-dire, attirer le spectateur vers la modernité théâtrale.

Le fantôme d'Hector et Brandon Jovanovich (Enée)

Le fantôme d'Hector et Brandon Jovanovich (Enée)

Puis, en 2007, Gerard Mortier reprit la mise en scène forte et élégante d'Herbert Wernicke, imaginée pour le Festival de Salzbourg, qui supprimait toutefois les ballets originels, sous la direction de Sylvain Cambreling

Et c'est donc une version quasi-intégrale – les ballets des constructeurs, matelots et laboureurs ainsi que la scène des sentinelles et de Panthée à Carthage étant cependant coupés – qui est proposée pour célébrer à la fois les 30 ans de l’ouverture de l’opéra Bastille (13 juillet 1989), les 60 ans de la création du Ministère des affaires culturelles (03 février 1959), les 150 ans de la mort d’Hector Berlioz (8 mars 1869) et les 350 ans de l’Académie de Musique (28 juin 1669). 

De plus, si l’on sait que seuls 7 autres opéras ont pour l’instant bénéficié d’au moins 3 productions différentes à Bastille (La Flûte Enchantée, Boris Godounov, Carmen, Simon Boccanegra, Parsifal, Elektra, Lady Macbeth de Mzensk), l’hommage qui est rendu au compositeur, malheureux de son vivant avec l’institution parisienne, dépasse probablement tout ce qu’il pouvait imaginer.

Les Troyens (d'Oustrac-Degout-Jovanovich-Semenchuk-Jordan-Tcherniakov) Bastille

Toutefois, en confiant cette nouvelle production à Dmitri Tcherniakov, que l’on retrouvera au printemps pour la reprise de Iolanta / Casse-Noisette à Garnier, et dans deux ans pour une nouvelle production de La Dame de Pique, il est entendu que l’on ne va pas assister à un spectacle simplement magnifiquement illustratif, comme ce fût le cas au Théâtre du Châtelet en 2003 avec la mise en scène de Yannis Kokkos.

En effet, Dmitri Tcherniakov montre deux faces très différentes de son talent à travers les deux volets des Troyens, l’une, la maîtrise du croisement entre l’ampleur épique et la narration des destins individuels à travers une direction d’acteurs d’un foisonnement et d’une précision hors pair, l’autre, la transfiguration d’une intrigue personnelle en une analyse psychologique ramenée dans un contexte social contemporain.

Stéphanie d'Oustrac (Cassandre) et Stéphane Degout (Chorèbe)

Stéphanie d'Oustrac (Cassandre) et Stéphane Degout (Chorèbe)

Pour Troie, le metteur en scène a conçu un décor d’une incroyable complexité représentant les rues enserrées d’une cité du Moyen-Orient ravagée par la guerre, dans laquelle s’insère un luxueux écrin en bois laqué donnant à voir la vie dans une pièce du palais royal. 

Et au deuxième acte, à l’apparition du fantôme d’Hector enflammé traversant en diagonale le plateau, ce décor s’ouvre et se déplie pour créer un nouvel espace totalement dégagé en son centre, l’ombre des immeubles lugubres planant en fond de scène face à Enée, en garde comme dans une posture de cinéma. Souhaitons que les mécanismes de ce dispositif fabuleux ne défaillent pas, car c’est véritablement une fantastique prouesse technologique qui est mise en œuvre ici.

Stéphanie d'Oustrac (Cassandre)

Stéphanie d'Oustrac (Cassandre)

Et lors de la première scène jouée en silence, Tcherniakov présente méthodiquement l’ensemble de la famille de Priam, un par un. Puis, débute la musique animée par le peuple en liesse, et survient une Cassandre enfant ruminant sa révolte, qui s’adresse à des médias télévisés pour révéler son confit avec sa famille et la rue. En même temps, Priam est décrit comme un homme honni par Cassandre pour avoir abusé d’elle, et méprisé par Enée qui prépare un coup d’Etat avec les Grecs.

Stéphanie d’Oustrac, le regard vipérin, se prend facilement aux jeux d’affrontement face à Chorèbe, Priam et Hécube, et offre à Cassandre une voix déliée d’une belle teinte brune aux accents lyriques et angoissés, sans forcer sur la puissance, et son personnage exprime une colère entière jouée avec une crédibilité infaillible. Elle est véritablement une chanteuse qui sait être sur scène.

La famille royale, au premier plan Véronique Gens (Hécube) et Paata Burchuladze (Priam)

La famille royale, au premier plan Véronique Gens (Hécube) et Paata Burchuladze (Priam)

L’autre joyau de la distribution est Stéphane Degout, sagement posé, mais d’une flambante pulsation vocale, une virilité soyeuse d’une profondeur bien affirmée qui lui donne un charme autoritaire séduisant.

Dans cette partie, grâce à son travail avec le metteur en scène, le chœur gagne une vitalité débordante et une maîtrise de son action grandement réussie, que ce soit lors de l’hymne « Dieu protecteur de la vie éternelle » qui entoure une procession royale marchant face à la scène le long d’un étroit couloir humain, ou bien , plus encore, lors du grand chœur des troyennes qui entament une enthousiasmante danse exaltée avec Stéphane d’Oustrac, avant le spectaculaire suicide final.

Brandon Jovanovich (Enée), Stéphane Degout (Chorèbe), Astyanax (Emile Goasdoué), Andromaque (Mathilde Kopytto) et Stéphanie d'Oustrac (Cassandre)

Brandon Jovanovich (Enée), Stéphane Degout (Chorèbe), Astyanax (Emile Goasdoué), Andromaque (Mathilde Kopytto) et Stéphanie d'Oustrac (Cassandre)

Et si Véronique Gens est une Hécube de luxe ayant peu à chanter, elle est en revanche bien mise en valeur au sein du chœur, si bien qu’elle se distingue vocalement très nettement lors des grands élans de la masse chorale.

Ainsi, chaque personnage, même muet, semble avoir une ligne de vie propre travaillée par le metteur scène, mais il devient difficile en une seule soirée de tout suivre en détail.

Et après une première partie d’une force inégalée, soutenue par des chœurs excellemment dirigés, la seconde partie, dans sa forme, prend le risque de décontenancer une partie du public.

Le décor unique représente avec grand réalisme une salle d’un centre de rééducation pour blessés de guerre, avec coin télévision, baby-foot, du mobilier simple, et des dessins d’enfants et photos de familles comme décoration murale.

Ekaterina Semenchuk (Didon)

Ekaterina Semenchuk (Didon)

Ici, Tcherniakov se place sur le plan purement psychologique. A la fin de Troie, dans sa mise en scène, Creusée, la femme d'Enée, s'est suicidée, déçue par la trahison de son époux envers son royaume. Bien entendu, cela ne correspond à aucune légende connue aujourd'hui (soit Creusée fut enlevée par les Grecs, soit Enée, après l'avoir perdue, la retrouva sous forme de fantôme l'encourageant à refaire sa vie ailleurs), mais lorsque l'on arrive à Carthage, on retrouve deux personnages principaux ayant besoin de se détacher de leur passé sentimental pour poursuivre leur vie. Enée ne peut oublier Creusée, et Didon ne peut oublier le meurtre de Sychée, 7 ans plus tôt, qui l'a poussée à quitter Tyr.

Ekaterina Semenchuk (Didon)

Ekaterina Semenchuk (Didon)

La rencontre dans ce lieu imaginé par Tcherniakov a donc pour finalité d'arriver, par une relation de transfert réciproque, à permettre à chacun d'eux de guérir de leurs blessures et de repartir. Le moment où chacun porte le coup qui va créer ce détachement est symbolisé par la séquence de tir à l'arc sensée "tuer" le double de soi.

Enée surmonte l'épreuve, et peut repartir pour Rome, mais Didon échoue et est la grande perdante de cette relation psychologique.

Ce que met donc en scène Tcherniakov est quelque chose de très humain qui se joue parfois dans les relations interpersonnelles, et des personnes qui ont déjà vécu cela dans leur vie, ou qui savent que cela peut arriver, par effet miroir peuvent être captée par ce dénouement dramatique

Brandon Jovanovich (Enée)

Brandon Jovanovich (Enée)

Plusieurs séquences sont par ailleurs de véritables petits exploits scéniques, le combat au sol d’Enée face à un adversaire mené de manière très réaliste, ou bien le duo de Narbal et Anna chanté en jouant au ping-pong. 

Seul inconvénient majeur de cette scénographie, elle ne s’adapte pas visuellement au lyrisme de la pantomime de la scène de chasse ou au duo d’amour rêveur de Didon et Enée, ne serait-ce que par des variations lumineuses, ce qui ne permet pas de renforcer l’impact romantique de ces magnifiques pages berlioziennes.

Michèle Losier (Ascagne)

Michèle Losier (Ascagne)

Vocalement impressionnant dès la première partie, Brandon Jovanovich rend à Enée une stature d’une considérable solidité. Ténor massif doté d’une tessiture assombrie et mue par un flux vocal vigoureux, l’homogénéité de timbre et de couleur, qui le rapproche de celle de Stéphane Degout, dessine de lui un guerrier d’un grand charisme généreux. La diction est par ailleurs correctement intelligible.

Il forme donc avec Ekaterina Semenchuk un couple au tempérament bien assorti, et c’est un authentique plaisir que de retrouver cette grande chanteuse russe, pour une fois présentée sans maquillage qui ne la travestisse, et son naturel est particulièrement plaisant à admirer. A nouveau, belle homogénéité de timbre, résistance aux tensions les plus aiguës du rôle, excellente actrice qui se plie aux exigences d’un jeu qui évacue le moindre geste convenu, elle accorde un soin exemplaire à la musicalité, et n’accentue aucun effet de poitrine pour grossir la voix, avec un respect total pour le texte de Berlioz.

Cyrille Dubois (Iopas)

Cyrille Dubois (Iopas)

Et parmi les rôles secondaires, Cyrille Dubois remporte un joli succès pour son air « Ô blonde Cérés » chanté avec une naïve légèreté qui touche au cœur, alors que Michèle Losier s’attache le public pour l’aplomb et la saisissante longueur de souffle avec laquelle elle met en avant le jeune Ascagne.

La bonne humeur et le mezzo bien charpenté d’Aude Extrémo trouvent enfin leur pendant vocal dans la présence et le timbre métallique de Christian Van Horn, et leur duo est l’une des distinctions de la représentation.

Brandon Jovanovich (Enée) et Ekaterina Semenchuk (Didon)

Brandon Jovanovich (Enée) et Ekaterina Semenchuk (Didon)

Mais c’est à Philippe Jordan et à la finesse d’exécution des musiciens de l’Opéra de Paris que Berlioz doit beaucoup ce soir, et le son de ce raffinement musical est patiné à la fois par l’acier luisant des cordes, et par la ductilité éclatante des cuivres qui donnent un caractère particulièrement élancé à l’interprétation. Sensationnelle est la fusion théâtrale avec les chœurs, parfois démonstratif mais jamais pompeux est l’emportement sonore, le ravissement des pulsations et les chatoiements des instruments à vent sont toujours magnifiques d’irréalité. Probablement, une accentuation de la chaleur des bois permettrait aussi d’enfler la sensualité passionnelle, même si le parti-pris scénique tend, dans la seconde partie, à la contraindre. 

Philippe Jordan

Philippe Jordan

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Publié le 26 Janvier 2019

Il Primo Omicidio (Alessandro Scarlatti)
Répétition du 21 janvier et représentation du 24 janvier 2019
Palais Garnier

Caino Kristina Hammarström
Hippolyte Chapuis (21) / Charles Le Vacon (24)
Abele Olivia Vermeulen
Rémi Courtel (21) / Arthur Viard (24)
Eva Birgitte Christensen
Alma Perrin (21) / Lucie Larras (24)
Adamo Thomas Walker
Armand Dumonteil (21) / Anton Bony (24)
Voce di Dio Benno Schachtner

Riccardo Carducci (21) / Mayeul Letellier (24)
Voce di Lucifero Robert Gleadow

Léo Chatel (21) / Andréas Parastatidis (24)

Direction musicale René Jacobs
Mise en scène Roméo Castellucci (2019)
B’Rock Orchestra

Avec la participation de la Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Nouvelle production et coproduction avec le Staatsoper Unter Den Linden, Berlin et le Teatro Massimo, Palerme

Après Francesco Cavalli, Alessandro Scarlatti est le second compositeur baroque à faire son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris sous la direction de Stéphane Lissner.

Et pour rendre compte de cet événement, il suffit de se rappeler que le dernier compositeur, issu de cette longue période qui suivit la Renaissance jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, à avoir intégré le répertoire de l’Académie de Musique est Henry Purcell, avec Didon et Enée, joué à la salle Favart en mars 1984.

Birgitte Christensen (Eve)

Birgitte Christensen (Eve)

Auteur de 125 opéras, 700 cantates et oratorios, de messes et de madrigaux, Alessandro Scarlatti est ainsi le représentant le plus connu de l’école napolitaine, et son style fort et parfois violent, sans recherche de virtuosité facile, qui introduit pour la première fois des cors dans l’orchestration, l’identifie comme le précurseur de l’opéra moderne qui inspira Gluck et Mozart

C’est pourtant avec un oratorio composé lors de son passage à Venise, en 1707, que le Palais Garnier l’accueille aujourd’hui à travers un sujet biblique pour lequel le plasticien Roméo Castellucci, à l’instar de son travail pour Moise et Aaron, à Bastille, ou de Salomé, à Salzbourg, est un metteur en scène inspirant.

Birgitte Christensen (Eve) et Thomas Walker (Adam)

Birgitte Christensen (Eve) et Thomas Walker (Adam)

Les puristes critiqueront le fait que l’orchestre soit considérablement enrichi afin d’emplir de son la grande salle de Charles Garnier, mais il s’agit d’une condition pour créer un spectacle qui puisse toucher le plus grand nombre.

Roméo Castellucci se montre par ailleurs lisible, et propose une vision moins déroutante que ce qu’il sait faire, la première partie se déroulant devant un écran opaque situé à l’avant-scène, derrière lequel un système luminescent varie les ambiances visuelles.

Une copie de L’annonciation de Simone Martini et Lippo Memmi (1333) descend du ciel en position inversée afin de figurer une main de Dieu, pointue, à laquelle Abel accroche une poche de sang, symbole de son sacrifice, les lumières prenant par la suite des teintes rougeâtres, avant de s’achever sur une figure géométrique aux traits dorés qui peuvent suggérer un visage divin.

Kristina Hammarström (Caino)

Kristina Hammarström (Caino)

L’image de la famille formée par Adam et Eve et leurs deux enfants montre par la suite une première fissure par l’attitude de Caïn qui s’en sépare. On peut voir dans ce premier tableau abstrait une image esthétisante de la préférence de Dieu, présence informe, pour les dons de sang, et donc la destruction de la vie.

Dans la seconde partie, le décor devient pastoral, un sol verdoyant, jonché en son centre de plantes que Caïn cultive, fait face à un ciel noir étoilé. L’image est poétique et glaciale à la fois, car elle exprime également un immense sentiment de solitude.  

Cependant, ce sentiment est plus sensible vu depuis le parterre, que depuis les hauteurs des loges qui permettent à peine de saisir ce ciel fixe.

Kristina Hammarström (Caino), Hippolyte Chapuis (Caino) et Riccardo Carducci (Voce di Dio)

Kristina Hammarström (Caino), Hippolyte Chapuis (Caino) et Riccardo Carducci (Voce di Dio)

Et au moment du meurtre d’Abel, des enfants de la Maîtrise des Hauts-de-Seine se substituent aux chanteurs pour continuer à mimer le reste de l’action, l’isolement de Caïn, couronné Roi mais banni, et la transformation du martyr d’Abel en martyr christique, toujours pour souligner la soif de sang de Dieu, devenant poignants par le processus d’identification que représente cette relation entre frères.

Ces enfants, par leur expérience du chant, réussissent avec virtuosité à bouger leur corps et prendre des poses tout en imitant les chanteurs principaux disposés dorénavant dans la fosse, légèrement en hauteur, mais il y a toujours le risque que cette innocence ne soit pas prise au sérieux, alors qu’elle le devrait, car Castellucci illustre finalement comment l’enfance peut être pervertie par la vision du monde des adultes.

Hippolyte Chapuis (Caino)

Hippolyte Chapuis (Caino)

Cet oratorio transformé en drame musical n’est pourtant pas le seul élément atypique de cette nouvelle production, car l’enrichissement de l’orchestre, augmenté aux dimensions de l'espace de Garnier, l’est tout autant.

Alors que son enregistrement d’Il primo Omicidio (1997) repose sur une vingtaine d’instruments, plus de 35 entourent René Jacobs ce soir, les musiciens à cordes du B'Rock Orchestra restant debout tout le long de la soirée.

Le son gagne en chaleur et densité, les jeux de réponses entre la légèreté aérienne des violons et les couleurs de basse continue lancinante sont renforcés, mais certains détails se perdent, comme ceux du théorbe, ce qui ne dispense donc pas chacun de découvrir, un jour, la version originelle, mais dans un cadre plus restreint, afin d’apprécier la simplicité plus frustre de cette musique tant évocatrice.

Benno Schachtner, Birgitte Christensen, Olivia Vermeulen, Kristina Hammarström, Thomas Walker et Robert Gleadow

Benno Schachtner, Birgitte Christensen, Olivia Vermeulen, Kristina Hammarström, Thomas Walker et Robert Gleadow

L’ensemble de la distribution possède par ailleurs une homogénéité de timbre ocre, hormis Robert Gleadow, Lucifer inquiétant fort bien caractérisé, d’où se distingue le charme langoureux et plaintif de Birgitte Christensen, une Eve absolument humble et émouvante à écouter et admirer. Tous chantent très bien, mais sans sensualité dominante, ce qui donne une patine austère à la composition vocale.

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Publié le 23 Janvier 2019

Les Idoles (Christophe Honoré)
Représentation du 18 janvier 2019
Odéon, Théâtre de l’Europe

Bernard-Marie Koltès Youssouf Abi-Ayad
Cyril Collard Harrison Arévalo
Serge Daney Jean-Charles Clichet
Hervé Guibert Marina Foïs
Jean-Luc Lagarce Julien Honoré
Jacques Demy Marlène Saldana
Bambi Love Teddy Bogaert

Conception et mise en scène Christophe Honoré
Scénographie Alban Ho Van

                                                        Cyril Collard

Coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre National de Bretagne, TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers, TANDEM, scène nationale, Comédie de Caen, CDN de Normandie, TNT – Théâtre National de Toulouse, Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées, La Criée, Théâtre National de Marseille, MA Scène Nationale, Pays de Montbéliard

Créée au Théâtre Vidy-Lausanne en septembre 2018, Les Idoles est un hommage viscéral de Christophe Honoré à toutes les figures artistiques et philosophiques qui inspirèrent sa jeunesse des 20 ans au tournant des années 90, et qui disparurent à ce moment-là (entre 1989 et 1995), détruits par le virus du Sida.

Julien Honoré (Jean-Luc Lagarce) et Harrison Arévalo (Cyril Collard) - Photo : Théâtre de l'Odéon

Julien Honoré (Jean-Luc Lagarce) et Harrison Arévalo (Cyril Collard) - Photo : Théâtre de l'Odéon

Six acteurs incarnent six de ces figures emblématiques, tel l’écrivain Bernard-Marie Koltès, qui connut une longue collaboration avec Patrice Chéreau (Combat de nègre et de chiens, Quai Ouest, Dans la solitude des champs de coton, Le Retour au désert), Cyril Collard, inspiré par Jean Genet, dont Les Nuits fauves reçu 4 César en 1992, Serge Daney, critique de cinéma, qui défendait notamment Jean-Luc Godart, Marguerite Duras et Jacques Demy, Jacques Demy, justement, qui fut marié à Agnès Varda et reconnu pour ses films musicaux dont Peau d’âne avec Catherine Deneuve, Hervé Guibert, écrivain et journaliste, qui révéla sa séropositivité dans A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, et Jean-Luc Lagarce, dont la pièce Juste à la fin du monde fut adaptée par Xavier Nolan en 2016.

Harrison Arévalo (Cyril Collard) et Youssouf Abi-Ayad (Bernard-Marie Koltès) - Photo : Théâtre de l'Odéon

Harrison Arévalo (Cyril Collard) et Youssouf Abi-Ayad (Bernard-Marie Koltès) - Photo : Théâtre de l'Odéon

Tous sont réunis dans un au-delà imaginaire, et évoquent leur vie passée autour des piliers d’un décor imposant, avec ses zones d’ombre et ses alcôves, dont l’une accueillera Youssouf Abi-Ayad pour jouer le rôle d’un Bernard-Marie Koltès mimant fort sensuellement John Travolta dans Staying Alive. D’autres séquences rétro, dont l’extraordinaire numéro de danse et de chant de Marlène Saldana (Jacques Demy), à l’aise dans son corps sans être une pin-up pour autant, colorent d’un sens festif ces moments de mémoire.

Puis survient, dans un état de recueillement fort émouvant, l’interprétation toute en délicatesse de Marina Foïs qui fait sortir de la bouche d’Hervé Guibert un hommage à cœur serré à celui dont il tira une immense fascination, Michel Foucault, décédé un peu plus tôt du Sida, en 1984, et dont il révèle un portrait masqué dans A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie. En fond de scène, un portrait du maître, en noir et blanc, fixe les spectateurs.

Teddy Bogaert (Bambi Love), Harrison Aravelo, Marina Foïs, Youssouf Abi-Ayad, Marlène Saldana, Julien Honoré, Jean-Charles Clichet - Photo : Julien Weber / Paris Match

Teddy Bogaert (Bambi Love), Harrison Aravelo, Marina Foïs, Youssouf Abi-Ayad, Marlène Saldana, Julien Honoré, Jean-Charles Clichet - Photo : Julien Weber / Paris Match

Et le rôle le plus charismatique repose sur Harrison Arévalo, qui brosse une figure totalement provocante de Cyril Collard, bien qu’il n’en imite pas l’ambiguïté sensuelle. Mots forts lorsqu’il rappelle le sens des Nuits Fauves et de la scène où Cyril se taillade les veines pour menacer un voyou, le virus du Sida devenait une arme contre le virus de l’extrême droite.

Il joue également avec la salle, utilise des mots crus, revit en un clin d’œil la cérémonie des César, et évoque enfin l’acteur de cinéma Rock Hudson et la façon dont il fut rapatrié seul dans un Boeing 747, après un séjour à Paris et la révélation de sa maladie.

Si l’écriture des dialogues ne rend pas compte des qualités littéraires de ces artistes, sa familiarité facilite une emprise directe du cœur sur la vie qui se joue sur scène, l’inventivité de la sexualité et la joie de vivre d’une époque dominant le drame comme si un paradis avait depuis disparu.

Et pour le plaisir, l’acteur Teddy Bogaert apparaît simplement pour stimuler l’imagination érotique des héros ressuscités.

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Publié le 21 Janvier 2019

L'éclipse totale de Lune du 21 janvier 2019

S’il fallait se lever tôt et avoir le courage d’affronter les températures négatives de l’hiver, l’éclipse de Lune du 21 janvier 2019 se déroulait en revanche dans des conditions d’observation idéales depuis Paris, car la phase de totalité s'épanouissant entièrement à plus de 15° au-dessus de l’horizon, il était possible de la suivre tout en ayant dans le champ de vision un cadre permettant de magnifier l’évènement sous une nuit absolument noire - le Soleil ne se levait qu'à 8h34-.

Il faudra en effet attendre le 20 décembre 2029, puis le 18 octobre 2032, pour retrouver des conditions aussi favorables depuis la capitale.

La sortie progressive de l'ombre terrestre, de 6h44 à 6h56, le lundi 21 janvier 2019

La sortie progressive de l'ombre terrestre, de 6h44 à 6h56, le lundi 21 janvier 2019

Par ailleurs, située au plus près de la Terre, à 357 344 km de distance, la Lune s'étendait dans le ciel plus largement que d’habitude.

Ainsi, à Paris, la Lune est entrée dans le cône d’ombre terrestre à 4h34, à près de 40° de hauteur vers l’ouest, puis s’est totalement éclipsée pendant plus d’une heure, de 5h41 à 6h43, et est enfin totalement sortie de l’ombre à 7h51, à 7° au-dessus de l’horizon, moins d’une heure avant de se coucher.

Un beau point de vue depuis l’Ile Saint-Louis permettait d’admirer ce disque assombri, le long du quai d’Orléans à fleur de Seine, là où cygnes et canards poursuivaient leur nuit sur une eau totalement calme.

Graphique des phases de l'éclipse du 21 janvier 2019

Graphique des phases de l'éclipse du 21 janvier 2019

Le disque marron-orangé, en permanence surmonté d’un fin liseré plus clair signalant que la Lune restait en limite d’ombre, bordait la flèche de la cathédrale Notre-Dame sur sa gauche, alors que les deux étoiles principales de la constellation des Gémeaux, Castor et Pollux, s’alignaient avec notre satellite à droite de cette même flèche.

Quelques passants s’arrêtaient pour observer le phénomène au-dessus de la Seine, et tout se déroulait dans une quiétude matinale glaciale.

Et en repartant, on pouvait également admirer vers l'est le lever de Vénus et de Jupiter, proches et à la verticale l'une de l'autre.

6h38 : La Lune éclipsée et les étoiles Castor et Pollux encadrant la flèche de la cathédrale Notre-Dame

6h38 : La Lune éclipsée et les étoiles Castor et Pollux encadrant la flèche de la cathédrale Notre-Dame

La prochaine éclipse totale de Lune aura lieu en France le 16 mai 2022, entre 5h29 et 6h54, dans la lueur de l'aube, mais comme la Lune se couchera à Paris à 6h07, ce sont les observateurs de la pointe de la Bretagne et de l’extrême sud-ouest de la France, à Saint-Jean de Luz en particulier, qui bénéficieront des meilleurs sites d’observation moins d'une heure avant le lever du Soleil.

Eclipse totale de Lune du 21 janvier 2019 vue depuis Paris

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Rédigé par David

Publié dans #Astres, #Eclipse

Publié le 15 Janvier 2019

La Dame de pique (Piotr Ilitch Tchaïkovski)
Représentation du 13 janvier 2019
Royal Opera House Covent Garden - Londres

Herman Aleksandrs Antonenko
Le Comte Tomski John Lundgren
Le Prince Eletski Vladimir Stoyanov
Tchekalinski Alexander Kravets
Sourine Tigran Martirossian
Tchaplitski Konu Kim
Naroumov Michael Mofidian
La Comtesse Felicity Palmer
Lisa Eva-Maria Westbroek
Pauline Anna Goryachova
Primera Jacquelyn Stucker
La Gouvernante Louise Winter

Direction musicale Antonio Pappano
Mise en scène Stefan Herheim (2016)                     
Aleksandrs Antonenko (Hermann)
Orchestre du Royal Opera House
Coproduction Dutch National Opera - Amsterdam

Une semaine jour pour jour après la première de la reprise de La Dame de pique à l'opéra de Stuttgart, Londres ouvre l'année 2019 avec la reprise de la version scénique créée à Amsterdam deux ans plus tôt.

Dans cette interprétation, Stefan Herheim centre l'oeuvre sur le rapport entre Tchaïkovski et le ténor Nikolay Figner pour lequel il créa, ainsi que pour sa femme, Medea, les rôles principaux de La Dame de Pique et de Iolanta.
Il lui dédia également six romances, et le chanteur resta proche de lui jusqu'à sa mort.

Aleksandrs Antonenko (Hermann) et Felicity Palmer (La Comtesse)

Aleksandrs Antonenko (Hermann) et Felicity Palmer (La Comtesse)

Une brève introduction rappelle que Tchaïkovski devait vivre avec une homosexualité difficilement acceptée à son époque, bien que tolérée dans son milieu, et le propos du metteur en scène est de faire revivre le compositeur dans les situations sociales et spirituelles qui entourèrent la création de La Dame de pique.

Vladimir Stoyanov, relayé sur scène par un acteur, se glisse aisément dans cette incarnation omniprésente, et chante le rôle d‘ Eletski qui peut être vu comme un versant adapté, mais faux, de l'artiste en société.

Et Stefan Herheim démultiplie Tchaïkovski à travers le chœur masculin, le fait interagir avec Hermann, comme s'il était une créature issue de son génie qu'il aime, mais ne rend pas forcément sensible sa psychologie.

Duo de Daphnis et Chloé

Duo de Daphnis et Chloé

La référence à la cage jouant l'air de l'Oiseleur Papageno en ouverture est, certes, un joli clin d'œil au duo de Daphné et Chloé inspiré de La Flûte enchantée de Mozart, cependant, ce point de vue omet de faire d’Hermann une projection de la condition du musicien. Par conséquent, il faut lire les états d’âme de l’auteur dans la direction théâtrale, où l’on peut reconnaître des symboles parfois évidents, les apparitions de trois Tchaïkovski en Saint-Sébastien fantomatiques criblés de plumes d’écrivain à l’encre noire, le transport du corps de la Comtesse dans le piano, qui scelle donc l’avenir artistique du compositeur, mais l’empathie n’en émerge guerre pour autant. 

Felicity Palmer (La Comtesse) et Eva-Maria Westbroek (Lisa)

Felicity Palmer (La Comtesse) et Eva-Maria Westbroek (Lisa)

L’œuvre semble ainsi retourner à l’inspiration sarcastique de la nouvelle de Pouchkine, et Stefan Herheim n’omet pas de donner aux grands ensembles une tonalité de music-hall, à travers les mouvements dansés et synchronisés du chœur, qui ne peuvent que plaire au spectateur anglo-saxon, bien qu’ils ne donnent une trop grande impression de facilité.

Par ailleurs, dans ce bel écrin de maison XIXe recouvert de bois et de parquet luxueux, agrémenté de portes et fauteuils recouverts de tissus d’émeraude qui laissent, dans les moments de ferveur, la place à de grands miroirs, il offre un cadre visuel flatteur pour le public conservateur, tout en écartant sa scénographie des interprétations conventionnelles. On y retrouve même certains éléments de son inoubliable Parsifal à Bayreuth, le grand portrait symbolique sur la cheminée, les ailes d’ange, mais pas la même vision historique.

Vladimir Stoyanov (Le Prince Eletski et Tchaïkovski)

Vladimir Stoyanov (Le Prince Eletski et Tchaïkovski)

De ce travail foisonnant résulte une réduction des liens entre protagonistes afin de mieux les relier à la personne de Tchaïkovski. Le sens dramaturgique se perd nettement, mais les chanteurs jouent tous le jeu, car on sent bien qu’il y a quelque chose d’étrange dans ce spectacle qui les pousse à une certaine abnégation d’eux-mêmes.

Est-ce pour cette raison que ces grands artistes, notamment les deux rôles principaux, paraissent moins soigner la qualité d’interprétation vocale qu’Erin Caves et Lise Davidsen, entendus sept jours plus tôt à l’opéra de la capitale du Bade-Wurtemberg ?

Aleksandrs Antonenko (Hermann)

Aleksandrs Antonenko (Hermann)

Aleksandrs Antonenko, chanteur massif aux intonations agressives qui peuvent brosser d’Otello un portrait encore plus sombre que celui de Iago, livre ici sans réserve un engagement volontariste, mais qui est défendu par une vaillance où les couleurs de timbre tirant sur le clair, et des sons vigoureusement dardés, émaillent une tessiture aux reliefs fortement accidentés. Difficile d’être ému dans ces conditions, et force est de reconnaître que l'on ne trouve pas pour l'instant sur les scènes lyriques le successeur de Vladimir Galouzine dans le rôle d’Hermann, fantastique chanteur dorénavant replié au Théâtre Mariinsky.

Ainsi, Erin Caves , à Stuttgart, arrive beaucoup mieux à en dépeindre le désarroi avec conviction.

Au côté du chanteur letton, Eva Maria Westbroek, malgré toute l’affection que l’on lui porte depuis l’incarnation du rôle de sa vie en la personne de Katerina Ismailova, réalise une prise de rôle qui ne lui permet pas de s’épanouir. Dans les beaux passages sombres et dramatiques on retrouve un romantisme nocturne d’une urgence blessée qui la rend immédiatement touchante, mais les nombreuses expressions de douleurs, toutes tendues vers les aigus déchirants, déstabilisent les vibrations de sa voix et lui font écourter disgracieusement ses plaintes. Le public londonien ne lui en tient pas rigueur pour autant.

Eva-Maria Westbroek (Lisa)

Eva-Maria Westbroek (Lisa)

Vladimir Stoyanov, belle tenue de ligne à l’élégance grisaillante, n’a ainsi aucun problème à séduire l’audience, participant lui-même à la confusion des esprits, car parmi tous ces sosies de Tchaïkovski, il devient difficile de percevoir les changements d’interprètes entre chanteurs et acteurs.

Et, contrairement à la mise en scène de Stuttgart, le rôle de Pauline reste tout à fait mineur, Anna Goryachova ayant tout juste le temps de laisser entendre un chant au grain hétéroclite.

Enfin, John Lundgren incarne un Tomski un peu rustre et Felicity Palmer pousse loin la caricature d’une Comtesse aux graves effrayants, ne lui accordant aucun effet de style un tant soit peu fin.

Chœur trop bien réglé, mais sans mystère, et orchestre gorgé d’un magnifique tissu pourpre mais poussé par Antonio Pappano à faire ronfler les cuivres avec une telle efficacité qu’il arrive que l’on ne distingue plus les cordes, les détails des mélodies des vents restent discrets, et l’ensemble ne trouve pas une unité qui permette durablement d’instaurer un climat propice à une immersion totale dans l’univers de Tchaïkovski

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Publié le 7 Janvier 2019

La Dame de pique (Piotr Ilitch Tchaïkovski)
Représentation du 06 janvier 2019
Staatsoper Stuttgart

Herman Erin Caves
Le Comte Tomski Gevorg Hakobyan
Le Prince Eletski Petr Sokolov
Tchekalinski Torsten Hofmann
Sourine Michael Nagl
Tchaplitski Christopher Sokolowski
Naroumov Jasper Leever
La Comtesse Hélène Schneiderman
Lisa Lise Davidsen
Pauline Stine Marie Fischer
Macha Carina Schmieger
La Gouvernante Anna Buslidze 

Direction musicale Oksana Lyniv
Dramaturgie Jossi Wieler
Mise en scène Sergio Morabito (2017)      
Lise Davidsen (Lisa) et Stine Marie Fischer (Pauline)
Costumes Anna Viebrock
Staatsopernchor Stuttgart, Choeur d'enfants de l'opéra de Stuttgart, Staatsorchester Stuttgart

C'est dans la production de La Dame de pique réalisée par Sergio Morabito et Jossi Wieler en 2017, à Stuttgart, que la jeune soprano norvégienne Lise Davidsen fait c'est début en Lisa à l'occasion de sa reprise, un personnage que ni Anna Netrebko, ni Sondra Radvanovsky n'ont abordé sur scène à ce jour.

Lise Davidsen (Lisa)

Lise Davidsen (Lisa)

Et elle l'aborde dans un spectacle fort éloigné des scénographies conventionnelles, qui réécrit une histoire au cœur d'un décor volontairement misérabiliste, où des restes de décoration baroque sur fond vert, typiques de l'architecture de Saint-Pétersbourg, dépareillent un ensemble défraîchi mélangeant restes de cinéma, passages souterrains et hôtel de passe construit sur une perspective à 360°. Cette histoire est celle d'un exclu dès son enfance, Hermann, qui tombe amoureux d'une jeune femme, Lisa, qui n'a pas d'autre choix pour survivre que de se prostituer auprès d'un riche prétendant, Eletski.

Erin Caves (Hermann) et Lise Davidsen (Lisa)

Erin Caves (Hermann) et Lise Davidsen (Lisa)

Lise Davidsen est absolument phénoménale ! Aigus amples et progressivement puissants, suggérant l'expression d'une détresse intérieure proche de la panique, graves bien marqués sans le moindre effet glamour, elle laisse par ailleurs transparaître une réelle noirceur sur fond de caractère ingénu fort troublant. 

Et si elle n'a rien d'un personnage de Lulu dans cet univers de bas-fonds, sa fin s'achevant par un cri étrange en coulisse, bien que d’effet peu morbide, laisse penser qu'elle meurt assassinée.

Erin Caves, travesti en jeune désaxé, n'incarne pas un Hermann suffisamment noir et théâtralement bouleversant, mais sa composition endurante est bien défendue dans une approche qui le fait ressembler à Wozzeck.

Lise Davidsen (Lisa) et Stine Marie Fischer (Pauline)

Lise Davidsen (Lisa) et Stine Marie Fischer (Pauline)

C'est l’interprétation de Pauline, l’amie de Lisa, par Stine Marie Fischer qui est ici formidablement mise en valeur - elle chante notamment dans le duo de Daphnis et Chloé -, car elle est amenée à jouer le rôle d'une prostituée bisexuelle parfaitement assumée. L'image de la jeune fille consciencieuse et bien sage est donc pulvérisée, au profit d'un portrait décomplexé et vivant follement captivant. Et ce d'autant plus que l'alto allemande couvre un spectre de couleurs aux contrastes bien piqués qui lui donnent une personnalité particulièrement forte. Il sera possible de la réentendre à La Monnaie dans Le conte du tsar Saltan, juste avant le début de l’été.

Stine Marie Fischer (Pauline) lors du bal masqué

Stine Marie Fischer (Pauline) lors du bal masqué

Autre chanteur superbe, Petr Sokolov nourrit le Prince Eletski d'une voix d'une agréable homogénéité ouateuse et d'une impressionnante longueur de souffle, si irrésistible que sa présence tourne à la démonstration d'un plaisir narcissique fait pour tenir le spectateur pendu jusqu'au dernier filet d'air séducteur. L'effet est totalement réussi.

Lise Davidsen (Lisa) et Petr Sokolov (Eletski)

Lise Davidsen (Lisa) et Petr Sokolov (Eletski)

Les autres rôles ont aussi leur force, la fierté ombrée de Gevorg Hakobyan en Comte Tomski, ou bien la parfaite précision d'élocution d'Hélène Schneidermann dans la chanson d'André Grétry, elle qui apparaît comme une comtesse classe, moderne, amoureuse de la vie et intelligente, exempte de traits fantomatiques.

Gevorg Hakobyan (Le Comte Tomski)

Gevorg Hakobyan (Le Comte Tomski)

Et l’une des grandes qualités de ce travail scénique est de brillamment illustrer les scènes de foule, depuis la ronde des enfants jusqu'à l'apothéose du bal masqué joyeux et vivant, teinté de pressentiments macabres, ainsi que la partie de cartes finale, qui contribue autant à renforcer la présence du chœur de l'opéra qu'à lier son unité par sa pleine participation théâtrale, sans que sa soyeuse musicalité n'en soit altérée. 

Surtout que l'élément essentiel, l'orchestre de l'opéra, est entraîné par Oksana Lyniv dans une lecture féline et svelte où les cuivres n'apportent que du muscle et de l'éclat sans la moindre lourdeur, avec des accélérations de cadence dans les scènes enlevées, et une élégance esthétique qui suggère un goût pour le néoclassicisme musical.

Erin Caves (Hermann) et Hélène Schneiderman (La Comtesse)

Erin Caves (Hermann) et Hélène Schneiderman (La Comtesse)

Et si certains effets romantiques sont atténués, comme le duo de Pauline et Lisa qui démarre à l'arrière du décor, ou bien les frémissements d'effroi dans la cour où vit la Comtesse, le chœur en coulisse du troisième acte est en revanche magnifié par l'utilisation de l'intégralité de l’espace sonore du théâtre, car l’on entend alors un poignant sentiment religieux traverser irréellement l'ensemble des portes de la salle entrebâillées afin qu’il enserre de toute part les auditeurs.

Oksana Lyniv entourée du chœur d'enfants de Stuttgart

Oksana Lyniv entourée du chœur d'enfants de Stuttgart

Après ses débuts ici-même dans La Dame de Pique, nous retrouverons cette année Lise Davidsen dans une autre première, celle de ses débuts au Festival de Bayreuth à l'occasion de la création d'une nouvelle production de Tannhäuser
L'art lyrique n'est donc pas prêt d'être à court de jeunes prétendants pour le défendre !

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Publié le 2 Janvier 2019

Cendrillon (Serguei Prokofiev)
Représentation du 31 décembre 2018
Opéra Bastille

Cendrillon Valentine Colasante
L’Acteur-vedette Karl Paquette
Les Deux Soeurs Ludmila Pagliero
                            Dorothée Gilbert 
La Mère Aurélien Houette
Le Producteur Alessio Carbone
Le Professeur de danse Paul Marque
Le Printemps femme Marion Barbeau
L'Eté femme Émilie Cozette
L'Automne femme Sae Eun Park
L'hiver femme Fanny Gorse
Le Directeur de scène Nicolas Paul
Son Assistant Francesco Mura

Direction musicale Vello Pähn
Orchestre Pasdeloup
Chorégraphie Rudolf Noureev (1986)
Décors Petrika Ionesco                                               
 Valentine Colasante (Cendrillon)

Pour sa quatrième saison à la direction de la danse de l’Opéra de Paris (1986-1987), Rudolf Noureev présenta, le 25 octobre 1986, une nouvelle version de Cendrillon de Prokofiev, sur une musique créée originellement en 1945 au Théâtre du Bolshoi, après deux mois de répétitions données dans les studios inaugurés sous la Coupole du Palais Garnier en septembre 1986. Ces salles sont aujourd’hui dénommées Lifar, Noureev et Petipa.  

Karl Paquette (L’Acteur-vedette)

Karl Paquette (L’Acteur-vedette)

Cette nouvelle chorégraphie imaginée pour mettre en valeur Sylvie Guillem et Charles Jude, et dont Noureev supervisa également la version télévisée de novembre 1987 dans laquelle il incarnait le producteur, est un vibrant hommage au cinéma hollywoodien qui, pourtant, ne rencontra qu’un accueil mitigé lors de la tournée de l’Opéra à New-York.

On ne peut effectivement que trouver dépassées les références exotiques d’une scénographie qui donne parfois l’impression de nous faire voyager dans l’univers de Tintin. Et à la vue de la peluche immense d’un King-Kong à l’œil rouge brillant, on se remémore une autre production de Bastille qui est également une déclaration d’amour plus profonde aux héroïnes du cinéma américain : L’Affaire Makropoulos mis en scène par Krzysztof Warlikowski.

Cendrillon (version Rudolf Noureev) - Les adieux de Karl Paquette à la scène - Bastille 2018

Mais alors que Noureev poursuivait sa tournée américaine, un jeune homme d’une dizaine d’années entrait dans les locaux de l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris nouvellement établie près du parc André Malraux de Nanterre; Karl Paquette se trouvait être le seul garçon de sa classe entouré de 15 jeunes filles. Depuis, il a intégré le Corps de ballet de l’Opéra en 1994, et commencé à incarner des rôles majeurs au début des années 2000, avant d’être nommé danseur étoile le 31 décembre 2009, à l’issu de la représentation de Casse-Noisette.

Karl Paquette (L’Acteur-vedette), Valentine Colasante (Cendrillon) et Dorothée Gilbert (une sœur)

Karl Paquette (L’Acteur-vedette), Valentine Colasante (Cendrillon) et Dorothée Gilbert (une sœur)

Il personnifie ainsi des décennies de culture et de tradition de l’école de danse de l’Opéra de Paris, que Benjamin Millepied a par ailleurs essayé de révolutionner là même où Rudolf Noureev avait prudemment renoncé, et sa manière bienveillante et théâtrale d’assumer une présence racée au regard acéré lui vaut dorénavant un fort attachement de la part du public parisien.

Karl Paquette (L’Acteur-vedette) et Valentine Colasante (Cendrillon)

Karl Paquette (L’Acteur-vedette) et Valentine Colasante (Cendrillon)

Dans cette Cendrillon transposée à Bastille depuis la fin de l’automne 2011, Karl Paquette arrive sur scène, ce dernier soir de décembre 2018, porté par un grand élan qui soulève une formidable clameur jubilatoire provenant de la salle, et manifeste une véritable joie malicieuse teintée de sagesse à aussi bien jouer la comédie qu’à se livrer aux pas subtils et grands sauts majestueux, tout en mesurant impulsions et rythme des tournoiements acrobatiques. 

Karl Paquette (L’Acteur-vedette)

Karl Paquette (L’Acteur-vedette)

Pris ainsi dans l’action, tout devient source d’amusement aussi bien avec les deux sœurs interprétées par Ludmila Pagliero, en bleu, et Dorothée Gilbert, en rose, fantastiques d’élasticité dans cette chorégraphie qui, quelque part, les désarticule, qu’avec les diverses danseuses multicolores issues d’un folklore touristique du monde entier, de l’Espagne enflammée à la Chine séductrice.  La Mère jouée par Aurélien Houette est, elle, particulièrement burlesque.

Karl Paquette (L’Acteur-vedette) et Valentine Colasante (Cendrillon)

Karl Paquette (L’Acteur-vedette) et Valentine Colasante (Cendrillon)

Et Valentine Colasante, étoile d’à peine un an, danse comme sur du velours, démontrant une habileté étourdissante dans les pas les plus modernes – le numéro de claquettes avec le porte-manteau à bascule est une réussite technique éclatante -, et dresse le portrait d’une Cendrillon femme mûre et confiante de bout-en-bout, comme si elle savait dès le départ qu’elle est destinée à la réussite publique.

Valentine Colasante et Karl Paquette

Valentine Colasante et Karl Paquette

L’excellente cohésion de la distribution permet un déroulé de danses où se succèdent scènes de comédie musicale et grands mouvements classiques - la valse mauve qui clôt le premier acte en engageant 24 danseurs rappelle par ses couleurs la valse des coupes du Lac des Cygnes -, et des fantaisies exotiques qui, même si leur originalité n’est pas toujours saillante, sont portées par la musique envoûtante, et par moment mystérieuse, de Prokofiev.

Karl Paquette et ses enfants en compagnie d'Aurélie Dupont

Karl Paquette et ses enfants en compagnie d'Aurélie Dupont

Et il ne faut pas perdre de vue que tous les ballets du répertoire ne bénéficient pas d’une composition musicale hors du commun. Or Cendrillon est associée à une partition richement rythmée et colorée, toujours stimulante, et lorsqu’elle est interprétée par un orchestre Pasdeloup qui opère, sous la direction de Vello Pähn, à une splendide fusion de couleurs de timbres instrumentaux, et génère des volumes généreux et un lustre sonore luxueux qui atteignent le niveau de l’orchestre de l’Opéra de Paris, l’esprit de l’auditeur est alors éperdument transporté, quoi qu’il se passe sur scène. 

Karl Paquette et ses enfants

Karl Paquette et ses enfants

Tant de numéros originaux, les soubrettes dansant sur les réminiscences de la marche de l’Amour des 3 oranges, les douze coups de minuit marqués mécaniquement par douze danseurs athlétiques, sont une fête de l’esprit qui s’apprécie d’autant plus que l’ambiance de fin d’année s’y prête. Et la transposition à Bastille – moyennant quelques ajouts de décors comme la statue de la liberté visible dès le premier tableau – ne fait qu’accorder plus d’ampleur et de respiration à ce spectacle qui a ses moments de grâce et d’abandon, à l'instar du pas de deux final tant attendu.

Karl Paquette

Karl Paquette

Une fois l'ensemble des artistes ovationnés au rideau final, Karl Paquette revient enfin seul sur la scène pour recueillir sous une pluie d’or les hommages du public, après que Stéphane Lissner et Annette Gerlach aient achevé de présenter pour Arte ce dernier acte depuis leur loge suspendue, et l’on découvre les deux enfants blondinets de ce magnifique danseur qui le rejoignent dans un grand moment d’émotion, avec toute la reconnaissance d’Aurélie Dupont qui voit ainsi partir une des valeurs qu’elle a constamment appréciée.

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Publié le 1 Janvier 2019

TV-Web Janvier 2019 - Lyrique et Musique

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Sanatorio Express (Finnish Opera & Ballet) jusqu'au 01 avril 2019

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Medea (Moscow Stanivslavsky Theater) jusqu'au 11 avril 2019

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Ero the Joker (Croatian National Theatre in Zagreb) jusqu'au 05 mai 2019

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Norma (Teatro de la Fenice) jusqu'au 19 mai 2019 (Culturebox)

Macbeth (Teatro de la Fenice) jusqu'au 06 juin 2019

Caligula (Opéra avec l'Arcal et le Poème de l'Harmonie) jusqu'au 11 juin 2019

Tosca (Opéra de Rome) jusqu'au 12 juin 2019

Macbeth (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 14 juin 2019

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Il Trovatore (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 22 septembre 2019

Nuit Erik Satie (Philharmonie de Paris) jusqu'au 07 octobre 2019

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Rédigé par David

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