Publié le 28 Avril 2011

Dimanche 01 mai 2011 sur Arte à 06H00
Valéry Gergiev à Saint-Pétersbourg : Le sacre du printemps
Par le ballet du Mariinski et dans la chorégraphie de Nijinski.

Dimanche 01 mai 2011 sur Arte à 10H10
Lagrime di San Pietro (Orlando di Lasso)
Chef d'orchestre: Philippe Herreweghe

Dimanche 01 mai 2011 sur Arte à 11H00
Une leçon particulière de musique avec Yuri Bashmet

Dimanche 01 mai 2011 sur Arte à 19H15
Monteverdi avec Rolando Villazón,Topi Lehtipuu et Patrizia Ciofi
Chef d'orchestre: Emmanuelle Haïm. Enregistré à la basilique de Saint-Denis.

Dimanche 01 mai 2011 sur Arte à 20H10
La peintre Natalia Gontcharova
Dans l'univers des Ballets Russes

Mardi 03 mai 2011 sur Arte à 00H01
Murray Perahia

Mardi 03 mai 2011 sur France 2 à 00H35
La 3e Nuit de l'Improvisation au Théâtre du Chatelet.
Enregistré le vendredi 5 mars 2010, et présenté par Jean-François Zygel. 

 

Samedi 07 mai 2011 sur France 3 à 00H15
L'heure de Nathalie Manfrino

Samedi 07 mai 2011 sur France 3 à 01H45
Carmen (Bizet)

Enregistré à l'Opéra de Lille en 2010 avec Stéphanie d'Oustrac, Gordon Gietz, Jean-Luc Ballestra, direction Jean-Luc Casadesus, mise en scène Jean-François Sivadier.

Samedi 07 mai 2011 sur Arte à 08H55
Werther (Massenet)
Chef d'orchestre: Michel Plasson, Metteur en scène: Benoît Jacquot, Orchestre: Orchestre de l'Opéra national de Paris. Avec Andreas Jäggi, Anne-Catherine Gillet, Christian Tréguier, Jonas Kaufmann, Ludovic Tézier, Sophie Koch

Samedi 07 mai 2011 sur Arte à 11H40
Netrebko, Garanca, Domingo... à l'opéra de Vienne
Chef d'orchestre: Antonio Pappano, Bertrand de Billy, Fabio Luisi, Franz Welser-Möst, Guillermo García Calvo, Marco Armiliato, Peter Schneider, Zubin Mehta
Avec Alfred Sramek, Anna Netrebko, Boaz Daniel, Diana Damrau, Elisabeth Kulman, Gergely Németi, Herwig Pecoraro, Ileana Tonca, Krassimira Stoyanova, Leo Nucci, Michael Roider, Nadia Krasteva, Natalie Dessay, Piotr Beczala, Plácido Domingo, Simon Keenlyside, Thomas Hampson, Thomas Quasthoff

Samedi 07 mai 2011 sur Arte à 12H25
Rigoletto (Verdi)
Chef d'orchestre: Fabio Luisi, Metteur en scène: Nikolaus Lehnhoff, Orchestre: Sächsische Staatskappelle Dresden. Avec le ténor péruvien Juan Diego Florez.

Samedi 07 mai 2011 sur Arte à 14H45
Don Pasquale (Donizetti)
Avec Marzio Giossi, Norman Shankle, Patrizia Ciofi, Simone Alaimo, Romaric Braun
Chef d'orchestre: Evelino Pidó, Metteur en scène: Daniel Slater, Orchestre: Orchestre de la Suisse Romande

Samedi 07 mai 2011 sur Arte à 16H50
Gershwin - Porgy & Me
Le New York Harlem Theatre est en tournée européenne pour présenter Porgy and Bess de George Gershwin. Susanna Boehm a suivi la troupe et fait le portrait des acteurs qui voient dans cet opéra un miroir de leur histoire, chacun ayant vécu des discriminations.

Samedi 07 mai 2011 sur Arte à 20H40
Adriana Lecouvreur (Cilea)
Chef d'orchestre: Mark Elder, Metteur en scène: David McVicar
Avec Alessandro Corbelli, Angela Gheorghiu, Bonaventura Bottone, David Soar, Iain Paton, Janis Kelly, Jonas Kaufmann, Maurizio Muraro, Olga Borodina, Sarah Castle

Dimanche 08 mai 2011 sur Arte à 09H20
Folle Journée 2009
Daniel Reuss dirige J.S. Bach

Dimanche 08 mai 2011 sur Arte à 10H00
Passions d'opéra - Soixante ans d'art lyrique à Aix-en-Provence
À cette occasion, sept personnalités, dont son actuel directeur Bernard Foccroulle, évaluent son héritage et imaginent son avenir.

Dimanche 08 mai 2011 sur Arte à 11H00
Une leçon particulière de musique avec José van Dam

Dimanche 08 mai 2011 sur Arte à 19H15
Karajan dirige la Symphonie n° 5 de Beethoven
Henri-Georges Clouzot filme l'Orchestre philharmonique de Berlin.

Dimanche 08 mai 2011 sur Arte à 19H55
Karajan dirige la Marche Hongroise de Berlioz

Lundi 09 mai 2011 sur Arte à 22H30
Susan Sontag
Douée pour faire le lien entre l'Amérique et la vieille Europe, Susan Sontag revit à travers ce portrait émouvant qui croise images de ses lieux de prédilection et rencontres avec ceux qui l'ont aimée.

Lundi 09 mai 2011 sur Arte à 23H25
Mikis Theodorakis, compositeur

Mardi 10 mai 2011 sur France 2 à 00H30
Pelléas et Mélisande (Claude Debussy)
Avec Phillip Addis, Karen Vourc'h, Marc Barrard, Nathalie Stutzmann.

Direction John Eliot Gardiner, mise en scène Stéphane Braunschweig (Opéra Comique juin 2010)

 

Dimanche 15 mai 2011 sur Arte à 10H10
Arturo Benedetti Michelangeli interprète Debussy

Dimanche 15 mai 2011 sur Arte à 11H05
Une leçon particulière de musique avec José van Dam

Dimanche 15 mai 2011 sur Arte à 19H15
Mahler : Le cor merveilleux de l'enfant
Avec Christian Gerhaher (Baryton), Magdalena Kozená (Mezzo-Soprano)
Chef d'orchestre: Pierre Boulez 

 

Mardi 17 mai 2011 sur France 2 à 00H30
Béatrice et Bénédict (Hector Berlioz)
Avec Ailish Tinan, Elodie Méchain. Direction Emmanuel Krivine, mise en scène Dan Jemmett (Opéra Comique mars 2010) 

 

Mercredi 18 mai 2011 sur Arte à 20H15
Claudio Abbado dirige Mahler - En direct de Berlin
Avec Anne Sofie von Otter, Jonas Kaufmann. Orchestre: Berliner Philharmoniker

Mercredi 18 mai 2011 sur Arte à 22H05
Gustav Mahler
Avec Henry-Louis de la Grange, Thomas Hampson
Chef d'orchestre: Claudio Abbado, Daniel Harding, Jonathan Nott, Leonard Bernstein, Pierre Boulez. Orchestre: Lucerne Festival Orchestra, Staatskapelle Berlin, Sveriges Radios Symfoniorkester, Wiener Philharmoniker 

 

Dimanche 22 mai 2011 sur Arte à 09H40 

Festival de Lucerne 2009 

Claudio Abbado et l'Orchestre du festival interprètent Mahler et Rückert.

 

Dimanche 22 mai 2011 sur Arte à 11H15 

Heinrich Schütz par Benoît Haller

 

Dimanche 22 mai 2011 sur Arte à 19H15  

Quasthoff chante Mahler  

Sous la direction de Zubin Mehta, le baryton Thomas Quasthoff interprète de bouleversants lieder "aux enfants morts". 

 

Lundi 23 mai 2011 sur Arte à 10H00

 Mikis Theodorakis, compositeur

 

Lundi 23 mai 2011 sur Arte à 22H55

Mahler, d'un pas mesuré

 

Lundi 23 mai 2011 sur Arte à 23H55

Alma Mahler-Werfel

Compositrice et peintre, elle fut une égérie de la vie culturelle viennoise. 

 

Mardi 24 mai 2011 sur Arte à 00H50

Blanche Neige (Preljocaj) 

Ballet romantique filmé par le chorégraphe lui-même.

Vendredi 27 mai 2011 sur France 3 à 23H35 

L'heure de l'Opéra à Vienne (avec Dominique Meyer)

 

Samedi 28 mai 2011 sur Arte à 14H30

La Symphonie n°2 (Gustav Mahler) 

Chef d'orchestre: Riccardo Chailly

Dimanche 29 mai 2011 sur Arte à 09H45
Istomin, Stern et Rose

Dimanche 29 mai 2011 sur Arte à 10H40

Liszt et Paganini par Berezovsky et Papavrami

Dimanche 29 mai 2011 sur Arte à 18H10

La Symphonie des Mille (Gustav Mahler)

Avec Christiane Ölze, Christine Iven, Dietrich Henschel, Erika Sunnegardh, Georg Zeppenfeld, Gerhild Romberger, Lioba Braun, Stephen Gould

Chef d'orchestre: Riccardo Chailly

Lundi 30 mai 2011 sur Arte à 11H45
L'Opéra Garnier

Lundi 30 mai 2011 sur Arte à 23H55
L'homme qui fait chanter les tambours : Martin Grubinger

 

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 27 Avril 2011

Il Trovatore (Giuseppe Verdi)
Représentation du 23 avril 2011
New York Metropolitan Opera

Ferrando Stefan Kocan
Inez Maria Zifchak
Leonora Sondra Radvanovsky
Count di Luna Dmitri Hvorostovsky
Manrico Marcelo Alvarez / Arnold Rawls
Azucena Dolora Zajick

Direction musicale Marco Armiliato
Mise en scène David McVicar

 

                                                                                                      Arnold Rawls (Manrico)

Hormis le rôle de Ferrando, la distribution de la reprise d’ Il Trovatore est identique à celle de 2009.

Marco Armiliato la dirige avec une telle superficialité, un laisser-aller cacophonique et des motifs lugubres à peine esquissés lorsque Leonore va se recueillir sous la tour du palais de l’Aljaferia, qu’il fait regretter l’art feutré de Gianandrea Noseda.

Après son retrait des dernières représentations de Luisa Miller le mois dernier à Paris, Marcelo Alvarez apparaît en meilleure forme au début, même si le timbre brille peu. Mais le doute s’installe lorsqu’il recourt à des effets fortement affectés pour couper court à un souffle qu’il a du mal à tenir.

Et effectivement, il ne revient pas dans la seconde partie, Manrico devant s’en remettre au solide Arnold Rawls qui, avec une projection rayonnante, des couleurs sombres et métalliques jusque dans le haut médium, et un sensible frémissement, le situe dans les mêmes dimensions vocales que Sondra Radvanovsky.

Sondra Radvanovsky (Leonore)

Sondra Radvanovsky (Leonore)

La soprano américaine, que l’on commence à revoir en Europe, n’a aucun mal à dominer la soirée. Phénoménale, on ne comprend d’ailleurs pas en la regardant chanter comment elle arrive à dégager un tel flot d’ondes nocturnes et minérales, elle est la passion verdienne dans son expression la plus mélancolique et la plus humble.

Dmitri Hvorostovsky, malgré certaines séquences qui le couvrent, brosse un portrait noble du comte, et offre une très tendre interprétation de son grand air au second acte.

Si Stefan Kocan est un Ferrando primaire, et Maria Zifchak une bien plus digne dame de compagnie pour Leonore, Dolora Zajick s’appuie sur ses graves impressionnants et l’agressivité de ses aigus pour compenser un vibrato prononcé mais qui n’affaiblit en rien la personnalité rancunière d’Azucena.

Inspirée par les coloris des tableaux de Goya, la mise en scène de David McVicar fait ressortir la violence de ce monde en guerre, et sa tragique diffusion, même dans les rapports mère-fils.

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Publié le 26 Avril 2011

Capriccio (Richard Strauss)
Représentation du 23 avril 2011
New York Metropolitan Opera

Flamand Joseph Kaiser
Olivier Russell Braun
La Roche Peter Rose
La Comtesse Renée Fleming
Le Comte Morten Frank Larsen
Clairon Sarah Connolly
Les chanteurs italiens
              Olga Makarina
              Barry Banks

Direction Musicale Andrew Davis
Mise en scène John Cox

 

 

Renée Fleming (La Comtesse Madeleine)

Il va sans dire que lorsque l’on a vu l’écrin dans lequel Robert Carsen a matérialisé sa vision de  Capriccio au Palais Garnier, une fort émouvante ode à notre amour pour l’opéra en tant qu’inspiration musicale et espace de vie théâtrale, et une évocation de ses illusions que l’on ne voudrait pas voir lorsque La Comtesse Madeleine quitte son rôle alors que les techniciens démontent l’ensemble des décors, la production de John Cox se situe un cran en dessous, même si elle insuffle beaucoup de vie dans les rapports entre personnages.

L’esthétique du décor années vingt, les éclairages vifs et fixes, sauf à la toute fin, et son côté pièce de théâtre bourgeois qui idéalise une femme devant choisir entre deux prétendants réduisent le texte à une douce scène amusante. Et surprise, la belle fait même un choix au moment où les dernières lumières s’éteignent, mais dont seul le domestique en prendra connaissance.

Joseph Kaiser (Flamand)

Joseph Kaiser (Flamand)

La direction de Andrew Davis se complaît dans une sorte de confort tranquille sans fantaisie, se fait à plusieurs reprises lâcher par les cuivres, ce qui fait reposer toute la vitalité sur les chanteurs.

Toujours aussi glamour dans ses poses, Renée Fleming a conservé la couleur de la crème qui a fait sa notoriété, mais le temps l'a rendue plus femme, et moins douce langueur policée.
Morten Frank Larsen conduit le personnage du Comte comme un coureur de jupon encore alerte, pas du genre à laisser son orgueil l’enfermer dans son statut supérieur, avec une solide présence que pourrait lui envier Sarah Connolly, car elle dilue Clairon dans une attitude légère, à moins que ce ne soit la volonté du metteur en scène.

Autre excellent meneur, Peter Rose fait également de La Roche un fin diseur.

Très réservé au risque de créer un certain déséquilibre, Russell Braun laisse le champ libre à un Joseph Kaiser magnifiquement expressif, souffle vaillant et accents mélancoliques qui en font une merveille à écouter lorsque l’on tourne la tête vers l’immensité de la salle envahie par son chant. On ne le croirait pas Canadien, sinon Slave, lui qui est une des splendides découvertes de cette saison à l'Opéra de Paris dans Oneguine.

Les brillants Olga Makarina et Barry Blanks se livrent à un concours d'endurance accrocheur, pour lequel le public, aussi prompt à déclencher les rires comme il le fit dans le  Comte Ory, manifeste son enthousiasme le plus sincère.

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Publié le 25 Avril 2011

La Walkyrie (Richard Wagner)
Représentation du 22 avril 2011
New York Metropolitan Opera

Wotan Bryn Terfel
Fricka Stéphanie Blythe
Siegmund Jonas Kaufmann
Sieglinde Eva-Maria Westbroek
Brünnhilde Deborah Voigt
Hunding Hans-Peter König
Gerhilde Kelly Cae Hogan
Ortlinde Wendy Bryn Harmer
Waltraude Marjorie Elinor Dix
Schwertleite Mary Phillips
Helmwige Molly Fillmore
Siegrune Eve Gigliotti
Grimgerde Mary Ann Mc Cormick
Rossweisse Lindsay Ammann

Direction Musicale James Levine
Mise en scène Robert Lepage

                                                                                                                 Jonas Kaufmann (Siegmund)

A la vue de la nouvelle production de la Walkyrie, et avant d’en commenter l’interprétation musicale, on ne peut reprocher à Robert Lepage de n’avoir pas compris à quel public il s’adresse.
Tout son dispositif s’articule autour d’une armature hélicoïdale, dont les pales se déploient pour former l’élément de décor le plus pertinent pour la scène en cours.

Il s’agit d’une prouesse technique remarquable, on n’imagine pas tous les problèmes d’équilibres de masse, d’asservissements et de contrôles informatiques temps réel que cela représente, qui permet d’enchaîner dynamiquement les changements de lieu, d’abord la forêt, puis la maison de Hunding, puis le Walhalla.

Les Américains, habitués aux images de synthèses des derniers Star Wars, aux éclairages sous lesquels les structures deviennent vivantes, aux lents mouvements d’impressionnants vaisseaux, retrouvent à l’opéra des textures et des animations importées des effets spéciaux cinématographiques, ou bien des jeux vidéo.

Deborah Voigt (Brünnhilde) et Bryn Terfel (Wotan)

Deborah Voigt (Brünnhilde) et Bryn Terfel (Wotan)

Le troisième acte tourne même au rodéo lorsque les Walkyries chevauchent héroïquement les poutres en balancement, sous couvert de sifflets et d’encouragements de la salle exaltée. Un cirque inimaginable à l’Opéra de Paris.

L’arrivée de Brünnhilde sur les ailes de Grane nous amène dans l’univers du Choc des Titans, et son immolation, spectaculaire cristallisation dans un rocher, le corps renversé, rappelle la cryogénisation de Hans Solo. Mais après tout, Georges Lucas s’est lui même inspiré du Ring dans sa Saga de science fiction.

Néanmoins, si l’on regarde au-delà de tous ces costumes aux couleurs vives et scintillantes, et de cette architecture qui est, répétons le, extraordinaire, Robert Lepage ne fait qu’assurer le service minimum en  terme de profondeur de mise en scène.

La psychologie de chaque personnage reste terriblement simplifiée, il arrive que leurs gestes se figent, avec toutefois quelques images recherchées comme l’enlacement de Siegmund autour de Sieglinde, et la mort de celui-ci dans les bras de Wotan.

Mais même là, les poses se prennent de façon visiblement calculées.
Tous les symboles, corne, béliers de Fricka et autres casques ailés sont par ailleurs utilisés à titre décoratifs.

Stéphanie Blythe (Fricka)

Stéphanie Blythe (Fricka)

On peut ainsi se moquer de l’attirail artisanal, cordes, rideaux, projecteurs mal cachés, qu’utilise Günter Krämer à Paris, son Ring reste cependant d’une toute autre intelligence de vue, théâtral dans les moments clés - le récit de Wotan et l’avertissement de Brünnhilde à Siegmund à l’acte II de la  Walkyrie-, et surtout d’une indéniable humanité.

Mais bien sûr, la musique prime. Lors de son arrivée pour saluer le public, James Levine a reçu une ovation de la salle d’une force telle que peu de chefs peuvent s’en prévaloir.
Il est chez lui, et dès que l’ouverture démarre, il offre l’image attendrissante d’un chef qui virevolte au milieu de l’orchestre comme un enfant dans l’eau.

Sa direction est incisive, les traits violents et naturalistes, les gradations en intensité atteignent leur paroxysme plutôt dans la première partie, dans le duo de Siegmund et Sieglinde, profondément chaleureux - notamment le hautbois-, et l’apparition impérieuse de Fricka.

Dans ce rôle ci, Stéphanie Blythe laisse une impression féroce, très assurée, une voix riche et colorée sur laquelle elle assoit une autorité imparable. On croirait entendre Dolora Zajick, mais plus jeune, et sans le vibrato actuel.

Bryn Terfel (Wotan)

Bryn Terfel (Wotan)

Bryn Terfel, un large souffle noir et névrotique, donne l’image d’un Wotan qui se débat avec ses propres contradictions. Il semble brider ses sentiments profonds que ce soit pour Brünnhilde ou Siegmund, mais beaucoup trop d’allers et venues masquent le manque de sens donné au geste.
Ni lui, ni aucun autre chanteur, ne laissera une attitude théâtrale marquante.
Il n’en est pas moins percutant, surtout quand il clame sa rage.

D’emblée, Deborah Voigt se présente crânement, et lâche sans complexe sa voix tout au long de cette épopée sans le moindre signe de fatigue, et sans rupture brusque.
Il faut cependant accepter un timbre qui la vieillit considérablement, et une vision un peu trop survoltée de Brünnhilde.

Bien des Hunding ont des intonations rustres, suggérant une nature primitive, mais dans le cas de Hans-Peter König nous pouvons croire qu’il pourrait être un homme accueillant, sage, surtout dans son accoutrement de Père Noël, parce que ce chanteur partage des sonorités souples, amples et d‘une évidente maturité.

Eva-Maria Westbroek (Sieglinde) et Jonas Kaufmann (Siegmund)

Eva-Maria Westbroek (Sieglinde) et Jonas Kaufmann (Siegmund)

Couple très attendu, Jonas Kaufmann et Eva-Maria Westbroek réussissent un duo d’amour passionné à donner le frisson, lui si souple corporellement, si sensible et sombrement rayonnant - mais encore prudent quand il élargit sa voix-, et elle toujours aussi tragiquement humaine et subtilement méditative, dont la méforme passagère est à peine perceptible même dans ce passage là.

Margaret Jane Wray la remplace pourtant au troisième acte, avec vaillance, et même une certaine ressemblance de timbre, sans que cela n’ôte un sentiment de déception, car il s’agit d’une prise de rôle pour la soprano allemande.

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Publié le 25 Avril 2011

Le Comte Ory (Gioachino Rossini)
Représentation du 21 avril 2011
New York Metropolitan Opera

Le Comte Ory Juan Diego Florez
La Comtesse Adèle Diana Damrau
Isolier Joyce DiDonato
Raimbaud Stéphane Degout
Le Gouverneur Michele Pertusi
Dame Ragonde Susanne Resmark

Mise en scène Bartlett Sher
Direction musicale Maurizio Benini

 

 

Juan Diego Florez (le Comte Ory) et Stéphane Degout (Raimbaud)

Il paraît surprenant que l’avant dernier opéra de Rossini n’ait pas la notoriété du Barbier de Séville ou bien de l’Italienne à Alger. Il s’agit évidemment d’un divertissement bourgeois haut de gamme, qui comporte un second acte à l’action très serrée.

Bien que cette comédie se déroule vers 1200 - période identique à celle du livret d’ Aroldo, un des opéras les moins connus de Verdi -, Bartlett Sher la transpose au XIXème siècle, sans surcharge, et s’appuie habilement sur les ressorts du théâtre de Marivaux, une forme d’élégance sans trivialité, auxquels le public rit de bon cœur.

Il suffit de voir le chouchou de ces Dames, Juan Diego Florez, sautiller de ci de là dans son costume de religieuse, pour que la salle s’esclaffe sans se limiter à un sourire simplement amusé. Et visiblement, il aime cela.
Incarnation vocale du classicisme, le ténor péruvien manie la précision de la langue française avec une clarté particulièrement charmeuse.

Diana Damrau (La Comtesse Adèle) et Joyce DiDonato (Isolier)

Diana Damrau (La Comtesse Adèle) et Joyce DiDonato (Isolier)

En véritable princesse un peu capricieuse, Diana Damrau pousse les vocalises aux limites de l’hystérie avec, elle aussi, une excellente diction, et l’on retrouve à nouveau Joyce DiDonato dans un de ces rôles masculins et troublants où elle adore se travestir, et exprimer l’insolence de la fougue adolescente, avec la présence qu’on lui connaît.

La scène finale qui se déroule sur le lit dans une confusion des sentiments et des sexes, alors que le Comte, la Comtesse et Isolier alternent des effusions virtuoses et passionnées, est une petite réussite en soi.

Unique interprète français de la distribution, Stéphane Degout se prête de bon cœur à la farce sans verser dans les excès du cabotinage, mais le souffle et la chaleur de sa voix, qu'il libère généreusement lorsque l'occasion lui en est donnée, le mettent de toute façon mieux en valeur dans un répertoire plus sensible et poétique.

Dans la fosse, Maurizio Benini mène un rythme entraînant, ce qui est l’élément essentiel de la musique de Rossini.

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Publié le 20 Avril 2011

Pelléas et Mélisande (Claude Debussy)
Version concert du 17 avril 2011
Théâtre des Champs Elysées

Pelléas Simon Keenlyside
Mélisande Natalie Dessay
Golaud Laurent Naouri
Geneviève Marie-Nicole Lemieux
Arkel Alain Vernhes
Yniold Khatouna Gadelia
Le Médecin Nahuel di Pierro

Direction musicale Louis Langrée
Orchestre de Paris

 

                                                Laurent Naouri (Golaud)

Après  Parsifal et  Ariane et Barbe-Bleue, c’est avec une version concert de Pelléas et Mélisande que s’achèvent ces quelques jours consacrés, au hasard du calendrier, à Wagner et son influence dans la musique française.

Sous la direction de Louis Langrée, les musiciens de l’Orchestre de Paris livrent une lecture rigoureuse et compacte qui, au fil de soirée, gagne en limpidité.
Si dans les passages les plus vivants la poésie se défait sensiblement, la profondeur de la musique, lorsqu’elle travaille les mouvements les plus sombres, devient flot mystérieux et inquiétant, et cela particulièrement lorsque Golaud intervient.

Or, Laurent Naouri est a lui seul, immensément, naturellement, et en toute évidence, l’interprète choc de la représentation. Il chante magnifiquement, le verbe est précis, superbement lié et détaché à la fois, sur fond d’un timbre mûr et que l'on pourrait croire affectueux au premier abord.

Alors évidemment Simon Keenlyside joue sur deux registres, des étincelles d’innocentes clartés et une assurance virile, Natalie Dessay trouve une lumineuse présence dans "Mes long cheveux descendent jusqu’au seuil de la tour", mais nulle subtile mélancolie ou sentiment d'urgence ne traverse ce duo par ailleurs tenu à distance sur scène. Rien ne se passe en fait.
Même Alain Vernhes paraît trop attentif à soigner son chant.

Ceci est cependant un avant goût de la passionnante confrontation qui s’annonce la saison prochaine entre le Teatro Real de Madrid (L.Naouri-Y.Beuron-C.Tilling direction S.Cambreling) et l’Opéra de Paris (V.Le Texier-S.Degout-E.Tsallagova direction P.Jordan) , le chef d’œuvre de Debussy devant y être représenté dans la même mise en scène de Bob Wilson.

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Publié le 19 Avril 2011

Anne Schwanewilms
Récital du 16 avril 2011 à l' Opéra Comique

Piano Manuel Lange

Claude Debussy Proses Lyriques
« De rêves… »
« De grève… »
« De fleurs… »
« De soir… »

Hugo Wolf Mörike-Lieder
« Im Frühling »
« Gesang Weylas »
« Auf einer Wanderung »
« Verborgenheit »
« Das verlassene Mägdlein »
« Wo find’ich Trost »
« Der Genesene an die Hoffnung »

Arnold Schönberg Vier Lieder op.2
« Erwatung »
« Schenk mir deinen goldenen Kamm »
« Erhebung »
« Waldsonne »

Hugo Wolf Mörike-Lieder
« Elfenlied »
« Selbstgeständnis »
« Storchenbotschaft »

Bien que le petit fascicule remis aimablement à chacun suggère une écoute de ce récital sous l’angle de l’influence vocale wagnérienne, seule la rencontre avec Anne Schwanewilms a véritablement de l’importance.

Dans cet espace si intime où la proximité du public pourrait l'intimider et gêner son rayonnement naturel, la soprano allemande crée une atmosphère émouvante en mettant à nu ses fragilités.

L’expressivité de sa technique repose sur des lignes subtilement éthérées, de soudaines envolées lyriques et un médium tourmenté, parfois fâné. Il y a dans cette large palette de couleurs, mêlant pureté et inachevé, une évocation humaine empathique.

Les proses lyriques ne sont sans doute pas suffisamment intelligibles, seulement Anne Schwanewilms sait exactement pourquoi elle est là, et ce qu’elle interprète.
Ce qu’elle vie intérieurement est renvoyé avec un immuable naturel, des traits d'humour complices au cours des derniers lieder, si bien que l'on en reste très touché.

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Publié le 17 Avril 2011

Roméo et Juliette (Prokofiev)
Pré-générale du 08 avril 2011 et représentation du 16 avril 2011 à l’Opéra Bastille

Première historique le 2 juin 1977 au London Coliseum
Production remaniée pour le ballet de l’Opéra National de Paris le 19 octobre 1984

Juliette Agnès Letestu / Isabelle Ciaravola
Roméo Florian Magnenet / Karl Paquette
Tybalt Stéphane Bullion / Vincent Chaillet
Mercutio Emmanuel Thibault / Mallory Gaudion
Benvolio Yann Saïz / Fabien Révillion
Pâris Yannick Bittencourt / Florimont Lorieux
Rosaline Eve Grinsztajn / Laura Hecquet
Dame Capulet Delphine Moussin / Laurence Laffon
La Nourrice Danièle Doussard / Céline Palacio

Chorégraphie et mise en scène Rudolf Noureev

Décors Ezio Frigerio
Costumes Mauro Pagano
Lumières Vinicio Cheli

Direction musicale Vello Pähn                                            Stéphane Bullion (Tybalt)

Depuis son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris, Roméo Juliette est vraisemblablement le ballet le plus théâtral que nous ait légué Rudolf Noureev.

 

La musique de Prokofiev prodigue une variété de motifs colorés et évocateurs, depuis les états d’âme les plus noirs, les hésitations de Juliette entre la potion et le poignard, sur fond d‘accords mortels et sinueux, jusqu’à l’exaltation de la joie de vivre la plus euphorisante, l’audace entraînante, tambour battant, de Mercutio.

A l’instar des caractères shakespeariens, précis et complexes, la scénographie de Noureev s‘approche du réalisme de la vie, la lutte poing fermés et menaçants entre Capulets et Montaigus, les allusions sexuelles ludiques, les permanentes marques d’affection ou de tension entre partenaires, avec de multiples scènes de vie périphériques que l‘on ne peut toujours suivre dans le même temps.

 

Agnès Letestu (Juliette) et Florian Magnenet (Roméo)

Il en résulte une chorégraphie qui privilégie la rapidité et la multiplicité des pas.
 

Deux personnages sont significativement développés : Tybalt et Mercutio.

Tybalt, le cousin de Juliette, abîmé de pulsions destructrices, réapparaît même dans le songe de celle ci pour lui suggérer le suicide, et, comme si sa psychologie n‘était pas suffisamment sombre, Noureev lui attribue en plus une attirance pour Roméo.

Stéphane Bullion manifeste une dimension particulièrement féline.

Il y a chez ce danseur une capacité à suggérer des mouvements du corps qui accélèrent et ralentissent tout en souplesse, du dos jusqu’au phalanges des pieds, et génèrent des images dynamiques profondément marquantes.

 

 

Emmanuel Thibault (Mercutio)

Mercutio, l’ami proche de Romeo, est celui qui cherche à apporter de la détente à la confrontation entre les deux clans. Il entraîne, fait passer le rapport à la vie avant les barrières sociales, s’amuse aussi bien avec la nourrice qu’avec Tybalt, mais finit finalement par payer sa nature inclassable.

Dephine Moussin (Dame Capulet) et Stéphane Bullion (Tybalt)

Dephine Moussin (Dame Capulet) et Stéphane Bullion (Tybalt)

Emmanuel Thibault fait vivre un personnage virevoltant, d’une joie de vivre stupéfiante et provocante par son inconscience, alors que Mallory Gaudion lui accorde un caractère plus moelleux.

Dans la conception de Noureev, le duo formé par Roméo et Juliette est à l’avantage de cette dernière.
Doux rêveur, prenant des poses sourire béat, Roméo est soumis à la fille des Capulets.

Karl Paquette (Roméo)

Karl Paquette (Roméo)

Il la soutient, est en quelque sorte à son service, et c’est dans ses bras qu’elle trouve l’apaisement de son trop plein d’énergie, lorsqu’elle virevolte sur elle-même.

Agnès Letestu livre une Juliette encore plus dominatrice face au trop précieux Florian Magnenet, mais son charisme naturel et décidé est concurrencé par la légèreté entière d’Isabelle Ciaravola dans le même rôle.

Agnès Letestu (Juliette)

Agnès Letestu (Juliette)

Il faut voir les bras de cette dernière flottant avec la même harmonie que ses voiles charmants, ses impulsions douces où l’on ressent la fragilité et la sensibilité humaine, et un plaisir ravissant.

Malgré une mauvaise réception déstabilisante, la tendresse et l’ardeur de Karl Paquette, mélange bondissant et leste, sortent Romeo de sa fadeur, car rien de la noirceur romantique du personnage n‘est montrée ici.

Isabelle Ciaravola (Juliette)

Isabelle Ciaravola (Juliette)

Jouant d’un belle allure, droite et fière, fascinante par sa blondeur et la perfection d’une image d’ange au trait féminin, Fabien Révillion est comme le petit frère dévoué de Romeo, élancé et encore un peu lourd.

L’orchestre de l’Opéra National de Paris n’avait pas assuré les représentations du Lac des Cygnes en décembre dernier, ce qui avait été dommageable à la qualité musicale.

Ce n’est heureusement pas le cas pour Roméo et Juliette, et même si Vello Pähn n’atteint pas la flamboyance et la théâtralité d’un chef comme Kevin Rhodes, il réalise cependant une belle fusion entre cordes et cuivres, atténue les moments les plus pompeux sans sacrifier au relief, draine de subtils motifs, mais reste sur un tempo lent, qui, s’il peut être du à une nécessaire adaptation au rythme des danseurs, paraît pourtant exagéré dans les moments les plus vifs.

Ceci dit, le troisième acte, celui où se pose la question de la mort, et où Noureev utilise le plus des procédés faisant intervenir rêves ou prémonitions en même temps que le réel sur scène, avec la vrai Juliette et son double, puis les fantômes de Tybalt et Mercutio, trouve dans ces lenteurs une sensible exaltation romantique. Difficile de ne pas en être ému.

Fabien Révillion (Benvolio)

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Publié le 17 Avril 2011

Ariane et Barbe-Bleue (Paul Dukas)
Version concert du 15 avril 2011
Salle Pleyel

Ariane Katarina Karnéus
La Nourrice Delphine Haidan
Sélysette Andrea Hill
Mélisande Emmanuelle de Negri
Barbe-Bleue Nicolas Cavallier

Direction musicale Jean Deroyer
Orchestre Philharmonique de Radio France
Choeur de Radio France

 

Katarina Karnéus (Ariane)

Les hasards heureux de la programmation font qu’il est possible d’entendre  Parsifal, Pelléas et Mélisande et Ariane et Barbe-Bleue à quelques jours d’intervalle.
Car ces trois oeuvres forment un aboutissement de l’intégration de l’univers symphonique à l’art de l’opéra.

Mais si - dans la recherche d’une réponse à Wagner - Debussy a cherché à se démarquer, la fascination de Paul Dukas pour le maître de Bayreuth, et Parsifal en particulier, est restée intacte.

Sous la direction monumentale de Sylvain Cambreling, l’Opéra de Paris avait présenté l’ouvrage dans une production visuellement dommageable à l’imprégnation de la musique.
Ce soir, en version concert, l’immersion dans les vagues lumineuses est totale, et Jean Deroyer anime l’immensité orchestrale en incitant des impulsions parfois un peu trop fracassantes.

Même si les cordes s’éliment dans les filages les plus fins, le plus beau passage s’ouvre au troisième acte, lorsque les ondoyances évoquent l’arrivée des filles fleurs de Parsifal.

La poésie du texte de Maeterlinck trouve ainsi, avec Katarina Karnéus et Dephine Haidan, un art de la diction noble et maîtrisé.

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Publié le 15 Avril 2011

Parsifal (Richard Wagner)
Version concert du 14 avril 2011
Théâtre des Champs Elysées

Parsifal Nikolai Schukoff
Kundry Angela Denoke
Gurnemanz Kwangchul Youn
Klingsor John Wegner
Amfortas Michael Volle
Titurel Steven Humes

Direction Musicale Kent Nagano

Orchestre et Choeur de la Staatsoper de Munich
Tölzer Knabenchor (Choeur de garçons de Bad Tölz)

 

                                                                                                        Angela Denoke (Kundry)

Juste avant d'interpréter à Munich deux représentations de Parsifal, dans la mise en scène de Peter Konwitschny, l'intégralité de l'équipe artistique passe par le Théâtre des Champs Elysées, comme pour offrir à Paris une répétition générale spéciale.

On peut regretter qu'un minimum de mise en espace ne permette aux chanteurs de jouer leur rôle, et de créer de véritables moments de tension, il n'en est pas moins vrai que l'attente porte en grande partie sur Angela Denoke.

Toute l’intériorité torturée de Kundry s’exprime uniquement par les torsions du buste, les traits du visage d’une femme affligée et blessée, mais pas dangereuse.

Le pouvoir magnétique de la soprano allemande, sophistiquée et pourtant si humaine, se manifeste pendant tout le second acte, qu’elle chante ou pas d’ailleurs. Sa voix s’épanouit en s’accordant du temps, des clartés voilées, des angoisses graves et mystérieuses, et des lenteurs envoutantes.

 Angela Denoke (Kundry)

Angela Denoke (Kundry)

En l’apparence, l’attitude si simple de Nikolai Schukoff, Parsifal plein de bonne volonté, n’a pas la présence immédiate répondant au cliché de l’Heldentenor wagnérien, et pourtant, sa technique lui permet de soigner les lignes d’un chant mordant et sombre, dirigé frontalement, d’atteindre les aigus dans un élan soudain mais sans rupture et sans altération, tout cela avec une modestie sympathique.
Le timbre ne change pas, mélancolique, mais également un peu austère.

Kwangchul Youn, dont on attend le retour à l’Opéra de Paris dans la Forza del Destino, peut se prévaloir d’une sage autorité charismatique qui humanise fortement Gurnemanz. Il y a en lui un rayonnement et un style chaleureusement mozartiens qui évoquent la conscience éclairée de Sarastro.

L’âme d’Amfortas trouve, en Michael Volle, un gardien de son propre orgueil de roi et de sa dignité, John Wegner exalte sans ambages la brutalité névrosée de Klingsor, et le Titurel de Steven Humes, même disposé en arrière scène, percute très efficacement.

Angela Denoke (Kundry), Kent Nagano et Nikolai Schukoff (Parsifal)

Angela Denoke (Kundry), Kent Nagano et Nikolai Schukoff (Parsifal)

Il y a bien des façons d’interpréter Wagner, et Kent Nagano donne l’impression, dans le premier acte, de privilégier l’avancée du discours, le choix d’une douceur qui s’obtient en étouffant les cuivres sous les cordes, et en ne les laissant jaillir que dans les moments nécessairement spectaculaires. Les frémissements des violons sont encore trop mécaniques, mais l’ensemble reste prenant.

L’ orchestre de la Staatsoper de Munich gagne en intensité au second acte, mais c’est réellement dans la dernière partie, de retour au château du Graal, qu’une magnifique nappe sonore, traversée de fin contrastes, immerge la salle avec une grâce qui évoque la légèreté d’une renaissance.

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