Publié le 28 Mars 2013

Roméo et Juliette (Charles Gounod)
Version de concert du 24 mars 2013

Palais des Beaux-Arts (Bruxelles)
Théâtre Royal de la Monnaie

Juliette           Nino Machaidze
Stéphano      Angélique Noldus
Gertrude       Carole Wilson
Roméo         John Osborn
Tybalt           Tansel Akzeybek
Benvolio       Stefan Cifolelli
Mercutio      Lionel Lhote
Pâris            Alexandre Duhamel
Grégorio      Nabil Suliman
Capulet        Paul Gay
Frère Laurent Jérôme Varnier
Duc de Vérone Patrick Bolleire
Manuela      Amalia Avilán
Pepita          Kinga Borowska
Angelo         Marc Coulon
Frère Jean    Pascal Macou

Direction musicale         Evelino Pidò                              Tansel Akseybek (Tybalt)
Direction des chœurs    Martino Faggiani                       

Bozar, ou le Palais des Beaux-Arts, possède une salle magnifique pour y représenter Roméo et Juliette en version de concert, car elle abrite, au fond de la scène, un orgue au son somptueux.
La cérémonie de mariage de Juliette et Pâris en est le meilleur instant pour profiter de cette richesse sonore.
Dans cet opéra, la musique de Charles Gounod prend des accents épiques, dès l’ouverture, et elle décrit le drame avec des effets virtuoses et des climats intemporels entre lesquels viennent se glisser des passages plus pompeux et triviaux.
 

Orchestre Symphonique et choeurs de la Monnaie, direction Evelino Pido

Orchestre Symphonique et choeurs de la Monnaie, direction Evelino Pido

En tout cas, son énergie théâtrale est nimbée d’un sentimentalisme délicat pour lequel Evelino Pidò n’est peut être pas le meilleur défenseur. Sa rythmique tonique est une force qui place l’orchestre en principal acteur dramatique, mais la tonalité légère et pastel de cette musique s’évanouit dans un premier temps, et ne réapparaît, avec tout son mystère, que lors de la scène nocturne du balcon, le premier grand moment d’inspiration et d’évasion vers les rêves.

On retrouve de très beaux moments quand les chœurs fusionnent avec la masse orchestrale créant ainsi une harmonie d’ensemble souple et forte à la fois. D’autres passages perdront en revanche toute la fragilité allante et fluide que l’on voudrait entendre.

Nino Machaidze (Juliette)

Nino Machaidze (Juliette)

Même si l’on peut trouver qu’un opéra donné sans un minimum de mise en espace réduit considérablement son pouvoir émotionnel, à moins que l’interprétation musicale ne soit exceptionnelle, c’est pourtant l’occasion de révéler des chanteurs, parfois peu ou pas assez connus.

Ce n’est évidemment pas le cas de la soprano géorgienne Nino Machaidze qui avait déjà chanté le rôle de Juliette à Salzbourg, en 2008, avec Rolando Villazon. Belle femme pleine d’énergie, elle ne peut à aucun moment faire croire à une Juliette adolescente et sensible. Lumineuse et spectaculaire dans les aigus, elle use avec une joie évidente du pouvoir rayonnant de sa voix, mais tous les sentiments complexes et noirs, désespérés de la vie, que l’on devrait ressentir quand elle s’exprime dans les tonalités plus graves sont négligés.

Lionel Lhote (Mercutio) et John Osborn (Roméo)

Lionel Lhote (Mercutio) et John Osborn (Roméo)

John Osborn, bien plus précis que sa partenaire quant à la diction stylisée qu’exige la poésie du texte, réussit à rendre à la fois l’innocente adolescence de Roméo et l’héroïsme vital sans la moindre défaillance. Mais, comme à son habitude, il donne cette impression de grande fierté, que l’on retrouve chez un chanteur wagnérien actuel, Simon O’Neill, qui s’oppose au romantisme noir et éperdu des personnages qu’il interprète. C’était déjà le cas pour Hoffmann (Offenbach), et, là aussi, le démonstratif l’emporte sur la sensibilité.

Plus dense et imposant que Paul Gay, père Capulet touchant mais écourtant tous les aigus,  Jérôme Varnier est un très beau Frère Laurent, humain mais inflexible, une voix un peu grisonnante qui rejette tout affect pour rester sur une ligne bienveillante.
 

Parmi les émouvantes surprises, Tansel Akzeybek dessine un Tybalt superbe d’éloquence avec une beauté tendre qui contraste avec le caractère de ce personnage que Shakespeare n’idéalise surement pas. Il conquière les cœurs, là où il devrait être perçu comme le pire des destructeurs.
On découvre une chanteuse souriante et charmante, Angélique Noldus, présente seulement pour quelques minutes dans le rôle de Stéphano, nous enchantant d’un timbre boisé plein d’éclat, inhabituellement baroque.

Lionel Lhote et Carole Wilson, respectivement Mercutio et Gertrude, se répondent sur scène par leur jovialité, mais l’on attend plus de juvénilité chez le premier, et plus de maternalisme chez la seconde.

                                                                                         Angélique Noldus (Stéphano)

Alors, quand l’unité du drame n’est pas vraiment là, ce sont tous ces moments éphémères de vérité et d’émerveillement qui font la joie que l'on garde en soi.

Voir les commentaires

Publié le 18 Mars 2013

La Dispute (Benoît Mernier - Marivaux)
Représentation du 16 mars 2013
Théâtre Royal de la Monnaie

Amour / Carise        Dominique Visse
Cupidon / Mesrou    Katelijne Verbeke
Le Prince                 Stéphane Degout
Hermiane                 Stéphanie d’Oustrac
Eglé                         Julie Mathevet
Adine                      Albane Carrère
Azor                       Cyrille Dubois
Mesrin                    Guillaume Andrieux

Direction musicale Patrick Davin
Mise en scène Karl-Ernst & Ursel Herrmann
Création Mondiale

                                                                                                           Stéphanie d'Oustrac (Hermiane)

La saison 2012/2013 est véritablement celle du Théâtre Royal de la Monnaie, tant l’institution belge semble être emportée par un élan créateur et innovateur qui paraît d’autant plus ahurissant que le statisme de sa voisine parisienne pèse lourdement.

En s’inspirant d’une pièce de Marivaux, enrichie d’extraits d’autres pièces afin de donner une plus grande importance à la relation du Prince et Hermiane, Benoît Mernier et Karl-Ernst & Ursel Herrmann ont eu à cœur de porter sur scène une œuvre totale qui met à nu le développement fragile des sentiments humains, mais aussi la façon dont-ils peuvent se défaire, se tordre, ou bien se détruire irréversiblement, par eux-mêmes, mais aussi par le fait du regard et des interventions hypocrites de la société dans laquelle nous vivons.

Julie Mathevet (Eglé) et Cyrille Dubois (Azor)

Julie Mathevet (Eglé) et Cyrille Dubois (Azor)

Le drame est construit comme une expérience menée, d’une part, par Amour et Cupidon, allégories des deux forces opposées du sentiments amoureux, et, d’autre part, par le Prince et Hermiane, figures du couple contemporain perverti, acteurs et voyeurs œuvrant à une entreprise de manipulation des sentiments.

Avec le goût et la tendresse humaine qu’on leur connait, Karl-Ernst & Ursel Herrmann ont construit un immense décor, une barrière de feuillages infranchissable derrière laquelle une pleine lune en éclaire le creux circulaire. Les deux jeunes femmes et deux jeunes hommes apparaissent l’un après l’autre, créant, au fur et à mesure, des liens sensibles et sensuels à la fois.

Le premier duo d’Eglé et Azor est décrit avec l’innocence d’une fraicheur entière, la dispute entre Eglé et Adine apparaît moins authentique, un peu trop sur-jouée, et les rapports de tendresse ambivalents d’Azor et Mesrin sont une surprise qui, en apparence, complexifient le tissu sentimental, mais font d’Azor, aussi à l’aise dans les bras d’un homme que dans les bras d’une femme, l’être le plus humain des quatre protagonistes.

Stéphane Degout (Le Prince) et Stéphanie d'Oustrac (Hermiane)

Stéphane Degout (Le Prince) et Stéphanie d'Oustrac (Hermiane)

D’ailleurs, Cyrille Dubois chante avec une souplesse et une poésie lunaire joyeuse et magnifique autant à l’écoute qu’au regard de ses gestes naturels. Il est celui qui se détache le plus évidemment. Les deux femmes, Julie Mathevet et Albane Carrère sont, elles, peu différenciées, même si la première apparaît plus naïve, et Guillaume Andrieux compose un Mesrin qui pourrait être vocalement plus marqué, et qui se montre très à l’aise dans son jeu qui oscille entre virilité, doute et incompréhension des sentiments.

Des deux grands chanteurs distribués pour interpréter le couple princier, Stéphanie d’Oustrac impose un personnage de feu, véhément et passionné, caressant ou tuant du regard son partenaire avec une extraordinaire allure de diva effarouchée, et une voix sublimement sombre, au timbre glamour unique.

Stéphane Degout chante lui aussi avec un charme de velours, s’implique entièrement dans le rôle du Prince, mais il n’a pas la nature d’un Don Juan cynique, ce qui le rend moins crédible dans ce rôle ci, plutôt superficiel, que dans ses grandes incarnations mélancoliques de Pelléas ou bien Wolfram.

Guillaume Andrieux (Mesrin) et Albane Carrère (Adine)

Guillaume Andrieux (Mesrin) et Albane Carrère (Adine)

Les deux personnalités surnaturelles, Cupidon et Amour, trouvent enfin en Dominique Visse et Katelijne Verbeke deux chanteurs et acteurs qui jouent avec un entrain et une complicité très agréables à voir, d’autant plus que le contre ténor s’amuse de ses intonations vocales de chat mielleux joliment humoristiques.

Patrick Davin, en chef discret, fait entendre tout ce que la partition de Benoît Mernier égraine en mystères, en entrelacements de solos de bois et de vents pris dans une gangue orchestrale sinueuse, parfois envoutante. Les coups de théâtres sont imprimés par les percussions avec une simplicité qui révèle une volonté permanente de ne pas laisser le climat orchestral dépasser la fragilité du discours vocal. Dans le duo princier, les sentiments abimés se retrouvent même dans les distorsions des cordes, un très bel exemple d’expressionisme musical.

Il arrive que l’on se détache du texte, de la scène, pour mieux y revenir, car ce qu'il se dit sur l’éphémère, les contradictions et la permanence du sentiment nous renvoie à nos propres expériences, ce qui fait le prix de ce spectacle introspectif certes, mais qui fouille, toutefois, sans approcher de trop près les profondeurs humaines.

Voir les commentaires

Publié le 9 Mars 2013

Dimanche 10 mars 2013 sur France 3 à 00h30
Médée (Cherubini)
Michael, Streit, Stotijn, Le Texier, Van Kerkhove
Les Talens Lyriques, dir.Rousset, Warlikowski m.s

Dimanche 10 mars 2013 sur Arte à 19h00
Schubert, Strauss (Salzbourg 2009)
Philharmonique de Vienne, dir.Harnoncourt

Lundi 11 mars 2013 sur Arte à 22h50
La Traviata (Verdi)
Dessay, Tézier, Castronovo, Scarabelli, La Muela, Nunez Camelino
Orchestre symphonique de Londres, dir Langrée, msc Sivadier

Dimanche 17 mars 2013 sur France 3 à 00h15
Boris Godounov (Moussorgski)
Nikitin, Kit, Akimov, Markov, Popov. Choeur et Orchestre du théâtre Mariinski, dir. Gergiev. Vick, m.s.

Mardi 19 mars 2013 sur France 2 à 0h30
Don Pasquale (Donizetti)
Corbelli, Rancatore, Viviani, Demuro, Tronc.
Choeur de radio France, Orchestre National de France, dir.Mazzola, Podalydès, m.s

Dimanche 24 mars 2013 sur France 3 à 00h15
Farnace (Vivaldi)
Cencic, Nesi, Donose, Garcia, Genaux, Gonzalez Toro...
Ballet et Choeur de l'Opéra du Rhin, Concerto Köln, dir Petrou Childs, m.s

Dimanche 24 mars 2013 sur Arte à 16h20
Le Carnaval des Animaux de Saint-Saëns
Smaïn (récitant), Tchoukriel (dessins)
Philharmonique de Radio France, dir. Chung

Mardi 26 mars 2013 sur France 2 à 0h30
Anniversaire Myung-Whun Chung
Weber, Chopin, Beethoven.
Tempo (piano). Philharmonique de Radio France, dir.Chung

Dimanche 31 mars 2013 sur Arte à 19h00
Offenbach, extraits de La Belle Hélène, Orphée aux Enfers, Les Contes d'Hoffmann... Devieilhe, Hallenberg, Gay.
Les Musiciens du Louvre, dir. Minkowski.

Voir les commentaires

Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 7 Mars 2013

Cosi fan tutte, ossia La scuola degli amanti (Wolfgang Amadé Mozart)
Représentation du 23 février 2013
Teatro Real de Madrid

Fiordiligi Anett Fritsch
Dorabella Paola Gardina
Guglielmo Andreas Wolf
Ferrando Juan Francisco Gatell
Despina Kerstin Avemo
Don Alfonso William Shimell

Direction musicale Sylvain Cambreling
Mise en scène Michael Haneke
Coproduction Théâtre de la Monnaie de Bruxelles            Juan Francisco Gatell (Ferrando) et Andreas Wolf (Guglielmo)

Lorsque Gerard Mortier proposa à Michael Haneke de mettre en scène un opéra de Mozart à Paris, lors de son précédent mandat, le cinéaste autrichien avança, dans un premier temps, Cosi fan Tutte. Mais, comme la production de Patrice Chéreau devait être présentée sur la scène du Palais Garnier, il lui fut confié Don Giovanni, et sa transposition du mythe, dans l’univers d’une entreprise installée en haut des étages d’une tour du quartier de la Défense, reçue un accueil unanime de la part de la critique internationale.

La création de Cosi, au Teatro Real de Madrid, est donc un évènement annoncé depuis quatre ans, et cette première représentation prend une allure mondaine telle qu’on pourrait se croire au Festival de Cannes, avec des dizaines de journalistes, et le brouhaha de la haute société madrilène qui vient se montrer, et se retrouver. L’entrée dans le théâtre est un véritable choc après la traversée des rues du cœur de la ville, et de son effervescence à laquelle se mêlent ceux laissés sur le carreau.
 

Juan Francisco Gatell (Ferrando) et Paola Gardina (Dorabella)

Juan Francisco Gatell (Ferrando) et Paola Gardina (Dorabella)

Mais ce qui frappe, à l’ouverture du rideau, est de voir que Michael Haneke projette sur scène cet univers de femmes et d'hommes aisés qui aiment s‘habiller avec, parfois, un glamour plastique étincelant, qui nous fait penser un peu au monde que Woody Hallen a décrit dans ces derniers films, comme, par exemple, Match Point.

Le décor, qui n’est pourtant pas l’essentiel d’une mise en scène, a une architecture étendue très étirée en largeur, et une profondeur divisée en trois espaces bien distincts. En arrière plan, un escalier mène des jardins extérieurs à l’entrée d’un vestibule où se tient une réception, puis, se poursuit en avant scène dans un salon où s‘étend, côté jardin, une toile inachevée, justement de jeunes couples en costumes d’époques déambulant au milieu de jeux d’eaux, et une armoire glacée remplie de bouteilles et de verres d’alcool.
Une baie vitrée coulissante sépare l’avant scène de l’arrière scène, ce qui permet à la fois de laisser visible toutes les dimensions de l’espace, mais aussi de soutenir la projection des voix.

Les protagonistes apparaissent ainsi en costumes contemporains, mais avec un étrange mélange de références au XVIIIème siècle.

Kerstin Avemo (Despine)

Kerstin Avemo (Despine)

Fiordiligi et Dorabella portent des habits d’aujourd’hui, en cohérence avec leurs rôles respectifs dans le jeu de la séduction, la première en robe rouge légère et attrayante, la seconde en pantalon noir qui signe une allure maîtrisée plus masculine. L’accord vocal des deux chanteuses avec leur sens musical est également très intelligemment réalisé, car en confiant le rôle de Fiordiligi à Anett Fritsch, ample en couleurs et prodigue en graves sombres et sanguins, son personnage devient sensuellement dominant, suivant les lignes de la partition. Elle est la grande découverte de la soirée.

 Elle brille donc plus que Dorabella, car Paola Gardina l’incarne avec un timbre charmant mais moins opulent que d’autres cantatrices telle Elina Garanca. Son interprétation théâtrale et réaliste révèle tout d’une femme sûre d’elle-même au tempérament viscéral, et, comme pour tous les autres artistes, la finesse humaine du jeu renouvelle constamment le plaisir visuel.

 Des deux amants, Guglielmo est le plus séducteur, vocalement et physiquement, et le jeune baryton Andreas Wolf en donne une image un peu innocente et mystérieuse, avec son allure musclée et sa blondeur léonine. A cela s’ajoute un timbre de crooner auquel Dorabella ne peut résister, poussée dans ses retranchements au second acte, quand la chaleur de la cheminée se confond avec le fondant boisé des ondes orchestrales, l’un des meilleurs moments de Sylvain Cambreling.

Juan Francisco Gatell (Ferrando), Andreas Wolf (Guglielmo) et Kerstin Avemo (Despine)

Juan Francisco Gatell (Ferrando), Andreas Wolf (Guglielmo) et Kerstin Avemo (Despine)

Juan Francisco Gatell, très authentique dans sa déclamation, fait entendre un accent qui ôte un peu de l’italianité du chant de Ferrando, mais il compose un personnage en apparence doux et nerveux à la fois, l’impression que laisse transparaître son legato.
Et, à l’inverse du couple Dorabella-Guglielmo, c’est lui qui, sur scène, subit le désir irrépressible suscité par Fiordiligi, lui échappant tout en le repoussant en rampant su sol les jambes nues pour mieux l’attirer.

Cette mise en scène du scénario de la séduction réciproque est d’une emprise presque suffocante, car Michael Haneke montre Don Alfonso et Despina sous des angles très sombres. Le vieil homme est interprété par un William Shimell d’une très belle tenue vocale, dans ses habits d’époque qui évoquent Valmont, et Kerstin Avemo, peu virtuose et éloignée du cliché de la soubrette habituelle, devient un personnage manipulateur machiavélique et glaçant caché derrière son visage de clown.

Tous les mécanismes des pièges du désir sont ainsi déclenchés l'un après l’autre, la façon dont Despine découvre, en déchirant leurs chemises, les torses nus flamboyants des deux hommes, éclairés par la lumière glacée de l’armoire à alcool, jusqu’à la chaleur du salon qui contraste avec la froideur du jardin extérieur illuminé par les lueurs bleu-argent d’une pleine Lune. Corps et alcool sont inévitablement les deux facteurs qui vont dominer l'être humain fait de chair et de sang. Les poses, sur les moments clés, sont alors comme un arrêt sur image qui captent plus fortement la conscience du spectateur.

Anett Fritsch (Fiordiligi)

Anett Fritsch (Fiordiligi)

C’est tout un enchainement théâtral bouleversant par la force inexorable qui s’en dégage, et l’orchestre, sous la baguette de Sylvain Cambreling, a un peu de mal à se synchroniser au premier acte, mais, par la suite, les moments les plus sensuels, soulignés par un foisonnement sonore des cordes, qui laisse sans doute moins de champ expressif aux motifs solo, font entendre un Mozart dans la vie, et pas seulement enclin à l‘expression du raffinement.

On pouvait entendre certains décalages entre chanteurs et orchestre, mais ils sont restés bien minimes au regard du jeu théâtral exigeant qui ne facilite pas l’emprise visuelle avec le chef.

Haneke nous a montré comment la vie peut chercher instinctivement à détruire les relations existantes ou en phase de construction entre les personnes.  C’est ici d’un cynisme incroyable, mais plus mesquin dans la réalité.

Voir les commentaires