Publié le 30 Juin 2013

Il Trovatore (Giuseppe Verdi)
Représentation du 27 juin 2013
Bayerische Staatsoper München

Ferrando Kwangchul Youn
Inez Golda Schultz
Leonora Anja Harteros
Count di Luna Alexey Markov
Manrico Jonas Kaufmann
Azucena Elena Manistina

Direction musicale Paolo Carignani
Mise en scène Olivier Py

 

                                                                                                           "Di quella Pira"

 

Olivier Py, nouveau directeur du Festival d’Avignon et metteur en scène pour lequel Paris vient de commander pas moins de trois nouvelles productions au cours de l’automne prochain, Alceste à l’Opéra Garnier, Aïda à l’Opéra Bastille et Dialogues des Carmélites au Théâtre des Champs Élysées, fait sa première apparition à l’Opéra de Munich en ouvrant la première journée du festival avec Il Trovatore de Giuseppe Verdi.

Jonas Kaufmann (Manrico)

Jonas Kaufmann (Manrico)

Son univers noir, l’esthétique homo-érotique qui lui est chère quand il s’agit de faire intervenir des combattants torse-nus, la figure finale de la mort - un homme en noir qui rode autour de Léonore - et sa revendication chevillée au corps de sa foi catholique, renvoient des images qui, dans l’ensemble, s’insèrent bien dans le climat sordide de l’œuvre.

Ferrando, ce superbe Kwangchul Youn qui fait ressortir tous les angles saillants et inquiétants du récit d’introduction, raconte l’histoire devant un rideau de théâtre, comme un acteur partie prenante du drame, car Olivier Py en fait, à la toute fin, le meurtrier de Manrico.

Choeur des forgerons (début Acte II)

Choeur des forgerons (début Acte II)

Il fait apparaître un personnage généralement jamais représenté, la mère d’Azuzena, vieille femme défigurée par toutes les souffrances qu’elle a enduré, brûlée vive dans une forêt incendiée blanche de cendres, qui pèse comme une malédiction sur les protagonistes du drame.

Cependant, les images ne suffisent pas à créer une cohérence dramaturgique, et l’on s’y perd un peu avec cette actrice sensuelle qui danse sur une locomotive, à l‘arrivée d‘Azuzena, qui charme le Comte sur son lit et qui offre, en conclusion, une très belle icône d’une femme en désir d’enfant sur un fond de toiles ondoyant. L'analyse psychologique se fond ainsi à l'action, la relation fusionnelle entre Azucena et Manrico étant très nettement soulignée.

Martyre de la mère d'Azucena

Martyre de la mère d'Azucena

Le couple que forme Manrico et Leonore est bien mis en valeur, mais un peu à la façon dont le metteur en scène avait traité le romantisme sans issue de Roméo et Juliette. Il commet même une erreur en faisant surgir Jonas Kaufmann, idéal de musicalité et d’un charme sombre au point de gommer légèrement l’héroïsme flamboyant de ce rôle de ténor italien impétueux, en le faisant surgir au moment où Anja Harteros est emportée dans les subtilités éthérées d’ « E deggio, o posso crederlo». Olivier Py, à ce moment précis, n’a pas l’humilité de s’effacer devant la musique. Car, si le timbre de la cantatrice allemande est un peu froid dans son premier air, sa splendeur vocale repose sur la précision de sa projection, lancée comme un intense faisceau saisissant, et, surtout, sur la finesse des lignes dont la grâce est trop inhabituelle pour ne pas y réagir avec une extrême sensibilité.

Anja Harteros (Leonora)

Anja Harteros (Leonora)

Dans la seconde partie, Anja Harteros est encore plus impliquée dramatiquement, parfois même avec violence, et laisse une impression terrible en se retirant prise par des spasmes de folies dans un très bel effet visuel angoissant.
Cette dernière scène s’achève d’ailleurs par un impressionnant trio avec Elena Manistina, bien plus noire et hallucinante qu’en première partie, alors que le jeune couple l’accompagne d’effets véristes très appuyés qui annoncent la mort.

Alexey Markov, avec ses intonations russes élégantes mais hors sujet dans ce répertoire, campe un Comte dont il manque la stature à la fois sensible et dominatrice pour imprimer un caractère qui s’impose avec suffisamment de force face à un Jonas Kaufmann qui chante dans une tessiture proche de celle du baryton.

Elena Manistina (Azucena)

Elena Manistina (Azucena)

Après un spectaculaire numéro de foire, deux bébés gigantesques et grotesques gesticulant sur le plateau circulaire du théâtre, Olivier Py devient plus mesuré dans les changements de décors, beaucoup trop nombreux et rapides en première partie. Il crée ainsi une atmosphère plus prenante, faite d’enchevêtrements mécaniques complexes et sombres qui concordent avec le climat musical nocturne de ces deux derniers actes.

Le bûcher d’Azucena laisse place à une magnifique croix ardente, l’inévitable expression de la ferveur religieuse de Manrico, mais surtout du metteur en scène.
 

Jonas Kaufmann (Manrico) et Anja Harteros (Leonora)

Jonas Kaufmann (Manrico) et Anja Harteros (Leonora)

Comme on a pu l’entendre dans Tosca à l’Opéra Bastille, Paolo Carignani est un chef qui soigne les lignes musicales. Les lignes des cordes sont toujours aussi séduisantes, des reflets métalliques et élégants en émanent magnifiquement, mais, pendant les deux premiers actes, la tension théâtrale est trop faible pour soutenir l’action scénique. Le son semble même confiné en sourdine dans la fosse d’orchestre. Par la suite, le rayonnement musical est bien meilleur, le volume prend de l’ampleur, et les tableaux retrouvent une beauté sonore sombre captivante.

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Publié le 22 Juin 2013

Pénélope (Gabriel Fauré)
Version de concert du 20 juin 2013
Théâtre des Champs Elysées

Pénélope Anna Caterina Antonacci
Ulysse Roberto Alagna
Eumée Vincent Le Texier
Eurymaque Edwin Crossler-Mercer
Antinoüs  Julien Behr
Ctésippe  Marc Labonnette
Léodès  Jérémy Duffau
Euryclée  Marina de Liso
Mélantho  Khatouna Gadelia
Cléone  Sophie Pondjiclis

Direction musicale Fayçal Karaoui
Chœur et orchestre Lamoureux

                                                                                                         Anna Caterina Antonacci (Pénélope)

 

Comme Benvenuto Cellini et le Sacre du printemps, Pénélope fait partie des ouvrages qui ont marqué l’ouverture du Théâtre des Champs Elysées au printemps 1913. Sa musique évoque la plénitude de la nature qui s’écoule avec le temps, dans une clarté bucolique heureuse, et les vents, et surtout les cuivres, dessinent des motifs poétiques languissants qui expirent depuis les ornements mélodiques de ce flot continu. On est dans un univers qui croise ceux de Claude Debussy ou bien d’Ernest Bloch, sans plonger dans leur expressivité mélancolique pour autant.

Cette conception de l’attente, telle que le vit Pénélope, est donc empreinte d’une sérénité qui peut surprendre, mais, malgré quelques imprécisions perceptibles, l’orchestre Lamoureux en restitue l’énergie de ses mouvements marins auxquels on se laisse prendre.

Anna Caterina Antonacci (Pénélope)

Anna Caterina Antonacci (Pénélope)

Anna Caterina Antonacci y est souveraine, unique, elle est la présence même. La lenteur et la sobriété de son jeu, la stature de tragédienne qui lui paraît tant naturelle, sa recherche d’un phrasé à la perfection classique qui s’épanouit si magnifiquement sans qu’elle ne soit contrainte par des tensions et des outrances impossibles, nous renvoie une vision entièrement unifiée, et un peu inaccessible, de cette artiste qui sait être là, simplement, par elle-même.

Alors, pour lui répondre, Roberto Alagna interprète Ulysse. Qui pourrait, aujourd’hui, offrir un chant aussi immédiat, un envahissement sonore impressionnant et viril qui vient chercher chaque spectateur comme pour le rallier à son propre personnage? Il est un monument à la voix de bronze dont le timbre, cependant, altère le charme de certaines voyelles appuyées, et les courbures de sa crinière, qu’il expose en se tournant légèrement de côté, font ressortir une image glamour de l’aventurier. Seulement, Ulysse est l'homme de la ruse et de l'intelligence, et non un caractère romanesque.

Roberto Alagna (Ulysse) et Anna Caterina Antonacci (Pénélope)

Roberto Alagna (Ulysse) et Anna Caterina Antonacci (Pénélope)

Roberto Alagna, artiste attachant par la nature adolescente qui lui est toujours aussi fortement ancrée, paraît en tel décalage avec sa partenaire qu’il ne fait que la distinguer encore plus, seule sur son piédestal, puisqu’elle apparaît comme la seule à comprendre la force de son propre personnage.

En regard de ce couple surhumain, il devient difficile, mais l’écriture vocale ne les met pas suffisamment en valeur, d’être pris par les artistes qui les accompagnent. Julien Behr, à l’évidence, fait entendre des exquises lumineuses et graves à la fois, sans esbroufes, comme une promesse pour l’avenir.

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Publié le 5 Juin 2013

Dimanche 02 juin 2013 sur France 3 à 00h15
Falla, Cassado, Granados
Gastinel (violoncelle), Marquez (guitare)

Dimanche 02 juin 2013 sur Arte à 16h20
Une journée dans la vie du violoncelliste Johannes Moser

Dimanche 02 juin 2013 sur Arte à 19h00
Lorin Maazel rencontre Alice Sara Ott

Mardi 04 juin 2013 sur Arte à 13h35
Coco Chanel & Igor Stravinsky

Dimanche 09 juin 2013 sur Arte à 16h45
Lotte Reiniger - La maitresse des ombres

Dimanche 09 juin 2013 sur Arte à 19h00
Joseph Calleja - Hommage à Mario Lanza

Mardi 11 juin 2013 sur France 2 à 00h30
Dancing is living - Benjamin Millepied

Dimanche 16 juin 2013 sur Arte à 19h00
Concours Reine Elisabeth de Belgique 2013 (piano)

Mercredi 19 juin 2013 sur Arte à 22h30
Anna Netrebko sur la Place Rouge

Jeudi 20 juin 2013 sur France 3 à 20h35
En direct du Théâtre Antique d'Orange
Ciofi, Raimondi, Grigolo, Lemieux

Vendredi 21 juin 2013 sur Arte à 20h50
Cosi fan tutte (Mozart)
Fritsh, Gardiba, Gatell, Wolf, Avemo
Teatro Real de Madrid, msc Haneke, dm Cambreling

Dimanche 23 juin 2013 sur Arte à 15h10
Vladimir Malakhov - chorégraphe

Dimanche 23 juin 2013 sur Arte à 18h15
Happy Birthday, Claudio Abbado

Lundi 24 juin 2013 sur Arte à 00h55
Riccardo Chailly dirige la symphonie n°6 de Mahler

Mardi 25 juin 2013 sur France 2 à 00h30
Hommage à Montserrat Figueras

Dimanche 30 juin 2013 sur Arte à 19h00
Concerto pour violon (Brahms)
Midori (violon), Philh. de Munich, dir Mehta

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 2 Juin 2013

C’est la grande surprise de la saison théâtrale parisienne 2013/2014, le Théâtre de la Ville concentre le meilleur du théâtre européen, et, pour les non-abonnés, cela va être très difficile d’obtenir des places. Ostermeier (Mort à Venise et Un ennemi du peuple) et Wilson sont à l’honneur, mais Warlikowski n’y est toujours pas invité, et donc, c’est au Théâtre Chaillot que son nouveau spectacle de 4 heures Kabaret warszawski sera représenté sur une petite période de 8 jours.
Ostermeier est aussi invité au Théâtre des Gémeaux (Sceaux) pour la création française de (The little foxes) La Vipère.
Au Théâtre de l’Odéon, Martin Kusej met en scène Les Larmes amères de Petra von Kant, et le Théâtre National de la Colline réinvite Krystian Lupa pour mettre en scène Perturbation, une vision sans détour sur la condition de l’homme. La liste qui suit est une sélection subjective de ce qu'il faudra voir.


Théâtre de la Ville
Derniers Jours. Une veillée (Marthaler) du 25 septembre au 02 octobre 2013
Msc Marthaler, Dm Fussenegger
The Old Woman (Kharms) du 06 au 22 novembre 2013
Msc Wilson, Dm Willneri, Baryshnikov, Dafoe
Peter Pan (Barrie) du 12 au 20 décembre 2013
Msc Wilson, Dm Brandenburg, Berliner Ensemble
Mort à Venise (Mann) du 18 au 23 janvier 2014
Msc Ostermeier, Schaubühne Berlin
Un ennemi du peuple (Ibsen) du 27 janvier au 02 février 2014
Msc Ostermeier, Schaubühne Berlin

Théâtre National de la Colline
Perturbation (Bernhard) du 27 septembre au 25 octobre 2013
Msc Lupa
Elle Brûle (Navarro) du 15 novembre au 14 décembre 2013
Msc Guila Nguyen, les Hommes Approximatifs
Le canard sauvage (Ibsen) du 10 janvier au 15 février 2014
Msc Braunschweig

Odéon Théâtre de l’Europe
Les larmes amères de Petra von Kant (Fassbinder) du 04 au 13 octobre 2013

Msc Kusej
Comme il vous plaira (Shakespeare) du 14 mars au 01 juin 2014
Msc Chéreau, Trad Bonnefoy

Théâtre Nanterre-Amandiers
Macbeth (Shakespeare) du 13 septembre au 13 octobre 2013
Msc Pelly
King Size (récital de chant) du 18 au 25 janvier 2014
Msc Marthaler
Seul dans Berlin (Fallada) du 29 janvier au 02 février 2014
Msc Perceval

Théâtre National de Chaillot
Kabaret warszawski (Druten-Mtchell-Warlikowski) du 07 au 14 février 2014
Msc Warlikowski
Le Songe d’une nuit d’été (Shakespeare) du 14 au 19 mars 2014
Msc Serebrennikov / Studio 7
Métamorphoses (Ovide) du 21 au 28 mars 2014
Msc Serebrennikov / Bobee / Studio 7

La Comédie française
Hamlet (Shakespeare) du 07 octobre au 12 janvier 2014
Msc Jemmet                                                                   Krzysztof Warlikowski (Kabaret Warszawski - Chaillot)
Lucrèce Borgia (Hugo) du 24 mai au 20 juillet 2014
Msc Podalydès
Hernani (Hugo) du 10 juin au 06 juillet 2014 (reprise)
Msc Lormeau

Théâtre du Rond Point
Les Visages et les Corps (Chéreau) du 15 octobre au 10 novembre 2013
Msc Calvario
Orchidées (Delbono)
Msc Delbono

Théâtre des Gémeaux (Sceaux)
Henri VI cycle 1 (Shakespeare) du 10 au 22 janvier 2014
Msc Jolly / Cie La Piccola Familia
Hamlet (Shakespeare) du 04 au 09 mars 2014

Msc Bobée

(The little foxes) La vipère (Hellman) du  27 mars au 06 avril 2014
Msc Ostermeier, Schaubühne Berlin

 

MC93 Bobigny
Don Giovanni (Mozart) du 22 au 29 mars 2014
Msc Perton, Cost Szczesniak, Dm Myrat

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