Publié le 25 Septembre 2023

Lohengrin (Richard Wagner – Weimar, le 28 août 1850)
Répétition générale du 18 septembre et

représentations du 23, 27, 30 septembre, 11, 18 et 27 octobre 2023
Opéra Bastille

Heinrich der Vogler Kwangchul Youn (18, 27/09 et 11, 18, 27/10)
                                 Tareq Nazmi (23/09)
Lohengrin Piotr Beczala (18, 23, 27/09 et 18, 27/10)
                  Klaus Florian Vogt (11/10)
Elsa von Brabant Johanni van Oostrum (23, 27/09 et 18/10)
                            Sinead Campbell Wallace (18, 30/09 et 11, 27/10)
Friedrich von Telramund Wolfgang Koch
Ortrud  Nina Stemme (18, 23, 27/09 et 11/10)
             Ekaterina Gubanova (18, 27/10)
Der Heerrufer des Königs Shenyang

Mise en scène Kirill Serebrennikov (2023)
Direction musicale Alexander Soddy
Nouvelle production

Diffusion en direct sur Paris Opera Play le 24 octobre 2023, en différé sur Medici.TV dès le 01 novembre 2023, et sur France Musique le 11 novembre 2023.

4e opéra le plus joué au Palais Garnier jusqu’au début du XXe siècle, ‘Lohengrin’ est depuis la Seconde Guerre mondiale bien moins représenté, comme tous les autres opéras de Richard Wagner, hormis ‘Le Vaisseau Fantôme’.

Mais avec cette nouvelle production confiée à Kirill Serebrennikov, il revient parmi les 50 titres les plus interprétés à l’Opéra national de Paris depuis les années Rolf Liebermann

En ce 23 septembre 2023, il en est ainsi à sa 667e représentation depuis son entrée au répertoire de l’institution le 16 septembre 1891.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

Souvent présenté comme cinéaste, Kirill Serebrennikov est avant tout un artiste qui a été le directeur du Centre Gogol de Moscou entre 2012 et 2021, un lieu qu’il avait transformé en un espace de liberté d’expression très prisé par la jeunesse moscovite, mais très mal vu du pouvoir. Depuis, ce théâtre est en reconversion pour revenir à des pièces plus conventionnelles.

Opposé à la guerre en Ukraine, le metteur en scène a quitté la Russie fin mars 2022 pour s’installer à Berlin, mais croit toujours qu’un jour son pays deviendra un beau pays.

Kirill Serebrennikov

Kirill Serebrennikov

Il est le créateur d’une production de ‘Parsifal’ conçue à distance pour l’opéra de Vienne au printemps 2021, en pleine restriction sanitaire, que l’on a pu voir en streaming sur Arte Concert.

La violence et l’humanité de l’univers carcéral y sont analysées autour d’une histoire de crime passionnel manœuvrant brillamment avec les interprétations possibles du livret.

Pour cette nouvelle production de ‘Lohengrin’ qui va s’inscrire durablement, et pour notre plus grand plaisir, au répertoire de l’Opéra de Paris, Kirill Serebrennikov s’appuie sur la nature politique du livret pour nourrir sa dramaturgie des conflits militaires dont nous avons tous en tête des images.

Kwangchul Youn (Henri l'Oiseleur) - Répétition générale

Kwangchul Youn (Henri l'Oiseleur) - Répétition générale

A l’origine, l’histoire se déroule à l’époque d’Henri l’Oiseleur, au cours de la première partie du Xe siècle, au moment où se forme l’unité du royaume de Germanie alors que des menaces se profilent sur les frontières orientales.

Comme annoncé lors de la première intervention d’Henri à l’acte I, le Brabant se prépare à déclarer la guerre aux Hongrois sous prétexte que ceux-ci s’armeraient – historiquement, l’armée Magyare sera effectivement défaite le 15 mars 933 dans le nord de la Thuringe -.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

En ouverture, le metteur en scène offre pourtant une scène d’une magnifique sensibilité et sensualité en montrant par une vidéo noir et blanc un beau jeune homme, tatoué d’ailes de cygne sur le dos et les bras, allant se baigner dans un lac sous le regard d’un être qui l’aime et qui l’admire. Les effets de contre-jour sont splendides, et la lenteur du film démultiplie l’effet poétique de cette séquence.

On imagine qu’il s’agit du souvenir idéalisé du frère d’Elsa désormais disparu. Il se rhabille cependant en treillis et sac à dos militaires.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

Par la suite, et à l’instar de la production viennoise de ‘Parsifal’, les 3 actes sont architecturés de la même façon : un ou plusieurs espaces scéniques sont délimités au sol, et 3 écrans vidéos situés en hauteur permettent d’accroître l’imprégnation sensible à l’esprit des scènes ou des protagonistes.

Par ailleurs, Elsa, Lohengrin, Telramund et Ortrud sont traités comme des principes, ou bien des âmes, c’est à dire qu’ils incarnent des valeurs qui n’agissent pas directement, et sont tous les quatre complétés par d’autres formes humaines qui les prolongent.

 Sinead Campbell Wallace (Elsa) - Répétition générale

Sinead Campbell Wallace (Elsa) - Répétition générale

Elsa est d’emblée une femme malade qui divague. Deux danseuses lui ressemblant expriment sa grâce et son délire intérieur, et une femme gribouille à l’infini sur les vidéos très sombres où apparaît le prénom ‘Gottfried’, le frère d’Elsa, c’est à dire littéralement la ‘Paix de Dieu’.

De façon plus difficile à interpréter, Elsa s’empare d’un amas informe, grisâtre et enchevêtré qui inspire confusion et déformation. Elle distribue au peuple du Brabant une petite partie de ces branchages tressés en forme de couronne, comme si elle leur communiquait ses propres névroses. Elle devient le symbole de l’esprit malade de toute une génération.

Piotr Beczala (Lohengrin)

Piotr Beczala (Lohengrin)

Lohengrin apparaît soudainement dans une lumière resplendissante habillé d’une tenue militaire très claire qui lui donne de l’allure. Deux hommes torse-nus aux ailes de cygnes ajoutent à son aura, et une très belle chorégraphie s’enclenche entre ces deux danseurs et les danseuses qui incarnent Elsa.

De même, le combat entre Lohengrin et Telramund est figuré par une opposition entre ces deux cygnes humains et quatre gardes fantomatiques surmontés d’un heaume noir totalement sphérique.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

Dès la victoire de Lohengrin, une croix chrétienne apparue peu avant le combat est chahutée au même moment que les branchages s'embrasent sur les vidéos. Quant au monde royal, il est brouillé et zébré de noir.

Cet acte crucial prend donc une valeur spirituellement inversée par rapport à l’esprit originel du texte, car la victoire de la foi est remise en question par le metteur en scène.

Wolfgang Koch (Telramund) et Nina Stemme (Ortrud)

Wolfgang Koch (Telramund) et Nina Stemme (Ortrud)

Au second acte, Ortrud et Telramund se retrouvent dans un charmant salon bibliothèque.

Il s’agit d’intellectuels un peu miteux et aigris – Telramund est lui-même devenu suicidaire -, mais capables d’analyser avec beaucoup de lucidité la situation.

Ortrud retrouve Elsa dans une autre pièce surmontée d’une très élégante décoration qui figure Zeus métamorphosé en Cygne venu séduire Leda, manière très esthétique et mystérieuse de dire l’obsession d’Elsa pour son frère. Des symboles de cette boucle temporelle qui n’en finit pas de tourner dans la tête sont d’ailleurs présents à chaque acte.

Mais un autre terme, sous forme d’injonction, va lui aussi devenir obsessionnel dans les vidéos, le ‘Nie’ de ‘Nie sollst du mich befragen’, ‘Tu ne devras Jamais me questionner’, ordonné par Lohengrin au premier acte.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

Dans son duo avec Elsa, Ortrud est présentée comme quelqu’un qui introduit le doute pour amener à l’éveil la jeune femme afin de lui faire comprendre que quelque chose cloche avec Lohengrin.
Comprenant la folie d’Elsa, elle la confie à des infirmières.

Mais lorsque Telramund annonce qu’’ainsi pénètre le malheur dans cette maison !’, il ne fait pas allusion aux conséquences de l’échange avec Ortrud mais bien à l’influence de Lohengrin sur le Brabant.

La transition est magnifiquement réalisée par un lent effet de travelling qui balaye un champ de bataille nocturne jonché de barbelés, ce qui, intuitivement, fait le lien entre l’esprit torturé d’Elsa qui a appelé Lohengrin, et la réalité de la guerre qui s’impose dorénavant.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

S’en suit un triptyque saisissant qui présente les trois étapes clés de la vie des militaires, leurs repas pris en caserne, leurs soins à l’hôpital une fois de retour à moitié estropiés, puis l’emballage de leurs corps inanimés avant leur transfert en chambre froide - les puristes seront peut-être désorientés par l’absence de cathédrale à cet acte -.
Image très médiatique, le Roi vient alors saluer les blessés et leur apporter son soutien, et le décor de chacune de ses pièces prend un aspect de plus en plus dégradé. 

Mais malgré les conséquences humaines fortement visibles, la rébellion d’Ortrud et Telramund contre la folie d’Elsa, qui est aussi la folie de tout un peuple, échoue.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

Et lorsque la pureté de Lohengrin commence à être mise en doute, une très belle image crépusculaire des corps nus et blafards des soldats morts se relevant pour aller au ciel sur les murmures du chœur et des solistes donne une dimension extraordinaire à ce passage, car l’on saisit de près la désolation du metteur en scène pour qui la guerre signifie la destruction tragique de la beauté de la vie.

Et cette fois c’est bien le temps de la guerre qui s’installe, car le troisième acte s’ouvre sur des vidéos très esthétiques de soldats partant aux combats, alors que le chant nuptial est utilisé pour montrer des scènes de fiançailles de militaires telles qu’on peut les voir chaque jour sur les réseaux sociaux à travers le conflit russo-ukrainien.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

Tout se passe dans un grand hangar, et Lohengrin n’est plus aussi solaire, car sa tenue est sombre et son apparence plus vulgaire. Elsa est toujours souffrante, et leur tête-à-tête, qui n’a rien de romantique, conduit au paroxysme de la folie de la jeune femme qui voit revenir tous ses fantômes.

Un léger flottement apparaît également dans la mise en scène car on ne voit pas Lohengrin tuer directement Telramund. C’est en fait pour mieux dénoncer un peu plus loin la responsabilité du leader pour tous les morts à la guerre quand il se retrouve face aux sacs des cadavres qui jonchent l’avant-scène.

Désespérée, Ortrud y reconnaîtra son mari. C’est la chute de l’aura de Lohengrin qui, finalement, ne vaut pas mieux que Prigojine.

Lohengrin (Soddy Serebrennikov Beczala van Oostrum Campbell Wallace Stemme Koch) Opéra de Paris

Et pour Elsa, c’est aussi une catastrophe lorsqu’elle réalise que le Comte de Brabant qui apparaît n’est qu’un soldat mortellement blessé, comme le fut son propre frère.

Si certains détails peuvent rester obscurs, l’approche générale de Kirill Serebrennikov est menée avec une intelligence rare qui fait que l’esprit de sa mise en scène reste lisible. Il met en avant l’épopée guerrière suggérée par le livret, alors que celle-ci est très souvent occultée ou considérée comme une trame de second plan.

Il conduit par la même une réflexion sur la condition humaine des soldats, et raccroche des thèmes de l’ouvrage de façon saisissante à la réalité de la guerre que l’on peut suivre en direct aujourd’hui.

Sinead Campbell Wallace (Elsa)

Sinead Campbell Wallace (Elsa)

Ce travail d’une très grande force émotionnelle est allié à une interprétation musicale de très haut niveau portée par la direction élancée d’Alexander Soddy qui accentue avec nuance l’élan dramaturgique de la musique. Les belles couleurs orchestrales tendent à incruster des accents explosifs et métalliques qui sont l’apanage des ensembles allemands - le flux reste d’ailleurs toujours délié et vitalisant -, mais le tranchant n’est pas employé systématiquement comme dans le duo entre Ortrud et Telramund au début du second acte où une certaine mesure est maintenue. 

Une attention soutenue est également apportée à l’équilibre avec les voix des solistes, et les chœurs, quand ils occupent tout l’avant scène, sont capables d’exprimer une clameur et une exaltation d’une puissance impressionnante qui semble être une des volontés très chère à leur cheffe Ching-Lien Wu.

Mais dans les moments plus élégiaques et insaisissables, ils retrouvent aussi cette forme d’évanescence qui élève avec inspiration les pensées de l’auditeur. 

 Johanni van Oostrum (Elsa)

Johanni van Oostrum (Elsa)

Deux titulaires du rôle d’Elsa se partagent les 9 représentations officielles, et toutes deux ont des atouts qui les différencient et rendent nécessaire de les entendre au moins une fois chacune.

Présente à la répétition du 18 septembre, Sinead Campbell Wallace donne l’impression d’être une wagnérienne aguerrie tant la flamme ample et chaleureuse est mise au service d’un sens du tragique poignant. Et pourtant, il s’agit, sauf erreur, de son premier grand rôle scénique wagnérien.

Piotr Beczala (Lohengrin)

Piotr Beczala (Lohengrin)

Et pour la première représentation, le public parisien découvre une artiste habituée d’un rôle qu’elle a chanté auprès de Klaus Florian Vogt dans deux productions différentes à Munich, Johanni van Oostrum.

Son timbre est d’une douce unité veloutée qu’elle rayonne avec une excellente projection nette et bien focalisée ce qui n’était pas assuré d’avance sur la scène Bastille. L’incarnation est entière avec des changements de personnalité qui ramènent à la spontanéité de l’adolescence.

Nina Stemme

Nina Stemme

Habitué de la scène de l’Opéra de Paris depuis plus de vingt ans où il y a chanté Mozart, Puccini, Verdi, Tchaïkovski, Smetana et même Massenet et Gounod, Piotr Beczala revient avec son personnage wagnérien privilégié qu’il met en avant sur les plus grandes scènes du monde de Vienne à New-York en passant par Bayreuth.

Il révèle une maturité virile qui convient particulièrement bien dans cette vision d’un être qui sait charmer tout en cachant une mentalité de gangster qui n’apparaît qu’à la toute fin. Il chante avec une unité infaillible, exprime même une sincérité très crédible dans la tessiture aiguë, et dose subtilement le mélange entre douceur attentionnée et assurance qui ne vire jamais au sentiment de supériorité. 

Piotr Beczala

Piotr Beczala

De retour elle aussi sur la scène Bastille qu’elle n’avait plus foulé depuis près de 10 ans, Nina Stemme ne fait qu’une bouchée du rôle d’Ortrud avec des couleurs vocales d’un airain vibrant qui font sensation.

D’une autorité animale que son allure scénique tend à contenir pour lui donner une dureté calculatrice qui n’en fait pas pour autant un monstre, sa magnificence d’élocution crée un constant saisissement quasi hypnotique, tout en laissant poindre le sentiment qu’elle en garde sous le pied pour les représentations suivantes. Il y aura au moins une soirée d’anthologie, à n’en pas douter.

Wolfgang Koch (Telramund)

Wolfgang Koch (Telramund)

Le Friedrich von Telramund est en terme de personnalité tout le contraire. Extraordinaire par la complexité de caractère qu’il articule avec un réalisme inégalable, Wolfgang Koch démontre à nouveau quel immense acteur de la vie il est, sa clarté vocale faisant apparaître avec netteté les moindres tressaillements qui font ressentir toutes les faiblesses et sombres doutes de son être.

Mais on l’entend toutefois avec un impact vocal qui s’évapore un peu trop en première partie, bien qu’il le consolide beaucoup plus dans la seconde partie du second acte au moment où il s’agit de mettre à jour l’identité de Lohengrin.

Ce grand habitué de l’excellente acoustique de la scène munichoise sait aussi surprendre d’un soir à l’autre, et il a la capacité de faire sienne l’empreinte Bastille.

Ching-Lien Wu et les chœurs de l'Opéra de Paris

Ching-Lien Wu et les chœurs de l'Opéra de Paris

Enfin, si Kwangchul Youn a eu le temps de montrer en répétition qu’il a toujours su préserver sa noblesse d’expression, son remplaçant à la première, Tareq Nazmi – le fameux Banco de la production de ‘Macbeth’ au festival de Salzbourg cet été -, brosse un portrait digne et d’une noirceur bien marquée, hautement conforme au symbole conventionnel que représente Henri l’Oiseleur, appuyé par Shenyang qui offre beaucoup de panache au Héraut du Roi.

Piotr Beczała, Alexander Soddy, Kirill Serebrennikov et Nina Stemme

Piotr Beczała, Alexander Soddy, Kirill Serebrennikov et Nina Stemme

C’est sur un grand entrelacement entre l’enthousiasme de spectateurs saisis par un spectacle puissant et très bien réfléchi, et le décontenancement d’une autre partie de spectateurs qui accepte moins que l’obscurité du monde soit autant mise en avant sur une scène lyrique, que tous les artistes ont été emportés aux saluts finaux par une énergie générale qui démontre l'importance de ces propositions si essentielles par les vérités qu'elles drainent et que l'on n'oublie pas avec le temps.

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Représentation du 11 octobre 2023

Après 10 jours sans représentations, la série des 'Lohengrin' a repris avec un remplacement inattendu et au pied levé pour un soir le 11 octobre 2023, celui de Piotr Beczala, souffrant, par Klaus Florian Vogt.

Ce n'est pas la première fois que ce magnifique ténor wagnérien fidèle du Festival de Bayreuth incarne un chef militaire - c'était déjà le cas dans la production de 'Parsifal' de Uwe Eric Laufenberg -, si bien qu'il apparaît ce soir dans la continuité des rôles qu'il a toujours incarnés, sérieux d'allure, prévenants et attentionnés, mais prompts à s'irriter si les protagonistes ne sont pas à la hauteur de sa stature morale, même si dans cette production son personnage devient vite un symbole critique de l'esprit de guerre.

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Depuis ses débuts dans le rôle de Lohengrin à l'opéra d'Erfurt en 2002, Klaus Florian Vogt ne cesse d'impressionner par la manière dont il a su préserver la candeur de son timbre de voix tout en l'enrichissant en chaleur et puissance.

Grande subtilité des nuances, magnificence des couleurs et splendide rayonnement toujours aussi souverain qui emportent l'auditeur dans un autre temps, il fait vivre aux spectateurs l'expérience de l'évocation d'une âme surnaturelle avec une telle intensité que son grand air 'In fernem land' devient un sidérant récit spirituel avec une capacité à exacerber la sensibilité de l'auditeur pour l'empreindre de sentimentalisme. C'est véritablement trop beau pour être décrit!

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Par ailleurs, après quelques jours de repos, la distribution est à son meilleur, Kwangchul Youn parfait de par sa stature de chef d'Etat, Wolfgang Koch brillant dans ses expressions naturalistes et très théâtrales, Nina Stemme impressionnante par la somptuosité de ses graves et la pénétrance de ses aigus hallucinés, et Sinead Campbell Wallace vaillante en toutes circonstances.

Chœurs à nouveau inspirants et élégiaques, orchestre sous tension permanente par la main galvanisante d'Alexander Soddy, cordes qui développent des tissures évanescentes absolument fantastiques, cette soirée du 11 octobre restera gravée pour beaucoup dans les mémoires.

Nina Stemme, Klaus Florian Vogt, Kwangchul Youn et les choeurs

Nina Stemme, Klaus Florian Vogt, Kwangchul Youn et les choeurs

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Publié le 20 Septembre 2023

Cassandra (Bernard Foccroulle - le 10 septembre 2023, La Monnaie de Bruxelles)
Livret Matthew Jocelyn
Représentation du 17 septembre 2023
Théâtre Royal de La Monnaie

Cassandra Katarina Bradíc
Sandra Jessica Niles
Hecuba / Victoria Susan Bickley
Naomi Sarah Défrise
Blake Paul Appleby
Apollo Joshua Hopkins
Priam / Alexander Gidon Saks
Marjorie Sandrine Mairesse
Présentatrice Lisa Willems

Direction musicale Kazushi Ono
Mise en scène Marie-Eve Signeyrole (2023)
Création mondiale

                                                                     Katarina Bradíc (Cassandra) et Joshua Hopkins (Apollo)

Successeur de Gerard Mortier à la direction du Théâtre Royal de La Monnaie de 1992 à 2007, puis successeur de Stéphane Lissner à la direction du Festival d'Aix-en-Provence de 2007 à 2018, Bernard Foccroulle a eu l’occasion de passer commande d’une trentaine d’œuvres lyriques, mais est avant tout un musicien, organiste de formation, qui a aussi composé nombre de pièces vocales et instrumentales.

Pour la première fois, il s’attache lui-même à la composition d’un opéra et s’associe à Matthew Jocelyn, directeur de 2009 à 2017 de la compagnie théâtrale contemporaine ‘Canadian Stage’, qui en a écrit le livret sur la base d’une des problématiques majeures du réchauffement climatique d’origine humaine, l’exploitation des énergies fossiles.

Jessica Niles (Sandra)

Jessica Niles (Sandra)

Le personnage mythologique de Cassandre est d’abord introduit pour rappeler la catastrophe de la prise de Troie par les Grecs, dont on estime qu’elle a pu se produire vers – 1250 av J.-C, et pour symboliser la malédiction de cette femme condamnée par Apollon à ne pas être écoutée et crue.

Puis, un autre personnage, contemporain cette fois, apparaît sous la forme d’une activiste écologique dénommée Sandra, qui intervient pour lancer un débat avec son public, puis son père et sa mère, respectivement acteurs de l’industrie d’exploitation et du monde financier, lors d’un dîner familial fort mouvementé, passionnant et parfois même très drôle.

Katarina Bradíc (Cassandra)

Katarina Bradíc (Cassandra)

La rencontre avec Blake, qui deviendra son fiancé, porte en elle les angoisses des générations actuelles qui se demandent s’il est raisonnable d’avoir des enfants. A l’inverse, Naomi, la sœur de Sandra, résiste à ce catastrophisme, mais en est indirectement punie par la perte de son enfant.

Sur le fond, le livret de Matthew Jocelyn aborde donc la problématique climatique du point de vue d’un milieu social aisé qui s’est enrichi grâce à l’exploitation des énergies fossiles, et dont une descendante se révolte, mais n’aborde pas la question des inégalités de développement humain dans le monde et de comment les réduire sans accroître la pression sur le système écologique.

Paul Appleby (Blake) et Susan Bickley (Victoria)

Paul Appleby (Blake) et Susan Bickley (Victoria)

C’est d’ailleurs l’attitude que l’on peut déplorer dans les pays riches, c’est à dire s’inquiéter des risques pour leur propre survivance, mais ne pas montrer suffisamment d’empathie pour la majorité du monde qui n’a pas le même niveau de vie mais qui a droit à se développer pour vivre mieux, et qui attend donc des solutions soutenables.

Au lieu de cela, l’activisme décrit ici se borne à parler d’’action’, mais sans dire ce que cela peut être, et laisse croire qu’il suffirait de dénoncer et de bloquer le déroulement des choses pour sauver le monde.

Un autre type d’action, plus efficace mais beaucoup plus ardu car inscrit dans la durée, pourrait tout aussi être de travailler à développer de nouveaux procédés, biens et services, nécessaires aux sociétés modernes mais moins demandants vis-à-vis de la nature.

Jessica Niles (Sandra)

Jessica Niles (Sandra)

On apprend cependant beaucoup de choses et notamment l’existence de la plateforme de glace de Bach, située sur l’île Alexandre en Antarctique, dont les reliefs portent des noms de compositeurs de musique classique tels Lully, Beethoven, Puccini, Mahler, Debussy et même Stravinsky.

Il y a donc une habilité certaine entre les choix de références du livret et les affinités musicales du compositeur.

Kazushi Ōno et l'Orchestre symphonique de La Monnaie

Kazushi Ōno et l'Orchestre symphonique de La Monnaie

Nommé par Bernard Foccroulle à la direction de l’orchestre symphonique de la Monnaie de 2002 à 2008, Kazushi Ono est donc tout désigné pour être le chef chargé de restituer la splendeur sonore de cette nouvelle création, ce qu’il fait avec un art magnifique pour rendre aux tissures orchestrales une patine ciselée avec une précision et un lustre d’orfèvrerie luxueuses.

L’écriture musicale est continue afin de créer un climat sonore alliant subtilement tension et mystère avec un mouvement constant qui varie les atmosphères sans avoir besoin de recourir à des secousses trop brutales qui favorisent ainsi l’immersivité de l’auditeur.

Les couleurs et la dynamique des vents sont par ailleurs finement dosées afin de se fondre idéalement avec un chant déclamatoire séduisant, s'entendent beaucoup d’effets d’irisation quand il s’agit d’évoquer le vol des abeilles qui se réduit avec le temps, et l’insertion des jeux de percussions au fil du discours fait écho aux influences primitives et antiques de l'histoire humaine.

Joshua Hopkins (Apollo) et Katarina Bradíc (Cassandra)

Joshua Hopkins (Apollo) et Katarina Bradíc (Cassandra)

L’ensemble de l’ouvrage préserve ainsi une forme d’intimisme aux structures résolument détaillées et frémissantes, avec des inspirations très debussystes à certains moments – l’échange entre la Cassandre antique et ses parents qui comprennent trop tard qu’ils ne l’ont pas écoutée s’inscrit dans cette approche -.

Et lorsque le chœur commente en coulisse, il prend aussi une tonalité austère et allégée très bien fondue aux nappes orchestrales.

Gidon Saks (Priam) et Katarina Bradíc (Cassandra)

Gidon Saks (Priam) et Katarina Bradíc (Cassandra)

Tous les chanteurs apportent une personnalité et des couleurs bien distinctes à leurs personnages, ce qui permet notamment d’apprécier le dramatisme de Katarina Bradíc, qui ressemble beaucoup à l’inoubliable silhouette d’Anna Caterina Antonacci vue dans la version des ‘Troyens’ du Théâtre du Châtelet en 2003, mais avec un timbre plus noir et âpre.

Son jeu au tragique appuyé est contrebalancé par celui de Sandra que Jessica Niles anime avec une ferveur et une clarté vocale insolentes qui, quelque part, nous disent que le monde d’aujourd’hui requière d’autres postures. Des acteurs, disséminés dans la salle, réagissent aux propos de la jeune activiste, et même le chef d’orchestre intervient dans le jeu en demandant le silence aux spectateurs.

Le personnage de Blake incarné par Paul Appleby apparaît cependant comme le plus touchant, car il est dans un rapport très naturel aux autres, et à Sandra en particulier, et le timbre du jeune chanteur américain est agréablement chaleureux.

Jessica Niles (Sandra) et Katarina Bradíc (Cassandra)

Jessica Niles (Sandra) et Katarina Bradíc (Cassandra)

Mais décrit comme un être monolithique et figé, Apollon vaut surtout pour le poids autoritaire qu’il impose, Joshua Hopkins lui apportant une stature vocale nobiliaire d’une unité soignée.

Une très grande importance est donnée au personnage dual de Priam et Alexander qui représente le pouvoir et le conservatisme en résistance face à la jeunesse, et Gidon Saks offre un portrait éloquent qu’il dépeint en usant de toutes la palette de couleurs expressives dont il dispose. Il peut être aussi bien sarcastique que saisi d’effroi, et du fait qu’il incarne à la fois le père de Cassandra, qui regrette de ne pas l’avoir écoutée, puis le père de Sandra qui raille ses contradictions, il donne une grande impression de schizophrénie tout au long de la narration.

Quant à Susan Bickley (Hécube et Victoria), au réalisme bienveillant, et Sarah Défrise (Naomi), à la joie de vivre piquante et expansive, elles complètent toutes deux une distribution où chacun apporte un contrepoids qui modifie en permanence les équilibres relationnels.

Gidon Saks, Paul Appleby, Katarina Bradíc, Jessica Niles, Susan Bickley et Joshua Hopkins

Gidon Saks, Paul Appleby, Katarina Bradíc, Jessica Niles, Susan Bickley et Joshua Hopkins

Née à Paris mais œuvrant souvent à l’étranger, Marie-Ève Signeyrole signe une production d’une très belle esthétique léchée qui mêle élégamment monumentalisme antique et décors modernes, où la vidéo est utilisée à la fois pour lier une atmosphère scénique, c’est à dire créer une unité visuelle entre les décors, les costumes, le fond de scène et la dramaturgie, que pour illustrer le propos sociétal.

L’effondrement de la Troie moderne du début de l’ouvrage est ainsi représenté par des petites scènes de vie jouées par des acteurs qui vont disparaître lors de la destruction, et les images tournées vers les visages viennent augmenter l’horreur du drame.

Plus loin, le bleu de glace vient apporter de l’espoir avec le personnage de Sandra, et aussi  évoquer l’univers de l’Antarctique où se mesure le passé et se joue l’avenir, cette région polaire étant à la fois une mémoire du temps et une boussole pour le futur.

Kazushi Ōno et Bernard Foccroulle

Kazushi Ōno et Bernard Foccroulle

La direction d’acteur atteint ses meilleurs points de vérité dans les moments très intimes et cherche à rester juste tout en suivant les lignes de la musique.

Globalement, on assiste à un spectacle où toutes les composantes fonctionnent très bien ensemble, et où quelques objets symboliques tels un cube de glace ou bien les alvéoles géantes des ruches démontrent la perfection géométrique de la nature.

C’est beau, parlant, autour d’un sujet qui suscite réflexions et soulève des contradictions, l’une des plus belles créations contemporaines que l'on puisse voir actuellement.

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Publié le 16 Septembre 2023

3e Symphonie (Gustav Mahler -  9 juin 1902, Krefeld)
Concert du 14 septembre 2023

 

Philharmonie de Paris – Grande salle Pierre Boulez

Ce que me content les Rochers.
Ce que me content les Fleurs des Prés
Ce que me content les Animaux de la Forêt
Ce que me conte l’Homme
Ce que me content les Anges
Ce que me conte l’Amour

Contralto Christa Mayer
Direction musicale Semyon Bychkov
Orchestre de Paris
Chœur de femmes et chœur d'enfants de l'Orchestre de Paris

Après ses retrouvailles avec l’Orchestre de Paris célébrées dans la Grande salle Pierre Boulez en septembre 2021 pour y diriger la 2d symphonie ‘Résurrection’ de Gustav Mahler, Semyon Bychkov renforce ce lien à nouveau renoué pour interpréter la 3e symphonie du compositeur autrichien au cours d’une ouverture de saison musicale particulièrement éblouissante au sein de la capitale.

Christa Mayer et Semyon Bychkov

Christa Mayer et Semyon Bychkov

L’art du chef russe – il est naturalisé américain depuis 1983 – est de pouvoir insuffler une profonde majesté de mouvement à l’orchestre tout en magnifiant la somptuosité des couleurs, et d’obtenir un merveilleux scintillement des cordes tout en faisant vivre de grands courants comme s’il portait un fleuve qui tourne sur lui même dans un ondoiement intensément romantique.

L'Orchestre de Paris

L'Orchestre de Paris

Les sections de cuivres situées en arrière scène, trombones côté cour et cors côté jardin, se fondent avec une chaleur noble et une précision dans les attaques qui sonnent très élancées, et les moments paroxysmiques sont d’une puissance magmatique phénoménale.

Semyon Bychkov et l'Orchestre de Paris

Semyon Bychkov et l'Orchestre de Paris

Effet de spatialisation sereinement immersif pour les solistes installés dans les hauteurs de la philharmonie, légèreté diffuse du souffle du chœur féminin, charme du chœur d’enfants, tout contribue à emmener l’auditeur dans un autre monde, même s’il peut être surpris par l’ampleur épique d’une telle fresque au regard de l’attitude attentive et humble de Semyon Bychkov.

Christa Mayer

Christa Mayer

Dans le 5e mouvement, Christa Mayer fait vivre des impressions d’une noirceur un peu froide mais avec une unité de timbre bien préservée, et tout le dernier mouvement est d’une suavité extrêmement raffinée où l’on sent progressivement des tremblements souterrains monter alors que Semyon Bychkov paraît lui même ébranlé par le tellurisme qu’il entretient avec un calme olympien.

La tension et la clarté des nombreux solistes impliqués sont naturellement splendides, comme on peut l’entendre avec la jeune hautboïste sollicitée dans le solo du dernier mouvement qui décrit un réveil et une élévation, ou bien le timbalier chargé d’impulser des vibrations grandiloquentes et d’une très grande netteté.

Chœur d'enfants de l'Orchestre de Paris

Chœur d'enfants de l'Orchestre de Paris

Ce très beau voyage onirique sera rejoué avec le Philharmonique Tchèque à Baden-Baden puis à Prague au mois de janvier prochain, et pour retrouver Semyon Bychkov dans une œuvre lyrique il faudra attendre la nouvelle production de ‘Tristan und Isolde’ prévue au Festival de Bayreuth 2024.

L'Orchestre de Paris

L'Orchestre de Paris

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Publié le 14 Septembre 2023

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart – 29 octobre 1787, Prague et 7 mai 1788, Vienne)
Pré générale du 06 septembre et représentation du 13 septembre 2023
Opéra Bastille

Don Giovanni Peter Mattei (le 13) / Kyle Ketelsen (le 06)
Donna Anna Adela Zaharia (le 13) / Julia Kleiter (le 06)
Don Ottavio Ben Bliss (le 13) / Cyrille Dubois (le 06)
Donna Elvira Gaëlle Arquez (le 13) / Tara Erraught (le 06)
Leporello Alex Esposito (le 13) / Bogdan Talos (le 06)
Le Commandeur John Relyea
            (Ci-contre)
Masetto Guilhem Worms
Zerlina Ying Fang (le 13) / Marine Chagnon (le 06)

Direction musicale Antonello Manacorda
Mise en scène Claus Guth (2008)

Coproduction Festival de Salzburg (2008/2010/2011), Staastoper Berlin (2012/2016/2018/2019), Dutch National Opera (2016/2021), Teatro Real de Madrid (2020), Opéra de Budapest (2024)

La production d’Ivo van Hove créée au Palais Garnier en juin 2019, et initialement programmée à New-York au printemps 2021, a vu sa première américaine reportée au mois de mai 2023, si bien qu’il n’était plus possible de la remonter à temps pour les répétitions prévues à Paris au mois d’août.

L’Opéra de Paris a donc temporairement choisi de reprendre un spectacle éprouvé qui a abondamment circulé entre Berlin, Amsterdam et Madrid depuis sa création salzbourgeoise en 2008.

Peter Mattei (Don Giovanni)

Peter Mattei (Don Giovanni)

La proposition de Claus Guth – le metteur en scène allemand présente pas moins de 10 productions en Europe cette saison – projette le destin des protagonistes du drame mozartien dans une forêt, lieu sauvage et dangereux, où ils se perdent, se cachent, se méprennent, dans une atmosphère nullement romantique, ce lieu devenant de plus en plus jonché de déchets et même altéré par la présence humaine.

Lors de l’ouverture, une courte scène présente le combat entre Don Giovanni et le Commandeur où l’on voit ce dernier blesser son opposant d’un coup de revolver.

Kyle Ketelsen (Don Giovanni)

Kyle Ketelsen (Don Giovanni)

Ce sont donc aux dernières heures du héros que l’on assiste à travers une excellente direction d’acteur qui, sans relâche, décrit l’impossibilité relationnelle parasitée par la recherche d’un idéal qu’aucun n’atteint et qui conduit au ressentiment. Mais pas chez tout le monde.

Leporello est celui qui se divertit le plus sans illusions sur les rapports humains, l’attente d’Elvire est ici assimilée à celle d’une femme qui attend à un arrêt que le bus soit passé par les autres stations, Donna Anna est terriblement entreprenante avec Don Giovanni, mais dans l’ensemble, ce détraquement relationnel n’est plus nouveau et a surtout pour lui de pouvoir séduire un public jeune qui sera épaté de voir ce que de grands chanteurs d’opéras peuvent offrir comme dynamique de jeu, parfois très supérieure à ce que l’on peut voir au théâtre classique.

Kyle Ketelsen (Don Giovanni), Bogdan Talos (Leporello) et Tara Erraught (Donna Elvira)

Kyle Ketelsen (Don Giovanni), Bogdan Talos (Leporello) et Tara Erraught (Donna Elvira)

Les deux distributions prévues en alternance ont leurs atouts et permettent de donner une coloration, et donc une signification, un peu différente à chacun des personnages.

Faisant ses débuts à l’Opéra national de Paris, Kyle Ketelsen incarne ainsi un Don Giovanni voyou et charnel terriblement autodestructeur – lui, vous le verrez torse nu -, comme un enfant de rue qui a mal tourné, avec un timbre de voix très noir et une excellente présence que l’on retrouve aussi chez Peter Mattei, qui assurait déjà ce rôle au Palais Garnier le 27 janvier 2006 et qui a conservé cette langueur charmeuse un peu claire qui le ramène dans le champ des grands interprètes plus classiques.

Adela Zaharia (Donna Anna) et Ben Bliss (Don Ottavio)

Adela Zaharia (Donna Anna) et Ben Bliss (Don Ottavio)

De la même façon, Bogdan Talos décrit un impayable Leporello qui, musicalement, résiste aux tempi effrénés de la direction d’orchestre, et donc se réserve une certaine nonchalance musicale, alors qu‘Alex Esposito en rajoute dans la célérité et la nature explosive du valet de Don Giovanni, un frénésie qui fait beaucoup plus penser à un personnage imaginé par Donizetti.

Marine Chagnon (Zerlina) et Guilhem Worms (Masetto)

Marine Chagnon (Zerlina) et Guilhem Worms (Masetto)

En Donna Anna, Adela Zaharia se montre la plus virtuose et la plus complète en réussissant des variations atypiques, le dramatisme souffrant atteignant son paroxysme avec la seconde interprète du rôle, Julia Kleiter, qui offre des couleurs métalliques complexes, et si Tara Erraught privilégie une personnalité ferme et un peu maternelle pour Donna Elvira, Gaëlle Arquez lui attache une personnalité très agressive, mais cette écriture musicale très haute ne permet pas de profiter des nuances de couleurs qui ont fait toute la beauté de sa Carmen il y a peu de temps encore.

Gaëlle Arquez (Donna Elvira)

Gaëlle Arquez (Donna Elvira)

Et Zerlina trouve deux interprètes d’une touchante douceur, Ying Fang en fine mozartienne dont la voix porte bien dans Bastille, et Marine Chagnon, nouvelle membre de la troupe, qui assoit une présence et un rayonnement qui rivalisent pleinement avec ceux de Donna Anna et Donna Elvira.

Les deux Don Ottavio ont aussi des traits de caractères assez différents, Ben Bliss pouvant compter sur un doux legato sombre, alors que Cyrille Dubois met beaucoup de nerf dans son incarnation ce qui le fait théâtraliser plus intensément qu’à son habitude. Et son expressivité vocale gagne également en impact.

Cyrille Dubois (Don Ottavio) et Julia Kleiter (Donna Anna)

Cyrille Dubois (Don Ottavio) et Julia Kleiter (Donna Anna)

Enfin, Guilhem Worms privilégie le charme à la présence musclée pour le personnage de Masetto qu’il laisse trop s’effacer – Claus Guth y voit un homme très conventionnel et un peu fade qui rappelle le personnage d’Athamas dans son récent ‘Semele’ à l’Opéra de Munich -, et John Relyea campe un Commandeur vieux routier qui tient la distance pour faire la leçon à Don Giovanni après lui avoir préparé son cercueil.

Ying Fang (Zerlina) et Peter Mattei (Don Giovanni)

Ying Fang (Zerlina) et Peter Mattei (Don Giovanni)

Pulsante et alerte, la direction d’Antonello Manacorda laisse peu de répit aux chanteurs, sans doute dans un soucis de rajeunissement du discours qu’il n’alourdit jamais, même à la scène dramatique finale, et émergent de temps en temps des altérations de climat assez originales, comme dans le récitatif du ‘Mi tradi’ de Donna Elvira où il fait s’affaisser la texture des cordes pour accentuer le pathétisme de cette scène, tendant à dire que la jeune femme est la seule à avoir une tendresse infinie pour le héros arrivé au bout de son chemin.

Marine Chagnon, Tara Erraught, Bogdan Talos, Antonello Manacorda et Kyle Ketelsen (Pré générale)

Marine Chagnon, Tara Erraught, Bogdan Talos, Antonello Manacorda et Kyle Ketelsen (Pré générale)

La version de ‘Don Giovanni’ jouée ce soir est la version habituelle qui mixe les versions de Prague (1787) et de Vienne (1788), mais sans le final moralisateur qui n’apparaissait pas dans le livret de la création viennoise, et qui ne s’impose pas ici, car finalement tout le monde sombre corps et biens.

Salle bien remplie mais pas totalement, avec un public parfois très jeune et très décontracté qui a manifesté son enthousiasme au final dont n’a pas pu profiter Claus Guth absent lors de la première.

John Relyea, Ying Fang, Gaëlle Arquez, Alex Esposito, Peter Mattei, Adela Zaharia, Ben Bliss et Guilhem Worms (Première représentation)

John Relyea, Ying Fang, Gaëlle Arquez, Alex Esposito, Peter Mattei, Adela Zaharia, Ben Bliss et Guilhem Worms (Première représentation)

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Publié le 13 Septembre 2023

Orchestre et Chœur du Théâtre de La Scala de Milan
Concert du 12 septembre 2023
Théâtre des Champs-Elysées

Giuseppe Verdi (1813 - 1901)
Nabucco (1842, Milan) : Sinfonia, ‘Gli arredi festivi’, ‘Va’, pensiero, sull’ali dorate’
I Lombardi alla prima crociata (1842, Milan) : Coro della Processione ‘Gerusalem’, ‘O Signore, dal tetto natìo’
Ernani (1844, Venise) : Preludio, ‘Si ridesti il Leon di Castiglia’
Don Carlos (1867, Paris) : Finale balletto, ‘Spuntato ecco il dì d’esultanza’
Macbeth (1847, Florence - 1865, Paris) : Preludio, ‘Che faceste? Dite su!...’, ‘S’allontanarono!’,  ‘Patria oppressa! Il dolce nome’
Il Trovatore (1853, Rome) : Preludio, ‘Vedi, le fosche notturne spoglie’
La Forza del destino (1862, Saint-Pétersbourg) : Sinfonia, ‘Nella guerra è la follia’
Aida (1872, Le Caire) : ‘Gloria all’Egitto, ad Iside’
Bis Simon Boccanegra (1857, Venise): ‘Viva Simon, del popolo l’eletto!...’

Direction musicale Riccardo Chailly
Chef de Choeur Alberto Malazzi

Tournée européenne : Arènes de Vérone (31 août), Festival de Grafenegg (02 septembre), Konzerthaus de Vienne (04 septembre), Elbphilharmonie de Hambourg (05 septembre), Concertgebow d’Amsterdam (06 septembre), Musikkens Hus d’Aalborg (08 septembre), Bozar de Bruxelles (09 septembre – annulé), Philharmonie de Luxembourg (11 septembre)

Débutée aux Arènes de Vérone le 31 août dernier, la tournée européenne de l’Orchestre et du Chœur de la Scala de Milan s’achève au Théâtre des Champs-Élysées dans une ambiance étincelante à la rigueur quasi-martiale.

Le programme suit dans sa première partie une logique chronologique qui enchaîne les symphonies et les airs des 3 premiers grands succès de jeunesse de Giuseppe Verdi, ‘Nabucco’, ‘I Lombardi alla prima crociata’ et ‘Ernani’, qui sont développés, ce soir, selon une rythmique extrêmement précise sur un tempo modéré, telle une machine très bien huilée qui avance dans une tonalité spirituelle d’une forte emprise sur l’auditeur.

Riccardo Chailly

Riccardo Chailly

Le final du ballet de ‘Don Carlos’, écrit plus tard pour sa création parisienne, semble alors plus incongru, mais il apporte une légèreté très entraînante qui ne peut empêcher d’évoquer, pour ceux qui connaissent la mise en scène de Peter Konwitschny conçue pour l’opéra de Vienne, l’hilarant quatuor royal formé du Roi et de la Reine d’Espagne, l’Infante et la princesse Eboli, sous la forme d’un couple bourgeois moderne et conventionnel qui reçoit à dîner ses beaux parents.

Orchestre et Chœur de la Scala de Milan

Orchestre et Chœur de la Scala de Milan

Le point culminant du concert est alors atteint en début de seconde partie avec les extraits de ‘Macbeth’, le coup de génie de Verdi alors qu’il n’avait que 34 ans, introduit par la chaleur rutilante des cuivres et la puissance des cordes aux détails majestueux, suivies par l’allant des airs des sorcières et, surtout, la profondeur du chœur recueilli ‘Patria opressa’, écrit en 1865 pour la version parisienne, et qui atteint une intensité de velours qui rivalise avec la beauté des grands chœurs des opéras tragiques russes.

Chœur des sorcières de 'Macbeth'

Chœur des sorcières de 'Macbeth'

Riccardo Chailly présente ensuite un arrangement qui lie sans césure l’ouverture menaçante et pimpante d’’Il trovatore’ avec le chœur des forgerons du second acte et l’écho de ce même chœur repris un plus loin dans l’opéra, ensemble dominé par une densité rougeoyante très imagée, et enchaîne avec l’ouverture si célèbre de ‘La Force du destin’ qu’il fait suivre par une interprétation de ‘Nella guerra è la follia’ d’une très grande noblesse, bien qu’il s’agisse d’un chœur populaire.

La compacité sonore ancre ainsi une proximité naturelle avec l'esprit fougueux et dramatique de Verdi, et plusieurs 'Viva Verdi' seront lancés spontanément dans la salle par des spectateurs.

Alberto Malazzi et Riccardo Chailly

Alberto Malazzi et Riccardo Chailly

Le ‘Gloria all’Egitto, ad Iside’ d’’Aida’ permet enfin d’achever cette démonstration de maîtrise en l’ornant par de magnifiques effets d’irisation de la part des percussions, toujours dans cet esprit de souplesse très bien calibré, et le bis final qui déchaîne les furies de la fin du prologue de ‘Simon Boccanegra’, 'Viva Simon, del popolo l’eletto!…’, laisse entrevoir un message d’espoir qu’un jour, peut-être, un grand leader élu sans réserve par la majorité d’un peuple émergera pour le guider vers sa destinée.

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Publié le 11 Septembre 2023

Festival SenLiszt par les Solistes de l’Opéra national de Paris
Concert du 10 septembre 2023
Chapelle Royale Saint-Frambourg de Senlis
Fondation Cziffra

Wolfgang Amadé Mozart
Divertimento en fa majeur KV 138 (1772, Salzburg)
Quatuor pour Hautbois KV 370 (1781, Munich)

Richard Strauss
Les Métamorphoses (25 janvier 1946, Tonhalle Zürich)
Astor Piazzolla
Tristango et Libertango (1974, Milan)

Solistes de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris
Sylvie Sentenac, Alan Bourré (Violons)
François Bodin, Laurence Carpentier (Altos)
Matthieu Rogué, Jérémy Bourré (Violoncelles)
Daniel Marillier (Contrebasse)
Philippe Giorgi (Hautbois)

                                                                                         Jérémy Bourré (Violoncelle)

Au lendemain de l’avant-première jeunes de ‘Don Giovanni’ donnée à l’opéra Bastille en prémices de l’ouverture de saison de l’Opéra national de Paris, quelques-uns des musiciens, pour la plupart présents sur scène la veille au soir, se sont retrouvés à la Chapelle Royale Saint-Frambourg de Senlis pour y interpréter des œuvres de Wolfgang Amadé Mozart, Richard Strauss et Astor Piazzolla.

Sylvie Sentenac, Laurence Carpentier, Jérémy Bourré et Philippe Giorgi (Quatuor pour Hautbois)

Sylvie Sentenac, Laurence Carpentier, Jérémy Bourré et Philippe Giorgi (Quatuor pour Hautbois)

Cet édifice religieux, érigé sous Louis VII au XIIe siècle sur les vestiges de l’ancienne chapelle où Hugues Capet fut élu roi des Francs, fut sauvé par le pianiste Georges Cziffra et est devenu depuis 1977 l’auditorium Franz Liszt.

Il est coloré par les seuls vitraux existant signés Joan Miró aux teintes bleu-ciel qui ouvrent sur l’étendue de l’univers, mais la chapelle bénéficie également d’une excellente luminosité et d’une acoustique très favorable à la musique classique, sans réverbération excessive, ni sécheresse qui discriminerait trop les moindres détails.

Malgré la chaleur accablante dans laquelle est plongée ce lieu hautement musical, plus de 150 spectateurs, dont des enfants très jeunes, sont présents cet après-midi pour apprécier, en première partie, deux œuvres de Mozart écrites pour quatuors.

Sylvie Sentenac et Alan Bourré (Divertimento en fa majeur)

Sylvie Sentenac et Alan Bourré (Divertimento en fa majeur)

Empreint d’un charme raffiné et entêtant, le 'Divertimento en fa majeur' prend aussi une sensualité douce et chaleureuse où les vibrations pleines et étirées avec classe par la violoniste Sylvie Sentenac soulignent une âme bien affirmée et très expressive.

Le 'Quatuor pour Hautbois' permet de découvrir la virtuosité des lignes que Philippe Giorgi prodigue de manière alerte mais avec une finesse et une pureté d’une grande légèreté qui se mêlent magnifiquement à la noirceur riche et vibrante des cordes.

Les ondes mélodiques du bois d’ébène changent de tonalité en passant d’inflexions subtilement tristes à la clarté joyeuse selon un courant d’une fluidité très harmonieuse, ce qui laisse l’impression fugitive d’un être cherchant à rester insaisissable.

Philippe Giorgi (Quatuor pour Hautbois)

Philippe Giorgi (Quatuor pour Hautbois)

La pièce centrale du concert permet alors de réunir l’ensemble des sept musiciens à cordes pour livrer une interprétation des ‘Métamorphoses’ de Richard Strauss d’une noirceur impressionnante – cette version pour sextuor à cordes et contrebasse ne fut découverte en Suisse qu’en 1990, la version originelle ayant été écrite pour un orchestre de 23 instruments -.

L’œuvre fut engendrée par effroi suite aux bombardements des villes allemandes lors de la Seconde Guerre mondiale, et entendre résonner en un tel lieu cet entrelacement de mélismes à la fois sombres et foisonnant d’éclats métalliques, tout en distinguant les effets de contrastes entre altistes et violonistes, plonge inévitablement l’auditeur dans un état réflexif accentué par l’intensité de son fantastique de l’orchestre.

Sylvie Sentenac, François Bodin, Laurence Carpentier (Les Métamorphoses)

Sylvie Sentenac, François Bodin, Laurence Carpentier (Les Métamorphoses)

Ces mêmes musiciens reprendront ce chef-d’œuvre au Palais Garnier en plein hiver, le dimanche 18 février 2024 à midi, précédé par la 'quintette en ut majeur KV 535' de Mozart.

Sylvie Sentenac, Alan Bourré, François Bodin, Laurence Carpentier, Daniel Marillier, Jérémy Bourré et Matthieu Rogué (Les Métamorphoses)

Sylvie Sentenac, Alan Bourré, François Bodin, Laurence Carpentier, Daniel Marillier, Jérémy Bourré et Matthieu Rogué (Les Métamorphoses)

Puis, toujours avec cette même densité de son qui prend au corps, deux adaptations de 'Tristango' et 'Libertango' extraits de l’album éponyme ‘Libertango’ composé par Astor Piazzolla à Milan en 1974 transportent les auditeurs dans un champ nostalgique et dansant, le second passage étant le plus célèbre puisqu’il fut repris par de grands artistes tels Grace Jones ou bien, plus récemment, Yo-Yo Ma

Philippe Giorgi, Sylvie Sentenac, Alan Bourré, François Bodin, Laurence Carpentier, Daniel Marillier, Jérémy Bourré et Matthieu Rogué

Philippe Giorgi, Sylvie Sentenac, Alan Bourré, François Bodin, Laurence Carpentier, Daniel Marillier, Jérémy Bourré et Matthieu Rogué

C’est tout autant la rythmique que les mélanges de couleurs des cordes – et les sons grattés du violon d’Alan Bourré en début d’air – qui font le charme et la joie de cette conclusion si vivante, si bien que l’on arrive en fin de concert en ayant le sentiment d’avoir traversé des époques, de styles et des évènements avec un grand luxe dans la réalisation.

Le plaisir s’exprime alors dans l’ovation chaleureuse rendue au bout d’une heure vingt de musique, et le regard curieux des plus jeunes est peut-être celui qui est le plus important car il annonce l’avenir.

La Chapelle Royale Saint-Frambourg de Senlis

La Chapelle Royale Saint-Frambourg de Senlis

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Publié le 3 Septembre 2023

Berliner Philharmoniker – Kirill Petrenko
Concert du 02 septembre 2023
Philharmonie de Paris – Grande Salle Pierre Boulez

Max Reger 
Variations et Fugue sur un thème de Mozart op.132 (08 janvier 1915, Wiesbaden)

Richard Strauss
Ein Heldenleben [Une vie de héros] op.40 (03 mars 1899, Frankfurt am Main)

 

Direction musicale Kirill Petrenko
Berliner Philharmoniker

Programme Reger / Strauss : Philharmonie de Berlin (25 août 2023), Großes Festspielhaus de Salzburg (27 août 2023), Palais de la Culture et des congrès de Lucerne (30 août 2023)
Programme Brahms / Schoenberg / Beethoven : Großes Festspielhaus de Salzburg (28 août 2023), Palais de la Culture et des congrès de Lucerne (31 août 2023), Philharmonie de Luxembourg (03 septembre 2023)

Directeur du Berliner Philharmoniker depuis 4 ans, Kirill Petrenko est connu des Parisiens pour ses interprétations des œuvres lyriques de Richard Strauss jouées au Théâtre des Champs-Élysées lorsqu’il dirigeait l’orchestre du Bayerische Staatsoper, ‘Der Rosenkavalier’ (2014), ‘Ariane à Naxos’ (2015), ‘Vier letzte Lieder’ (2016), ‘Arabella’ (2019), mais il a aussi beaucoup marqué Munich par sa lecture implacable de ‘Die Frau ohne Schatten’ (2013 et 2017) dans la mise en scène de Krzyzstof Warlikowski, ainsi que le Festival de Bayreuth pour ses inoubliables cycles du ‘Ring’ de Richard Wagner donnés dans la production de Frank Castorf (2013, 2014 et 2015).

Le retrouver en ouverture de saison 2023/2024 à la Philharmonie de Paris, à l’occasion de sa tournée de Festival, promet d’emblée une immersion sensitive somptueuse, ce que ne dément pas le concert de ce soir joué devant une salle bien remplie et fréquentée par un public en partie très jeune.

Kirill Petrenko

Kirill Petrenko

Il s'agit d'abord d'un hommage rendu aux 150 ans de la naissance de Max Reger, compositeur bavarois dont les ouvrages furent diversement appréciés mais auquel Richard Strauss proposa de collaborer avec sa maison d’édition. Il sera notamment chargé d’arranger pour le piano nombre de lieder de jeunesse de son confrère munichois.

Extraites de l’’Andante grazioso’ de la Sonate pour piano n°11 de Mozart, dont le Rondo ‘alla Turca’ est le passage le plus célèbre, les Variations et Fugue invitent l’auditeur à voyager à travers le temps en transformant la délicatesse d’un mouvement de l’époque classique en un complexe foisonnement sonore caractéristique du grand romantisme allemand de la fin du XIXe siècle.

Sous la baguette de Kirill Petrenko, les vents du Berliner Philharmoniker virevoltent avec une légèreté dansante et une liberté riante, et les mélismes orchestraux acquièrent une chaleur lumineuse qui coule avec naturel tout en prodiguant une extension sonore qui se diffuse idéalement dans l’enceinte de l’auditorium. 

On se berce ainsi d’une clarté d’ensemble et de superbes ornements qui, quelque part, semblent transformer l’âme de Mozart afin de nous emmener vers le raffinement et l’opulence de Richard Strauss.

Kirill Petrenko - Berliner Philharmoniker (Max Reger – Richard Strauss) Philharmonie

En seconde partie, ‘Ein Heldenleben [Une vie de héros]’, véritable métaphore de l’esprit du compositeur que pourrait tout aussi bien s’approprier le chef d’orchestre interprète, permet d’admirer comment Kirill Petrenko se saisit de l’effectif orchestral pour créer un univers tenu par ses propres forces internes qui s’anime sous l’effet de leur propre puissance avec un sens du mouvement ample et fuyant, un contrôle de l’équilibre instable fascinant, et une joie tout intérieure et fort méditative.

Kirill Petrenko

Kirill Petrenko

Et on peut même avoir l’impression que l’énergie de tel ou tel motif qui s’envole dans une direction est liée aux mouvements de musiciens qui n’en sont pas à l’origine, et qu’il y a une cohérence interne qui relie cet ensemble. Et même dans la grande marche tonitruante et épique du héros, la progression en intensité sonore préserve la plasticité de l’enveloppe symphonique avec un excellent fondu des cuivres au tissu orchestral. 

Le soyeux profond et dense des cordes se module sans rupture pour se prolonger en charmante atmosphère bucolique, et des courbes se croisent dans un mouvement perpétuel très harmonieux.

Et la souplesse avec laquelle le coup de percussion final jaillit fait penser à la naissance soudaine d'une étoile.

Vineta Sareika-Völkner

Vineta Sareika-Völkner

Magnifique moment de grâce également que le solo de Vineta Sareika-Völkner, première femme premier violon solo du Berliner Philharmoniker depuis sa création en 1882, qui ouvre un large champ à l’artiste lettone pour exprimer des sentiments passionnés avec un entrelacement de textures parfaitement maitrisé, et une finesse de précision qui vise à faire ressentir avec éclat l’infini du temps.

Paraissant maître de ce monde qu’il laisse vivre tout en l’influençant, Kirill Petrenko se laisse aussi aller à l’évocation complice de l’être aimé, ou d'un idéal, par des pensées célestes, le regard tourné vers les airs, comme s’il s’autorisait, lui aussi, le rêve et le désir d’évasion, offrant de lui une image absolument tendre, alors qu’au moment de saluer le public, il affichera une certaine réserve et modestie, comme s’il ne voulait pas passer au premier plan de l’ouvrage et des musiciens.

Kirill Petrenko et le Berliner Philharmoniker

Kirill Petrenko et le Berliner Philharmoniker

Soirée profondément inspirante qui participe aux raisons pour lesquelles la beauté et les mystères de l’art valent d’être vécus.

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Publié le 31 Août 2023

TV-Web Septembre 2023 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 03 septembre 2023 sur France 3 à 00h15
Les Noces de Figaro (Mozart) - Opéra de Paris - dm Dudamel - ms Jones

Dimanche 03 septembre 2023 sur Arte à 18h05
Bach à Leipzig depuis 300 ans

Lundi 04 septembre 2023 sur Arte à 01h00
Contrebasses virtuoses ! (Ensemble Bassiona Amorosa)

Vendredi 08 septembre 2023 sur Arte à 22h30
Barry White - A Dream of love

Vendredi 08 septembre 2023 sur Arte à 23h30
Roberta Flack - Piano, voix et combats

Samedi 09 septembre 2023 sur France 4 à 21h10
La Périchole (Offenbach) - Théâtre des Champs-Elysées - dm Minkowski - ms Pelly

Samedi 09 septembre 2023 sur France 4 à 23h15
Les Paladins (Rameau) - Opéra de Versailles - dm Tournet

Dimanche 10 septembre 2023 sur France 3 à 00h20
Notre-Dame de Paris (Roland Petit) - Opéra de Paris - Mathias Heymann

Dimanche 10 septembre 2023 sur Arte à 18h40
Concerto per Milano 2023 - Riccardo Chailly, Juan Diego Florez

Dimanche 10 septembre 2023 sur France 4 à 21h10
Joséphine Baker, le musical

Lundi 11 septembre 2023 sur Arte à 00h10
Les Noces de Figaro (Mozart) - Festival d'Aix-en-Provence 2021

Mardi 12 septembre 2023 sur Arte à 02h25
Daniel Müller-Schott et le BBC Symphony Orchestra

Samedi 16 septembre 2023 sur France 4 à 21h10
Jean-François Zygel - Mon Schubert et moi

Samedi 16 septembre 2023 sur France 4 à 22h45
Jean-François Zygel - Les clés de l'orchestre

Dimanche 17 septembre 2023 sur France 4 à 00h05
Concert Radio France - Mirga Grazynité-Tyla

Dimanche 17 septembre 2023 sur France 3 à 00h20
Rusalka (Dvorak) - Opéra de Limoges

Dimanche 17 septembre 2023 sur Arte à 18h20
Beethoven : "Symphonie n° 9" - Place Saint-Marc, Venise

Lundi 18 septembre 2023 sur Arte à 00h15
Le compositeur Paul Dessau

Lundi 18 septembre 2023 sur Arte à 01h10
András Schiff joue Bach, Beethoven et Schubert

Jeudi 21 septembre 2023 sur France 4 à 22h50
Concerts de Sergey Khachatryan et l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo

Samedi 23 septembre 2023 sur France 4 à 22h35
Notre-Dame de Paris (Roland Petit) - Opéra de Paris - Mathias Heymann

Samedi 23 septembre 2023 sur France 4 à 23h55
Joséphine Baker, le musical

Dimanche 24 septembre 2023 sur France 3 à 00h20
Robot! (Blanca Li)

Dimanche 24 septembre 2023 sur France 5 à 14h30
Benjamin Biolay Symphonique

Dimanche 24 septembre 2023 sur Arte à 18h45
Maria Joao Pirez interprète Mozart -  Concerto pour piano n°9

Lundi 25 septembre 2023 sur Arte à 00h05
Le compositeur et son ciel - Peteris Vasks

Lundi 25 septembre 2023 sur Arte à 01h00
Festival Letton de chants et de danse 2023

Lundi 25 septembre 2023 sur Arte à 03h45
La Fura Dels Baus - Free Bach 212

Mercredi 27 septembre 2023 sur Arte à 22h40
Fanny Ardant - Naissance d'une passion

Dimanche 01 octobre 2023 sur France 3 à 00h20
Ne me touchez pas. le parcours de Laura Bachmann, élève puis danseuse de l'Opéra de Paris.

TV-Web Septembre 2023 Lyrique et Musique

Mezzo et Mezzo HD

Vendredi 01 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
Mignon d'Ambroise Thomas à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Vendredi 01 septembre 2023 sur Mezzo à 23h05
La Gioconda de Ponchielli au Gran Teatre del Liceu

Samedi 02 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
'Le Trouvère' de Verdi au Maggio Musicale Fiorentino

Dimanche 03 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
'Rusalka' de Dvorák au Dutch National Opera

Mercredi 06 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
'La Fille du régiment' de Donizetti à La Fenice de Venise

Vendredi 08 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
'L'Enchanteresse' de Tchaïkovski à l'Opéra de Francfort

Vendredi 08 septembre 2023 sur Mezzo à 22h55
La Force du destin de Verdi à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Samedi 09 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
Lakmé' de Delibes à l'Opéra de Wallonie-Liège

Dimanche 10 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
'Adelaide di Borgogna' de Rossini à Pesaro

Mardi 12 septembre 2023 sur Mezzo à 23h15
Ottone in villa de Vivaldi à La Fenice de Venise

Mercredi 13 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
'The Perfect American' de Philip Glass au Teatro Real de Madrid

Vendredi 15 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss

Vendredi 15 septembre 2023 sur Mezzo à 23h05
'Médée' de Charpentier au Théâtre des Champs-Elysées

Samedi 16 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
'Le Couronnement de Poppée' de Monteverdi à Versailles

Dimanche 17 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
'L'Enchanteresse' de Tchaïkovski à l'Opéra de Francfort

Mardi 19 septembre 2023 sur Mezzo à 23h05
La Traviata de Verdi au Gran Teatre del Liceu

Mercredi 20 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
Einstein on the beach de Philip Glass et Robert Wilson au Théâtre du Châtelet

Vendredi 22 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
Rusalka' de Dvorák au Dutch National Opera

Vendredi 22 septembre 2023 sur Mezzo à 23h30
'Le Trouvère' de Verdi au Maggio Musicale Fiorentino

Samedi 23 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
'Falstaff' de Verdi à l'Opéra de Lille

Dimanche 24 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h00
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss

Mardi 26 septembre 2023 sur Mezzo à 23h50
'La Fille du régiment' de Donizetti à La Fenice de Venise

Mercredi 27 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
'Serse' de Haendel à l'Opéra de Rouen

Vendredi 29 septembre 2023 sur Mezzo HD à 21h35
'Adelaide di Borgogna' de Rossini à Pesaro

Vendredi 29 septembre 2023 sur Mezzo à 23h00
'Lakmé' de Delibes à l'Opéra de Wallonie-Liège

Samedi 30 septembre 2023 sur Mezzo à 20h30
Don Giovanni' de Mozart au Staatsoper Berlin

TV-Web Septembre 2023 Lyrique et Musique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Illimité

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 2018) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

Roberto Alagna - Ma vie est un opéra

Le Royaume des Deux-Siciles (Roberto Alagna)

Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

Michaël Denard, le « prince » de l'Opéra de Paris

Anna Karenine (Mariinsky)

Accès Live avec Rim'K à l'Opéra Bastille pour « Le Lac des Cygnes »

Accès live à l'Opéra Garnier dans les coulisses de « La Cenerentola »

Le Requiem de Verdi (Chorégies d'Orange)

                           Septembre 2023

Guerre et Paix (Bayerische Staatsoper) jusqu'au 05 septembre 2023

Jules César en Egypte (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 07 septembre 2023

Soirée Balanchine (Opéra national de Paris) jusqu'au 07 septembre 2023

Max Emanuel Cencic chante Haendel (Bayreuth 2022) jusqu'au 09 septembre 2023

Soirée de l'Opernstudio (Opéra de Frankfurt) jusqu'au 09 septembre 2023

Il matrimonio segreto (Teatro Regio di Parma) jusqu'au 10 septembre 2023

Alessandro nell' Indie de Leonardo Vinci (Bayreuth 2022) jusqu'au 10 septembre 2023

Catone in Utica (Teatro Comunale di Ferrara) jusqu'au 17 septembre 2023

Beethoven par Herbert Blomstedt et Martha Argerich (Festival de Lucerne 2020) jusqu'au 18 septembre 2023

Les 150 ans de l'Opéra de Vienne (Concert du 26 mai 2019) jusqu'au 20 septembre 2023

Klaus Mäkelä - 9e symphonie de Mahler (Philharmonie) jusqu'au 20 septembre 2023

La Boxeuse amoureuse de Marie Agnès Gillot et Arthur H  jusqu'au 21 septembre 2023

Concert en soutien au peuple ukrainien (Orchestre national de l'Opéra de Lituanie) jusqu'au 21 septembre 2023

Boris Godounov (New National Theater Tokyo) jusqu'au 24 septembre 2023

                           Octobre 2023

Cendrillon - Pauline Viardot (Palau de les Arts Reina Sofia) jusqu'au 01 octobre 2023

Les Paladins (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 03 octobre 2023

Lakmé (Opéra Comique) jusqu'au 05 octobre 2023

Aida (Teatro dell'Opera di Roma) jusqu'au 07 octobre 2023

Kaija dans le miroir jusqu'au 13 octobre 2023

La Décision (Birmingham Opera Company) jusqu'au 14 octobre 2023

Miss Knife et ses soeurs (Festival d'Avignon) jusqu'au 14 octobre 2023

Maria Callas : Renata Tebaldi, la Féline et la Colombe jusqu'au 14 octobre 2023

Mythologies (Angelin Preljocaj) jusqu'au 15 octobre 2023

On purge bébé (Philippe Boesmans) jusqu'au 17 octobre 2023

Prix Opera XXI (Theatre principal de Palma) jusqu'au 18 octobre 2023

La Sonnambula (Deutsche Oper am Rhein) jusqu'au 21 octobre 2023

L'Oiseau de Feu (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 24 octobre 2023

Christian Thielemann dirige Brahms (Festival de Salzbourg 2023) jusqu'au 27 octobre 2023

L'Or du Rhin (Staastoper Berlin) jusqu'au 27 octobre 2023

La Walkyrie (Staastoper Berlin) jusqu'au 27 octobre 2023

Siegfried (Staastoper Berlin) jusqu'au 27 octobre 2023

Macbeth (Festival de Salzburg 2023) jusqu'au 27 octobre 2023

L'Orfeo (Staatsoper Hannover) jusqu'au 28 octobre 2023

                           Novembre 2023

Elektra (Festival d'Aix-en-Provence 2013) jusqu'au 06 novembre 2023

Rusalka (Dutch national Opera & Ballet) jusqu'au 07 novembre 2023

Atys (Opéra de Versailles) jusqu'au 09 novembre 2023

Les Talens Lyriques (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 11 novembre 2023

Tosca (Arènes de Vérone 2023) jusqu'au 12 novembre 2023

Cosi fan tutte (Festival de Salzbourg 2020) jusqu'au 12 novembre 2023

Le Songe d'une nuit d'été (Royal Swedish Opera) jusqu'au 12 novembre 2023

I Capuleti e i Montecchi (Opéra national de Paris) jusqu'au 12 novembre 2023

Henri VIII (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 16 novembre 2023

The Turn of the Screw (Teatro di Reggio Emilia) jusqu'au 21 novembre 2023

Haendel au Théâtre du Châtelet jusqu'au 23 novembre 2023

Un voyage en Égypte - Fatma Said en concert jusqu'au 24 novembre 2023

Soirée Maurice Béjart (Opéra National de Paris) jusqu'au 24 novembre 2023

Golda Schultz chante Mozart (Festival de Salzbourg 2023) jusqu'au 25 novembre 2023

Lennon (Croatian National Theatre in Zagreb) jusqu'au 26 novembre 2023

Les grandes ouvertures d'opéra de Mozart (Jean-François Zygel) jusqu'au 27 novembre 2023

                           Décembre 2023

Les chemins de Bach / Dynasties à la Philharmonie de Paris jusqu'au 01 décembre 2023

Masterclass Ailyn Pérez & Brian Jagde jusqu'au 02 décembre 2023

Fromental Halévy : La Tempesta (Wexford Festival Opera 2022) jusqu'au 03 décembre 2023

La Finta Pazza (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 04 décembre 2023

Les 300 ans de Bach (Eglise St Thomas de Leipzig) jusqu'au 06 décembre 2023

Zemira e Azor (National Theater Mannheim) jusqu'au 10 décembre 2023

Joyce DiDonato : Master Class au Carnegie Hall (I/III) jusqu'au 12 décembre 2023

Joyce DiDonato : Master Class au Carnegie Hall (II/III) jusqu'au 12 décembre 2023

Joyce DiDonato : Master Class au Carnegie Hall (III/III) jusqu'au 13 décembre 2023

Old Ghosts (Irish national Opera) jusqu'au 16 décembre 2023

Concert de Noël 2020 du Philharmonique de Radio France jusqu'au 17 décembre 2023

BBC Cardiff Singer of the World 2023 Final jusqu'au 20 décembre 2023

La vie parisienne (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 23 décembre 2023

Le Turc en Italie (Festival d'Aix-en-Provence 2014) jusqu'au 25 décembre 2023

Roméo et Juliette (Opéra national de Paris) jusqu'au 27 décembre 2023

Nabucco (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 30 décembre 2023

Léa Desandre, récital baroque jusqu'au 31 décembre 2023

 

                           Janvier 2024

'Amazon' par Lea Desandre, Thomas Dunford et l'Ensemble Jupiter  jusqu'au 01 janvier 2024

Les Noces de Figaro (Festival d'Aix-en-Provence 2021)  jusqu'au 07 janvier 2024

"Zarathoustra" & "Les Planètes" - Musée des Techniques de Spire jusqu'au 10 janvier 2024

Didon et Enée (Grand Theatre del Liceu) jusqu'au 14 janvier 2024

Idomeneo (Festival d'Aix-en-Provence 2022) jusqu'au 15 janvier 2024

Hunyadi Laszlo (Hungarian State Opera) jusqu'au 21 janvier 2024

Les artistes de l'académie de l'Opéra national de Paris (dm Dudamel) jusqu'au 23 janvier 2024

Peter Grimes (Polish National Opera & Ballet) jusqu'au 28 janvier 2024

                           Février 2024

Giulio Cesare (Opéra national des Pays-Bas) jusqu'au 01 février 2024

Il Signor Bruschino (Rossini In Wildbad) jusqu'au 11 février 2024

Les Noces de Figaro (Opéra national de Paris) jusqu'au 13 février 2024

Orchestre symphonique des jeunes d’Ukraine (Young Euro Classic 2023) jusqu'au 17 février 2024

Il Viaggio a Reims (Rossini Opera Festival) jusqu'au 18 février 2024

Le Carnaval des animaux jusqu'au 18 février 2024

                          Mars 2024

La Périchole (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 07 mars 2024

Les Noces de Figaro (Opera Ballet Vlaanderen) jusqu'au 08 mars 2024

Cassandra (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 14 mars 2024

Fauteuils d'Orchestre (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 16 mars 2024

Falstaff (Opéra de Lille) jusqu'au 22 mars 2024

Musique en fête (Chorégies d'Orange) jusqu'au 26 mars 2024

La Pucelle d'Orléans (Deutsche Opera am Rhein) jusqu'au 29 mars 2024

Hamlet (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mars 2024

Asmik Grigorian (Philharmonie de Paris) jusqu'au 31 mars 2024

                       Avril 2024

Carmen (Opéra Comique) jusqu'au 02 avril 2024

Messe en si mineur (Chapelle Royale de Versailles) jusqu'au 08 avril 2024

Le Concert de Paris 2023 jusqu'au 13 avril 2024

Récital Pene Pati (Dvorak Rudolfinum de Prague) jusqu'au 19 avril 2024

                          Mai 2024

Carmen (Chorégies d'Orange 2023) jusqu'au 03 mai 2024

Bastarda - Le Couronnement (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - La tournée royale (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Mary, Reine d'Ecosse (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Tuer une Reine (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - Miroirs brisés (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

Bastarda - La Reine de la Farce (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 28 mai 2024

                          Juin 2024

Dans les coulisses de Roméo et Juliette (Opéra national de Paris) jusqu'au 02 juin 2024

Il Turco in Italia (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 09 juin 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 30 juin 2024

                           Juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

L'incoronazione di Poppea  (Gran Theatre del Liceu de Barcelone) jusqu'au 11 juillet 2024

Wozzeck (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

L'opéra de quat'sous (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

Picture a day like this (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 13 juillet 2024

Gala d'opéra - Classic Open Air Hannover jusqu'au 14 juillet 2024

                           Septembre 2024

Christiane Eda-Pierre, en scène jusqu'au 05 septembre 2024

Dalibor (Théâtre national de Prague) jusqu'au 10 septembre 2024

Valer Sabadus (Bayreuth Baroque 2023) jusqu'au 14 septembre 2024

Bruno de Sa (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 24 septembre 2024

Télémaque et Calypso (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 30 septembre 2024

                          Décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 21 décembre 2024

 

                           Février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

                         Septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

 

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

 

                           Juillet 2026

Un opéra en guerre - Une saison avec les artistes de l'Opéra national de Kiev jusqu'au 11 juillet 2026

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique