Histoire de l'Opéra, vie culturelle parisienne et ailleurs, et évènements astronomiques. Comptes rendus de spectacles de l'Opéra National de Paris, de théâtres parisiens (Châtelet, Champs Élysées, Odéon ...), des opéras en province (Rouen, Strasbourg, Lyon ...) et à l'étranger (Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, Angleterre...).
Représentations du 17 juin 2016 (14h et 20h30) Durée 1h30 - Espace municipal Jean Vilar
Piano Julie Traouën
Baryton Emmanuel Gendre
Mise en scène et récitante Dorothée Daffy
Création Lumières Patricia Luis-Ravelo
Textes et Musiques Erik Satie (1866-1925)
La troupe des Cassandres réunit des artistes du monde musical et théâtral afin de faire connaître de nouvelles formes de spectacles alliant Art Lyrique, mises en scène vivantes, et regard audacieux sur la manière de partager sa passion avec le public. Erik Satie
Quand, en 1898, il n’eut plus suffisamment de moyens pour vivre à Montmartre, Erik Satie s’installa dans le village d’Arcueil, village traversé par le quadri-centenaire aqueduc Médicis, auquel il resta attaché pendant près de trente ans jusqu’à sa mort en 1925.
Le compositeur et pianiste français, qui vécut dans la pauvreté toute la seconde partie de sa vie, est pourtant un caractère essentiel de la culture musicale française.
Dorothée Daffy (Récitante)
Il s’opposa au culte du public pour Richard Wagner – le compositeur allemand avait totalement investi la programmation de l’Opéra de Paris, et son ‘Vaisseau Fantôme’ était même joué sur la scène de la Salle Favart -, et fut le père, avec Jean Cocteau, du ‘groupe des six’ dont sont issus Arthur Honegger, Darius Milhaud et Francis Poulenc.
Il a donc fortement influencé le renouveau musical au XXème siècle et permis l’émergence de nouveaux musiciens et compositeurs d’opéras régulièrement joués aujourd’hui.
Lettre à Jean Poueigh (adaptation sour forme de carte postale)
Et, en 1916, alors que se constituait ce groupe des six musiciens, Erik Satie composa pour Serge de Diaghilev le ballet ‘Parade’ sur un poème de Jean Cocteau.
Ce ballet opposait, en pleine première Guerre Mondiale, la poésie à la brutalité du monde moderne, ce qui lui valut une critique virulente du musicien Jean Poueigh lors de sa création au Théâtre du Châtelet.
Le spectacle des Cassandres rappelle avec humour, sur une simple carte postale, la réponse franche que lui fit Erik Satie.
Dorothée Daffy - réflexion sur un fauteuil en forme de poire
Autre clin d’œil, cette fois affectueux, les 'Trois morceaux en forme de poire' – poire symbolisée sur scène par un pouf affaissé – sont chantés en hommage à Claude Debussy et à son opéra ‘Pelléas et Mélisande’, qui fut raillé par une part de la critique parisienne pour sa soi-disante absence de forme.
Le jeune public du spectacle joué en début d'après-midi
Mais quand il arriva à Arcueil, Erik Satie eut du mal à s’habituer à son univers ouvrier.
Il s’impliqua cependant dans la vie de la commune et s’investit principalement pour les enfants défavorisés, en leur donnant des cours de solfège et en les amenant en balade par classes entières.
Et c’est ce lien fort avec les enfants que Les Cassandres nous rappellent à travers un spectacle d’une intelligence rare porté par une trentaine d’œuvres d’Erik Satie – dont les Gymnopédies, Gnossiennes, La Diva de l’empire, Je te veux, Clair de Lune de Claude Debussy, Les jeux d'eau de Maurice Ravel, Rag time …- jouées en contrepoint des textes méconnus du musicien.
Dorothée Daffy (Récitante) et Emmanuel Gendre (Baryton)
Ce spectacle, écourté de trente minutes dans sa version pour enfant, est d’abord joué devant 200 élèves d'une école primaire d'Arcueil, en début d'après-midi.
Il faut imaginer ce qu’est l’ambiance dans une salle emplie d’enfants, un fond de chuchotements incessant, des réactions à fleur de peau en réponses aux questionnements des comédiens, une indistinction entre rôles et acteurs, et une absence de barrière mentale entre scène et salle.
Dorothée Daffy (Récitante)
Dorothée Daffy, en Satie féminin, leur renvoie un portrait fort et empreint d’un charme ironique très drôle.
Douée d’une diction pleinement satyrique, elle donne à voir toute la vitalité loufoque du compositeur et son environnement poétique, et sort ainsi ce récital classique d’une interprétation conventionnelle qui pourrait paraître trop sérieuse.
Emmanuel Gendre (Baryton)
Elle est accompagnée par Emmanuel Gendre, jeune baryton qui aime impressionner son public en se mêlant à lui à travers les rangs de la salle, dont l’interprétation déjantée des airs populaires de Satie montre aussi à quel point le chant lyrique peut être l’expression théâtrale d’une exubérante joie de vivre.
Si ce spectacle pour enfants comprend un court métrage accéléré filmé à travers les rues d’Arcueil, en passant devant la façade jaune de l’appartement d'Erik Satie pour finir sur sa pierre tombale, il remémore essentiellement son attachement à leur ville - sans oublier un passage par les manèges géants de la fête foraine.
Et le second spectacle donné en soirée devant un public mixte d'adultes et d’enfants révèle encore plus largement son univers inépuisable.
Julie Traouën (Pianiste) - en fond de scène, extrait d' 'Entr'acte'
Cette seconde version s’ouvre sur un extrait du film surréaliste de René Clair (1924), ‘Entr'acte’, et, en particulier, sur la scène du coup de canon tiré par Satie et Picabia.
Cette fois, les trois personnages, récitante, baryton et pianiste sont habillés à l’identique, en veste noire et pantalon blanc, et se présentent comme des facettes distinctes du même artiste.
De nouvelles scènes font allusion à Beethoven et son ‘Hymne à la joie’ devenu l'emblème de l’Europe unie, et, surtout, des enfants apparaissent à plusieurs reprises sur scène en tant que figurants.
Enfant jouant sur scène
Ces enfants, pris parmi les plus disciplinés, ne sont pas pour autant les moins vifs, et on les admire quand ils traversent la scène en courant, rampent joyeusement par terre, dessinent à la craie sur le sol, et, surtout, quand ils viennent achever le spectacle en chantant tous en chœur ‘Allons-y Chochotte’, tout en affichant des personnalités différentes, de l’exubérance incontrôlée au calme le plus retenu, et tous couverts du chapeau melon d’Erik Satie.
Julie Traouën (Pianiste)
Et Julie Traouën, la talentueuse pianiste qui, sous un immense parapluie - un autre objet attaché au compositeur -, nous fait vivre les multiples facettes de cet univers musical facétieux et mélancolique avec un sens des nuances merveilleux, rend un très bel hommage au musicien en se prêtant, elle aussi, à ces facéties.
Enfants du choeur final
Magnifiques sonorités pleines et lumineuses, en profonde osmose avec l’esprit d'une époque bohème, les auditeurs ont bien compris qu’ils ont vécu un spectacle complet et sensoriel inoubliable.
Aida (Giuseppe Verdi)
Représentations du 13 juin et 07 juillet 2016
Opéra Bastille
Aida Sondra Radvanovsky (13/06) Liudmyla Monastyrska (07/07)
Amneris Anita Rachvelishvili (13/06) Daniela Barcellona (07/07)
Amonasro George Gagnidze (13/06) Vitaliy Bilyy (07/07)
Radamès Aleksandrs Antonenko
Il Re Orlin Anastassov
Ramfis Kwangchul Youn
Un Messaggero Yu Shao
Una Sacerdotessa Andreea Soare
Mise en scène Olivier Py (2013)
Direction musicale Daniel Oren Anita Rachvelishvili (Amneris)
Depuis plus d’un demi-siècle, ‘Aida’ n’est plus l’une des œuvres dominantes de la programmation de l’Opéra de Paris. L’époque de la lutte contre Wagner est révolue, et le Stade de France a dorénavant transformé cet opéra en un grand péplum populaire.
Son retour à l’Opéra, dans la mise en scène contestée d’Olivier Py, évoque le contexte de création de l’œuvre - c'est-à-dire, la guerre franco-prussienne de 1870, les premières années d’indépendance de l’Italie et le début de ses entreprises colonialistes en Afrique - qui se superpose aux conflits entre Egyptiens et Nubiens relatés par le livret original.
Aleksandrs Antonenko (Radamès)
Débarrassée ainsi de son exotisme, cette version scénique d’'Aida' devient une dénonciation des abus des régimes fascistes, à l’instar de l’engagement qu’avait manifesté le metteur en scène français lors des guerres d’ex-Yougoslavie entre 1991 et 1999.
Elle tente de montrer, sans éviter un didactisme fortement appuyé, le rôle du religieux dans la dissipation de la violence, l’asservissement des populations stigmatisées, et l’horreur sur laquelle se bâtit le lustre des pouvoirs dictatoriaux.
Anita Rachvelishvili (Amnéris)
Cependant, la première représentation de cette reprise n’a pas permis au public, en particulier celui qui n'avait pas vu ce spectacle en 2013, d’apprécier l’ensemble de cette vision, une panne électrique ayant immobilisé le décor au cours de la première partie. Olivier Py a heureusement eu l’élégance de venir saluer le public au final, et témoigner, à voix nue, de l’innocence de l’équipe technique de l’Opéra de Paris envers cet incident.
C’est évidemment dommage, mais au moins nous savons que son travail n’a pas subi l’effet d’une censure.
En revanche, la réussite de sa perception passe par une exécution musicale qui exalte la force du métal orchestral, la noirceur prémonitoire de son écriture, et qui affine au possible le souffle intimiste des instruments.
Sondra Radvanovsky (Aida)
Daniel Oren, qui a prouvé à plusieurs reprises dans cette salle – notamment lors d’un mémorable ‘André Chénier’ joué un soir de Noël – qu’il sait ciseler avec art les plus belles pages de l’opéra italien, n’arrive pourtant pas, à l’occasion de cette première, à tirer vers le haut la puissance d’’Aida’. Il dirige souvent dans une urgence qui écrase le son dans le fracas des percussions, empêchant alors l’émergence d’un véritable relief théâtral prenant.
Verdi mérite mieux, mais Philippe Jordan, qui avait magnifiquement sublimé son chef d’œuvre lors de la précédente série, avait du compter sur trois représentations pour lui trouver un élan fantastique. C’est donc la même trajectoire que l’on souhaite à Daniel Oren dans les jours qui viennent.
D’autant plus qu’il dispose d’une équipe de musiciens et de solistes d’une impressionnante puissance artistique.
Anita Rachvelishvili (Amnéris)
A commencer par la sensationnelle Amnéris d’Anita Rachvelishvili à la noirceur envoutante, noble et animale, et d’une sensualité phénoménale.
Elle a en elle un aplomb qui la rend surhumaine, et une puissance glamour qui donne l’impression que tout l’espace se réduit autour d’elle, malgré cette attitude boudeuse qui peut être une façon de conserver une part de mystère.
Sondra Radvanovsky, chanteuse emblématique du New-York Metropolitan Opera, vit son Aida avec une présence comparable, mais reste attachée à un mode de jeu mélodramatique nettement conventionnel.
Sa voix, elle, n’a rien de conventionnelle, et est émouvante quand ses graves se chargent de mélancolie, et sidérante de virtuosité quand elle file ses suraigus pour orner de beaux mouvements chromatiques ses sentiments les plus profonds.
Entre ces deux extrêmes, son timbre vibre de cette ampleur composite qui semble charrier un flot vocal tremblant absolument unique, mais aux inflexions plutôt monotones dans cette tessiture.
Kwangchul Youn (Ramfis)
Aleksandrs Antonenko, au regard d’aigle, impose sur scène un Radamès agressif, bien loin de briller par son héroïsme solaire, mais au contraire, d’emplir de noirceur son personnage comme il le ferait dans le rôle d’un Otello sauvage. Il offre des instants fulgurants et saisissants, soigne moins bien les beaux passages empreints d’un doux idéalisme, mais se montre également sensible en détimbrant légèrement pour chanter piano à la dernière scène.
Ces trois chanteurs hors normes, qui semblent vouloir défier les limites de l’espace sonore, sont confrontés à trois autres grands chanteurs qui paraissent bien humbles en leur présence.
Kwangchul Youn, en Ramfis, est inhabituellement lié à un large vibrato, signe probable d’une fatigue passagère, et Orlin Anastassov, naturellement trop humain, n’impose pas son roi en autorité suprême.
Les deux grandes figures du pouvoir sont donc paradoxalement en retrait au regard du trio amoureux.
George Gagnidze (Amonasro) et Sondra Radvanovsky (Aida)
En revanche, George Gagnidze s'épanouit dans une très belle incarnation d’Amonasro, une voix diffuse et insaisissable, noble et typée, qui lui donne des allures de chanteur suranné et charismatique au visage très expressif.
Une fois passées les perturbations de la première, on attend donc maintenant de ce potentiel prodigieux qu’il prenne corps, que le chœur élégiaque en seconde partie le soit de toute sa puissance en première partie, et que le chef d’orchestre réussisse à transmettre une grâce qui pousse les chanteurs à renforcer leur engagement émotionnel.
C'est en partie ce qui se produit lors des représentations de la seconde série de juillet, au cours desquelles Daniel Oren fait ressortir, lors des grands moments de tension, des couleurs de bronze et des envolées théâtrales qui réhaussent les impressions laissées lors de la première représentation.
Liudmyla Monastyrska (Aida)
La soprano ukranienne Liudmyla Monastyrska, qui reprend le rôle d'Aida, fait une entrée emflammée à l'Opéra National de Paris, plus dramatique et violente que Sondra Radvanovsky, mais avec un timbre de voix très différent, d'une noirceur voilée proche de sa consoeur Maria Guleghina, qui, il y a 15 ans, avait interprèté une impressionnante Lady Macbeth.
Dominante dans les grandes ensembles, capable de surpasser orchestre et choeur dithyrambiques et de varier ses expressions de torpeur, elle est une force déséspérée et fulgurante qui sait également tendre vers la grâce en filant ses aigus subtilement, peut-être pas avec la fluidité surnaturelle de Sondra Radvanovsky, mais avec suffisamment de souplesse pour attendrir ce portrait implacable.
Liudmyla Monastyrska (Aida)
Comparés à Anita Rachvelishvili et George Gagnidze, Daniela Barcellona et Vitaliy Bilyy diffèrent sensiblement, la première, timbre clair et névrotique semblant vivre un enfer permanent à cause de la relation entre Aida et Radamès, le second impulsif et jeune passant plus pour le frère d'Aida que pour son père.
Et quelle énergie d'ensemble, et surtout, quelle générosité sonore, excessive parfois, mais qui est la marque déraisonnable de la théâtralité lyrique.
La Traviata (Giuseppe Verdi)
Représentations du 04 et 11 juin 2016
Opéra Bastille
Violetta Valery Sonya Yoncheva (04) & Maria Agresta (11)
Flora Bervoix Antoinette Dennefeld
Annina Cornelia Oncioiu
Alfredo Germont Bryan Hymel Giorgio Germont Simone Piazzola (04) & Zeljko Lucik (11)
Gastone Julien Dran
Le Baron Douphol Fabio Previati
Le Marquis d’Orbigny Boris Grappe
Le docteur Grenvil LucBertin-Hugault
Mise en scène Benoît Jacquot (2014) Bryan Hymel (Alfredo) et Sonya Yoncheva (Violetta) Direction musicale Michele Mariotti
Créée il y a deux ans avec Diana Damrau dans le rôle-titre, la mise en scène de Benoît Jacquot pour ‘La Traviata’ est la seconde production montée à l’opéra Bastille après celle de Jonathan Miller. Elle s’y substitue avec bien meilleur goût.
Néanmoins, sa scénographie construite sur quelques grands éléments de décor symboliques, un lit à baldaquin supportant le tableau à scandale d’Edouard Manet, ‘Olympia’, un arbre près de la villa de Violetta, un escalier somptueux chez Flora, domine la présence individuelle des artistes.
Et son fond uniformément noir est un artéfact qui permet de mettre en valeur les caractères quand ils sont filmés pour un enregistrement vidéographique, ce qui est la véritable finalité de cette conception où le théâtre ne dépasse pas le cadre des conventions.
Sonya Yoncheva (Violetta)
La reprise de ce spectacle a donc pour effet de conforter ‘La Traviata’ comme le second opéra de Giuseppe Verdi le plus joué à l’Opéra de Paris depuis un demi-siècle, après ‘Rigoletto’, et de porter sur scène deux grandes interprètes du rôle, Sonya Yoncheva et Maria Agresta.
Toutes deux ont la chance d’être dirigées par l’intense et galvanisant Michele Mariotti, car, après sa lecture finement harmonisée à la délicatesse du bel canto des ‘Puritains’, en 2013, le chef d’orchestre démontre ici à quel point il est capable de s’adapter à la dramaturgie de l’ouvrage qu’il fait revivre.
Bryan Hymel (Alfredo)
Rarement a-t-on entendu l’orchestre de l’Opéra National de Paris s’emporter dans une telle lecture traversée d’ondes nerveuses à la sensibilité brutale.
Eclats éruptifs des percussions, impulsivités des cuivres qui drainent cordes et vents vers des élans violents, émergence de motifs sombres et glacés, Michele Mariotti lui transmet un tel feu que l’auditeur est naturellement pris par la fureur émotionnelle de la musique.
Soutenue par cette fougue, Sonya Yoncheva est alors une Traviata impressionnante qui s’approprie l’immensité de la salle Bastille pour y faire rayonner, avec un impact saisissant, le souffle d’une voix magnifiquement accrocheuse et richement colorée.
Sonya Yoncheva (Violetta)
De bout en bout, elle exprime toutes sortes d’inflexions qui traduisent, à la fois, les à-coups de l’âme et la furtivité complexe de ses propres sentiments.
Aucune esbroufe pour autant, et se détachent trois profils de caractère bien démarqués au fil des trois actes.
Au premier, sur la scène d'un hôtel particulier parisien où se donne une fête, elle déploie sa puissance vocale avec exubérance vers le public, dans un grand mouvement circulaire et généreux, comme s'il s’agissait de le conquérir entièrement, et en un instant.
C’est fabuleux à vivre, d’autant plus qu’elle conserve cette force vitale dans la seconde scène où elle se retrouve seule. Rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Simone Piazzola (Germont)
Dans le second acte, elle évite le mélodrame, Michele Mariotti également, et dépeint une Violetta blessée, mais qui veut laisser transparaître peu de ses troubles. Sa psychologie est celle d’une femme forte qui pense encore pouvoir surmonter la violence des coups qui lui sont portés.
Sa confrontation avec le Germont de Simone Piazzola est un monument de cruauté, car le jeune baryton italien a des accents noirs dont les contrastes des lignes semblent accordés que pour mieux imprimer de son emprise à ses protagonistes. Aucune fausse sensiblerie, il sait ce qu’il veut, et il fait peser une inquiétude constante.
Sonya Yoncheva (Violetta) - Rideau final
Enfin, au dernier acte, Sonya Yoncheva interprète un tableau grandiose où le maladif, la folie monstrueuse et la grandeur se mélangent si bien, que les fantômes de Lucia di Lammermoor, de Lady Macbeth et d’Elisabeth de Valois se rejoignent en une seule incarnation effroyable de vérité.
Sa morbidezza surgit, mais le spectaculaire l’emporte laissant à tous la sensation qu’un grand moment d’opéra s’est joué ce soir.
A ses côtés, Bryan Hymel ploie sous une telle présence, car la texture fumée de sa voix est uniforme, et l’italianité peu sensible. Seules sa large longueur de souffle et certaines intonations bien ancrées, notamment dans sa scène de colère chez Flora, lui permettent de sortir Alfredo de la transparence. Il a aussi pour lui une sympathie innée qui se ressent dans sa manière d’être.
Maria Agresta (Violetta) et Bryan Hymel (Alfredo)
Après l’incarnation exceptionnelle de Sonya Yoncheva, animée par une volonté d’impressionner et de détacher son personnage du monde dans lequel elle évolue, la Violetta que présente Maria Agresta pour les soirées qui suivent diffère considérablement.
La soprano italienne n’a certes pas la même puissance surhumaine de sa consœur bulgare, mais une ligne de chant subtile qui lui permet de composer le portrait d’une femme plus naturelle et ancrée dans son environnement social. On la voit manier habilement les codes conventionnels, au premier acte, et évoluer tout en restant fidèle à un axe sentimental qu’elle vit sans sur-jouer.
Maria Agresta (Violetta)
Les changements de couleurs et de tessitures sont menés tout en soignant la finesse du galbe vocal, des graves clairement timbrés aux aigus effilés et un peu irréels, un classicisme belcantiste qui exige de l’auditeur d’aller vers l’artiste, et de saisir les sentiments qu’elle exprime sans outrance.
Le dernier acte est ainsi chanté dans sa souffrance la plus intime.
Maria Agresta (Violetta)
Zeljko Lucik s’inscrit lui aussi dans incarnation classique de Germont. Le charme de son timbre grisonnant tend à adoucir le sens de son discours chanté et à flouter les intentions de son personnage, alors que Simone Piazzola ne laissait planer aucune ambiguïté sur la nature odieuse du père d’Alfredo.
Et à nouveau, Michele Mariotti installe un climat orchestral expressif et réfléchi, en faisant ressortir des frémissements, des plaintes sonores où bien des accents qui soulignent les enjeux émotionnels de chaque scène du drame.
Vendredi 03 juin 2016 sur France 2 à 00h30
La Traviata (Verdi) - Opéra National de Paris - ms Jacquot - dm Ciampa
Damrau, Demuro, Téxier
Dimanche 05 juin 2016 sur Arte à 18h30
Concerto n°2 (Rachmaninov) - Gerstein (piano) - dm Bychkov
Dimanche 12 juin 2016 sur Arte à 18h30
Concertos pour piano n° 20 & 21 (Mozart) - Buchbinder (piano) - Staatskapelle de Dresde
Vendredi 17 juin 2016 sur France 2 à 00h30
Le Concert de Paris 2013
Yoncheva, Alagna, Calleja, Grigolo, Tézier, Deshayes, Jaroussky
Orchestre National de France - dm Gatti
Samedi 18 juin 2016 sur France 3 à 00h30
Poliuto (Donizetti) - Glynderbourne - ms Clément - dm Mazzola
Fabiano, Martinez, Golovatenko, Rose, Robinson, Aguanno
Dimanche 19 juin 2016 sur Arte à 17h30
Verdi Mania - Verdi à Parme - Passion Verdi (23h30)
Lundi 20 juin 2016 sur Arte à 00h50
Il Trovatore (Verdi) - Salzbourg - ms Hermanis - dm Gatti
Netrebko, Domingo, Lemieux, Meli
Lundi 20 juin 2016 sur France 3 à 20h50
Musiques en fêtes en direct des Chorégies d'Orange
Vendredi 24 juin 2016 sur France 2 à 00h30
Musique pour les jardins du Roi
Les Arts Florissants - dm Christie
Dimanche 26 juin 2016 sur Arte à 18h30
Symphonie n°5 (Beethoven) - dm Karajan
Lundi 27 juin 2016 sur Arte à 00h25
Turangalîla Symphonie (Messian)- Wang (piano) - dm Dudamel
Mezzo et Mezzo HD
Vendredi 03 juin 2016 sur Mezzo à 20h30
The Tempest de Thomas Adès au Metropolitan Opera
Vendredi 03 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Roberto Alagna et Elina Garanca chantent Carmen de Bizet au Met de New York
Samedi 04 juin 2016 sur Mezzo à 20h30
Sunday In The Park With George De Stephen Sondheim Au Châtelet
Dimanche 05 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Der Rosenkavalier de Strauss à Glyndebourne
Vendredi 10 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Der Rosenkavalier de Strauss à Glyndebourne
Samedi 11 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Roberto Alagna et Elina Garanca chantent Carmen de Bizet au Met de New York
Dimanche 12 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
L'Enlèvement au Sérail de Mozart au Festival de Glyndebourne
Lundi 13 juin 2016 sur Mezzo à 20h30
La Finta Giardiniera de Mozart au Festival d'Aix-en-Provence
Vendredi 17 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Poliuto de Gaetano Donizetti au Festival de Glyndebourne
Samedi 18 juin 2016 sur Mezzo à 20h30
Aida de Verdi aux Arènes de Vérone
Dimanche 19 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Der Rosenkavalier de Strauss à Glyndebourne
Lundi 20 juin 2016 sur Mezzo à 20h30
La Traviata de Verdi au Château de Fontainebleau
Vendredi 24 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Ariane à Naxos de Strauss au Festival de Glyndebourne
Samedi 25 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
L'Etoile de Chabrier à Amsterdam
Dimanche 26 juin 2016 sur Mezzo HD à 20h30
L'Enlèvement au Sérail de Mozart au Festival de Glyndebourne
Lundi 27 juin 2016 sur Mezzo à 20h30
Didon et Enée de Purcell à l'Opéra de Rouen
Web : Opéras en accès libre
Lien direct sur les titres et sur les vidéos
Hommage à Gerard Mortier (Théâtre de la Monnaie de Bruxelles)
L'Opera Seria (La Monnaie de Bruxelles)
Un Bal Masqué (Opéra de Munich)
Parsifal (Opéra de Vienne)
Manon Lescaut (Opéra de Lettonie)
I Capuleti e i Montecchi (Opéra de Zurich)
Gianni Schicchi (Woody Allen et Placido Domingo)
Mithridate, re di ponto (La Monnaie de Bruwelles)
Reigen (Boesmans) - Opéra de Stuttgart
Rigoletto ( Opéra de Stuttgart)
Idomeneo (Théâtre an der Wien) jusqu'au 05 juin 2016
Turandot (Arènes de Vérone) jusqu'au 07 juin 2016
Rocio Marquez à Rio Loco jusqu'au 19 juin 2016
La Damnation de Faust (Opéra National de Paris) jusqu'au 21 juin 2016
La Flûte Enchantée (Den Norske Opera) jusqu'au 30 juin 2016
Le Roi Carotte (Opéra de Lyon) jusqu'au 03 juillet 2016
La Flûte Enchantée (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 06 juillet 2016
Svadba d'Ana Sokolovic (Festival d'Aix en Provence) jusqu'au 10 juillet 2016
Stiffelio (Teatro La Fenice) jusqu'au 25 juillet 2016
Eugène Onéguine (Komisch Oper Berlin) jusqu'au 30 juillet 2016
Lady Macbeth de Mzensk (Opéra de Lyon) jusqu'au 05 août 2016
Carmen (Opéra de Lyon) jusqu'au 11 août 2016
Carmen (Arènes de Vérone) jusqu'au 16 août 2016
Pas sur la bouche (Théâtre de l'Odéon de Marseille) jusqu'au 28 août 2016
La Walkyrie (Opera d'Amsterdam) jusqu'au 03 septembre 2016
Iolanta/Casse-Noisette (Opéra National de Paris) jusqu'au 25 septembre 2016
Michel Tabachnik (Opéra de Lyon) jusqu'au 25 septembre 2016
Agrippina (Theatre an der Wien) jusqu'au 30 septembre 2016
Le Médecin malgré lui (Théâtre de Genève) jusqu'au 18 octobre 2016
Le Barbier de Séville (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 23 octobre 2016
Lucio Silla (Philharmonie de Paris) jusqu'au 24 octobre 2016
Lucia di Lammermoor (Grand Théâtre d'Avignon) jusqu'au 27 octobre 2016
Rigoletto (Opéra National de Paris) jusqu'au 02 novembre 2016
Orfeo - Rossi (Opéra de Nancy) jusqu'au 09 février 2017
Les Chevaliers de la table ronde d'Hervé (Teatro Malibran) jusqu'au 15 février 2017
Alcina (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 25 février 2017
Manon Lescaut (Aubert) - Opéra Royal de Wallonie jusqu'au 17 avril 2017