Publié le 29 Novembre 2019

Eau de Kupka (M.Verhoeven-J. Krejčík)
Représentation du 27 novembre 2019
Centre culturel tchèque de Paris

Artiste lyrique Marie Verhoeven
Compositeur et musicien Jan Krejčík
Sculpteur Dominique Defontaines


Artiste peintre indépendant auquel le Grand Palais dédia une importante exposition en 2018, František Kupka quitta sa Bohême orientale natale pour rejoindre Vienne dans les années 1890, puis Paris en 1896 où il rejoignit le Montmartre bohème pour finalement s’installer en 1904  en compagnie d’Eugénie Straub dans une petite maison de Puteaux.

C’est ici qu’il peint entre 1906 et 1909  « L’Eau – la baigneuse » qui est désormais exposée au Centre Georges Pompidou de Paris, et qui porte en elle les prémices d’un travail d’abstraction qui consistera à étudier la dissolution des formes et l’harmonie des couleurs par des ondes liquides.

France Musique avait d’ailleurs proposé un jeu radiodiffusé à ses auditeurs afin qu’ils imaginent quelle musique leur inspire cette toile.
https://www.francemusique.fr/musique-classique/quelle-musique-voyez-vous-sur-l-eau-la-baigneuse-de-frantisek-kupka-61170

Détail de la projection de  « L’Eau – la baigneuse »

Détail de la projection de « L’Eau – la baigneuse »

Le compositeur tchèque Jan Krejčík et Marie Verhoeven, créatrice de l’Ensemble Rés(O)nances, apportent ainsi une réponse à travers un spectacle d’une demi-heure d’une surprenante sophistication, qui fut joué pour la première fois un mois plus tôt au Musée Kampa de Prague à l’occasion de la nouvelle exposition permanente consacrée à František Kupka et Otto Gutfreund.

La scène forme ainsi un triptyque composé, à gauche, d’un instrument créatif dit « La Rivière mobile », inventé par  Dominique Defontaines, qui permet de contrôler le débit d’un courant d’eau et de projeter ses formes ondoyantes sur un cadre rectangulaire en tissu blanc semi-transparent situé au centre de l’espace scénique, et à droite, d’un « vibraphone continu », inventé et construit par Jan Krejčík, qui permet de faire varier les hauteurs des notes en modifiant la pression sur les lames d’aluminium.

Marie Verhoeven (Artiste lyrique)

Marie Verhoeven (Artiste lyrique)

La voix de Marie Verhoeven, vibrante et homogène sur une séquence de notes qui évoquent les résonances obsédantes du « Lux Aeterna » de Ligeti, vient ainsi se superposer aux ondulations et scintillements subtils de la musique et à l’image de la « La baigneuse » et du corps de la chanteuse, elle-même déformée par les reflets de l’eau en mouvement.  Le spectateur est ainsi immergé dans un univers coloré, nimbé d’ombres fuyantes, et sensoriel, qui cherche à toucher son émotionnel en recréant une réalité organique qui le saisit et modifie son rapport au temps.

Jan Krejčík (à droite) - compositeur

Jan Krejčík (à droite) - compositeur

L’effet dans l’assistance est palpable, et les nombreux enfants, dont certains répondaient, comme un écho, aux clapotis du premier tableau musical, en resteront captivés.  Ainsi, le fait de voir la petite salle d’accueil du centre tchèque totalement remplie par une soixantaine d’auditeurs laisse imaginer que ce spectacle pourrait être joué dans un espace plus large, même si la nécessaire proximité avec la chanteuse définit également une limite pour en préserver l’immersion visuelle.

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Publié le 25 Novembre 2019

Lohengrin (Richard Wagner - 1850)
Représentation du 24 novembre 2019
Bayerische Staatsoper

Heinrich der Vogler Christof Fischesser
Lohengrin Klaus Florian Vogt
Elsa von Brabant Johanni van Oostrum
Friedrich von Telramund Wolfgang Koch
Ortrud Karita Mattila
Heerrufer des Königs Martin Gantner

Direction musicale Lothar Koenigs
Mise en scène Richard Jones (2009)

 

         Christof Fischesser (Heinrich der Vogler)

 

Dix ans se sont écoulés depuis la création de ce Lohengrin par Richard Jones, conçu dans le même esprit que son Parsifal de 2018 à l'Opéra de Paris.

En effet, en imaginant un Lohengrin qui s'immisce dans la vie de cette jeune fille, Elsa, qui rêve à sa manière de se construire un bonheur bourgeois à travers l'édification d'une petite maison individuelle familiale en bois, et qui ralliera sa communauté à cet objectif, le metteur en scène montre en premier lieu une façon de dépasser les divisions de l'Allemagne, figuré par un alignements de blasons affichés sur le mur d'avant scène au dessus de la tête du roi, pour mieux détruire cette idée au final, avec l’image du berceau qui prend feu, et nier ainsi un mode de vie sclérosant.

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

L'intention est louable, mais cette vision moderne, qui peut sincèrement toucher le public allemand, est si réductrice qu'elle évite de poser un point de vue sur les différents protagonistes et n'arrive pas à créer des scènes fortes.

La platitude du propos, le conformisme d'une société sans réel idéal, perd nécessairement toute dimension théâtrale marquante et se dissocie inévitablement de la musique.

Heureusement, l'Opéra de Bavière a réuni une solide distribution qui permet de profiter d'une interprétation musicale attachante et parfois impressionnante.

C'est dans une infinie douceur, détaillant chaque vibration de corde, que l'ouverture se tisse chaleureusement alors que le premier tableau montre Elsa dessinant les plans de sa future demeure.

Et tout au long de cette soirée, une des caractéristiques de la direction de Lothar Koenigs sera d'apporter un lyrisme somptueux aux duos et passages symphoniques, comme s'il s'agissait de préserver un intimisme quasi-chambriste qui, dans cette production, résonne parfaitement avec la symbolique de la cellule familiale.

Johanni van Oostrum (Elsa) et Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Johanni van Oostrum (Elsa) et Klaus Florian Vogt (Lohengrin)

Chanteur absolument unique avec ce timbre d'une blancheur androgyne qui, lorsqu'il s'épanouit de toute sa puissance, se colore d'une pureté de bronze, la clarté et l'éloquence avec lesquelles Klaus Florian Vogt dresse son personnage de Lohengrin depuis plus de quinze ans est un continuel émerveillement dont on ne peut que rêver qu'il dure le plus longtemps possible.

Dans un premier temps ses habits triviaux ne le valorisent pas, mais par la suite il rend à Lohengrin sa dimension sur-humaine accentuée par la nature évanescente de sa voix qui renforce l'étrangeté de son personnage. C'est pourquoi il est un fabuleux interprète de l’"exceptionnel qui ne peut se fondre naturellement au monde des hommes".

Johanni van Oostrum (Elsa)

Johanni van Oostrum (Elsa)

Récemment découverte et appréciée au Théâtre des Champs-Élysées dans une nouvelle production du Freischütz où elle chantait le rôle d’Agathe, Johanni van Oostrum n’en est pas à ses débuts au Bayerische Staatsoper puisqu’elle y a déjà interprété Mozart à travers la première Dame de La Flûte Enchantée et la Comtesse des Noces de Figaro. Et c’est avec la même approche à la fois délicate et affirmée, et une excellente projection qui préserve totalement l’intégrité et le moelleux de son timbre suave, qu’elle dessine un portrait naïf et peu tourmenté d’Elsa.

Tout est mesuré dans son jeu, et elle représente idéalement le désir d’harmonie dans le couple que certaines expressions de tendresse traduisent subtilement.

Karita Mattila (Ortrud)

Karita Mattila (Ortrud)

Karita Mattila, qui fût Elsa il y a exactement 23 ans à l’Opéra de Bastille, aborde pour la première fois le rôle d’Ortrud avec un panache saisissant au second acte. Détonations expressives et exaltées au cours de la scène d’incantation, tessiture au voile soyeux et ombré qui ennoblit son chant dans ses grands moments de confrontation avec Telramund, elle offre de plus l’image d’une femme fière et dominante, parfait mélange de somptueuse féminité et d’assurance masculine. Et elle est si bouleversante lorsqu’elle s’apitoie aux pieds Elsa, qu’elle suscite une ambivalence de sentiments troublante pour le spectateur.

Johanni van Oostrum (Elsa) et l'héritier du Brabant

Johanni van Oostrum (Elsa) et l'héritier du Brabant

Mais moins aidée par une direction d’acteur qui banalise sa dernière intervention dans les ultimes minutes de l’opéra, ses injonctions pour clamer sa joie au départ définitif de Lohengrin perdent en épaisseur et en force d’impact, tout en préservant heureusement l’intégrité de son timbre sensuel.

Et reposant sur une belle prestance et un chant d’un agréable délié, Christof Fischesser inspire un captivant sentiment de jeunesse allié à la maturité du roi Heinrich, qui est ici un personnage totalement pris au sérieux, et est doté d'une excellente tenue de souffle qui concoure à l’image d’intégrité qu’il diffuse.

En revanche, Wolfgang Koch dépeint un Telramund profondément affaibli qui ne semble jamais prendre le dessus, car son chant, fort homogène par ailleurs, ne fait que rarement émerger des accents expressifs qui pourraient lui donner plus de relief.

Quant à Martin Gantner, l’éloquence de son Hérault est immédiate.

Johanni van Oostrum, Klaus Florian Vogt et Karita Mattila

Johanni van Oostrum, Klaus Florian Vogt et Karita Mattila

L’intérêt croissant de ce Lohengrin, qui tient dans la façon dont le propos se dévoile progressivement en assumant sa part de problématique germanique, ne fait cependant pas oublier qu’il est temps pour Munich de trouver une nouvelle façon d’interpréter ce chef-d’œuvre romantique et d’en élargir le champ de réflexion.

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Publié le 19 Novembre 2019

On s’en va (d’après ‘Sur les valises’ d’Hanokh Levin)
Texte d’Hanokh Levin, traduit en polonais par Jacek Poniedziałek
Représentations du 13 et 16 novembre 2019

Théâtre National de Chaillot

Shabtaï Shouster Andrzej Chyra, Bianca, sa femme Małgorzata Hajewska-Krzysztofik
Nina, leur fille Jaśmina Polak, Bella, leur fille Magdalena Popławska
Henia Gelernter Ewa Dałkowska, Dani, son fils Jacek Poniedziałek,
Tzvi, feu son mari Bartosz Gelner
Mounia Globchik Wojciech Kalarus, Lola, sa femme Dorota Kolak,
Zigui, leur fils Piotr Polak, Bobeh, la mère de Mounia Jadwiga Jankowska-Cieślak
Tsilla Hoffsteter Monika Niemczyk, Amatzia, son fils Bartosz Gelner
Motke Shori Marek Kalita, Tzipora Shori, sa femme Maja Ostaszewska,
Avi Shori, son frère bossu Zygmunt Malanowicz
Alberto Pinkus Maciej Stuhr, Eli Houker, Alphonse Houzli Bartosz Bielenia
Angela Hopkins, une touriste américaine Magdalena Cielecka
La putain Agata Buzek, Le croque-mort, Le barman Maciej Gąsiu Gośniowskis

 

Adaptation Krzysztof Warlikowski, Piotr Gruszczynski              Maja Ostaszewska
Mise en scène Krzysztof Warlikowski, Scénographie et costumes Małgorzata Szczesniak
Musique Paweł Mykietyn, Lumières Felice Ross, Mouvements Claude Bardouil
Animations, vidéo Kamil Polak
Création à Varsovie le 14 juin 2018

Production Nowy Teatr, Varsovie. Coproduction La Comédie de Clermont-Ferrand, Théâtre de Liège, Hellenic Festival, Athènes, Bonlieu SN Annecy, Culturescapes Suisse, Bâle

Douze ans après ‘Krum, l’Ectoplasme’, Krzysztof Warlikowski est de retour à Paris pour représenter une autre pièce d’un des dramaturges auxquels il est le plus attaché, Hanokh Levin, auteur né à Tel-Aviv qui portait un regard critique et ironique sur la société israélienne totalement galvanisée à la suite de la victoire de la guerre des six jours (1967).

Agata Buzek (La putain) et Maciej Gąsiu Gośniowskis (Le Croque-Mort et Barman)

Agata Buzek (La putain) et Maciej Gąsiu Gośniowskis (Le Croque-Mort et Barman)

‘Sur les Valises’ recrée ainsi la petite vie de plusieurs familles qui vivent dans le même quartier de la capitale Israélienne et qui rêvent de s’évader de la banalité de leur quotidien. Il y a la Famille Shouster, dont les deux filles finiront pas quitter le foyer, l’une en se mariant à un riche et sexy médecin, l’autre, complexée, en rejoignant Londres, puis la famille Gelernter, dont la mère et le fils voient en Amatzia le souvenir de Tzvi, le père, et ensuite la famille Globchik, dont le père cherche à éloigner sa propre mère en maison de retraite au grand désarroi du petit-fils, Zigui, largué par l’une des filles Shouster, et qui trouvera son bonheur en se découvrant homosexuel. Une autre femme seule, Tsilla Hoffsteter, perdra son fils malade. Quant à Tzipora Shori, elle vit dans l’obsession de protéger son nouveau né dès douleurs de la vie et de préserver son corps des effets de l’âge. Dans ce dernier tableau, Maja Ostaszewska est magnifique de naturel.

 Zygmunt Malanowicz (Le bossu) et Magdalena Popławska (la fille des Schouster)

Zygmunt Malanowicz (Le bossu) et Magdalena Popławska (la fille des Schouster)

Sur scène, tous évoluent dans un grand espace qui sert aussi bien d’extérieur, d’intérieur, de salle de sport ou de boite de nuit, et, en arrière-plan, une large baie vitrée resserre contre le mur un espace étroit où, un à un, les cercueils de ceux qui ne survivent pas s’encastrent l’un après l’autre au gré d’une cérémonie tragi-comique.

Tous ces personnages sont mis en scène de manière vivante, drôle ou pathétique, en développant et en exploitant pour certains leurs capacités à se mouvoir de façon étonnante. Ainsi, le jeune et svelte Bartosz Gelner se relève-t-il du sol après un malaise avec une souplesse de geste comme s’il était en apesanteur, Jacek Poniedziałek danse à grands gestes entièrement ridicules, Maciej Stuhr se déchaîne en soirée de façon encore plus démonstrative, suivi par Piotr Polak qui le reprend de façon mimétique et amusante au moment où son personnage cherche avant tout à évacuer sa frustration et sa colère.

Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Certains protagonistes, comme Henia Gelernter et son fils, sont habillés en simple sous-vêtements, et le naturel de leurs corps sans la moindre esthétisation est exposé dans toute sa trivialité. Il va sans dire que la multiplicité de ces caractères augmente les chances que leurs traits, leurs états et leurs comportements, aient un effet miroir dérangeant sur les spectateurs, d’autant plus qu’il est souvent question des défaillances engendrées par le temps qui passe sur les corps et sur les âmes de chacun.

D’emblée, ‘On s’en va’ est donc une mise en situation sur l’extinction progressive d’une petite communauté humaine piégée, et sur les ravages du temps. Il y a bien des petits moments de poésie, mais tous cherchent à échapper à l’ennui, à se créer des petites joies et des rêves d’ailleurs, et la sexualité prosaïque en est le vecteur.

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins)

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins)

La prostituée, jouée par la fascinante et longiligne Agata Buzek, devient alors un personnage central par sa façon désinvolte et calculée de tirer profit de la vacuité des hommes afin de se donner les moyens de s’en sortir. Elle est le pendant du croque-mort, barman en journée, qui surveille et attend d’accompagner chacun vers la mort.

Pour ce rôle en apparence sinistre, Krzysztof Warlikowski a fait appel à Maciej Gąsiu Gośniowskis, un danseur-acteur qui joue sur la scène Queer en Pologne et en Bulgarie. Son parcours personnel qui, très jeune, l’a confronté à l’intolérance oppressive, lui a donné la force de la révolte et des expressions libres, et ce spectacle lui offre la possibilité d’extérioriser, en compagnie d’Agata Buzek, l’art Queer à travers un numéro de danse et de chant érotique où il joue de sa blonde chevelure féminine, laisse rayonner sa musculature qui pourrait être un modèle pour Michel-Ange, et expose précautionneusement au yeux de tous l’effet artistique de son fin tatouage idéalement dessiné.

Tous deux se complètent et exaltent la puissance du sexe et de la mort dans une chorégraphie qui rappelle beaucoup ce qu’imagina Krzysztof Warlikowski dans Salomé à l’opéra de Munich l’été dernier, quand il faisait danser la jeune princesse avec un homme au visage de mort avant la scène de résolution finale.

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins) et Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins) et Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Mais au-delà de cette scène qui exalte la puissance de la vie, pleins de petits détails soulignent subtilement l’adaptation du texte au contexte de vie du metteur en scène d’aujourd’hui. Ainsi, dès l’ouverture, le sentiment de fierté nationale est tourné en dérision à travers l’audition en direct d’une soirée d’eurovision où Israël sortirait vainqueur, mais également, certaines répliques sont parfois isolées par un acteur pour accentuer la prise de parole personnelle du metteur en scène.

Ainsi, ce n’est pas Zigui, l’homosexuel mal dans sa peau, qui clame son refus d’entrer dans un moule, mais Alberto Pinkus, détaché sur le côté, comme si Krzysztof Warlikowski parlait à ce moment précis de lui même et refusait à Zigui ce trait de caractère, puisque ce dernier trouve le bonheur en adoptant un comportement cliché et jet-set de l’homosexuel libéré.

Puis la pièce se développe et s’élargit par rapport à ‘Sur les valises’ pour donner une place prépondérante à Angela, une touriste américaine hilarante désireuse de découvrir la vie au Moyen-Orient, vue par le prisme de la superficialité et des valeurs faussement optimistes de la société Outre-Atlantique.

Bartosz Gelner (Tzvi), Jacek Poniedziałek (fils d'Henia) et Ewa Dałkowska (Henia Gelernter)

Bartosz Gelner (Tzvi), Jacek Poniedziałek (fils d'Henia) et Ewa Dałkowska (Henia Gelernter)

Ce personnage prend une dimension dominante de par le talent formidablement extraverti de Magdalena Cielecka, Alceste extraordinaire d'(A)pollonia, pour ceux qui s’en souviennent, prenant de haut ces femmes israéliennes sans maris, et soucieuse du regard de ses followers sur internet.

Au delà de la tournure en dérision que constitue la surexposition de soi via les réseaux sociaux numériques, ce portrait hyper caricatural, mais si drôle et faussement glamour - Magdalena Cielecka est absolument géniale dans sa composition outrée de la blonde décervelée -, permet en apparence de relâcher l’emprise sur le sort du petit groupe humain, pour mieux interpeler le public sur la situation des juifs en Europe, et en Pologne en particulier, ainsi que sur les ravages de l'antisémitisme toujours prégnant aujourd’hui.

Magdalena Popławska (la fille des Schouster) et Piotr Polak (Zigui)

Magdalena Popławska (la fille des Schouster) et Piotr Polak (Zigui)

Monika Niemczyk, qui répond aux idioties de la jeune américaine, est absolument éloquente, et lorsque l’on retrouve en seconde partie Angela, on finit par découvrir sa motivation réelle, le retour à ses origines qu’elle avait parfaitement dissimulé sous son verni glacé, et qui pourrait faire écho au roman ‘L’ami retrouvé’ de Fred Ulhman, où un juif, Hans Schwarz, rescapé du nazisme, revenait en Allemagne pour retrouver les traces de son ami d’enfance.

Et le spectacle bascule alors dans le présent lorsque l'on voit défiler, après les huit enterrements programmés dans la pièce, les noms des acteurs réels suivis de leurs dates de naissance et de mort, sous leur regard attentif, dos au public, alors qu’un film noir et blanc montre Magdalena Cielecka, l’actrice cette fois, sans fard, le regard grave, parcourir le ghetto de Varsovie noyé au milieu d’immeubles modernes.

Bartosz Gelner, Ewa Dałkowska, Krzysztof Warlikowski, Maja Ostaszewska et Magdalena Popławska

Bartosz Gelner, Ewa Dałkowska, Krzysztof Warlikowski, Maja Ostaszewska et Magdalena Popławska

Le voyage du spectateur l’aura donc mené d’une ancienne communauté israélienne à la réalité d’une communauté artistique d’aujourd’hui, à travers une mise en scène qui évite le théâtre de boulevard, enchante par la sensualité de la langue polonaise et des corps des artistes, la musique d'ambiance feutrée, ponctuellement pop et parsemée de petits cris en coulisses, et la crudité des expressions, non sans au préalable proposer un grand éclat de rire avec le retour de la putain devenue nouvellement touriste européenne, dont Agata Buzek surjoue  la vacuité et l’inculture avec une légèreté délirante, au milieu de l’assistance même.

Pour méditer sur les dangers et la bêtise de notre monde.

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Publié le 16 Novembre 2019

Transit de Mercure devant le Soleil, le lundi 11 novembre 2019

En 1629, l’astronome Johannes Kepler, auquel deux œuvres lyriques rendent aujourd’hui hommage, Die Harmonie der Welt (Paul Hindemith) et Kepler (Philip Glass), écrivit Admonitio astronomos, de miris ac raris, anni 1631, phenomenis nempe Mercuriit ac Veneris in Solem incrusu, un avertissement sur le fait que la planète Mercure passerait devant le Soleil le 07 novembre 1631, peu avant que Vénus ne fasse de même le 06 décembre 1631.

Début du transit de Mercure à 13h45. Panasonic Lumix FZ 72 - Iso 100 - F/5.9 -1/160 s

Début du transit de Mercure à 13h45. Panasonic Lumix FZ 72 - Iso 100 - F/5.9 -1/160 s

Il ne pourra observer ces passages car il décédera à Ratisbonne, ville située entre Nuremberg et Munich, le 15 novembre 1630, mais le mathématicien et astronome français Pierre Gassendi, qui avait lu la missive, suivra pour la première fois le transit de Mercure 1631, depuis Paris, en projetant l’image du Soleil à travers une lunette sur un papier blanc.

Ainsi, grâce à cette observation, dont les mesures seront consignées dans un ouvrage intitulé Mercurius in sole visus,  les astronomes disposeront de précieux éléments permettant de conforter leurs méthodes de calculs et leurs estimations des grandeurs planétaires et stellaires.

Transit de Mercure à 15h20. Panasonic Lumix FZ 72 - Iso 100 - F/8 -1/800 s

Transit de Mercure à 15h20. Panasonic Lumix FZ 72 - Iso 100 - F/8 -1/800 s

Le passage de Mercure devant le Soleil est relativement courant, puisqu’il se produit 13 ou 14 fois par siècle, toujours autour du 08 mai ou du 10 novembre, le dernier transit ayant eu lieu le 09 mai 2016.

En 2019, ce passage se produisait le 11 novembre, et il fallait être en Amérique du Sud, sur la façade est des États-Unis, ou bien sur la pointe ouest de l’Afrique, pour le suivre entièrement.

A Paris, le transit débutait à 13h35 et s’achevait à 19h04, mais les deux dernières heures n’étaient pas visibles du fait que le Soleil se couchait à 17h15.

Mais malgré un ciel couvert, il se produisit des trouées dans les nuages avant 14h00, ce qui permit de détecter le petit point noir de Mercure (4879 km de diamètre), planète de dimensions 3 fois inférieures à celles de la Terre, dès son entrée sur le disque solaire, et d'observer également son point de passage au plus proche du centre à 16h30.

Transit de Mercure à 16h25. Panasonic Lumix FZ 72 - Iso 100 - F/8 -1/500 s

Transit de Mercure à 16h25. Panasonic Lumix FZ 72 - Iso 100 - F/8 -1/500 s

Pour en réaliser des clichés numériques, il fallait toutefois disposer d’un appareil photo numérique équipé d’un zoom, et protéger son objectif d’un filtre solaire que chacun peut réaliser à partir d’une découpe d’une feuille solaire baader scotchée sur un support circulaire en carton.

Et la présence des nuages parsemés n’étaient pas forcément un inconvénient, car en faisant défiler leurs filaments devant le Soleil, ils amélioraient de fait le contraste entre l’ombre chinoise de Mercure et notre étoile, et permettait même de créer de jolis effets de marbrures sur son disque.

Le prochain passage de Mercure est cependant assez éloigné dans le temps, car il se produira le samedi 13 novembre 2032.

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Rédigé par David

Publié dans #Astres

Publié le 2 Novembre 2019

Don Carlo (Giuseppe Verdi - 1886)
Répétition générale du 22 octobre 2019 et représentations du 25, 31 octobre et

14, 17 et 20 novembre 2019
Opéra Bastille

Filippo II René Pape
Don Carlo Roberto Alagna (31/10), Michael Fabiano (14/11)
Rodrigo Étienne Dupuis
Il Grande Inquisitore Vitalij Kowaljow
Un frate Sava Vemić
Elisabetta di Valois Aleksandra Kurzak (31/10), Nicole Car (14/11)
La Principessa Eboli Anita Rachvelishvili
Tebaldo Eve-Maud Hubeaux
Una Voce dal cielo Tamara Banjesevic
Il Conte di Lerma Julien Dran
Deputati fiamminghi Pietro Di Bianco, Daniel Giulianini, Mateusz Hoedt, Tomasz Kumiega, Tiago Matos, Danylo Matviienko
Un Araldo Vincent Morell                                           
Anita Rachvelishvili (Eboli)

Direction musicale Fabio Luisi
Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2017)
Décors Małgorzata Szczęśniak
 
Deux ans après les 11 représentations de la version parisienne de 1866 qui avait créé un émoi prodigieux à l’Opéra de Paris, c’est au tour de la version de Modène de 1886, en italien cette fois, d’investir la grande scène Bastille pour 10 représentations de Don Carlo dans la même mise en scène de Krzysztof Warlikowski qui se focalise sur les relations individuelles et familiales du drame, dans les décors épurés de Małgorzata Szczęśniak et sous les lumières fascinantes imaginées par Felice Ross.

Aleksandra Kurzak (Elisabetta) et René Pape (Filippo II)

Aleksandra Kurzak (Elisabetta) et René Pape (Filippo II)

Dans cette version que Verdi a appréhendé dès 1882 pour la création milanaise, de nombreux passages musicaux sont réécrits afin d’atteindre une meilleure éloquence musicale, le duo Rodrigo et Don Carlo, le duo Philippe II et Rodrigo, le prélude de l’acte III, la scène et quatuor dans le bureau du roi, le duo Elisabetta et Eboli et la scène d’émeute de l’acte IV, ainsi que le duo Don Carlo et Elisabetta et l’intervention de Philippe II et de l’Inquisiteur au dernier acte.

En revanche, plusieurs scènes entre Elisabetta et Eboli disparaissent dans cette version, supprimés par Verdi dès 1867, tels l'échange de costumes avec Elisabetta, le duo ‘J’ai tout compris’ et ‘Vous l’aimiez’ dans la scène du cabinet du Roi, le bref échange lors de l’émeute, ainsi que l’air de déploration de Philippe II à la mort de Rodrigo.

Krzysztof Warlikowski a donc dû reprendre son travail pour adapter certains raccords entre scènes, mais aucun changement marquant ne modifie sa mise en scène depuis 2017, hormis l’apparence de Don Carlo, lors de la première scène de Fontainebleau, qui est celle d’un prêtre rentré dans les ordres après le coup sentimental violent dont il est la victime.

La servante et surveillante d'Elisabetta

La servante et surveillante d'Elisabetta

On retrouve ainsi ces personnages de la cour qui surveillent en silence les moindres faits et gestes de Rodrigo ou d’Elisabetta qui, avec agacement, supporte difficilement cette dame noire à la coiffure d’or qui la suit partout depuis qu’elle fut laissée seule par sa dame de cour renvoyée par Philippe. L’inquisiteur est toujours un mafieux exaspéré par l’attitude du roi en proie à une déchéance personnelle qui le noie dans l’alcool et le pousse à haïr sa femme et à la tromper par ennui avec la princesse Eboli, et le poids de la famille et de la lignée impériale militariste devient aussi prégnant que celui de la religion, mais pas avec grandiloquence, sinon par suggestion à travers la figure fantomatique de l’empereur qui apparaît en silence au début et à la fin de l’œuvre. Le noir et blanc de la vidéographie élève aussi les visages des chanteurs pour imprégner leur humanité des souvenirs de grands artistes de cinéma, l'Elisabetta d'Aleksandra Kurzak évoquant par exemple une Sophia Loren en deuil.

Tous ces caractères sont par ailleurs contemporains dans leur façon de se vêtir, comme les allusions cinématographiques qui inspirent les différentes scènes, si l’on excepte la scène particulière d’autodafé et de couronnement qui mélange les références et s’achève sur le visage étrangement déformé d’un géant dévorant un être humain se débattant en vain.

Aleksandra Kurzak (Elisabetta)

Aleksandra Kurzak (Elisabetta)

Et la beauté plastique et froide de la plupart des scènes atteint son paroxysme au cours du dernier acte, lorsque Elisabetta entre bouleversée dans la grande salle du couvent de Saint-Just sous les reflets or-boisé des parois illuminées par des rayons solaires crépusculaires. Une magnifique atmosphère qui mêle la rigueur pure des grands intérieurs du Monastère de l’Escurial aux ornementations géométriques rouge-sang des arts arabo-musulmans.

En revanche, la direction d’acteur reste mesurée au regard de ce que Krzysztof Warlikowski arrive généralement à obtenir de la part d’autres chanteurs, mais il peut compter sur l’implication entière d’Etienne Dupuis qui incarne un impressionnant Rodrigo, autoritaire, viril, une voix splendidement timbrée avec du souffle et de la vigueur qui menace même Philippe II avec insolence. Ce magnifique baryton est, de plus, fort signifiant par ses gestes de crispation, d’affection et de bienveillance, et sa mort est même précédée de furtifs pressentiments qui glacent d’effroi.

Roberto Alagna (Don Carlo)

Roberto Alagna (Don Carlo)

Elle est celle qui cristallise les affects du roi Philippe II réduit à éprouver lamentablement l’impossibilité d’inspirer des sentiments d’amour, l’Elisabetta d’Aleksandra Kurzak a le goût du mélodrame et des fragilités, mais ce qui est beau dans son incarnation est qu’elle conserve une attitude droite que l’on voit petit à petit plier au fur et à mesure que son entourage l’enserre, avant son effondrement final au dernier acte auquel elle tente de résister dès son entrée, pour enfin céder à une ligne fataliste éplorée.

Les vibrations de sa voix, les variations de couleurs du grave subtil aux tessitures plus aiguës soulignent l’affectation de son personnage royal qu’elle prend plaisir à sertir de jolies nuances parfois coquettes, et toutes ses expressions de douleurs passent principalement dans la tessiture médium-aiguë dont elle projette le souffle pénétrant de manière très efficiente, alors qu’elle use  plutôt de ses graves, pas très puissants mais torturés, dans les moments de torpeurs qui font penser au plus célèbre personnage puccinien, Tosca.

Anita Rachvelishvili (Eboli)

Anita Rachvelishvili (Eboli)

Remis de son affaiblissement vocal lors de la première représentation, Roberto Alagna peut dorénavant rejoindre sûrement sur scène celle qui est son épouse à la ville, pour lui dédier un Don Carlo bien plus robuste, au grain vocal pleinement ambré, si on le compare à la jeunesse tendre qu’il incarnait dans la version parisienne de Don Carlos jouée en 1996 au théâtre du Châtelet, dirigé par Stéphane Lissner, et la plénitude immédiate de ce timbre qui semble si facilement s’épanouir reste quelque chose d’unique à entendre encore aujourd’hui.

On sent tout de même un excès de tension à partir de la scène de la prison, car les aigus vaillants perdent en couleur quand ils sont trop forcés. Mais, s’il ne se ménage pas vocalement, il enferme cependant beaucoup trop son personnage dans une forme de fierté noble et rigide qui apparaît comme un refuge pour ne pas jouer à fond la perte de contrôle, la déstabilisation, tel que le faisait avec tant de générosité Jonas Kaufmann il y a deux ans.

Habitué à chanter plutôt dans des productions de formes anciennes, Roberto Alagna semble en permanence sur la défensive par rapport à un parti pris qui fouille les recoins de l’âme humaine, et qui se démarque donc des interprétations plus conformistes attachées à recréer un cadre historique en costumes d’époque.

Roberto Alagna (Don Carlo)

Roberto Alagna (Don Carlo)

Il était déjà Philippe II sur cette même scène 18 ans plus tôt, René Pape se livre sans réserve au personnage en pleine destructuration que Krzysztof Warlikowski souhaite dépeindre, avec une couleur de voix fort homogène et sans inflexions saillantes, la noblesse et la stature dans les moments de solitude du roi ne lui faisant jamais défaut. ‘Ella Giammai m’amò !  est naturellement chanté dans une sorte de torpeur qu’il pulvérise par une saisissante exultation de douleur, et son duel avec Étienne Dupuis, dans la salle d’escrime, prend aussi une symbolique artistique, car il représente l’expérience d’une ancienne génération qui se trouve bousculée par la nouvelle plus mordante et qui s’apprête à reprendre le flambeau.

Etienne Dupuis (Rodrigo)

Etienne Dupuis (Rodrigo)

Quant à Anita Rachvelishvili, dont la puissance et la réserve vocale sont d’un impact scotchant, elle livre la princesse Eboli à un déferlement de noirceur vocale qui résonne à travers tout son corps, avec de spectaculaires effets arabisants poitrinés lorsqu’elle évoque Mohammed, le roi des Maures, dans la 'Chanson du voile', avant de les moduler en montant vers des aigus plus naturellement intrépides que précieusement galbés.

Totalement absorbée par son jeu spontané et bouillonnant, elle interagit avec ses partenaires  avec le même niveau de tension qu’Étienne Dupuis, ce qui rend leurs échanges explosifs, et aboutit à un ‘Don Fatale’ démonstratif et sensationnel qui la pousse dans ses limites de souffle, et qui lui vaut une réaction exaltée de la part du public après un tel chant de désespoir où la forme artistique prend tout son espace au déroulement du temps présent.

Aleksandra Kurzak (Elisabetta)

Aleksandra Kurzak (Elisabetta)

Et même si la mise en scène réduit la dimension divine et mystérieuse du grand inquisiteur, Vitalij Kowaljow lui apporte consistance et unité, loin d’être un de ces personnages au timbre délabré et fantomatique que l’on retrouve souvent sous les traits de cet ecclésiastique démoniaque, une noirceur qui s’oppose avec nuances à celle du Philippe II de René Pape.

Pour compléter ce sextuor de grands chanteurs, les seconds rôles sont interprétés par des artistes presque surdimensionnés, et l’on pense bien sûr au fantastique moine de Sava Vemić, si jeune dans la vie et la voix pourtant si imprégnée de gravité sur scène, et au page d' Eve-Maud Hubeaux dont le caractère vocal, ferme et direct, présente des similarités avec celui de Nicole Car, la prochaine Elisabetta à partir de mi-novembre.

Vitalij Kowaljow (Il Grande Inquisitore) et René Pape (Filippo II)

Vitalij Kowaljow (Il Grande Inquisitore) et René Pape (Filippo II)

L’urgence dramatique doit aussi beaucoup à la direction nerveuse de Fabio Luisi qui réalise un très beau travail haut-en-couleur qui souffre peu de ses excès d’énergie – le tableau sur la place de Valladolide est mené de façon efficace à l’appui d’un chœur qui ne ménage pas sa puissance -, mais qui a tendance à vouloir aller plus vite que les chanteurs.

La scène du grand inquisiteur, dans le cabinet du roi, est une parfait réussite de variations entre larges mouvements qui se parent de splendides effets glaçants par l’utilisation acérée des cuivres, cuivres qui feront plus défaut dans d'autres scènes, de l'autodafé à l’ouverture du dernier acte dominé par les cordes mais sans emphase. Il est d’ailleurs assez surprenant de voir le chef d’orchestre démarrer ce dernier acte alors que le tableau précédent ne s’est achevé sur scène.

Etienne Dupuis (Rodrigo)

Etienne Dupuis (Rodrigo)

Et à partir du 14  novembre, au moment où Krzysztof Warlikowski débute les représentations de sa dernière pièce de théâtre ‘On s’en va’ au Théâtre national de Chaillot, Michael Fabiano et Nicole Car reprennent pour 4 représentations les rôles respectifs de Don Carlo et Elisabetta, dont il devient passionnant de comparer les différences de personnalités.

Le ténor américain, que l'on sait excellent acteur, notamment depuis son incarnation délirante de Don José dans la mise en scène de Dmitri Tcherniakov au Festival d’Aix-en-Provence, confirme ce soir sa pleine possession du personnage de l’Infant et son partage sans réserve du caractère névrotique et suicidaire que décrit si bien Krzysztof Warlikowski.

Michael Fabiano (Don Carlo)

Michael Fabiano (Don Carlo)

Voix tourmentée accomplie et bien projetée, avec des effets de clarté juvénile et de légères vibrations dans le timbre qui traduisent les fébrilités du personnage, l'apport personnel de Michael Fabiano au travail du metteur en scène est considérable, et dès le premier quart d'heure on sent que le public est complètement pris par ce qu'il se joue.

L'orchestre est par ailleurs d'emblée riche en sonorités, Fabio Luisi accorde une attention extrême aux chanteurs, et en particulier au deux nouveaux artistes, et si l'on relève un peu de retenu dans le tableau d'autodafé, l'ensemble est absolument superbe dans la scène du cabinet du roi et surtout au cinquième acte.

Nicole Car (Elisabetta)

Nicole Car (Elisabetta)

Nicole Car, une incarnation minutieuse de fragilité mélancolique et d'humanité, pleinement sensible par ses moindres gestes, n'en a pas moins un chant solide mais qui prend une dimension bouleversante au dernier acte, tant l'air de désespoir 'Tu che le vanita' est filé avec une majesté sans que l'on comprenne à quel moment elle reprend son souffle. Un très beau portrait intime d'Elisabeth qui rappelle également le personnage de Tatiana d'Eugène Onéguine, tout en nuances, qu'elle interpréta ici même il y a deux ans.

Krzysztof Warlikowski et Michael Fabiano

Krzysztof Warlikowski et Michael Fabiano

Et pour cette première avec une distribution en partie renouvelée, Krzysztof Warlikowski est venu saluer sur scène comme une marque de reconnaissance à tous ces artistes pour leur engagement, apportant ainsi la note de joie supplémentaire à un spectacle ayant pris une toute autre dimension théâtrale, une représentation des grands soirs de l'Opéra de Paris.

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Publié le 1 Novembre 2019

TV-Web Novembre 2019 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

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Don Pasquale (Donizetti) - Opéra de Paris - dm Pido - ms Michieletto

Pertusi, Sempey, Brownlee, Sierra

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Ariane et Barbe-Bleue (Dukas) - Capitole de Toulouse - dm Rophé - ms Poda

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Pianistes virtuoses de la main gauche

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Dimanche 17 novembre 2019 sur Arte à 17h50
Symphonie n°5 (Tchaikovski) - dm A.Nelsons

Dimanche 17 novembre 2019 sur Arte à 23h50
Une année avec la Maîtrise de l'église Saint-Thomas de Leipzig

Lundi 18 novembre 2019 sur Arte à 01h50
Haendel et les femmes

Genaux, Prohaska, Brazikova

Vendredi 15 novembre 2019 sur France 3 à 21h05
Fauteuil d'orchestre - Théâtre des Champs-Élysées

Dessay, Deshayes, Moreau, Ceysson, Paquette, Mika, Robin

Vendredi 15 novembre 2019 sur Arte à 22h30
Guitare, une arme à six cordes

Lundi 25 novembre 2019 sur Arte à 00h50
L'Orchestre philharmonique de Los Angeles, un orchestre pour l'avenir

Mardi 26 novembre 2019 sur France 2 à 00h05
Hamlet (Dean) - dm Jurowski - ms Armfield

Clayton, Tomlinson, Imbrailo

Dimanche 01 décembre 2019 sur France 3 à 00h30
La Cenerentola (Rossini) - Opéra de Paris - dm Dantone - ms Galienne

De Léon, Arduini, Muraro, Skerath, Tagliavini, Druet


Mezzo et Mezzo HD

Vendredi 01 novembre 2019 sur Mezzo HD à 21h00
Daniele Gatti dirige Salome de Strauss au Dutch National Opera & Ballet Amsterdam

Samedi 02 novembre 2019 sur Mezzo à 20h30
Un bal masqué de Verdi au Bayerische Staatsoper

Dimanche 03 novembre 2019 sur Mezzo HD à 21h00
Mariss Jansons dirige La Dame de Pique de Tchaïkovski

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Daniele Gatti dirige Salome de Strauss au Dutch National Opera & Ballet Amsterdam

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Semiramide de Gioachino Rossini, Teatro La Fenice

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Les Boréades de Rameau à l'Opéra de Dijon

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Dimanche 17 novembre 2019 sur Mezzo HD à 21h00
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Mercredi 20 novembre 2019 sur Mezzo à 20h30
Wozzeck d'Alban Berg au Nationale Opera d'Amsterdam

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Oprhée et Eurydice (Théâtre des Champs-Élysées) jusqu'au 02 novembre 2019

Jessye Norman - Je vis seule dans mon paradis, dans mon amour, dans mon chant - jusqu'au 04 novembre 2019

La Nonne sanglante (Opéra Comique) jusqu'au 05 novembre 2019

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Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny (Festival d'Aix en Provence) jusqu'au 10 novembre 2019

La Grande Duchesse de Gérolstein (Opéra de Cologne) jusqu'au 11 novembre 2019

Phaéton (Opéra de Versailles) jusqu'au 12 novembre 2019

Orphée aux Enfers (Festival de Salzbourg) jusqu'au 15 novembre 2019

Antropocène (Scottish Opera) jusqu'au 16 novembre 2019

Le concert des étoiles (Chorégies d'Orange) jusqu'au 17 novembre 2019

Boris Godounov (Opéra de Paris) jusqu'au 25 novembre 2019

Aida (Teatro de la Fenice) jusqu'au 26 novembre 2019

 

Macbeth (La Fenice) jusqu'au 04 décembre 2019

El Prometeo (Festival d'Aix en Provence) jusqu'au 05 décembre 2019

Play (Opéra National de Paris) jusqu'au 07 décembre 2019

Nabucco (Opéra de Zurich) jusqu'au 09 décembre 2019

Agrippina (The grande festival) jusqu'au 11 décembre 2019

The Rake's Progress (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 12 décembre 2019

Concert pour les 200 ans de Clara Schumann jusqu'au 12 décembre 2019

Passion, devoir et amour - les trois vies de Clara Schumann jusqu'au 13 décembre 2019

L’oca del Cairo, ossia Lo sposo deluso (Hungarian State Opera) jusqu'au 20 décembre 2019

Don Giovanni (Opéra National de Paris) jusqu'au 21 décembre 2019

Die Fledermaus (Opéra de Vienne) jusqu'au 24 décembre 2019

La Traviata (Opéra National de Paris) jusqu'au 28 décembre 2019

Paria (Poznan Opera) jusuq'au 29 décembre 2019

Barbe-Bleue (Opéra de Lyon) jusqu'au 30 décembre 2019

 

Brothers (Armel Opera Festival) jusqu'au 01 janvier 2020

Journal d'un disparu (Armel Opera Festival) jusqu'au 02 janvier 2020

Les Noces de Figaro (Armel Opera Festival) jusqu'au 03 janvier 2020

Away, no matter where (Armel Opera Festival) jusqu'au 04 janvier 2020

Don Giovanni (Armel Opera Festival) jusqu'au 05 janvier 2020

Il Trovatore (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 05 janvier 2020

8eme symphonie de Mahler (Chorégies d'Orange) jusqu'au 08 janvier 2020

Ariane et Barbe Bleue (Capitole de Toulouse) jusqu'au 14 janvier 2020

Les Huguenots (Opéra de Paris) jusqu'au 21 janvier 2020

Il Sogno Di Scipione (La Fenice) jusqu'au 18 février 2020

Giselle (Opéra de Paris) jusqu'au 23 février 2020

La Bohème (NCPA, Mumbai) jusqu'au 05 mars 2020

Aida (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 08 mars 2020

Hamlet (OPERA2DAY) jusqu'au 12 mars 2020

Esa-Pekka Salonen dirige Chostackovitch et Bruchner jusqu'au 12 mars 2020

Halka (Poznan Opera) jusqu'au 19 mars 2020

Karine Deshayes et l'ONF interprètent Ravel et Debussy jusqu'au 26 mars 2020

Sternenhoch (National Theatre Prague) jusqu'au 26 mars 2020

Jessye Norman et Kathleen Battle chantent des spirituals jusqu'au 30 mars 2020

Jenufa (National Theatre Brno) jusqu'au 01 avril 2020

L'Inondation (Opéra Comique) jusqu'au 02 avril 2020

Le Barbier de Séville (Opéra de Rouen) jusqu'au 05 avril 2020

Requiem de Mozart (Festival d'Aix en Provence 2019) jusqu'au 05 avril 2020

La fontaine de Bakhtchisaraï (Mariinsky) juqu'au 09 avril 2020

Norma (Capitole de Toulouse) jusqu'au 11 avril 2020

The Bassarids (Komische Oper Berlin) jusqu'au 12 avril 2020

Anna Bolena (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 16 avril 2020

Der ferne Klang (Royal Swedish Opera) jusqu'au 18 avril 2020

Phaéton (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 24 avril 2020

Carmen (NPCA Beijing) jusqu'au 24 avril 2020

Don Giovanni (Opéra de Rome) jusqu'au 25 avril 2020

Le Barbier de Séville (Teatro Municipal de Santiago) jusqu'au 26 avril 2020

Nikolai Subic Arinjski (Croatian National Theaterb in Zagreb) jusqu'au 01 mai 2020

La Passion selon Saint-Jean (Festival de Pâques) jusqu'au 04 mai 2020

Ermione (Teatri di San Carlo) jusqu'au 08 mai 2020

Les Boréades (Opéra de Dijon) jusqu'au 15 mai 2020

La Clémence de Titus (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 24 mai 2020

La messe en si (Philharmonie de Paris) jusqu'au 26 mai 2020

Parade (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 14 juin 2020

Berlioz, le concert monstre (Philharmonie de Paris) jusqu'au 24 juin 2020

Requiem de Mozart, Yoann Bourgeois (La Seine musicale) jusqu'au 29 juin 2020

The Rake's Progress (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 10 juillet 2020

Tosca (Festival d'Aix en Provence 2019) jusqu'au 10 juillet 2020

Musiques baroques d'Espagne et d'Italie (Festival de Grenade) jusqu'au 22 juillet 2020

Peer Gynt par David Bobee (Maison des Arts de Créteil) jusqu'au 21 septembre 2020

Madame Butterfly (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 25 septembre 2020

Les Indes Galantes (Opéra National de Paris) jusqu'au 09 octobre 2020

The Indian Queen (Opéra de Lille) jusqu'au 11 octobre 2020

Turandot (Gran Teatre del Liceu de Barcelone) jusqu'au 14 octobre 2020

Richard Coeur de Lyon (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 17 octobre 2020

Shell Shock, a Requiem for a War (Philharmonie) jusqu'au 30 octobre 2020

Laurence Equilbey dirige Thamos de Mozart (Seine Musicale) jusqu'au 13 décembre 2020

Barbara Hannigan dirige Bartok, Haydn, Ligeti et Kurtag (Radio France) jusqu'au 24 juillet 2021

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique