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Publié le 19 Novembre 2019

On s’en va (d’après ‘Sur les valises’ d’Hanokh Levin)
Texte d’Hanokh Levin, traduit en polonais par Jacek Poniedziałek
Représentations du 13 et 16 novembre 2019

Théâtre National de Chaillot

Shabtaï Shouster Andrzej Chyra, Bianca, sa femme Małgorzata Hajewska-Krzysztofik
Nina, leur fille Jaśmina Polak, Bella, leur fille Magdalena Popławska
Henia Gelernter Ewa Dałkowska, Dani, son fils Jacek Poniedziałek,
Tzvi, feu son mari Bartosz Gelner
Mounia Globchik Wojciech Kalarus, Lola, sa femme Dorota Kolak,
Zigui, leur fils Piotr Polak, Bobeh, la mère de Mounia Jadwiga Jankowska-Cieślak
Tsilla Hoffsteter Monika Niemczyk, Amatzia, son fils Bartosz Gelner
Motke Shori Marek Kalita, Tzipora Shori, sa femme Maja Ostaszewska,
Avi Shori, son frère bossu Zygmunt Malanowicz
Alberto Pinkus Maciej Stuhr, Eli Houker, Alphonse Houzli Bartosz Bielenia
Angela Hopkins, une touriste américaine Magdalena Cielecka
La putain Agata Buzek, Le croque-mort, Le barman Maciej Gąsiu Gośniowskis

 

Adaptation Krzysztof Warlikowski, Piotr Gruszczynski              Maja Ostaszewska
Mise en scène Krzysztof Warlikowski, Scénographie et costumes Małgorzata Szczesniak
Musique Paweł Mykietyn, Lumières Felice Ross, Mouvements Claude Bardouil
Animations, vidéo Kamil Polak
Création à Varsovie le 14 juin 2018

Production Nowy Teatr, Varsovie. Coproduction La Comédie de Clermont-Ferrand, Théâtre de Liège, Hellenic Festival, Athènes, Bonlieu SN Annecy, Culturescapes Suisse, Bâle

Douze ans après ‘Krum, l’Ectoplasme’, Krzysztof Warlikowski est de retour à Paris pour représenter une autre pièce d’un des dramaturges auxquels il est le plus attaché, Hanokh Levin, auteur né à Tel-Aviv qui portait un regard critique et ironique sur la société israélienne totalement galvanisée à la suite de la victoire de la guerre des six jours (1967).

Agata Buzek (La putain) et Maciej Gąsiu Gośniowskis (Le Croque-Mort et Barman)

Agata Buzek (La putain) et Maciej Gąsiu Gośniowskis (Le Croque-Mort et Barman)

‘Sur les Valises’ recrée ainsi la petite vie de plusieurs familles qui vivent dans le même quartier de la capitale Israélienne et qui rêvent de s’évader de la banalité de leur quotidien. Il y a la Famille Shouster, dont les deux filles finiront pas quitter le foyer, l’une en se mariant à un riche et sexy médecin, l’autre, complexée, en rejoignant Londres, puis la famille Gelernter, dont la mère et le fils voient en Amatzia le souvenir de Tzvi, le père, et ensuite la famille Globchik, dont le père cherche à éloigner sa propre mère en maison de retraite au grand désarroi du petit-fils, Zigui, largué par l’une des filles Shouster, et qui trouvera son bonheur en se découvrant homosexuel. Une autre femme seule, Tsilla Hoffsteter, perdra son fils malade. Quant à Tzipora Shori, elle vit dans l’obsession de protéger son nouveau né dès douleurs de la vie et de préserver son corps des effets de l’âge. Dans ce dernier tableau, Maja Ostaszewska est magnifique de naturel.

 Zygmunt Malanowicz (Le bossu) et Magdalena Popławska (la fille des Schouster)

Zygmunt Malanowicz (Le bossu) et Magdalena Popławska (la fille des Schouster)

Sur scène, tous évoluent dans un grand espace qui sert aussi bien d’extérieur, d’intérieur, de salle de sport ou de boite de nuit, et, en arrière-plan, une large baie vitrée resserre contre le mur un espace étroit où, un à un, les cercueils de ceux qui ne survivent pas s’encastrent l’un après l’autre au gré d’une cérémonie tragi-comique.

Tous ces personnages sont mis en scène de manière vivante, drôle ou pathétique, en développant et en exploitant pour certains leurs capacités à se mouvoir de façon étonnante. Ainsi, le jeune et svelte Bartosz Gelner se relève-t-il du sol après un malaise avec une souplesse de geste comme s’il était en apesanteur, Jacek Poniedziałek danse à grands gestes entièrement ridicules, Maciej Stuhr se déchaîne en soirée de façon encore plus démonstrative, suivi par Piotr Polak qui le reprend de façon mimétique et amusante au moment où son personnage cherche avant tout à évacuer sa frustration et sa colère.

Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Certains protagonistes, comme Henia Gelernter et son fils, sont habillés en simple sous-vêtements, et le naturel de leurs corps sans la moindre esthétisation est exposé dans toute sa trivialité. Il va sans dire que la multiplicité de ces caractères augmente les chances que leurs traits, leurs états et leurs comportements, aient un effet miroir dérangeant sur les spectateurs, d’autant plus qu’il est souvent question des défaillances engendrées par le temps qui passe sur les corps et sur les âmes de chacun.

D’emblée, ‘On s’en va’ est donc une mise en situation sur l’extinction progressive d’une petite communauté humaine piégée, et sur les ravages du temps. Il y a bien des petits moments de poésie, mais tous cherchent à échapper à l’ennui, à se créer des petites joies et des rêves d’ailleurs, et la sexualité prosaïque en est le vecteur.

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins)

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins)

La prostituée, jouée par la fascinante et longiligne Agata Buzek, devient alors un personnage central par sa façon désinvolte et calculée de tirer profit de la vacuité des hommes afin de se donner les moyens de s’en sortir. Elle est le pendant du croque-mort, barman en journée, qui surveille et attend d’accompagner chacun vers la mort.

Pour ce rôle en apparence sinistre, Krzysztof Warlikowski a fait appel à Maciej Gąsiu Gośniowskis, un danseur-acteur qui joue sur la scène Queer en Pologne et en Bulgarie. Son parcours personnel qui, très jeune, l’a confronté à l’intolérance oppressive, lui a donné la force de la révolte et des expressions libres, et ce spectacle lui offre la possibilité d’extérioriser, en compagnie d’Agata Buzek, l’art Queer à travers un numéro de danse et de chant érotique où il joue de sa blonde chevelure féminine, laisse rayonner sa musculature qui pourrait être un modèle pour Michel-Ange, et expose précautionneusement au yeux de tous l’effet artistique de son fin tatouage idéalement dessiné.

Tous deux se complètent et exaltent la puissance du sexe et de la mort dans une chorégraphie qui rappelle beaucoup ce qu’imagina Krzysztof Warlikowski dans Salomé à l’opéra de Munich l’été dernier, quand il faisait danser la jeune princesse avec un homme au visage de mort avant la scène de résolution finale.

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins) et Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Magdalena Cielecka (Angela Hopkins) et Monika Niemczyk (Tsilla Hoffsteter)

Mais au-delà de cette scène qui exalte la puissance de la vie, pleins de petits détails soulignent subtilement l’adaptation du texte au contexte de vie du metteur en scène d’aujourd’hui. Ainsi, dès l’ouverture, le sentiment de fierté nationale est tourné en dérision à travers l’audition en direct d’une soirée d’eurovision où Israël sortirait vainqueur, mais également, certaines répliques sont parfois isolées par un acteur pour accentuer la prise de parole personnelle du metteur en scène.

Ainsi, ce n’est pas Zigui, l’homosexuel mal dans sa peau, qui clame son refus d’entrer dans un moule, mais Alberto Pinkus, détaché sur le côté, comme si Krzysztof Warlikowski parlait à ce moment précis de lui même et refusait à Zigui ce trait de caractère, puisque ce dernier trouve le bonheur en adoptant un comportement cliché et jet-set de l’homosexuel libéré.

Puis la pièce se développe et s’élargit par rapport à ‘Sur les valises’ pour donner une place prépondérante à Angela, une touriste américaine hilarante désireuse de découvrir la vie au Moyen-Orient, vue par le prisme de la superficialité et des valeurs faussement optimistes de la société Outre-Atlantique.

Bartosz Gelner (Tzvi), Jacek Poniedziałek (fils d'Henia) et Ewa Dałkowska (Henia Gelernter)

Bartosz Gelner (Tzvi), Jacek Poniedziałek (fils d'Henia) et Ewa Dałkowska (Henia Gelernter)

Ce personnage prend une dimension dominante de par le talent formidablement extraverti de Magdalena Cielecka, Alceste extraordinaire d'(A)pollonia, pour ceux qui s’en souviennent, prenant de haut ces femmes israéliennes sans maris, et soucieuse du regard de ses followers sur internet.

Au delà de la tournure en dérision que constitue la surexposition de soi via les réseaux sociaux numériques, ce portrait hyper caricatural, mais si drôle et faussement glamour - Magdalena Cielecka est absolument géniale dans sa composition outrée de la blonde décervelée -, permet en apparence de relâcher l’emprise sur le sort du petit groupe humain, pour mieux interpeler le public sur la situation des juifs en Europe, et en Pologne en particulier, ainsi que sur les ravages de l'antisémitisme toujours prégnant aujourd’hui.

Magdalena Popławska (la fille des Schouster) et Piotr Polak (Zigui)

Magdalena Popławska (la fille des Schouster) et Piotr Polak (Zigui)

Monika Niemczyk, qui répond aux idioties de la jeune américaine, est absolument éloquente, et lorsque l’on retrouve en seconde partie Angela, on finit par découvrir sa motivation réelle, le retour à ses origines qu’elle avait parfaitement dissimulé sous son verni glacé, et qui pourrait faire écho au roman ‘L’ami retrouvé’ de Fred Ulhman, où un juif, Hans Schwarz, rescapé du nazisme, revenait en Allemagne pour retrouver les traces de son ami d’enfance.

Et le spectacle bascule alors dans le présent lorsque l'on voit défiler, après les huit enterrements programmés dans la pièce, les noms des acteurs réels suivis de leurs dates de naissance et de mort, sous leur regard attentif, dos au public, alors qu’un film noir et blanc montre Magdalena Cielecka, l’actrice cette fois, sans fard, le regard grave, parcourir le ghetto de Varsovie noyé au milieu d’immeubles modernes.

Bartosz Gelner, Ewa Dałkowska, Krzysztof Warlikowski, Maja Ostaszewska et Magdalena Popławska

Bartosz Gelner, Ewa Dałkowska, Krzysztof Warlikowski, Maja Ostaszewska et Magdalena Popławska

Le voyage du spectateur l’aura donc mené d’une ancienne communauté israélienne à la réalité d’une communauté artistique d’aujourd’hui, à travers une mise en scène qui évite le théâtre de boulevard, enchante par la sensualité de la langue polonaise et des corps des artistes, la musique d'ambiance feutrée, ponctuellement pop et parsemée de petits cris en coulisses, et la crudité des expressions, non sans au préalable proposer un grand éclat de rire avec le retour de la putain devenue nouvellement touriste européenne, dont Agata Buzek surjoue  la vacuité et l’inculture avec une légèreté délirante, au milieu de l’assistance même.

Pour méditer sur les dangers et la bêtise de notre monde.

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Publié le 22 Novembre 2016

Les Français - Francuzi (Krzysztof Warlikowski) 
D’après A la recherche du temps perdu de Marcel Proust
Représentations du 19 et 25 novembre 2016

 

Théâtre National de Chaillot

Charles Morel Bartosz Bielenia
Charles Swann Mariusz Bonaszewski
Marie de Guermantes, Rachel, Phèdre Agata Buzek
Oriane de Guermantes Magdalena Cielecka
Princesse de Parme, Reine de Naples, Gilberte Swann Ewa Dalkowska
Narrateur Bartosz Gelner
Sidonie Verdurin et de Guermantes Malgorzata Hajewska-Krzysztofik
Gustave Verdurin, Gilbert de Guermantes Wojciech Kalarus
Basin de Guermantes Marek Kalita
Alfred Dreyfus Zygmunt Malanowicz
Odette de Crécy Maja Ostaszewska
Baron de Charlus Jacek Poniedzialek
Robert de Saint-Loup Maciej Stuhr
Performance Claude Barnouil
Violoncelle Michal Pepol                          
         Magdalena Cielecka (Oriane de Guermantes)

Adaptation Krzysztof Warlikowski, Piotr Gruszczynski
Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2015)
Scénographie Malgorzata Szczesniak
Production Nowy Teatr

Plus d’un an après les premières représentations au festival de la Ruhrtriennale, la dernière pièce de Krzysztof Warlikowski, dédiée à l’ouvrage majeur de Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, fait écho au dernier roman d’Olivier Py, Les Parisiens.

Car aussi bien dans Les Français que dans Les Parisiens, il est fait une description d’une société qui tourne à vide, malgré ses ambitions, sans qu'aucune aspiration à un idéal salvateur ne se découvre.

Bartosz Bielenia (Morel) et Maciej Stuhr (Saint-Loup)

Bartosz Bielenia (Morel) et Maciej Stuhr (Saint-Loup)

Et alors qu'une pièce aussi crue qu’Angels in America réservait de très beaux passages d’intimité et de profondeur dans les rapports interpersonnels, le directeur polonais montre de la scène proustienne une suffisance personnelle qui la dénue de toute sensibilité à autrui, ou de toute lucidité.

Le narrateur, incarné par Bartosz Gelner, l’évocation troublante d’un Krzysztof Warlikowski jeune, est représenté tel Proust malade, observant ou revivant son histoire à ce monde qui l’a fait souffrir, une description du mal être qui colle à la peau du metteur en scène.

Bartosz Gelner (Le narrateur) et Maja Ostaszewska (Odette de Crécy)

Bartosz Gelner (Le narrateur) et Maja Ostaszewska (Odette de Crécy)

On reconnait immédiatement Oriane de Guermantes, sophistiquée, parfaitement sûre de son personnage, que Magdalena Cielecka, actrice qui paraît si détachée d’elle-même, joue d’un impressionnant réalisme à travers les gestes les plus furtifs, les petites touches de respirations, et les rictus charmeurs.

C’est d’ailleurs à cette incroyable capacité à créer des personnages plus vrais que nature que se distingue la troupe du Nowy Teatr, une performance rarement aussi aboutie par l’école théâtrale française.

Bartosz Gelner (Le narrateur) et Agata Buzek (Rachel)

Bartosz Gelner (Le narrateur) et Agata Buzek (Rachel)

Krzysztof Warlikowski a ainsi sélectionné plusieurs thèmes, l’attachement aveugle d’Un amour de Swann, - Mariusz Bonaszewski accentue l’état de bête de Swann - la bêtise et le rêve d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs, l’indifférence du Côté des Guermantes, les rapports homosexuels troubles de Sodome et Gomorrhe et Albertine, et l’inévitable déchéance de la vieillesse du Temps retrouvé.

Tout se déroule dans une pièce unique avec, au fond, un bar, surmonté d’un écran large, à gauche, un canapé-lit, et à droite, une cage de verre mobile qui accroît l’impression de cloisonnement.

Maja Ostaszewska (Odette de Crécy)

Maja Ostaszewska (Odette de Crécy)

Claude Barnouil, affublé d’un masque de noir, intervient dans une chorégraphie qui place le noir dans la même posture que la prostituée, Rachel - Agata Buzek -, personnages étranges ici. Nous reviennent alors les images de cette magnifique Lulu interprétée par Barbara Hannigan à La Monnaie, en 2013, et animée par son rêve d’enfance de devenir danseuse classique.

Nous devinerons même l'Adage du Pas de deux de Casse-Noisette arrangé sur une orchestration hard rock assourdissante.

Magdalena Cielecka (Oriane de Guermantes)

Magdalena Cielecka (Oriane de Guermantes)

Les références musicales vont de Im waiting here, de David Lynch et Lykke Li, à Rachel, grand du seigneur, extrait de La Juive d’Halevy, et Also Sprach Zarathusta de Richard Strauss – à travers une référence grotesque à 2001 L’Odyssée de l’Espace – signe de la fin des utopies.

On assiste à une mise en scène habile et fascinante de tous les clichés possibles, les images d’Epinal acides d’homosexuels snobs, les attitudes surfaites de la haute société, et une mise en scène géniale de la théâtralité d’Odette de Crécy, dont le portrait magistralement brossé par Maja Ostaszewska est un grand moment impossible et hilarant de la pièce.

Ewa Dalkowska (Reine de Naples)

Ewa Dalkowska (Reine de Naples)

La vidéo, élément dorénavant incontournable des spectacles de Krzysztof Warlikowski , qui fait d'ailleurs l’objet d’un ouvrage intitulé L’art vidéo à l’opéra (Alternatives théâtrales), est utilisée aussi bien pour souligner de manière très esthétique le thème du désir, à travers les baisers de couples homo et hétéro sexuels, que pour ouvrir sur le désir d’évasion vers les grands espaces de la nature, un paradis perdu pour la société décrite ici.

Bartosz Gelner (Le narrateur)

Bartosz Gelner (Le narrateur)

Certaines scènes sont très physiques, sadomasochisme d’une lutte de corps-à-corps inextricable, scènes de séduction autour du bar, mais la froideur et la dureté du monde, rendues presque charnelles par les respirations en fond sonore, renforcent cette impression d’immersion dans un monde inconnu qui est pourtant l’intériorité de ces personnages.

Maja Ostaszewska (Odette de Crécy) et Bartosz Bielenia (Morel)

Maja Ostaszewska (Odette de Crécy) et Bartosz Bielenia (Morel)

Ewa Dalkowska, elle, en Reine de Naples ou Princesse de Parme, a un rôle plus léger et presque rassurant, la seule lueur maternelle de la scène.

Quant au fascinant Bartosz Bielenia, longue crinière claire qui ajoute au trouble de Charles Morel, il représente une vision artistique naturelle de la fusion des traits masculins et féminins.

Bartosz Gelner (Le narrateur)

Bartosz Gelner (Le narrateur)

Il y a enfin, dans le prolongement de ces figures qui angoissent de se retrouver seules face à la mort, au temps retrouvé, l'ultime scène de l'aveu de Phèdre déclamé avec une force déchirante inouïe par Agata Buzek, la chevelure sauvage, l'instinct suicidaire à fleur de peau.

Impossible d'ignorer l'incarnation d'Isabelle Huppert dans Phèdre(s) quand elle jette de tout son être un 'J'aime!' viscéralement vrai, mais l'actrice polonaise la dépasse en intensité car elle y ajoute l'insondable désespoir de la passion adolescente.

Double du narrateur, et de Krzysztof Warlikowski, à l'instar de Rachel, Phèdre symbolise en fait l'amour passionnel du jeune homme pour Gilberte, et même, cet amour fondamental qui s'est fracassé sur un monde qui y était totalement insensible.

Krzysztof Warlikowski

Krzysztof Warlikowski

Près de quatre heures de spectacle, hors entractes, une nécessité de le revoir au moins une seconde fois, l’expérience sensorielle de l’univers de Krzysztof Warlikowski, même s’il s’écarte totalement d’un style narratif progressif, et même si un inévitable décrochage du texte survient, est quelque chose qui nous préserve du simplisme ambiant, de la pensée creuse, et qui nous enrichit de sensations indélébiles qui nous font nous sentir un peu plus différents à chaque expérience.

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Publié le 16 Février 2014

Kabaret warszawski (Krzysztof Warlikowski)
Représentations du 12 et 14 février 2014
Théâtre National de Chaillot
Durée 4h30 (avec un entracte)

Mise en scène Krzysztof Warlikowski

Dramaturgie Piotr Gruszczynski
Décor et costumes Malgorzata Szczesniak

Production du Nowy Teatr, Varsovie

Avec Andrzej Chyra, Magdalena Cielecka, Maja Ostaszewska, Ewa Dalkowska, Maciej Stuhr, Malgorzata Hajewska-Krzysztofik, Magdalena Poplawska, Claude Bardouil, Stanislawa Celinska, Bartosz Gelner, Wojciech Kalarus, Redbad Klijnstra, Zygmunt Malanowicz, Piotr Polak, Jacek Poniedzialek.

                                                                                         Claude Bardouil

Musiciens Pawel Bomert, Piotr Maslanka, Pawel Stankiewicz, Fabian Wlodarek

 

Avec cette nouvelle pièce spécifiquement imaginée pour le public polonais afin de proposer un espace de liberté qui puisse parler de la résurgence des discours nationalistes, de l’accroissement des discours intolérants aux choix de vie minoritaires – sous prétexte qu’en Démocratie seule compte la voix de la majorité – et de l’oppression de plus en plus agressive des milieux catholiques intégristes d’extrême droite, Krzysztof Warlikowski s’est appuyé sur deux oeuvres principales : La pièce I am a Camera (1951) de John Van Druten, qui est le sujet de sa première partie de spectacle et qui se déroule dans le Berlin des années 30 pendant la montée du nazisme, et le film Shortbus (2005) de John Cameron Mitchell, en deuxième partie de spectacle, qui parle de la sexualité comme remède au mal de vivre dans une ville telle que New-York après les attentats du 11 septembre.

Zygmunt Malanowicz

Zygmunt Malanowicz

Contrairement à ses pièces précédentes qui s’inspiraient de sources littéraires approchant l’humain dans sa complexité la plus obscure, Shakespeare, Levin, Coetzee, Kushner, Kafka, Krall, Kane ou bien Koltès, Kabaret warszawski ne contient pas la même richesse de texte.

En revanche, la musique est bien plus prépondérante, ce qui est l’apanage du lieu.

Ainsi, quatre musiciens prennent place sur un côté de la scène pour interpréter live des morceaux contemporains, en alternance avec de la musique enregistrée.

Wojciech Kalarus, Bartosz Gelner, Redbad Klijnstr sur la musique de Oh, du shöner Westerwald

Wojciech Kalarus, Bartosz Gelner, Redbad Klijnstr sur la musique de Oh, du shöner Westerwald

Le voyage musical est absolument vaste et évocateur des lieux et des époques mais avec un sens très réfléchi, puisque que l’on entend aussi bien une marche militaire allemande « Oh, du shöner Westerwald », suivie d’un dance israélienne « Halaila » (La nuit est tombée)« Time to say goodbye », « Je t’aime … moi non plus » en première partie, que du Radiohead, dont le magnifique « How to Disappear Completely », en seconde partie.

Derrière l’apparente légèreté de ces airs, se cache en fait une gravité de situation.

Quant aux amateurs de musique lyrique, eux, ils reconnaitront autant l’ouverture de l’Or du Rhin que le « o du, mein holder Abendstern » de Richard Wagner.

Magdalena Cielecka  (Sally Bowles)

Magdalena Cielecka (Sally Bowles)

Dans I am a Camera, Krzysztof Warlikowski montre Sally Bowles (Magdalena Cielecka) avec une excentricité décoiffante  – c’est le mot – mais aussi à travers des rêves illusoires de célébrité et la solitude qu’elle en récoltera au final ( le personnage de Jacqueline Bonbon n’est que le prolongement de Sally). Derrière les paillettes, pointe le désastre d’une vie où elle n’a dû compter que sur elle-même, et son portrait rejoint celui que le metteur en scène avait fait d’Iphigénie dans  « Iphigénie en Tauride » au Palais Garnier, c'est-à-dire cette fascination pour ces artistes qui auront connu les heures de gloire, et qui finiront dans l’alcool et l’isolement.
On entend, dans le lointain, rompant avec le silence, les réminiscences des airs qu’elle chantait quand elle était plus jeune.

Maciej Stuhr et Piotr Polak (James et Jamie)

Maciej Stuhr et Piotr Polak (James et Jamie)

La montée du nazisme est figurée par la projection du défilé des jeux olympiques de 1936 devant Hitler. A voir toutes ces nationalités, on reste ébahi à se demander, encore aujourd’hui, comment des représentants du monde entier, occidentaux mais aussi africains ou asiatiques, ont pu marcher dans cette propagande, et comment la capacité d’obéissance de l’homme peut l’amener à coopérer aussi loin même avec un tel régime.

Les dernières scènes montrent comment l’individu se déconstruit en se pliant à l’idéologie d’un Hitler de cabaret, alors que les premières violences antisémites, dans un univers de plus en plus glauque, commencent à frapper.

Piotr Polak et Magdalena Poplawska

Piotr Polak et Magdalena Poplawska

La seconde partie, Short Bus, place l’expression de l’identité sexuelle au cœur du sujet en reprenant des scènes du film, comme l’évolution de Sofia, thérapeute et sexologue qui n’a jamais connu d’orgasme, ou bien la recherche du partenaire idéal qui pourrait aider Jamie et James à résoudre les difficultés sexuelles de leur couple.

A cela, s’ajoute toute une partie, trop longue, sans doute, sur la vie de Justin Vivian Bond, artiste transsexuel, alors que seule une de ses chansons était évoquée à la fin du film au moment de la panne de courant.

Kabaret warszawski (Krzysztof Warlikowski) Théâtre Chaillot

Si le film avait pour but de démythifier le sexe – la plupart des actes ne sont pas simulés, et l’actrice Sook-Yin Lee avait même failli être licenciée par son employeur pour cela - Krzysztof Warlikowski le ridiculise plus ou moins consciemment tout en essayant d’en extraire une certaine poésie (voir la dernière scène aquatique).

C’est drôle, les acteurs sont fascinants d’aisance corporelle, et leur langage parlé est d’une plasticité sensuelle troublante, même si le propos est cru. En tout cas, ce rapport à l’être corporel est magnifiquement mis en valeur en mélangeant érotisme, vulgarité, improvisation et liberté de geste qui rendent ce sentiment de libération si prégnant.

Krzysztof Warlikowski, Maciej Stuhr et Wojciech Kalarus

Krzysztof Warlikowski, Maciej Stuhr et Wojciech Kalarus

Et c’est ce travail de style qui s’admire tant et fait envie. Pour la première fois le comédien Bartosz Gelner apparaît dans une pièce de Warlikowski, comédien d’une aisance physique fine et stupéfiante, dont les traits du visage évoquent étrangement ceux du metteur en scène.

Dans les dernières minutes Warlikowski pose la question du sexe par rapport à la liberté. Cette question n’est absolument pas anodine, car il invite à évaluer toutes les facettes de la vie par rapport aux libertés qu’elles nous font gagner.

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Publié le 16 Février 2011

La Fin. au Théâtre National de l’Odéon
Représentations du 05 et 11 février 2011

D’après Nickel Stuff. Scénario pour le cinéma de Bernard-Marie Koltès,
Le procès et le Chasseur Gracchus de Franz Kafka,
Elisabeth Costello de John Maxwell Coetzee

Mise en scène Krzysztof Warlikowski

Dramaturgie Piotr Gruszczynski
Décor et costumes Malgorzata Szczesniak
Production Nowy Teatr - Varsovie

Avec Magdalena Cielecka
Stanislawa Celinska
Maja Ostaszewska
Ewa Dalkowska
Wojciech Kalarus
Mateusz Kosciukiewic
Zygmunt Malanowicz
Magdalena Poplawska
Jacek Poniedzialek
Anna Radwan
Maciej Stuhr   

                                                                                                            Magdalena Cielecka

Krzysztof Warlikowski est un metteur en scène contemporain qui illustre le mieux ce que faire de sa vie une œuvre d’art veut dire..

Il s’agit d’un questionnement sur la manière de parler de soi à partir d’un ou plusieurs textes imbriqués les uns avec les autres, avec un style qui tire sa force envoutante de l’ambiance musicale, des effets d’espace visuels modifiés par quelques plans, de la vidéo projection et des angles d’éclairages, des torsions des corps, des silences, des douleurs et des violences, et de la séduction charnelle de la langue polonaise.

Maja Ostaszewska

Maja Ostaszewska

Après Apollonia, poignante mise en perspective du mythe du sacrifice, Krzysztof Warlikowski pose le problème de la certitude de la Fin, de la rencontre inévitable avec la mort, et donc du sens que chacun donne à sa vie pendant l’attente.

Cette vie peut être une lutte à subir la culpabilité vécue intérieurement, à travers le personnage attachant joué par Maciej Stuhr, à la fois inspiré de Joseph.K et du chasseur Gracchus - la femme à la tête de chamois en est un indice-, que l'on voit régresser et entouré d'êtres qui l'observent étrangement.

A vrai dire, ce qu'il vit est d'une opacité difficile à élucider, comme la relation avec la femme sirène (Maja Ostaszewska), et seul s’extériorise un mal être, une mise à nue qui aboutit sur un cri de rage et une volonté de paix inatteignable.

N’y a-t-il pas plus angoissant que l’idée d’une âme qui ne trouve pas sa réalisation?

Maciej Stuhr

Maciej Stuhr

Cette désorientation n’est pas nouvelle, parmi les thématiques chères au metteur en scène, Le Roi Roger avait été une autre occasion de donner forme à un questionnement spectaculairement inquiétant.

Mais dans le propos, c’est le texte de Nickel Stuff qui nous touche plus directement.
Après une ouverture sur la fascinante danse de Babylone - la souplesse corporelle de Magdalena Poplawska est l'une des plus précieuses merveilles de Krzyzstof Warlikowski -, nous sommes à genou lorsque la jeune femme pleure l'enclenchement fatal qu'a engendré l'attaque verbale de Tony à propos de ses jambes.
Car ces deux êtres seront obligés de se battre jusqu'au bout, malgré le fait qu'ils n'étaient pas faits pour se rencontrer.

On ne peut rattraper une balle, une fois qu'elle a été tirée.

La pièce de Koltès est jalonnée de frappes verbales sur la tendance de l'homme à trouver sens dans un médiocre conformisme, dans la victoire aux concours, dans l'acceptation des hiérarchies sociales, mais aussi dans un idéalisme universel tel que le rêve le jeune homme incarné par Mateusz Kosciukiewicz.

Magdalena Cielecka et Krzysztof Warlikowski

Magdalena Cielecka et Krzysztof Warlikowski

Et ici encore, les femmes deviennent d’étranges créatures sophistiquées, presque supérieures, alors que les hommes n’ont que des rôles peu rutilants, comme dans le cinéma de Pedro Almodovar.
L’obsession de la relation à la mère revient également sous une forme très intimiste.

Et après la violence de la vie que décrit Koltès, la seconde partie s’axe sur La porte, la huitième leçon d’Elisabeth Costello - J.M Coetzee est un autre auteur fétiche de Warlikowski déjà utilisé dans Apollonia-, lorsque Ewa Dalkowska bute sur le juge au moment de passer le seuil du paradis. Les justifications n’ont aucun sens face au mystère de la vie totalement assumée, jusqu’au constat qu’il arrive à chacun de nous, comme au juge, d’être totalement déboussolé.

Pourquoi tout ce théâtre? Peut être pour accroitre notre lucidité et ne pas perdre prise avec la vie dans ce qu‘elle a de plus essentiel.

Ewa Dalkowska et Krzysztof Warlikowski

Ewa Dalkowska et Krzysztof Warlikowski

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Publié le 11 Novembre 2009

Apollonia au Théâtre National de Chaillot
Représentation du 08 novembre 2009
Durée 4h30 (avec un entracte)

Mise en scène Krzysztof Warlikowski

Dramaturgie Piotr Gruszczynski
Décor et costumes Malgorzata Szczesniak

Héraclès Andrzej Chyra
Alceste/Apolonia Magdalena Cielecka
Elisabeth Costello Maja Ostaszewska
Ryfka Goldfinger Ewa Dalkowska
Agamemmon/Oreste/Amal Maciej Stuhr
Clytemnestre/La tante Malgorzata Hajewska-Krzysztofik
Iphigénie Magdalena Poplawska
Apollon Adam Nawojczyk
Le petit fils Tomask Tyndyk
Musique et voix Renate Jett

 

Une mère, Apolonia Machczynska, cache vingt cinq enfants pour les épargner de la barbarie nazie. Dénoncée, puis réfugiée chez son père, elle est exécutée après avoir pu sauver une enfant juive.

                                                  

                                                                                         Magdalena Cielecka (Alceste)

A partir de ce drame là, Krzysztof Warlikowski explore une diversité de voies qui nous amène vers des réflexions dont on ne comprend pas toujours l’émergence.
L’analyse n’est pas immédiate, le temps fait son travail après le spectacle, surtout que le metteur en scène se passionne pour les motivations sexuelles, la force et la violence érigées comme part de l’identité masculine au delà de son imbécillité, le patriotisme, l’hérédité et la relation aux parents, le refus de conscience de chacun, pour confronter à la nouvelle d’Hanna Krall, le mythe du sacrifice.

Il aboutit ainsi à une scène profondément marquante, Alceste y apparaît comme une femme souffrant de n’avoir un homme intelligent capable de lui apporter la chaleur dont elle a besoin, et présente cela avec beaucoup d’ironie - l’histoire étrange et merveilleuse d’une relation amoureuse entre un dauphin et un homme - lors d’un repas en présence de convives insipides. A plusieurs reprises elle se lève, puis revient, entretenant ainsi de bien mystérieux moments de silence.

La situation dégénère en séance d’incisions du corps au milieu d’une cage de verre, cette belle femme se meurt en se tordant de douleur sur les paroles du Mépris de Godard Et mes pieds, tu les aimes, mes pieds ? Et mes jambes ? Et mes fesses ? Et mes seins ?.

Pourquoi se sacrifier pour un type pareil?

Il y a également ces magnifiques visages de femmes, très bien mis en valeur par la vidéo, sur lesquels se lisent des vies dures et la résistance au temps.

Renate Jett

A cette langue polonaise si directe, se mélangent la musique de Chopin, des balades et du rock, et ceux qui ont assisté à Iphigénie en Tauride et Parsifal à l’Opéra National de Paris découvrent que Renate Jett, interprète des Rôles muets d’Iphigénie et de Dave Bowman dans ces productions, est une chanteuse attachante.

Après le long discours d’Elisabeth Costello, assimilant extermination des juifs et abattage d’animaux, fort par son interprétation plus que par son analyse, les conséquences révèlent que Ryfka Goldfinger a pu être sauvée par Apolonia, mais que son petit fils est devenu un soldat de l’armée israélienne.

Ewa Dalkowska (Ryfka Goldfinger) et Krzysztof Warlikowski

Ewa Dalkowska (Ryfka Goldfinger) et Krzysztof Warlikowski

Krzysztof Warlikowski est dans une démarche qui paraît sans fin, et chacune de ses œuvres tisse des liens avec les précédentes, Agamemnon et le Parsifal guerrier, Iphigénie et Apolonia, Clytemnestre et la mère de Krum. Un théâtre désinhibé, douloureux, feutré et tendre mais aussi très agressif en réaction aux esprits consensuels et bornés.

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Publié le 19 Mai 2008

Angels in America (Tony Kushner)
Représentation du 17 mai 2008 (Théâtre du Rond Point)
Durée 5H45 mn (dont un entracte)

Andrzej Chyra Roy M.Cohn                      Tomasz Tyndyk Prior Walter
Jacek Poniedzialek Louis Ironson             Maciej Stuhr Joe Porter Pitt
Maja Ostaszewska Harper Amaty Pitt      Danuta Stenka Ethel Rosenberg
Boguslawa Schubert Hannah Porter Pitt    Rafal Mackowiak Belize
Magdalena Cielecka the Angel                 Zygmunt Malanowicz Martine Heller

Mise en scène Krzysztof Warlikowski

Après le téléfilm de près de 6h réalisé par Mike Nichols en 2003, d’où jaillit un fantastique magnifique, puis l’opéra de Peter Eötvös mis en scène de manière fort émouvante au Châtelet en 2004, voici dont la version Warlikowski.

Tomasz Tyndyk (Prior Walter)

Tomasz Tyndyk (Prior Walter)

Aucun apitoiement ici ; le style est toujours aussi direct, violemment contradictoire lorsqu’il s’agit d’opposer les pulsions de Joe Porter Pitt à sa morale mormone, de montrer la nature oppressive du parti républicain ou d’exposer des êtres de chair.

Le metteur en scène réussit très bien à lier l’évolution du couple d’hommes et du couple mormon, en entrelaçant leurs vies sur scène et leurs dialogues pour mieux montrer les forces communes qui les animent.

La rencontre entre Roy M Cohn et Ethel Rosenberg est un admirable parallèle avec la scène hallucinatoire d’Hermann

face à la Comtesse dans « La Dame de Pique », et la transformation de Prior en Jésus à la chevelure enlaidie en dit long sur la manière dont la religion catholique peut faire porter toute sa propre culpabilité sur celui qu’elle juge comme le symbole du péché.

Et puis, il y a cette ambiance sonore qui semble installer un faux confort, mais dont nous sommes parfois sortis de manière brutale comme cet hymne américain version Metal et très agressif qui nous fait comprendre trop bien le sentiment de révolte envers l’Amérique républicaine.

Andrzej Chyra (M. Cohn) et Danuta Stenka (Ethel)

L’insertion des surtitres est en revanche moins bien réussie que dans les autres pièces de Warlikowski (beaucoup trop surélevés), et peut être aurait-il mieux valu couper du texte écrit pour permettre de lire l’essentiel.
Mais quelle vie sur scène !

Un  grand moment de frisson restera l’intervention de l’Ange avec sa voix surnaturelle et mystique.

 

 

                                                                          Maciej Stuhr (Joe Porter) et Maja Ostaszewska (Harper Amaty)

De ce monde qui semble si vrai et chaotique, Prior Walter réssuscite enfin en costume bleu ciel et étincellant comme un grand soulagement.

Après Krum, Parsifal et Iphigénie en Tauride dans quelques jours, la saison 2007-2008 place Krzysztof Warlikowski au centre de la vie Théâtrale parisienne.

Profitons en car il semblerait que Nicolas Joël, futur directeur de l’Opéra de Paris compte se débarrasser de toutes les productions de l’artiste polonais. Pour le bonheur d’un public traditionnel, craintif et avide de confort sans doute.

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