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Publié le 7 Mai 2024

Die Walküre (Richard Wagner – Munich, 26 juin 1870)
Version de concert du 04 mai 2024
Théâtre des Champs-Élysées

Siegmund Stanislas de Barbeyrac
Sieglinde Elza van den Heever
Wotan Brian Mulligan
Brünnhilde Tamara Wilson
Fricka Karen Cargill
Hunding Soloman Howard
Gerhilde Brittany Olivia Logan
Ortlinde Justyna Bluj
Waltraude Iris van Wijnen
Schwertleite Anna Kissjudit
Helmwige Jessica Faselt
Siegrune Maria Barakova
Grimgerde Ronnita Miller
Roßweiße Catriona Morison

Direction musicale Yannick Nézet-Séguin
Rotterdams Philharmonisch Orkest

Diffusion sur France Musique le 15 juin à 20h                          Yannick Nézet-Séguin

Dans la suite du Ring initié le 23 avril 2022 sur cette même scène avec un mémorable Rheingold, Yannick Nézet-Séguin et le Rotterdams Philharmonisch Orkest sont de retour au Théâtre des Champs-Élysées pour une soirée qui restera aussi gravée dans les mémoires. 

Elza van den Heever (Sieglinde)

Elza van den Heever (Sieglinde)

On ne pourra pas reprocher à Michel Franck de ne pas gâter les wagnériens, car il présente pour la seconde fois sous son mandat une version de concert de la ‘Walkyrie’, après celle interprétée le 24 avril 2012 par le Bayerische Staatsoper sous la direction de Kent Nagano.

Précédée par les échos dithyrambiques de son passage à Rotterdam et Baden-Baden quelques jours plus tôt, la distribution réunie pour cette tournée qui s’achève au Théâtre des Champs-Élysées va se révéler prodigieuse par son intensité, mais aussi par sa sensibilité.

Yannick Nézet-Séguin et le Rotterdams Philharmonisch Orkest

Yannick Nézet-Séguin et le Rotterdams Philharmonisch Orkest

Il faut dire qu’elle est emmenée par l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, dont le son apparaît d’emblée magnifiquement travaillé par Yannick Nézet-Séguin, plus modéré qu’à l’accoutumée dans sa gestique toujours très enthousiaste. Grande tension dès l’orage initial, avec des attaques vives et finement précises, les cordes sonnent comme du velours assoupli par la chaleur des cuivres, et les plus belles nuances coloristes mélangeant noirceur profonde des bassons, virevolte légère des vents, et courants souterrains des cordes graves, sont déliées avec un éclat somptueux, fluide et discursif.

Étonnamment, les percussions sont employées avec beaucoup de mesure, notamment dans la chevauchée du dernier acte où l’allant explosif de la musique ne recouvre pas pour autant le mélange de couleurs des voix très différenciées des huit Walkyries.

Brian Mulligan (Wotan)

Brian Mulligan (Wotan)

Le monologue de Wotan au second acte est d’ailleurs un des plus noirs jamais entendu, Brian Mulligan étant un Wotan passionnant à suivre. Précédemment interprète d’Amfortas à l’opéra Bastille en juin 2022, il en conserve l’expressivité torturée qu’il instille dans le caractère du roi des dieux de façon très marquée, s’appuyant sur un souffle percutant au métal séduisant et d’une belle assise dans les graves, avec en plus une spectaculaire tendance à rougir dans les moments de forte tension.

Il fait ainsi ressentir un être qui est au bord de l’autodestruction, et quelle force dans sa colère envers Brünnhilde qui subit une avalanche de reproches avec un feu fantastique!

Tamara Wilson (Brünnhilde)

Tamara Wilson (Brünnhilde)

Tamara Wilson donne en effet une impression de facilité, voir, d’impertinence. Son entrée est dardée de ‘Hoïotoho !’ puissants, très ouverts et très bien profilés à la fois, avec une aisance qui la fait achever cette célèbre entrée avec un regard nargueur envers Wotan. Mais malgré ce tempérament héroïque, on entend aussi dans ses échanges une modulation du chant claire et souple qui fait sentir pourquoi il est aussi possible de la retrouver dans des œuvres belcantistes.

Karen Cargill (Fricka)

Karen Cargill (Fricka)

Et lorsque Fricka intervient sous les traits de la mezzo britannique Karen Cargill, c’est une autre personnalité tout aussi phénoménale qui imprime sa présence hiératique avec une autorité à déstabiliser encore plus Wotan. Une assise grave impressionnante, une grande résistance dans les aigus magnifiquement intenses et colorés, un certain mépris de classe qu’elle joue volontairement, son interprétation est d’une véhémence saisissante.

Elza van den Heever (Sieglinde) et Stanislas de Barbeyrac (Siegmund)

Elza van den Heever (Sieglinde) et Stanislas de Barbeyrac (Siegmund)

En Sieglinde, celle que nous avions quitté sur cette scène en Impératrice dans Die Frau ohne Schatten’ juste avant la crise pandémique, la soprano sud-africaine Elza van den Heever, affiche un rayonnement qui alterne délicatesse et stupeur dans  l’expression des sentiments, d’une part, et feu passionnel d’une grande brillance ornée de fines vibrations harmonieuses, d’autre part.

Elle se montre ainsi très liée au Siegmund de Stanislas de Barbeyrac, joué avec une introversion complètement anti-héroïque. 

Soloman Howard (Hunding)

Soloman Howard (Hunding)

Le ténor bordelais, tout juste quarantenaire sept jours plus tôt, contraint en effet le wälsung, aimé de Wotan, dans des sentiments troubles face à Sieglinde, mariée de force à Hunding. Son chant est très assombri, dénué de toute clarté mozartienne, et progressivement, la tenue de couleur, la résistance du matériau vocal, et la profondeur du souffle, tous fortement maîtrisés, lui permettent d’installer un personnage dense mais qui se découvre peu.

Il peut aussi bien donner une impression de très forte sensibilité que de timidité, volontairement dans le jeu, qui a pour conséquence, lorsqu’on le rapproche du mal-être de Wotan, d’accentuer tout au long de la soirée l’évidence que ce Ring signe, à tous les niveaux, la victoire féminine sur la loi masculine.

Karen Cargill, Stanislas de Barbeyrac, Yannick Nézet-Séguin, Tamara Wilson, Brian Mulligan et Elza van den Heever

Karen Cargill, Stanislas de Barbeyrac, Yannick Nézet-Séguin, Tamara Wilson, Brian Mulligan et Elza van den Heever

Reste le Hunding massif de Soloman Howard, accentuant la nature sauvage et sommaire de l’hôte qui sera l’assassin de Siegmund. La basse américaine délivre une élocution mâtinée de noirceur complexe qui a du caractère, dans une tenue qui met en valeur la musculature du personnage et donc sa force brute.

Et les huit sœurs de Brünnhilde exhalent une joie très communicative dans les correspondances de timbres de voix qu’elles échangent entre-elles. 

Une très grande soirée à un très haut niveau interprétatif qui restera une référence musicale pour tous les Ring à venir au cours des années prochaines.

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Publié le 19 Mars 2024

Depuis le lundi 18 mars 2024, la quinzième et dernière saison de Michel Franck à la direction du Théâtre des Champs Élysées est officiellement dévoilée à travers la mise en ligne de la programmation sur le site du théâtre.

Cette saison s’inscrit dans la continuité des saisons passées et comprend 5 productions d’opéras en version scénique données sur un total de 23 soirées, 15 représentations d’opéras et oratorio en version concert et 8 œuvres religieuses (dont un dimanche matin pour ‘Un Requiem allemand’ de Brahms en version piano), 19 concerts symphoniques (dont 5 avec l'ensemble Les Siècles), 10 récitals vocaux, 21 récitals de piano, 8 concerts de l’orchestre de chambre de Paris, 8 autres concerts de musique de chambre, 21 concerts du dimanche matin (dont 2 représentations de ‘La Flûte enchantée’ en mimodrame), 7 ballets dansés sur 35 soirées et 3 soirées d’humour.

Par ailleurs, une version de ‘L’Élixir d’Amour’ ramenée à une durée d’une heure et trente minutes, interprétée par l’orchestre Les Frivolités Parisiennes, sera créée pour le jeune public, et donnée en 9 représentations sur le temps scolaire, ainsi que sur 3 matinées et 3 soirées tout public.

Ce spectacle sera une coproduction avec le Teatro Sociale di Como / projet Opera Domani, l’opéra de Reims, l’opéra de Rouen Normandie et l’opéra de Bordeaux.

Cette ligne programmatique est globalement stable par rapport à la saison précédente qui avait vu la part des récitals vocaux ramenée à une dizaine de soirées, mais la danse, qui avait pendant les trois dernières saisons cédé de la place à l’opérette et au théâtre, retrouve toute son importance, notamment avec les 17 soirées dédiées à la nouvelle production de ‘La Reine des Neiges’ interprétée par le Ballet de l’Opéra national d’Ukraine.

La part des opéras en version de concert diminue de 22 à 15, ce qui reste conséquent, mais celle des œuvres religieuses augmente de 5 à 8 soirées.

Au total, ce sont 186 représentations qui seront données avenue Montaigne, tous genres et tous publics confondus.

Der Rosenkavalier - Krzysztof Warlikowski, Marlis Petersen et Henrik Nánási  (première le 21 mai 2025)

Der Rosenkavalier - Krzysztof Warlikowski, Marlis Petersen et Henrik Nánási (première le 21 mai 2025)

Opéras en version scénique

La Passion selon Saint Jean (Jean-Sébastien Bach)
4, 5 novembre (2 représentations)

Direction musicale Leonardo García Alarcón, Mise en scène Sasha Waltz
Sophie Junker, Georg Nigl, Christian Immler, Benno Schachtner, Valerio Contaldo, Mark Milhofer
Ensemble Cappella Mediterranea, Chœur de chambre de Namur, Chœur de l’Opéra de Dijon
Production Opéra de Dijon
Coproduction Compagnie Sasha Waltz & Guests

Dialogues des Carmélites (Francis Poulenc)
4, 6, 8, 10, 12 décembre (5 représentations)

Direction musicale Karina Canellakis, Mise en scène Olivier Py
Patricia Petibon, Vannina Santoni, Véronique Gens, Jodie Devos, Madame de Croissy, Le Chevalier de La Force, Le Marquis de La Force, Marie Gautrot, Ramya Roy, Loïc Félix, Blaise Rantoanina, Yuri Kissin , Matthieu Lécroart
Les Siècles, Chœur Unikanti-Maîtrise des Hauts-de-Seine
Coproduction Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles

Semele (Georg Friedrich Haendel)
6, 9, 11, 13, 15 février (5 représentations)

Direction musicale Emmanuelle Haïm, Mise en scène Oliver Mears
Pretty Yende, Ben Bliss, Alice Coote, Brindley Sherratt, Niamh O’Sullivan, Carlo Vistoli, Marianna Hovhannisyan
Orchestre Le Concert d’Astrée, Chœur Le Concert d’Astrée
Coproduction Covent Garden Royal Opera House

Werther (Jules Massenet)
22, 25, 28, 31 mars et 3, 6 avril (6 représentations)

Direction musicale François-Xavier Roth, Mise en scène Christof Loy
Johannes Leiacker, Robby Duiveman, Roland Edrich, Benjamin Bernheim, Marina Viotti, Jean-Sébastien Bou, Sandra Hamaoui, Marc Scoffoni, Yuri Kissin, Rodolphe Briand
Les Siècles, Maîtrise des Hauts-de-Seine
Coproduction Teatro alla Scala

Der Rosenkavalier (Richard Strauss)
21, 24, 27 mai et 2, 6 juin (5 représentations)

Direction musicale Henrik Nánási, Mise en scène Krzysztof Warlikowski
Marlis Petersen , Marina Viotti, Regula Mühlemann, Peter Ros, Jean-Sébastien Bou, Eléonore Pancrazi, Krešimir Špicer, Francesco Demuro, Laurène Paternò, Florent Karre, François Piolino, Yoann Le Lan 
Orchestre National de France, Chœur Unikanti, Maîtrise des Hauts-de-Seine

Anna Pirozzi - Andrea Chénier

Anna Pirozzi - Andrea Chénier

Opéras et oratorio en version de concert

Così fan tutte (Wolfgang Amadé Mozart) le 24 septembre
Ana Maria Labin, Angela Brower, James Ley, Leon Košavić, Miriam Albano, Alexandre Duhamel

Marc Minkowski direction, Les Musiciens du Louvre

Un Requiem allemand (Georg Friedrich Haendel) le 29 septembre à 11h
Claire Désert et Tanguy de Williencourt piano

Henri Chalet direction, Chœur et solistes de la Maîtrise Notre-Dame de Paris

La Résurrection (Georg Friedrich Haendel) le 4 octobre
Emőke Baráth, Elsa Benoit, Lucile Richardo, Emiliano Gonzalez Toro, Robert Gleadow

Julien Chauvin direction, Le Concert de La Loge

Requiem  (Wolfgang Amadé Mozart) le 17 octobre
En première partie de programme Sept Répons des ténèbres (Francis Poulenc)
Lisette Oropesa, Eve-Maud Hubeaux, Cyrille Dubois, Nahuel Di Pierro

Bertrand de Billy direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France , Maîtrise de Radio France

Andrea Chénier (Umberto Giordano) le 18 octobre
Riccardo Massi, Anna Pirozzi, Amartuvshin Enkhbat, Sophie Pondjicli, Thandiswa Mpongwana

Daniele Rustioni direction, Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Lyon
Coproduction Opéra National de Lyon

Cyrille Dubois - Le Comte Ory

Cyrille Dubois - Le Comte Ory

Le Comte Ory (Gioachino Rossini) le 07 novembre
Cyrille Dubois, Sara Blanch, Ambroisine Bré, Monica Bacelli, Nicola Ulivieri, Sergio Villegas-Galvain, Marielou Jacquard

Patrick Lange direction Orchestre de chambre de Paris, Chœur de Chambre de Rouen

Passion selon Saint Matthieu (Jean-Sébastien Bach) le 16 novembre
Guy Cutting , Matthias Winckhler, Tobias Berndt, Miriam Feuersinger, Alex Potter, Christoph Pfaller, Martin Schicketanz

Hans-Christoph Rademann direction, Chœur et Orchestre du Gaechinger Cantorey

Alcina (Georg Friedrich Haendel) le 5 décembre
Elsa Dreisig, Sandrine Piau, Emily D’Angelo, Jasmin White, Stefan Sbonnik, Bruno de Sá, Alex Rosen

Francesco Corti direction, Il Pomo d’Oro

Le Messie (Georg Friedrich Haendel) le 11 décembre
Emőke Baráth, Lauranne Oliva, Tim Mead, Robin Tritschler, Benjamin Appl 

Hervé Niquet direction, Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel

Le Couronnement de Poppée (Claudio Monteverdi) le 16 décembre
Catherine Trottmann, Ray Chenez, Victoire Bunel, Paul-Antoine Bénos-Djian, Adrien Mathonat, Paul Figuier, Maïlys de Villoutreys, Camille Poul, Sebastian Monti, Thibault Givaja, Yannis François

Le Banquet Céleste

Glory to God (Vivaldi, Bach, Corelli) le 18 décembre
Nina Maestracci, Malena Ernman, Luigi De Donato

Jean-Christophe Spinosi direction, Ensemble Matheus, Académie Handel & Hendrix

Elsa Dreisig - Alcina

Elsa Dreisig - Alcina

Stabat Mater  (Giovanni Battista Pergolesi) le 18 janvier
Œuvre précédée de Stabat Mater (Intonation), Tarentelle « Mo’è benuto il Giovedì Santu » (anonyme), Stabat Mater (Manuscrit de Monopoli)

Lauranne Oliva, Eva Zaïcik
Vincent Dumestre direction, Le Poème Harmonique

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart) le 20 janvier
Florian Sempey, Ana Maria Labin, Léo Vermot-Desroches, Marion Lebègue, Edwin Fardini, Catherine Trottman, Louis Morvan

Alexis Kossenko direction, Orchestre et Chœur Les Ambassadeurs~La Grande Ecurie

Persée (Jean-Baptiste Lully) le 14 février
Mathias Vidal, Déborah Cache, Hélène Carpentier, Thomas Dolié, Véronique Gens, Matthieu Lécroart, Reinoud Van Mechelen, David Tricou, David Witczak, Alexandre Baldo, Olivia Doray, Marine Lafdal-Franc

Hervé Niquet direction, Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel, Chantres du Centre de musique baroque de Versailles
Coproduction Centre de musique baroque de Versailles

Les Noces de Figaro (Wolfgang Amadé Mozart) le 26 mars
Florian Boesch, Anett Fritsch, Robert Gleadow, Nikola Hillebrand, Anna Lucia Richter, Anna-Doris Capitelli, Shinyoung Kim

Giovanni Antonini direction, Kammerorchester Basel, Basler Madrigalistent

Mathias Vidal - Persée

Mathias Vidal - Persée

Un Requiem allemand (Johannes Brahms) le 05 avril
Sara Blanch , Michael Volle

Daniele Gatti direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France 

Passion selon Saint Matthieu (Jean-Sébastien Bach) le 09 avril
Werner Güra, Louis Morvan, Julie Roset, Giuseppina Bridelli, Fabien Hyon, Thomas Dolié

Enrico Onofri direction, Orchestre National d’Auvergne, Chœur NFM-Varsovie

Jephté (Georg Friedrich Haendel) le 29 avril
Michael Spyres, Joyce DiDonato, Mélissa Petit, Jasmin White

Francesco Corti direction, Il Pomo d’Oro 

Le Freischütz (Carl Maria von Weber) le 30 avril
Charles Castronovo, Golda Schultz, Kyle Ketelsen, Nikola Hillebrand, Jongmin Par, Milan Siljanov, Sebastian Wartig

Antonello Manacorda direction, Kammerakademie Potsdam, RIAS Kammerchor

Deborah (Georg Friedrich Haendel) le 23 mai
Sophie Junke, Jakub Józef Orlińsk, Sophia Patsi, Wolf Matthias Friedrich

Ton Koopman direction, Amsterdam Baroque Orchestra & Choir

Mitridate re di Ponte (Wolfgang Amadé Mozart) le 25 mai
Sergey Romanovsky, Jessica Pratt, Olga Bezsmertna, Rose Naggar-Tremblay, Maria Kokareva, Alasdair Kent, Nina van Essen

Christophe Rousset direction, Les Talens Lyriques

Semiramide (Gioachino Rossini) le 17 juin
Karine Deshayes, Franco Fagioli, Giorgi Manoshvili, Alasdair Ken, Mara Gaudenzi, Antonio Di Matteo

Valentina Peleggi direction, Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, Chœur Accentus

L’Italienne à Alger (Gioachino Rossini) le 18 juin
Marie-Nicole Lemieux, Levy Sekgapane, Nahuel Di Pierro, Mikhail Timoshenko, Sulkhan Jaiani, Eléonore Pancrazi, Julie Roset

Julien Chauvin direction, Le Concert de La Loge

Adriana González et Freddie De Tommaso

Adriana González et Freddie De Tommaso

Les Récitals vocaux

Adriana González, Freddie De Tommaso (Puccini, Cilea, Ponchielli, Verdi, Charpentier, Massenet, Bizet...), le 07 octobre

Philippe Jaroussky (Haydn, Mozart, Schubert), le 9 novembre

Concert des Diapason d’or, Julia Lezhneva, Pene Pati, le 13 novembre

Gala des 10 ans – Le Concert de La Loge, le 15 janvier

Jakub Józef Orliński (Lieder et mélodies), le 10 février

Patricia Petibon et Olivier Py

Patricia Petibon et Olivier Py

Concert Voix Nouvelles (Airs et ensembles d’opéras), le 17 février

Anna Netrebko, Yusif Eyvazov (Scènes d’opéras italiens ), le 27 mars

Pretty Yende, ONF, Giacomo Sagripanti direction (extraits de comédies musicales), le 08 juin

Philippe Jaroussky fête ses 25 ans de scène, le 23 juin

Patricia Petibon, Olivier Py (airs extraits de La Grande Duchesse de Gerolstein, Ciboulette), le 28 juin

Shani Diluka et Natalie Dessay

Shani Diluka et Natalie Dessay

Concerts (sélection subjective)

Wiener Philharmoniker, Daniele Gatti direction (Stravinsky, Chostakovitch), le 05 octobre

Natalie Dessay, Shani Diluka piano (Grieg, Fauré, Ravel, Debussy, Rimski-Korsakov, Berg ...), le 06 octobre 11h

Centenaire Gabriel Fauré, Camille Chopin, Pierre-Yves Cras, le 03 novembre

Les Siècles, F-X Roth (Saint-Saëns, Ravel), le 08 novembre

Orchestre de Chambre de Paris, Gábor Takács-Nagy, Steven Isserlis (Haydn, Beethoven), le 14 novembre

La Flûte enchantée en mimodrame, le 17 novembre 11h et 15h

Les Ambassadeurs~La Grande Écurie, Alexis Kossenko (Concertos de Vivaldi), le 19 novembre

Bruce Liu piano (Tchaïkovski, Mendelssohn, Scriabine, Prokofiev), le 03 décembre

Orchestre de Chambre de Paris, Thomas Hengelbrock (Strauss, Bruckner), le 16 janvier

Wiener Philharmoniker, Zubin Metha direction, Pinchas Zukerman violon (Mozart, Bruckner), le 17 janvier

Orchestre de Chambre de Paris, Andrew Staples (Bach, Mahler), le 20 février

Orchestre National de France, Cristian Măcelaru, Marie-Nicole Lemieux, Sarah Nemtanu (Ravel), le 05 mars

Quatuor Modigliani (Ravel, Beethoven), le 16 mars 11h

Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin, Angel Blue (Strauss, Bruckner), le 23 mars

Nikolaï Lugansky piano (Mozart, Beethoven, Wagner), le 24 mars

Elisabeth Leonskaja (Mozart, Schoenberg, Chopin, Berg, Schumann), le 29 mars

Les Siècles, F-X Roth, Bertrand Chamayou, Grégoire Pont (Massenet, Chabrier, Ravel), le 30 mars

Pierre-Laurent Aimard, Mathieu Amalric (Portrait de Ravel), le 06 avril

Stephen Kovacevich piano (Beethoven , Schubert, Berg, Brahms), le 12 avril

Jan Lisiecki piano (Chopin, Bach, Rachmaninov, Szymanowski, Messiaen, Górecki), le 07 juin

David Fray piano (Autour de transcription), le 25 juin

Orchestre National de France, Maxim Emelyanychev, Sabine Devieilhe (Schubert, Haydn, Mozart, Tchaïkovski), le 26 juin.

Yannick Nézet-Séguin et Angel Blue

Yannick Nézet-Séguin et Angel Blue

Première impression sur la saison 2024 / 2025

Avec seulement 2 opéras en version de concert, ’Persée’ de Lully et ‘Le Comte Ory’ de Rossini, la langue française est peu représentée dans ce genre concertant, mais c’est la première fois en 15 saisons qu’un opéra du compositeur originaire de Pesaro est interprété dans notre langue. Par ailleurs, ces deux ouvrages ont été créés à l’Opéra de Paris, le premier au Théâtre du Palais Royal, en 1682, le second à la Salle Le Peletier, en 1828.

En revanche, avec deux opéras en version scénique, ‘Werther’ et la reprise de ‘Dialogues des Carmélites’, Michel Franck peut se féliciter d’avoir consacré tout au long de son mandat un tiers des opéras en version scénique à la langue française. 

Les opéras en italien reprennent de l’importance en version de concert, mais hormis Umberto Giordano avec ‘Andrea Chénier’, seuls les quatre compositeurs d’œuvres en langue italienne les plus joués de tout le mandat du directeur, Monteverdi, Haendel, Mozart et Rossini, sont présentés, la seule nouveauté étant ‘Mitridate, re di Ponto’, opéra plus rarement donné. Mais aucun opéra en version scénique ne sera chanté en italien cette saison ci.

Avec 6 ouvrages, les amoureux des œuvres de Haendel seront gâtés d’autant plus que 4 de ces opéras et oratorio seront chantés en langue anglaise, dont la version scénique de ‘Semele’, et le très rare ‘Deborah’ interprété par Sophie Junker et Jakub Józef Orliński.

Mais c’est surtout la langue allemande qui prédomine en beauté pour cette dernière saison avec deux œuvres en version scénique, ‘La Passion selon Saint-Jean’ de Bach chorégraphiée par Sasha Waltz, et ‘Le Chevalier à la Rose’ de Richard Strauss mis en scène par Krzysztof Warlikowski, un grand connaisseur du compositeur allemand dont il a mis en scène ‘Salomé’ et ‘Die Frau ohne Schatten’ à Munich, et ‘Elektra’ à Salzburg.

Par ailleurs, le choix de cet ouvrage par Michel Franck pour clore ses 15 ans à la direction du Théâtre des Champs-Elysées rappelle beaucoup celui qu’effectua Hugues Gall au moment de quitter la direction de l’Opéra de Paris en programmant ‘Capriccio’. Dans les deux cas, il y a l’émotion d’une fin d’histoire et du début d’une nouvelle page à écrire.

Oliver Mears - Semele

Oliver Mears - Semele

En version de concert, la langue allemande sera cependant surtout dédiée au chant spirituel avec deux versions du ‘Requiem allemand’ de Brahms, dont l’une sera jouée au piano par Claire Désert et Tanguy de Williencourt un dimanche matin, et deux versions de ‘La Passion selon Saint Matthieu’, l’une interprétée par le Chœur et l’ Orchestre du Gaechinger Cantorey, l’autre par l’Orchestre National d’Auvergne et le Chœur NFM-Varsovie.

Quant au ‘Freischutz’, il revient pour la troisième fois sur l'avenue Montaigne avec une excellente distribution comprenant Charles Castronovo, Golda Schultz, Kyle Ketelsen et Milan Siljanov.

Et la langue latine, qui a fortement reflué depuis ces trois dernières saisons, sera uniquement défendue par Mozart, Vivaldi et Pergolese, chacun pour un soir.

Globalement, cette saison respecte les fondamentaux du théâtre centrés principalement sur le répertoire du XVIIIe et XIXe siècle (75% de la programmation), en s’appuyant sur les 3 piliers italien, français et allemand.

La surprise provient du choix des metteurs en scène, un peu plus au goût du jour qu’à l’accoutumée, qui augure de visions fortes, et le travail d’Oliver Mears, le directeur artistique du Royal Opera House de Londres, pour 'Semele’ sera suivi de près.

Parmi les soirées très attendues, en regard de ‘Semele’ et ‘Der Rosenkavalier’, ‘Le Comte Ory’, avec Cyrille Dubois et Sara Blanch, ‘Alcina’, avec Elsa Dreisig, Sandrine Piau et Emily d’Angelo, ‘Persée’ avec Mathias Vidal et Véronique Gens, ‘Semiramide’ avec Karine Deshayes et Franco Fagioli, ainsi que le récital d’Adriana González et Freddie De Tommaso, le concert des Diapason d’or, le Gala des 10 ans du concert de la Loge, le récital de Pretty Yende dans des airs de comédies musicales, et le concert du Wiener Philharmoniker dirigé par Zubin Metha avec Pinchas Zukerman au violon, sont des exemples de spectacles originaux à vivre.


L'intégralité de la saison c'est ici.

L'interview de Michel Franck donnée à Forum Opéra c'est ici.

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Publié le 7 Février 2024

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart –
29 octobre 1787, Prague et 7 mai 1788, Vienne)
Version de concert du 05 février 2024
Théâtre des Champs-Élysées

Don Giovanni Christian Van Horn 
Donna Anna Slávka Zámečníková 
Don Ottavio Bogdan Volkov 
Donna Elvira Federica Lombardi 
Leporello Peter Kellner 
Le Commandeur Antonio Di Matteo 
Masetto Martin Häßler 
Zerlina Alma Neuhaus 

Direction musicale Philippe Jordan
Orchestre et chœur de l’Opéra de Vienne 

                             Bogdan Volkov (Don Ottavio) 

 

Par une concordance de temps heureuse, l’Opéra de Vienne est invité au Théâtre des Champs-Élysées pour célébrer les 100 ans de sa première venue en ce théâtre, qui se déroula du 28 mai au 02 juin 1924 pour y interpréter ‘Don Giovanni’, ‘Les Noces de Figaro’ et ‘L’enlèvement au Sérail’, ainsi qu’un concert symphonique.

En effet, cette année là, Paris organisait la VIIIe olympiade de l’ère moderne (la première ayant eu lieu à Athènes en 1896), et, 100 ans plus tard, l’Opéra de Vienne revient l’année où la capitale française organise la XXXIIIe olympiade.

Slávka Zámečníková (Donna Anna) et Bogdan Volkov (Don Ottavio)

Slávka Zámečníková (Donna Anna) et Bogdan Volkov (Don Ottavio)

Toutefois, la première venue à Paris du Philharmonique de Vienne, très lié à l’orchestre de l’Opéra de Vienne, date, elle, de 1900, sous la direction de Gustav Mahler, qui interpréta cinq concerts du 18 au 22 juin au Théâtre du Châtelet puis à la Salle des Fêtes du Palais du Trocadéro, à l’occasion de l’Exposition universelle et des Jeux de la IIe olympiade. 

Vienne 1900 représentait, au tournant du XIXe siècle, une pensée avant-gardiste, et c’est à ce moment là que commencèrent à émerger des mises en scènes d’opéras à l’esthétique radicale à travers la collaboration entre Alfred Roller et Gustav Mahler (‘Tristan und Isolde’ - 1903).

Depuis, Vienne a perdu de son avance sur son temps, mais l’arrivée en 2020 de Bogdan Roščić à la direction de la première maison lyrique autrichienne vise à replacer l’institution en accord avec son époque. Il est présent, ce soir, dans la salle du Théâtre des Champs-Élysées.

Affiche du Concert de l'Opéra de Vienne au Théâtre des Champs-Elysées en 1924

Affiche du Concert de l'Opéra de Vienne au Théâtre des Champs-Elysées en 1924

C’est avec un immense plaisir que l’on retrouve Philippe Jordan à la conduite de ce ‘Don Giovanni’ qui fut joué avec la même distribution du 14 au 20 janvier 2024 dans une production de Barrie Kosky, qui n’a malheureusement pu être reprise ici.

Le directeur musical suisse, qui a signé l’été dernier au Festival de Salzbourg un ‘Macbeth’ d’une très grande intensité dramatique dans une mise en scène de Krzysztof Warlikowski, confirme qu’il a renforcé son grand sens coloriste de la ligne orchestrale avec une puissance théâtrale qu’on ne lui avait pas toujours connu auparavant. Il dispose d’un orchestre qui concentre, certes, beaucoup de matière, doté d’une batterie de cuivres massive, et qui dégage son énergie pleinement dans la salle de l’avenue Montaigne, mais ensuite, Philippe Jordan en contrôle le superbe panachage des vents et des cordes, l’intensité du courant maelstromique, la forte coloration et l’audace des jaillissements tuttistes.

Très attentif aux solistes auxquels il adjoint autant son regard qu’aux musiciens, c’est un Mozart emporté et traversé de douceur qu’il fait vivre avec une grande attention à la perfection des détails et à la netteté du dessin des moindres pulsations.

Philippe Jordan

Philippe Jordan

Les interprètes se connaissent bien, puisqu’ils ont déjà chanté ensemble, et le style le plus purement mozartien est magnifiquement maîtrisé par Slávka Zámečníková, dont les lignes vocales se marient merveilleusement aux tissures orchestrales pour dresser un très beau portrait de Donna Anna, empreint d’une séduisante finesse de caractère.

Elle forme ainsi un harmonieux duo avec Bogdan Volkov qui fait transparaître en Don Ottavio les tressaillements du cœur et accorde beaucoup de soin à la sensibilité de ses deux airs qui combinent allègement vocal et maturité du timbre, d’où émane un charme angélique. 

Le ténor ukrainien ne fait que confirmer au public parisien le premier prix qu’il remporta 9 ans plus tôt, à l’âge de 26 ans, lors de sa première venue en France au Théâtre des Champs-Élysées pour participer au concours ‘Les Mozart de l’Opéra’. Depuis, sa carrière européenne s’est envolée notamment avec son incarnation très touchante du Tsarevitch Gvidon dans Le Conte du Tsar Saltan’ mis en scène par Dmitri Tcherniakov et repris récemment à la Monnaie de Bruxelles.

Peter Kellner (Leporello)

Peter Kellner (Leporello)

En Leporello, la basse slovaque Peter Kellner est rompue au chant mozartien mais également au jeu scénique, et cet artiste enjoué induit ainsi un personnage jeune, vibrant, qui captive par sa présence sans verser dans la caricature facile. Il est drôle sans être vulgaire, et préserve de l’amour-propre au valet de Don Giovanni.

C’est d’ailleurs de cette noblesse qui manque, ce soir, à Don Giovanni, auquel Christian Van Horn prête une stature fort monolithique, puissamment sonore et hyper assurée, mais qui ne laisse rien transparaître en mouvement de l’âme, ni même aucune ambiguïté.

Christian Van Horn (Don Giovanni)

Christian Van Horn (Don Giovanni)

Donna Elvira, celle qui pourrait le ramener à la raison, est chantée par Federica Lombardi qui s’inscrit fortement dans une véhémence sauvage, mais laisse peu de place à la tendresse, comme si elle ne voulait pas que cette femme paraisse dominée par le libertin, et le couple de paysans formé par Martin Häßler et Alma Neuhaus donne une image jeunement bourgeoise de leur ménage, une vision du conformisme qui ne va pas survivre à tant de désinvolture.

Enfin, Antonio Di Matteo fait entendre une ligne grave bien chantante qui traduit l’origine nobiliaire du Commandeur.

Federica Lombardi (Donna Elvira)

Federica Lombardi (Donna Elvira)

Salle comble et grand succès au final pour cette soirée qui a permis de découvrir certains chanteurs et de confirmer que Philippe Jordan continue à prendre de l’ampleur.

Slávka Zámečníková, Philippe Jordan, Federica Lombardi, Martin Häßler et Alma Neuhaus

Slávka Zámečníková, Philippe Jordan, Federica Lombardi, Martin Häßler et Alma Neuhaus

A écouter sur France Musique, dimanche 11 février 2024 à 9h, l'émission de Christian Merlin 'Au cœur de l'orchestre', qui sera dédiée aux Viennois en voyage.

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Publié le 13 Janvier 2024

Iphigénie en Tauride (Henry Desmarest / André Campra – Théâtre Royal de l'Académie royale de musique, le 06 mai 1704)
Version de concert du 09 janvier 2024
Théâtre des Champs-Élysées

Iphigénie Véronique Gens
Pylade Reinoud Van Mechelen
Oreste Thomas Dolié
Thoas David Witczak
Electre Olivia Doray
Diane Floriane Hasler
L’Ordonnateur / L’Océan Tomislav Lavoie
Un habitant de Délos / Triton / Le Grand Sacrificateur Antonin Rondepierre
Isménide, Première habitante de Délos / Première nymphe / Première prêtresse Jehanne Amzal
Deuxième habitante de Délos / Deuxième nymphe / Deuxième prêtresse Marine Lafdal-Franc

Direction musicale Hervé Niquet
Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel            
              Reinoud Van Mechelen (Pylade)
Coproduction Centre de musique baroque de Versailles


Depuis 2022, Hervé Niquet et Le Concert Spirituel sont engagés dans l’enregistrement pour le label Alpha Classics d’une tétralogie baroque incluant ‘Ariane et Bacchus’ (Marin Marais – 1696), ‘Médée’ (Marc-Antoine Charpentier – 1693), ‘Iphigénie en Tauride’ (Henry Desmarest et André Campra - 1704) et ‘Persée’ (Jean-Baptiste Lully – 1682).

Jehanne Amzal (Isménide) et Véronique Gens (Iphigénie)

Jehanne Amzal (Isménide) et Véronique Gens (Iphigénie)

Si ‘Persée’ célèbre le règne de l’opéra courtisan sous Lully, ‘Ariane et Bacchus’ et ‘Médée’ sont représentatifs de l’après Lully qui ne trouvera pas son public, alors que ‘Iphigénie en Tauride’ d’Henry Desmarest, complété par Campra – pour le prologue et une grande partie du dernier acte principalement -, fera partie de la douzaine de titres les plus joués à l’Académie royale de musique au début du XVIIIe siècle avant l’avènement de Rameau. Cette tragédie inspirée d’Euripide sera même montée jusqu’en 1762 avec quelques ajouts composés par Pierre-Montan Berton.

Depuis, une résurrection partielle eut lieu le 10 octobre 1999 au Théâtre Montansier de Versailles, mais dans une version réduite enregistrée par France Musique.

Hervé Niquet et Le Concert Spirituel

Hervé Niquet et Le Concert Spirituel

L’histoire reprend le mythe d’Iphigénie abandonnée par Agamemnon et sauvée par Diane, tout en faisant intervenir Electre qui a suivi Oreste après le meurtre de Clytemnestre.

Thoas l’a faite prisonnière et veut la faire sienne en échange de la vie de son frère et de son ami, Pylade, arrivés en Tauride pour enlever l’image de Diane et laver Oreste de son acte vengeur envers sa mère. Diane apparaît une première fois pour tenter d’apaiser les tourments de ce dernier.

Malgré sa fureur, Thoas libère les Grecs, mais Oreste et Pylade accusent à tord Electre d’avoir céder au Roi.

Olivia Doray (Electre) et Reinoud Van Mechelen (Pylade)

Olivia Doray (Electre) et Reinoud Van Mechelen (Pylade)

Ce dernier, sous la menace de l’Oracle puis du Dieu Océan, qui désapprouve sa tendance à la compassion, retrouve finalement une ligne politique dure envers les Grecs. Iphigénie se désespère d’avoir à sacrifier les étrangers. 

Oreste se présente à elle et lui raconte le sort advenu à Agamemnon et Clytemnestre au Palais de Mycènes. Sur le parvis du Temple de Diane, ils se reconnaissent avec surprise en tant que frère et sœur, mais lorsque Thoas ordonne aux Scythes de détruire les Grecs armés par Iphigénie, Diane réapparaît pour foudroyer le Roi et les sauver. 

La malédiction des Atrides est ainsi levée sur Oreste et Iphigénie, et Electre peut enfin aimer Pylade.

Reinoud Van Mechelen (Pylade) et Thomas Dolié (Oreste)

Reinoud Van Mechelen (Pylade) et Thomas Dolié (Oreste)

La première impression qui frappe à la redécouverte de cet ouvrage oublié est la plasticité marine de l’orchestre, composé de plus de 50 musiciens et 25 choristes, une sorte de mer noire mélancolique dominée par les cordes qui imprègnent l’auditeur d’un son riche et continûment fourni. Et il est vrai que sur l’île de Tauride, les vents, les océans et leurs Dieux sont omniprésents. Le charme poétique des mélodies s’y entremêle et les mots préservent la dignité sentimentale de tous les personnages, un héritage du modèle lullyste.

La musique n’est pas véritablement théâtrale, mais elle permet d’entendre de charmants alliages tels le duo entre Electre et Pylade ‘Le ciel est sensible à nos larmes’, et aussi une impressionnante correspondance entre le voile orchestral noir et le chant d’Iphigénie, au début du quatrième acte, ‘C’est trop vous faire violence’.

L’œuvre s’apprécie comme un beau tableau vivant dépeint avec une personnalité austère qui s’infiltre subrepticement dans l’âme, et Hervé Niquet en restitue avec Le Concert Spirituel une homogénéité de couleur et une unité dans le mouvement qui valorise la qualité immersive des ambiances sonores. La luminosité du chœur s’y incorpore naturellement.

Floriane Hasler (Diane)

Floriane Hasler (Diane)

C’est avec beaucoup de plaisir que l’on retrouve Véronique Gens dans le rôle de l’Iphigénie de Desmarest, bien moins dramatique que celle de Gluck, dont la soyeuse noirceur est d’un très bel effet surtout dans la seconde partie, en suggérant un sentiment tragique resserré et contenu, alors qu’Olivia Doray offre à Electre une fraîcheur attendrissante qui surprend quand on sait quel personnage en a fait Strauss.

Fidèle à ses portraits très tourmentés, Thomas Dolié incarne un Oreste écorché et théâtral qui cherche à exprimer le ressenti viscéral du frère d’Iphigénie, alors que Reinoud Van Mechelen induit de son chant clair et doux un charme qui s’accorde harmonieusement à celui d’ Olivia Doray.

Antonin Rondepierre (Triton)

Antonin Rondepierre (Triton)

Et c’est avec une splendide éloquence vocale que Floriane Hasler impose d’emblée une Diane très forte avec une grande capacité de droiture qui saisit le spectateur par sa perfection classique. L’impression est grave et humaine, sans la moindre arrogance.

Quand on connaît le terrible Thoas de Gluck, celui de Desmarest est bien moins impressionnant et David Witczak n’arrive pas à lui donner ce surplus d’ampleur qui devrait mieux imposer ce personnage vindicatif.

Olivia Doray (Electre) et Véronique Gens (Iphigénie)

Olivia Doray (Electre) et Véronique Gens (Iphigénie)

Parmi les rôles secondaires, Antonin Rondepierre, en Triton, se démarque sensiblement par la fine intelligibilité et subtilité de son chant très léger, et Tomislav Lavoie (L’Océan), Jehanne Amzal et Marine Lafdal-Franc, en prêtresses, complètent cet ensemble avec conviction.

Connaissant ce qu’écrivirent bien plus tard Wagner ou Debussy, on a une écoute un peu particulière à cet ouvrage marqué par un continuo lancinant singulièrement prononcé.

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Publié le 13 Septembre 2023

Orchestre et Chœur du Théâtre de La Scala de Milan
Concert du 12 septembre 2023
Théâtre des Champs-Elysées

Giuseppe Verdi (1813 - 1901)
Nabucco (1842, Milan) : Sinfonia, ‘Gli arredi festivi’, ‘Va’, pensiero, sull’ali dorate’
I Lombardi alla prima crociata (1842, Milan) : Coro della Processione ‘Gerusalem’, ‘O Signore, dal tetto natìo’
Ernani (1844, Venise) : Preludio, ‘Si ridesti il Leon di Castiglia’
Don Carlos (1867, Paris) : Finale balletto, ‘Spuntato ecco il dì d’esultanza’
Macbeth (1847, Florence - 1865, Paris) : Preludio, ‘Che faceste? Dite su!...’, ‘S’allontanarono!’,  ‘Patria oppressa! Il dolce nome’
Il Trovatore (1853, Rome) : Preludio, ‘Vedi, le fosche notturne spoglie’
La Forza del destino (1862, Saint-Pétersbourg) : Sinfonia, ‘Nella guerra è la follia’
Aida (1872, Le Caire) : ‘Gloria all’Egitto, ad Iside’
Bis Simon Boccanegra (1857, Venise): ‘Viva Simon, del popolo l’eletto!...’

Direction musicale Riccardo Chailly
Chef de Choeur Alberto Malazzi

Tournée européenne : Arènes de Vérone (31 août), Festival de Grafenegg (02 septembre), Konzerthaus de Vienne (04 septembre), Elbphilharmonie de Hambourg (05 septembre), Concertgebow d’Amsterdam (06 septembre), Musikkens Hus d’Aalborg (08 septembre), Bozar de Bruxelles (09 septembre – annulé), Philharmonie de Luxembourg (11 septembre)

Débutée aux Arènes de Vérone le 31 août dernier, la tournée européenne de l’Orchestre et du Chœur de la Scala de Milan s’achève au Théâtre des Champs-Élysées dans une ambiance étincelante à la rigueur quasi-martiale.

Le programme suit dans sa première partie une logique chronologique qui enchaîne les symphonies et les airs des 3 premiers grands succès de jeunesse de Giuseppe Verdi, ‘Nabucco’, ‘I Lombardi alla prima crociata’ et ‘Ernani’, qui sont développés, ce soir, selon une rythmique extrêmement précise sur un tempo modéré, telle une machine très bien huilée qui avance dans une tonalité spirituelle d’une forte emprise sur l’auditeur.

Riccardo Chailly

Riccardo Chailly

Le final du ballet de ‘Don Carlos’, écrit plus tard pour sa création parisienne, semble alors plus incongru, mais il apporte une légèreté très entraînante qui ne peut empêcher d’évoquer, pour ceux qui connaissent la mise en scène de Peter Konwitschny conçue pour l’opéra de Vienne, l’hilarant quatuor royal formé du Roi et de la Reine d’Espagne, l’Infante et la princesse Eboli, sous la forme d’un couple bourgeois moderne et conventionnel qui reçoit à dîner ses beaux parents.

Orchestre et Chœur de la Scala de Milan

Orchestre et Chœur de la Scala de Milan

Le point culminant du concert est alors atteint en début de seconde partie avec les extraits de ‘Macbeth’, le coup de génie de Verdi alors qu’il n’avait que 34 ans, introduit par la chaleur rutilante des cuivres et la puissance des cordes aux détails majestueux, suivies par l’allant des airs des sorcières et, surtout, la profondeur du chœur recueilli ‘Patria opressa’, écrit en 1865 pour la version parisienne, et qui atteint une intensité de velours qui rivalise avec la beauté des grands chœurs des opéras tragiques russes.

Chœur des sorcières de 'Macbeth'

Chœur des sorcières de 'Macbeth'

Riccardo Chailly présente ensuite un arrangement qui lie sans césure l’ouverture menaçante et pimpante d’’Il trovatore’ avec le chœur des forgerons du second acte et l’écho de ce même chœur repris un plus loin dans l’opéra, ensemble dominé par une densité rougeoyante très imagée, et enchaîne avec l’ouverture si célèbre de ‘La Force du destin’ qu’il fait suivre par une interprétation de ‘Nella guerra è la follia’ d’une très grande noblesse, bien qu’il s’agisse d’un chœur populaire.

La compacité sonore ancre ainsi une proximité naturelle avec l'esprit fougueux et dramatique de Verdi, et plusieurs 'Viva Verdi' seront lancés spontanément dans la salle par des spectateurs.

Alberto Malazzi et Riccardo Chailly

Alberto Malazzi et Riccardo Chailly

Le ‘Gloria all’Egitto, ad Iside’ d’’Aida’ permet enfin d’achever cette démonstration de maîtrise en l’ornant par de magnifiques effets d’irisation de la part des percussions, toujours dans cet esprit de souplesse très bien calibré, et le bis final qui déchaîne les furies de la fin du prologue de ‘Simon Boccanegra’, 'Viva Simon, del popolo l’eletto!…’, laisse entrevoir un message d’espoir qu’un jour, peut-être, un grand leader élu sans réserve par la majorité d’un peuple émergera pour le guider vers sa destinée.

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Publié le 6 Juillet 2023

Grisélidis (Jules Massenet – Opéra-Comique,
le 20 novembre 1901)
Version de concert du 04 juillet 2023
Théâtre des Champs-Elysées

Grisélidis Vannina Santoni
Alain Julien Dran
Le Marquis Thomas Dolié
Le Diable Tassis Christoyannis
Fiamina Antoinette Dennefeld
Bertrade Adèle Charvet
Le Prieur Thibault de Damas
Gondebaut Adrien Fournaison

Direction musicale Jean-Marie Zeitouni
Chœur et Orchestre de l’Opéra national Montpellier Occitanie

Avec 73 représentations au cours de la première partie du XXe siècle, ‘Grisélidis’ fait partie de ces œuvres de Jules Massenet créées à l’Opéra Comique qui connaitront un succès d’estime – il y aura également 8 représentations entre 1922 et 1923 à l’Opéra de Paris -.

Thomas Dolié (Le Marquis) et Vannina Santoni (Grisélidis)

Thomas Dolié (Le Marquis) et Vannina Santoni (Grisélidis)

L’œuvre, basée sur la pièce d'Armand Silvestre et d'Eugène Morand ‘Le Mystère de Grisélidis’ créée à la Comédie-Française le 15 mai 1891, est d’abord un témoignage de la longue amitié entre Jules Massenet et le poète Armand Silvestre, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, qui écrivit nombre de poèmes pour les mélodies du compositeur.

Achevée fin 1894, 'Grisélidis' sera cependant mise en veille au profit de trois autres ouvrages de Massenet,  ‘La Navarraise’ (03 octobre 1895), ‘Sapho’ (24 novembre 1897) et ‘Cendrillon’ (24 mai 1899), si bien qu’après un profond remaniement, elle verra finalement le jour le 20 novembre 1901.

Julien Dran (Alain)

Julien Dran (Alain)

Ce conte lyrique est tiré d’un célèbre thème médiéval littéraire qui est une ode à la patience d’une pauvre bergère vivant à Saluzzo, une cité située au sud de Turin, qui dut endurer les pires épreuves, dont l’enlèvement de ses enfants, pour prouver sa fidélité à son mari, un riche marquis de la région.

L’opéra baroque et l'opéra classique italiens se sont emparés de ce sujet par le passé à de multiples reprises, à travers les versions de ‘Griselda’ composées par Antonio Maria Bononcini, Alessandro Scarlatti, Pietro Torri, Giovanni Bononcini, Francesco Bartolomeo Conti, Antonio Vivaldi ou bien Niccolo Piccini, si bien que l’on peut voir à travers ‘Grisélidis’ une résurgence directe d’un thème tant privilégié au XVIIIe siècle.

Thibault de Damas (Le Prieur) et Adrien Fournaison (Gondebaut)

Thibault de Damas (Le Prieur) et Adrien Fournaison (Gondebaut)

Pour la très large majorité du public venu ce soir au Théâtre des Champs-Elysées, il s’agit donc d’une découverte, et probablement peu de visages habituels du microcosme lyrique parisien sont absents.

L’art musical de Jules Massenet s’apprécie immédiatement par sa façon de faire vivre des ondes orchestrales avec beaucoup de souplesse et de délicatesse, tout en laissant se délier des lignes mélodiques bucoliques auxquelles s‘allient des ensembles de chœurs – excellente finesse du Chœur de l’Opéra national Montpellier Occitanie ! -  qui exaltent la foi chrétienne.

Tassis Christoyannis (Le Diable) et Adèle Charvet (Bertrade)

Tassis Christoyannis (Le Diable) et Adèle Charvet (Bertrade)

Jean-Marie Zeitouni donne du corps à la musique et entraine l’Orchestre de l’Opéra national Montpellier Occitanie dans un discours dramatique très appuyé et un style qui évite de trop fondre couleurs et matières.  L’oreille ne peut cependant s’empêcher de ressentir des modulations musicales et des chatoiements balbutiants qui seront plus tard magnifiquement développés avec majesté par Richard Strauss dans ses grands opéras tels ‘Die Frau ohne Schatten’.

Mais il est également assez déroutant de basculer de ce continuum sonore encore un peu âpre à une légèreté très vivante lorsque le Diable apparait. Tassis Christoyannis lui donne une jovialité mais également une très agréable subtilité expressive qui démultiplient les accents aux intentions ludiques.

Antoinette Dennefeld (Fiamina)

Antoinette Dennefeld (Fiamina)

A l’opposé, Thomas Dolié crée un portrait du Marquis vif et très torturé qui trouve auprès de lui une figure de la femme parfaite que Vannina Santoni tient haut la main avec une fière impassibilité. Grisélidis est surtout pour elle un personnage qui lui permet de canaliser ses grandes qualités de coloration, et de surmonter les tensions des lignes de chant pour leur donner une ornementation radieuse et éloquente.

Et à travers Bertrade, la suivante de Grisélidis, Adèle Charvet offre un beau portrait empreint de chaleur humaine et de plénitude veloutée qui vient plaisamment contrebalancer cet univers de tension constante.

Jean-Marie Zeitouni et Vannina Santoni

Jean-Marie Zeitouni et Vannina Santoni

Cette tension, justement, se retrouve d’emblée chez le pauvre Alain que Julien Dran incarne avec tendresse et sens du dolorisme, donnant de son chant un brin forcé, mais focalisé avec précision, une image de dignité désespérée très touchante.

En Fiamina, la femme du Diable, Antoinette Dennefeld se régale à décliner les facettes les moins sympathiques d’une femme séductrice mais fortement manipulatrice, et Thibault de Damas, en Prieur, révèle une très grande présence et de la jeunesse d’esprit.

Enfin, dorénavant régulièrement distribué au Théâtre des Champs-Elysées, Adrien Fournaison dépeint Gondebaut avec prestance et une noirceur de velours d'une grande noblesse.

Tassis Christoyannis, Adrien Fournaison, Julien Dran et Thibault de Damas

Tassis Christoyannis, Adrien Fournaison, Julien Dran et Thibault de Damas

Succès certain pour cette unique soirée qui met en valeur une distribution de chanteurs tous très engagés à défendre une œuvre au thème, certes, daté, mais qui est portée par une musique douée d’une évidente faculté d’imprégnation.

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Publié le 16 Mai 2023

Der Fliegende Holländer (Richard Wagner – 1843)
Version de concert du 15 mai 2023
Théâtre des Champs-Elysées

Daland Karl-Heinz Lehner
Senta Ingela Brimberg
Erik Maximilian Schmitt
Mary Dalia Schaechter
Der Steuermann Dmitry Ivanchey
Der Holländer James Rutherford

Direction musicale François-Xavier Roth
Les Siècles
Chœur de l’Opéra de Cologne

Coproduction Théâtre des Champs-Élysées / Les Siècles / Atelier Lyrique de Tourcoing / Oper Köln / Bühnen Köln

                                                      François-Xavier Roth

10 ans après l’interprétation par l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin (18 septembre 2013), et 50 ans après celle du Deutsche Staatsoper de Berlin menée par Wilfried Werz (19 mars 1973), le Théâtre des Champs-Élysées est à nouveau embarqué pour un soir dans l’élan romantique du ‘Vaisseau Fantôme’, mais avec cette fois une coloration musicale issue d’instruments allemands de l’époque de la création à Dresde.

James Rutherford (Der Holländer) et Ingela Brimberg (Senta)

James Rutherford (Der Holländer) et Ingela Brimberg (Senta)

Dés l’ouverture, qui se déroule dans une ambiance lumineuse ambrée, se dégagent les qualités orchestrales qui vont se déployer tout le long du concert, le charme des sonorités chantantes des vents au délié rond, bien timbré et très poétique, la chaleur et la tessiture un peu âpre des cuivres, le dessin soigné et nuancé des différentes lignes harmoniques, et un surprenant métal scintillant des cordes qui, toutefois, n’est pas aussi prédominant que dans d’autres versions plus expansives.

Et il y a surtout ce sens du tempo net et souple qui crée une théâtralité percutante d’une très grande élégance.

François-Xavier Roth, Les Siècles et le Chœur de l’Opéra de Cologne

François-Xavier Roth, Les Siècles et le Chœur de l’Opéra de Cologne

On aime également chez François-Xavier Roth cette manière passionnée de danser et d’humaniser la musique de Richard Wagner, d’en faire ressortir le toucher intime, mais aussi de galvaniser la scène à l'instar du grand choral ‘Johohoe!’ du dernier acte où les choristes de l’Opéra de Cologne, tous accourus à l’avant-scène, s’emparent de l’audience pour l’entraîner avec un impact franc phénoménal, et aussi avec grand sens de la cohésion et de la détermination qui induit un véritable sentiment fraternel entre eux.

François-Xavier Roth et Les Siècles

François-Xavier Roth et Les Siècles

Par ailleurs, si l’ensemble de la distribution est très impliqué, la psychologie de certains personnages montre de nouvelles facettes, à commencer par le Hollandais incarné par James Rutherford. Le baryton britannique se distancie d’une figure qui serait trop froide pour insuffler une forme d’autorité au gant de velours. Timbre homogène, voix sombre et attendrissante, il rend son personnage plus proche de nous, et il est très étonnant de voir comment Maximilian Schmitt lui oppose un Erik qui est son exact reflet physique, mais avec des expressions plus émotives, un tempérament bien écorché, la mise en espace semblant mettre en équilibre ces deux fortes personnalités face à Senta.

James Rutherford (Der Holländer)

James Rutherford (Der Holländer)

La soprano suédoise Ingela Brimberg brosse aussi un grand portrait wagnérien de la fille de Daland, un peu plus dur et moins romantique que d’autres interprètes, mais avec une solidité de timbre et un splendide aigu qui rendent une sensible impression névrotique à son caractère. Ses regards fusants sont à l’unisson de la forte pénétrance de son élocution ample et bien marquée, et point même l’envie d’y voir certains reflets de l’art déclamatoire de Waltraud Meier.

Ingela Brimberg (Senta)

Ingela Brimberg (Senta)

Autre personnalité forte, Karl-Heinz Lehner fait aussi vivre un Daland assez violent et particulièrement retentissant, dans une veine très théâtrale et vigoureuse où l’on sent l’influence d’un grand personnage straussien, le Baron Och du ‘Rosenkavalier’.

Quant à Dalia Schaechter, elle affiche une sévérité excessive alors que la nourrice de Senta pourrait révéler un visage maternel très attachant.

Dmitry Ivanchey (Der Steuermann) et Karl-Heinz Lehner (Daland)

Dmitry Ivanchey (Der Steuermann) et Karl-Heinz Lehner (Daland)

Et par contraste avec ses partenaires, Dmitry Ivanchey apporte une touche plus légère et mozartienne en dénuant le pilote de tout vague à l’âme sombrement mélancolique, tout en lui ajoutant, avec sa tessiture très claire, une tonalité humoristique inattendue.

Un version attachante, amoureusement dirigée, dont le souffle, la générosité et la précision musicale font à nouveau la valeur de cette brillante soirée wagnérienne donnée au Théâtre des Champs-Élysées.

Chœur de l’Opéra de Cologne

Chœur de l’Opéra de Cologne

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Publié le 31 Mars 2023

Présentation de la saison Lyrique 2023 / 2024 du Théâtre des Champs Élysées

Depuis le mardi 21 mars 2023, la quatorzième saison de Michel Franck à la direction du Théâtre des Champs Élysées est officiellement dévoilée à travers une visioconférence diffusée en matinée.

Cette saison s’inscrit dans la continuité des saisons passées et comprend 5 productions d’opéras en version scénique données sur un total de 24 soirées, une pièce de théâtre 'Le malade imaginaire' jouée sur 16 soirées, 22 soirées d’opéras en version concert (dont 2 soirs pour ‘Giulio Cesare’ et un dimanche matin pour ‘Didon et Enée’) et 5 oratorio et œuvres religieuses (dont 2 soirs pour ‘Carmina Burana’ avec Ludovic Tézier), 20 concerts symphoniques (dont 4 avec Les Siècles), 11 récitals vocaux, 19 récitals de piano, 11 concerts de l’orchestre de chambre de Paris, 5 autres concerts de musique de chambre, 19 concerts du dimanche matin, 5 ballets dansés sur 16 soirées et 2 soirées de Théâtre musical (‘Le Carnaval Baroque’).

Par ailleurs, une version de ‘La Flûte enchantée’ ramenée à une durée d’une heure et trente minutes,  interprétée par l’ensemble Les Siècles, sera créée pour le jeune public, et donnée en onze représentations sur le temps scolaire, ainsi que sur trois matinées et trois soirées tout public.

Ce spectacle sera une coproduction avec l’Atelier Lyrique de Tourcoing, l’opéra de Reims et l’opéra de Bordeaux

Cette ligne programmatique redonne également de la place aux opéras en version scéniques avec 5 nouvelles productions, et c’est cette fois la danse qui s’efface un peu pour laisser la place au théâtre à l’occasion des fêtes de Noël avec la reprise du ‘Malade imaginaire’ dans l’ancienne production de Claude Stratz (2001) de la Comédie française.

Les soirées d’opéras en version concert battent un nouveau record de représentations (plus de 20 soirées), mais les récitals vocaux sont fortement réduits par rapport aux saisons précédentes (une dizaine de soirées seulement).

'Boris Godounov' - Mise en scène Olivier Py

'Boris Godounov' - Mise en scène Olivier Py

Opéras en version scénique

La Cenerentola (Gioachino Rossini)
9, 11, 13, 15, 17, 19 octobre (6 représentations)

Direction musicale Thomas Hengelbrock  Mise en scène Damiano Michieletto
Marina Viotti, Levy Sekgapane, Edward Nelson, Peter Kálmán, Alice Rossi, Justyna Ołów, Alexandros Stavrakakis
Balthasar-Neumann-Ensemble, Balthasar-Neumann-Chor
Coproduction Semperoper Dresden

La Flûte enchantée (Wolfgang Amadé Mozart)
14, 16, 18, 20, 22, 24 novembre (6 représentations)

Direction musicale François-Xavier Roth, Mise en scène Cédric Klapisch
Cyrille Dubois, Regula Mühlemann, Florian Sempey, Catherine Trottmann, Jean Teitge, Marc Mauillon, Aleksandra Olczyk, Judith van Wanroij, Isabelle Druet, Marion Lebègue, Ugo Rabec, Blaise Rantoanina
Les Siècles, Chœur Unikanti-Maîtrise des Hauts-de-Seine
Coproduction Atelier Lyrique de Tourcoing, Théâtre Impérial–Opéra de Compiègne, Opéra de Nice-Côte d’Azur

Boris Godounov (Modeste Moussorgski)
28 février, 1, 3, 5, 7 mars (5 représentations)

Direction musicale Andris Poga, Mise en scène Olivier Py
Matthias Goerne, Victoire Bune, Lila Dufy, Svetlana Lifar, Marius Brenciu, Mikhail Timoshenko, Andreï Chtchelkalov, Roberto Scandiuzz, Airam Hernández, Yuri Kissi, Fabien Hyon, Sarah Laulan, Kristofer Lundin, Barnaby Re, Sulkhan Jaiani
Orchestre National de France, Chœur de l’Opéra National du Capitole, Maîtrise des Hauts-de-Seine Coproduction Opéra National du Capitole

David et Jonathas (Marc-Antoine Charpentier)
18, 19 mars (2 représentations)

Direction musicale Sébastien Daucé, Mise en scène Jean Bellorini
Petr Nekoranec, Gwendoline Blondeel, Jean-Christophe Lanièce, Lucile Richardot, Etienne Bazola, Alex Rosen, Hélène Patarot
Chœur et Orchestre Ensemble Correspondances
Production théâtre de Caen
Coproduction Théâtre des Champs-Élysées, Ensemble Correspondances, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Opéra National de Lorraine, Opéra de Lille, Théâtre National Populaire Villeurbanne

L’Olimpiade (Antonio Vivaldi)
20, 23, 25, 27, 29 juin (5 représentations)

Direction musicale Jean-Christophe Spinosi, Mise en scène Emmanuel Daumas
Jakub Józef Orliński, Marina Viotti, Varduhi Abrahamyan, Delphine Galou, Jodie Devos, Luigi De Donato, Christian Senn
Choeur et Orchestre Ensemble Matheus
Ce projet a reçu le label Olympiade Culturelle

Elena Stikhina dans 'Adriana Lecouvreur'

Elena Stikhina dans 'Adriana Lecouvreur'

Opéras et oratorio en version de concert

Les Boréades (Jean-Philippe Rameau) le 23 septembre
Sabine Devieilhe, Reinoud Van Mechele, Thomas Doli, Tassis Christoyannis, Benedikt Kristjánsson, Philippe Estèphe, Gwendoline Blondeel

György Vashegyi direction, Orfeo Orchestra,  Purcell Choir
       
Requiem (Wolfgang Amadé Mozart) le 10 octobre
Julia Lezhneva, Eva Zaïcik, Mauro Peter, Nahuel Di Pierro

Julien Chauvin direction, Chœur de chambre de Namur

Carmen  (Georges Bizet) le 22 octobre
Marianne Crebassa, Stanislas de Barbeyrac, Iulia Maria Dan, Jérôme Boutillier, Faustine de Monès, Floriane Hasler, Florent Karrer, Thomas Morris, Nicolas Brooymans, Yoann Dubruque

Ben Glassberg direction, Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, Choeur Accentus / Opéra de Rouen Normandie 

Jules César en Égypte (Georg Friedrich Haendel le 23 et 25 octobre
Cecilia Bartoli, Carlo Vistoli, Sara Mingardo, Max Emanuel Cenčić , José Coca Loza, Kangmin Justin Kim

Gianluca Capuano direction Orchestre et Les Musiciens du Prince-Monaco

Adriana Lecouvreur (Francesco Cilea) le 05 décembre
Elena Stikhina, Brian Jagde, Misha Kiria, Clémentine Margaine, Maurizio Muraro, Robert Lewis, Giulia Scopelliti, Thandiswa
Mpongwana, Pete Thanapat
Daniele Rustioni direction Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon

Véronique Gens dans 'Iphigénie en Tauride', 'Alceste' et 'Atys'

Véronique Gens dans 'Iphigénie en Tauride', 'Alceste' et 'Atys'

Oratorio de Noël (Jean-Sébastien Bach) le 08 décembre
A
nna Dennis , Hugh Cutting, Guy Cutting, Dominic Sedgwick
Masaaki Suzuki direction, Orchestra & Choir of the Age of Enlightenment

L’Enlèvement au sérail (Wolfgang Amadé Mozart) le 11 décembre
Albina Shagimuratova, Julien Behr, Florie Valiquette, Sulkhan Jaiani, Sahy Ratia

Julien Chauvin direction, Le Concert de la Loge, Chœur Fiat Cantus

La Chauve-souris (Johann Strauss) le 13 décembre
Huw Montague Rendall, Jacquelyn Stucker, Samuel Hasselhorn, Alina Wunderlin, Sandrine Buendia, Magnus Dietrich, Krešimir Špicer, Marina Viotti, Sunnyi Melles

Marc Minkowski direction, Les Musiciens du Louvre

Iphigénie en Tauride (Henry Desmarest / André Campra) le 09 janvier
Véronique Gens, Reinoud Van Mechelen, Tassis Christoyannis, David Witczak, Olivia Doray, Floriane Hasle, Tomislav Lavoie , Antonin Rondepierre, Jehanne Amzal, Marine Lafdal-Franc

Hervé Niquet direction, Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel

Les sept péchés capitaux (Kurt Weill) le 10 janvier
Marina Viotti, Judith Chemla

Marc Leroy-Calatayud direction, L’Orchestre de Chambre de Genève

Philippe Jordan dans 'Don Giovanni'

Philippe Jordan dans 'Don Giovanni'

Carmina Burana (Carl Orff) le 25 et 26 janvier
Regula Mühlemann, Matthias Rexroth, Ludovic Tézier

Kazuki Yamada direction, Orchestre National de France, Choeur de Radio France, Maîtrise de Radio France

Alceste (Jean-Baptiste Lully) le 01 février
Véronique Gens, Cyril Auvity, Luigi De Donato, Luc Bertin-Hugault , Camille Poul, Léo Vermot-Desroches, Geoffroy Buffières, Claire Lefilliâtre, Cécile Achille

Stéphane Fuget direction, Les Epopées

Rinaldo (Georg Friedrich Haendel) le 02 février
Carlo Vistoli, Emőke Baráth | Armida, Chiara Skerath, Lucile Richardot, Anthea Pichanick, Andrea Mastroni

Thibault Noally direction, Les Accents

Didon et Enée (Henry Purcell) le 04 février
Anna Wal, Yoann Dubruque, Apolline Raï-Westphal

Johannes Pramsohler direction, Ensemble Diderot
       
Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart) le 05 février
Christian Van Horn, Slávka Zámečníková , Bogdan Volkov, Federica Lombardi, Peter Kellner, Antonio Di Matteo, Martin Häßler, Patricia Nolz

Philippe Jordan direction, Orchestre et Chœur de l’Opéra de Vienne

Joyce DiDonato dans 'Didon et Enée'

Joyce DiDonato dans 'Didon et Enée'

Didon et Enée / Jephté (Henry Purcell / Giacomo Carissimi) le 08 février
Joyce DiDonato, Andrew Staples, Fatma Saïd, Beth Taylor, Carlotta Colombo, Alena Dantcheva, Anna Piroli, Massimo Altieri, Hugh Cutting

Maxim Emelyanychev direction, Il Pomo d’Oro

Les Pêcheur de perles (Georges Bizet) le 04 mars
Sandra Hamaoui, Xabier Anduaga, Benjamin Appl, Matthieu Lécroart

Lorenzo Passerini direction, Orchestre de chambre de Paris, Chœur de chambre de Rouen 

La Damnation de Faust (Hector Berlioz) le 21 mars
Stanislas de Barbeyrac, Stéphanie d’Oustrac, Jean Teitgen, Frédéric Caton

Cristian Măcelaru direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France

Passion selon Saint Matthieu (Jean-Sébastien Bach) le 22 mars
Maximilian Schmitt , Yannick Debus, Kateryna Kasper, Philippe Jaroussky, Emiliano Gonzalez Toro, Andreas Wolf

Francesco Corti  direction, Freiburger Barockorchester, Zürcher Sing-Akademie

Atys (Jean-Baptiste Lully) le 26 mars
Mathias Vidal, Véronique Gens, Deborah Cachet, Tassis Christoyannis, Floriane Hasler, Eléonore Pancrazi, David Witczak, Adrien Fournaison, Antonin Rondepierre, Carlos Rafael Porto, Marine Lafdal-Franc, François-Olivier Jean

Alexis Kossenko direction, Les Ambassadeurs~La Grande Ecurie, Les Pages et les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles

Yannick Nézet-Séguin dans 'La Walkyrie'

Yannick Nézet-Séguin dans 'La Walkyrie'

Elektra (Richard Strauss) le 29 avril
Iréne Theorin, Violetta Urmana, Simone Schneider, Paweł Koni, Matthias Klink
Cornelius Meister direction, Staatsorchester Stuttgart

La Walkyrie (Richard Wagner) le 04 mai
Stanislas de Barbeyrac, Elza van den Heever, Soloman Howard , Brian Mulligan, Karen Cargill, Tamara Wilson, Justyna Bluj, Iris van Wijnen, Maria Barakova, Ronnita Miller, Bongiwe Nakani, Catriona Morison
Yannick Nézet-Séguin direction, Rotterdams Philharmonisch Orkest

Berenice (Georg Friedrich Haendel) le 21 mai
Sandrine Piau , Ann Hallenberg, Paul-Antoine Bénos-Djian, Hugh Cutting, Rupert Charleswort, John Chest
Francesco Corti direction, Il Pomo d’Oro

L’Heure espagnole (Maurice Ravel) le 22 mai
Isabelle Druet, Julien Behr, Loïc Félix, Thomas Dolié, Jean Teitgen
François-Xavier Roth direction, Les Siècles

Tolomeo (Georg Friedrich Haendel) le 31 mai
Franco Fagioli, Giulia Semenzato, Andrea Mastroni, Giuseppina Bridelli, Christophe Dumaux
Giovanni Antonini direction, Kammerorchester Basel

Les Grandes Voix d'Afrique

Les Grandes Voix d'Afrique

Récitals vocaux

Paris Opera Competition, le 15 septembre

Philippe Jaroussky (Hasse, Leo, Valentini, Traëtta, Bernasconi, Ferrandini, Haendel, J. C. Bach, Jommelli), le 26 novembre

Franco Fagioli (Rossini, Meyerbeer, Morlacchi, Nicolini), le 09 décembre

Golda Schultz, Amitai Pati, Pene Pati Donizetti, Mozart, Verdi, Gounod, Lehár), le 08 janvier

Les grandes voix lyriques d’Afrique, le 23 mars

Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim

Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim

Matthias Goerne (Schumann, Brahms), le 28 mars

Opera Fuoco fête ses 20 ans (Marcello, Telemann, Haendel, Mozart, Haydn, Mayr, Bizet, Rossini, Bellini, Offenbach), le 09 avril

Lisette Oropesa, Benjamin Bernheim (Rossini, Donizetti, Verdi, Offenbach, Bizet, Massenet, Gounod), le 26 avril

Lauranne Oliva, Eva Zaïcik, Bruno de Sá, Christophe Dumaux (Haendel, Porpora, Vivaldi), le 14 mai

Gala Belle Époque (Debussy, Saint-Saëns, Massenet, La Tombelle, Bonis, Dubois, Caplet), le 26 juin

Marina Viotti (Haendel), le 28 juin

'Le Malade imaginaire' - Comédie Française

'Le Malade imaginaire' - Comédie Française

Théâtre musical

Le Carnaval Baroque Art du cirque, musique et danse du XVIIe siècle D’Il Fàsolo à Monteverdi) le 13 et 15 janvier
Anaïs Bertrand, Paco Garcia, Martial Paulia, Igor Bouin, Stefano Amori, Julien Lubek

Vincent Dumestre direction, Cécile Roussat mise en scène
Le Poème Harmonique

 

Théâtre

Le Malade imaginaire (Molière) du 21 décembre au 7 janvier
Avec la troupe de la Comédie Française

Claude Stratz mise en scène

Vladimir Jurowski

Vladimir Jurowski

Concerts (sélection subjective)

Wiener Philharmoniker, Jakub Hrůša direction, Igor Levit piano (Brahms, Dvořak), le 14 septembre

Bayerisches Staatsorchester, Vladimir Jurowski direction, Yefim Bronfman, Elsa Dreisig (Wagner, Schumann, Mahler), le 21 septembre

Orchestre de chambre de Paris, Maxim Emelyanychev direction (Mendelssohn, Saint-Saëns), le 16 octobre

Les Siècles, François-Xavier Roth direction (Voyage musical de Mozart à Beethoven), le 14 octobre

Orchestre de chambre de Paris, Thomas Dausgaard direction, Elisabeth Leonskaja piano (Honegger/Pesson Rugby, Mozart, Mendelssohn), le 18 octobre

Dmitry Masleev piano (Rachmaninov, Cui, Liszt, Medtner, Balakirev, Glinka, Moussorgski), le 17 novembre

Quatuor Zaïde, Xavier Phillips violoncelle, Michel Portal clarinette (Mozart, Beethoven, Schubert), le 21 novembre

Orchestre national de France, Trevor Pinnock direction, Gil Shaham violon (Beethoven, Schubert), le 07 décembre

Emmanuel Pahud flûte, Maja Avramovic violon, Joaquín Riquelme García alto, Tim Park violoncelle (Mozart, Dvořák), le 17 décembre

Orchestre de chambre de Paris, Gábor Káli direction, Roger Muraro piano (Kodály, Chopin, Dvořák), le 11 janvier

Quatuor Hanson (Chostakovitch, Beethoven), le 21 janvier

Igor Levit piano (Mahler , Brahms, Beethoven), le 29 février

Maxim Emelyanychev piano, Aylen Pritchin violon (Brahms , Dvořák, Grieg), le 10 mars

Les Siècles, François-Xavier Roth direction, Marie-Nicole Lemieux contralto, Andrew Staples ténor (Rameau, Mahler Das Lied von der Erde), le 25 mars

Nikolaï Lugansky piano (Mendelssohn, Chopin Ballade , Wagner-Lugansky), le 27 mars

Andreï Korobeinikov piano (Beethoven, Schumann, Scriabine, Messiaen), le 12 avril

Orchestre Colonne, Marc Korovitch, Laurent Petitgirard direction (Dukas, Pierné, Berlioz, Petitgirard, Stravinsky, Ravel), le 28 avril

Les Siècles, François-Xavier Roth direction, Jean-Efflam Bavouzet piano, Renaud Capuçon violon (Alex Nante, Berg , Schoenberg), le 30 avril

Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann direction (Weber, Wagner , Strauss), le 24 mai

Jean-Christophe Spinosi et Emmanuel Daumas dans 'L'Olimpiade'

Jean-Christophe Spinosi et Emmanuel Daumas dans 'L'Olimpiade'

Première impression sur la saison 2023 / 2024

Avec 8 opéras en version de concert d’après Lully, Desmarest, Gluck, Berlioz, Bizet et Ravel, la langue française prédomine parmi les soirées lyriques en version de concert pour la deuxième année consécutive, et tous les siècles depuis Louis XIV jusqu’à la Première Guerre mondiale sont représentés.

En revanche, pour défendre l'opéra français en version scénique, seuls deux soirs sont consacrés au ‘David et Jonathas’ de Marc-Antoine Charpentier mis en scène par Jean Bellorini.

Les opéras en italiens continuent de voir leur représentativité se réduire (aucun Monteverdi, Verdi, Puccini, Donizetti, Bellini ne sont programmés), mais la version scénique de ‘L’Olimpiade’ de Vivaldi est une vrai proposition, car rarement le compositeur vénitien a droit à une mise en scène (le dernier opéra de Vivaldi mis en scène remonte à la saison 2010/2011 avec ‘Orlando furioso’ dans la production de Pierre Audi dirigée par Jean-Christophe Spinosi).

Quant à ‘La Cenerentola’ de Gioachino Rossini, la mise en scène de Damiano Michieletto se substituera à celle d’Irina Brook dont la dernière reprise date de 2010.

‘Jephté’ de Giacomo Carissimi sera par ailleurs la découverte, en version de concert, de la saison.

Après deux saisons de mise en retrait, le répertoire allemand reprend des couleurs avec une version scénique de ‘La Flûte enchantée’, les versions de concert d’’Elektra’ de Richard Strauss et de ‘La Walkyrie’ de Richard Wagner, mais aussi des compositeurs tels Johann Strauss, Kurt Weill, et Jean-Sébastien Bach pour les oratorios.

Cette saison reflète d’ailleurs une certaine complétude du répertoire, car les langues slaves et anglaises y sont aussi représentées.

Stéphanie d'Oustrac dans 'La Damnation de Faust'

Stéphanie d'Oustrac dans 'La Damnation de Faust'

La nouvelle production de ‘Boris Godounov’ par Olivier Py, metteur en scène attaché à la maison, est un évènement qui s’inscrit dans la continuité d’’Eugène Onéguine’ mis en scène par Stéphane Braunschweig deux saisons auparavant.

Et pour les amoureux du baroque anglais, une matinée et une soirée sont dédiées à ‘Didon et Enée’ d’Henry Purcell interprété par deux équipes artistiques différentes, dont l’une avec Joyce Di Donato.

Quant à la langue latine, elle se limite au ‘Requiem’ de Mozart et ‘Carmina Burana’ de Carl Orff, où l’on retrouvera Ludovic Tézier dans la célèbre cantate.

Mais globalement, cette saison respecte les fondamentaux du théâtre centrés principalement sur le répertoire du XVIIIe et XIXe siècle, en s’appuyant sur 3 piliers équivalents, les répertoires italien, français et allemand.

Parmi les soirées très attendues, le ‘Don Giovanni’ dirigé par Philippe Jordan, la venue du Bayerisches Staatsorchester dirigé par Vladimir Jurowski, avec la participation d’ Elsa Dreisig, ‘Le Chant de la Terre’ par Les Siècles avec Marie-Nicole Lemieux et Andrew Staples, les ouvrages aussi surdimensionnés que sont ‘Elektra’ ou bien ‘La Walkyrie’, le récital de Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim, ‘Atys’ avec Mathias Vidal et Véronique Gens, sont quelques exemples d’incontournables.

L'intégralité de la saison c'est ici.

Présentation de la Saison 2023-2024 du Théâtre des Champs-Elysées par Michel Franck

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Publié le 25 Décembre 2022

Giselle (Adolphe Adam – Académie Royale de Musique-Le Peletier, 28 juin 1841)
Ballet de l'Opéra de Kiev
Représentations du 21 (19h30) et 24 (15h00) décembre 2022
Théâtre des Champs-Élysées

Giselle Natalia Matsak
Albrecht Sergii Kryvokon
Myrtha Iryna Borysova
Hilarion Kostiantyn Pozharnytskyi
Berthe Kseniia Ivanenko
Avec Tymofiy Bykovets, Maksym Bilokrynytskyi, Daria Manoilo, Sergii Lytvynenko, Petro Markishev et le corps de ballet de l’Opéra national d’Ukraine

Chorégraphie Marius Petipa, d’après Jules Perrot et Jean Coralli
Décors et costumes originaux Tetiana Bruni
Costumes nouveau design Malva Verbytska (Maison Malva Florea)
Maître de Ballet Kostyantin Sergieiev
Direction musicale Dmytro Morozov
Orchestre Prométhée

Avec la reprise de ‘Giselle’ au Palais Garnier, en juin dernier, suivie, dès la rentrée au Théâtre des Champs-Élysées, par la version d’Akram Khan, et maintenant avec la venue du Ballet de l’Opéra national d’Ukraine en ce même théâtre, l’année 2022 aura donc été une année ‘Giselle’ pour Paris.

Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

Et, en préambule de la première du mercredi 21 décembre, Michel Franck, le directeur du célèbre Théâtre de l’avenue Montaigne, a bien pris soin de décrire au public les conditions avec lesquelles les artistes ont du composer pour venir en toute sécurité à la capitale : le voyage en car depuis Kiev vers Varsovie, la tempête de neige et les défaillances de leur moyen de transport, leur rapatriement vers Cracovie où l’organisatrice de la tournée a pu trouver en urgence 100 billets d’avions pour les danseurs, certains venant avec leurs enfants pour échapper aux bombardements de leur ville.

Michel Franck et l'organisatrice de la Tournée du ballet national d'Ukraine

Michel Franck et l'organisatrice de la Tournée du ballet national d'Ukraine

Ils sont arrivés au théâtre 3 jours plus tôt, un dimanche, et Michel Franck, décrivant le stress d’une alerte à la bombe lorsque l’un des artistes ukrainiens eut oublié d’éteindre son téléphone portable, a rappelé à quel point ces circonstances remettaient à leur juste place nos petits problèmes quotidiens.

Corps de Ballet de l'Opéra national d'Ukraine (Fête au village)

Corps de Ballet de l'Opéra national d'Ukraine (Fête au village)

Cette venue était programmée avant le début de la guerre, c’est pourquoi ‘Casse-Noisette’ était initialement programmé, et du être remplacé par ‘La fille des neige’ afin de ne pas donner prise à la Russie de Vladimir Poutine qui utilise la culture comme moyen de propagande.

Mais avec les multiples coupures d’électricité dues aux attaques aériennes sur les installations civiles, la troupe manquait de temps pour monter le ballet de Michael Corder, si bien que les danseurs de Kiev ont choisi d’interpréter ‘Giselle’ d’Adolphe Adam qu’ils connaissent par cœur.

Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

Ils sont donc très heureux d’être à Paris, mais pour eux, il est important de montrer la réalité de ce qu’ils vivent, et chacun est bien décidé à ne pas se laisser faire et à poursuivre sa mission. Certains danseurs et danseuses sont même allés au combat, et un ancien soliste, Alexander Chapoval, a été tué par les Russes dans l’est de l’Ukraine.

Kseniia Ivanenko (Berthe)

Kseniia Ivanenko (Berthe)

La toute première venue au Théâtre des Champs-Élysées de la troupe du Ballet de l’Opéra de Kiev date de 1964 où, dans le cadre du deuxième Festival International de Danse de Paris, elle fut consacrée meilleure Compagnie, ainsi que leurs solistes, Irma Loukachova et Vladimir Parsegoff, qui reçurent le Grand Prix de la Ville de Paris pour leur pas de deux d'’Esmeralda’

Puis, il faudra attendre décembre 2018 pour retrouver en ces lieux la Compagnie Ukrainienne à l’occasion de ses 150 ans d’existence. 

Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion), Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion), Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

Hasard de l’Histoire, c’est au moment de la naissance de l’Opéra de Kiev que ‘Giselle’ disparut de l’affiche de l’Opéra de Paris. Car si la création du célèbre ballet d’Adolphe Adam eut lieu avec succès le 28 juin 1841 à la salle Le Peletier, c’est Jules Perrot, venu à Saint-Pétersbourg en 1849, puis Marius Petipa, qui vont contribuer à l’installer en Russie. ‘Giselle’ ne reviendra par la suite au Palais Garnier qu’en 1910.

Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion)

Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion)

La chorégraphie interprétée ce soir reste donc inspirée de l’original de Marius Petipa, d’après Jules Perrot et Jean Coralli, et elle se déroule dans un un décor très classique, adapté par la créatrice ukrainienne Malva Verbytska, qui comprend, côté jardin, la petite maison de Giselle, et en arrière plan, un château de Contes de fées qui évoque les origines aristocratiques d’Albrecht.

Tymofiy Bykovets (Un paysan virtuose)

Tymofiy Bykovets (Un paysan virtuose)

En seconde partie, des lumières bleutées diffusent une atmosphère nocturne et poétique au Royaume des ombres, sur fond d’une nature fantomatique.

La tension et la mélancolie sont perceptibles, mais cela ne va empêcher les artistes de défendre ce chef d’œuvre romantique, non sans gravité, mais avec l’envie de se faire plaisir et de faire plaisir au public.

Corps de Ballet de l'Opéra national d'Ukraine (Royaume des ombres)

Corps de Ballet de l'Opéra national d'Ukraine (Royaume des ombres)

La danseuse étoile Natalia Matsak est en effet éblouissante. Technique qui lui permet de réussir sans concession et sans la moindre marque de fléchissement les mouvements tournoyants sur pointe, et de tenir des poses avec grande allure et élégance, cette magnifique artiste rayonne d’une fraîcheur très mature qui, à la fois, traduit la sincérité de Giselle, mais aussi en fait une femme intérieurement profonde, dont la perte de raison fait aussi penser à celle de la Traviata lorsqu’elle révèle fatalement ses souffrances intérieures.

Iryna Borysova (Myrtha)

Iryna Borysova (Myrtha)

Son partenaire, Sergii Kryvokon, est un splendide danseur, très grand est d’une physionomie qui figure à la fois la noblesse et la dominance souveraine d’Albrecht, avec énormément de sensibilité.
Grands élans aériens, expressivité romantique, assurance dans toutes les portées, nous sommes avec lui transportés dans le monde de l’indomptable fierté slave, et c’est absolument fascinant à admirer.

Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

Natalia Matsak (Giselle) et Sergii Kryvokon (Albrecht)

En seconde partie, Iryna Borysova donne également une leçon d‘exigence dans son incarnation de la blanche Myrtha, dans une attitude sévère mais consciente, et le rival d’Albrecht, Kostiantyn Pozharnytskyi, habillé comme il se doit en tenue de chasseur qui lui donne un aspect perçant, est tout aussi sensible, lui qui révèle dans la majesté et la célérité de ses impeccables postures une authenticité teintée subtilement d’ombre.

Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion) et Natalia Matsak (Giselle)

Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion) et Natalia Matsak (Giselle)

Dans la scène des danses paysannes, Tymofiy Bykovets est lui aussi brillant de par son aplomb et sa précision de mouvement, tout en affichant une certaine exigence dans sa relation au public, et le corps de ballet réussit à conserver une bonne cohésion d’ensemble, d’abord par sa vitalité joyeuse mais départie de tout superficialité excessive, en première partie, puis par sa quiétude recueillie en seconde partie, qui devient inévitablement fort inspirante pour l’auditeur.

Sergii Kryvokon (Albrecht)

Sergii Kryvokon (Albrecht)

Et dans la fosse d’orchestre, Dmytro Morozov, directeur musical de l’Opéra de Kharkiv, obtient de l’ensemble ‘Prométhée’ un très beau délié fluide et inspirant auquel on se laisse aller en toute sérénité, avec une tension juste qui soutient une théâtralité chaleureuse où les percussions sont sollicitées sans réserve. Très agréable poésie des vents, également, qui magnifie la belle gestuelle des solistes et des ensembles.

Dmytro Morozov (directeur musical de l'Opéra de Kharkiv)

Dmytro Morozov (directeur musical de l'Opéra de Kharkiv)

La soirée s’est achevée en standing ovation à la première, comme ce fut aussi le cas en matinée trois jours plus tard, avec plus de détente sans doute à la veille de Noël, les artistes étant heureux d’avoir retrouvé toutes leurs marques en quelques jours.

Et le fait de se montrer forts touchés par cet accueil s’est vraiment lu en eux, ce samedi après-midi. Un enchantement régnant parmi les spectateurs s'entendait ainsi à la sortie du Théâtre.

Natalia Matsak (Giselle), Sergii Kryvokon (Albrecht) et Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion)

Natalia Matsak (Giselle), Sergii Kryvokon (Albrecht) et Kostiantyn Pozharnytskyi (Hilarion)

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Publié le 13 Novembre 2022

Ariodante (Georg Friedrich Haendel – 1735)
Version de concert du 07 novembre 2022
Théâtre des Champs-Élysées

Ariodante Franco Fagioli
Ginevra Melissa Petit
Dalinda Sarah Gilford
Polinesso Luciana Mancini
Lurcanio Nicholas Phan
Le Roi d’Ecosse Alex Rosen

Direction musicale George Petrou
Il Pomo d’Oro

                                                  Melissa Petit (Ginevra)

 

Après ‘Giulio Cesare’ et ‘Alcina’, ‘Ariodante’ est l’opéra de Georg Friedrich Haendel le plus interprété depuis la production de Pier Luigi Pizzi créée à la Scala de Milan le 24 mars 1981, qui circula à Édimbourg (septembre 1982), Nancy (octobre 1983) et même Genève (février 1986).

Melissa Petit (Ginevra) et Franco Fagioli (Ariodante)

Melissa Petit (Ginevra) et Franco Fagioli (Ariodante)

Comme il s’agissait d’une coproduction de l’Opéra de Paris, Pierre Bergé et du Théâtre des Champs-Élysées, ce spectacle fit son entrée sur la scène parisienne de l’avenue Montaigne le 25 mars 1985, pour 5 représentations, sous la direction de Jean-Claude Malgoire.

Dès lors, le Théâtre des Champs-Élysées a accueilli une seconde production par Lukas Hemleb en mars 2007, avec Angelika Kirchschlager dans le rôle-titre et Christophe Rousset à la direction musicale, et pas moins de deux versions de concert données en mai 2011, avec Joyce DiDonato sous la direction d’Alan Curtis, puis en mai 2017 avec Alice Coote sous la direction d’Harry Bicket qui le dirigera également à l'Opéra de Paris en avril 2023.

Sarah Gilford (Dalinda)

Sarah Gilford (Dalinda)

La version de concert dirigée ce soir est cette fois confiée à George Petrou, directeur artistique du Festival Haendel International de Göttingen, qui a débuté cette tournée ‘Ariodante’ à Barcelone pour se poursuivre à Essen, Paris et La Coruña. 

Il est associé à dix-neuf musiciens de l’ensemble Il Pomo d’Oro qui jouent sur instruments d’époque avec une ravissante habileté à distiller des sonorités brillantes et raffinées sur un tempo qui engage à l’allégresse, malgré les noirceurs et tristesses de ce drame sentimental. 

Les musiciens d'Il Pomo d’Oro

Les musiciens d'Il Pomo d’Oro

Profiter de cette clarté musicale permet d’apprécier la délicatesse et la volupté de chaque instrument, tel le magnifique lamento sombre et mélancolique du basson (Katrin Lazar), et de créer une impression de sérénité qui saisit l’audience d’autant plus que la distribution réunie fait honneur à la nature belcantiste du chant haendélien.

Le chef d'orchestre veille ainsi à assurer la cohésion entre solistes et instrumentistes tout en insufflant tension, théâtralité et nuances dans un esprit de symbiose très réussi.

Luciana Mancini (Polinesso) et Sarah Gilford (Dalinda)

Luciana Mancini (Polinesso) et Sarah Gilford (Dalinda)

C’est dans une version pour contre-ténor que le second opéra d’Haendel inspiré par l’’Orlando Furioso’ de l’Arioste – le premier était ‘Orlando’ en 1733 – est chanté, et Franco Fagioli est éblouissant de virtuosité dans les airs purement dédiés à des exercices de grande agilité dont il préserve avec talent la suavité vocale qui naturellement se magnifie dans l’air central ‘Scherza infida’.

Se perd toutefois le charme trouble qui se manifeste lorsque ce rôle est confié à une mezzo-soprano, effet que l’on pourra cependant retrouver dans la prochaine production du Palais Garnier prévue au printemps prochain.

Melissa Petit, qui incarne la fille du Roi d’Écosse, se révèle être une partenaire parfaite de par sa dignité classique un peu austère dont le chant aux teintes ambrées prend aussi des accents d’urgence dramatique qui en font un grand personnage de tragédie. 

Nicholas Phan (Lurcanio)

Nicholas Phan (Lurcanio)

Sarah Gilford, elle, offre un portrait de Dalinda riant, lumineux et juvénile qui a énormément de fraîcheur, pouvant compter sur la pureté de sa voix aux lignes courbes et légères, comme une fleur s'épanouissant, ce qui crée un contraste saisissant avec le Polinesso intrigant et manipulateur que Luciana Mancini fait vivre avec un esprit acéré et charismatique, tout en affichant une aisance à traverser des airs véloces sans que cela ne dénature la texture brune, condensée et très homogène de son timbre de voix. 

Nicholas Phan, Alex Rosen, George Petrou et Franco Fagioli

Nicholas Phan, Alex Rosen, George Petrou et Franco Fagioli

Déjà présent en mai 2011 dans le rôle de Lurcanio, le frère d’Ariodante, Nicholas Phan est un très élégant interprète qui exprime les sentiments avec une subtile profondeur. C’est un ténor qui mêle clarté, maturité des couleurs et très grande souplesse qui lui permettent d’exprimer des élans passionnés très assurés dans les aigus, alliés à une langueur sensiblement mozartienne.

Enfin, Alex Rosen brosse un portrait du Le Roi d’Ecosse posé et réservé avec une belle tessiture qui dépeint gravité, noblesse et jeunesse, ce qui parachève avantageusement ce grand tableau de valeur, défendu par des artistes qui sont une découverte pour beaucoup de spectateurs comblés en ce lundi soir.

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