Publié le 29 Juin 2022

Faust (Charles Gounod – 1859) 
Répétition générale du 25 juin 2022 et représentations du 28 juin et 13 juillet 2022
Opéra Bastille

Faust Benjamin Bernheim
Méphistophélès Christian Van Horn
Valentin Florian Sempey
Wagner Guilhem Worms
Marguerite Angel Blue
Siébel Emily d’Angelo
Dame Marthe Sylvie Brunet‑Grupposo
Faust (acteur) Jean-Yves Chilot

Direction musicale Thomas Hengelbrock
Mise en scène Tobias Kratzer (2021)
Nouvelle production
Diffusion de la captation 2021 de 'Faust' le samedi 02 juillet 2022 à 21h10 sur France 4 (canal 14)

Pour six représentations, la nouvelle production de ‘Faust’ créée le 26 mars 2021 en plein confinement et diffusée sur France 5 (un article détaillé de cette transmission en rend compte au lien suivant ‘Faust par Tobias Kratzer’) peut être enfin découverte directement par le public de l’opéra Bastille dans toute son ampleur. Il s’agit de la première mise en scène parisienne de Tobias Kratzer, artiste qui fut récompensé d’un Opera Award en 2020 pour sa production de ‘Tannhaüser’ reprise cet été au Festival de Bayreuth.

Angel Blue (Marguerite) et Benjamin Bernheim (Faust)

Angel Blue (Marguerite) et Benjamin Bernheim (Faust)

‘Faust’ est un cas unique dans l’histoire de l’Opéra de Paris puisqu’il totalise 2674 représentations au 28 juin 2022 depuis son entrée au répertoire le 3 mars 1869, même si son rythme de programmation depuis les 50 dernières années ne le rattache plus qu’aux douze titres les plus joués par l’institution.

Christian Van Horn (Méphistophélès)

Christian Van Horn (Méphistophélès)

La version présentée cette saison n’est cependant pas exactement identique à celle de 1869 car elle comprend l’ajout de deux airs. Le premier, l’air de Valentin ‘Avant de quitter ces lieux’, avait été composé pour la version de Londres en 1864, mais Gounod s’était opposé à son insertion à la version de l’Opéra de Paris, si bien qu’il ne fut intégré au second acte qu’au cours de la seconde partie du XXe siècle seulement. Le second, l’air de Siébel ‘Versez vos chagrins’, composé originellement pour la création au Théâtre Lyrique en 1859 dans une version avec dialogues parlés, avait été coupé avant la première représentation, si bien qu’un autre air, ‘Si le bonheur’, écrit en 1863, le remplaça lors de la création à l’Opéra en 1869.

C’est donc une chance merveilleuse de l’entendre sur scène, d’autant plus que la scène de la chambre de Marguerite du quatrième acte où il intervient était intégralement coupée dans la précédente production mythique de Jorge Lavelli.

Benjamin Bernheim (Faust)

Benjamin Bernheim (Faust)

Cependant, il ne reste quasiment plus rien de la nuit de Walpurgis au cinquième acte, hormis l’annonce de cette nuit par Méphistophélès, ainsi que la dernière des sept variations du ballet, ‘La danse de Phryné’.

La construction dramaturgique réalisée par le metteur en scène allemand est aujourd’hui l’un des plus beaux exemples de projection d’une histoire du passé dans la vie de la cité où l’œuvre est interprétée, à savoir Paris, qui tire son émotion non seulement de la musique et des airs splendides qui la parcourent, mais également du regard sociétal qui est porté sur les protagonistes.

Florian Sempey (Valentin)

Florian Sempey (Valentin)

Faust est donc un homme vieillissant dans un grand appartement bourgeois qui vient de s’offrir les services d’une prostituée pour rester pathétiquement en lien avec la vie. Une fois le pacte signé et la jeunesse retrouvée, Méphistophélès entraîne Faust à travers les airs au-dessus de la capitale en passant par Notre-Dame de Paris, édifice religieux bardé de diables et de représentations de pactes avec le diable (Théophile).

L’utilisation de la vidéographie pour lier les transitions vers la scène de la kermesse et celle du jardin de Marguerite est à la fois habile et impressionnante par sa manière de se fondre aux éléments de décors.

Benjamin Bernheim (Faust)

Benjamin Bernheim (Faust)

Ainsi, c’est dans le monde de la rue et des terrains de sports que vit Valentin, puis dans une boite de nuit parisienne aux ambiances bleutées et bon-enfant que Faust rencontre Marguerite. Il la retrouve ensuite dans un immeuble modeste de la banlieue parisienne.

Tobias Kratzer introduit donc un conflit de classe, car Faust est un homme issu d’un milieu aisé et bourgeois qui va apporter le malheur à une communauté bien plus modeste que lui et qui n’a que faire de ses névroses de désir de jeunesse.

Angel Blue (Marguerite)

Angel Blue (Marguerite)

L’enfant qui naît de l’amour de Marguerite et Faust est en fait le fruit d’un viol commis par le diable enfoui dans l’âme du scientifique déchu, et la scène hyperréaliste de la chambre d’hôpital montre la difformité du prochain-né qui aura pour conséquence de pousser la jeune fille à le tuer. 

La spectaculaire scène de l’église transposée dans une rame de métro fuyant à travers un tunnel est à la fois un exploit technique qui mêle vidéo en temps-réel et incrustation du décor dans une immense projection d’images, et sonne aussi comme une sentence terrible qui s’abat sur le sort de celle qui, dans la vie, n’a aucun horizon pour rêver.

Angel Blue (Marguerite)

Angel Blue (Marguerite)

Et si le rapport à la guerre du second acte semble éludé par Tobias Kratzer, le retour des jeunes hommes du service militaire au quatrième acte montre une autre réalité, celle des gens issus des milieux des plus modestes qui sont entraînés à aller au combat, et non les bourgeois bien installés, autre regard sur un déséquilibre sociétal flagrant.

Sylvie Brunet‑Grupposo (Dame Marthe)

Sylvie Brunet‑Grupposo (Dame Marthe)

Enfin, la délicatesse avec laquelle le personnage de Siébel est approchée permet de faire courir un ténu fil d’âme tout au long de l’opéra, en lui faisant prendre de l’ampleur depuis la scène de la chambre jusqu’à la scène finale où le jeune homme se sacrifie pour sauver Marguerite, alors que celle ci réalise qu’elle a tout perdu y compris l’ami qui l’aimait sans retour. Ce dernier tableau est également impressif sous les lumières glacées qui traversent les rayons vides de la bibliothèque pour en faire une cage de prison, et qui se reflètent dans le miroir jeté au sol tout en projetant un profil fantomatique lumineux sur l’un des murs.

Benjamin Bernheim (Faust), Christian Van Horn (Méphistophélès) et Angel Blue (Marguerite)

Benjamin Bernheim (Faust), Christian Van Horn (Méphistophélès) et Angel Blue (Marguerite)

L’interprétation musicale magnifie heureusement ce drame qui bascule vers le sordide, et Thomas Hengelbrock exhale le lyrique incandescent de l’orchestre dès l’ouverture à travers d’amples mouvements sombres qui se liquéfient à l’infini de manière très aérienne, portant d’emblée le romantisme du grand opéra français à son paroxysme. Les solos élégiaques de Faust, Marguerite et de Siébel y trouvent ainsi de superbes écrins qui permettent de laisser aller les pensées, et les couleurs de voix sont telles que l’on peut sentir des ressemblances avec l’univers d’un des grands opéras français de Giuseppe Verdi, ‘Don Carlos’.

Emily d’Angelo (Siébel)

Emily d’Angelo (Siébel)

Le chef d’orchestre allemand délivre également un souffle épique grandiose pour soulever les masses chorales retentissantes, mais reste un peu sur la réserve dans la scène de l’église et la nuit de Walpurgis dont on sait qu’il peut en tirer beaucoup plus de flamboyance et de tranchant.

Angel Blue (Marguerite) et Florian Sempey (Valentin)

Angel Blue (Marguerite) et Florian Sempey (Valentin)

Aujourd’hui, Benjamin Bernheim s’impose comme le Faust idéal, mélancolique, plaintif et distant à la fois, doué d’une clarté tendre confondante quand il nous enivre de ses irrésistibles passages en voix mixte, mais aussi d’un héroïsme vaillant fier de son rayonnement, ce qui peut presque troubler tant son personnage est inopérant, dans cette production, à agir sur son environnement.

Faust - Gounod (Bernheim Blue Van Horn Hengelbrock Kratzer) Opéra Paris

Angel Blue s’inscrit encore plus dans la lignée des grandes sopranos dramatiques, même si lors de la première rencontre avec Faust c’est d’abord la rondeur et la séduction du timbre qu’elle met en valeur. La richesse fruitée et ombrée du timbre s’allie à une forme de modestie introvertie d’où peut jaillir une puissance ferveur noble et contrôlée qui ne verse jamais dans le mélo-dramatisme. Et elle s’approprie la langue française avec suffisamment de netteté, ce qui est toujours une qualité qui s’apprécie chez des artistes anglophones pour lesquels la difficulté est redoutable à surmonter.

Il en découle que son interprétation de Marguerite est tendre, sérieuse et profonde, tout en révélant une impulsivité imprévisible.

Benjamin Bernheim (Faust)

Benjamin Bernheim (Faust)

Christian Van Horn reprend le rôle de Méphistophélès avec la gouaille qu’on lui connaît, sonore et mordante aux accents métalliques mais avec parfois des fluctuations d’intonations qui ne réduisent en rien l’impact de son personnage absolument obscène et fascinant, tout en réussissant à peindre des facettes humoristes. Il affronte au second acte un Valentin incarné par Florian Sempey qui semble rajeuni et qui chante sur un souffle très long et éruptif, fortement héroïque, avec une texture vocale un peu âpre tout en jouant avec l’aisance et l’engagement sensible qui le rendent attachant malgré la rudesse de son personnage.

Emily d’Angelo (Siébel) et Angel Blue (Marguerite)

Emily d’Angelo (Siébel) et Angel Blue (Marguerite)

Et auprès de ces quatre grands personnages, Sylvie Brunet-Grupposo est une épatante actrice à la personnalité authentique dont la voix corsée aux fêlures bienveillantes permet de rendre aux manques de Marthe une humanité très actuelle. Emily d’Angelo offre aussi un charmant portrait de Siébel androgyne et ombreux, son flot vocal nerveux et bien focalisé drainant une noirceur tragique au cœur battant attendrissant.

Ching-Lien Wu entourée des chœurs

Ching-Lien Wu entourée des chœurs

Ce très grand spectacle aux enchaînements parfaitement réglés replace ‘Faust’ dans le monde d’aujourd’hui, dépasse très largement l’ancienne production de Lavelli (1975) attachée à un autre temps et qui supprimait toute la scène de la chambre, et le seul regret en ce soir de première est de ne pas avoir vu le metteur en scène, Tobias Kratzer, venir saluer sur scène pour un tel travail réfléchi et esthétique.

Christian Van Horn, Benjamin Bernheim, Thomas Hengelbrock et Angel Blue

Christian Van Horn, Benjamin Bernheim, Thomas Hengelbrock et Angel Blue

Saluts lors de la dernière représentation du 13 juillet 2022

Saluts lors de la dernière représentation du 13 juillet 2022

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Publié le 23 Juin 2022

Barbe-Bleue (Pina Bausch - 1977) Théâtre du Châtelet
Blaubart. Beim Anhören einer Tonbandaufnahme von Béla Bartóks Oper ‘Herzog Blaubarts Burg’
Représentation du 22 juin 2022
Théâtre du Châtelet – Théâtre de la ville

Musique Béla Bartok (1918)
Version du ‘Chateau de Barbe-Bleue’ enregistrée par l’Orchestre symphonique de la radio de Berlin en 1958 pour Deutsche Grammophon avec Dietrich Fischer-Dieskau et Hertha Topper sous la direction de Ferenc Fricsay

Judith Tsai-Chin Yu
Barbe-Bleue Reginald Lefebvre

Tanztheater Wuppertal
Mise en scène et chorégraphie Pina Bausch


Assister à une représentation de 'Barbe-Bleue' dans la chorégraphie créée le 08 janvier 1977 par Pina Bausch et sa compagnie, le Tanztheater Wuppertal, est une expérience toujours aussi éprouvante pour le spectateur d’aujourd’hui, car la violence des rapports entre hommes et femmes qui est mise en scène se double d’une utilisation de la musique enregistrée de l’opéra de Bartok qui est systématiquement interrompue et ramenée en arrière comme pour torturer le cerveau de l’auditeur qui ne souhaite pas ces altérations.

Tsai-Chin Yu (Judith)

Tsai-Chin Yu (Judith)

Le décor pourtant poétique baigne dans une lumière automnale sur un lit de feuilles mortes qui déborde jusqu’aux moindres interstices de la scène surplombée d’un arc doré, et les fenêtres mal lavées de la pièce principale laissent entrevoir un extérieur pourtant inaccessible.

Barbe-Bleue est ainsi le jeune maître de ce refuge et du temps qui s’y écoule, libre d’activer une platine pour laisser jouer la musique de Bartok et de l’arrêter quand elle ne s’inscrit plus dans l’humeur qui l’anime. D’où ces retours répétés alors qu’il est traîné au sol par Judith comme un fardeau qui recherche le réconfort sans se soucier du poids qui s’applique à l’autre

Reginald Lefebvre (Barbe-Bleue) et Tsai-Chin Yu (Judith)

Reginald Lefebvre (Barbe-Bleue) et Tsai-Chin Yu (Judith)

Un groupe d’hommes et de femmes survient, marchant lentement têtes baissées comme des zombies vidés de leurs envies, et Judith semble vouloir libérer ces femmes et les ranimer. Un véritable combat débute où les forces émotionnelles, les positionnements sexuels parfois fort agressifs, y compris de la part des femmes, et les élans de réconforts se mêlent dans une chorégraphie qui ne craint ni les chocs avec les murs de la réalité, ni les rires déployés ou les cris hystériques.

Tanztheater Wuppertal

Tanztheater Wuppertal

Et l’on assiste bouche bée à une diffraction des comportements humains des deux sexes qui peuvent se révéler très touchants, y compris dans les reflets de Barbe-Bleue quand l’un des danseurs s’écroule répétitivement dans un cri de douleur comme un homme au cœur brisé souffrant de son désir pour l’autre, tel un adolescent en pleine peine romantique.

Tsai-Chin Yu (Judith) et Reginald Lefebvre (Barbe-Bleue)

Tsai-Chin Yu (Judith) et Reginald Lefebvre (Barbe-Bleue)

Ce voyage dans la psyché humaine laisse éclore des moments plus légers quand il s’agit de moquer le conditionnement des hommes qui se croient obligés de singer des pauses masculines afin de se rassurer sur leur virilité, sans éviter les moments qui mettent le plus mal à l’aise quand une femme oppose une petite poupée à un Barbe-Bleue dominateur, comme si un conditionnement se mettait en place dès l’enfance et que le rapport de force était disproportionné.

La chevelure est un moyen puissamment esthétique de signifier la soumission de la féminité lorsqu'elle masque les visages, et la compassion est systématiquement exprimée par les femmes, comme si leur besoin de sauver l’autre était plus fort malgré de tels jeux pervers.

Barbe-Bleue (Pina Bausch Tanztheater Wuppertal) Théâtre du Châtelet

Tsai-Chin Yu est absolument bouleversante, bras levés au ciel, tout en laissant son corps s’effondrer pour, ensuite, retrouver une élasticité dans ses élans vers l’autre, poussée vers une irrésistible attirance pour le danger. Les tentatives de réconciliation tournent court, et le besoin d’écraser le second sexe est ici décrit au moyen d’un empilement par Barbe-Bleue des corps inanimés de trois femmes sur une même chaise 

Reginald Lefebvre (Barbe-Bleue)

Reginald Lefebvre (Barbe-Bleue)

Mais cet homme malade se laisse submerger. Et pour montrer qu’il rythme la vie des autres jusqu’au bout, même sans l'aide du moindre moyen technique, des couples parcourent dans tous les sens la pièce infernale en s’immobilisant à chaque claquement de ses mains, faisant se figer des poses facilement lisibles en 4 ou 5 tableaux différents qui se répètent inlassablement, alors que Judith, étouffée, se vide de sa substance.

Cette spirale itérative agit aussi sur les nerfs du spectateur qui se sent pris dans un mouvement infini inarrêtable.

Tanztheater Wuppertal

Tanztheater Wuppertal

Ce retour aux prémisses des grands mouvements féministes permet de mesurer comment la société a évolué jusqu’à aujourd’hui et de constater comment les questions sur la masculinité ont été surmontées depuis; Et appréhender ce spectacle pour ses qualités artistiques et ce qu’il exige des fantastiques danseurs et danseuses du Tanztheater Wuppertal est aussi un défi pour tous les spectateurs.

La reprise de 'Kontaktof' au Palais Garnier en décembre 2022, une pièce créée un an après en 1978, sera une manière de poursuivre cette exploration du langage de Pina Bausch formé d’entrelacs de mouvements dansés et de musiques enregistrées, qui sont exploités afin de bouleverser les codes de la représentation des relations humaines. 

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Publié le 22 Juin 2022

Mon amant de Saint-Jean
Récital du 20 juin 2022
Théâtre de l'Athénée Louis-Jouvet

Marin Marais
Prélude et Passacaille en Mi Mineur (1701)

Anonyme
J’ai perdu ma jeunesse
Dans mon jardin à l’ombre
La Fille du Roi Louis

Johann Vierdanck
Canzona en Do Majeur (1641)

Claudio Monteverdi
L’Arianna, « Lamento d’Arianna » (1608)

Francesco Cavalli
L
’Egisto « Lasso io vivo » (1643)

Paul Marinier
D’elle à lui (1898)

Paul Delmet, musique, Maurice Vaucaire, paroles
Les Petits Pavés (1891)

Raymond Legrand, musique, Guy breton, paroles
Les Nuits d’une demoiselle (1963)

Léon Fossey, musique, H. et T. Coignard, paroles
Les Canards tyroliens (1869)

Charles André Cachan, musique, Maurice Vandair, paroles
Où sont tous mes amants ? (1935)

Émile Carrara, musique, Léon Agel, paroles
Mon amant de Saint-Jean (1942)

Mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac
Mise en scène et lumières Marie Lambert-Le Bihan
Direction, arrangements, Théorbe Vincent Dumestre

Le Poème Harmonique
Violons Fiona-Émilie Poupard, Louise Ayrton
Viole de gambe Lucas Peres
Violoncelle Pauline Buet
Accordéon Vincent Lhermet
Basson, flûtes Nicolas Rosenfeld

Coproduction Opéra de Rouen, Normandie, Château d’Hardelot, département du Pas-de-Calais dans le cadre du Midsummer Festival

Diffusé le 07 mai 2021 en streaming en fin de confinement depuis la Chapelle Corneille de Rouen, le spectacle créé par Vincent Dumestre et son ensemble Le Poème Harmonique avec Stéphanie d’Oustrac prend dorénavant le chemin des lieux de concerts.

Stéphanie d'Oustrac

Stéphanie d'Oustrac

‘Mon amant de Saint-Jean’ est raconté comme un voyage à travers la vie amoureuse d’une femme musicienne imaginaire, en partant de musiques composées au XVIIe et XVIIIe siècle qui laissent progressivement place à des chansons écrites au XIXe siècle jusqu’à la seconde Guerre Mondiale.

Ainsi, la joie chaleureuse de cet ensemble de 6 instruments anciens introduit cette soirée au motif nostalgique de la flûte de Nicolas Rosenfeld, et s'accomplit lorsque l’accordéon de Vincent Lhermet rejoint l’orchestre pour y fondre une sonorité populaire plus contemporaine.

Nicolas Rosenfeld (Flûte), Fiona-Émilie Poupard et Louise Ayrton (Violons), Stéphanie d'Oustrac, Pauline Buet (Violoncelle), Lucas Peres (Viole de gambe), Vincent Dumestre (Théorbe) et Vincent Lhermet (Accordéon)

Nicolas Rosenfeld (Flûte), Fiona-Émilie Poupard et Louise Ayrton (Violons), Stéphanie d'Oustrac, Pauline Buet (Violoncelle), Lucas Peres (Viole de gambe), Vincent Dumestre (Théorbe) et Vincent Lhermet (Accordéon)

Stéphanie d’Oustrac arrive par surprise depuis le parterre, côté jardin, en chantant sa première mélodie ‘J’ai perdu ma jeunesse’ auprès des musiciens, et l’on aurait envie de lui répondre qu’il n’en est rien tant elle semble inchangée au souvenir de la jeune italienne ‘Argie’ qu’elle incarnait sur la scène du Théâtre du Châtelet en 2004 dans ‘Les Paladins’ de Jean-Philippe Rameau.

Elle se présente comme faisant partie d’une compagnie itinérante, raconte son parcours, puis, le temps de se changer sur la musique de Johann Vierdanck, elle réapparaît dans une superbe robe à collerette dorée pour interpréter deux grands airs baroques, le ‘Lamento d’Arianna’ de Monteverdi – un air qui revient décidément à la mode et qu’il était possible d’entendre à Munich quelques jours auparavant dans la production de ‘Bluthaus’ – et ‘Lasso io vivo’ extrait de ‘L’Egisto’ de Cavalli.

Nicolas Rosenfeld (Flûte), Fiona-Émilie Poupard (Violon) et Stéphanie d'Oustrac

Nicolas Rosenfeld (Flûte), Fiona-Émilie Poupard (Violon) et Stéphanie d'Oustrac

Sa voix agit comme un baume de raffinement qui puise dans les nuances ombrées d’un timbre homogène dont elle délie les plaintes avec une tendresse qui se transforme en courroux tendre. Puis, en  s’allégeant de sa robe pour retrouver une tenue affinée en rouge et noir, les touches discrètes de l’accordéon amorcent la transition vers des chansons plus réalistes.

Il s’agit d’un voyage à travers les évocations de chanteurs mythiques tels Barbara qui interpréta ’D’elle à lui’ de Paul Marinier, ou bien Marie-Paule Belle, Claude Nougaro, Mouloudji et Gainsbourg qui s'approprièrent ‘Les Petits Pavés’ de Paul Delmet et Maurice Vaucaire.

Stéphanie d'Oustrac

Stéphanie d'Oustrac

Les mots mis sur la désillusion amoureuse sont bien plus crus, directs et accusateurs que dans ‘Le Lamento d’Arianna‘. L’image de la femme abandonnée laisse place à celle d’une femme bien plus vindicative et libérée, comme dans la chanson la plus célèbre de Colette Renard, ‘Les Nuits d'une demoiselle’, qui chante un florilège de pratiques sexuelles avec un sens glamour de l’image absolument adorable et parfaitement maîtrisé.

Et le voyage déluré se poursuit avec ‘Les Canards Tyroliens’ que la chanteuse de cabaret Thérèsa interpréta en 1869 lors d’un ajout opéré à la reprise de ‘La chatte blanche’, une féerie créée en 1852 par les frères Cogniard au Cirque-Olympique sur le boulevard du Temple à Paris. 

Stéphanie d'Oustrac et Pauline Buet (Violoncelle)

Stéphanie d'Oustrac et Pauline Buet (Violoncelle)

Puis, pour finir, ce sont des airs popularisés par le cinéma qui sont interprétés avec charme et apaisement, ‘Où sont tous mes amants ?’, qui fut repris dans ‘C’est la vie’ (2001) de Jean-Pierre Améris, et ‘Mon amant de Saint-Jean’ qui sera utilisé par François Truffaut et Claude Miller respectivement dans ‘Le Dernier Métro’ (1980) et ‘La Petite Voleuse’ (1988).

Une bien douce soirée tenue par la cohésion chaleureuse des musiciens et la fermeté de leurs gestes, au cours de laquelle Stéphanie d’Oustrac montre comme elle aime tenir du regard séducteur le public et en jouer.

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Publié le 17 Juin 2022

Platée (Jean-Philippe Rameau – 1745)
Répétition générale du 15 juin 2022
Palais Garnier

Thespis Mathias Vidal
Un satyre, Cithéron Nahuel di Pierro
Momus Marc Mauillon
Thalie, La Folie Julie Fuchs
L'amour, Clarine Tamara Bounazou
Platée Lawrence Brownlee
Jupiter Jean Teitgen
Mercure Reinoud Van Mechelen
Junon Adriana Bignagni Lesca

Direction musicale Marc Minkowski
Mise en scène Laurent Pelly (1999)
Les Musiciens du Louvre 

Coproduction avec le Grand théâtre de Genève, l'Opéra national de Bordeaux, l'Opéra national de Montpellier, le Théâtre de Caen et l'Opéra de Flandre 

Diffusion mardi 21 juin 2022 en direct sur Mezzo HD et L'Opera chez soi à 19h30 et en léger différé sur France 4 (canal 14) à 21h10

Si l'on avait dit aux contemporains de Jean-Philippe Rameau que ‘Platée’ ferait partie des 30 ouvrages les plus joués de l’ancienne Académie Royale de Musique, 250 ans  plus tard, cela aurait bien fait sourire.

Car après sa création au manège couvert de la Grande Écurie de Versailles, le 31 mars 1745,  le célèbre ballet-bouffon entra au répertoire de l’institution royale le 09 février 1749 où il fut joué une vingtaine de fois avant de ne revenir que sous forme de fragments en 1759. 

Lawrence Brownlee (Platée)

Lawrence Brownlee (Platée)

‘Platée’ réapparaît ensuite en version intégrale au Festival d’Aix-en-Provence en 1956, puis à la salle Favart le 21 avril 1977 dans une mise en scène d’Henri Ronse et une chorégraphie de Pierre Lacotte

Mais sa véritable résurrection a finalement lieu au Palais Garnier le 28 avril 1999 dans la production de Laurent Pelly qui en est aujourd’hui à sa cinquième reprise pour plus de 60 représentations à l’affiche. De succès d’estime au XVIIIe siècle, ‘Platée’ est devenu un incontournable de la scène parisienne au XXIe siècle.

Mathias Vidal (Thespis)

Mathias Vidal (Thespis)

Ainsi, l’alliance entre, d’une part, la forme musicale chargée d’harmonies incisives, moqueries, comédies, danses et virtuosités qu’a imaginé Rameau et, d’autre part, la vitalité de la mise en scène de Laurent Pelly qui s'amuse malicieusement avec le public qui pourrait se reconnaître à travers ces gradins revêtus de rouge velours tournés vers la salle de Garnier, et un jeu de scène qui déborde jusque sur la fosse d’orchestre réhaussée et les loges de côtés, est d’une très grande efficacité pour capter l’intérêt d’un large public étendu au-delà du public traditionnel d’opéra.

Progressivement, le décor de théâtre s’estompe sous les algues verdâtres du marais où vit la grenouille Platée, et, au second acte, les gradins séparés en deux représentent le relief sous marin du fond des eaux où se poursuit l’action. On peut même reconnaître dans ce décor une forme de pyramide à degrés qui sera reprise en 2007 par Laurent Pelly pour sa production de ‘L’Elixir d’amour’ afin de reconstituer un immense tas de bottes de foin.

Lawrence Brownlee (Platée), Clarine Tamara Bounazou (L'Amour) et Reinoud Van Mechelen (Mercure)

Lawrence Brownlee (Platée), Clarine Tamara Bounazou (L'Amour) et Reinoud Van Mechelen (Mercure)

En s’appuyant sur la très grande crédibilité des personnages incarnés par des chanteurs poussés à développer un jeu totalement abouti, et sur des chorégraphies déjantées très bien réglées et non dénuées d’élégance au rythme de la musique de Rameau, le tout enveloppé dans des costumes parfois très réussis, Platée et la Folie en particulier, se déroule une histoire en apparence drôle mais où point progressivement un final cruel et triste pour un être trop crédule sur les bonnes intentions de son entourage faussement affable.

L’équipe d’artistes réunie est totalement nouvelle hormis Julie Fuchs qui reprend les rôles de Thalie, et surtout de La Folie, avec une souplesse et tendresse dans la voix qui enjôlent à merveille, ainsi qu'une tendance à cultiver la coquetterie juvénile de son personnage dont elle ne se départit jamais.

Julie Fuchs (La Folie)

Julie Fuchs (La Folie)

Mathias Vidal, qui comme elle participait à la grande aventure ramiste à Bastille dans ‘Les Indes Galantes’, est splendide d’élégie sensible en Thespis, tel un jeune Hoffmann ayant un abattage extraverti toujours très surprenant, abattage que l’on retrouve aussi chez Marc Mauillon dont le timbre de baryton clair attendrissant et la vivacité d’élocution colorent gaiement ses multiples interventions.

Reinoud Van Mechelen (Mercure) et Adriana Bignagni Lesca (Junon)

Reinoud Van Mechelen (Mercure) et Adriana Bignagni Lesca (Junon)

Il est plus surprenant de découvrir Lawrence Brownlee dans le rôle de Platée, lui qui est un habitué du langage de Rossini et Donizetti. Son français est soigné, franc et très intelligible, un être en éveil dont il tire de la profondeur tout en étant très libéré dans les passages bouffes. Néanmoins, les noirceurs du timbre et la brillance de sa virtuosité prennent le dessus sur la clarté mélancolique des sonorités alanguies qui font aussi le charme un peu désuet du chant dans les opéras de Rameau.

Platée (Vidal Fuchs Brownlee Mauillon Minkowski Pelly) Opéra Paris

Les autres voix sont stylistiquement homogènes avec des nuances en couleurs bien différenciées, que ce soit la noblesse de belle facture de Nahuel di Pierro en Cithéron, le Mercure aux aigus piqués de Reinoud Van Mechelen, ou bien l’assise résonnante et métallique de Jean Teitgen en Jupiter. Et on pourrait même confondre l’Amour de Tamara Bounazou et La Folie de Julie Fuchs tant leurs teintes de voix sont proches.

Enfin, après avoir obtenu le premier prix du Concours des Grandes voix lyriques d’Afrique au printemps de cette année, Adriana Bignagni Lesca fait ses débuts sur la scène Garnier dans une incarnation de Junon débordante d’opulence animale, un portrait fort et indomptable de la déesse jalouse.

Ching-Lien Wu entourée des choeurs

Ching-Lien Wu entourée des choeurs

D’une présence enthousiaste et d’un brillant riche modulé par des élans d’ensemble enchanteurs, les chœurs sont une composante resplendissante de cette réussite musicale à laquelle les jeunes Musiciens du Louvre et leur chef, Marc Minkowski, délivrent une vigueur métallochromique et une rigueur acérée dont la tonicité se marie avantageusement à la théâtralité délurée mais précise de Laurent Pelly.

Nahuel di Pierro, Jean Teitgen, Lawrence Brownlee, Marc Minkowski, Julie Fuchs, Reinoud Van Mechelen et les Musiciens du Louvre

Nahuel di Pierro, Jean Teitgen, Lawrence Brownlee, Marc Minkowski, Julie Fuchs, Reinoud Van Mechelen et les Musiciens du Louvre

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Publié le 13 Juin 2022

Parsifal (Richard Wagner – 1882)
Représentations du 06 et 12 juin 2022
Opéra Bastille

Amfortas Brian Mulligan
Titurel Reinhard Hagen
Gurnemanz Kwangchul Youn
Klingsor Falk Struckmann
Kundry Marina Prudenskaya
Parsifal Simon O'Neill
Erster Gralsritter Neal Cooper
Zweiter Gralsritter William Thomas
Vier Knappen Tamara Banjesevic, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Tobias Westman, Maciej Kwaśnikowski
Klingsors Zaubermädchen Tamara Banjesevic, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Ramya Roy, Kseniia Proshina, Andrea Cueva Molnar, Claudia Huckle
Eine Altstimme aus der Höhe Claudia Huckle                  
Simon O'Neill (Parsifal)

Direction musicale Simone Young
Mise en scène Richard Jones (2018)

La nouvelle production de ‘Parsifal’ par Richard Jones ayant souffert en 2018 d’un accident de plateau qui avait engendré l’annulation de la moitié des représentations, une reprise quatre ans plus tard était nécessaire pour en faire profiter le plus de spectateurs possible.

Marina Prudenskaya (Kundry)

Marina Prudenskaya (Kundry)

Ces dernières années, l’ouvrage a connu à Paris et à l’étranger des mises en scène fortes, intelligentes et d’une grande complexité de la part de Stefan Herheim (Bayreuth 2008), Krzysztof Warlikowski (Opéra Bastille 2008), Calixto Bieito (Stuttgart 2010) ou bien plus récemment Kirill Serebrennikov (Vienne 2021), si bien que celle de Richard Jones se présente comme une antithèse qui choisit de raconter l’histoire de manière factuelle sans tenir compte de la symbolique attachée aux divers objets ou à son contexte chrétien.

Les faits se déroulent au sein d’une confrérie d’aujourd’hui (les tuniques vertes des adeptes sont marquées de l'année 1958 en caractères romains) qui veille les derniers jours de son maître spirituel et opère un rite autour d’une coupe dorée dans l’espoir de retrouver l’autre objet perdu par Amfortas, la lance.

Klingsor est présenté littéralement comme celui qui « a fait du désert un jardin de délices où poussent de démoniaques beautés », comme le raconte Gurnemanz au premier acte, et devient ainsi un généticien inventeur de créatures mi-humaines mi-plantes que Parsifal affrontera et détruira. Mais dès l’arrivée de Kundry au second acte, le metteur en scène ne travaille plus qu’une seule idée afin de montrer par un jeu d’ombres habile la métamorphose de celle-ci, mère protectrice, en femme séductrice.

Kwangchul Youn (Gurnemanz) et William Thomas (Second chevalier)

Kwangchul Youn (Gurnemanz) et William Thomas (Second chevalier)

Le principal atout de cette dramaturgie est de reposer sur un immense décor tout en longueur qui bénéficie des larges espaces latéraux de la scène pour défiler selon les différents lieux de l’action de manière totalement fluide. Richard Jones arme Parsifal d’un glaive pour bien montrer que la lance n’est qu’un objet décoratif, et non une arme magique et destructrice, et une fois de retour dans la communauté, le jeune innocent libère ses occupants en leur faisant prendre conscience qu’ils doivent se libérer avant tout de leur endoctrinement et des ‘mots’ (‘Wort’ en allemand) qui les éloignent de la vie.

Parsifal part ainsi avec Kundry vers une nouvelle spiritualité, et Jones, par son refus de relire le texte de l’ouvrage, montre à travers sa mise en scène toute la distance qu’il entretient avec ce texte qu’il invite de manière sous-jacente à laisser de côté.

Parsifal (O'Neill Prudenskaya Mulligan Young Jones) Opéra de Paris

Simone Young n’était jusqu’à présent venue qu’une seule fois à l’Opéra de Paris à l’occasion de la production des 'Contes d’Hoffmann' jouée sur la scène Bastille dans la mise en scène de Roman Polanski en octobre 1993.

Pour son retour près de trois décennies plus tard, elle se saisit d’un orchestre éblouissant avec lequel elle se livre à une lecture mesurée dans le prélude pour gagner progressivement en ampleur à partir de la scène du rituel du premier acte. Avec beaucoup de réussite dans les moments spectaculaires où la puissance des percussions et des cuivres soulève la masse orchestrale tout en préservant la chaleur du son, elle met magnifiquement en valeur la poésie et la rondeur des timbres et s’approprie l’entièreté de l’espace sonore avec une grande clarté. Et si elle ne laisse aucun silence s’installer, transparaît surtout une envie de ne pas rompre la narration et le mouvement des chanteurs et de les emporter dans une grande respiration symphonique d’une superbe luminosité. C’est particulièrement convaincant lors de la confrontation entre Parsifal et Kundry où il ne se passe quasiment rien sur une scène sombre et dépouillée.

Brian Mulligan (Amfortas)

Brian Mulligan (Amfortas)

Les ensembles de chœurs sont également splendides, et parfois féroces pour ceux qui sont sur scène, d’une élégie un peu tourmentée pour ceux qui œuvrent dans les coulisses, et d’une touchante picturalité pour les femmes situées en couloirs de galeries.

On ne présente plus Kwangchul Youn qui chante Gurnemanz sur toutes les scènes du monde et qui a laissé un souvenir mémorable dans la production de Stefan Herheim à Bayreuth. Le timbre est dorénavant plus austère mais toujours d’une pleine homogénéité si bien qu’il incarne une sagesse un peu taciturne. 

Doué d’une tessiture acide et très claire qui évoque plus naturellement l’héroïsme tête-brûlée de Siegfried, Simon O'Neill n’en est pas moins un Parsifal intéressant par la précision de son élocution et la détermination qu’il affiche, imperturbable en toute situation. Son endurance dénuée de tout glamour est un atout précieux car elle assoit un caractère viril fort.

Simon O'Neill (Parsifal) et Marina Prudenskaya (Kundry)

Simon O'Neill (Parsifal) et Marina Prudenskaya (Kundry)

Brian Mulligan ne fait certes pas oublier les accents de tendresse blessée qui font le charme des incarnations de Peter Mattei, sa voix métallique est cependant une gangue impressionnante pour faire ressentir les tortures de douleurs presque bestiales que subit Amfortas, et son personnage est en tout cas bien mieux dessiné que celui de Klingsor auquel Falk Struckmann apporte une certaine expressivité rocailleuse qui solidifie beaucoup trop le magicien dans une peinture prosaïque.

La Kundry de Marina Prudenskaya est évidemment le portrait le plus fort de la soirée, elle qui est corporellement si souple et fine et qui dispose pourtant d’une voix aux graves très développés. D’une très grande aisance théâtrale, les exultations en tessiture aiguë se font toujours avec une légère adhérence pour finalement s’épanouir en un tranchant vif et coloré, et ce mélange de sensualité et de monstruosité en fait un véritable caractère wagnérien troublant.

Marina Prudenskaya, Ching-Lien Wu, Simone Young et Simon O'Neill

Marina Prudenskaya, Ching-Lien Wu, Simone Young et Simon O'Neill

Et les filles fleurs intensément vivantes de Tamara Banjesevic, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Ramya Roy, Kseniia Proshina, Andrea Cueva Molnar et Claudia Huckle, ont de quoi impressionner par leur débauche de traits fusés avec une violence implacable.

Enfin, parmi les rôles secondaires, Maciej Kwaśnikowski se fait remarquer par sa droiture et sa clarté juvénile, ainsi que William Thomas pour sa noble noirceur hypnotique.

Malgré toutes les réserves que l’on peut avoir sur le parti pris de la mise en scène qui trivialise beaucoup trop le livret, la beauté de cette interprétation musicale sublime tout, d’autant plus que la dernière représentation s’est jouée sans surtitres sur le panneau central, ce qui a accru la prégnance de la musique et permis de voir nombre de spectateurs échanger aux entractes sur le sens de ce qu’ils venaient de voir.

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Publié le 12 Juin 2022

Trio Van Baerle (Mozart – Brahms – Chausson)
Concert du 11 juin 2022
Théâtre de la Ville – Les Abbesses

Wolfgang Amadé Mozart
Trio pour piano, violon et violoncelle, en sol majeur, K.496 (juillet 1786)

Johannes Brahms
Trio pour piano, violon et violoncelle n°3, en ut mineur, op.101 (été 1886)

Ernest Chausson
Trio pour piano, violon et violoncelle, en sol mineur, op.3 (été 1881)

Trio Van Baerle
Violon Maria Milstein
Violoncelle Gideon den Herder
Piano Hannes Minnaar

Le premier passage à Paris du Trio Van Baerle, un ensemble de trois jeunes musiciens néerlandais qui se produisent en public depuis plus de 10 ans, est l’occasion de découvrir des chefs-d’œuvre chambristes méconnus et peu joués, et aussi d’appréhender une formation afin d’en découvrir les qualités intrinsèques.

Maria Milstein (violon), Hannes Minnaar (piano) et Gideon den Herder (violoncelle)

Maria Milstein (violon), Hannes Minnaar (piano) et Gideon den Herder (violoncelle)

Composé un siècle avant les trios pour piano, violon et violoncelle de Brahms et Chausson, le trio en sol majeur K.496 Mozart apparaît comme une préparation à la profondeur dramatique qui sera développée plus tard dans ces deux œuvres romantiques.

Ici, le violon est mis en avant par rapport au violoncelle, dont parfois se perçoivent à peine les ondes sombres, et la vigueur dramatique qu’impulsent les traits volontaires de Maria Milstein dans son jeu d’échanges avec les formes d’expressions très affirmées du pianiste, crée toutefois une coloration assez austère là où l’on attendrait une transparence plus légère et joyeuse. 

Maria Milstein

Maria Milstein

Puis, dès les premières notes du trio en ut mineur op.101 de Brahms, les trois musiciens s’engouffrent dans un déluge d’expressionnisme noir d’une très grande intensité comme si toutes les forces devaient être lancées dans la bataille pour raconter une fuite en avant nocturne un peu désespérée. Les sonorités du violon s’assouplissent sans perdre en caractère, le piano draine un discours narratif puissant, et quand l’agitation se calme au second mouvement, les liens complices se détachent, le violoncelle faisant jeu égal avec le violon alors que le piano se fait conciliateur. 

Hannes Minnaar (piano), Gideon den Herder (violoncelle) et Maria Milstein (violon)

Hannes Minnaar (piano), Gideon den Herder (violoncelle) et Maria Milstein (violon)

Ce sens de la progression dramatique sans relâche atteint son paroxysme dans le trio op.3 de Chausson, là où les vibrations émotionnelles s’épanchent à fleur de peau avec un sens de l’effusion qui évoque beaucoup les grands mouvements passionnels qui seront développés dans les opéras véristes une décennie plus tard. Le déchaînement du geste de Maria Milstein déploie le panache du violon avec un mordant superbe auquel le violoncelle relie son art de la liaison avec une vitalité lumineuse, tous deux sous l’emprise d’un piano leste au cristal noir d’une impénétrable vigueur.

Et pour contrer le pouvoir excitateur d’une telle musique, les trois musiciens proposent en bis la quatrième des 6 études en forme canonique pour piano composées par Robert Schumann en 1845, ‘Innig’, dans une adaptation de Robert Teodor Kirchner. L’écriture est résolument romantique mais coulée de pure douceur.

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Publié le 2 Juin 2022

Les Troyens ( Hector Berlioz – 1863)
Représentation du 26 mai 2022
Bayerische Staatsoper

Cassandre Marie-Nicole Lemieux
Hécube Emily Sierra
Ascagne Eve-Maud Hubeaux
Didon Ekaterina Semenchuk
Anna Lindsay Ammann
Soldat aus dem trojanischen Volk Daniel Noyola
Chorèbe Stéphane Degout
Priam Martin Snell
Hélénus Armando Elizondo
Enée Gregory Kunde
Panthée Sam Carl
Der Schatten von Hector Roman Chabaranok
Ein griechischer Heerführer Daniel Noyola
Narbal Bálint Szabó
Iopas Martin Mitterrutzner
Mercure Andrew Hamilton
Hylas Jonas Hacker
Erster trojanischer Soldat Theodore Platt
Zweiter trojanischer Soldat Andrew Gilstrap                
Marie-Nicole Lemieux (Cassandre)

Direction musicale Daniele Rustioni
Mise en scène Christophe Honoré (2022)
Bayerisches Staatsorchester

La nouvelle production des ‘Troyens’ de l’opéra de Munich est une déception dramaturgique au point qu’elle risquerait de relayer au second plan une réussite musicale portée par de très grands artistes.

L’approche de Christophe Honoré n’est en effet pas immédiatement compréhensible en première partie, malgré un décor assez évocateur qui donne l’impression de situer le drame sur les hauteurs d’une terrasse de Troie avec la vue sur la mer au loin qui domine les fortifications. Les pierres plaquées au sol sont à plusieurs endroits endommagées, stigmates les plus visibles du siège que mènent les Grecs depuis 10 ans.

Astyanax

Astyanax

Cassandre, vêtue de noir, débute seule, assez classiquement, mais survient très tôt un jeune enfant, Astyanax, le fil d’Hector et Andromaque, dont la présence continue se prolongera jusqu’à l’arrivée fantomatique de son père venu prévenir Enée de la défaite prochaine.

Les scènes de rituels nous projettent cependant dans un monde assez proche de nous, les années 70 possiblement, avec ces téléviseurs qui traînent au fond du décor, ces Troyens en costumes de soirée relativement figés, l’icône d’une Vierge Marie, des pots de fleurs en offrande, bref l’image d’un monde conventionnel qui tombe en décrépitude et en esclavage, et qui pourrait-être la métaphore d’une société croyante et patriarcale sur le déclin. Se pose alors la question, à la fin de cette première partie, du monde vers lequel est possible une nouvelle vie.

Reste que cette description d’une société qui s’effondre manque de vie et de tension et que l’on croit peu aux interactions et aux sentiments entre les protagonistes principaux. 

Le seul personnage dont le parcours est richement détaillé est celui de l’enfant, rôle muet, et l’on serait tenté d’y voir surtout une manière de s’interroger sur l’avenir de ce gamin entouré d’adultes qui ont perdu tout repère.

Marie-Nicole Lemieux (Cassandre) et Stéphane Degout (Chorèbe)

Marie-Nicole Lemieux (Cassandre) et Stéphane Degout (Chorèbe)

En seconde partie, l’ambiance est plus lumineuse. Carthage est un lieu de détente et de plaisirs où des hommes se prélassent nus dans un environnement bétonné et configuré par différents niveaux d’élévations qui dominent une bouche dans laquelle s’engouffre un escalier vers les sous-sols. 

La mer apparaît cette fois à travers une ouverture creusée dans le mur.

Les Tyriens ne semblent pas être au premier abord des travailleurs, et les entrées purement musicales sont coupées. Deux plans de vies se dessinent ainsi sans jamais se rencontrer, celui des chanteurs et celui des oisifs.

Gregory Kunde (Enée) et le Fantôme d'Hector (Roman Chabaranok)

Gregory Kunde (Enée) et le Fantôme d'Hector (Roman Chabaranok)

C’est véritablement au quatrième acte que le metteur en scène entraîne les spectateurs dans sa lecture très personnelle de la nuit d’orage en forêt parcourue de chasseurs, de chiens en laisse, de nymphes, satyres et autres faunes, et d’où les Carthaginois repousseront les armées numides.

Durant tout ce tableau et la marche des esclaves nubiennes, deux écrans projettent une filmographie crûment érotique qui met en scène des amours libres, des partouzes gay et des séances de scarification qui évoquent surtout à l’extrême l’élan de libération que connurent les années 70 et 80 avant que tout ne vire au drame, ce que Christophe Honoré figure au dernier acte en laissant gésir au sol ce monde anéanti alors que les fantômes de Troie réapparaissent.   

Le duo d’amour entre Didon et Enée ménage un écrin presque totalement déchargé de cet entourage encombrant, et seul un couple d’hommes profite de cet instant au loin, dans l’ombre, pour vivre sa nuit.

Un nouveau monde conventionnel reprend finalement le dessus à l’arrivée du chœur, et Didon n’a plus qu’à se suicider misérablement après le départ de son amant.

Carthage

Carthage

Ce spectacle agit ainsi comme si la force de l’imaginaire du metteur en scène avait réussi à exploiter les images naïves du livret pour leur donner une vigueur sensuelle et violente, afin de les confronter sans raison à l’auditeur qui ne comprend pas en quoi cela pourrait le toucher aujourd’hui.

On ne peut ainsi s’empêcher d’y voir un cadeau d’enfant gâté fait par le directeur, Serge Dorny, à l’un de ses metteurs en scène fétiches, au détriment d’un ouvrage qui résonne pourtant fortement avec notre temps puisqu’il parle de destruction de peuple, de chute de civilisation, de quête d’une nouvelle terre et de répétition de l’histoire.

Martin Mitterrutzner (Iopas)

Martin Mitterrutzner (Iopas)

Mais les artistes font vivre cette épopée avec profondeur et courage et c’est bien là l’essentiel, à commencer par Daniele Rustioni qui compose énergiquement avec la chaleur du Bayerisches Staatsorchester, l’éclat crépusculaire de ses cuivres en fusion et la fluidité de ses cordes et bois dont il maîtrise la finesse ornementale poétique, ce qui procure une étrange sensation de confort de velours comme si les sonorités étaient nimbées d’un voile ouaté. On ne retrouve pas tout à fait les nervations vrillées inhérentes à l’esthétique sonore de Berlioz, mais le son de l’orchestre allemand gagne finalement en transparence.

Rythmiquement mesuré en première partie, le souffle prend ensuite son envol à Carthage et c’est peut-être aussi pour cette raison que le quatrième acte en devient aussi suffocant.

Gregory Kunde (Enée) et Ekaterina Semenchuk (Didon)

Gregory Kunde (Enée) et Ekaterina Semenchuk (Didon)

Déjà bien mise en valeur dans son enregistrement des ‘Troyens’ dirigé par John Nelson en 2017, la rondeur sombre du galbe vocal de Marie-Nicole Lemieux, qui pousse des incursions dans des graves très noirs, donne une solide assise solennelle à la personnalité de Cassandre plus maternelle et intériorisée que tragique, avec néanmoins une perte de linéarité vers quelques aigus, et le velouté idéal du chant de Stéphane Degout, également son partenaire au disque dans le rôle de Chorèbe, permet de former un alliage d’une très grande beauté ombreuse nourrissante pour les esprits contemplatifs.

Son intervention est certes courte, mais Eve-Maud Hubeaux a une présence immédiate qui permet d’apprécier la fraîcheur optimiste et bien timbrée de sa voix, Martin Mitterrutzner fait entendre plus loin un Iopas propice à la rêverie, alors que Lindsay Ammann décrit une Anna complexe griffée par la vie.

En revanche, les basses Roman Chabaranok et Bálint Szabó incarnent respectivement le fantôme d’Hector et le ministre de Didon sans faire résonner totalement la noirceur funeste qui les animent et qui pourrait accentuer la gravité de leurs prémonitions ou imprécations.

Gregory Kunde (Enée) et l'ombre d'Astyanax

Gregory Kunde (Enée) et l'ombre d'Astyanax

Il est difficile de ne pas penser à ce que peut éprouver Ekaterina Semenchuk à chanter dans l’immense espace de détente masculin dont elle est la souveraine, mais de même qu'à l’opéra Bastille trois ans auparavant, elle dépeint une reine d’un très grand tempérament, charismatique, n’hésitant pas à alléger de manière très acérée sa diction, et son charme naît autant de la souplesse de son rayonnement franc que des ses intonations désenchantées.

Ekaterina Semenchuk (Didon)

Ekaterina Semenchuk (Didon)

Mais le plus grand héros de la soirée est incontestablement Gregory Kunde - 68ans ! - inoubliable Enée au Théâtre du Châtelet en octobre 2003 que l’on retrouve ce soir avec une voix virile à la clarté poétique qui fait ressortir une jeunesse de cœur irrésistible. Le timbre vibre sensiblement, mais la musicalité n’en est que plus touchante d’authenticité.

Il incarne ici un homme qui finalement observe avec hargne un monde qui s’effondre, puis rencontre un autre monde auquel il fait mine d’apprécier les charmes de sa oisiveté pour finalement mieux le quitter, bref un homme entier qui traverse son époque sans s’accrocher à rien tout en restant intègre.

Et le moment où il chante ses regrets de devoir abandonner Carthage en se tenant simplement au dessus de l’orchestre est un splendide moment de communion avec le public, et rares sont les grands chanteurs capables d’établir une connexion aussi naturelle avec leur audience. Très grand moment d'émotion!

Tout au long de la soirée, les chœurs se révèlent d'une sobre et très agréable harmonie, mais les Troyennes pourraient afficher encore plus de volontarisme flamboyant avant que ne surgissent les Grecs.

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Publié le 31 Mai 2022

TV-Web Juin 2022 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Samedi 04 juin 2022 sur France 4 à 22h55
Marin Alsop, Khatia Buniatishvili et l'Orchestre de Paris

Beethoven, Chostakovich

Dimanche 05 juin 2022 sur France 3 à 00h25
Cendrillon (Massenet) - Opéra national de Lorraine - dm Zetouni - ms Hermann

Dimanche 05 juin 2022 sur Arte à 18h20
"Les quatre saisons (incertaines) de Vivaldi" à l'amphithéâtre de Délos

Avec Diana Tishchenko (violon), Sokratis Sinopoulos (lyre) - European Union Youth Orchestra

Lundi 06 juin 2022 sur Arte à 00h00
La Passion du Christ par des villageois (Documentaire)

Lundi 06 juin 2022 sur Arte à 01h20
Rodelinda (Haendel) - Festival international Haendel de Göttingen

Samedi 11 juin 2022 sur France 4 à 21h10
Festival Pablo Casals

"Coriolan", ouverture de Ludwig Van Beethoven
"Le Chant des Oiseaux" de Pablo Casals
"Symphonie n°41" dite "Jupiter" de Wolfgang Amadeus Mozart
"Concerto pour violoncelle n°2" de Saint-Saens interprété par la violoncelliste catalane Sol Gabetta.

Samedi 11 juin 2022 sur France 4 à 22h25
Concert Radio France : Cristian Macelaru et Simon Trpceski - Orchestre National de France

"Festin de l'araignée (fragments symphoniques)" de Albert Roussel
"Concerto pour piano et orchestre n°4" de Sergei Rachmaninov
"Romeo et Juliette" (suite conçue par Cristian Macelaru) de Serge Prokofiev.

Dimanche 12 juin 2022 sur France 3 à 00h20
Don Giovanni (Mozart) - Opéra national de Paris - dm Jordan - ms van Hove

Dimanche 12 juin 2022 sur Arte à 18h40
Nikolaj Szeps-Znaider joue Brahms - ONF - dm Cristian Macelaru

Lundi 13 juin 2022 sur Arte à 00h35
Le mythe d'Ot(h)ello (Documentaire)

Lundi 13 juin 2022 sur Arte à 01h30
Il trittico (Puccini) - La Monnaie - dm Bronchti - ms Kratzer

Haroutounian, Kálmán, Zilio, Bryce-Davis, Torre, Smith

Vendredi 17 juin 2022 sur France 5 à 21h00
Fauteuil d'orchestre (avec Michael Spyres, Mathieu Pordoy, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, le quatuor Belcea et Jean-Philippe Thiellay, directeur du Centre national de la musique)

Dimanche 19 juin 2022 sur France 3 à 00h20
La Traviata (Verdi) - Opéra national de Paris - ms Stone - dm Mariotti

Dimanche 19 juin 2022 sur Arte à 18h40
Kissin joue Gershwin, Berg et Chopin - Festival de Salzbourg 2021

Dimanche 19 juin 2022 sur Arte à 23h55
Chanter : à la recherche du feu sacré (Documentaire)

Ermonela Jaho, Barbara Hannigan et Asmik Grigorian

Lundi 20 juin 2022 sur Arte à 01h30
Barbara Hannigan à Ludwigsburg - Schönberg, Ives, Stravinski, Haydn et Gershwin

Lundi 20 juin 2022 sur Arte à 20h55
Lili Marleen (Fassbinder) - Film (1981)

Lundi 20 juin 2022 sur France 3 à 21h10 (en direct)
Musique en fête - Chorégie d'Orange
Pretty Yende, Philippe Jaroussky, Renaud Capuçon, Edgar Moreau, René Barbera, Marcelo Puente, Patrizia Ciofi, Pierre Génisson, Félicien Brut, Alain Chamfort, Jeanne Gérard, Chloé Chaume, Marc Scoffoni, Héloïse Mas, Florian Laconi, Kevin Amiel, Jérôme Boutillier, Eugénie Joneau, Alexandra Marcellier, Faustine de Monès.

Lundi 20 juin 2022 sur Arte à 22h50
Piaf  "Sans amour on n'est rien du tout"

Mardi 21 juin 2022 sur France 4 à 21h10 (Léger différé)
Platée (Rameau) - Opéra national de Paris - dm Minkowski - ms Pelly

Vidal, Di Pierro, Mauillon, Fuchs, Bounazou, Brownlee, Teitgen, Van Mechelen, Lesca

Mardi 21 juin 2022 sur France 4 à 23h45
Festival Pablo Casals

Samedi 25 juin 2022 sur France 4 à 21h10
Gautier Capuçon : "Un été en France : à vous de jouer"

Samedi 25 juin 2022 sur France 4 à 22h05
Unique - un artiste, un lieu, un concert - Nemanja Radulovic à Carnac

Samedi 25 juin 2022 sur France 4 à 23h30
Les Huguenots (Meyerbeer) - Opéra national de Paris - dm Mariotti - ms Kriegenburg
Oropesa, Kang, Lavoie, Jaho, Teste, Gay, Sempey, Deshayes

Dimanche 26 juin 2022 sur France 3 à 00h25 (Rediffusion)
Platée (Rameau) - Opéra national de Paris - dm Minkowski - ms Pelly
Vidal, Di Pierro, Mauillon, Fuchs, Bounazou, Brownlee, Teitgen, Van Mechelen, Lesca

Dimanche 26 juin 2022 sur Arte à 18h55
Bruges en musiques (Guillaume Dufay, Johannes Ockeghem, Josquin des Prés, Joseph Haydn et Arvo Pärt)

Lundi 27 juin 2022 sur Arte à 00h10
Fidelio (Beethoven) - Opéra Comique - dm - Pichon - ms Testé

Spyres, Stagg, Eriksmoen, Dohmen, Bretz, Immler

Lundi 27 juin 2022 sur Arte à 02h15
Symphonie n°5 (Beethoven) - dm Philippe Jordan - Wiener Philharmoniker

TV-Web Juin 2022 Lyrique et Musique

Mezzo et Mezzo HD

Mercredi 01 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
La Bohème de Puccini au Metropolitan Opera

Vendredi 03 juin 2022 sur Mezzo HD à 21h00
'Le Barbier de Séville' de Rossini à La Fenice de Venise

Samedi 04 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
La Clémence de Titus de Mozart au Festival de Glyndebourne

Dimanche 05 juin 2022 sur Mezzo HD à 21h00
Ariane à Naxos de Richard Strauss au Festival d'Aix-en-Provence

Mercredi 08 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
La Flûte enchantée de Mozart au Festival de Glyndebourne

Vendredi 10 juin 2022 sur Mezzo HD à 22h45
A Midsummer Night’s Dream de Britten à l'Opéra de Lille

Samedi 11 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
Il Giasone de Cavalli au Grand Théâtre de Genève

Dimanche 12 juin 2022 sur Mezzo HD à 21h00
Idoménée de Campra à l'Opéra de Lille

Mercredi 15 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
La Force du destin de Verdi à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Vendredi 17 juin 2022 sur Mezzo HD à 21h00
'Le Barbier de Séville' de Rossini à La Fenice de Venise

Samedi 18 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
'Werther' de Massenet à l'Opernhaus Zürich

Dimanche 19 juin 2022 sur Mezzo HD à 21h00
'Falstaff' de Verdi au Festival d'Aix-en-Provence

Mardi 21 juin 2022 sur Mezzo HD à 19h30 (Direct)
Platée de Rameau à l'Opéra de Paris

Mercredi 22 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
Farnace de Vivaldi à la Fenice de Venise

Vendredi 24 juin 2022 sur Mezzo HD à 21h00
La Gioconda de Ponchielli au Gran Teatre del Liceu

Samedi 25 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
I Puritani de Bellini à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Dimanche 26 juin 2022 sur Mezzo HD à 21h00
Ariane à Naxos de Richard Strauss au Festival d'Aix-en-Provence

Mercredi 29 juin 2022 sur Mezzo à 20h30
Tugan Sokhiev et l'Orchestre National du Capitole de Toulouse : La Damnation de Faust de Berlioz

Vendredi 01 juillet 2022 sur Mezzo HD à 21h00
'Falstaff' de Verdi au Festival d'Aix-en-Provence

TV-Web Juin 2022 Lyrique et Musique
TV-Web Juin 2022 Lyrique et Musique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Illimité

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 208) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

                            Juin 2022

Les Eclairs (Opéra Comique) jusqu'au 03 juin 2022

Macbeth (La Scala de Milan) jusqu'au 06 juin 2022

Une soirée vénitienne autour de l'orgue avec Wayne Marshall jusqu'au 06 juin 2022

Le Médium (Croatian National Theatre Zagreb) jusqu'au 09 juin 2022

Orchestre symphonique des jeunes d'Ukraine (Berlin) jusqu'au 10 juin 2022

"The Tree" de Carolyn Carlson (Chaillot - Théâtre National de la Danse) jusqu'au 10 juin 2022

Fauteuils d'orchestre - Le Concert (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 10 juin 2022

Aida (Opéra de Dresde) jusqu'au 12 juin 2022

Pinocchio (Festival d'Aix-en-Provence 2017) jusqu'au 12 juin 2022

Madame Butterfly (Palau de les Arts Reina Sofia) jusqu'au 19 juin 2022

Werther (Opéra Orchestra National Montpellier) jusqu'au 24 juin 2022

Il Trittico (La Monnaie de Bruxelles) jusqu'au 25 juin 2022

La Traviata (Opéra national de Paris) jusqu'au 26 juin 2022

L'Auberge du Cheval blanc (Opéra de Lausanne) jusqu'au 29 juin 2022

Daniel Hope et Alexey Botvinov (Festival Odessa Classics - Tallinn) jusqu'au 30 juin 2022

Un opéra dans la guerre (Opéra de Lviv) jusqu'au 30 juin 2022

                             Juillet 2022

La Flûte enchantée (Royal College of Music) jusqu'au 01 juillet 2022

Les Huguenots (Opéra national de Paris) jusqu'au 03 juillet 2022

Les Noces de Figaro (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 08 juillet 2022

La Passion selon Saint Matthieu (Festival de Pâques d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 13 juillet 2022

Fosse, mis en scène par Christian Boltanski jusqu'au 14 juillet 2022

Barbara Hannigan dirige Britten, Haydn et Stravinsky jusqu'au 15 juillet 2022

Israël en Egypte (T.Hengelbrock) jusqu'au 15 juillet 2022

Un Requiem imaginaire (Manège de Maubeuge) jusqu'au 16 juillet 2022

Les Noces de Figaro (Staatsoper Hannover) jusqu'au 20 juillet 2022

Musiques en fête (Chorégies d'Orange) jusqu'au 21 juillet 2022

Gala Andalucía Flamenca : Chants de femmes (Festival de Grenade 2021) jusqu'au 22 juillet 2022

Dabkeh par Mehdi Kerkouche jusqu'au 23 juillet 2022

Le Voyage dans la Lune (Opéra Comique) jusqu'au 26 juillet 2022

La promesse (Royal Swedish Opera) jusqu'au 27 juillet 2022

Farnace (La Fenice) jusqu'au 29 juillet 2022

Rise and Fall of the City of Mahagonny (Teatro Reggio di Parma) jusqu'au 30 juillet 2022

Carmen (Carlos Saura) jusqu'au 30 juillet 2022

                             Août 2022

Lully et ses contemporains (Festival de Saint-Denis) jusqu'au 02 août 2022

Les Noces de Figaro (Opéra de Paris) jusqu'au 03 août 2022

Roméo et Juliette (Opéra national de Paris) jusqu'au 12 août 2022

La Fille du régiment (Donizetti Opera Festival) jusqu'au 13 août 2022

Actéon (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 15 août 2022

Alcina (Opera North) jusqu'au 17 août 2022

Les larmes de la Vierge (Festival de Sablé) jusqu'au 26 août 2022

Don Pasquale (Opéra de Hambourg) jusqu'au 27 août 2022

The Discovery of Passion (Festival de Sablé) jusqu'au 29 août 2022

Klaus Mäkelä - 9e de Beethoven (Philharmonie) jusqu'au 30 août 2022

Manon à l'Opéra de Hambourg - regard dans les coulisses jusqu'au 31 août 2022

                             Septembre 2022

Rodelinda (Festival Haendel de Göttingen) jusqu'au 02 septembre 2022

Le Lac des Cygnes (Opéra National d'Ukraine) jusqu'au 02 septembre 2022

Patricia Petibon, le chant des étoiles jusqu'au 03 septembre 2022

Angels in America (Comédie française) jusqu'au 04 septembre 2022

Rigoletto (Gran Teatre del Liceu) jusqu'au 11 septembre 2022

Otello (Royal Opera House, Londres) jusqu'au 13 septembre 2022

Faust de Gounod (Teatro La Fenice) jusqu'au 16 septembre 2022

Elektra (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 16 septembre 2022

Jelin (Alessandria - Piémont) jusqu'au 22 septembre 2022

Cantates de jeunesse par Les Arts Florissants (Festival d'Ambronay) jusqu'au 25 septembre 2022

Der Vampyr (Staatsoper Hannover) jusqu'au 25 septembre 2022

Fidelio (Opéra Comique) jusqu'au 30 septembre 2022

Mikko Franck dirige Debussy, Montalbetti et Ravel jusqu'au 30 septembre 2022

                         Octobre 2022

La Force du Destin (Théâtre Royal de Wallonie) jusqu'au 07 octobre 2022

Cendrillon (Opéra national de Paris) jusqu'au 07 octobre 2022

Les 7 péchés capitaux (Opera North) jusqu'au 08 octobre 2022

Haendel au Théâtre du Châtelet jusqu'au 11 octobre 2022

Edmea (Wexford Festival Opera 2021) jusqu'au 11 octobre 2022

Les Indes Galantes (Opéra national de Paris) jusqu'au 13 octobre 2022

Parsifal (Hungarian State Opera) jusqu'au 15 octobre 2022

Let's dance ! (1) jusqu'au 15 octobre 2022

Let's dance ! (2) jusqu'au 15 octobre 2022

Let's dance ! (3) jusqu'au 15 octobre 2022

Let's dance ! (4) jusqu'au 15 octobre 2022

Let's dance ! (5) jusqu'au 15 octobre 2022

Let's dance ! (6) jusqu'au 15 octobre 2022

Alcina (Opéra de Lausanne) jusqu'au 15 octobre 2022

Casse-Noisette (Suresnes Cités de la danse) jusqu'au 20 octobre 2022

Der Fliegende Holländer (National Theater Mannheim) jusqu'au 24 octobre 2022

Eugène Onéquine (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 28 octobre 2022

                          Novembre 2022

Notre-Dame de Paris (Opéra national de Paris) jusqu'au 02 novembre 2022

Cendrillon (Opéra national de Lorraine) jusqu'au 03 novembre 2022

Facce d’amore par Jakub Józef Orlinski (Capitole de Toulouse) jusqu'au 09 novembre 2022

Rebeka Warriors & Julien Pregardien jouent Schubert jusqu'au 11 novembre 2022

Total Karita (Finnish National Opera and Ballet) jusqu'au 18 novembre 2022

Leonore 40/45 - Liebermann (Theater Bonn) jusqu'au 27 novembre 2022

                          Décembre 2022

Trisha Brown x 100 au Festival d'Automne jusqu'au 03 décembre 2022

Bach, Haendel par l'ensemble Pygmalion (Philharmonie) jusqu'au 06 décembre 2022

11th International Stanislaw Moniuszko Vocal competition jusqu'au 11 décembre 2022

Le cœur converti (Opera Ballet Vlaanderen) jusqu'au 18 décembre 2022

Platée (Opéra national de Paris) jusqu'au 18 décembre 2022

 

                           Janvier 2023

Eugène Onéquine (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 05 janvier 2023

                           Février 2023

Les oiseaux (Opéra national du Rhin) jusqu'au 04 février 2023

Récital Nadine Sierra (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 12 février 2023

Mese Mariano de Giordano et Suor Angelica de Puccini (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 18 février 2023

Concert de solidarité pour l'Ukraine (Théâtre national de Vilnius) jusqu'au 28 février 2023

Concert de solidarité pour l'Ukraine (Riga) jusqu'au 28 février 2023

                           Mars 2023

Veillée pour l'Ukraine (Théâtre national de Chaillot) jusqu'au 05 mars 2023

Barbara Hannigan : rêve de Hongrie jusqu'au 29 mars 2023

                         Avril 2023

L'Ange de feu (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 05 avril 2023

Mignon (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 12 avril 2023

                         Mai 2023

Salomé (Opéra d'Helsinki) jusqu'au 12 mai 2023

                           Juin 2023

Der Freischütz (La Fura dels Baus) - moments choisis -  jusqu'au 16 juin 2023

Ariane à Naxos (Festival d'Aix-en-Provence 2018) jusqu'au 23 juin 2023

Simon Boccanegra (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 24 juin 2023

                           Août 2023

Tristan und Isolde (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 30 août 2023

                           Septembre 2023

'Amazon' par Lea Desandre, Thomas Dunford et l'Ensemble Jupiter  jusqu'au 20 septembre 2023

La Boxeuse amoureuse de Marie Agnès Gillot et Arthur H  jusqu'au 21 septembre 2023

                           Octobre 2023

Haendel au Théâtre du Châtelet jusqu'au 06 octobre 2023

Nathalie Stutzmann dirige l'Orchestre de Paris jusqu'au 20 octobre 2023

                           Novembre 2023

Les Talens Lyriques (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 11 novembre 2023

                           Décembre 2023

Concert de Noël 2020 du Philharmonique de Radio France jusqu'au 17 décembre 2023

 

                           Juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

                           Décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

 

                           Février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

 

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique