Publié le 30 Juillet 2021

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart - 1787)
Représentation du 26 juillet 2021
Festival de Salzbourg - Großes Festspielhaus

Don Giovanni Davide Luciano
Il Commendatore Mika Kares
Donna Anna Nadezhda Pavlova
Don Ottavio Michael Spyres
Donna Elvira Federica Lombardi
Leporello Vito Priante
Masetto David Steffens
Zerlina Anna Lucia Richter

Direction musicale Teodor Currentzis
Mise en scène Roméo Castellucci
Chorégraphie Cindy Van Acker 
Chœur et Orchestre MusicAeterna
Nouvelle production
                                                                                                Davide Luciano (Don Giovanni)

Après une inoubliable Salomé qui, trois ans plus tôt, avait fortement marqué le public de la Felsenreitschule et les spectateurs de la retransmission télédiffusée, Roméo Castellucci se voit confier la nouvelle production du Don Giovanni de Mozart en ouverture du Festival de Salzbourg 2021. Il retrouve ainsi le jeune et prodigieux chef d'orchestre avec lequel il réalisa une ésotérique version du Sacré du Printemps lors de la Ruhrtriennale 2012, Teodor Currentzis.

Cette alliance de deux artistes hors du commun était d'avance excitante sur le papier, mais associée à une équipe de chanteurs de tout premier ordre elle se révèle, ce soir, prolifique et d'une énergie folle pour rendre au chef d’œuvre romantique de Mozart sa puissance sulfureuse et brosser des caractères fortement évocateurs. Les images inattendues ne manquent pas, mais les grands thèmes de l'ouvrage qui intéressent le metteur en scène restent dans l'ensemble lisibles et inspirants malgré son grand sens de l'abstraction.

Teodor Currentzis

Teodor Currentzis

Lorsque le rideau de scène s'ouvre dans le silence sur un impressionnant intérieur néo-classique d'une église recouverte sur ses murs de magnifiques toiles peintes et de sculptures religieuses, la magnificence du décor saisit le spectateur. Mais il est vite gagné par le décontenancement ou l'amusement lorsqu'il voit des ouvriers sur fond de bruits urbains entrer pour retirer un à un tous les objets d'art de la nef. Nous entrons dans un monde contemporain qui s'est débarrassé de toutes ses références esthétiques et spirituelles acquises par le passé. La période de la Renaissance s'efface pour ne laisser que le néant.

La lourde chute d'une puissante automobile de luxe annonce avec l'ouverture orchestrale les valeurs auxquelles est voué Don Giovanni, et la violence qu'elle draine. Mais ici, c'est surtout l'illusion de cette brève séquence qui laisse le spectateur abasourdi.

Davide Luciano (Don Giovanni) et Nadezhda Pavlova (Donna Anna) - Photo Salzburger Festspiele

Davide Luciano (Don Giovanni) et Nadezhda Pavlova (Donna Anna) - Photo Salzburger Festspiele

La première partie de Don Giovanni se déroule donc dans la blancheur ouatée de cette architecture élégante, et les portraits de chacune des trois héroïnes sont traités de façon bien distincts aussi bien stylistiquement que métaphoriquement.

Zerlina est la plus proche d'une interprétation littérale, une femme ingénue pour qui la douceur du rapport au corps a à voir avec une recherche d'une saine harmonie avec la nature. Quelques simples éléments de décors sont introduits, buisson, tronc d'arbre torturé, et Anna Lucia Richter peut faire vivre l'esprit d'une jeune paysanne aux beaux graves qui pleurent, douée d'un timbre au poli varié et doré.

Son compagnon, Masetto, est interprété par David Steffens qui rend à ce personnage, avec l'aide du metteur en scène, une nature sombre et inquiétante assez inhabituelle chez un être généralement présenté comme un grand benêt, comme pour mieux montrer comment l'influence de Don Giovanni en a fait un être violent, stupide et dépossédé de son âme.

Donna Elvira, elle, est une femme bourgeoise qui a eu un enfant avec Don Giovanni, ce qui ne manque pas de le rapprocher de Pinkerton, l'horrible américain de Madame Butterfly de Puccini.

Roméo Castellucci ne lui accorde pas véritablement un jeu scénique développé, mais Federica Lombardi possède une telle présence vocale au médium noble et attendrissant, et aux aigus saisissants et bouleversants, qu'elle offre un très beau portrait romantique de la seule femme véritablement amoureuse du héros pervers.

Federica Lombardi (Donna Elvira) et Vito Priante (Leporello)

Federica Lombardi (Donna Elvira) et Vito Priante (Leporello)

Mais le couple formé par Donna Anna et Don Ottavio est celui qui véritablement inspire le plus Roméo Castellucci. La fille du Commandeur prend en première partie des allures de Médée entourée d'Érinyes qui harcèlent Don Giovanni sous la forme d'une chorégraphie souple et esthétique aux corps et chevelures noirs.

Elle est un caractère passionné et vengeur, et Nadezhda Pavlova tire son incarnation vers la tragédie grecque à partir d'une posture assurée et surtout un tempérament en flamme qui se traduit pas une puissance vocale qu'elle oriente et jette sous la forme d'un fusain vers les auditeurs comme pour montrer sa détermination.

Et on la retrouve plus loin à se livrer à une virtuosité lumineuse, ascensionnelle et sensationnelle comme dans les passages les plus élégiaques et les plus spirituels des messes de Mozart, et cette audace sans faille qui traduit une envie d'atteindre des cieux inaccessibles a un effet sidérant en salle.

Et en seconde partie, le metteur en scène lui réserve un superbe écrin, volontairement kitsch, pour "Non mi dir, bel'idol mio" où, sous des lumières rosées et pastel, Donna Anna semble incarner une prêtresse entourée uniquement de femmes et de jeunes filles, comme si son idéal était dorénavant un monde où l'homme serait absent.

Nadezhda Pavlova (Donna Anna) - Photo Salzburger Festspiele

Nadezhda Pavlova (Donna Anna) - Photo Salzburger Festspiele

Quant au pauvre Don Ottavio, il est amené à représenter sous différentes formes des hommes de pouvoir et d'honneur ayant traversé l'histoire, et Roméo Castellucci le statufie au cours de ses principaux airs pour mieux le ridiculiser. Il y a bien ce grand caniche au pelage sculpté qui l'accompagne, mais il y a surtout cette grande scène du bal où le jeune noble erre en monarque lourdement affublé de blanc dans une brume tout aussi blanche. Sur le plan visuel, la confusion est formidable à ressentir, et au fil de la soirée Michael Spyres offre une superbe personnalité vocale, claire, aérée et nuancée en recherchant les limites d'une finesse extrême. Mais le plus beau est son dernier air "Il mio tesoro intanto" où l'on entend ce sublime chanteur se transformer progressivement en l'Empereur de "La Clémence de Titus" en densifiant et en enrichissant son timbre de teintes brunes.

Seul un artiste protéiforme de son niveau peut arriver ainsi à jeter un pont d'une œuvre de Mozart à une autre. Cette soirée aura véritablement été celle des surprises vocales les plus inattendues.

Nadezhda Pavlova (Donna Anna)

Nadezhda Pavlova (Donna Anna)

Et si Don Giovanni n'est pas ici un homme d'une stature humaine qui domine tout ce petit monde de sa désinvolture, Davide Luciano le fait vivre à travers sa tessiture d'airain qui décrit un jeune prédateur sans tendresse et d'une très grande précision d'élocution. Très à l'aise scéniquement, splendide en chantant sa sérénade tout en mimant un Christ en croix pour mieux plaire à Donna Elvira, son plus grand défi survient à la scène finale où, comme punition, il est amené à se dissoudre dans la blancheur du lieu tout en se débattant nu comme pour échapper à des sables mouvants qui le recouvrent jusqu'à ce qu'il n'existe plus.

La direction musicale de Teodor Currentzis est absolument terrifiante, à la fois brutale et foisonnante, au fur et à mesure que Don Giovanni se liquéfie.

Le double du séducteur, Leporello, trouve en Vito Priante un interprète au timbre plus habituellement sombre et sans effets métalliques ce qui le distingue de Davide Luciano.

Très naturel dans l'air du catalogue chanté autour d'une imprimante industrielle qui évoque la nature machinale de Don Giovanni amené à reproduire indéfiniment ses comportements, il fait ressentir l'humanité sous emprise du serviteur sans jamais en faire un bouffon pour autant.

Michael Spyres (Don Ottavio) et Nadezhda Pavlova (Donna Anna)

Michael Spyres (Don Ottavio) et Nadezhda Pavlova (Donna Anna)

Etourdissant par ses inventions en première partie, même si elles ne construisent pas une progression dramaturgique à proprement parler, Roméo Castellucci est beaucoup plus sobre dans la seconde partie qui pourrait s'intituler "La vengeance des 1003 femmes". Il utilise en effet nombre de figurantes de tout âge pour chorégraphier sous différentes formes, que ce soit à l'aide de voilages flottant en suivant les mouvements de la musique, ou lors de la scène du cimetière où les esprits des morts refont surface dans un brouhaha insensé, les forces féminines qui préparent leur vengeance. Au final, c'est le Commandeur (Mika Kares) qui est perdant car il est relégué en coulisses et sonorisé, avec toutefois un bon équilibre acoustique.

Teodor Currentzis et Maria Shabashova (Pianoforte)

Teodor Currentzis et Maria Shabashova (Pianoforte)

Si l'architecture de cette soirée est aussi stimulante, elle le doit également à Teodor Currentzis et à son orchestre MusicAeterna qui nous fait entendre Mozart comme jamais il ne nous sera possible de l'entendre de la part d'un orchestre d'une grande institution de répertoire. Il y a d'abord le charme des sonorités des instruments qui évoquent une matière vivante et vibrante, puis la célérité avec laquelle les musiciens arrivent à générer une musique complexe en nervures, riche en noirceur de son et aussi fortement lumineuse si bien que l'auditeur est saturé de chatoiements irrésistibles, même pendant les récitatifs.

Mais à d'autres moments, Currentzis pratique des effets de ralentis, étire le temps, comme pour mieux attirer l'attention sur ce que disent chaque chanteurs. Il est d'ailleurs très attentif à leur souffle et leur rythme, module l'orchestre aussi bien pour lui insuffler toutes sortes de variabilités d'humeur que pour assurer que les solistes ne perdent pas pied.

La diffusion de la représentation en différé le 07 août 2021  sur Arte TV (21h40) et Arte Concert (21h05) permettra de revivre cette éblouissante interprétation musicale, mais il est possible que les effets de lumière théâtraux de la scénographie de Roméo Castellucci soient en partie atténués par la captation vidéo.

https://www.arte.tv/fr/videos/105066-000-A/don-giovanni-festival-de-salzbourg-2021/

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Publié le 12 Juillet 2021

Les variations Goldberg BWV 988 (Jean-Sébastien Bach – vers 1740)
Représentation du 10 juillet 2021 – 20h00
Théâtre du Châtelet

Chorégraphie et Danse Anne Teresa De Keersmaeker
Piano Pavel Kolesnikov

Première le 26 août 2020 au Wiener Festwochen

Alors que le centre de Paris baigne dans une lumière d’argent, mélange de pluie et de lumière solaire, et l’effervescence habituelle d’un samedi soir, le Théâtre du Châtelet offre au cœur de cette ambiance urbaine un moment de recueillement profondément contemplatif en laissant la scène à un jeune pianiste, Pavel Kolesnikov, et une chorégraphe qui depuis plus de 40 ans dresse des liens entre structures musicales et expressions par le mouvement.

Pavel Kolesnikov et Anne Teresa De Keersmaeker

Pavel Kolesnikov et Anne Teresa De Keersmaeker

Anne Teresa De Keersmaeker est seule sur scène, et c’est tout ce qu’elle perçoit des lignes, rythmes et ruptures essentielles de la musique de Bach qui est ainsi imagé, mais le spectateur ne voit plus que les signes, les ornements des bras, les pivotements qui résultent d’une interprétation qui n’est pas toujours évidente puisqu’un même motif musical peut être traduit par un battement du corps différent.

Le jeu pianistique de Pavel Kolesnikov est allègre, d’une douceur légèrement pointée, et la chorégraphe ne laisse aucun bruit troubler l’écoute visuelle. Pourtant, la mise en espace est telle qu’elle peut donner lieu à une interprétation très subjective.

Pavel Kolesnikov et Anne Teresa De Keersmaeker

Pavel Kolesnikov et Anne Teresa De Keersmaeker

En effet, pendant toute la première partie, Anne Teresa De Keersmaeker danse vêtue d’un fin linge noir semi-transparent devant un panneau situé en hauteur et qui diffracte une lumière froide, un peu comme un clair de pleine lune qui annoncerait la fin d'une histoire. La pénombre s’accentue au fur et à mesure que l’héroïne s’éloigne de l’avant-scène.

Pavel Kolesnikov et Anne Teresa De Keersmaeker

Pavel Kolesnikov et Anne Teresa De Keersmaeker

Et dans la seconde partie, après une brève interruption, elle réapparaît en rouge, alors qu’une autre structure cette fois située au sol, comme un imposant rocher d’or disposé auprès du pianiste, semble suggérer le passage à travers les limites du temps pour redonner un élan vital et permettre une transmission régénérative au public même. 

Une plongée dans le crépuscule comme source de renouveau créatif.

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Publié le 11 Juillet 2021

Jeunes danseurs – Ballet de l’Opéra national de Paris
Représentation du 10 juillet 2021 - 14h30
Palais Garnier

La fête des fleurs à Genzano (1858)
Musique Holger-Simon Paulli - Chorégraphie August Bournonville

L’Oiseau bleu extrait de La Belle au bois dormant (1890)
Musique Piotr Ilyitch Tchaïkovski - Chorégraphie Rudolf Noureev

And...Carolyn (2007 - Entrée au répertoire)
Musique Thomas Newman - Chorégraphie Alan Lucien Øyen

Flammes de Paris (1932 - Entrée au répertoire)
Musique Boris Assafiev - Chorégraphie Vasili Vainonen

Non rien de rien (1998)
Musique Edith Piaf - Chorégraphie Ivan Favier

Les Indomptés (1992 - Entrée au répertoire)
Musique Wim Merten - Chorégraphie Claude Brumachon

Pas de trois du cygne noir du Lac des cygnes (1877)       Hortense Pajtler et Marius Rubio
Musique Piotr Ilyitch Tchaïkovski - Chorégraphie Rudolf Noureev

After the Rain (2005 - Entrée au répertoire)
Musique Arvo Pärt - Chorégraphie Christopher Wheeldon

Pas de deux de la tombe de Roméo et Juliette (1935 - Entrée au répertoire)
Musique Serguei Prokofiev - Chorégraphie Angelin Preljocaj

Pas de deux du 3ème acte de La Belle au bois dormant (1890)
Musique Piotr Ilyitch Tchaïkovski - Chorégraphie Rudolf Noureev

Danseurs du Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris

Solistes femmes : Hortense Pajtler (2019), Eugénie Drion (2014), Apolline Anquetil (2019), Inès Mcintosh (2019), Bianca Scudamore (2017), Roxane Stojanov (2013), Nine Seropian (2019), Hohyun Kang (2018)
Solistes hommes : Keita Bellali (2020), Enzo Saugar (2020), Loup Marcault-Derouard (2018), Antoine Kirscher (2013), Marius Rubio (2019), Chun-Wing Lam (2015), Giorgio Fourès (2016), Jérémy-Loup Quer (2011), Antonio Conforti (2012), Florent Melac (2010), Alexandre Gasse (2007), Guillaume Diop (2018)

Le programme Jeunes danseurs proposé en fin de saison par le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris est une rare occasion de découvrir en une seule soirée un panel le plus large possible de l’art chorégraphique représenté sur cette scène. En 9 pièces, 9 musiques et 9 chorégraphies différentes, le spectateur est confronté à des esthétiques classiques ou contemporaines et peut donc se laisser vibrer à celles qui l’inspirent le plus.

Bianca Scudamore (Odette) - Le Lac des Cygnes (Tchaikovski - Petipa - Noureev)

Bianca Scudamore (Odette) - Le Lac des Cygnes (Tchaikovski - Petipa - Noureev)

C’est aussi l’occasion de découvrir, dans les premiers rôles des danseurs, les Quadrilles, Coryphées ou Sujets dont la moitié de ceux présents ce soir ont intégré le Corps de Ballet depuis moins de 5 ans.

Ainsi, l’ouverture sur La fête des fleurs à Genzano nous mène dans une Italie légère à l’arrivée de l’été, et Keita Bellali – sourire radiant et bras en corolles – et Hortense Pajtler, deux jeunes recrues, font revivre un pas de deux de ce chorégraphe danois, August Bournonville, qui cherchait à donner autant d’importance aux danseurs masculins qu’aux ballerines. On ne retrouvera d’ailleurs pas cette humeur riante et naïve dans les autres pièces présentées au cours de ce riche programme.

Hohyun Kang (Aurore) et Guillaume Diop (Le Prince) - La Belle au Bois dormant (Tchaikovski - Petipa - Noureev)

Hohyun Kang (Aurore) et Guillaume Diop (Le Prince) - La Belle au Bois dormant (Tchaikovski - Petipa - Noureev)

Deux extraits de La belle au Bois Dormant dans la chorégraphie de Marius Petipa et Rudolf Noureev sont interprétés, L’Oiseau Bleu, en début de programme, qui permet de découvrir une autre jeune recrue, Enzo Saugar, associée à Eugénie Drion et ses très mélodieux ports de bras, puis le Pas de deux du 3ème acte, en fin de programme, qui offrira à Hohyun Kang et Guillaume Diop une magnifique chance de renvoyer au public une superbe image de l’assurance épurée noblement tenue de la culture chorégraphique de la maison.

Il y a plusieurs entrées au répertoire au cours de ce spectacle, et le Pas de deux de Flammes de Paris, ballet hommage à la Révolution Française, en est une et est très bien défendue par l’élan romantique élégant et la belle correspondance entre Antoine Kirscher et Inès Mcintosh, danseuse fort confiante dans son rapport à la salle.

Inès Mcintosh (Jeanne) et Antoine Kirscher (Philippe) - Flammes de Paris (Vasili Vainonen)

Inès Mcintosh (Jeanne) et Antoine Kirscher (Philippe) - Flammes de Paris (Vasili Vainonen)

Au répertoire contemporain apparaît pour la première fois sur cette scène And...Carolyn d’Alan Lucien Øyen qui permet de découvrir le couple formé par Apolline Anquetil et Loup Marcault-Derouard qui joue avec des effets d’attraction vers le sol, et le jeune danseur est fabuleusement mis en valeur par la chorégraphie et les lumières qui magnifient sa gestuelle tournoyante.

Autre nouveauté, After the Rain de Christopher Wheeldon interprété sur la pièce Spiegel im Spiegel (pour violon et piano) d’Arvo Pärt, est propice à un véritable travail sur l’intériorité et décrit une union poétique et silencieuse entre deux êtres au son des gouttes d’eau pianistiques. Roxane Stojanov et Florent Melac noient dans la pénombre leur propre individualité pour en rendre la grâce charnelle et mélancolique.

Loup Marcault-Derouard et Apolline Anquetil - And...Carolyn (Alan Lucien Øyen)

Loup Marcault-Derouard et Apolline Anquetil - And...Carolyn (Alan Lucien Øyen)

Après le duo très ludique et charmeur entre Hortense Pajtler et Marius Rubio sur la chanson d’Edith Piaf « Non, rien de rien », vient une autre entrée au répertoire avec Les Indomptés de Claude Brumachon sur la musique de Wim Mertens qui fait vivre une lutte provocante entre deux hommes incarnés par Chun-Wing Lam et Giorgio Fourès, vétus en jeans et torses-nus, à travers un jeu d’équilibre instable et une course qui s’achève sur une forme de victoire par épuisement.

Le spectateur n’a pas fini d’être étourdi car il est par la suite projeté dans l’univers psychanalytique du Lac des Cygnes de Rudolf Noureev et son célèbre pas de deux devenu un pas de trois afin de renforcer le rôle de Rothbart. Ce retour au classicisme académique juste après Les Indomptés peut apparaître comme un grand écart, mais quand on réfléchit au thème de ces deux pièces, on peut tout à fait y voir une forme de continuité d’esprit.

Chun-Wing Lam et Giorgio Fourès - Les Indomptés (Claude Brumachon)

Chun-Wing Lam et Giorgio Fourès - Les Indomptés (Claude Brumachon)

On ne peut que frémir aux attentes qui pèsent sur les épaules de Bianca Scudamore au moment d’aborder les 32 fouettés d’Odette dont elle se sort très bien, et avec le sourire, qui représentent une figure mythique de l’univers chorégraphique car la magie émane de cet instant par une maîtrise absolue des lois de la physique et de la préservation du mouvement. On retrouve déjà le tempérament piqué de Rothbart, l’esprit déstabilisateur du prince Siegfried, dans les attaques pointées d’Antonio Conforti, ainsi qu’une certaine appétence pour ce personnage hautain, et Jérémie-Loup Quer délivre une fine attention à sa partenaire comme à ses propres moments d’extase.

Nine Seropian (Juliette) et Alexandre Gasse (Roméo) - Roméo et Juliette (Prokofiev - Preljocaj)

Nine Seropian (Juliette) et Alexandre Gasse (Roméo) - Roméo et Juliette (Prokofiev - Preljocaj)

Le pas de deux de Roméo et Juliette (Prokofiev), donné dans la chorégraphie d’Angelin Preljocaj et non de Rudolf Noureev (qui est jouée au même moment à l’Opéra Bastille), est une véritable découverte avec une indicible violence respectivement de Juliette et Roméo envers les corps de l’un et l’autre lors de la scène d’empoisonnement finale. Ce réalisme joué sans réserve par Nine Seropian et Alexandre Gasse peut fortement impressionner les jeunes spectateurs et donne envie de connaître la version intégrale.

En un peu plus de deux heures, c'est tout l'avenir du Corps de ballet de l'Opéra qui nous est ainsi suggéré.

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Publié le 4 Juillet 2021

La Clémence de Titus (Wolfgang Amadé Mozart - 1791)
Représentation du 03 juillet 2021
Palais Garnier

Tito Vespasiano Stanislas de Barbeyrac
Vitellia Amanda Majeski
Servilia Anna El-Khashem
Sesto Michèle Losier
Annio Jeanne Ireland
Publio Christian Van Horn

Direction musicale Mark Wigglesworth
Mise en scène Willy Decker (1997)

                                     Jeanne Ireland (Annio)

Au même moment où Philippe Jordan vient de rendre un dernier hommage à l’orchestre de l’Opéra de Paris dont il a été le directeur musical pendant 12 ans, le Palais Garnier joue pour la 7e fois une série de représentations de La Clémence de Titus donnée dans la mise en scène de Willy Decker qui fut créée au printemps 1997 sous la direction d’Armin Jordan.

Michèle Losier (Sesto)

Michèle Losier (Sesto)

Alors que ces 20 dernières années des chanteurs d’un format vocal parfois opulent ont été accueilli sur cette scène, Catherine Naglestad, Elina Garanca ou bien Hibla Gerzmava, pour interpréter cette œuvre tardive de Mozart, la distribution réunie ce soir se distingue par ses qualités d’homogénéité et sa finesse interprétative.

Amanda Majeski incarnait déjà le rôle de Vitellia en 2017, et l’on retrouve les courbes lissées et les formes fuselées d’un timbre couleur grenat qui définissent les contours d’une femme pernicieuse mais qui a quelque chose d’attachant. Peu de noirceur et des lignes aiguës trop fines et irrégulières, l’incarnation n’en reste pas moins entière et sensible tout en en faisant ressentir les contradictions.

Amanda Majeski (Vitellia)

Amanda Majeski (Vitellia)

Michèle Losier, elle qui fut un si touchant Siebel dans Faust, cette saison, dessine un Sesto très clair avec du corps et des aigus parfois un peu trop soudains mais d’une impressionnante tenue, et elle est sans doute le personnage le plus présent, en contact de cœur avec la salle. Beaucoup de vérité est lisible dans ses expressions attachantes, et Michèle Losier est une personnalité idéale pour faire vivre le lien affectif entre les personnages.

Et le couple formé par Annio et Servilia est d’un parfait équilibre, Jeanne Ireland ayant un très beau timbre doré joliment orné et une vivacité d’élocution qui lui donne une allure très digne, et Anna El-Khashem, d’une frémissante légèreté, agit comme si une brise de printemps soufflait sur la scène.

Amanda Majeski (Vitellia) et Michèle Losier (Sesto)

Amanda Majeski (Vitellia) et Michèle Losier (Sesto)

Et peut être parce qu’il s’agit d’une distribution majoritairement féminine, il se dégage de cet ensemble un jeu d’un très grand naturel, juste et fluide, qui donne beaucoup de grâce aux mouvements sur scène, la représentation arborant un classicisme vivant qui fait honneur à la délicatesse de Mozart.

Christian Van Horn paraît évidemment plus dense et d’une noirceur noble et grisonnante, avec de nettes intonations Don Giovanesques, et Stanislas de Barbeyrac, un des plus beaux galbes ténébreux entendu dans ce rôle sur cette scène, se charge de faire de Titus, cet homme déçu par tout son entourage, un homme héroïque et obscur, auquel ne manque que ces petites inflexions légères, claires et fragiles qui trahiraient chez l’Empereur ses affectations intérieures.

Stanislas de Barbeyrac (Tito Vespasiano)

Stanislas de Barbeyrac (Tito Vespasiano)

La direction musicale de Mark Wigglesworth s’inscrit dans cette même tonalité claire et fine, d’une très agréable vélocité, sans toutefois forcer les effets de contrastes et assombrir les cordes, et la transition vers la scène de grâce des conjurés est menée avec brio sans pompe surfaite. Le chœur, malheureusement masqué, manque d’ampleur et d'éclat à ce moment là, ce qui est un peu dommage.

Jeanne Ireland (Annio), Amanda Majeski (Vitellia) et Christian Van Horn  (Publio)

Jeanne Ireland (Annio), Amanda Majeski (Vitellia) et Christian Van Horn (Publio)

Cette mise en scène sévère, avec ce buste qui se découvre au fur et à mesure que Titus se départit de ses illusions, est si bien dirigée qu’elle offre un spectacle de référence, ce que n’a pas manqué de reconnaître le public très diversifié et même très jeune venu ce soir nombreux.

Stanislas de Barbeyrac (Tito Vespasiano) et Michèle Losier (Sesto)

Stanislas de Barbeyrac (Tito Vespasiano) et Michèle Losier (Sesto)

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Publié le 4 Juillet 2021

Yitzhak Rabin : chronique d’un assassinat (Amos Gitai)
Représentation du 01 juillet 2021
Théâtre de la Ville – Théâtre du Châtelet

Avec Sarah Adler, Natalie Dessay, Irène Jacob, Rachel Khan
Guillaume de Chassy, piano, Shani Diluka, piano, Bruno Maurice, accordéon, Alexey Kochetkov, violon, Louis Sclavis, clarinettes, saxophones
Chœur Accentus

Pièces ou extraits musicaux : Maurice Ravel (Kaddish), Benjamin Britten (War Requiem), Gustav Mahler (Das Lied der Erde), György Ligeti ( Lux Aeterna, Éjszaka-Reggel), Paul Hindemith (Kammerkonzert n° 1 op. 24), Jean-Sébastien Bach (Prélude en Do mineur BWV 847 et Prélude en Si mineur BWV 855A), Ernest Bloch (Schelomo), Alexey Kochetkov (Aurora), Henri Duparc (L’Invitation au voyage), Philip Glass (Mad Rush)

Natalie Dessay (à droite) - Photo Théâtre de la Ville

Natalie Dessay (à droite) - Photo Théâtre de la Ville

Washington, le 13 septembre 1993, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le chef de l’OLP Yasser Arafat échangent une poignée de main historique et font « le pari courageux que l’avenir sera meilleur que le passé ». Un premier accord entre Juifs et Palestiniens prévoit la fin de la lutte qui les oppose et le partage de la terre sainte.

Après une attaque contre une mosquée à Hébron et l’explosion d’un autobus piégé à Tel-Aviv en riposte à cette agression et plus d’une année de négociation, le parti travailliste enjoignit ses partisans à monter au créneau, et la soirée du 04 novembre 1995 débuta par un véritable triomphe avec un afflux de dizaine de milliers d’Israéliens vers la place des Roi d’Israël de Tel-Aviv. Elle s’acheva par l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un jeune extrémiste juif de 23 ans nommé Yigal Amir.

Scène de Yitzhak Rabin : chronique d’un assassinat - Photo Christophe Raynaud de Lage

Scène de Yitzhak Rabin : chronique d’un assassinat - Photo Christophe Raynaud de Lage

A l’occasion du triste anniversaire des 25 ans de cet évènement qui nous a éloigné le plus possible d’un accord et contribué à créer des fractures au sein même des relations individuelles à travers le monde entier, Amos Gitai a imaginé une fable pour remémorer le souvenir des circonstances de cette journée terrible.

Sur scène, quatre femmes, Sarah Adler, Irène Jacob, Rachel Khan et Natalie Dessay font revivre le témoignage de Leah Rabin, la veuve du premier ministre. La lecture est alliée à des extraits de films d’archives projetés en arrière-plan et des passages musicaux joués sur scène.

Pour l’amateur lyrique, les vocalises lumineuses de Natalie Dessay qui ouvrent la pièce créent un fascinant moment d’irréalité, puis le texte présente la personnalité d’ Yitzhak Rabin, son volontarisme, son parcours de soldat israélien, son mea-culpa nécessaire pour sa brutalité envers les Palestiniens au cours des premières années de guerre, son entente avec son rival Shimon Pérez, homme raffiné, puis son attitude combative au parlement quand il fallut défendre le plan de paix.

Yitzhak Rabin et Amos Gitai - Crédits : Amos Gitai

Yitzhak Rabin et Amos Gitai - Crédits : Amos Gitai

Au centre de la pièce, la montée de la violence de ses opposants, de la diabolisation de sa démarche et de la diffusion de la haine parmi le camp conservateur est montrée de façon effrayante, et la responsabilité de Benjamin Netanyahu est parfaitement bien suggérée en filigrane par quelques furtives images parfaitement bien insérées.

La lecture opérée par ces voix féminines incite cependant au calme, les extraits musicaux de Bach à Philip Glass créent une atmosphère recueillie sans plainte, et ce qui ressort de cette soirée d’un peu plus d’une heure et demi est le sentiment d’une veillée autour d’un acte central qui reste un lancinant traumatisme universel.

Sous des lumières ombrées, ce spectacle prend une tournure presque religieuse au final, le chœur Accentus chantant de dos, et dans la salle du Châtelet, sous les hauteurs incroyables de son arche de scène dorée, voir le public captivé par ce qui est remémoré donne aussi la possibilité à chacun de partager une question commune et de le montrer.

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Publié le 1 Juillet 2021

Tristan und Isolde (Richard Wagner - 1865)
Représentation du 29 juin 2021
Bayerische Staatsoper

Tristan Jonas Kaufmann
König Marke Mika Kares
Isolde Anja Harteros
Kurwenal Wolfgang Koch
Melot Sean Michael Plumb
Brangäne Okka von der Damerau
Ein Hirte Dean Power
Ein Steuermann Christian Rieger
Ein Jünger Seemann Manuel Günther

Direction musicale Kirill Petrenko
Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2021)
Décors Małgorzata Szczęśniak
Lumières Felice Ross
Vidéo Denis Guéguin
Chorégraphie Claude Bardouil

                                                                                             Krzysztof Warlikowski

La nouvelle production de Tristan und Isolde par Krzysztof Warlikowski vient se substituer à celle créée par Peter Konwitschny 23 ans plus tôt, le 30 juin 1998, pour le Festival d'opéras de Munich, ville où fut également jouée pour la première fois le poème lyrique de Richard Wagner dans son intégralité, le 10 juin 1865.

Après une vision humoristique et distanciée de l'amour fou à laquelle Waltraud Meier s'est régulièrement livrée sur cette scène, le regard que propose le metteur en scène polonais s'intéresse à l'autre facette de l'ouvrage, le passage de la vie à la mort. Seront donc forcément déçus ceux qui ne veulent y voir que l'extase suprême du second acte, une sorte de métaphore de l'accomplissement du désir sexuel qui est devenu un cliché dans le milieu des amateurs lyriques.

Jonas Kaufmann (Tristan)

Jonas Kaufmann (Tristan)

La mort est présente partout et est signifiée de différentes manières. Il y a d'abord ces mannequins qui représentent des êtres désincarnés car éteints, et deux acteurs, grimés en mannequins, interviennent aussi dès le prélude pour décomposer la gestuelle sensible et affective l'un envers l'autre, ou bien plus tard pour fournir les armes qui mèneront Tristan sur le chemin de la mort. Cette gestuelle est fortement travaillée afin de laisser le doute le plus longtemps possible sur le fait qu’il s’agisse de pantins commandés ou bien de personnes réelles.

Il y a également ce luxueux décor en bois noble et sculpté qui encadre tout l'espace scénique, et qui comporte sur chacun de ses murs deux grandes portes sur fond noir qui évoquent la séparation entre deux êtres. Cette salle, surmontée de deux trophées de chasse, réunit plusieurs symboles : la fierté ancestrale du trône royal du roi Marke, la célébration des forces de l'au-delà, la monumentalité comme lieu de rituel mortifère.

Enfin, dès la fin du prélude, une magnifique vidéographie représente la vue vers l'est depuis le pont d'un navire glissant sur une mer noire, comme si le voyage d'Irlande vers la Cornouaille pouvait être comparé à la traversée du Styx. Isolde semble entraînée à travers un couloir de cabines sans fin, et deux oiseaux blancs - peut être un amour pur - suivent ce long mouvement qui s'achève sur les deux portes du palais.

Okka von der Damrau (Brangäne) et Anja Harteros (Isolde) - Photo Bayerische Staatsoper / W.Hösl

Okka von der Damrau (Brangäne) et Anja Harteros (Isolde) - Photo Bayerische Staatsoper / W.Hösl

Kirill Petrenko et l'orchestre d’État de Bavière impriment d'emblée leur marque, un flux d'une grande vélocité, une compacité orchestrale luxueuse, une plénitude lumineuse et un panache instrumental luxuriant, ce débordement de vie augure d'une très belle entrée en matière.

Puis s'élève l'Isolde hautement aristocratique et dominatrice d'Anja Harteros. Long et haut pantalon noir, chemisier jaune flamboyant, la voix est ardemment percutante, puissante et focalisée, chargée de clairs aigus nimbés d'éclats de velours noir. Il y a par ailleurs une grande adéquation entre la richesse d'expressivité de cette grande artiste et l'effervescence orchestrale. Son personnage prend des dimensions combatives phénoménales, sa gestuelle est toujours en phase avec son rang social élevé, et elle préserve toute la féminité de son être sans l'alourdir. Le galbe vocal reste souple et d'une texture colorée et homogène.

Face à elle, Okka von der Damerau est une fantastique Brangäne, avec un aigu d'argent vibrant qui s'épanouit latéralement et un souffle opulent qui la rendent un peu surhumaine. La relation entre les deux femmes est naturelle même si de par ses regards et gestes critiques la servante cherche à influer sur la situation.

On la voit au premier acte soigner un soldat devenu fou – les dérèglements de ce personnage sont fortement travaillés -, mais la puissance hypnotique des échanges entre les deux femmes occulte l'attention qui pourrait plus reposer sur lui.

Jonas Kaufmann (Tristan) - Photo Bayerische Staatsoper / W.Hösl

Jonas Kaufmann (Tristan) - Photo Bayerische Staatsoper / W.Hösl

Quant à Tristan, il est représenté comme un somptueux militaire de haut-rang en tenue blanche, un homme faisant partie d’un système militaire et social bien établi, mais qui n’a pas l’assurance de son Isolde. Jonas Kaufmann excelle à jouer ces hommes un peu perdus et qui ont toujours quelque chose de touchant. Le passage dans l’autre monde lorsqu’il partage le filtre avec la Reine est étrangement représenté par des effets d’hallucinations méandreux et vivement colorés, mais l’on ne sait pas à ce moment là ce que cela signifie.

La seconde partie entre véritablement dans le travail d’interprétation. Après une scène de chasse qui se produit dans la même salle et qui permet de voir directement les joueurs de cors qui renforcent le caractère oppressant de la haute-société du roi Marke, la scène suivante montre la véritable aspiration d’Isolde à travers une vidéo où on la suit dans ses déambulations à travers un labyrinthe d’escaliers qui la mène à une petite chambre où tout semble bien disposé, sans fenêtre, comme s’il on était dans un petit coin isolé au bout du monde. Il ne se passe que quelques minutes avant qu’on ne la voit s’allonger sur le lit comme s’il s’agissait d’attendre quelque chose ou quelqu’un.

On pense alors énormément à la séquence du film « The Hours » de Stephen Daldry inspirée du roman de Virginia Wolf, Mrs Dalloway, où l’on voyait Laura Brown mettre en scène son suicide alors que des eaux verdâtres envahissaient sa chambre d’hôtel

Anja Harteros (Isolde)

Anja Harteros (Isolde)

La question qui se pose de toute évidence est pourquoi cette Isolde si assurée aspire à la mort, et qu’a t-il pu arriver pour qu’elle et Tristan passent tout le duo d’amour à échanger chacun séparément assis dans un confortable fauteuil avec une telle difficulté à entrer en connexion physique ? Et ce que montre alors Krzysztof Warlikowski est non pas une mise en scène de l’Amour idéalisé et humainement impossible tel que le spectateur viendrait rechercher la représentation chez Wagner pour sa propre aspiration personnelle, mais un Amour impossible irréalisable entre les deux amants eux-mêmes qui ne voient comme unique issue que de passer par le suicide pour trouver dans la mort une possibilité de vivre cet amour.

La vidéo ne se substitue pas à l’action scénique, car elle reste longtemps figée sur l’image de ce lit où gît Isolde. Elle s'insère dans la scénographie comme un élément de décor et crée, par son esthétique soignée, une fascinante image qui hante la mémoire car elle annonce la fin dans le silence.

L’arrivée du Roi Marke se produit au moment où Tristan et Isolde se préparent à passer à l’acte mortel, mais ils retombent dans un univers conventionnel où pèse le poids de la hiérarchie sociale et des ancêtres. Tristan saisit alors sa chance, si l’on peut dire, en se jetant sur l’épée tendue par Melot.

Dans cette seconde partie, Mika Kares incarne un Roi Marke sévère et uniforme en couleur de tessiture, mais n’a pas l’occasion de montrer les différents affects du monarque car une distance affective est aussi opérée entre lui et les amants.

Mika Kares (Le Roi Marke)

Mika Kares (Le Roi Marke)

Anja Harteros reste souveraine, et Jonas Kaufmann, parfois tenté de trop alléger dans les aigus, met en place sa belle tonalité sombre et poétique qui va se déployer totalement dans un dernier acte fort émouvant.

Car tout dans ce dernier acte est conçu pour faire ressentir le vide vital et la froideur du passage de la vie à la mort. Deux mondes sont représentés, celui bien réel de Kurwenal qui assiste à l’agonie de Tristan , et celui de Tristan qui est déjà en train de changer de monde et que l’on perçoit à partir d’une scène où onze enfants inertes, à nouveau des mannequins, sont assis autour d’une grande table et près du cor anglais. La lumière suggère celle d’une Lune glaciale suspendue au dessus de la scène.

Un des mannequins est animé par un acteur bien réel qui échange régulièrement de position avec Jonas Kaufmann pour montrer l’imbrication entre ces deux mondes.

Ce qu’il y a de poignant dans cette image est que les enfants représentent ce qu’il y a de plus vivant en ce monde, et de les voir ainsi figés renvoie à chacun les souvenirs d’une enfance insouciante, du temps passé et d’une vie qui a disparu.

Se superposent à cela la chaleur exaltée de la direction phénoménale de Kirill Petrenko, des plaintes inouïes qui ressortent du riche réseau orchestral, et aussi la douceur à fleur de peau de Jonas Kaufmann qui interprète un Tristan d’une telle beauté mélancolique qu’elle induit un très ambigu sentiment de plénitude irrésistiblement bouleversant dans une atmosphère pourtant cliniquement froide.

Kirill Petrenko

Kirill Petrenko

Wolfgang Koch semble presque trop vivant et enthousiaste par cette présence bien ancrée qu’il dégage à l’avant scène, et la résolution est totale lorsqu’Isolde apparaît pour se suicider à l’aide d’un poison afin de rejoindre Tristan. Le monde de Marke est quant à lui conventionnel jusqu’au bout dans ses réactions au moment de la découverte de la mort de Tristan, mais le roi a le réflexe de déposer un lys blanc en geste d’affection et de reconnaissance pour la pureté du chevalier.

Le Liebestod est alors chanté simplement, avec aplomb et rayonnement mais sans affectation appuyée, devant un fond blanc qui, à la toute fin, enchevêtre nébuleusement des images autour du lit de Tristan ou Isolde où Anja Harteros et Jonas Kaufmann peuvent enfin ouvrir les yeux pour s’admirer pleinement en un sourire complice. Mais leurs mains ne se touchent toujours pas.

Wolfgang Koch (Kurwenal), Anja Harteros (Isolde) et Jonas Kaufmann (Tristan)

Wolfgang Koch (Kurwenal), Anja Harteros (Isolde) et Jonas Kaufmann (Tristan)

Un spectacle fortement méditatif, construit sur un troublant contraste entre la gravité du sujet, la recherche de l’expression de l’amour par la mort, et le déchaînement baroque en timbres et couleurs de ces cordes gorgées de lumières filant dans la fosse pour se métamorphoser en un jaillissement de splendides corolles boisées et cuivrées, afin d'apparaître comme une véritable célébration de la vie.

Claude Bardouil, Malgorzata Szczęśniak et Krzysztof Warlikowski

Claude Bardouil, Malgorzata Szczęśniak et Krzysztof Warlikowski

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Publié le 30 Juin 2021

 TV-Web Juillet-Août 2021 Lyrique et Musique

Chaînes publiques (informations partielles à compléter ultérieurement)

Dimanche 04 juillet 2021 sur Arte à 18h55
Olivier Messiaen : Quatuor pour la fin du temps

Lundi 05 juillet 2021 sur Arte à 01h25
Ariane à Naxos (Richard Strauss) - Festival d'Aix-en-Provence 2018- dm Albrecht - ms Mitchell

Lise Davidsen, Eric Cutler, Sabine Devieilhe, Angela Brower

Mardi 06 juillet 2021 sur France 4 (Culture Box) à 21h05
Don Giovanni (Mozart) - le film

Mardi 06 juillet 2021 sur France 4 (Culture Box) à 22h45
La Flûte enchantée (Mozart) chantée en français.

Vendredi 09 juillet 2021 sur Arte à 22h25
Les Noces de Figaro - Festival Aix-en-Provence 2021 - dm Hengelbrock - ms de Beer

Gyula Orendt, Jacquelyn Wagner, Julie Fuchs, Andrè Schuen, Lea Desandre, Emiliano Gonzalez Toro

Dimanche 11 juillet 2021 sur France 3 à 00h25
Sabine Devieilhe à l'Opéra de Lyon

Dimanche 11 juillet 2021 sur Arte à 18h10
Pavarotti, hommage aux arènes de Vérone

Mardi 13 juillet 2021 sur France 4 (Culture Box) à 23h25
Sémiramide (Rossini) - Teatro de La Fenice

Mercredi 14 juillet 2021 sur France 2 à 21h05
Le Concert de Paris 2021

Mercredi 14 juillet 2021 sur France 2 à 23h50
Le Concert de Paris 2020

Vendredi 16 juillet 2021 sur  France 5 à 20h55
Roberto Alagna : Ma vie est un opéra

Vendredi 16 juillet 2021 sur  France 5 à 22h10
Samson et Dalila (Saint-Saëns) - Chorégie d'Orange 2021

Roberto Alagna, Marie Nicole Lemieux

Dimanche 18 juillet 2021 sur  France 3 à 00h30
Don Giovanni (Mozart) - Opéra national de Paris - dm Jordan - ms Van Hove

Dimanche 18 juillet 2021 sur Arte à 18h55
Les grands rivaux en musique - Callas vs Tebaldi

Dimanche 18 juillet 2021 sur Arte à 21h00
Florence Foster Jenkins

Dimanche 18 juillet 2021 sur Arte à 22h45
Maria by Callas - Réalisation Tom Volf

Mardi 20 juillet 2021 sur France 4 (Culture Box) à 21h05
Le Concert de Paris 2021

Dimanche 25 juillet 2021 sur Arte à 18h25
Le "sacrifice " de Dada Masilo - Festival d'Avignon 2021

Lundi 26 juillet 2021 sur Arte à 01h35
La réouverture du Casino de Bâle - dm Bolton

Lundi 26 juillet 2021 sur Arte à 03h20
Force et Freedom - Beethoven entre contrainte et liberté - Nico & the navigators - Kuss Quartett

Mardi 27 juillet 2021 sur France 4 (Culture Box) à 21h05
Nemanja Radulovic - sur le site mégalithique de Carnac

Samedi 07 août 2021 sur Arte à 22h40
Don Giovanni (Mozart) - Festival de Salzbourg - dm Teodor Currentzis - ms Romeo Castellucci

Dimanche 08 août 2021 sur Arte à 18h55
Anna Netrebko et Rolando Villazon chantent La Traviata

Mardi 10 août 2021 sur France 4 (Culture Box) à 21h05
Madame Butterfly (Puccini) - Festival de Glyndebourne

Mardi 10 août 2021 sur France 4 (Culture Box) à 23h30
Samson et Dalila (Saint-Saëns) - Chorégies d'Orange 2021

Dimanche 15 août 2021 sur Arte à 18h25
Anna Netrebko et Yusif Eyvazov chantent Tchaikovski

Lundi 16 août 2021 sur Arte à 01h35
Elektra (Strauss) - Festival de Salzburg 2020 - dm Welser Möst - ms Warlikowski

Stundyte, Grigorian, Baumgarner, WeltonDimanche

Mardi 17 août 2021 sur France 4 (Culture Box) à 21h05
Tristan und Isolde (Wagner) - Staatsoper Berlin - dm Barenboim - ms Tcherniakov

Dimanche 22 août 2021 sur France 3 à 00h20
Béatrice et Bénédict (Berlioz) - Opéra de Lyon - dm Rustioni - ms Michieletto

Mardi 24 août 2021 sur France 4 (Culture Box) à 21h10
Les Noces de Figaro (Mozart) - Théâtre des Champs-Élysées - dm Rhorer - ms Gray

Mercredi 25 août 2021 sur France 4 (Culture Box) à 00h10
Madame Butterfly (Puccini) - Festival de Glyndebourne

Dimanche 29 août 2021 sur Arte à 18h15
Missa Solemnis (Beethoven) - dm Muti

Lundi 30 août 2021 sur Arte à 02h35
Leonard Bernstein - le déchirement d'un génie

Mardi 31 août 2021 sur France 4 (Culture Box) à 21h10
Le lac des Cygnes (Tchaïkovski) - Opéra national de Paris - chr Noureev

Mardi 31 août 2021 sur France 4 (Culture Box) à 23h25
Les Noces de Figaro (Mozart) - Théâtre des Champs-Élysées - dm Rhorer - ms Gray


Mezzo et Mezzo HD (à compléter ultérieurement pour fin juillet et août)

Vendredi 02 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Tosca de Puccini au Festival d'Aix-en-Provence

Samedi 03 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
William Christie dirige 'Titon et l'Aurore' de Mondonville à l'Opéra Comique

Dimanche 04 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Le Couronnement de Poppée de Monteverdi au Festival de Salzbourg

Mardi 06 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h30 (en direct)
Falstaff de Verdi au Festival d'Aix-en-Provence

Mercredi 07 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
Madama Butterfly de Giacomo Puccini au Festival de Glyndebourne

Vendredi 09 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
'L'Orfeo' de Monteverdi à l'Opéra Comique de Paris

Samedi 10 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
Hamlet d'Ambroise Thomas à l'Opéra-Comique

Dimanche 11 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Lucio Silla de Mozart au Teatro Real de Madrid

Mercredi 14 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
Le Ballet Royal de la Nuit avec l'Ensemble Correspondances

Vendredi 16 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Roméo et Juliette de Gounod au Liceu de Barcelone

Samedi 17 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
Lucia di Lammermoor de Donizetti au Liceu de Barcelone

Dimanche 18 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
'L'Orfeo' de Monteverdi à l'Opéra Comique de Paris

Mercredi 21 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
William Christie dirige 'Titon et l'Aurore' de Mondonville à l'Opéra Comique

Vendredi 23 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Le Couronnement de Poppée de Monteverdi au Festival de Salzbourg

Samedi 24 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
Madama Butterfly de Giacomo Puccini au Festival de Glyndebourne

Dimanche 25 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Roméo et Juliette de Gounod au Liceu de Barcelone

Mercredi 28 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
Il Trovatore de Verdi à l'Opéra de Liège

Vendredi 30 juillet 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Lucio Silla de Mozart au Teatro Real de Madrid

Samedi 31 juillet 2021 sur Mezzo à 20h30
'L'Orfeo' de Monteverdi à l'Opéra Comique de Paris

Dimanche 01 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Elektra de Strauss au Festival de Salzbourg 2020

Mercredi 04 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Le Couronnement de Poppée de Monteverdi au Festival de Salzbourg

Vendredi 06 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Tosca de Puccini au Festival de Pâques de Salzbourg

Samedi 07 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Roméo et Juliette de Gounod au Liceu de Barcelone

Dimanche 08 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Rodelinda de Haendel à l'Opéra de Lille

Mercredi 11 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Lucio Silla de Mozart au Teatro Real de Madrid

Vendredi 13 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Aida de Verdi au Festival de Salzbourg

Samedi 14 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Le Couronnement de Poppée de Monteverdi au Festival de Salzbourg

Dimanche 15 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Tosca de Puccini au Festival de Pâques de Salzbourg

Mercredi 18 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Roméo et Juliette de Gounod au Liceu de Barcelone

Vendredi 20 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Lohengrin de Wagner à La Monnaie de Bruxelles

Samedi 21 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Le Couronnement de Poppée de Monteverdi au Festival de Salzbourg

Dimanche 22 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Falstaff de Verdi au Festival d'Aix-en-Provence

Mercredi 25 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Roméo et Juliette de Gounod au Liceu de Barcelone

Vendredi 27 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Syuyumbike de Reseda Akhiyarova à l'Opéra du Tatarstan

Samedi 28 août 2021 sur Mezzo à 20h30
Lucio Silla de Mozart au Teatro Real de Madrid

Dimanche 29 août 2021 sur Mezzo HD à 21h00
Falstaff de Verdi au Festival d'Aix-en-Provence

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                               Juillet 2021

La Passion selon Saint Matthieu (Église de la Madeleine d'Aix-en-Provence) jusqu'au 01 juillet 2021

Le Vaisseau Fantôme (Klaipėda State Music Theatre) jusqu'au 03 juillet 2021

Concert du nouvel an de l'Orchestre National de France jusqu'au 04 juillet 2021

La Flûte enchantée (Opéra de Dresde) jusqu'au 04 juillet 2021

Tosca (Festival d'Aix en Provence 2019) jusqu'au 05 juillet 2021

50e anniversaire de la mort d'Igor Stravinsky (Elbphilharmonie) Part I jusqu'au 05 juillet 2021

La Flûte enchantée (Macerata Opera Festival) jusqu'au 08 juillet 2021

50e anniversaire de la mort d'Igor Stravinsky (Elbphilharmonie) Part II jusqu'au 09 juillet 2021

Written on Water (Aurélie Dupont - Pontus Lindberg) jusqu'au 13 juillet 2021

Herbert Blomstedt et Martha Argerich : Concerto pour piano n°1 de Beethoven jusqu'au 13 juillet 2021

Tim Dup (La Boule noire) jusqu'au 14 juillet 2021

Capriccio (Opéra de Dresde) jusqu'au 14 juillet 2021

Le chant de la Terre (Festival de Saint-Denis) jusqu'au 15 juillet 2021

La Passion de Simone (Royal Swedish Opera) jusqu'au 16 juillet 2021

Chantons, faisons tapage! (Opéra Comique) jusqu'au 16 juillet 2021

The Queen and her Favorite (La Monnaie) jusqu'au 16 juillet 2021

The King and his Favorite (La Monnaie) jusqu'au 16 juillet 2021

Parsifal (Wien Staatsoper) jusqu'au 17 juillet 2021

Der Freischütz (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 17 juillet 2021

Eva Maria Westbroek & Julius Drake (La Monnaie) jusqu'au 19 juillet 2021

The Turn of the Screw (La Monnaie) jusqu'au 22 juillet 2021

Nordic Moods II (La Monnaie) jusqu'au 22 juillet 2021

Il Pirata (Novaya Opera Theater) jusqu'au 23 juillet 2021

Maria by Callas jusqu'au 24 juillet 2021

Créer aujourd'hui (Ballet de l'Opéra national de Paris) jusqu'au 30 juillet 2021

Hippolyte et Aricie (National Theater Mannheim) jusqu'au 31 juillet 2021

                               Août 2021

Macbeth Underworld (Staatstheater Sarrebruck) jusqu'au 01 août 2021

Le Barbier de Séville (Den Norske Opera & Ballet) jusqu'au 05 août 2021

Pavarotti, hommage aux Arènes de Vérone jusqu'au 09 août 2021

La Dame blanche (Opéra de Rennes) jusqu'au 10 août 2021

Lady Macbeth de Mzensk (Birmingham Opera Company) jusqu'au 14 août 2021

Pelléas et Mélisande (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 19 août 2021

Aida - Lotte de Beer et Mervyn Millar jusqu'au 20 août 2021

Aida - Jonas Kaufmann - Sondra Radvanovsky - Ludovic Tézier jusqu'au 20 août 2021

Aida (Opéra National de Paris) jusqu'au 20 août 2021

L'Elixir d'Amour (Opera ZUID) jusqu'au 23 août 2021

Le Donne di Cavalli (Festival de Sablé) jusqu'au 26 août 2021

Love & Politics (Norrlandsoperan) jusqu'au 27 août 2021

Te Deum de Charpentier (Festival de sablé) jusqu'au 28 août 2021

                           Septembre 2021

Fables (Robert Wilson - Comédie Française) jusqu'au 06 septembre 2021

Le vol du boli (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 09 septembre 2021

Rachmaninov Concerto n°2 (Stanislas Kochanovsky-Orchestre de Paris) jusqu'au 09 septembre 2021

Lucia di Lammermoor (Staatsoper Hamburg) jusqu'au 11 septembre 2021

Musique en fête jusqu'au 11 septembre 2021

Carmen (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 11 septembre 2021

La Traviata (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 11 septembre 2021

Roméo et Juliette (Polish National Opera) jusqu'au 15 septembre 2021

Der Freischütz (Konzerthaus Berlin) jusqu'au 17 septembre 2021

Cosi fan tutte (Festival de Salzburg 2020) jusqu'au 19 septembre 2021

La Traviata (Festival de Salzbourg 2005) jusqu'au 25 septembre 2021

Faust (Opéra national de Paris) jusqu'au 25 septembre 2021

Mariana Flores et la Cappella Mediterranea (Festival d'Ambronay) jusqu'au 25 septembre 2021

Lucia di Lammermoor (Opéra de Zurich) jusqu'au 26 septembre 2021

Leçons de ténèbres de Couperin par Les Arts Florissants (Festival d'Ambronay) jusqu'au 26 septembre 2021

L'ensemble Sollazzo (Festival d'Ambronay) jusqu'au 27 septembre 2021

Les Indes Galantes (Opéra national de Paris) jusqu'au 27 septembre 2021

La belle au bois dormant (Bolshoi) jusqu'au 30 septembre 2021

Barbe-Bleue (Opéra de Lyon) jusqu'au 30 septembre 2021

                           Octobre 2021

Ensemble Les Ombres (Festival d'Ambronay) jusqu'au 02 octobre 2021

Le défilé du corps de ballet (Opéra national de Paris) jusqu'au 09 octobre 2021

L'école des rêves (Opéra national de Paris) jusqu'au 09 octobre 2021

Pelléas et Mélisande (Opéra de Lille) jusqu'au 09 octobre 2021

La petite messe solennelle de Rossini (Wexford Festival Opera 2020) jusqu'au 10 octobre 2021

Turandot (Gran Teatro del Liceu) jusqu'au 12 octobre 2021

La Bohème (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 13 octobre 2021

Fauteuil d'orchestre (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 16 octobre 2021

Wozzeck (Festival de Salzbourg 2017) jusqu'au 16 octobre 2021

Roméo et Juliette (Deutsche Oper am Rhein) jusqu'au 17 octobre 2021

Le Barbier de Séville (Teatro La Fenice) jusqu'au 24 octobre 2021

Ottone In Villa de Vivaldi (Teatro La Fenice) jusqu'au 28 octobre 2021

                           Novembre 2021

Didon et Enée (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 02 novembre 2021

Sonya Yoncheva (Festival de Salzbourg 2020) jusqu'au 02 novembre 2021

Prima la musica e poi le parole & Der Shauspieldirektor (Teatro Malibran) jusqu'au 04 novembre 2021

Elina Garanca (Festival de Salzbourg 2021) jusqu'au 04 novembre 2021

Don Giovanni (Festival de Salzbourg 2021) jusqu'au 05 novembre 2021

Andris Nelsons - Mahler n°3 (Festival de Salzbourg 2021) jusqu'au 06 novembre 2021

Concert Haendel (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 07 novembre 2021

Tosca (Royal Swedish Opera) jusqu'au 07 novembre 2021

Elektra (Festival de Salzburg 2020) jusqu'au 12 novembre 2021

Rusalka (Staatstheater Braunschweig) jusqu'au 13 novembre 2021

Benjamin Bernheim et Mathieu Pordoy (Festival de Salzburg 2021) jusqu'au 17 novembre 2021

John Eliot Gardiner et la Camerata Salzburg (Festival de Salzburg 2021) jusqu'au 20 novembre 2021

L’OPRF interprète Weber, Stravinsky, Weill et Offenbach - Direction Barbara Hannigan jusqu'au 27 novembre 2021

Herbert Blomstedt - 4e de Brahms (Festival de Salzbourg 2021) jusqu'au 27 novembre 2021

La Clémence de Titus (Bergen National Opera) jusqu'au 29  novembre 2021

Le Parc (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 novembre 2021

                           Décembre 2021

La Passion selon Saint (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 04 décembre 2021

9e Symphonie de Mahler (Philharmonie de Paris) jusqu'au 08 décembre 2021

La ronde de Boris Charmatz (Grand Palais) jusqu'au 11 décembre 2021

Don Giovanni (National Theatre Prague) jusqu'au 18 décembre 2021

Intolleranza 1960 (Festival de Salzburg 2021) jusqu'au 19 décembre 2021

Casse-Noisette (Orchestre national de Lille) jusqu'au 21 décembre 2021

Rudi Stephan: Les premiers hommes (Opéra d'Amsterdam) jusqu'au 24 décembre 2021

The Don Giovanni syndrome (Shauspielhaus - Graz) jusqu'au 26 décembre 2021

Inside Don Giovanni  (Shauspielhaus - Graz) jusqu'au 26 décembre 2021

Don Giovanni - The Reckoning (Shauspielhaus - Graz) jusqu'au 27 décembre 2021

Barbara Hannigan  (Festival de Ludwigsbourg) jusqu'au 31 décembre 2021

 

                              Janvier 2022

Andrea Chénier (Hungarian State Opera) jusqu'au 02 janvier 2022

Les Noces de Figaro (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 05 janvier 2022

Ariane à Naxos (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 07 janvier 2022

Le Manoir hanté (Poznan Opera) jusqu'au 09 janvier 2022

Balthasar Neumann Ensemble (Festival d'Aix-en-Provence) jusqu'au 10 janvier 2022

Quinte et sens - une symphonie pour les éléments (Philharmonie) jusqu'au 16 janvier 2022

Actéon (Théâtre du Châtelet) jusqu'au 19 janvier 2022

Christoph et Julian Prégardien chantent Beethoven et Schubert (Philharmonie) jusqu'au 25 janvier 2022

Le Sacre du printemps (Opera North) jusqu'au 23 janvier 2022

Il Trovatore (Teatro dell'Opera di Roma) jusqu'au 28 janvier 2022

                              Février 2022

Luisa Miller (Opéra de Marseille) jusqu'au 15 février 2022

Classique Open Air (Hanovre) jusqu'au 17 février 2022

Dabkeh par Mehdi Kerkouche (Palais de Tokyo) jusqu'au 18 février 2022

Pierre et le Loup (Raconté par François Morel) jusqu'au 19 février 2022

Le Carnaval des animaux (Livret de Smaïn) jusqu'au 19 février 2022

When the Fern Blooms (Lviv National Opera) jusqu'au 20 février 2022

The Turn of the Screw (La Monnaie) jusqu'au 27 février 2022

                              Avril 2022

Le Freischütz (Théâtre des Champs-Élysées) jusqu'au 04 avril 2022

La Cerisaie (Festival d'Avignon) jusqu'au 10 avril 2022

Samson et Dalila (Chorégies d'Orange) jusqu'au 17 avril 2022

                               Mai 2022

Ariane et Barbe-Bleue (Opéra de Lyon) jusqu'au 09 mai 2022

Israël en Egypte (ElbPhilharmonie) jusqu'au 16 mai 2022

Barbara Hannigan : rêve de Hongrie jusqu'au 25 mai 2022

                               Juin 2022

"The Tree" de Carolyn Carlson (Chaillot - Théâtre National de la Danse) jusqu'au 10 juin 2022

                             Juillet 2022

Les Noces de Figaro (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 08 juillet 2022

Fosse, mis en scène par Christian Boltanski jusqu'au 14 juillet 2022

Barbara Hannigan dirige Britten, Haydn et Stravinsky jusqu'au 15 juillet 2022

                             Août 2022

Lully et ses contemporains (Festival de Saint-Denis) jusqu'au 02 août 2022

Klaus Mäkelä - 9e de Beethoven (Philharmonie) jusqu'au 30 août 2022

                           Septembre 2022

Edward Elgar : The Dream of Gerontius (Magdalena Kozena et John Relyea) jusqu'au 25 septembre 2022

                          Novembre 2022

Rebeka Warriors & Julien Pregardien jouent Schubert jusqu'au 11 novembre 2022

                           Juin 2023

Der Freischütz (La Fura dels Baus) - moments choisis -  jusqu'au 17 juin 2023

Ariane à Naxos (Festival d'Aix-en-Provence 2018) jusqu'au 17 juin 2023

                           Août 2023

Tristan und Isolde (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 30 août 2023

                           Décembre 2023

Concert de Noël 2020 du Philharmonique de Radio France jusqu'au 17 décembre 2023

                           Juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique