Histoire de l'Opéra, vie culturelle parisienne et ailleurs, et évènements astronomiques. Comptes rendus de spectacles de l'Opéra National de Paris, de théâtres parisiens (Châtelet, Champs Élysées, Odéon ...), des opéras en province (Rouen, Strasbourg, Lyon ...) et à l'étranger (Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, Angleterre...).
Das Liebesverbot - Défense d'aimer (Richard Wagner) Edition musicale de Breitkopf & Härtel Musikverlag D'après la pièce de William Shakespeare Measure for measure
Représentations du 27 et 28 février 2016
Teatro Real de Madrid
Friedrich Christopher Maltman (28) Leigh Melrose (27)
Luzio Peter Lodahl (28) Peter Bronder (27)
ClaudioIlker Arcayürek (28) Mikheil Sheshaberidze (27)
Antonio David Alegret
Angelo David Jerusalem
Isabella Manuela Uhl (28) Sonja Gornik (27)
Mariana Maria Miró
Brighella Ante Jerkunica (28) Martin Winkler (27)
Danieli Isaac Galán
Dorella María Hinojosa
Pontio Pilato Francisco Vas
Direction musicale Ivor Bolton
Mise en scène Kasper Holten
Maria Hinojosa (Dorella) et Ante Jerkunica (Brighella)
Coproduction avec le Royal Opera House Covent Garden - Londres et le Teatro Colón - Buenos Aires
Alors que l'Opéra National de Paris vient d'achever la dernière répétition de sa nouvelle production des "Maîtres Chanteurs de Nuremberg", le Teatro Real de Madrid présente un ouvrage de Richard Wagner rarement joué, "Das Liebesverbot".
Le livret, écrit par le compositeur lui-même, est basé sur la comédie de William Shakespeare "Measure for measure" – nous célébrons cette année le 400ème anniversaire de la disparition du légendaire dramaturge -, pièce dont il reprend les noms originaux des personnages, mais en déplace l'action de Vienne à Palerme, afin de se conformer à la croyance issue du protestantisme allemand selon laquelle les pays du sud passent trop de temps à faire la fête et à célébrer le sexe.
Et si son premier opéra, "Die Feen", ne sera jamais joué de son vivant, "Défense d'aimer" aura sa première représentation le 29 mars 1836 à Magdebourg, un désastre si l'on en croit Wagner.
En effet, s'il fallait jouer aujourd'hui l'intégralité de la musique, le premier acte durerait près de quatre heures.
La version que propose Madrid, d'une durée de 2h30, est bien plus courte, et ne fait rien perdre de l’évolution dramaturgique, tout en nous permettant de mesurer l'inventivité mélodique du jeune compositeur.
Car sa structure, articulée en une succession d'airs où de duos, et sa verve entrainante rappellent surtout l’allant comique de Gaetano Donizetti.
Ainsi, on ne peut s'empêcher de penser à l'"Elixir d'amour" aussi bien dans le duo coquin de Brighella et Dorella, au premier acte, que dans l'air désespéré de Claudio au second acte.
Peter Bronder (Luzio)
Mais bien d'autres formes musicales sont identifiables. Les grands ensembles avec chœur et orchestre, comme celui qui achève le premier acte, nous ramènent à la grandiloquence des compositions d'Halevy ("La Juive") ou de Meyerbeer ("Les Huguenots"), les humeurs libidineuses de Friedrich annoncent la noirceur des abysses du "Vaisseau Fantôme", et le chant d'Isabella évoque à plusieurs reprises la fraîcheur idéaliste d'Elisabeth dans "Tannhäuser".
Le plus fantastique est que l'on peut passer d'un style musical à un autre, et encore un autre, en moins de quinze minutes de musique.
On ne trouve cependant pas d'air chanté dont l'écriture nous reste lovée dans l'oreille, même si, sur le moment, le style est toujours charmeur.
En revanche, le motif enivrant de l'ouverture qui se développe comme celui que composera Wagner, quelques années plus tard, pour l'ouverture de "Rienzi", revient plusieurs fois dans l'oeuvre, et son évidence mélodique laisse derrière elle le souvenir d’une réminiscence heureuse.
Maria Miro (Mariana) et Manuela Uhl (Isabella)
Et pour Kasper Holten, la diversité des scènes et des ambiances est une aubaine pour construire une mise en scène qui alterne passages festifs et poésie, mais qui suggère surtout l'oppression mentale que s'imposent aussi bien Isabella que Friedrich à eux-mêmes et aux autres.
Le fond du décor représente une façade d'une construction parcourue d'escaliers et de petites chambres isolées, qui peut représenter aussi bien le couvent où vit la jeune nonne - des moines sinistres occupent le fond des alcôves -, que le palais du gouverneur parcellé de cellules austères.
Son esthétique rappelle beaucoup celle du cinéma expressionniste allemand des années 30.
Se ressent ainsi en permanence un poids sur les pulsions de la vie, surtout que les atmosphères lumineuses, colorées, ou bien froidement grises, dépeignent aussi bien la dramaturgie musicale que l'enjeu théâtral.
Ante Jerkunica (Brighella)
Le jeu d'acteur est vif et très naturel, parfois un peu trop déjanté – voir la scène de Claudio à la prison -, mais est aussi très juste et cruel quand il s'agit de montrer par les torsions du corps l'emprise du désir sexuel sur le faussement puritain Viceroy.
Par l’usage un peu facile d’un ours en peluche, nous est alors montrée la faille affective de celui-ci, mais le décalage comique est trop appuyé pour véritablement nous toucher en profondeur.
Car le sujet ne porte pas sur une improbable interdiction du sentiment que sur l’impossibilité imposée aux citoyens de vivre leur sexualité comme ils l’entendent.
On pourrait ainsi se croire dans une mise en scène de "Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny" par Laurent Pelly, avec cependant moins de systématismes.
Les costumes sont variés, les scènes de fêtes animées par d'excellents danseurs, le chœur est formidable de cohésion, et règne en permanence une dynamique qui cherche à répondre à l’énergie de la musique.
Maria Miro (Mariana)
Par ailleurs, la projection d’un portrait de Wagner en image de synthèse, dodelinant de la tête ou faisant la moue sur le rythme de l’ouverture de l’opéra, est d'emblée le signe du parti pris burlesque qu’a choisi Kasper Holten.
Ce choix est particulièrement judicieux si l’on en juge par l’intérêt du public qui a entièrement empli la salle du Teatro Real, et manifesté son plaisir qu’une fois le rideau final baissé.
Et en forme de clin d’œil, c’est un sosie d’Angela Merkel - malgré un masque mal réalisé – qui apparaît au final sous les traits du Roi de Sicile, pour venir dispenser les euros du continent à un peuple d’Europe du Sud avide de fête et de liberté.
Il n’y a qu’à Madrid ou à Athènes que cette image puisse avoir une telle résonance ironique.
Christopher Maltman (Friedrich)
Pour ce dernier week-end de février, deux représentations sont ainsi données, le samedi et le dimanche, avec une distribution différente pour cinq rôles principaux.
Celle qui réunit Christopher Maltman (Friedrich), Ante Jerkunica (Brighella) et Manuela Uhl (Isabella) a un impact vocal nettement plus prégnant.
Les deux baryton/baryton-basse sont en effet stylistiquement impressionnants, le premier ayant une projection et un mordant prêts à engloutir le parterre entier, alors que le second, qui a abordé des rôles aussi lourds que Khovanshi ou bien Le Grand Inquisiteur, se montre parfaitement à l’aise dans une interprétation qui le rapproche du personnage de Mustafa dans "L’Italienne à Alger" de Rossini, avec une noblesse d’accent en plus.
Leurs homologues, Leigh Melrose et Martin Winkler, qui alternent avec eux dans les mêmes rôles, ont une caractérisation vocale un peu plus grossière, qu’ils compensent par un engagement scénique tout aussi violemment cru.
Mikheil Sheshaberidze (Claudio)
Quant à la soprano allemande, Manuela Uhl, elle développe un personnage frappant de détermination et de sensibilité, une véritable héroine wagnérienne et idéaliste généreuse, tempérament en revanche plus vindicatif mais tout aussi incendiaire que l’on décelait, la veille, chez Sonja Gornik.
Les deux autres rôles distribués en alternance, celui de Claudio et Luzio, sont, eux, très différemment marqués. Car si Ilker Arcayürek et Peter Lodahl inscrivent leur chant dans une ligne italienne raffinée mais parfois confidentielle, le Luzio de Peter Bonder est éclatant d’affirmation et de présence, une voix théâtralement déclamée à cœur ouvert, alors que le Claudio de Mikheil Shesharberidze fait un peu penser à un grand enfant en manque de tendresse, caractérisé par un timbre clair mais engorgé dans les aigus.
Maria Miro, elle, qui incarne Mariana chaque soir, a une très agréable ligne de chant, naïve et évocatrice de la fraicheur de printemps, une héroïne puccinienne avec du corps et une façon naturellement touchante de s’adresser au public.
Peter Lodahl (Luzio), Manuela Uhl (Isabella) et Christopher Maltman (Friedrich)
Et même si les voix de certains rôles secondaires ne sont pas constamment percutantes, il règne une harmonie d’ensemble qui rend cette comédie si plaisante à vivre.
La direction d’Ivor Bolton et l’habilité des musiciens sont en fait le liant qui permet de faire vivre les mouvements de la musique avec une belle texture fluide et épurée, mais également de rendre toute la ferveur et le spectaculaire des grands tableaux populaires, tous très réussis, et d’entretenir une allégresse d’où peuvent émerger de sombres courants puissants et impressionnants par la perfection de leurs lignes de force.
L’ensemble orchestral est donc aussi bien au service d’une œuvre que d’un spectacle extrêmement vivant, une réussite incontestable du Teatro Real pour le bonheur d’un public qui n’a pas dû regretter sa soirée.
Eclipse totale de soleil du mercredi 09 mars 2016 en Indonésie
Ce sera donc l’éclipse la plus longue des 5 prochaines années (3mn15 s aux Moluques du Nord), qui débutera à l’ouest de l’île indonésienne de Sumatra, la région de Bengkulu plus précisément, pour remonter sur le sud de Bornéo, traverser les Célèbes, puis les Moluques, pour poursuivre à travers le Pacifique une course où l’ombre de la Lune frôlera les Atolls américains Wake et Midway.
Carte en projection stéréographique avec courbes de demi-durée (Xavier Jubier)
Au petit matin, dès 7h19mn (heure de Djakarta, soit 01h19m du matin à Paris), l’éclipse sera totale à 15° au-dessus de l’horizon Est de Sumatra, et culminera à 50° haut dans le ciel à Ternate, à 7h51mn. La trace de l'ombre couvrira alors 145 km de large.
Seulement 30 minutes d’éclipse pour l’Indonésie, en pleine saison des pluies, avec moins d’une chance sur cinq que le ciel ne soit pas obstrué par la couverture nuageuse, cette éclipse est aussi celle qui a le moins de chance d’être visible au cours des 5 prochaines années.
L'ombre de la Lune à 0h54mn10s TU (7h54 heure locale) aux Moluques (Xavier Jubier)
Indonésie – Sumatra, durée 2mn 05, grandeur 1,01622, largeur 115 km, hauteur sur l’horizon 19°, Météo : 10% Soleil
Indonésie – Moluques du Nord, durée 3mn 15 mn, grandeur 1,02034, largeur 145 km, hauteur 48°, Météo : 20% Soleil
Présentation de la saison Lyrique 2016 / 2017 de l’Opéra National de Paris
Hotel Intercontinental Paris Le Grand
Le vendredi 12 février, au salon Opera de l'Hotel Intercontinental Paris le Grand
Depuis le mercredi 10 février, la seconde saison de Stéphane Lissner à la direction de l’Opéra National de Paris est dévoilée. Elle comprend 4 nouvelles productions et 5 coproductions.
Aux 17 œuvres scéniques jouées dans les grandes salles, s’ajoutent deux productions à l’amphithéâtre Bastille, et une version de concert de ‘Béatrice et Bénédict’, interprétée pour un seul soir à l’Opéra Garnier.
Affiche d'Eliogabalo - ouvrage d'ouverture de la saison 2016/2017
Après avoir présenté aux abonnés, au cours de l’après-midi, sa seconde saison, alors que seule la moitié de sa première saison s’est déroulée, Stéphane Lissner s’est à nouveau plié à l'exercice de la présentation des œuvres pour l’Association pour le Rayonnement de L’Opéra de Paris, en s’appuyant sur des présentations filmées de Thomas Jolly, Dmitri Tcherniakov, Luca Francesconi, ou bien des extraits de la mise en scène de Krzysztof Warlikowski pour la reprise d’'Iphigénie en Tauride', qu’il a présenté avec un regard particulièrement malicieux.
Se confirment la poursuite du cycle wagnérien (‘Lohengrin’) et du cycle Berlioz (‘Béatrice et Bénédicte’) dirigé par Philippe Jordan, le début du cycle de créations sur la littérature française (‘Trompe La Mort’), et la venue des grandes stars telles Jonas Kaufmann, Anna Netrebko, René Pape ou bien Roberto Alagna.
Stéphane Lissner n’a pas manqué de présenter la reprise de ‘Wozzeck’ comme un hommage à Pierre Boulez qui le fit entrer au répertoire de l’Opéra de Paris en 1963.
Et transparaît d'abord, tout au long de sa présentation, son attachement aux artistes qu’ils soient chanteurs, danseurs, musiciens ou metteurs en scène.
Stéphane Lissner
Les Nouvelles productions
Eliogabalo (Francesco Cavalli - 1667)
Du 16 septembre au 15 octobre (12 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Leonardo Garcia Alarcon, Mise en scène Thomas Jolly
Franco Fagioli, Paul Groves, Nadine Sierra, Valer Sabadus, Elin Rombo, Mariana Flores, Matthew Newlin
Coproduction avec De Nationale Opera, Amsterdam
Cet opéra dont le sujet est Heliogabale, adolescent devenu Empereur à 14 ans et mort à 17 ans, assassiné par la foule, a été censuré après sa composition en 1667. C’est uniquement en 2004 que René Jacobs le fera découvrir à la Monnaie de Bruxelles.
L’ouvrage est violent, magnifique, et c’est un grand spécialiste de Cavalli, Leonardo Garcia Alarcon, qui va le diriger. Thomas Jolly, que l’on a pu découvrir à Avignon dans la grande saga Shakespearienne ‘Henry VI’, fera ses débuts à l’Opéra de Paris pour mettre en scène ce personnage sanguinaire fascinant.
Samson et Dalila (Camille Saint-Saëns - 1877)
Du 04 octobre au 05 novembre (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Damiano Michieletto
Anita Rachvelishvili, Aleksandrs Antonenko, Egils Silins, Nicolas Testé, Frédéric Guieu
Coproduction avec le Metropolitan Opera, New York
Ce chef d’œuvre de l’opéra français du XIXème siècle n’a pas été monté depuis 25 ans à l’Opéra de Paris. Anita Rachvelishvili, découverte à la Scala de Milan dans ‘Carmen’, interprétera le rôle principal.
Cavalleria Rusticana / Sancta Susanna (Pietro Mascagni – 1890 / Paul Hindemith - 1922)
Du 30 novembre au 23 décembre (9 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Carlo Rizzi, Mise en scène Mario Martone
Elīna Garanča, Elena Zhidkova, Yonghoon Lee, Marco Berti, Elena Zaremba, Stefania Toczyska, Vitaliy Bilyy, Antoinette Dennefeld
Anna Caterina Antonacci, Renée Morloc, Sylvie Brunet-Grupposo
Production du Teatro alla Scala, Milan (Cavalleria Rusticana) et Nouvelle production (Sancta Susanna)
Lohengrin (Richard Wagner - 1850)
Du 18 janvier au 18 février (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Claus Guth
René Pape, Rafal Siwek, Jonas Kaufmann, Stuart Skelton, Martina Serafin, Edith Haller, Wolfgang Koch, Tomasz Konieczny, Evelyn Herlitzius, Michaela Schuster, Egils Silins
Production du Teatro Alla Scala, Milan
Le salon Opera de l'Hotel InterContinental Paris Legrand
Cosi fan Tutte (Wolfgang Amadé Mozart - 1790)
Du 26 janvier au 19 février (9 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Anne Teresa De Keersmaeker
Jacquelyn Wagner, Ida Falk-Winland, Michèle Losier, Stephanie Lauricella, Frédéric Antoun, Cyrille Dubois, Philippe Sly, Edwin Crossley-Mercer, Paulo Szot, Simone Del Savio, Ginger Costa-Jackson, Maria Celeng
Coproduction avec La Monnaie/De Munt, Bruxelles
Carmen (Georges Bizet - 1875)
Du 10 mars au 14 avril et du 13 juin au 16 juillet (25 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Lionel Bringuier, Mark Elder, Mise en scène Calixto Bieito
Roberto Alagna, Bryan Hymel, Roberto Tagliavini, Ildar Abdrazakov, Boris Grappe, François Rougier, François Lis, Jean-Luc Ballestra, Clémentine Margaine, Varduhi Abrahamyan, Anita Rachvelishvili, Elīna Garanča, Aleksandra Kurzak, Nicole Car, Maria Agresta, Vannina Santoni, Antoinette Dennefeld
Nouvelle production
Roberto Alagna n’a jamais chanté Don José à Paris, et Clémentine Margaine fera ses débuts à ses côtés en Carmen.
Trompe-la-Mort (Luca Francesconi - 2017)
Du 16 mars au 05 avril (6 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Susanna Mälki, Mise en scène Guy Cassiers
Thomas Johannes Mayer, Julie Fuchs, Cyrille Dubois, Jean-Philippe Lafont, Ildikó Komlósi, Philippe Talbot, Béatrice Uria-Monzon, Chiara Skerath, Laurent Naouri, François Piolino, Rodolphe Briand, Laurent Alvaro
Création mondiale – Commande de l’Opéra National de Paris
La Fille de Neige - Snegourotchka (Nikolai Rimski-Korsakov - 1882)
Du 15 avril au 03 mai (8 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Mikhail Tartarnikov, Mise en scène Dmitri Tcherniakov
Aida Garifullina, Rupert Enticknap, Martina Serafin, Luciana D'Intino, Carole Wilson, Vasily Efimov, Olga Oussova, Ramón Vargas, Thomas Johannes Mayer, Vladimir Ognovenko, Franz Hawlata
Nouvelle production
La Cenerentola (Gioacchino Rossini - 1817)
Du 10 juin au 13 juillet (12 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Ottavio Dantone, Mise en scène Guillaume Gallienne
Juan José De León, Alessio Arduini, Maurizio Muraro, Chiara Skerath, Isabelle Druet, Teresa Iervolino, Roberto Tagliavini
Nouvelle Production
Luca Francesconi - compositeur de Trompe-la-Mort
Les reprises
Tosca (Giacomo Puccini - 1900)
Du 17 septembre au 18 octobre (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Dan Ettinger, Mise en scène Pierre Audi
Anja Harteros, Liudmyla Monastyrska, Marcelo Alvarez, Bryn Terfel, Alexander Tsymbalyuk, Sergey Artamonov, Jean-Philippe Lafont
Lucia di Lammermoor (Gaetano Donizetti - 1835)
Du 14 octobre au 16 novembre (10 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Ricardo Frizza, Mise en scène Andrei Serban
Artur Ruciński, Pretty Yende, Nina Minasyan, Piero Pretti, Abdellah Lasri, Oleksiy Palchykov, Raimondo Bidebent, Rafal Siwek, Gemma Ní Bhriain
Les Contes d’Hoffmann (Jacques Offenbach - 1881)
Du 02 au 27 novembre (9 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Robert Carsen
Sabine Devieilhe, Kate Aldrich, Ermonela Jaho, Stéphanie d'Oustrac, Doris Soffel, Jonas Kaufmann, Stefano Secco, Rodolphe Briand, Cyrille Lovighi, Paul Gay, Yann Beuron, Roberto Tagliavini
Iphigénie en Tauride (Christoph Willibald Gluck - 1779)
Du 02 au 25 décembre (9 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Bertrand de Billy, Mise en scène Krzysztof Warlikowski
Véronique Gens, Étienne Dupuis, Stanislas de Barbeyrac, Thomas Johannes Mayer, Ruzan Mantashyan
Parterre du Palais Garnier lors du récital de René Pape le dimanche 7 février soir.
La Flûte Enchantée (Wolfgang Amadé Mozart - 1791)
Du 23 janvier au 23 février (17 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Henrik Nánási, Mise en scène Robert Carsen
Stanislas de Barbeyrac, Pavol Breslik, Gabriela Scherer, Annika Schlicht, Nadine Weissmann, Michael Volle, Florian Sempey, Christina Gansch, René Pape, Tobias Kehrer, Andreas Conrad, Nadine Sierra, Kate Royal, Elsa Dreisig, Albina Shagimuratova, Sabine Devieilhe, José Van Dam, Sebastian Pilgrim, Paul Kaufmann
Wozzeck (Alban Berg - 1925)
Du 26 avril au 15 mai (7 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Michael Schønwandt, Mise en scène Christoph Marthaler
Johannes Martin Kränzle, Štefan Margita, Florian Hoffmann, Stephan Rügamer, Kurt Rydl, Mikhail Timoshenko, Birger Radde, Rodolphe Briand, Gun-Brit Barkmin, Eve-Maud Hubeaux
Eugène Onéguine (Piotr Ilyitch Tchaikovski - 1879)
Du 16 mai au 14 juin (10 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Edward Gardner, Mise en scène Willy Decker
Elena Zaremba, Anna Netrebko, Sonya Yoncheva, Varduhi Abrahamyan, Hanna Schwarz, Peter Mattei, Pavel Cernoch, Arseny Yakovlev, Alexander Tsymbalyuk, Raúl Giménez, Vadim Artamonov
Rigoletto (Giuseppe Verdi - 1851)
Du 27 mai au 27 juin (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Daniele Rustoni, Mise en scène Claus Guth
Vittorio Grigolo, Željko Lučić, Nadine Sierra, Kwangchul Youn, Elena Maximova, Marie Gautrot, Robert Pomakov, Christophe Gay, Julien Dran, Mikhail Timoshenko, Joanna Jakubas
La Fille de Neige - Snegourotchka - nouvelle production
Version de Concert
Béatrice et Bénédict (Hector Berlioz - 1862)
Le 24 janvier (1 représentation à l'opéra Garnier) Direction musicale Philippe Jordan
François Lis, Florian Sempey, Sabine Devieilhe, Stéphanie d'Oustrac, Aude Extrémo, Laurent Naouri
Dans la continuité du cycle Berlioz, qui se poursuivra les prochaines saisons avec 'Benvenuto Cellini' et 'Les Troyens', ‘Béatrice et Bénédict’ sera joué un seul soir, à Garnier, avec une distribution essentiellement française.
A L’amphithéâtre Bastille
Owen Wingrave (Benjamin Britten - 1971) Du 19 au 28 novembre (5 représentations à l'amphithéâtre Bastille) Direction musicale Stephen Higgins, Mise en scène Tom Creed
Artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris
En pleine guerre du Vietnam, Benjamin Britten aborde un sujet difficile et controversé, miroir de ses propres convictions. Le pacifisme est-il un acte de lâcheté ou une volonté de sortir de l'engrenage de la guerre afin d'accéder à un monde où règne la paix?
Les Fêtes d’Hébé ou Les Talens liriques (Jean-Philippe Rameau - 1739)
Du 22 au 25 mars (3 représentations à l'amphithéâtre Bastille) Direction musicale Jonathan Williams, Mise en scène Thomas Lebrun
Artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris
Coproduction avec le Centre de musique baroque de Versailles
En partenariat avec le Royal College of Music, London
Le Prologue met en scène Hébé, déesse de la jeunesse, harcelée par les Plaisirs et obligée de fuir l'Olympe pour trouver son salut dans les bras de l'Amour.
Détail d'architecture du salon Opera du Grand Hotel
Première impression sur cette saison 2016/2017
Avec 7 ouvrages programmés, la langue française est nettement plus représentée qu'à l'accoutumée (généralement 4 ou 5 ouvrages), et le répertoire slave devrait faire l'évènement à deux reprises, d’abord avec la nouvelle production de 'La Fille de neige’ – œuvre d’un compositeur, Nikolai Rimski Korsakov, absent depuis plus de 40 ans de l’Opéra de Paris -, puis avec la reprise d’'Eugène Onéguine' avec Anna Netrebko et Peter Mattei.
Tous les ouvrages, y compris les reprises, ont leur intérêt par le choix des interprètes, qu’ils soient des stars aguerries ou bien des artistes en plein envol.
11 nouvelles productions dont 1 création mondiale, 'Trompe-la-Mort', 1 opéra baroque quasiment injoué, 'Eliogabalo', près de 190 représentations, de nouveaux metteurs en scène, Guy Cassiers, Mario Martone, Anne Teresa De Keersmaeker, mais aussi Thomas Jolly et Guillaume Gallienne, un équilibre entre le répertoire classique/baroque et le répertoire du XX/XXIème siècle, l'abondance de propositions fait tourner la tête.
4 de ces nouvelles productions, 'La Cenerentola', 'Cosi fan Tutte', 'Carmen', 'Cavalleria Rusticana', viendront par ailleurs remplacer les anciennes productions présentées par Nicolas Joel.
Paul Hindemith, qui a été servi par deux très belles productions, 'Cardillac' et 'Mathis der Maler' , grâce à Gerard Mortier et Nicolas Joel, continue également sa progression au répertoire avec 'Sancta Susanna'.
Quant à Benjamin Britten, joué qu'une seule fois au cours des 13 années précédentes, il entame un retour à l'Opéra de Paris avec 'Owen Wingrave', à l'amphithéâtre Bastille, qui se poursuivra la saison d'après avec une nouvelle production de 'Billy Budd' par Deborah Warner.
Dmitri Tcherniakov - metteur en scène de La Fille de Neige - Snegourotchka
Enfin, la nouvelle production de 'Lohengrin', en provenance de la Scala, est naturellement très attendue, non seulement parce qu'elle va remplacer l'ancienne production déclassée de Robert Carsen, non seulement pour la présence de Jonas Kaufmann, mais aussi pour les débuts à l'Opéra National de Paris de la soprano allemande Evelyn Herlitzius.
Cependant, les opéras interprétés par Jonas Kaufmann, qui revient deux fois cette saison, ou par Anna Netrebko seront majorés de 20% dès la catégorie 8 (35 euros).
En contrepartie, la direction a revu le plan de salle à Bastille - voir l'article sur le prix des places à l'ONP pour 2016/2017 -afin d'augmenter sensiblement le contingent de places à moins de 60 euros, ce qui donne, de la part de l'Opéra de Paris, une image de résistance aux contraintes économiques et une détermination que l’on arrive à peine à croire.
On rêverait juste de voir cesser les petites campagnes parisiennes qui tentent de gêner le mouvement de la direction pour rénover son fonctionnement et offrir le plus de propositions possibles.
Car jamais une équipe dirigeante n’aura donné une telle impression d’intelligence et de force dans son approche d'ensemble, valorisée par un contexte très contraignant. Son seul défaut est de trop miser sur la volonté de comprendre de ses observateurs et détracteurs.
Il est possible de revoir sur Medici.tv la vidéo de présentation aux abonnés au Palais Garnier.
L’annonce de la seconde saison de Stéphane Lissner à la direction de l’Opéra National de Paris a créé la surprise en révélant 11 nouvelles productions, dont 9 dans les grandes salles.
Mais il a également dérouté quelque peu les spectateurs en présentant un plan de salle totalement repensé à l'Opéra Bastille, sans que l’on puisse dire du premier coup d'oeil si elle accompagne une augmentation du prix des places.
La politique tarifaire de l’Opéra National de Paris entre 1998 et 2012 a en effet fait l’objet d’un long article sur ce site même, complété par une analyse de l’augmentation de tarif décidée par Christophe Tardieu, l’adjoint deNicolas Joel, en 2013.
Affiche de la reprise des Contes d'Hoffmann en octobre 2016
Ajout de deux catégories intermédiaires à 170 euros et 50 euros
Le plan de salle 2016/2017 à Bastille comprend 11 catégories, soit 2 de plus que cette saison.
Apparaissent ainsi une catégorie à 50 euros (catégorie 7), qui regroupe certaines places à 70 euros et à 35 euros de la saison précédente, et une catégorie à 170 euros (catégorie 2) qui permet d’étaler les places entre 100 et 210 euros sur 6 catégories au lieu de 5 habituellement.
45 places à 35 euros (sur 245) passent en effet à 50 euros, et 55 places à 70 euros passent à 50 euros.
Mais 8 places à 35 euros sont par ailleurs déclassées à 15 euros, ce qui porte à 112 le nombre de places, chaque soir, à 5 ou 15 euros.
Plan de salle de l'Opéra Bastille pour la saison 2016/2017
La répartition des prix par catégories devient ainsi plus équitable et ajustée au confort acoustique et visuel. Il n’y a plus le passage brutal de 35 à 70 euros entre les catégories 6 à 5, qui est maintenant gradué entre les catégories 8, 7 et 6.
La forme de ce nouveau plan de salle semble donc démontrer que l’Opéra National de Paris dispose d’un nouvel outil de planification et de simulation pour optimiser le découpage en catégories.
Augmentation du nombre de places à prix inférieur à 60 euros
Le tableau qui suit montre l’évolution des prix depuis 1998.
Pour la première fois, depuis 2011, le nombre de placesà moins de 60 euros, pour le lyrique à Bastille, remonte sensiblement à 415 par soir (contre 340 la saison précédente), soit 58000 places au cours de la saison, en incluant les 32 places debout à 5 euros chaque soir (4450 places).
Nombre de places par tranches de 30 euros pour le lyrique à Bastille de 1998 à 2017
Il y a même 750 places, en moyenne, à moins de 90 euros, soit 75 de plus qu’en 2015/2016.
On remarque en effet que certaines reprises, 'Wozzeck' et 'Lucia di Lammermoor', sont proposées à des tarifs bas, moins de 150 euros en catégorie optima, tarification qui n'avait pas été utilisée cette saison. En fait, pour une même tarification, le gain est plutôt de 20 places.
On constate également que les reprises de 'La Flûte enchantée' et de 'Tosca' sont vendues 10% moins cher qu'en 2014/2015 pour six soirées.
En revanche, dans la partie élevée des prix, l’éclatement de la catégorie 1, dont certaines places sont passées en optima, et d’autres en catégorie 2, augmente le nombre moyen de places à plus de 180 euros (passage de 515 à 580 places chaque soir).
Variation du prix moyen selon l’ouvrage, les artistes invités et le soir
Autre nouveauté, la distribution du prix moyen de la place d’opéra, selon l’oeuvre et les artistes invités, s’élargit.
En 2015/2016, le prix moyen pour la reprise du 'Barbier de Séville', certains soirs, est de 105 euros, alors que le prix moyen de la 'Damnation de Faust' ou du 'Trouvère' est de 155 euros, certains soirs.
En 2016/2017, le prix moyen pour la reprise de 'Wozzeck', certains soirs, est de90 euros, alors que le prix moyen des 'Contes d’Hoffmann' (avec Jonas Kaufmann) ou d’'Eugène Onéguine' (avec Anna Netrebko) est de 170 euros, bien que les productions soient des reprises.
Les soirs avec Jonas Kaufmann et Anna Netrebko sont en effet majorés de 20%, pour toutes les catégories, hors places à 5 et 15 euros.
Parterre et balcons de l'Opéra Bastille - juillet 2010
Préservation du prix moyen de la place d’opéra sur toute la saison
Globalement, le prix moyen des places sur toute la saison lyrique à Bastille reste inchangé à 135 euros.
L’Opéra National de Paris réussit donc à augmenter le nombre de places accessibles dans la gamme de tarifs à moins de 60 euros (+25%), et à augmenter le nombre de places dans la gamme supérieure à 180 euros (+15%), tout en préservant le prix moyen d'une place d'Opéra à Bastille.
C’est un bel effort de résistance, soutenu par le mécénat, qui n’a rien d’évident dans un contexte de pression budgétaire et de réduction de subventions, et qui, espérons le, sera poursuivi.
Evolution pour 2017/2018 - baisse du prix moyen de la place d'opéra
La grille de tarification s'est simplifiée en supprimant la catégorie des places "5 à 195 euros" au profit de la catégorie "5 à 180 euros". Par ailleurs, les majorations/minorations sont limitées à 10% certains soirs.
Globalement, les prix restent stables pour les catégories en dessous de 100 euros, et baissent de 10% dans les catégories supérieures.
Le prix moyen des places, pour le lyrique à Bastille, passe ainsi à 126 euros, avec une élongation qui va de 90 euros, pour De la Maison des Morts et Pelléas et Mélisande, à 150 euros pour les nouvelles productions du répertoire du XIXe siècle.
Nombre de places par tranches de 30 euros pour le lyrique à Bastille de 1998 à 2023
Complément mai 2023 : Evolution pour 2023/2024 - Stabilité depuis la saison 2017/2018
6 ans après la dernière mise à jour de cet article, la crise covid a déshabilité le milieu du spectacle vivant, un nouveau directeur, Alexander Neef, a pris ses fonctions en septembre 2020, et le public a mis du temps a revenir en salle.
Les prix ont alors connu une baisse avant de retrouver pour la saison 2023/2024 (128 soirées lyriques à Bastille) leur niveau de la saison 2017/2018, alors que depuis l'inflation en France a progressé de 15%!
Les places à 5 euros ont disparu depuis la saison 2019/2020 suite à un incident spectateur, soit 4100 places en moins, mais pourtant, on trouve en moyenne 500 places par soir à moins de 60 euros pour le lyrique à Bastille.
Le prix moyen des places, pour le lyrique à Bastille, passe ainsi à 124 euros, avec une élongation qui va de 57 euros, pour Cendrillon, et 93 euros pour L'Affaire Makropoulos, à 146 euros pour deux nouvelles productions du répertoire, Lohengrin et Don Giovanni, et la reprise de Turandot.
Quant aux nouvelles productions de Don Quichotte et La Vestale (première série en juin), elles sont proposées à un prix moyen de 131 euros, et celles de The Exterminating Angel, Beatrice di Tenda et La Vestale (seconde série en juillet) affichent un prix moyen de seulement 114 euros.
L'Opéra de Paris est donc toujours dans une phase de reconquête du public en 2023/2024, et n'a jamais été aussi accessible - à euro constant - que depuis la dernière saison de Gerard Mortier (2008/2009).
Mise en scène Clément Hervieu-Léger
Décors Eric Ruf
Direction musicale Emmanuelle Haïm Le Concert d’Astrée Michael Spyres (Mithridate)
Coproduction Opera de Dijon
Ouvrage incroyable né du travail d’un garçon d’à peine quinze ans, ‘Mithridate, re di Ponto’ connut en 2011 une mise en scène imaginative de David Bösch à l’Opéra de Munich, imprégnée des noirceurs de l’âme de l’adolescence.
Clément Hervieu-Léger, qui a présenté sa vision de ce drame sous forme d’une leçon de peinture pour le Théâtre des Champs-Elysées la semaine dernière, a, lui, préféré s’inspirer d’un cadre de théâtre classique pour laisser se délier les sentiments d’attachement et les ressentiments des personnages principaux.
Son décor unique évoque un peu celui qu’avait employé Patrice Chéreau dans sa mise en scène de 'Cosi fan Tutte' à l’Opéra Garnier, un mur monumental aux teintes bleutées et un peu défraichies, un balcon et de multiples passages par où les chanteurs peuvent entrer et disparaître dans le noir avec, en arrière-plan latéral, une immense chambre qui accentue l’impression de profondeur de scène, le tout encadrant la simplicité nue d’une pièce de vie ordinaire.
Patricia Petibon (Aspasie) et Myrtò Papatanasiu (Xipharès)
Les éclairages évoquent autant un lent lever du jour à travers le pourpre des rideaux, qu’une fin de jour où seuls quelques rayons de soleil viennent illuminer les intimes révélations.
Des acteurs se joignent aux artistes comme pour combler la solitude qui entoure leurs airs – une impression de sollicitude se ressent en continue tout au long de la musique -, et une vitalité juste les anime sans que, toutefois, nous ne croyons un seul instant à un enjeu dramatique.
Le spectateur peut alors facilement se dépassionner de ces caractères, ou bien, au contraire, se prendre au jeu des sentiments qui subitement transforment l’œuvre en un étalement de questionnements, de violents mouvements d’âmes et de douloureux et tendres épanchements, et donc d’y voir le théâtre de ses propres émotions dans l’instant, ou bien celles alanguies dans sa mémoire.
Myrtò Papatanasiu (Xipharès)
Y règne également une forme de rigueur, d’intransigeance humaine, une dignité contrôlée que l’on retrouve dans la direction fine d’Emmanuelle Haïm.
Loin de chercher à entraîner le Concert d'Astrée dans un élan juvénile fou pourtant si inhérent à la jeunesse du compositeur, l'orchestre fait entendre de subtils évents, des violons tout légers et dansants, une couleur crépusculaire qui recherche l’expression du pathétique des sentiments, la tentation d’un épicurisme essentiel.
Et les chanteurs, tous voués à une interprétation noble et sérieuse de leurs rôles, se répondent à travers un dégradé de tessitures qui estompe les différences de timbre.
Patricia Petibon, plus introvertie qu’à Munich dans le rôle d’Aspasie, laisse filer une sensibilité mélancolique et subtile dont les teintes fruitées uniques à sa voix suffisent pour la reconnaître les yeux fermés.
Cette sobriété, que l’on ne lui connaissait pas, semble cependant brider un tempérament scénique que l’on sait plus intense.
Sabine Devieilhe (Ismène)
Myrtò Papatanasiu, Xipharès féminin aux aigus caressants, partage la même sensibilité mozartienne, avec cette élégante et fragile manière de projeter un désespoir voilé de noirceurs, qui préserve un caractère un peu éthéré.
Quant à Sabine Devieilhe, lumineuse et impressionnante par la finesse verticale de ses suraigus, elle incarne également une Ismène mûre et ancrée dans la réalité de situation, une forme d’énergie qui voudrait éveiller son entourage de ses propres cauchemars.
Entouré de ces trois femmes mystérieuses, Michael Spyres incarne un Mithridate très agréable, une voix à la fois large et moelleuse, qui se dissocie subitement dans des aigus typiquement rossiniens.
Les lignes sont appliquées, et sa jeunesse impulsive brosse un portrait immature et naïf de l’Empereur.
Patricia Petibon (Aspasie) et Michael Spyres (Mithridate)
C’est en fait le style de Christophe Dumaux qui tranche avec celui de ses partenaires, car il est dans un surjeu sans doute personnel qui dissipe la personnalité de Pharnace. Les mimiques sont souvent très décalées, mais elles peuvent traduire le manque d’intégrité de son personnage, alors que ses couleurs vocales et ses vibrations noires traduisent une agressivité crédible pour un caractère aussi désagréablement guerrier.
Il symbolise ici les forces destructrices de l’âme.
A défaut d'un spectacle qui soutienne une tension et une curiosité en perpétuelle progression, la musique et la spiritualité vocale qui en émane a donc le pouvoir enjôleur d’adoucir les pensées et d’en détacher la bienveillance.
Captation en streaming direct sur Arte Concert, sur Mezzo Live HD et sur le site du Théâtre le samedi 20 février 2016, et rediffusion sur l’antenne d’Arte et de Mezzo courant 2016.
France Musique diffuse cet opéra en direct le samedi 20 février 2016.
La démission de Benjamin Millepied a profondément attristé la part du milieu artistique qui souhaitait voir évoluer l’institution du ballet de l’Opéra National de Paris.
Le jour même de l’annonce officielle, jeudi 04 février, la chaîne Public Sénat a réuni quatre personnalités afin de débattre sur la signification de ce départ, et de ce qu’il révèle de notre modèle français.
Benjamin Millepied
On va plus loin, émission du 04 février 2016 sur Public Sénat
Emission animée par Sonia Mabrouk, ancienne journaliste à Jeune Afrique
Avec Jean Viard sociologue, directeur de recherche au CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po Thibaud Brière, Philosophe intervenant en entreprises Raphaël de Gubernatis Journaliste au Nouvel Observateur Jean-Louis Gombeaud Chroniqueur économique de Public Sénat
Débat L'Opéra, Miroir d'une société bloquée ? (à partir du temps 06 minutes de la vidéo)
Avant d’élargir notre débat, pouvez-vous nous dire quel est votre sentiment sur ce départ, diriez-vous que c’est un gâchis ?
Raphaël de Gubernatis : Un gâchis, oui, beaucoup même, parce que c’est un garçon extrêmement intelligent, sensible, qui n’a pas peut-être par fait une programmation aussi exceptionnelle qu’on a bien voulu le dire, mais c’est un garçon remarquable à bien des points de vues, généreux et plein d’ardeur.
Evidemment, il a été sans doute trop ambitieux, d’une part, et également pas assez diplomate, je suppose.
Mais il n’était pas assez diplomate parce qu’il avait foi en ce qu’il faisait, et il avait raison parce qu’il avait des projets tout à fait intelligents et solides.
Le Ballet de l’Opéra National de Paris, qui n’est pas une compagnie de danse comme le New-York City Ballet d’où vient Benjamin Millepied, est une institution royale, née sous l’Ancien Régime. Peut-on rappeler dans quelle maison il est arrivé et l’ambiance dans lequel il évoluait ?
Raphaël de Gubernatis : C’est une maison fort ancienne qui a été fondée par Louis XIV, sous un autre nom, l’Académie Royale de Musique et l’Académie Royale de Danse, qui a évolué par la suite en Opéra Royal , Opéra Impérial, Opéra de Paris etc.
Cette maison a beaucoup de fort belles traditions – que va probablement très bien cultiver Aurélie Dupont, la jeune femme qui va succéder à Benjamin Millepied -, maison qui est un peu trop fière de son Histoire, comme toujours en France où l’on est très fier de son Histoire, mais où l’on songe moins au présent et à l’avenir.
Et à force de fierté, on s’ankylose un peu.
Pensez-vous que Benjamin Millepied a sous-estimé le poids de ces traditions, et peut-on faire le rapprochement un peu osé entre cette institution et notre pays La France ?
Jean Viard : je ne sais pas ce qu’il se passe à l’Opéra, ce n’est pas vraiment mon sujet, mais il est vrai que la Culture est devenue, en France, un secteur qui s’est élargi – en gros 10 à 20% des Français s’intéressent à cette activité – car l’énorme travail de démocratisation engagé a donné des résultats, alors qu’il n’y avait pas autant de gens à s’y intéresser il y a trente ans.
Mais ce travail-là s’est un peu bloqué, car ces institutions magnifiques, qui fonctionnent avec l’argent public, devraient s’adresser beaucoup plus à tous les publics.
J’ai écrit un livre sur ce sujet l’année dernière avec Jean Blaise, 'Remettre le poireau à l’endroit', car dans une société explosée et aussi en difficulté, où il y a des heurts culturels, il faut se demander en quoi la Culture nous rassemble. C’est une question essentielle à laquelle on n’attache plus assez d’importance.
Y a-t-il le risque de ne plus attirer ces talents, Benjamin Millepied ayant décidé de repartir avec sa compagne Natalie Portman à Los Angeles, et y a-t-il un problème d’image de la France dont on parle souvent sur ce plateau ?
Jean-Louis Gombeaud : on a bien parlé du renom de l’Opéra de Paris, et ce qui arrive ce soir est quand même une mauvaise réputation pour l’Opéra en question. Mais dans cette affaire, il y a une erreur de casting.
On vient d’entendre la personne démissionnaire, et quand il a rencontré Stéphane Lissner, il a dû lui dire ce qu’il désirait faire, et le directeur de lui dire quelles étaient ses volontés, comme dans tout entretien professionnel.
Il y a donc une contradiction majeure, et Monsieur Lissner a fait une erreur en embauchant cette personne, dans la mesure où, apparemment, il ne correspondait pas au profil recherché.
Je ne suis pas compétent pour parler du talent de Monsieur Millepied, mais il est arrivé dans une maison qu’il ne connaissait pas.
On se demande alors quels soutiens a-t'il eu, et qui lui a apporté du secours lorsqu’il a rencontré des blocages ?
Benjamin Millepied - Aurélie Dupont - Stéphane Lissner
Raphaël de Gubernatis : je ne suis pas sûr que ce soit une erreur de casting, Benjamin Millepied a tous les atouts pour lui, mais il n’a probablement pas mesuré l’ampleur de la tâche qui l’attendait. Il n’a pas mesuré le poids des conservatismes, ainsi que la force des résistances.
Il est clair qu’il voulait être chorégraphe, et qu’il voulait réformer le ballet. Mais il y a antagonisme, car on ne peut pas faire les deux à la fois.
Il est vrai, cependant, que Rudolf Noureev l’avait fait, mais il avait un administrateur avec lui, ce que n’avait apparemment pas Benjamin Millepied, ce qui lui laissait plus de liberté dans son travail.
Noureev imposait d'ailleurs plus le respect que le jeune directeur de la danse actuel, de par son aura plus grande.
Les premiers articles qui parlent de cette démission sur internet parlent d’une France un peu bloquée et immobile, jalouse de ses traditions et de ses habitudes. Est-ce un mal français, ou bien exagère-t-on cela ?
Thibaud Brière : indéniablement, lors des phases de transformation d’une maison, il y a toujours à prendre en compte une dimension culturelle qui, par elle-même, représente une inertie inhérente à la nature du lieu.
D’un côté, la culture de l’entreprise peut-être un frein au changement, mais, en même temps, on ne change que par la culture. Ceux qui résistent sont aussi le levier du changement.
Jean Viard : les institutions ne se renouvellent pas de la même manière qu’une entreprise privée.
Quand une entreprise privée échoue, elle met la clé sous la porte, ou bien est reprise, car elle est sur un marché où elle peut aussi bien redémarrer que disparaître.
Dans notre cas, il y a une dimension endogamique dans le secteur de la Culture, car on prend des gens de l’intérieur. L’Opéra de Paris a essayé de prendre quelqu’un d’un peu décalé, mais ces grandes institutions très puissantes sont figées, et le problème devient alors de savoir se rappeler l’enjeu artistique initial tout en utilisant l’argent public pour se tourner vers tous les citoyens.
Jean-Louis Gombeaud : il y a cependant moins d’argent public, et l’Opéra de Paris ne représente plus que 50% d’argent public. Il faut donc aller chercher l’argent ailleurs, et Benjamin Millepied voulait renouveler le public.
Mais avec beaucoup d’illusions, surtout à l’Opéra, il cherchait à mettre en valeur des gens de la diversité sur la scène – ‘on pense à Laetizia Galloni’ -, de façon à attirer le public de la diversité.
C’était un peu rêveur, bien entendu, mais on voulait transformer une maison en entreprise, et cela n’a rien à voir.
Mais ce genre de problèmes se pose dans d’autres institutions, comme dans les musées, par exemple.
Au musée Picasso, la directrice a été reconnue pour son talent et, en même temps, pour son incapacité de management. Elle voulait, elle aussi, transformer ce musée en entreprise.
Comment peut-on à la fois préserver les traditions et faire respirer ces institutions ?
Raphaël de Gubernatis : il faut observer que Benjamin Millepied est venu avec beaucoup de bonne volonté, et avait des idées en faveur des danseurs. Il a cherché à leur rendre la vie plus agréable, pour mieux s’épanouir dans leur art, créer des conditions bien meilleures pour leur santé, sur le plan physique – il n’y avait pas de médecin attitré à l’Opéra, ni de masseur pour ce métier de haut niveau, plus élégant que le sport.
Mais comme le sont toutes les personnes généreuses, elles ne se rendent pas compte qu’elles laissent de côté des gens mécontents.
Jean Viard : on en revient à la question de savoir si ces institutions publiques doivent s’ouvrir au privé juste pour des questions d’argent, qui sont des raisons médiocres et nécessaires, ou bien de savoir s’il y a une véritable réflexion pour dynamiser ces institutions en allant sur le marché des sponsors ou des spectateurs, car, finalement, le spectateur ne paye pas grand-chose, moins de la moitié du coût réel.
C’est ce débat sur l’argent public que l’on n’a plus.
Jean-Louis Gombeaud : Nous sommes cependant devant une entreprise de main d’œuvre, et la question est de savoir si l’on peut changer les gens. Car vous ne pouvez changer qu’avec les gens.
Prenons un exemple lu dans Le Figaro ce matin : Monsieur Juppé visite les agriculteurs bretons, et ces derniers lui expliquent qu’ils sont très déçus car on leur avait promis des avances de trésorerie, et le Trésorier général leur a répondu : « Monsieur Valls dit ce qu’il veut, et nous on fait ce que l’on veut »
La mesure ne passe donc pas, car le Ministre ne peut contrôler les fonctionnaires.
Brigitte Lefèvre - directrice de la danse de 1994 à 2014
Qui bloque alors, et comment faire avancer ces acceptations ?
Thibaud Brière : Non seulement le changement n’est pas toujours positif, mais le changement ne vient pas toujours de ceux que l’on imagine rétifs au changement.
En France nous avons eu la Résistance, qui était une résistance à un changement imposé de l’extérieur, qui ne correspondait pas à nos aspirations, et dont le Général de Gaulle a été le leader.
Egalement, quand on parle de résistance au changement, c’est dans l’intention, en France, de stigmatiser le personnel de première ligne, c'est-à-dire les syndicats, qui ne seraient pas à la hauteur des enjeux, par acquis, par habitude, par conservatisme, et qui ne voudraient pas changer.
On médicalise cette résistance en parlant de 'peur du changement', alors qu’il peut y avoir de vrais désaccords sur la nature du changement.
Ce ne sont donc pas uniquement des résistances irrationnelles.
Jean Viard : il y a bien sûr des valeurs qu’il est légitime de défendre, mais on voit, pour comparer avec France Telecom, que les gens souffrent car ils ont une culture, qu’ils se sont engagés avec des engagements de protections, et soudainement, on leur dit que les règles vont changer.
J’ai été administrateur d’un grand théâtre – le Théâtre de Châteauvallon -, et j’ai pu constater que le monde de la Culture est un monde un peu fermé sur lui-même.
On n’est pas artiste à vie, on n’a pas à avoir un salaire à vie parce que l’on a été brillant à un moment.
Jean-Louis Gombeaud : C’est ce qu’a dit Stéphane Lissner dans sa conférence de presse, il y en a qui partent trop tôt, il pensait évidemment à Millepied, et il y en a qui partent trop tard.
Raphaël de Gubernatis : dans le cas des artistes, ceux-ci restent le temps qu’ils peuvent rester, la retraite étant à 42 ans pour les danseurs de l’Opéra. Ce ne sont pas des vieillards, comme en politique, qui nous empoisonnent la vie.
Ils ont un cursus à suivre qui est tout à fait logique, ce ne sont pas eux qui restent au pouvoir très longtemps.
C’est la direction qui, peut-être, dure trop longtemps. Il y a eu le cas de Brigitte Lefèvre qui est restée pendant 20 ans, ce qui était excessif, mais ce cas était exceptionnel, et personne, à part Lifar, avant la guerre, n’est resté aussi longtemps au pouvoir.
Les choses changent beaucoup chez les artistes du monde de la Culture, mais les administratifs peuvent peser d’avantage et sont souvent plus néfastes en vérité.
Nous entrons dans la dernière ligne droite du quinquennat, quelles seront les mesures à prendre pour retenir ces talents et préserver l’image de la France ?
Jean-Louis Gombeaud : Je pense qu’il faut montrer aux gens où est leur avenir. Dans les changements qu’a voulu faire Benjamin Millepied, il n’a pas réussi à le montrer à des gens qui sont des grandes stars, des vedettes, des Etoiles, des gens qui inspirent le respect, et qui se sont sentis finalement humiliés.
Si vous ne leur démontrez pas que c’est dans le changement qu’ils peuvent se construire un avenir, vous ne les aurez jamais avec vous.
Raphaël de Gubernatis : Mais vous savez très bien que les gens qui ont la foi foncent, et ils n’ont pas envie d’attendre qu’on les écoute.
Jean Viard : C’est vrai dans tous les métiers, et c’est pour cela qu’il y a débat, chacun veut rester, les présentateurs télévisuels, par exemple, ne partent pas volontiers. Il ne faut pas que cela reste un jeu interne, il faut que cela parle à la société.
Thibaud Brière : Il faut que le changement se fasse dans la fidélité à soi. Je le vois, notamment, dans le domaine des entreprises, où l’on prétend importer une culture mondialisée, anglo-saxonne, financiarisée, qui ne correspond pas à des cultures maison.
Il y a alors résistance au changement, mais ce n’est que la conséquence de l’import d’une culture hors-sol qui n’est pas enracinée.
Mithridate, entre amours et trahison.
Présentation au Théâtre des Champs Elysées, le 03 février 2016
Une heure avec … Clément Hervieu-Léger
de la Comédie-Française Emmanuelle Haïm
Chef d’orchestre
Et Mariam Chapeau
Conférencière des musées nationaux à la RMNGP
Afin d’illustrer les sources qui ont inspiré l’équipe artistique de la nouvelle production de ‘Mithridate, re di Ponto’, Clément Hervieu-Léger, le metteur en scène, Emmanuelle Haïm, la Chef d’orchestre et Mariam Chapeau, conférencière des musées nationaux, proposent de présenter 10 tableaux en rapport avec l’esthétique et les sentiments de l’œuvre.
Chacun de ces tableaux est ainsi projeté sur le grand écran de scène, face au public du Théâtre des Champs Elysées.
1. Une reine devant un roi, tenant un crâne – Luca Penni (1500-1556)
Mariam Chapeau : Ce peintre est un artiste qui introduit en France la Renaissance italienne, une architecture antiquisante, une dentelle particulièrement gracieuse et élégante, des figures qui sont sinueuses aux proportions allongées.
Cette scène nous a inspiré par le thème de la justice d’Othon, qui évoque le Pouvoir, l’Amour, la Justice et surtout la volonté de Vérité. Le personnage féminin tend un crâne qui semble troubler le souverain, le tableau est réalisé dans des couleurs assez caractéristiques de l’école de Fontainebleau, des teintes roses, orangées, complétées par la chaleur des rouges royaux.
C’est une mise en scène très architecturale, valorisant l’architecture antique, les colonnes corinthiennes, permettant aux différents personnages d’être organisés de façon savante sur ce tableau.
Clément Hervieu-Léger : ‘Mithridate’ est cette œuvre d’un jeune Mozart de 14 ans, auquel le Théâtre de Milan a confié un livret qui est inspiré d’une traduction italienne de l’œuvre de Racine, ‘Mithridate’.
La question est de savoir comment le XVIIIème siècle s’empare de la tragédie classique française, et de savoir comment se saisir du thème de l’Antiquité pour monter cet opéra aujourd’hui. Le risque est grand d’en rester au plaisir de la forme, alors qu’il s’agit de montrer que l’oeuvre peut nous toucher au cœur autant qu’au théâtre.
Emmanuelle Haïm : Pour un compositeur du XVIIIème siècle, le voyage en Italie est important car ce pays est un modèle pictural mais aussi un modèle musical et, de manière plus ample, un modèle culturel.
Mozart arrive avec son père en Italie en février 1770, et en quelques mois, il s’imprègne de ce style italien, et en particulier du modèle de l’opéra séria napolitain. On l’entend revisiter du Jommelli, et ce jeune adolescent devient capable de manier avec finesse la langue italienne qu’il ne connaissait pas avant ce voyage vers un pays si amoureux des arts.
Il espérait un poste, qu’il n’aura pas, malheureusement, mais obtient quelques commandes qui vont lui permettre d’aborder la tragédie, et de montrer sa subtile compréhension du sentiment amoureux dans cette pièce, ‘Mithridate’, où la vengeance et la justice sont aussi de mise.
Clément Hervieu-Léger : Pour en revenir à ce premier tableau, la figure d’Othon est importante. On peut lui substituer celle de Mithridate qui est passionnante dans cet opéra, car la figure du pouvoir est aussi celle du père, père qui avait accompagné Mozart dans ce voyage en Italie. Leur relation nécessaire sera également difficile, conflictuelle et passionnée. Sans vouloir faire de psychanalyse facile, on peut en effet être frappé par le fait qu’un jeune homme de quatorze ans écrive, comme première grande œuvre sérieuse, une histoire entre un père et son fils.
2. Anne de Clèves – Hans Holbein dit « Le Jeune » (1497-1543)
Mariam Chapeau : Ce portrait de la Princesse de Clèves, quatrième épouse d’Henri VIII Tudor, est un tableau de petit format que l’on peut découvrir dans les petits cabinets de peinture allemande au musée du Louvre.
Hans Holbein est un artiste germanique, né à Augsburg, qui sillonne l’Europe, se rend à Bâle, y rencontre Erasme, séjourne en France, passe à plusieurs reprises en Angleterre et finit par devenir le portraitiste officiel de la cour d’Angleterre. Il a connu, lors de ses voyages, de grands esprits humanistes. Il a également pu constater l’évolution des Guerres de religions.
Ce tableau a été commandé en 1539. Il est envoyé en mission à la cour de Clèves, en Rhénanie, afin d’exécuter les portraits des deux sœurs du Duc Guillaume, Prince germanique, protestant réformé. L’idée vient de Cromwell, qui envisage une alliance avec les réformés, pour pouvoir contrer les très catholiques rois de France et d’Espagne.
Le peintre a pour mission de faire le portrait le plus magnifique possible de la Princesse, ce qui explique cette raideur, cet axe symétrique qui découperait ce visage au centre de ses deux yeux, du nez, de la bouche, de la croix, des mains et de la boucle de la ceinture.
Ce peintre réussit à rendre la soie de sa robe somptueuse, et cette tenue vestimentaire qui n’est pas sa tenue de mariée va effectivement séduire Henri VIII. Il va l’épouser, mais à son arrivée à la cour de Londres, il va être quelque peu déçu par sa grandeur, par cette tenue vestimentaire qu’il qualifiera de ‘Jument des Flandres’.
Il exécute le contrat, mais fait annuler ce mariage six mois plus tard, au motif qu’il éprouve du dégoût pour cette femme, dont il se souvient, tout à coup, qu’elle est déjà fiancée, et, enfin, que les tensions qui l’opposaient à la France et à l’Espagne s’étant un peu apaisées, ce sacrifice ne lui semble plus nécessaire.
Clément Hervieu-Léger : Et on retrouve, dans ‘Mithridate’, ce thème des princesses de sang, qui étaient devenues à la fois objets de désir et objets d’enjeux politiques majeurs, avec les personnages d’Aspasie, promise à Mithridate, et d’Ismène, promise à Farnace, allié aux Parthes, qui devient ainsi en mesure de défier Rome.
Ce tableau est donc particulièrement juste, et permet d’évoquer l’importance de se parer ou de retirer des bijoux en scène, acte fort, car on se demande alors si le costume est un carcan ou un objet de séduction.
Nous avons donc repris des éléments de cette iconographie, tout en s’en éloignant. Et comme dans cette production nous avons la très grande chance d’avoir Patricia Petibon qui chante Aspasie, et Sabine Devieilhe qui chante Ismène, nous avons deux grandes interprètes de personnages forts.
Le personnage d’Ismène, si l’on s’en tient simplement à ce qui est écrit, est un peu le personnage raisonnable puisque c’est elle qui va ramener Mithridate à la raison en lui conseillant le pardon. Elle peut, du coup, être un personnage en demi-teinte si on ne lui apporte pas une attention particulière.
Quand on a la chance d’avoir une interprète comme Sabine Devieilhe, on ne se pose plus la question de la demi-teinte, et l’on a envie de faire un autre personnage qu’une fille bien rangée.
Emmanuelle Haïm : Chaque personnage a en effet des moments beaux et touchants, tel Mithridate qui, dans son air d’arrivée, va nous chanter sa défaite militaire mais pas sa défaite morale. Et pour ces personnages féminins, Mozart a composé une musique extrêmement variée, qui va nous montrer, dans le cas d’Aspasie, le poids de l’amour de ces hommes envers elle, mais aussi la douleur de l’aveu envers Sifare, un air incroyablement douloureux de tourments.
Certains personnages vont également être chantés par des femmes. Myrto Papatanasiu interprète ainsi Sifare, qui était à l’époque chanté par un castrat, et dont la tessiture était très aigüe. On a donc choisi un contre-ténor pour être un des frères, Christophe Dumaux, et, pour incarner l’autre frère, une soprano à la couleur très sombre. Et c’est une chance d’avoir toute une gamme de couleurs possibles sous ce nom-là.
Clément Hervieu-Léger : Evidemment, Emmanuelle vient de dire quelque chose de magnifique, la difficulté pour Aspasie est d’être trop aimée, d’être amenée à être épousée, et d’être soudainement rejetée.
On parle toujours de la musique racinienne pour dire que l’agencement des mots donne une musique qui nous raconte quelque chose au-delà des mots. Mozart, lui, nous fait entendre directement cette musique, l’état de l’âme, le cœur qui bat.
On peut alors soit décider de voir cette œuvre comme une succession d’airs, soit décider d’en faire du théâtre, et c’est ce que nous avons choisi de faire avec Emmanuelle.
Nous avons alors demandé à des comédiens de rejoindre l’équipe, de façon à jouer des rôles de confidents auxquels les airs s’adressent.
3. L’Enlèvement des Sabines – Nicolas Poussin (1594-1665)
Mariam Chapeau : Ce tableau de grand format, réalisé en Italie par un artiste considéré comme une pierre angulaire de la peinture française, est inspiré de l’Antiquité, et est un symbole de la folie guerrière.
Poussin est un artiste qui travaille de façon très organisée. Vous avez la présence de Romulus, à gauche, vêtu de rouge, couleur royale, qui fait un geste qui déclenche un chaos inouï mais mesuré, puisque l’enlèvement des Sabines s’organise selon une triangulaire très précise.
Sur votre droite, un premier Romain s’empare d’une Sabine, sur un autre premier plan, à gauche, un autre Romain soulève une Sabine, et un troisième couple nous révèle l’enlèvement de la Sabine.
En réalité, cette démonstration évoque l’idée d’action et la maîtrise absolue de cette peinture, tenue par une architecture précise et classique, avec en arrière-plan, un temple dorique monumental pour évoquer l’autorité de Romulus.
Au centre, une organisation de mise en perspective apporte à cette peinture une forme de respiration, ce qui permet à Poussin de montrer son intérêt pour la théorie des modes, musicale et architecturale, qui fonde l’harmonie de cette peinture.
On a pu ainsi découvrir, sous la couche picturale la présence de petits trous laissant apparaitre une organisation spatiale anticipée avant l’installation des figures.
Clément Hervieu-Léger : Dans mon travail de metteur en scène, je suis sensible à l’engagement des corps, et à la façon dont ces corps peuvent raconter sur un plateau des sentiments, des attirances ou des rejets.
Ainsi, on peut voir sur ce tableau que le fait de regarder dans une direction à l’inverse de l’endroit vers lequel on courre, est une manière très efficace de donner de la distance sur scène.
Tout est là, et je trouve que ce tableau est fascinant par la manière dont les corps se contrarient ou bien se fondent. Evidemment, je sais à quel point on peut me taxer de ‘Classicisme’, mais si la manière d’être classique est de s’attacher à construire l’image, alors je veux bien être ‘Classique’.
Mariam Chapeau : Je rajouterais enfin que Poussin n’est pas un artiste séducteur. C’est un artiste qui demande un effort, un effort de concentration sur sa peinture.
Emmanuelle Haïm : La forme est effectivement très rigoureuse, car lorsque l’on aborde l’Opéra Seria, on a des arias avec da capo, c'est-à-dire des airs en trois parties, l’une reprenant la première. Et, en principe, cette dernière partie est variée par l’interprète lui-même qui connait cet art de l’ornementation, et qui doit le faire avec goût, bonne mesure et discrétion.
Mozart va sortir malgré tout de ce modèle un peu trop académique, et il va sans-cesse changer les proportions.
Il ne va proposer qu’une seule fois la proportion régulière de l’air, mais va avoir, par moment, un A très développé, un B minuscule, l’esquisse d’une deuxième idée, et reprendre la première idée mais, cette fois, en voyageant.
4. Vue d’intérieur, ou les Pantoufles – Samuel van Hoogstraten (1627-1678)
Mariam Chapeau : Le peintre à l’origine du tableau suivant est passé brièvement par l’atelier de Rembrandt, historien d’art, passionné d’optique et de perspective, qui semble, ici, ne rien raconter. Et l’on se demande pourquoi cette multitude de portes, de chambranles, de sols carrelés qui changent de couleurs, et qui vous invitent à aller vers une dernière salle, qui est la salle de l’intimité.
Le sujet pourrait être, justement, l’absence de sujet. L’oeuvre met en scène les attributs d’une femme que nous ne voyons pas, son balais, son torchon, symboles de propreté, une paire de pantoufles, abandonnée négligemment, puis un jeu de clés que tient, normalement, une hollandaise du XVIIème siècle, de bonne tenue, fièrement à sa ceinture.
Et l’on distingue, au fond de la salle, une bougie, un peu tordue, qui est éteinte et laisse imaginer des cachoteries.
Finalement, un tableau représente une jeune femme se faisant disputée par son père.
La peinture s’interroge ainsi sur le comportement de cette femme.
L’artiste travaille sur des passages d’ombres et de lumières, utilise une gamme chromatique qui contribue à donner une atmosphère de murmures et de silences, une envie de chuchoter.
Clément Hervieu-Léger : La grande différence entre la tragédie classique et celle de Mozart est celle du lieu. On se demande comment on va passer des jardins suspendus à la tente d’Ismène, quel lieu unique permettrait de faire ce voyage si mobile ?
Un théâtre ne pourrait-il pas être ce lieu d’action tragique, au moment où Mozart découvre cette théâtralité ?
Il m’a paru alors évident qu’un lieu unique, donnant toute sa place à la lumière, permet toute l’expression du tragique.
Emmanuelle Haïm : Quand on rencontre ensuite le metteur en scène, on a la merveilleuse surprise de découvrir tout cet imaginaire, on échange, on parle de l’œuvre, on lit la pièce avec l’honneur de la partager avec un comédien de la Comédie-Française, et l’on a ensuite le sentiment que mêmes les chanteurs de notre production ressentent très fortement le tragique de cette histoire.
Le metteur en scène les guide, donne l’exemple, mais leur laisse une liberté, ce qui nous permet, même à moi, de nous sentir en osmose avec le spectacle.
Clément Hervieu-Léger : On a la chance d’avoir un distribution idéale avec des chanteurs qui sont également des acteurs. Il n’est pas difficile de les faire bouger, mais il faut aussi être conscient de ce que la technique vocale demande, et qu’il est compliqué de demander à une chanteuse de se mettre la tête à l’envers, marcher sur les mains, tout en chantant sa cadence.
Cela fait partie intégrante du travail du metteur en scène d’opéra que d’être à l’écoute de la difficulté à chanter de tels airs.
5. La mort de Didon – Pierre-Paul Rubens (1577-1640)
Mariam Chapeau : C’est une œuvre bouleversante qui évoque la détresse, la douleur sans pudeur.
Didon est une femme qui a été séduite par Enée, puis abandonnée par lui car sa destinée n’est pas Carthage mais Rome.
Didon tente de tromper son monde en réunissant tous les souvenirs de cet amour passé.
Elle les a disposés tout autour d’elle, le manteau rouge, l’épée qu’il lui a offert, et elle a commencé à entamer un bucher à ses pieds.
Rubens, grand peintre flamand, spécialiste des émotions, nous offre ce corps en totale détresse, grandeur nature, la femme est assise, totalement nue, éplorée, une larme coule sur sa joue droite.
Cette dernière énergie qu’elle met à presser le glaive dans sa poitrine nous annonce aussi qu’un corps instable va s’effondrer. Il y a donc une forme d’impudeur dans la douleur qui ne se préoccupe pas de notre regard.
Clément Hervieu-Léger : Au moment où Aspasie décide de se suicider, on rejoint ces grandes héroïnes féminines majeures dans ce grand répertoire théâtral ou opératique, et c’est pour cela que l’on a eu envie d’évoquer Didon.
6. Anne de Boleyn condamnée à mort – Pierre-Nolasque Bergeret (1782-1814)
Mariam Chapeau : Ce tableau appartient au XIXème siècle romantique qui aime revisiter l’histoire par la petite porte.
Ce tableau est présenté par Bergeret au Salon de 1814, le premier salon de la Restauration. On aime renouer avec les sujets monarchiques, parce que c’est le sens de la mode. C’est un moment très théâtral, un tableau de petite dimension qui correspond au goût de la peinture dite ‘Troubadour’, où l’on s’intéresse au genre des petits peintres hollandais, un travail de facture très minutieusement détaillée.
Anne de Boleyn attend son exécution, sujet plein de théâtralité avec lequel l’artiste cherche à nous émouvoir.
Clément Hervieu-Léger : Là encore on rejoint l’œuvre de Mithridate, puisqu’Aspasie se suicide et a été condamnée à mort. ‘
Emmanuelle Haïm : 'Pallid’ombre’, que chante Aspasie au moment de se donner la mort, demande aux ombres heureuses des Champs-Elysées de l’accueillir avec bienveillance.
Mozart écrit, à ce moment-là, un air où les dissonances qu’il crée avec la voix sont très apaisantes, où Aspasie chante des notes qui vont contre les grandes tenues de hautbois, et qui sont douloureuses comme des pointes d’épingles que l’on enfoncerait.
Il y a donc une dualité d’une plénitude, d’une grande douceur, et des tourments extrêmement forts, que Patricia Petitbon chante sublimement.
Je n’arrive pas à croire que Mozart avait quatorze ans lorsqu’il a composé cet air.
Et ce qui est magnifique dans cet air ‘da capo’, est que l’on commence avec un récitatif accompagné, que l’orchestre y répond comme un personnage théâtral lui aussi, ponctue, amplifie, contredit ou colore ce que dit le personnage, et subrepticement, on rentre dans cet air, un océan tranquille en mi bémol majeur, que l’on quitte violemment au moment où l’héroïne se saisit du poison.
7. Le grand prêtre Corésus se sacrifie pour sauver Callirhoé – Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
Mariam Chapeau : Ce tableau, présenté au Salon de 1769, est le plus grand tableau dans la carrière de Fragonard. Il est salué comme le renouvellement de la peinture française.
Nous sommes à l’époque du règne de Louis XV, du règne de Boucher en peinture, où l’Académie considère que la peinture s’est un peu fourvoyée dans les thèmes mythologiques.
C’est donc le retour au grand genre, à une peinture que l’on qualifiera plus tard de ‘néobaroque’.
Fragonard rétablit l’Antiquité, l’histoire d’un sacrifice féminin destiné à conjurer la peste qui ravage Athènes.
Quand Corésus, secrètement amoureux de Callirhoé, s’apprête à commettre son acte, il tourne le glaive vers sa propre poitrine pour la sauver, et elle s’effondre.
Cette peinture, très théâtrale par les mouvements et par l’usage de nuées et d’allégories dans le ciel, est équilibrée par cette architecture monumentale qui signifie que l’on revient vers les sujets sérieux.
Clément Hervieu-Léger/Emmanuelle Haïm : Ce tableau date de la composition même de Mithridate, et pose la question du grand genre, celle du genre sérieux qui se pose à Mozart. Comme Fragonard, il a dû passer par ce genre sérieux pour être reconnu. Mithridate est la première grande commande pour le compositeur autrichien, et la question de savoir si la Tragédie vaut mieux que la Comédie est un débat qui va tellement bien concerner Mozart, que l’on aura à la fin de sa vie ‘La Clémence de Titus’ en passant par ‘Idoménée’, œuvres d’un genre qu’il aura pourtant dépassé.
8. La Malédiction paternelle (Le Fils ingrat – Le Fils puni) – Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)
Mariam Chapeau : Ces deux tableaux de la maturité de Jean-Baptiste Greuze sont à envisager comme des dépendants qui présentent la malédiction paternelle. Le thème biblique, ici, est celui de l’enfant prodigue qui s’apprête à quitter la demeure familiale. C’est une mise en scène très théâtrale, d’un artiste qui va finalement se situer entre deux genres, celui de la scène d’agrément, et celui de la scène d’Histoire.
Il propose deux peintures qui ont une composition en frise, dans laquelle la gestuelle, l’organisation des bras, des figures, des personnages créent une véritable dynamique. On est plus proche des drames populaires, et il suscite l’émotion chez le spectateur par un certain nombre de diagonales, d’obliques, qui sont composées par les bras des hommes.
Il oppose le rapport entre les hommes en colère et les femmes qui tentent de calmer les choses, tel que c’est conçu dans la pensée populaire, et dans la partie droite se tient l’enrôleur, le militaire qui est en train d’arracher un fils utile à une famille.
Dans la seconde version, le fils revient à la maison, les gestes et les bras se sont apaisés, les nombreuses obliques répondent cette fois à une organisation horizontale. Au premier plan trainent des objets qui appartiennent à l’environnement quotidien, et cette fois-ci, cette horizontalité résonne avec le fils éploré, puisque le père est mort.
Clément Hervieu-Léger : Ce peintre illustre parfaitement le passage de la tragédie au drame, y compris dans le mode de jeu, et dans le naturalisme vers lequel le jeu du comédien passe sous l’influence du théâtre italien qui considère que les acteurs ont un corps en scène. Par ailleurs, la question du schisme est centrale dans ‘Mithridate’, où l’on a un peu tendance à penser qu’il y a un fils bon et un mauvais fils.
C’est en fait plus complexe que cela chez Mozart, et le dernier air de Farnace, qui devait être le mauvais fils mais, finalement, a décidé de regagner la confiance de son père, est d’une beauté incroyable.
Enfin, le tableau du ’Fils puni’ met en scène la mort du père, ce par quoi s’achève ‘Mithridate’, et illustre comment raconter la mort, une question centrale au théâtre.
9. L'empereur Sévère reproche à Caracalla, son fils, d’avoir voulu l’assassiner – Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)
Mariam Chapeau : Nous terminons avec une composition qui, dans la vie de Greuze, est un véritable mélodrame. L’artiste aspire absolument à être reconnu comme un peintre d’Histoire.
Il compose cette œuvre, inspirée de l’Antiquité, qui choisit un moment où Septime Sévère accuse son fils d’avoir voulu l’assassiner, et lui ordonne d’achever ce qu’il a projeté de faire.
Ce sujet horrible et l’organisation des corps va frapper les critiques de l’époque, la lourdeur de la main de Sévère, notamment, les comportements des personnages situés derrière d’Empereur qui chuchotent, et surtout, la posture de Caracalla lui-même qui ne semble pas du tout se repentir.
Le peintre cite l’Antiquité par le mobilier, l’architecture, et l’on va inlassablement reprocher à Greuze de ne pas avoir vu l’Antiquité réelle, une peinture trop moderne pour l’époque qui annonce l’Ere de Jacques-Louis David.
Mithridate, re di Ponto
Wolfgang Amadeus Mozart
Emmanuelle Haïm direction
Clément Hervieu-Léger, de la Comédie-Française mise en scène Frédérique Plain dramaturgie Eric Ruf décors Caroline de Vivaise costumes Bertrand Couderc lumières
Dialogues des Carmélites (Francis Poulenc)
Représentation du 01 février 2016
Bayerishe Staatsoper
Marquis de la Force Laurent Naouri
Blanche de la Force Christiane Karg
Chevalier de la Force Stanislas de Barbeyrac
Madame de Croissy Sylvie Brunet-Grupposo
Madame Lidoine Anne Schwanewilms
Mère Marie Susanne Resmark
Soeur Constance Anna Christy
Mère Jeanne Heike Grötzinger
Soeur Mathilde Rachael Wilson
L'aumônier Alexander Kaimbacher
1er commissaire Ulrich Reß
2ème commissaire Tim Kuypers
L'officier Igor Tsarkov
Le geôlier Andrea Borghini
Direction musicale Bertrand de Billy
Mise en scène Dmitri Tcherniakov (2010) Bayerisches Staatsorchester
Chor der Bayerischen Staatsoper
Christiane Karg (Blanche de la Force)
Dans une lettre datée du 05 juillet 1955, l’écrivain Albert Beguin fait parvenir à Francis Poulenc un long compliment qui commence par ceci : "Permettez-moi de vous redire que vous paraissez avoir réussi un découpage parfait du texte de Bernanos. Vous savez combien, chargé par lui-même de veiller sur son œuvre après sa mort, je suis jaloux de tout usage et de toute interprétation qu'on en peut faire."
Pourtant, si le compositeur français a su brillamment restructurer un texte littéraire pour en faire un livret d'opéra sur lequel assoir une dramaturgie musicale convaincante, il s'est également concentré sur le personnage de Blanche de la Force pour en faire un portrait en lequel il puisse se reconnaître.
La révolution française n'est donc pas le sujet principal, mais un contexte historique qui permet d'opposer une population en furie à des femmes qui recherchent, dans la foi, la force de dépasser leurs propres peurs.
Anne Schwanewilms (Madame Lidoine)
Or, Dmitri Tcherniakov est aussi un metteur en scène qui aime défendre les héroïnes des opéras qu'il dirige, même si, comme nous pouvons le constater au même moment à Lyon, dans la reprise de son interprétation de'Lady Macbeth de Mzensk', il peut y mettre des limites.
Avec son concept d'un Carmel transposé en une maison de bois qui évoque la vie des campagnes de Russie, il élimine radicalement toute référence à l'Histoire de France, et se rapproche de l'univers de 'La Légende de la ville invisible de Kitezh', qui débutait dans un environnement rural très éloigné des intrigues de la grande ville.
'Dialogues des Carmélites' s'ouvre donc par une brève scène d'une foule courant dans l'urgence et dans un brouhaha assourdissant, agitation insupportable pour la petite Blanche. Tout s'arrête d'un coup, dans le noir et le silence, et la musique peut alors commencer.
Les premiers échanges entre Blanche, son frère et son père - Laurent Naouri est étrangement sonorisé - se déroulent sur l'espace vide du plateau, comme le seront, en deuxième partie, ceux avec mère Marie, à nouveau à la bibliothèque du Marquis de la Force.
Stanislas de Barbeyrac (Chevalier de la Force)
Par la suite, c'est le refuge des religieuses, de simples paysannes, qui vient à Blanche, et toute l'action va s'y dérouler. A peine verrons-nous la maison changer d'orientation et de positionnement au fil des scènes.
Dans toute cette première partie, Tcherniakov détaille méticuleusement les petits gestes du quotidien, soigneux et précis, que chacune exécute dans la vie de tous les jours, notamment dans la longue scène d'agonie de Madame de Croissy.
Un fin tissu ouateux recouvre les faces et le toit de cette maison, mais la structure en bois rend parfois faiblement visibles les chanteuses, selon le point de vue choisi dans la salle du théâtre.
La terreur s'entend soudainement dans le timbre sombrement noirci de troubles de Sylvie Brunet-Grupposo. Dans un dernier sursaut, la vieille prieure tente même de franchir, vers l'extérieur, le seuil de cette baraque, où elle suffoque, confinée au milieu du noir.
A l'opposé, Anna Christy chante comme un rossignol léger et piquant le rôle de Constance, avec un accent néanmoins assez marqué.
Stanislas de Barbeyrac (Chevalier de la Force) et Christiane Karg (Blanche de la Force)
Et quand apparaît la nouvelle prieure, Madame Lidoine, la vision d'Anne Schwanewilms, semblant présider une grande table entourée des jeunes femmes chantant l'Ave Maria, prend d'emblée une valeur iconographique et virginale.
C'est dans la seconde partie qu'elle est en fait magnifique de simplicité et d'authenticité, généreuse dans ses longues effusions lumineuses, et entièrement touchante tant elle semble happer le cœur de l'auditeur avec les mots.
Les retrouvailles entre Blanche et le Chevalier de la Force sont poignantes par le désespoir affiché de la première. Car Stanilas de Barbeyrac impose un charme sombre et naturel qui s'exprime par des élans nobles de clarté du cœur, tout en entretenant une certaine distance émotionnelle.
Christiane Karg, elle, extériorise tous ses sentiments, et son héroïne rappelle beaucoup la Tatiana hypersensible qu'avait imaginée Tcherniakov dans 'Eugène Onéguine'. Spasmes de colère, torpeur, vérité de l'âme, terreur, elle réussit à montrer toutes les contradictions qui l’empêchent de vivre, saisissante image quand elle tente de s'évader, prise de panique, vers l'arrière scène dans le noir.
Elle n'est pas uniquement une attachante actrice, mais aussi une artiste totalement engagée qui défend l'humanité d'un texte chanté le cœur sur la main.
Anne Schwanewilms (Madame Lidoine)
En revanche, la Mère Marie de Susanne Resmark est rarement compréhensible et très sombre.
Mais petit à petit, la logique du travail de Dmitri Tcherniakov se révèle. Ces sœurs, qui avaient trouvé un lieu où vivre en paix retranchées du monde dans le plus pur dépouillement, sont retrouvées par le peuple ainsi que par des policiers qui leur notifient un avis d'expulsion.
La maison commence à être barricadée, et l'appel du Geôlier est lancé à travers des haut-parleurs, laissant planer l'imminence d'un assaut.
Mais préférant la mort, les sœurs se sont enfermées et ont débuté un suicide collectif par asphyxie. Un périmètre de sécurité est érigé par les forces de l'ordre, et la population, le chœur, vient l'entourer comme pour assister avec effarement à un spectacle, sans que personne ne bouge pour autant.
Susanne Resmark (Mère Marie) et Christiane Karg (Blanche de la Force)
Soudain, surgit de la foule Blanche, qui défonce la porte de la maison, sur le premier coup de guillotine, et sauve chacune des sœurs, avant d'y retourner et de périr dans une explosion impressionnante, qui libère ainsi un nuage s’élevant merveilleusement, une montée de l’âme vers l'infini. Dernière image à nouveau sublime.
Cette scène, littéralement modifiée par rapport au livret, n'en est pas moins émouvante, car elle magnifie l'humanité de la jeune fille.
Tcherniakov révèle ainsi le courage et la grâce naturelle de Blanche, par contraste avec la lâcheté et l'incompréhension du peuple. Il reste en cela fidèle à l'esprit de Poulenc dans le dépassement de la peur, et dans sa méfiance des grands mouvements populaires destructeurs - le musicien s'était en effet engagé politiquement contre le Front Populaire, à la fin des années 30, par crainte pour les libertés individuelles.
Sylvie Brunet-Grupposo (Madame de Croissy) au salut final
Dans la fosse, la lecture épique de Bertrand de Billy est tellement riche de couleurs qu'elle jure avec l'austérité dramaturgique et visuelle de l'oeuvre.
De la chaleur des cordes dominent des frémissements scintillants, de ce flux généreux les teintes se glacent parfois ou prennent une pâte plus brute, et la beauté des timbres des bois permettent de laisser glisser les sonorités vers les ambiances immatérielles émanant de 'Tristan et Isolde'.
Mais cet allant ne lui laisse pas toujours le temps de déployer les plus beaux élans orchestraux. La tonalité est ample et douce, et rejette la sévérité.
Très beau chœur, fin et subtil, comme très souvent à Munich.
Mercredi 03 février 2016 sur Mezzo à 22h55
Tristan et Isolde (Wagner) - MET 2008 - dm Levine - ms Dorn
Robert Dean Smith, Deborah Voigt, Michelle DeYoung, Matti Salminen
Jeudi 04 février 2016 sur Mezzo à 20h00
Lady Macbeth de Mzensk (Chostakovitch) - dm Ono - ms Tcherniakov
Stundyte, Ognovenko, Hoare, Daszak
En direct de l'Opéra de Lyon
Vendredi 05 février 2016 sur France 2 à 0h30
Vénus et Adonis (Blow) - Opéra Comique 2012 - dm Buet - ms Moati
Samedi 06 février 2016 sur Mezzo à 22h30
Le Crépuscule des Dieux (Wagner) - MET 2012 - dm Luisi - ms Lepage
Deborah Voigt, Jay Hunter Morris, Hans-Peter König, Waltraud Meier, Eric Owens
Dimanche 07 février 2016 sur Arte à 18h15
Concert de clôture de la Folle Journée de Nantes
Dimanche 07 février 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Alceste (Gluck) - La Fenice 2015 - dm Tourniaire - ms Pizzi
Carmela Remigio, Marlin Miller, Giorgio Misseri, Zuzana Markova
Mercredi 10 février 2016 sur Mezzo à 20h30
Cecilia Bartoli chante Otello de Rossini à l'Opéra de Zurich
Vendredi 12 février 2016 sur France 2 à 0h30
Concerto n°1/Symphonies n°1 & 6 (Chostakovitch) -dm Gergiev
Vendredi 12 février 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Juditha Triumphans de Vivaldi à La Fenice de Venise
Alessandro De Marchi (dm) - Elena Barbalich (ms)
Samedi 13 février 2016 sur Mezzo à 20h30
Alcina (Haendel) - Monnaie de Bruxelles 2015 - dm Rousset - ms Audi
Piau, beaumont, Noldus, Puertolas, briot, Behle
Dimanche 14 février 2016 sur France 3 à 0h30
L'Etoile (Chabrier) - dm Fournillier - ms Pelly - Opéra d'Amsterdam
d'Oustrac, Varnier, Mortagne, Piolino, Madore, Guilmette
Dimanche 14 février 2016 sur Arte à 18h30
Rolando Villazon présente les stars de demain
Dimanche 14 février 2016 sur Mezzo HD à 20h30
La Traviata de Verdi au Théâtre de La Fenice - Renato Palumbo (dm) - Robert Carsen (ms)
Patrizia Ciofi, Gianluca Terranova, Claudio Sgura
Mercredi 17 février 2016 sur Mezzo à 20h30
Tamerlano (Haendel) - Monnaie de Bruxelles 2015 - dm Rousset - ms Audi Ovenden, Karthäuser, Galou, Hallenberg, Berg
Jeudi 18 février 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Il Trovatore de Verdi - Opéra National de Paris - Daniele Callegari (dm) - Alex Ollé (ms)
Ludovic Tézier, Anna Netrebko, Ekaterina Semenchuk, Marcelo Alvarez, Roberto Tagliavini
Enregistré les 8 et 11 Février 2016
Vendredi 19 février 2016 sur France 2 à 0h30
Gautier Capucon à la fondation Louis Vuitton
Samedi 20 février 2016 sur Concert Arte à 19h30
Mithridate (Mozart) - dm Haïm - ms Hervieu-Léger
Petibon, Spyres, Papatanasiu, Dumaux, Devieilhe, Dubois, Azzareti
En direct du Théâtre des Champs-Elysées
Samedi 20 février 2016 sur Mezzo à 20h30
Ariodante de Haendel au Festival d'Aix-en-Provence - Andrea Marcon (dm) - Richard Jones (ms)
Sarah Connolly, Patricia Petibon, Sandrine Piau, Sonia Prina, David Portillo, Luca Tittoto
Dimanche 21 février 2016 sur France 3 à 0h30
Aleko/Francesca da Rimini (Rachmaninov) - dm Calderon - ms Purcarete
Dimanche 21 février 2016 sur Arte à 18h30
Rolando Villazon présente les stars de demain
Dimanche 21 février 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Alceste (Gluck) - La Fenice 2015 - dm Tourniaire - ms Pizzi
Carmela Remigio, Marlin Miller, Giorgio Misseri, Zuzana Markova
Mercredi 24 février 2016 sur Mezzo à 20h30
Alessandro (Haendel) - dm Petrou - ms Childs - Versailles 2013
Cencic, Staskiewicz, Kucerova, Kudinov, Sabata, Sancho
Mercredi 24 février 2016 sur France 3 à 20h55
Les Victoires de la Musique - direct des Halles de Toulouse
Samedi 27 février 2016 sur Mezzo à 20h30
La Traviata de Verdi au Théâtre de La Fenice - Renato Palumbo (dm), Robert Carsen (ms)
Patrizia Ciofi, Gianluca Terranova, Claudio Sgura
Dimanche 28 février 2016 sur France 3 à 0h30
Le Trouvère (Verdi) - ms Tcherniakov - dm Minkowski - La Monnaie
Hendricks, Ploplavskaya, Didyk, Brunei-Grupposo
Dimanche 28 février 2016 sur Arte à 18h30
Rolando Villazon présente les stars de demain
Dimanche 28 février 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Kent Nagano dirige Parsifal de Wagner à Baden-Baden (2004)
Christopher Ventris, Waltraud Meier, Matti Salminen, Thomas Hampson,Tom Fox - Nikolaus Lehnhoff (ms)
Web : Opéras en accès libre
Lien direct sur les titres et sur les vidéos
Hommage à Gerard Mortier (Théâtre de la Monnaie de Bruxelles)
Die Tote Stadt (Auditorium de Radio France )
Tosca (Opéra de Munich) - Kaufmann - Bondy - jusqu'au 03 février 2016
Le Trouvère (Chorégie d'Orange) jusqu'au 05 février 2016
Nabucco (Opera de Rome) jusqu'au 08 février 2016
Vénus et Adonis (Opéra de Caen) jusqu'au 15 février 2016
L'Enlèvement au Sérail (Glyndebourne) jusqu'au 16 février 2016
La Clémence de Titus (Théâtre Royal de La Monnaie) jusqu'au 16 février 2016
Mikko Franck dirige le Philharmonique de Radio France jusqu'au 19 février 2016
La Traviata (Festival de Salzbourg) jusqu'au 24 février 2016
Mort à Venise (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 24 février 2016
La Bohème mise en scène par Stefan Herheim (Opéra d'Oslo) jusqu'au 11 mars 2016
L'Elixir d'Amour (Aéroport de Milan) jusqu'au 17 mars 2016
Theodora (Théâtre des Champs Elysées) jusqu'au 19 mars 2016
Les Troyens (Opéra d'Hambourg) jusqu'au 19 mars 2016
Moïse et Aaron (Opéra National de Paris) jusqu'au 21 mars 2016
Rigoletto (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 28 mars 2016
Powder her Face (Thomas Ades) jusqu'au 01 avril 2016
Balanchine-Millepied-Robbins (Opéra National de Paris) jusqu’au 02 avril 2016
La Passion selon Saint-Jean (Philharmonie de Paris) jusqu’au 04 avril 2016
Dardanus (Grand Théâtre de Bordeaux) jusqu’au 23 avril 2016
Aïda (Teatro Regio Torino) jusqu’au 23 avril 2016
Ariane et Barbe-Bleue (Opéra de Strasbourg) jusqu'au 06 mai 2016
Les Caprices de Marianne (Opéra d'Avignon) à partir de mai 2016
Straszny Dwor (Opéra National de Pologne) jusqu'au 18 mai 2016
Lucia di Lammermoor (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 26 mai 2016
Idomeneo (Théâtre an der Wien) jusqu'au 05 juin 2016
Rocio Marquez à Rio Loco jusqu'au 19 juin 2016
La Damnation de Faust (Opéra National de Paris) jusqu'au 21 juin 2016
La Flûte Enchantée (Den Norske Opera) jusqu'au 30 juin 2016
Le Roi Carotte (Opéra de Lyon) jusqu'au 03 juillet 2016
La Flûte Enchantée (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 06 juillet 2016
Stiffelio (Teatro La Fenice) jusqu'au 25 juillet 2016
Eugène Onéguine (Komisch Oper Berlin) jusqu'au 30 juillet 2016
Lady Macbeth de Mzensk (Opéra de Lyon) jusqu'au 05 août 2016
Le Barbier de Séville (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 23 octobre 2016
Gianni Schicchi (Opéra de Lyon) jusqu'au 31 octobre 2017