Genèse de l’œuvre
Depuis les répétitions d’ « Ernani», Verdi rêve de mettre en musique « Attila », et depuis Naples, il prie Solera de s’activer, d’autant plus qu’il le considère comme seul capable de donner vie à ce conquérant sanguinaire.
Déjà en mai 1845, Léon Escudier, rédacteur en chef du journal « La France Musicale », est venu à Milan et a obtenu du compositeur la propriété pour la France de toutes ses œuvres écrites en Italie.
Signe de la grande honnêteté de Solera, lorsque Nabucco est autorisé au Théâtre Italien de Paris, Vatel, son directeur, se trouve dans l’obligation de s’acquitter d’une somme de 1000 francs à un homme se déclarant l’auteur du mélodrame. Verdi n’ignorait pas ce fait.
A cette époque, Paris est la capitale musicale de l’Europe. « L’Attila pour le grand Opéra de Paris, comme cela serait beau » confie t-il à Escudier. C’est trop tôt, mais ce dernier prépare le terrain et contacte Pillet, le directeur de l’ « Académie de Musique ». La contrainte d’un livret en français obtient un rejet de la part de Verdi.
Ernani, représenté sous le titre « Le proscrit » à cause de l’opposition de Victor Hugo, est très bien accueilli au Théâtre des Italiens.
Mais avec Attila, Verdi revient à l’expression de son amour pour la patrie. Et les hommes qui préparent le Resorgimento connaissent la portée de l’action du compositeur.
Lors de la soirée du 17 mars 1846, la Fenice acclame l’œuvre mais aussi tout le patriotisme qui en émane.
On accompagne Verdi chez lui avec des couronnes, des orchestres, des torches, et le lendemain la Gazetta de Venise publie des louanges dithyrambiques.
Attila
A partir des années 370, la pression sur les frontières nord de l’Empire Romain s’accroît dramatiquement.
Les Huns, peuple nomade Turc parti des steppes d’Asie orientale au climat trop difficile pour établir un art de vivre agricole et sédentaire, se dirigent vers l’ouest. Leur cavalerie manie l’arc de façon redoutable, leur puissance déstabilise les tribus germaniques, rendant l’invasion de l’Empire inévitable.
Etabli sur les plaines hongroises au prix de la destruction des Ostrogoths d’Ukraine, Attila entraîne les Huns en direction de la Gaule en 451, mais est défait aux champs Catalauniques (quelque part en Champagne) par une coalition de Romains, Wisigoths, Francs et Burgondes conduite par Aetius.
Il poursuit alors sur l’Italie, qu’il pille en 452. Aquilée, située sur la côte adriatique, est détruite.
Le Pape Léon Ier obtient toutefois que Rome soit épargnée.
Attila meurt en 453, et son empire disparaît avec lui.
A l’est, un autre peuple Hun envahit la Perse et l’Inde, empêchant ainsi les Sassanides de tirer avantage des déboires Romains. Les Guptas sont détruits à la fin du Vième siècle.
L’Opéra se situe après la bataille d’Aquilée.
Attila détient des prisonnières de la cité ravagée menées par l’impressionnante Odabella.
L’émissaire de Rome, Ezio (le général Aetius), lui propose d’épargner la capitale et de conserver le reste du monde. Refus net.
Mais un rêve affole Attila, il accepte ainsi la trêve avec Rome.
La situation rebondit avec Foresto, rescapé également d’Aquilée et amoureux d’Odabella. Il propose à Ezio d’attaquer les Huns après avoir empoisonné leur chef.
Sauvé par sa prisonnière, Attila prépare une riposte, lorsque les hurlements des Romains attaquant son camp lui révèlent l’intention meurtrière d’Odabella : le tuer de sa propre main.
Attila est une œuvre sincère, ardente et directe.
Le déploiement de la partie orchestrale s’enrichit de descriptions empruntées à l’Ode symphonique de Félicien David, « Le désert » dont la beauté s’insère dans le lever de soleil du prologue.