Si le directeur reconnaît volontiers avoir un peu divisé le public, il souhaite cependant faire comprendre que le plus important pour lui est le débat.
Mais un débat constructif, le théâtre étant un endroit très vivant où les gens discutent et défendent leurs opinions.
Sa conviction est visiblement profonde.
Ce qu’il fait vient toujours de son cœur et de son âme et est le fruit d’un grand travail.
Il croit que le théâtre a un devoir qui dépasse le divertissement, que le spectateur doit pouvoir se souvenir d’un spectacle pendant très longtemps et se remettre en question.
Et c’est cette fonction politique qui l’intéresse. Pas la politique politicienne bien entendu, mais la politique sur la condition humaine, où l’individu sort du théâtre en se voyant et en se demandant comment cette condition humaine peut devenir meilleure.
Car c’est cela le théâtre dans notre civilisation occidentale. Depuis la tragédie grecque les citoyens ont toujours débattu leur façon de vivre à travers le théâtre.
Cela conduit alors au choix pour cette cinquième saison de cette devise de Fernando Pessoa « L’espoir est un devoir du sentiment ».
L’espoir est un devoir, il ne vient pas de soi seul. Il faut donc monter des spectacles qui donnent des raisons à cet espoir. Et cela se justifie d’autant plus que le regard sur la situation mondiale peut amener à un certain désespoir.
L’œuvre centrale de la saison 2008/2009
Du 25 novembre au 21 décembre 2008 (9 représentations à Garnier)
Angela Denoke, Jonas Kaufmann, Paul Gay, Alan Held, Franz-Joseph Selig
Mise en scène Johan Simons / Direction Sylvain Cambreling
C’est une œuvre parfaite dans chaque numéro musical mais qui représente un problème autant pour chaque musicien que pour le public.
On sent que tout le monde n’aime pas Fidelio, c’est une œuvre qui représente des valeurs qui ne sont plus soutenues aujourd’hui. Beethoven a énormément idéalisé l'amour conjugal mais ne s’est jamais marié (ce qui lui aurait permis de voir cela avec d'autres yeux soit dit en passant).
Une distribution de fidèles a été rassemblée avec Angela Denoke et Jonas Kaufmann qui forment un jeune couple.
La pièce est jouée dans une version qui prend des éléments de la première version.
Beethoven l'avait composée la première fois sous le nom de Léonore en 1803.
Mais écrite au moment où les troupes françaises étaient à Vienne, chacun peut se figurer qu’après des journées assez dures, les troupes de Napoléon avaient autre chose à faire que d'aller voir Leonore. La première fût un désastre, il faut bien le dire.
Il a donc retravaillé cette pièce pendant 10 ans pour aboutir à la version de 1814 avec quelques éléments de la première version.
Cependant, c’est l’ouverture de Léonore I, très inspirée par Mozart, qui sera reprise.
Le public n’entendra donc pas le fameux signal des trompettes de l’ouverture Léonore III.
Car c’est avec Fidelio que pour la première fois dans l'histoire de la musique le son de la trompette devient l’annonce de la libération. Avant, la trompette était l'avertissement du pouvoir. Tous les empereurs entraient en scène avec timbales et trompettes.
Beethoven donne ainsi une traduction musicale à quelque chose d'inouï. Ce signal est suivi par le duo d'amour extatique qui est une vraie jubilation.
Autres œuvres sous le signe de l’Espoir et de l’Utopie
Du 17 novembre au 23 décembre 2008 (14 représentations à Bastille)
Maria Bengtsson, Shawn Mathey, Russel Braun, Maria Virginia Savastabo, Kristinn Sigmundsson, Erika Miklosa
Mise en scène Fura dels Baus / Direction Thomas Hengelbrock
La reprise de la Flûte Enchantée est faite au mois de décembre bien entendu car c’est le moment où l’on peut amener les enfants à l’Opéra. D’ailleurs 9 ans est l’âge idéal pour commencer à leur faire découvrir le théâtre car ensuite ils considèreront qu’ils ont mieux à faire.
Du 13 octobre au 12 novembre 2008 (10 représentations à Bastille)
Christine Schäfer, Hannah Esther Minutillo, Paul Gay, Jukka Rasilainen, Michèle Lagrange
Mise en scène André Engel / Direction Dennis Russel Davies
Autre œuvre pour les enfants, la Petite Renarde Rusée raconte le cycle de la vie, c'est-à-dire quelque chose où il y a le printemps, l'automne puis le retour du printemps.
Tout cela résumé dans la petite phrase du forestier à la grenouille a la fin : "Ah mais je vous reconnaîs on s'est déjà vu" et la petite grenouille de répondre " non, ce n'était pas moi, c'était mon grand-père ! ».
Janacek l’a composée à la fin de sa vie en même temps que « De La Maison des Morts » proposée lors de la première saison.
Du 04 avril au 08 mai 2009 (11 représentations à Bastille)
Violetta Urmana, Carlos Alvarez, Ferruccio Furlanetto, Stefano Secco
Mise en scène Dmitri Tcherniakov / Direction Alessandro Di Stefano
Et puis il y a une autre pièce qui parle de l'utopie et de la liberté : Macbeth de Verdi.
Le nouveau metteur en scène, Dmitri Tcherniakov, fait un triomphe (dixit Gerard Mortier) à Berlin dans "The Gambler" de Prokoviev. Il fait son entrée à l’Opéra de Paris.
C’est Valery Gergiev qui fit appel à lui il y a 3 ans pour mettre en scène Tristan et Isolde au Théâtre Mariinski.
Macbeth sera une coproduction avec l’Opéra de Novossibirsk.
L’Europe Centrale
Dans les autres parties de la saison il y aura des pièces orientées vers l’Europe Centrale, région où se construit l’Europe et qui n’est pas suffisamment connue.
Du 11 octobre au 02 novembre 2008 (9 représentations à Garnier)
Christiane Oelze, Martina Dike, Oleg Bryjak, Stefan Kocá, Franz Hawlata, Helene Schneiderman
Mise en scène Gilbert Deflo / Direction Jiří Bělohlávek
La fiancée vendue de Smetana qui connaît un grand succès en Allemagne n’a plus été jouée à Paris depuis 80 ans.
Du 04 mai au 18mai 2008 (6 représentations à Bastille)
Angela Denoke, Charles Workman, Vincent Le Texier, Wayne Tigges, David Kuebler, Karine Deshayes
Mise en scène Krzysztof Warlikowski / Direction Tomas Hanus
Du 17 janvier au 30 janvier 2009 (6 représentations à Bastille)
Eva-Maria Westbroek, Vladimir vaneev, Ludovit Ludha, Michael König
Mise en scène Martin Kušej / Direction Harmut Haenchen
Cette production du Nederlandse Opera d’Amsterdam vient à Paris en échange de la Production de La Juive.
Du 6 septembre au 11 septembre 2008 (6 représentations à Garnier)
Solistes du Théâtre du Bolchoï
Mise en scène Dmitri Tcherniakov / Direction Alexander Vedernikov
La discussion fût rude à propos de la mise en scène de Tcherniakov entre Gerard Mortier et la chanteuse Galina Vishnevskaya qui n’apprécie pas cette production si l’on en croit le New York Times.
Production du Théâtre du Bolchoï, Moscou.
Du 24 janvier au 8 février 2009 (7 représentations à Garnier)
Caroline Peters, Mireille Delunsch, Paul Gay, Yann Beuron, Victor von Halem, Hannah Esther Minutillo
Mise en scène Luc Bondy / Direction Sylvain Cambreling
C’est le 5ième opéra de Philippe Boesmans, d’après la pièce de Witold Gombrowicz
L’héroïne ne chante pas.
Du 18 juin au 02 juillet 2009 (7 représentations à Bastille)
Olga Pasichnyk, Mariusz Kwiecien, Eric Cutler, Stefan Margita
Mise en scène Krzysztof Warlikowski / Direction Kazushi Ono
C’est l’œuvre d’un Polonais qui aimait la France.
Très influencé par Claude Debussy, le thème de la confrontation Orient–Occident est évidemment actuel.
Le petit cadeau pour les amateurs d’Opéras Français
Du 28 février au 26 mars 2009 (10 représentations à Bastille)
Susan Graham, Rolando Villazon, Ludovic Tézier, Alain Vernhes
Mise en scène Jürgen Rose / Direction Kent Nagano
Production du Bayerische Staatsoper, Munich.
L’Opéra Napolitain
Du 13 juin au 21 juin 2009 (5 représentations à Garnier)
Orchestra Giovanile Luigi Cherubini
Mise en scène Cesare Lievi / Direction Riccardo Muti
Riccardo Muti est en train de redécouvrir des opéras napolitains qui existèrent juste avant Mozart.
C’est une coproduction avec les Festivals de Salzburg et de Ravenne.
Les autres reprises
Du 24 septembre au 02 novembre 2008 (15 représentations à Bastille)
Ekaterina Syurina, Stefano Secco, Juan Pons, Kristinn Sigmundsson
Mise en scène Jérôme Savary / Direction Daniel Oren
Du 30 octobre au 03 décembre 2008 (9 représentations à Bastille)
Waltraud Meier, Clifton Forbis, Franz-Josef Selig, Ekaterina Gubanova, Alexander Marco-Buhrmester
Mise en scène Peter Sellars / Direction Semyon Bychkov
C’est la production la plus chère de l’histoire de l' Opéra de Paris.
En moyenne une production coûte 400.000 euros. Partant sur 600.000 euros, Gerard Mortier eut un choc le jour où Bill Viola lui annonça une facture de 3 millions de dollars !
Ainsi la solution trouvée réside dans la vente de cette production à des musées (New York, Londres) qui permettra de la faire connaître à l’étranger.
Du 29 janvier au 04 mars 2009 (15 représentations à Bastille)
Liping Zhang, Helene Schneiderman, Carl Tanner, Frank Ferrari
Mise en scène Robert Wilson / Direction Vello Pähn
Du 27 février au 22 mars 2009 (9 représentations à Garnier)
Joyce DiDonato, Camilla Tilling, Paul Groves, Mireille Delunsch, David Kuebler
Mise en scène Luc Bondy / Direction Thomas Hengelbrock.
Du 19 avril au 23 mai 2009 (12 représentations à Bastille)
Deborah Voigt, Ramon Vargas, Franck Ferrari, Elena Manistina, Anna Christy
Mise en scène Gilbert Deflo / Direction Renato Palumbo
Du 20 mai au 5 juin 2009 (10 représentations à Bastille)
Adina Nitescu, Aleksandrs Antonenko, James Morris
Mise en scène Werner Schroeter/ Direction NN