Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra de Paris à New-York

Publié le 15 Juillet 2022

Mise à jour le 03 septembre 2022

L'article qui suit, initié en juillet 2016 et mis à jour chaque année, au début de l'été, après l'annonce des nouvelles saisons, propose de donner un aperçu du répertoire de quelques grandes maisons d'opéra, en les comparant non sur le nombre absolu de représentations, mais sur l'importance relative des œuvres où des compositeurs dans ces maisons.

Ces 7 maisons sont l'Opéra de Paris, la Monnaie de Bruxelles, le Bayerische Staatsoper de Munich, la Scala de Milan, le Royal Opera House Covent-Garden de Londres, l'Opéra de Vienne et le New-York Metropolitan Opera.

Elles sont choisies pour leur célébrité, mais également parce qu'elles mettent à disposition du grand public leurs archives.

Leur répertoire est donc analysé sur la période 1973 à nos jours, c'est à dire sur la période de renouveau initiée par Rolf Liebermann au début des années 1970.

Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra de Paris à New-York

Toutefois, les données disponibles sur l'Opéra de Munich ne couvrent pas le XXième siècle et débutent en 2001; les informations ne sont donc que partielles.

Ces maisons ayant présenté, chacune, entre 160 et 300 œuvres différentes sur cette période de 50 ans, nous nous limitons à afficher, ci-dessous, la liste des œuvres les plus jouées et qui couvrent 50% de la programmation. 

Plus la liste est longue (près de 50 œuvres à Bruxelles, mais seulement 20 à New-York), plus elle traduit une grande variété et une grande équité dans le choix des œuvres.

Par ailleurs, les annulations provoquées par la pandémie de covid-19 en 2020 et 2021 sont prises en compte à partir des informations qui ont pu être relevées.

Pour visualiser ce tableau en grande dimension, cliquez dessus.

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La Monnaie de Bruxelles

Avec seulement 80 représentations par an, le Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles est une maison où le répertoire y est le plus diversifié, des compositeurs  baroques aux compositeurs contemporains. L'un des signes de cette diversité est que les compositeurs italiens représentent moins d'un tiers de la programmation.

Elle est la seule qui place Wolfgang Amadé Mozart comme compositeur le plus joué devant Giuseppe Verdi, 'La Flûte Enchantée' et 'Cosi fan tutte' en tête. Mais la Monnaie fait honneur à 'Falstaff', l'ultime ouvrage du compositeur italien, situé dans les 15 premiers.

Puccini est 2 fois moins donné qu'ailleurs - 'Tosca' n'est que septième du classement -, et les répertoires véristes et belcantistes sont peu représentés.

Benjamin Britten (7ième compositeur de la maison!) est donc plus joué que Gaetano Donizetti, et, par ailleurs, Leos Janacek, Claudio Monteverdi et Igor Stravinsky le sont plus que n'importe quel compositeur français (même 'Les Contes d'Hoffmann' sont relativement peu montés). La Monnaie de Bruxelles est aussi le seul opéra au monde où les deux chefs-d'œuvre lyriques d'Alban Berg, 'Wozzeck' et 'Lulu', font parmi des 50 ouvrages les plus interprétés.

Le répertoire baroque, avec 'L'Orfeo', 'Le Couronnement de Poppée', 'Didon et Enée' et 'La Calisto' qui font eux aussi partie des 50 premiers titres représentés, trouve  ainsi dans cette salle un écrin idéal.

Et nulle autre maison n'accorde une telle place à 'Pelléas et Mélisande', œuvre dont le livret est de Maurice Maeterlinck, écrivain belge.

Une rareté, 'Cendrillon' de Massenet, est particulièrement bien mise en avant - alors que 'Manon' est étrangement absente - , et les œuvres du musicien belge Philippe Boesmans sont plus représentées que celles de Christoph Willibald Glück.

Il y a une petite surprise pour Rossini, dont le 'Turc en Italie' rivalise avec 'Le Barbier de Séville', car le compositeur italien est relativement moins joué que dans le reste du monde.

Enfin, 'Arabella', 'Les Vêpres siciliennes', 'Ernani', 'Andrea Chénier' et 'La Fille du régiment' restent absents du répertoire.

Plus de 310 œuvres ont été jouées sur cette scène depuis 1973.

 

La Scala de Milan

Même si aucune autre maison ne fait autant la part belle aux compositeurs italiens (soit 60% de la programmation) - Giuseppe Verdi, Giacomo Puccini et Gioacchino Rossini égalent ou dépassent Mozart - , peu savent que la Scala de Milan laisse une place importante aux œuvres rares ('Cherevichki' de Tchaikovski 'La Fiancée du Tsar' de Rimski-Korsakov, 'Donnerstag aus Licht' de Stockhausen …), malgré un rythme de programmation modeste (moins de 100 représentations par an).

La part du répertoire anglo-saxon (3,5%) est, par exemple, deux fois plus élevée qu'à Paris, Vienne ou Munich, et aussi importante qu'à New-York.

Benjamin Britten est donc le 8ième compositeur le plus joué, devant Vincenzo Bellini (I Puritani ne sont plus joués depuis plus de 50 ans), et aucune autre maison n'accorde 1% de ses représentations au 'Wozzeck' d'Alban Berg, néanmoins au détriment de 'Lulu'.

Et si la Scala n'est pas un Opéra qui encense Richard Strauss et Richard Wagner, le 'Fidelio' de Beethoven y jouit cependant d'une excellente popularité.

Enfin , Giuseppe Verdi est le compositeur phare - 24 de ses 28 opéras ont été interprétés au moins une fois depuis 1973 -, et, par conséquent, la Scala est le lieu idéal pour réentendre 'I Lombardi alla Prima Crociata' ou 'I Due Foscari'.

Ne manquent que 'Alzira' et 'Il Corsaro' (jamais joués), 'La Battaglia di Legnano' (joué de décembre 1961 à janvier 1962 uniquement) et 'Aroldo' (jamais joué).

Près de 270 œuvres ont été représentées sur cette scène depuis 1973.

Œuvres représentant 50% de la programmation à Bruxelles, Milan, Paris et Munich de 1973 à 2023

Œuvres représentant 50% de la programmation à Bruxelles, Milan, Paris et Munich de 1973 à 2023

L'Opéra National de Paris

Avec plus de 180 représentations d'opéras par an, la programmation de l'Opéra National de Paris est unique car elle est la seule, et c'est tout à fait naturel, à accorder près d'un quart de ses soirées lyriques au répertoire français.

'Carmen', 'Les Contes d'Hoffmann' et 'Faust' sont donc dans les quinze premiers, et 'Pelléas et Mélisande', 'Manon, 'Werther', 'La Damnation de Faust' et 'Samson et Dalila' sont fréquemment joués.

Ces deux dernières décennies auront également vu le triomphe de 'Platée' de Jean-Philippe Rameau dans la production de Laurent Pelly, le meilleur exemple du passage à la postérité d'une œuvre issue du répertoire de l'Académie Royale de Musique du XVIIIème siècle, ainsi que le retour des ouvrages de Glück ('Iphigénie en Tauride' et 'Orphée et Eurydice').

'Les Noces de Figaro' de Mozart, resté pendant 40 ans l'opéra le plus représenté grâce à Liebermann, est dorénavant rejoint par les scènes parisiennes et interstellaires de 'La Bohème'. Mais depuis la saison 2016/2017, c'est 'La Flûte enchantée' qui est l'opéra le plus interprété avec près de 250 représentations. 'Les Noces de Figaro' n'a cependant pas dit son dernier mot puisque l'œuvre bénéficie d'une nouvelle production par Netia Jones depuis 2021.

Et à l'instar de la Monnaie de Bruxelles,  la popularité de 'La Clémence de Titus'  et d''Idoménée' y est bien meilleure que dans les grandes maisons de répertoire.

Et bien que le baroque soit surtout l'apanage du Théâtre des Champs-Elysées, Georg Friedrich Haendel place 2 de ses ouvrages parmi les 50 premiers titres, 'Giulio Cesare' et 'Alcina' - ce qui est un fait rare pour une grande maison de répertoire -, et 'Ariodante' fait dorénavant partie des 100 premiers titres avec l'arrivée prochaine, en avril 2023, de la production de Robert Carsen.

Côté italiens, Puccini est contenu (moins de 10% du répertoire), sous l'effet du passage de Gerard Mortier à la direction de l'institution, mais, étrangement, 'La Traviata' de Verdi ne fait partie des dix premiers que depuis 2019, juste devant 'Rigoletto' qui est un ouvrage emblématique de l'histoire de l'Opéra de Paris depuis plus d'un siècle.

Par ailleurs, 'Don Carlo(s)' s'installe durablement comme le troisième opéra de Giuseppe Verdi le plus joué dans la maison où il fut créé dans sa version parisienne de 1867.

Leos Janacek est également un compositeur bien représenté, puisqu'il porte 2% du répertoire, ce qu'aucune autre maison, à part La Monnaie, ne lui concède, mais 'Jenufa' n'a jamais été joué en version originale à l'Opéra de Paris.

En revanche, quelques grands piliers des maisons de répertoire, 'Turandot', 'Aïda', 'I Pagliacci/Cavalleria Rusticana'  et 'Fidelio' sont plus modestement représentés, et 'Le Turc en Italie' n'est toujours pas programmé.

Belle reconnaissance pour 'Der Rosenkavalier' de Richard Strauss et 'Boris Godounov' de Modest Moussorgsky qui dure depuis un siècle.

Près de 230 œuvres sont jouées sur cette scène depuis 1973.

Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra de Paris à New-York

Le Bayerische Staatsoper de Munich

Avec 190 représentations par an, l'Opéra d'Etat de Munich est l'un des pilier des grandes maisons d'opéras.

Richard Wagner (9% du répertoire) y est autant représenté que Giacomo Puccini, le seul cas parmi les 7 maisons étudiées ici. 'Le Vaisseau Fantôme' est donc 14eme du classement et 'Lohengrin' n° 18.

Et ce sont naturellement les opéras de Mozart en langue allemande 'Die Zauberflöte' et 'Die Entführung aus dem Serail' qui occupent le haut de la programmation, même si l'on observe une baisse récente de ce second ouvrage à l'affiche.

Dans la même logique, 'Hansel und Gretel' d'Humperdinck est placé dans les 5 premiers, et 'Fidelio' , 'Die Fledermaus' et 'Ariane à Naxos' font très bonne figure.

Par ailleurs, l'Opéra de Munich a eu la particularité de jouer régulièrement deux références du bel canto romantique italien, 'Roberto Devereux' et 'Norma', par la seule présence indéfectible d'Edita Gruberova.

Giuseppe Verdi, compositeur italien le plus prolifique, reste encore et toujours le musicien le plus joué, bien que 'Simon Boccanegra' souffre le plus de la concurrence du répertoire allemand et que la 'Traviata' (n°1) et 'Un Ballo in Maschera' soient surreprésentés, mais Gioachino Rossini n'est plus que le 7ème compositeur de la maison.

Et Munich est un lieu qui défend bien le répertoire tchèque à travers 'La Fiancée vendue' (Smetana), 'Rusalka' (Dvorak), 'La petite renarde rusée' et 'Jenufa' (Janacek), bien que 'Katia Kabanova' n'ait pas encore trouvé la place que l'ouvrage mérite.

Quant au répertoire français, il ne trouve grâce qu'en 'Carmen', n°7, les deux opéras suivants, 'Werther' et 'Les Contes d'Hoffmann', se trouvant autour de la 50e position. Seul 'Dialogue des Carmélites', dans la production de Dmitri Tcherniakov, est particulièrement bien défendu en cette maison (plus joué que 'Faust' et 'Roméo et Juliette' de Gounod).

Œuvres représentant 50% de la programmation à Paris, Londres, Vienne et New-York de 1973 à 2023

Œuvres représentant 50% de la programmation à Paris, Londres, Vienne et New-York de 1973 à 2023

Le Royal Opera House Covent-Garden de Londres

Le Covent Garden est l'opéra dont la programmation s'approche le plus de celle du Metropolitan Opera de New-York : 21% pour Verdi, 16% pour Puccini, 11% pour Mozart, 7% pour Wagner.

C'est la seule maison à placer 4 œuvres de Puccini, dont 'Turandot', dans les 10 premiers, et à soutenir 'La Fanciulla del West' (n°34) au même niveau que la Scala de Milan. Par ailleurs, il s'agit probablement de la seule maison au monde capable de placer 'La Rondine' en 60eme position.

Mais Richard Strauss dépasse cependant Gioacchino Rossini car les deux gros tubes du compositeur italien, 'Le Barbier de Séville' et 'La Cenerentola', sont un peu mois joués que dans d'autres maisons, surtout que 'L'Italienne à Alger' est fortement négligé.

Peu d'originalité visible dans le grand répertoire - à l'exception de 'Gotterdammerung' et 'Die Meistersinger von Nuremberg' , opéra de Wagner les plus joués -, le ROH offre cependant près de 8% de ses représentations aux compositeurs britanniques, Benjamin Britten ('Peter Grimes', 'A Midsummer Night's Dream', 'Billy Budd', 'The Rape of Lucretia'), Michael Tippett ('Midsummer Marriage'), Thomas Adès ('The Tempest'), Harrison Birtwistle, George Benjamin, Mark-Anthony Turnage ('Anna Nicole'), et Irlandais, John Browne ('Babette's Feast').

Le Royal Opera House a joué plus d'une soixantaine d’œuvres sur un soir ou deux, mais moins de 200 œuvres ont été jouées sur 3 soirées ou plus ces cinquante dernières années.

 

L'Opéra de Vienne

L'Opéra de Vienne est un théâtre de répertoire qui joue 250 représentations d'opéras par an.
Giuseppe Verdi est à nouveau le compositeur le plus joué (17%), suivi par Wolfgang Amadé Mozart (13%), Giacomo Puccini et Richard Strauss (11% chacun), et Richard Wagner (9%), soit plus de 60% de la programmation centrée sur ces 5 seuls compositeurs.

La grande originalité est de placer 'Der Rosenkavalier' dans les 5 premiers, et de le rendre aussi populaire que 'La Bohème'.

'Salomé' et 'Fidelio' apparaissent également dans les 12 premiers, mais, à présent, moins de 25 ouvrages représentent plus de 50% des soirées.

Et comme il s'agit bien de la maison de Richard Strauss, tous ses opéras y sont plus joués qu'ailleurs, 'Ariane à Naxos' et 'Arabella' profitant le plus de ce privilège.

Assez étrangement, 'Cosi fan tutte' de Mozart n'a pas véritablement la faveur de la maison, et il est ainsi rejoint par 'Andrea Chénier' de Giordano, qui est l'exemple le plus remarquable d'œuvre vériste nettement mise en avant.

En revanche, la quasi absence de Gluck au répertoire, 12 représentations d''Iphigénie en Aulide', 9 d''Alceste', et 5 d''Armide' en 50 ans, est profondément étrange.

Moins de 170 œuvres ont été jouées sur cette scène depuis 1973, et, en moyenne, une seule œuvre rare est nouvellement montée chaque saison. L'arrivée de Bogdan Roščić à la direction de l'institution depuis 2020 devrait cependant fortement contribuer à la modification profonde du visage de l'institution, d'autant plus que son mandat vient d'être reconduit jusqu'en 2030.

Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra de Paris à New-York

Le New-York Metropolitan Opera

Disposant d'une salle unique de 3700 places et de 240 représentations par an, le Metropolitan Opera se concentre sur les piliers du répertoire, au point que 20 ouvrages seulement couvrent 50% de la programmation (Verdi et Puccini en tête).

Les compositeurs italiens dominent (53% du répertoire), parmi lesquels le diptyque 'I Pagliacci/Cavalleria Rusticana' est bien représenté, et Mozart tient encore 10% du répertoire.

Quelques grands absents se font remarquer, 'I Capuleti ei Montecchi' de Bellini, 'Saint-François d'Assise' de Messian, 'L'Amour des 3 oranges' de Prokofiev, 'La petite Renarde rusée' de Janacek, 'Alcina' de Haendel, Alceste' de Glück, 'L'Orfeo' et 'Le Couronnement de Poppée' de Monteverdi, 'Le Turc en Italie' de Rossini.

Mais 'Romeo et Juliette' de Charles Gounod est plus joué que 'Faust', et se situe dans les 30 premiers.

Par ailleurs, une part du grand répertoire de l'Opéra de Paris du XIXème siècle ('Samson et Dalida', 'Thais', 'Le Prophète', 'Le Siège de Corinthe', 'Esclarmonde') est mieux représentée qu'à Paris même.

Belle percée également pour 'Porgy & Bess', 'La Gioconda' et 'Ernani'.

Cependant, si près d'une cinquantaine d'ouvrages sont données à New-York mais pas à Paris - tels 'Ernani', 'Rodelinda', 'Rinaldo ou 'Stiffelio' -, à l'inverse, 105 œuvres lyriques sont uniquement jouées dans la capitale française.

Au total, 170 œuvres ont été représentées sur cette scène depuis 1973.

 

Conclusion

La comparaison des répertoires de ces sept maisons permet de dégager 50 ouvrages répartis en trois groupes :

Le premier comprend 11 incontournables qui sont  : Bohème (La), Tosca, Traviata (La), Zauberflöte (Die), Nozze di Figaro (Le), Don Giovanni, Carmen, Madama Butterfly, Barbiere di Siviglia (Il), Rigoletto, Cosi fan tutte.

Le second comprend 16 œuvres à dominante verdienne très fréquemment jouées : Aida, Rosenkavalier (Der), Ballo in maschera (Un), Turandot, Elisir d'amore (L'), Trovatore (Il), Don Carlo(s),Otello, Entführung aus dem Serail (Die), Lucia di Lammermoor, Contes d'Hoffmann (Les), Cenerentola (La), Salomé, Falstaff, Fidelio, Simon Boccanegra.

Le troisième comprend 23 ouvrages à dominante wagnérienne régulièrement programmés dans les maisons de répertoire : Fliegende Holländer (Der), Fledermaus (Die), Elektra, Eugène Onéguine, Macbeth, Lohengrin, Faust, Ariadne auf Naxos, Walküre (Die), Parsifal, Boris Godounov, Manon Lescaut, Tristan et Isolde, Werther, Nabucco, Wozzeck, Forza del destino (La), Manon, Pagliacci (Il)/Cavalleria Rusticana, Pelléas et Mélisande, Meistersinger von Nürnberg (Die), Idomeneo, Don Pasquale.

L'originalité d'une programmation se mesure alors à la capacité que peut avoir une institution à s'écarter de ce répertoire type, sachant que l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche et la France, les quatre terres natales des compositeurs les plus joués, privilégient les œuvres de leurs auteurs nationaux.

On remarque également que plus le nombre de représentations d'une maison d'opéra augmente et dépasse les 200 spectacles pas an, moins elle tend à diversifier son répertoire, ce qui est le grand paradoxe de cette étude.

L'Opéra National de Paris apparaît donc, jusqu'à présent, comme l'une des maisons qui recherche le meilleur équilibre entre répertoire solide et élargissement vers de œuvres moins connues, et il faut souhaiter que cela se poursuive.

Rédigé par David

Publié dans #Histoire de l'Opéra

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S
Merci pour cette instructive analyse. Ce qui serait maintenant intéressant ce serait de comparer l’évolution de la programmation par décennie 1983-92 / 1993-2002 / 2003-2022. Ceci permettrait de bien illustrer l’évolution des choix de ces maisons et de la popularité des compositeurs.
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D
Bonjour,<br /> <br /> Ce serait un peu fastidieux à faire et trop serré comme intervalles de temps, car le temps des maisons d'opéras est un temps long (certaines productions durent plus de 20 ans) et ce sont plutôt les changements de direction qui infléchissent la programmation.<br /> En revanche, la saison 2021-2022 a été marquée par l'arrivée de directeurs novateurs à Paris (Alexander Neef), Munich (Serge Dorny) et Vienne (Bogdan Roščić) au moment où ces instituions commençaient à recouvrer de la dure période covid.<br /> Il est fort probable que la conjonction entre ces changements de direction, la crise covid, et la nécessité de rajeunir le public dans un contexte budgétaire contraint va fortement influer la programmation dans les années qui viennent. J'ai donc initié un nouveau compteur à partir de 2021/2022 que j'estime être une saison de forte inflexion, mais il faudra au moins attendre 6 ans pour commencer à dessiner des tendances.<br /> <br /> Pour l'instant, il apparaît que Verdi et Puccini sont les valeurs refuges en cas de crise.<br /> <br /> David