Publié le 30 Décembre 2019

Eclipse annulaire de soleil du jeudi 26 décembre 2019 à Oman

Circonstances de l’éclipse annulaire de soleil

L’éclipse annulaire de soleil qui vient de traverser la région de Ad-Dākhilīyah est la première d’un doublet qui croise le Sultanat d’Oman en 6 mois, la seconde ayant lieu le dimanche 21 juin 2020.
Elle a débuté au lever du soleil sur le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats-Arabes Unis, puis quitté Oman avant de se diriger sur le sud de l’Inde, le nord du Sri-Lanka, la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, pour s’achever sur L’Île de Guam.

Le lever du soleil à 6h47 au dessus du désert omanais, le 26 décembre 2019

Le lever du soleil à 6h47 au dessus du désert omanais, le 26 décembre 2019

Présentation d’Oman

Fier de son identité, de sa simplicité, de son histoire millénaire, de sa religion Ibadite dominante, une branche de l’Islam  ouverte à toutes les religions et qui se refuse aux effusions de sang pour des questions de lignage, Oman est une terre de bédouins où les déserts couvrent 80 % de sa superficie – le plus beau étant celui des Wahiba Sands – et les montagnes, composées de la chaîne des Monts Hajar, au nord, et des Monts du Dhofar, au sud, s’élèvent sur 15 % du territoire.

Mascate, vue vers l'ouest depuis le quartier Al-Khuwair

Mascate, vue vers l'ouest depuis le quartier Al-Khuwair

Occupée par les Portugais au XVIe siècle, dont elle se libérera au milieu du XVIIe siècle avant de repousser les Iraniens un siècle après, la région d’Oman devint un Empire colonial qui s’étendit le long de la côte de l’Afrique de l’Est jusqu’à l’arrivée des Britanniques, dans la seconde partie du XIXe siècle, qui en firent un protectorat indépendant.

Le coup d’État de juillet 1970 porta alors au pouvoir le sultan Qabus bin Said Al Said qui transformera l’économie de son pays, ce qui l'amènera à la prospérité qu’il connaît aujourd’hui, tout en prônant la paix avec tous ses voisins, et tout en réfléchissant à un moyen d’arriver à la paix entre l’Autorité palestinienne et l’État israélien afin de favoriser la création d’un État palestinien.

Le parcours vers le point d'observation et le tracé de l'anté-ombre du 26 décembre 2019

Le parcours vers le point d'observation et le tracé de l'anté-ombre du 26 décembre 2019

La Capitale Mascate (Muscat)

La capitale du Sultanat s’étale sur près de 50 km au bord du Golfe d’Oman et tourne le dos aux montagnes qui abritent des canyons, des paysages spectaculaires, et une nature qui permettent de se ressourcer. Passionné de culture européenne, le Sultan a fait construire à Mascate un Opéra royal inauguré le 12 octobre 2011 avec Turandot, bâtiment tout en marbre de Carrare et de Turquie, et qui abrite à l'intérieur une superbe marqueterie en bois de Birmanie. Il se situe à quelques mètres de l’océan, sur le chemin du vieux Mascate.

L'Opéra Royal House Muscat

L'Opéra Royal House Muscat

Et c’est en partie avec ces mêmes matériaux que la Grande Mosquée du Sultan Qabus fut construite 10 ans plus tôt, plus à l’ouest de la ville, édifice immense où la grande salle de prière est dominée par un dôme et un luxueux luminaire en or et cristal Swarovski. Il est ouvert à tous les croyants du monde entier entre 8h et 11h du matin, avant d’être réservé le reste de la journée aux musulmans.

Le dôme de la Grande Mosquée du Sultan Qabus

Le dôme de la Grande Mosquée du Sultan Qabus

Route vers le point d’observation

Afin d’observer l’éclipse de Soleil au lever du jour, l’endroit le plus facile d’accès se situe le long de la route 31 qui relie le nord d’Oman à Salalah sur 700 km. Pour la rejoindre, une autoroute quitte Mascate vers le sud-ouest et s’enfonce dans le Jebel Nakhal pour rejoindre Nizwa après 2 heures de route.
Cette ancienne capitale d’Oman du VIe et VIIe siècle abrite un fort, une mosquée, un souk, gardés par une double porte toute récente.

Une mosquée proche du point d'observation

Une mosquée proche du point d'observation

En quittant cette ville, point de départ de nombre d’excursions, on rejoint vers le sud la ville d’Adam à partir de laquelle la route 31 débute son tracé à travers un désert totalement plat et ennuyeux.

Mais cette route à double voie et double sens ne dispose que de peu d’endroits pour faire demi-tour, et c’est donc au niveau d’un pont échangeur qui enjambe la route à 45 km d’Adam, que le point d’observation est choisi, d’autant plus qu’il faut près d’une heure et demi de route pour l’atteindre depuis Nizwa.

Une petite mosquée se présente à l’embranchement, érigée au milieu de nulle part.

Le poste d'observation dirigé vers l'horizon est-sud-est

Le poste d'observation dirigé vers l'horizon est-sud-est

Observation de l’éclipse

A 6h10 du matin, le soleil se trouve encore à 8° sous l’horizon. Quelques observateurs sont déjà disposés hors de la route, dans le sable poussiéreux, et l’atmosphère rougeoie à l’horizon en illuminant le bleu pur et tamisé du reste du ciel.
L’éclipse débute à 6h30, mais le soleil n’est toujours pas levé, et c’est à 6h47 que l’astre stellaire apparaît en partie écorné au dessus des brumes.

Lever du jour sur le désert omanais à 6h10, le 26 décembre 2019

Lever du jour sur le désert omanais à 6h10, le 26 décembre 2019

L’anté-ombre arrivant à plus de 16 000 km/h, il ne faudra que 50 mn pour que la Lune ne recouvre totalement le soleil en dessinant une corne qui s’affine petit à petit afin de former un anneau de lumière. L’évolution de cette corne qui s’amincit et qui fait se rejoindre ses deux extrémités en quelques minutes est le moment le plus magique du phénomène.

Les différentes phases de l'éclipse annulaire entre 6h55 et 7h45 du matin, le 26 décembre 2019

Les différentes phases de l'éclipse annulaire entre 6h55 et 7h45 du matin, le 26 décembre 2019

Mais comme le point d’observation n’est pas situé sur la ligne de centralité, l’anneau n’est pas parfaitement homogène, et l’annularité ne dure ici que deux minutes, entre 7h37 et 7h39, contre 3 minutes 40km plus loin, à seulement 10° au dessus de l’horizon. Des clameurs de joie montent du désert.

Un observateur dans le soleil levant

Un observateur dans le soleil levant

La baisse de luminosité et l’ambiance particulière de cette lumière argentée est sensible dans les 10 dernières minutes, mais le ciel ne bascule pas pour autant dans l’ombre, car 3 % du soleil perce encore, et aucune planète ou étoile n’est visible.
Puis, la lune quitte petit à petit le soleil jusqu’à 8h55 alors que les véhicules arrivés en cours de matinée pour se poster face au désert repartent doucement.

Les minutes autour de l'éclipse annulaire du 26 décembre 2019

Les minutes autour de l'éclipse annulaire du 26 décembre 2019

Après l’éclipse

De retour à Nizwa, la route monte au nord de la vieille ville pour rejoindre Bahla où une immense forteresse bâtie du XIIe siècle au XVe siècle, une des 4 forteresses situées au pied du Jebel al Akhdar (les montagnes vertes), est un véritable dédale de ruelles, de salles et d'escaliers qui en fait un lieu de découvertes aux mille points de vue sur sa structure comme sur ses paysages environnants.

Elle a servi de modèle à l’Opéra royal de Mascate, et est classée au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1987. A partir de puits creusés à 200 m sous terre, la population pouvait ainsi être autonome en eau en cas de siège.

La Forteresse de Bahla

La Forteresse de Bahla

Plus bas, à quelques kilomètres, le château de Jabreen domine une oasis, et comme il est isolé de la ville, sa vue sur le Jebel et sa palmeraie se savoure dans le quasi silence, mais sous un soleil frappant. Palais résidentiel construit par l’imam Bil-Arab bin Sultan en 1675, il fut une importante école d’astrologie, de médecine et de droit islamique.

La Forteresse de Bahla

La Forteresse de Bahla

La descente sur Mascate à travers le Jebel embelli par les couleurs du couchant se poursuit à l’allure pressée des automobilistes omanais, et l’accueil souriant et bienveillant des gens, qui fait le charme de cette échappée belle vers les montagnes, se mesure même lors du passage dans une station service. Le retour à la capitale permet de rallier ses grandes autoroutes qui la traversent de part en part.

Le Château de Jabreen

Le Château de Jabreen

La prochaine éclipse annulaire passera donc dans 6 mois sur la même région, le 21 juin 2020, et se situera plus haut dans le ciel, tout en étant plus sombre, à 99 %, et il faudra attendre le 03 septembre 2081 pour que les Omanais puissent observer une éclipse totale de soleil, celle qui justement sera passée sur Paris 1h 30 auparavant le même jour.

Le luminaire de la Grande Mosquée du Sultan Qabus

Le luminaire de la Grande Mosquée du Sultan Qabus

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Rédigé par David

Publié dans #Astres, #Eclipse

Publié le 14 Décembre 2019

Les Contes d’Hoffmann (Jacques Offenbach -  1881)
Représentation du 10 décembre 2019
Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles

Hoffmann Eric Cutler
Olympia/Antonia/Giulietta /Stelle Patricia Petibon
Nicklausse / la Muse Michèle Losier

Lindorf /Coppélius/Miracle/Dapertutto Gabor Bretz
La voix de la tombe Sylvie Brunet-Grupposo
Spalanzani / Nathanaël François Piolino
Luther / Crespel Sir Willard White

Frantz / Andrès / Cochenille / Pitichinaccio Loïc Félix
Schémil / Herrmann Yoann Dubruque
Wolfram Alejandro Fonte
Wilhelm Byoungjin Lee

Direction musicale Alain Altinoglu
Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2019)
Décors Małgorzata Szczęśniak
Chorégraphie Claude Bardouil
Lumière Felice Ross
Vidéographie Denis Guéguin

Nouvelle production                                                                         Patricia Petibon (Stella)

34 ans après sa dernière apparition à la Monnaie de Bruxelles, quand Sylvain Cambreling et Gilbert Deflo entreprirent de représenter Les Contes d’Hoffmann au Cirque Royal dans la toute nouvelle édition Oeser (1976) qui amplifiait le rôle important de la Muse – cette version est aussi à la base de la production que Gerard Mortier confia à Christoph Marthaler au Teatro Real de Madrid, et qui est dorénavant hébergée à l’opéra de Stuttgart -, l’unique opéra de Jacques Offenbach fait son retour à Bruxelles, sur les planches du Théâtre Royal, sous la direction musicale d’Alain Altinoglu et dans une nouvelle mise en scène de Krzysztof Warlikowski.

Sir Willard White (Crespel) et Patricia Petibon (Antonia)

Sir Willard White (Crespel) et Patricia Petibon (Antonia)

L’édition musicale retenue ce soir, celle de Michael Kaye (1992) et Jean-Christophe Keck (2003), est par ailleurs plus récente, ce qui induit, entre autres, des variations dans l’ouverture du chœur, des répliques supplémentaires à Nicklausse, et un grand air pour Giulietta, « L’amour lui dit : la belle ! ». Des coupures sont cependant réalisées, notamment à la fin de l’acte vénitien, mais les récitatifs écrits par Ernest Guiraud sont pour la plupart conservés.

Et le défi pour Patricia Petibon, qui avait déjà chanté le rôle d’Olympia dans la production d’Olivier Py, il y a une dizaine d’années, est d’incarner les quatre rôles féminins fantasmatiques qui hantent la mémoire d’Hoffmann, défi que peu d’artistes peuvent relever aujourd’hui.

Michèle Losier (La Muse)

Michèle Losier (La Muse)

Par effet de transposition, le poète romantique devient, dans cette nouvelle production, une figure moderne d’un chanteur/cinéaste qui souhaite traduire à l’écran ses idéaux féminins en faisant de Stella une actrice prête à tout pour réussir, une histoire qui a des similitudes avec « To Die for » de Gus Van Sant

Ainsi, pour l’ensemble des 3 actes flanqués de leur prologue et épilogue, la scénographie s’architecture autour d’une scène délimitée, à l’avant et à l’arrière, par les deux grands arceaux sculptés et dorés qui permettent de recréer une scène de théâtre dans le théâtre, décorée de petites loges montées en ses coins et assortie d’un parterre de fauteuils en arrière-plan afin d’accueillir le public joué par le chœur.

Au sol, la partie centrale et circulaire aux teintes dominantes rouges cerne l’espace de la représentation, et les scènes intimes se déroulent dans une pièce plus réduite, aux tonalités bleu-vert sombres, qui descend des cintres. Cette pièce, jonchée de papiers froissés trahissant les angoisses du manque d’inspiration, est d’ailleurs en place bien avant que le spectacle ne commence.

Sir Willard White (Luther)

Sir Willard White (Luther)

C’est alors tout un petit monde qui est animé avec un sens minutieux de l’action doublé d’un bariolage de couleurs clinquantes, et il est difficile de ne pas être accroché par ces trois danseuses en roses fluo qui ressuscitent le swing des Andrews Sisters. L’univers à rêves d’Hollywood et de ses désillusions, quand le clown abandonne ses jongleries, prend vie sous nos yeux.

Très vite, un premier personnage s’impose, Nicklausse. Michèle Losier, méconnaissable à travers la multitude de visages qu’elle prend, muse légèrement vêtue, puis brune élégante et masculine qui accompagne Hoffmann, se prête à un jeu qui la met merveilleusement en valeur, mélange de détachement et de finesse charmeuse, avec un timbre idéalement lié et continuellement harmonieux, une diction naturellement parfaite.

Eric Cutler (Hoffmann) et Michèle Losier (Nicklausse)

Eric Cutler (Hoffmann) et Michèle Losier (Nicklausse)

Et Eric Cutler, artiste que nous connaissons bien depuis Le Roi Roger, œuvre sur laquelle se refermèrent les cinq ans de programmation de Gerard Mortier à l’Opéra de Paris, et sa prise de rôle d’Hoffmann à Madrid, peu après la disparition du directeur gantois, est un grand gaillard enjoué, vigoureux et sensible à la fois, qui chante avec lyrisme même la chanson de Kleinzach. Musicalement sombre et pénétrant de clarté, ses talents d’acteur plein d’allant lui permettent de dessiner le portrait d’un homme vivant et optimiste dont les états d’âme ne prennent pas le dessus pour autant.

Mais il est vrai que tous les artistes de cette production révèlent une véritable capacité à faire vivre des personnages sous la direction de Krzysztof Warlikowski, et c’est sans doute cette crédibilité à être sur scène qui touche d'abord le public le plus jeune dont les visages en joie sont plaisants à lire.

Patricia Petitbon (Olympia) et Eric Cutler (Hoffmann)

Patricia Petitbon (Olympia) et Eric Cutler (Hoffmann)

Patricia Petibon est donc bien évidemment l’héroïne de ce scénario qui lui fait vivre des personnalités profondément différentes. Dans l’acte d’Olympia, où le modèle attend, sous un fin voile, que l’on viennent lui greffer des yeux qui raviront son inventeur entouré de femmes plus âgées, c’est le désir de jeunesse retrouvée et l’angoisse du passage du temps sur les traits du visage qui sont brillamment mis en lumière, surtout par la formidable liberté avec laquelle la chanteuse réinterprète sa mélodie.

Sa manière de magnifier ainsi les blocages de l’automate de façon tout à fait inédite en réécrivant les variations qui montrent, par ailleurs, les qualités de souplesse et les surprenants effets acoustiques de son timbre brillant, engendre ainsi un tel sentiment de beauté dans le burlesque artistique, parfaitement maîtrisé, que la surprenante lenteur du rythme imprimé à l’orchestre par Alain Altinoglu dans cette partie devient un atout tant l’on souhaite que cet instant ne s’arrête jamais. Une submersion émotionnelle tout à fait exceptionnelle !

François Piolino (Spalanzani) et Gabor Bretz (Coppélius)

François Piolino (Spalanzani) et Gabor Bretz (Coppélius)

La seconde histoire, celle d’Antonia, est tout autre puisqu’elle se déroule devant le décor de l’appartement d’Hoffmann et au chevet d’un miroir de maquillage, jeune femme protégée par son père et poussée par sa mère au désir de gloire.  Krzysztof Warlikowski en dépeint toutes les souffrances et le mal-être par les déséquilibres psychologiques qui se lisent dans ses relâchements du corps tout entier. C’est fort émouvant à voir, et cela rappelle surtout comment il avait décrit le sentiment de solitude et d’abandon d’Iphigénie en Tauride, au Palais Garnier.

En rapprochant ainsi par la mise en scène deux personnages issus de deux œuvres fort différentes, ce tableau montre comment le regard subjectif d’un metteur en scène peut faire prendre conscience du lien entre des œuvres littéraires, et, ici, le destin sacrificiel commun aux deux femmes devient plus saillant, toutes deux identifiées à des chanteuses-actrices dans ces révisions théâtrales.

Patricia Petibon (Antonia)

Patricia Petibon (Antonia)

Par ailleurs, dans ce tableau, le traitement des lumières est absolument fascinant, illuminant des recoins, assombrissant d’autres parties tout en leur communiquant une lumière diffuse, un travail d’une précision visuelle de toute beauté.

Mais cet acte est traité comme une pièce de théâtre qui s’achève sous les applaudissements de tous, y compris de la part d'Hoffmann, sauf qu’Antonia ne se relève pas immédiatement, révélant que c’était une femme réellement en souffrance, et que cette blessure intérieure se fondait avec son incarnation, à l’instar du chant de Patricia Petibon qui rejoignait la fragilité de l’artiste.

Patricia Petibon (Antonia)

Patricia Petibon (Antonia)

L’acte vénitien débute ensuite pas la tant attendue barcarolle où l’on découvre Michèle Losier et Patricia Petibon interprétant Nicklausse et Giulietta comme deux femmes sœurs jouant de subtils gestes caressants, d’une légèreté qui s’allie à la fluidité de la musique, totalement inséparables. Leurs voix se fondent trop bien au point de peu se différencier, et l’orchestre a tendance à dominer cette scène de son lyrisme agréablement glamour.

Impossible alors de ne pas penser à un autre couple féminin, celui de Lulu et la Comtesse Geschwitz, autre conséquence de ce faisceau de lumière particulier que projette Krzysztof Warlikowski, et de la connaissance que l’on peut avoir de son travail. Et il y a le regard terriblement jaloux de Nicklausse, un peu plus loin, lorsque Hoffmann tente de séduire la courtisane.

Dans cette partie, toutefois, la présence du metteur en scène devient fort prégnante lorsque la vidéographie loufoque montre Giulietta tournant des films licencieux dans les loges du théâtre, autre mise en scène décapante de l’arrivisme sans limite, effet qui est de plus accentué par la coupure de toute la fin de cet acte qui s’achève sur la perte du reflet d’Hoffmann, peu après le meurtre réaliste de Schlémil.

Patricia Petibon (Giulietta) et Michèle Losier (Nicklausse)

Patricia Petibon (Giulietta) et Michèle Losier (Nicklausse)

Et l’épilogue se joue finalement comme lors d’une remise de récompenses aux Oscars d’Hollywood dont Stella serait la star, interprète principale de ces histoires, mais dont le texte arrangé raille cette gloire d’un soir seulement. Et peut-être qu’au deuxième acte a t’elle joué, sans le savoir, sa propre destinée. Hoffmann voit cependant son idole fabriquée tristement lui échapper, et il s’effondre avec elle.

Claude Bardouil, François Piolino, Krzysztof Warlikowski, Sylvie Brunet-Grupposo et Małgorzata Szczęśniak

Claude Bardouil, François Piolino, Krzysztof Warlikowski, Sylvie Brunet-Grupposo et Małgorzata Szczęśniak

A travers cet univers cinématographique qui part de l’image stylisée de l’actrice de cinéma, l’imprègne de poésie, avant de la faire basculer dans le vulgaire, un autre homme, qui prend autant de visages de méchants différents, Lindorf, Coppélius, Miracle, Dapertutto, sous les traits méticuleusement reconstitués de Dracula ou autre Joker, est porté tout au long de la soirée par Gabor Bretz, baryton impeccable de précision vocale et d’homogénéité de timbre, dont la fermeté claire n’en fait pas pour autant un esprit d’une obscurité diabolique, mais plutôt un fin manipulateur.

Willard White, lui, distille une noirceur embrumée charismatique agréablement soutenue par la franche netteté avec laquelle il cisèle son texte français au second acte, dans le rôle du père d’Antonia, et renvoie constamment l’image d’une humanité bienveillante.

Et dans une interprétation qui la transforme en femme à poigne, Sylvie Brunet-Grupposo surdimensionne la voix de la mère qui devient un véritable être de chair puissant.

Sylvie Brunet-Grupposo, Felice Ross, Eric Cutler, Małgorzata Szczęśniak, Denis Guéguin, Alain Altinoglu, Patricia Petibon, Krzysztof Warlikowski et Michèle Losier

Sylvie Brunet-Grupposo, Felice Ross, Eric Cutler, Małgorzata Szczęśniak, Denis Guéguin, Alain Altinoglu, Patricia Petibon, Krzysztof Warlikowski et Michèle Losier

Tous les autres rôles secondaires bénéficient autant du naturel de leur jeu théâtral que de leurs particularités vocales, François Piolino, si éloquent et immédiat dans ses accroches vocales, ou bien Loïc Félix par ses brillances dans les tonalités ocres, et la direction musicale d’Alain Altinoglu développe au fur et à mesure le pétillant des timbres instrumentaux, la clarté des mélodies, l’emphase avec la vie sur scène, l’orchestre de la Monnaie devenant un véritable être vivant et chantant.

Quant au chœur, surtout utilisé comme observateur de groupe, sa finesse atteint son paroxysme quand s’élève des coulisses un murmure évanescent sublime d’immatérialité.

Et ces Contes d’Hoffmann confirment à quel point le Théâtre Royal de la Monnaie vit aussi une véritable histoire d’amour entre son directeur musical et ses musiciens, dans tous les répertoires qu’ils appréhendent, ce qui profite à l’unité de ces ouvrages.

Une seconde distribution est également prévue avec Enea Scala et Nicole Chevalier, mais chanceux seront ceux qui pourront rejoindre à nouveau ce théâtre depuis Paris.

Et pour revoir le spectacle sur internet, Concert Arte laisse en accès libre pendant 1 an l'enregistrement filmé de la représentation du 20 décembre 2019, jusqu'au 19 juin 2020.

Voir ici.

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Publié le 8 Décembre 2019

Si Alexandre Borodine débuta la composition de Prince Igor en 1869 au moment où Modest Moussorgski achevait sa première version de Boris Godounov, il y travailla pendant 18 ans jusqu’à sa mort, si bien que ce furent deux de ses amis musiciens, Nikolaï Rimski-Korsakov et  Alexandre Glazounov qui en achevèrent la composition et l’orchestration dès 1885, le sentiment artistique de complétude étant fort prégnant à Saint-Petersbourg. 

En 1888, le mécène Saint-Pétersbourgois, Mitrofan Belaïev, édita la partition, et l’œuvre fut créée le 23 octobre 1890 avec un immense succès, sa musique se référant à la culture russe tout en exaltant les sentiments patriotiques si sensibles en cette fin de XIXe siècle.

Puis, dans les années 1940, le musicologue Pavel Lamm rassembla de nombreux manuscrits qui révélèrent que de nombreux passages avaient été supprimés par Nikolaï Rimski-Korsakov et  Alexandre Glazounov. Mais il ne furent révélés qu'en 1983, ce qui permit à Valery Gergiev d’enregistrer une version plus complète sous le label Philips, début 1995, en confiant l’orchestration des nouveaux passages à Yuri Falik

Ildar Abdrazakov (Prince Igor) et Oksana Dyka (Iaroslavna) - ms Tcherniakov (Amsterdam, 2017)

Ildar Abdrazakov (Prince Igor) et Oksana Dyka (Iaroslavna) - ms Tcherniakov (Amsterdam, 2017)

Plus tard, au printemps 2014, le metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov et le chef d’orchestre Gianandrea Noseda réarrangèrent la partition et les différents actes afin de créer une nouvelle production au New-York Metropolitan Opera qui fut reprise en 2017 à Amsterdam. La dramaturgie repensée donnait une force exceptionnelle à cette production qui, à sa manière, comblait les lacunes d’une action qui avait toujours peiné à convaincre.

Cette version comprenait également le second monologue d’Igor, absent de l’édition Belaïev, qui avait été réorchestré par Yuri Falik, dans une nouvelle orchestration du chef d’orchestre Pavel Smelkov, réalisée au cours la saison 2013/2014 du théâtre Mariinsky.

Ildar Abdrazakov (Prince Igor) et Elena Stikhina (Iaroslavna) - ms Kosky (Paris, 2019)

Ildar Abdrazakov (Prince Igor) et Elena Stikhina (Iaroslavna) - ms Kosky (Paris, 2019)

Enfin, à l’occasion de l’entrée du Prince Igor au répertoire de l’Opéra de Paris, le 28 novembre 2019, l’article qui suit propose de comparer, sans prétendre à une quelconque exhaustivité, la version de Dmitri Tcherniakov et la version jouée à Paris sous la direction de Philippe Jordan en se référant à l’édition Belaïev (mise à jour en 1923) et aux travaux de Pavel Lamm.

Le graphique qui suit représente de manière synthétique le découpage en tableaux de ces deux versions modernes par rapport à l’édition de référence.

Le fond en diverses nuances d’orange (orange clair à orange foncé, afin de faciliter l’identification des différents tableaux) désigne les passages dont la partition est de Borodine (en version piano ou orchestrée), tandis que les passages en vert ou bleu désignent tous les autres passages composés par Glazounov, ou bien qui ne proviennent pas de Prince Igor.

Comparaison de l'architecture des versions de Prince Igor (Alexandre Borodine) de l’Opéra de Paris (Jordan/Kosky) et du MET (Noseda/Tcherniakov)
Comparaison de l'architecture des versions de Prince Igor (Alexandre Borodine) de l’Opéra de Paris (Jordan/Kosky) et du MET (Noseda/Tcherniakov)
Comparaison de l'architecture des versions de Prince Igor (Alexandre Borodine) de l’Opéra de Paris (Jordan/Kosky) et du MET (Noseda/Tcherniakov)
Comparaison de l'architecture des versions de Prince Igor (Alexandre Borodine) de l’Opéra de Paris (Jordan/Kosky) et du MET (Noseda/Tcherniakov)
Comparaison de l'architecture des versions de Prince Igor (Alexandre Borodine) de l’Opéra de Paris (Jordan/Kosky) et du MET (Noseda/Tcherniakov)
Comparaison de l'architecture des versions de Prince Igor (Alexandre Borodine) de l’Opéra de Paris (Jordan/Kosky) et du MET (Noseda/Tcherniakov)

Ainsi, la version de l’Opéra de Paris (2019), largement fidèle à la version Belaïev, est architecturée selon les tableaux suivants :

- Le prologue sur la grande place de Poutilv, orchestré par Borodine et Rimski-Korsakov

- L’acte I à la cour du Prince Galitski et dans la chambre de Iaroslavna, orchestré par Borodine et Rimski-Korsakov, en incluant un court monologue composé par Glazounov, mais sans ajouter les passages retrouvés par Pavel Lamm (extension du chant des Boyards et intervention de Galitski pour se faire élire Prince).

- L’acte II au camp Polovtsien, orchestré par Borodine et Rimski-Korsakov, avec le duo d’amour entre Kontchakovna et Vladimir, le premier monologue d’Igor et les danses polovtsiennes.

- L’ouverture, qui est jouée à la place du troisième acte au camp Polovtsien, la musique de celui-ci étant majoritairement de Glazounov. Cette ouverture est aussi une composition de Glazounov, mais sur transcription plus ou moins fidèle de ce que voulait Borodine qui l’avait joué au piano à plusieurs reprises.

- L’acte IV (devenu acte III) sous les remparts de Poutivl, orchestré par Borodine et Rimski-Korsakov, où est inséré, juste après les lamentations de Iaroslavna et le chant des paysans, le second monologue d’Igor provenant de l’acte III, composé par Borodine, mais dans l’orchestration récente de Pavel Smelkov.

Durée totale de la version de l’Opéra de Paris (2019) : 3h10

Lire le compte-rendu de la représentation du 28 novembre 2019 : Prince Igor (Abdrazakov-Stikhina-Rachvelishvili-Černoch-Ulyanov-Kosky-Jordan) Bastille

 

En revanche, la version de Dmitri Tcherniakov (2014) est profondément remaniée par rapport à l’original, modifiant sensiblement la dramaturgie. Elle ne comprend pas l’ouverture, et s’organise ainsi :

- Le prologue sur la grande place de Poutilv, orchestré par Borodine et Rimski-Korsakov

- L’acte II au camp Polovtsien, joué avant l’acte I, ce qui permet de faire intervenir Galitski bien plus tard.

- L’acte I, qui commence par le second tableau dans la chambre de Iaroslavna, puis se poursuit par le premier tableau chez Galitski, et s’achève par la fin du second tableau avec l’arrivée des Boyards et la chute de la ville où périt Galitski. L’intervention de  Galitski pour se faire élire Prince est ici restituée.

Comme à Paris, l’acte III est supprimé.

- L’acte IV, qui commence par les lamentations de Iaroslavna et le chant des paysans, se poursuit directement par la dernière scène de l’acte III, ce qui permet de faire revenir Kontchakovna et Vladimir. Nouvelle inversion, ensuite, avec les chansons des joueurs, qui précédent les retrouvailles d’Igor et sa femme, avec quelques coupures, puis le second monologue d’Igor de l’acte III, ajouté cette fois après les retrouvailles, également dans l’orchestration de Pavel Smelkov.

La reprise du chœur final est alors conclue par l’ajout d’un magnifique mouvement orchestral " La crue du Don", composé par Borodine pour le ballet inachevé Mlada, en 1872.

Durée totale de la version du MET (2014) : 3h00

Lire le compte-rendu de la représentation du 17 février 2017 à Amsterdam : Prince Igor (Abdrazakov-Dyka-Ulyanov-Kochanovsky-Tcherniakov) Amsterdam

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Publié le 2 Décembre 2019

Prince Igor (Alexandre Borodine – 1890)
Editions Belaieff (1923) - Orchestration du second Monologue d’Igor de Pavel Smelkov

Représentations du 28 novembre et du 01 décembre 2019
Opéra Bastille

Prince Igor Ildar Abdrazakov
Iaroslavna Elena Stikhina
Vladimir Pavel Černoch
Prince Galitski Dmitry Ulyanov
Kontchak Dimitry Ivashchenko
Kontchakovna Anita Rachvelishvili
Skoula Adam Palka
Ierochka Andrei Popov
Ovlour Vasily Efimov
La Nourrice Marina Haller
Une Jeune Polovtsienne Irina Kopylova

Direction musicale Philippe Jordan
Mise en scène Barrie Kosky (2019)
Chorégraphie Otto Pichler

Nouvelle production et entrée au répertoire de l’Opéra National de Paris                                                                       Elena Stikhina (Iaroslavna)

Inspiré probablement des évènements décrits dans le poème médiéval Le Dit de la campagne d’Igor, Prince Igor relate la lutte entre les jeunes états russes chrétiens et les tribus eurasiennes de Coumans (les Polovtsiens – en russe Les couleurs fauves) qui percèrent en Europe jusqu’au Royaume de Hongrie au XIIe siècle, avant l’arrivée des Mongols.

Ildar Abdrazakov (Prince Igor)

Ildar Abdrazakov (Prince Igor)

La musique est une des plus somptueuses du répertoire russe.

A sa mort, en 1887, Borodine laissa pourtant une partition restée inachevée, composée et remaniée régulièrement pendant 18 ans, que deux musiciens russes, Rimski-Korsakov et le jeune Glazounov, complétèrent dès 1885, le premier en orchestrant une large partie de la partition écrite uniquement pour le piano par Borodine, et le second en composant d’autres passages, dont l’ouverture et le troisième acte, à partir des souhaits qu’il connaissait de la part du compositeur.

Ildar Abdrazakov (Prince Igor) et Elena Stikhina (Iaroslavna)

Ildar Abdrazakov (Prince Igor) et Elena Stikhina (Iaroslavna)

La création eut lieu à Moscou en 1890, mais l’Opéra de Paris n’accueillit que fin 1969, il y a tout juste cinquante ans, une production en provenance du Théâtre du Bolshoi qui fut représentée durant 7 soirs uniquement.

Puis, en 1983, les travaux du musicologue Pavel Lamm, réalisés dans les années 1940, furent publiés. Ils révélèrent que Rimski-Korsakov et Glazounov avaient supprimé un cinquième de la partition.

Ainsi, dix ans plus tard, Valery Gergiev interpréta une version quasi-intégrale parue en CD début 1995 chez Philips, en confiant l’orchestration des nouveaux morceaux écrits par Borodine au compositeur et chef d’orchestre Yuri Falik.

Pavel Černoch (Vladimir)

Pavel Černoch (Vladimir)

C’est donc une entrée au répertoire de l’Opéra de Paris pour l’unique opéra de ce compositeur qui fit passer sa carrière de chimiste, son véritable métier, au premier plan tout au long de sa vie.

Dans la version jouée à l’opéra Bastille, l'ensemble de la musique est de Borodine, hormis l'ouverture qui fut composée et orchestrée de mémoire par Glazounov après avoir entendu le compositeur l’interpréter au piano.

Le troisième acte est par conséquent exclu, étant une composition de Glazounov sur la base d'esquisses et de thèmes de Borodine, mais les nouveaux passages orchestrés par Yuri Falik ne sont pas réintégrés non plus, excepté le monologue d'Igor au camp polovtsien issu de ce même acte, joué toutefois dans une orchestration récente de Pavel Smelkov datant de la saison 2013/2014 du Théâtre Mariinsky.

Au total, si un quart de la musique entendue ce soir est instrumentée par Borodine, les 3/4 restants sont principalement orchestrés par Rimski-Korsakov.

Andrei Popov (Ierochka) et Adam Palka (Skoula)

Andrei Popov (Ierochka) et Adam Palka (Skoula)

La représentation commence directement par le prologue, et expose à la vue du public l’intérieur du dôme galbé et doré d’une cathédrale orthodoxe enveloppée de noir où se dissimule le chœur, à la fois peuple et boyards, chantant avec un aplomb intensément exaltant.

Igor est habillé en treillis moderne, surplombé par une croix lumineuse catholique, afin de créer une image symbolique de l’alliance entre pouvoir militaire et pouvoir religieux qui soit plus générale.

Elena Stikhina (Iaroslavna)

Elena Stikhina (Iaroslavna)

Et au mauvais présage de l’éclipse est substituée une hallucination où le Prince croit voir son corps se recouvrir de sang, prémonition qui se révélera tout à fait juste par la suite.

Ildar Abdrazakov, assis sur son trône, est d’emblée d’une impressionnante noirceur autoritaire qui a du corps, et l’arrivé touchante d’Elena Stikhina présente une Iaroslavana fragile au charisme séduisant, à l’image du prince, et une sensualité de timbre qui soutient également de splendides aigus éclatants.

Pavel Černoch, en Vladimir Igorevitch , le fils du Prince, participe à cette scène de concert avec le chœur.

Pour son premier opéra russe, Philippe Jordan dévoile progressivement un grand sens de l’emphase dans la partie chorale, et un délicieux talent à faire émaner de la musique une clarté où s’adoucissent les sonorités des vents.

Adam Palka (Skoula) et Dmitry Ulyanov (Prince Galitski)

Adam Palka (Skoula) et Dmitry Ulyanov (Prince Galitski)

On quitte cependant ce tableau fort consensuel pour entrer dans le premier acte à la cour du prince Vladimir Galitski, qui est transposée dans une grande villa privée de nouveaux riches où des militaires invités se livrent à une immense beuverie qui dégénère autour d’une piscine. Des danseurs sont mêlés au chœur afin de mener cette séquence de façon la plus débridée possible avec la complicité de Philippe Jordan qui tonifie brillamment l’orchestre afin d’entraîner les mouvements de toute la scène.

Dmitry Ulyanov est excellent dans ce rôle d’enfant gâté en costume branché qui se prend pour un chef de bande, et incarne entièrement la vulgarité de son personnage tout en la soutenant par une incisivité de chant aux accents sensiblement ironiques.

Dmitry Ulyanov (Prince Galitski) et Elena Stikhina (Iaroslavna)

Dmitry Ulyanov (Prince Galitski) et Elena Stikhina (Iaroslavna)

C’est alors qu'intervient le premier grand air de Iaroslavna, le premier grand moment de sensibilité de la soirée, quand Elena Stikhina sort de sa véranda, joliment tapissée d’arbres, pour déplorer de sa voix attendrissante et dramatique, mélange de noirceur subtile et de vibrations émouvantes, l’absence d’Igor.

Sa confrontation avec Dmitry Ulyanov est jouée avec un grand réalisme, une véritable dispute entre frère et sœur, et Barrie Kosky transforme les jeunes filles terrorisées en religieuses afin de montrer la totalement dissociation entre la mentalité du clan Galitski et les valeurs spirituelles auxquelles se rattache Iaroslavna. De cet acte, formidable d’énergie malgré l’esprit malsain qui y règne, ressort surtout une volonté d’insister sur l’emprise du monde masculin aux dépens des femmes.

Pavel Černoch (Vladimir) et Anita Rachvelishvili (Kontchakovna)

Pavel Černoch (Vladimir) et Anita Rachvelishvili (Kontchakovna)

Mais le metteur en scène ne fait aucune différence entre la populace qui entoure le prétendant au trône de Poutivl et les boyards qui viennent annoncer à Iaroslavna la défaite des troupes russes face aux Polovtsiens. Ce sont pour lui les mêmes groupes violents assujettis à un leader, et l’on comprend alors moins bien que Iaroslavna les accueillent avec intérêt.

Musicalement, le chœur des boyards, sombre et obsédant, est chanté sans le complément orchestré par Yuri Falik qui annonçait l’avancée des troupes eurasiennes sur la ville, et qui montrait aussi la précipitation de Vladimir Galitski à vouloir se faire élire prince.

Ildar Abdrazakov (Prince Igor)

Ildar Abdrazakov (Prince Igor)

L’arrivée de l’ennemi est alors rendue spectaculairement par le surgissement d’un homme ensanglanté faisant tournoyer une tête de cheval sous des coups de feu dont l’un, provenant de la princesse, le tuera instantanément.

Cette dernière scène horrible nous fait quitter un tableau totalement dépravé et haut-en-couleur pour basculer dans le camp ténébreux du Khan Gzak, une prison dure où les éclats de sang étalés sur les murs défraîchis racontent les tortures qui s’y déroulent. Loin d’évoquer les steppes sauvages, cette scène pourrait être le parfait décor pour le deuxième acte de Fidelio, mais c’est d’abord la voix adolescente et enjôleuse d’Irina Kopylova qui embaume pour un temps les souffrances de Vladimir Igorevitch.

Prince Igor (Abdrazakov-Stikhina-Rachvelishvili-Černoch-Ulyanov-Kosky-Jordan) Bastille

Pavel Černoch, un excellent acteur, toujours expressif, chante et joue sans réserve les écorchures de son être à travers un timbre riche de slavité dans le médium, sans toutefois arriver à se libérer dans les aigus.

A vrai dire, la présence d’Anita Rachvelishvili, une somptueuse Kontchakovna dont l’ampleur phénoménale est intensifiée par la structure fermée du décor, submerge le duo d’amour, les graves s’amplifient langoureusement, si bien que les spectateurs sont littéralement englobés par ce flot vocal hors-norme chargé de puissance érotique irrésistible.

Après les mélanges de vert-gris du premier acte, les danses des gardes et des prisonnières prennent ici une teinte bleu-gris et chair, les hommes étant torses nus, et la chorégraphie athlétique montre à nouveau les femmes encerclées et harcelées par les hommes. Barrie Kosky développe ainsi un des fils conducteurs de sa narration.

Elena Stikhina (Iaroslavna)

Elena Stikhina (Iaroslavna)

La scène entre Igor et Kontchak, précédée du premier monologue du prince où l'orchestre gagne une dimension immersive saisissante, prend par la suite une tournure sadique où les gestes blessants du vainqueur, véritable tortionnaire, contredisent systématiquement ses propos nobles, l’ensemble étant traité au second degré. Ildar Abdrazakov est cette fois mis au premier plan, impressionnant par sa manière d’incarner une bête blessée enténébrée, d’autant plus que Dimitry Ivashchenko est bien neutre dans sa façon de chanter.

Les danses Polovtsiennes prennent tout leur sens de façon imparable en faisant intervenir des danseurs de la mort revêtus de squelettes multicolores, suivis de masques païens macabres et loufoques dont les pas sont transcendés par la formidable véhémence, splendidement rutilante, de l’orchestre et des chœurs, qui sont eux-mêmes entraînés par un Philippe Jordan survolté par le rythme et le courant qu’il induit sur scène.

Ildar Abdrazakov (Prince Igor)

Ildar Abdrazakov (Prince Igor)

Cette fin grandiose, ovationnée par une salle qui a accumulé un enthousiasme follement euphorisant, est prolongée par l’ouverture qui tient lieu de troisième acte – c’est dans cet acte que l’on aurait pu entendre Igor prendre conscience du danger pour la Russie et de la nécessité de s’échapper.

Philippe Jordan déploie à merveille la limpidité des cordes, la grâce orientalisante des solo d’instruments et les volumes généreux des nappes ondoyantes, ce qui procure une ample respiration avant de mettre en scène la désolation absolue.

José luis Basso, le chef des choeurs

José luis Basso, le chef des choeurs

La scène s’ouvre ainsi sur une portion d’autoroute filant de l’arrière vers la salle, surmontée d’un fin nuage de brume fantomatique qui semble descendre vers l’orchestre jusqu’aux premiers rangs.

Elena Stikhina surgit de cette immense voie grisâtre au son des voix angéliques du chœur, et interprète dans une totale simplicité la désespérance de Iaroslavna, son second grand air orchestré cette fois par Borodine. Son apparition est à nouveau chargée d’une émotion tendre, et elle démontre une magnifique capacité à faire agréablement vibrer la fraîcheur de sa tessiture aiguë.

Anita Rachvelishvili

Anita Rachvelishvili

Puis, elle laisse place au tableau suivant sensé se dérouler un peu plus en aval de la route, où se trouve Igor. Placé à cet endroit là, le second monologue, seul rescapé du IIIe acte puisqu’il fut composé par Borodine et réintroduit dans l’œuvre par l’orchestration de Pavel Smelkov, fonctionne assez bien car il devient un écho à la désespérance de Iaroslavna.

Le duo de reconnaissance prend ainsi une tonalité pathétique bien différente des langueurs entre Kontchakovna et Vladimir entendues au deuxième acte.

Mais au dernier moment, ce n’est pas un Igor triomphant salué par la population en exil qui est mis en scène, mais une parodie de leader grotesque qui raille la capacité des peuples à être fascinés par des chefs qui flattent leurs bassesses.

Anita Rachvelishvili, Elena Stikhina, Philippe Jordan, José luis Basso et Ildar Abdrazakov

Anita Rachvelishvili, Elena Stikhina, Philippe Jordan, José luis Basso et Ildar Abdrazakov

Parmi les seconds rôles, Barrie Kosky met aussi au premier plan à chaque acte Adam Palka (Skoula) et Andrei Popov (Ierochka), tous deux vivement expressifs, ainsi que Vasily Efimov (Ovlour) qui fait entendre avec plaisir sa voix d’innocent éloquente.

Cette version parcourue de mille couleurs dans les assortiments de costumes, dure par les réalités auxquelles elle se réfère, centrée sur la folie du peuple, et fortement dynamisée à la fois par la direction scénique et l’élan musical, dépouille tous les leaders de leur noblesse, relie oppression masculine des femmes et aveuglement des masses pour en tirer comme conséquence un exode inéluctable.

Barrie Kosky et Philippe Jordan

Barrie Kosky et Philippe Jordan

Si le propos est accueilli de façon explosive lors de la première, il le doit autant à son parti-pris que par le concours sensationnel de tous les artistes à une interprétation d’une très grande force.

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Publié le 1 Décembre 2019

TV-Web Décembre 2019 - Lyrique et Musique

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Requiem de Mozart, Yoann Bourgeois (La Seine musicale) jusqu'au 29 juin 2020

Turandot (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 29 juin 2020

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique