Publié le 29 Août 2007

Genèse de l’œuvre

A partir de 1844, la pression du public va beaucoup compter dans la frénésie créatrice de Verdi. Il s'apprête en effet à composer 10 opéras en 5 ans !

C’est donc en 7 mois que le livret de « I due Foscari » est mis en musique.
Francesco Maria Piave part d’une pièce de Lord Byron. Ce poète britannique, connu pour peindre des héros rebelles, mourut au milieu des insurgés grecs qui luttaient pour se libérer du joug turc en 1822.

En 1812, la publication de « Childe Harold » lui valut une gloire internationale, car à travers ce héros mélancolique c’est tout le spleen d’une époque qui s’y exprimait ainsi. Verdi lui-même eut tendance à se complaire excessivement dans ce malaise en qualifiant les années qui suivirent d’«années de galères » (mais financièrement fort juteuses !).

La première de « I due Foscari » a donc lieu le 3 novembre 1844 à Rome. C’est surtout Verdi lui-même qui est alors ovationné, car ni les chanteurs, ni la dramaturgie de l’œuvre n’ont de quoi enthousiasmer.

 

I due Foscari

Au XVième siècle, les villes d’Italie et les états de l’Église n’arrivent pas à s’entendre.
Venise domine commercialement Gênes, et Florence, principauté des Médicis, reste limitée par Milan au nord et par les États pontificaux au Sud.

Le principe de la république vénitienne est d’avoir un nombre réduit de membres au gouvernement de manière à pouvoir les contrôler. A cette époque, Venise est le pivot commercial de l’Europe, et les riches familles patriciennes sont décidées à ne jamais laisser un seul homme les gouverner afin de garantir leurs intérêts financiers.

En 1310, suite à un coup d’état, le conseil des Dix est créé temporairement. Sorte de police d’État secrète, il est institutionnalisé en 1334 et déjoue un complot mené en 1335 par le Doge lui-même qui voulait se faire proclamer Prince de Venise.

L’argument se situe à Venise en 1457 : Jacopo Foscari revient à Venise pour se disculper du meurtre dont on l’accuse. Son Père, le Doge Francesco Foscari, ne peut influer sur le conseil des Dix, d’autant plus qu’un des membres, Loredano, en veut à sa famille (soupçonnée d’avoir fait disparaître son père).
Le vrai meurtrier va se confesser trop tard, et le vieux doge, attaqué sur son âge, s’effondre lors de l’élection de son successeur.

Francesco Foscari est la première grande figure de Père et de Souverain créée par Verdi, et annonce les grands personnages de Philippe II et Simon Boccanegra qu'imaginera plus tard le compositeur dans sa période de maturité.

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Rédigé par David

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Publié le 26 Août 2007

Visions de l’Ouest – Photographies de l’exploration américaine, 1860-1880.

Du 10 juillet au 31 octobre 2007 (Giverny).
 
Pour qui est sensible à l’austérité des vallées, canyons et déserts américains, le Musée d’Art américain de Giverny reçoit une exposition qui met en scène ces décors durs.
Ils ont été photographiés pendant et après la guerre de sécession, pour attiser rêve et esprit de découverte.
Rien ne rassure, car les teintes ocres unifient atmosphère, végétation et roches. Les lumières écrasent les sols et les cieux, contrastent les courbes des strates géologiques, et saturent les yeux des moindres détails des pierres.
La maîtrise de ce savoir faire photographique, surprenant pour cette époque, se lit dans les cadrages, le choix des angles de vue, les jeux de reflets mais aussi un parfait contrôle des temps de pose vis à vis de l’ouverture des objectifs.
Les cours d’eaux surexposés révèlent leurs lignes de fuite, parfois rendues anarchiques lorsqu’elles se heurtent aux rochers. La pure blancheur des chutes se détache du chaos.
 
Les portraits des Indiens soulignent également la richesse et la beauté de leurs visages.
Je retiens l’un d’entre eux, arc au poing mais garde baissée, au corps croisé de lanières au niveau des épaules et en diagonale, un pied sur une pierre, regard détendu et sûr, une finesse du visage et des mains presque féminine.
 
Un monde que l’espace d’exposition et la fréquentation éparse rend facilement captivant.
 

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Rédigé par David

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Publié le 22 Août 2007

Genèse de l’œuvre

 
La concurrence avec les autres compositeurs fait prendre conscience à Verdi qu’il doit composer pour d’autres scènes que la Scala. Fort courtisé par le comte Mocenigo, directeur de la Fenice, ce dernier attend que le compositeur soit un peu libéré de ses engagements vis à vis de la Scala pour lui commander une œuvre. Et en attendant, il programme  Nabucco puis Les Lombards, dans la cité des doges.
 
Après de nombreuses hésitations entre plusieurs livrets dont « Le roi Lear », « Le Corsaire » et « I due Foscari », le choix se porte sur un livret de Francesco Maria Piave inspiré du roman de Victor Hugo : « Hernani ».
Un symbole ! Car le 25 février 1830, la jeunesse romantique se soulève lors de la première représentation d’Hernani à la comédie française. Les insultes volent vers les tenants des règles classiques. Comme par hasard, le lendemain les ordonnances de Charles X déclenchent une insurrection, les « Trois glorieuses », qui aboutit à la fuite du roi, malheureusement remplacé par un autre monarque, le Duc d’Orléans.
 
Cette fois, la représentation d’un soulèvement contre l’autorité en place lui vaut une forte opposition de la part de la censure autrichienne. Tout langage violent et agressif est supprimé, mais Verdi réussit au moins à ne pas modifier le titre de l’œuvre.
En parallèle, il doit assurer la réalisation des « Lombards » qui, joués le 27 décembre 1843, seront totalement hués par les vénitiens.
 
Malgré tout, la première de « Ernani » a lieu le 9 mars 1844 et est un succès considérable, le public se révélant subjugué par la musique.
 
Et c’est cet opéra qui, au cours de l’été 1846 à Bologne, va susciter pour la première fois une manifestation bruyante. Le public, qui voit en Pie IX (le nouveau pape avait accordé une amnistie aux prisonniers politiques) le possible fédérateur de l’Italie, va exiger de reprendre trois fois le chœur « O sommo Carlo ».
 
Ernani
 
A la fin de la guerre de cent ans, un courant de centralisation monarchique traverse l’Europe. En 1469, le mariage d’Isabelle de Castille et Ferdinand II d’Aragon unit les deux royaumes.
Ils libèrent l’Espagne des dernières places fortes islamiques en 1492. Les expulsions de Maures et de juifs entraînent un véritable désastre économique.
 
Le petit fils de Ferdinand II d’Aragon, Charles, né en 1500 à Gand, est également le petit fils de Maximilien Ier, l’empereur du Saint Empire.
Il devient le premier roi d’Espagne en 1516, puis devient l’empereur Charles Quint en 1519. Il hérite des possessions castillanes, aragonaises, autrichiennes et bourguignonnes. Sa politique est d’étendre ces territoires et de coloniser l’Amérique, malheureusement au détriment de l’industrie espagnole. 
Il sera le plus grand empereur après Charlemagne.
 
Dans l’histoire de Victor Hugo et de Verdi, Hernani (Jean d’Aragon) a perdu son père, Grand d’Espagne et opposant politique, assassiné par le père de Charles. 
Pour le venger, le montagnard aragonais prépare une conspiration contre le roi. Ce dernier, en 1519, est présenté ici comme un Don Juan.
Il se trouve que Hernani aime d’un amour réciproque Elvira, promise au Duc Silva, elle-même convoitée par Charles. Malgré cela, Silva va protéger Hernani du roi en échange de sa vie quand il l’ordonnera . 
Celui ci, une fois élu empereur, se montre clément vis-à-vis des conspirateurs. 
C’est le moment où Le Duc engage Jean d’Aragon à tenir sa promesse.
 
Un détail historique surprend dans l’œuvre. Le père de Charles Quint était Philippe le Beau, archiduc d’Autriche. Ce n’est donc pas le père de Charles qui a pu ordonner le meurtre du père d’Hernani mais son grand père, Ferdinand, mort en 1516.
 
Seul opéra de jeunesse régulièrement programmé avec  Nabucco , il faut souligner ici la force d’une musique qui supporte l’exubérance des sentiments.
 

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Rédigé par David

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Publié le 19 Août 2007

Genèse de l’œuvre

 
Les réactions que « Nabucco » suscitent font prendre conscience à Verdi qu’il se situe au début d’une vague que lui-même peut contribuer à amplifier.
A nouveau Solera lui fournit un livret tiré d’un roman de Tommaso Grossi.
« I Lombardi alla prima crociata » donne à nouveau matière au grand spectacle et à des chœurs grandioses.
La première scène ouvre sur le parvis de la Basilique Sant’Ambrogio, lieu de culte des Milanais, où furent célébrées les obsèques de Margherita.
Une fois l’oeuvre achevée, il s’agit d’obtenir le visa de la censure. Ce qu’il a entendu des répétitions pousse l’archevêque Gaisruck à intervenir auprès du préfet de police. Monter sur scène des éléments religieux lui paraît dangereux.
 
Voilà donc Verdi, Solera et Merelli convoqués au quartier général de police où le choix est rapidement posé : l’œuvre est jouée telle qu’elle est (Verdi), ou alors la Scala est ruinée (Merelli) !
Le préfet et Gaisruck doivent finalement céder et Verdi accepte une modification sans importance pour lui, les mots « Ave Maria » de la prière du Ier acte deviennent « Salve Maria ».
 
La première a lieu le 11 février 1843 et est un succès triomphal.
L’oeuvre est reprise ensuite à Florence puis Venise où elle connaît alors un échec complet.
Le public Milanais avait plus que d’autre des raisons d’être touché par l’ouvrage, l’ouverture sur la cathédrale ayant fort ému.
 
I Lombardi alla prima crociata 
 
Les Lombards, peuple germanique entré en Italie en 571, furent dominants jusqu’à être battus par Charlemagne. Ils cédèrent à l’église une large part de leur territoire autour de Rome.
 
En 1078, les Turcs Seljukides prennent Jérusalem aux Arabes Abbassides et s’établissent à Nicée.
 
En 1095, le pape Urbain II appelle alors, depuis Clermont, à la première croisade sur requête de l’empereur de Bysance, Alexius I Comnène.
Le petit peuple se mobilise et suit Pierre l’Ermite et Gautier-sans-avoir en passant par la Hongrie.
Arrivés à Bysanze, il se précipite vers Nicée où il est exterminé.
Parallèlement, des bandes d’origines allemandes s’en prennent aux juifs en Europe avant d’être battues par les Hongrois.
 
Enfin, quatre armées principales, menées par des féodaux français et normands, convergent vers Constantinople en 1096. A contrecoeur, Godefroy de Bouillon fait serment d’allégeance à Alexis I : les territoires lui seront restitués contre de somptueux cadeaux. Ensuite, les Turcs se livrent à Nicée, puis les croisés se dirigent vers Antioche qui est prise en 1098.
 
Dans la matinée du 7 juin 1099, les habitants de Jérusalem voient apparaître les croisés qui, ne disposant d’aucun instrument d’assaut, attendent deux semaines l’arrivée d’une escadre génoise. La prise de la ville en une semaine se soldera par le massacre de 70000 personnes.
 
« I Lombardi » se déroule à Milan, puis Antioche et enfin Jérusalem, et donc devrait se dérouler entre 1096 et 1099.
Opéra coloré de pardon, de conversion et de rédemption, sa trame principale est l’histoire de Giselda, fille d’Arvino, le chef des troupes lombardes, qui a échappé à un attentat commis par son frère Pagano.
Enlevée à Antioche, elle se lie à Oronte, fils du tyran de la ville, qu’Arvino blessera grièvement lors du siège, victoire facilitée par un mystérieux ermite.
Ce dernier convainc également Oronte de se convertir au christianisme.
Le dénouement a lieu devant les murs de Jérusalem.
 
La réutilisation de tous les éléments du succès de Nabucco (encore à Jérusalem, encore 4 parties, encore des chœurs) fait de cet opéra un peu trop le produit d’un opportunisme certain.
 
 

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Rédigé par David

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