Histoire de l'Opéra, vie culturelle parisienne et ailleurs, et évènements astronomiques. Comptes rendus de spectacles de l'Opéra National de Paris, de théâtres parisiens (Châtelet, Champs Élysées, Odéon ...), des opéras en province (Rouen, Strasbourg, Lyon ...) et à l'étranger (Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, Angleterre...).
Pour la première journée de printemps, l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris organisait une visite de deux heures, le dimanche 20 mars matin, afin de faire découvrir les lieux les plus intéressants du Palais Garnier.
Des groupes d’une vingtaine de personnes étaient alors invités, tous les quarts-d’ heure, à monter le grand escalier puis à prendre les ascenseurs pour rejoindre directement les hauteurs du bâtiment.
Après un premier parcours à travers des couloirs étroits qui ouvraient sur des vues uniques de Paris, la visite débuta tout d'abord par le Studio Petipa de la grande Coupole.
La Coupole – Studio Marius Petipa
Le Foyer de la Danse et le Studio Marius Petipa sont les studios de danse les plus prestigieux du Palais Garnier.
Juste au-dessous, se trouvent les petits studios Rudolf Noureev et Serge Lifar, séparés par une paroi centrale amovible qui permet d’en agrandir l’espace.
Les studios Chauviré et Zambelli se situent, eux, sous les deux autres coupoles latérales.
Marius Petipa est notamment connu pour sa carrière de chorégraphe et sa création du "Lac des Cygnes" avec Piotr Ilitch Tchaïkovski en 1895.
Nous sommes donc au-dessus de la salle de spectacle et de son grand lustre, mais nous ne sommes pas à l’endroit le plus élevé du bâtiment, puisque la cage de scène, utilisée pour camoufler les peintures en trompe l’œil et le fameux rideau de scène, se trouve encore plus haut.
Coupole du studio Marius Petipa
Camouflé sous les stucs et les mosaïques, le squelette du bâtiment, visible dans ce studio, est en métal, et rappelle l’univers de la Tour Eiffel dont la construction débuta 12 ans après l’inauguration de l’Opéra, preuve que Charles Garnier eut recours aux technologies les plus modernes.
Le sol du studio est incliné de 5% afin de permettre aux danseurs de répéter en s’habituant à la pente de la scène conçue pour créer un effet de perspective vers la salle.
Avenue de l'Opéra
Les ateliers de couture
Le parcours se poursuit en descendant le long des flancs du Palais, pour atteindre les ateliers de couture, vaste complexe où pas moins de 150 tailleurs, couturières, modistes, décorateurs … œuvrent à l’embellissement des costumes ou à la réalisation de moulages à travers plusieurs ateliers.
Atelier de couture
L’atelier décoration
L’atelier décoration couvre tout ce qui complète la réalisation des costumes : peinture sur chaussons, raccords des collants, patine, affinage de la taille, épaisseur du volume.
On peut également y vieillir les costumes, les adapter à la morphologie des danseurs, confectionner les bijoux d’ornement et les accessoires de tête.
Les peintures utilisées sont par ailleurs testées sur les tissus.
On y trouve également des moulages pour la mise en volume, comme ceux des jouets de « Casse-Noisette » présentés sur des étagères. Ces jouets en petit modèle sont ensuite agrandis.
Atelier décoration
Le central costumes
C’est dans ce très intime comptoir recouvert de bois que tous les costumes sont rangés.
Nous sommes ainsi à la jonction entre le service Couture et le service Patrimoine – le stockage des costumes est réparti entre Bastille, Garnier et les ateliers Berthier.
Le service Couture utilise ces comptoirs pour préparer les costumes, la planification permettant de connaître la programmation des 2 ou 3 prochaines saisons.
En ce moment, on prépare les costumes pour "Giselle", maintenant que la distribution est connue, la première étant prévue le 28 mai 2016.
On regarde si les costumes vont encore aux danseuses ou bien s’ils doivent être refaits. Par exemple, cette couronne dont les couleurs du contour doivent être ajustées aux couleurs des cheveux de la danseuse.
Central costumes
Le central dispose d’un atelier laverie/pressing qui offre plusieurs possibilités de nettoyage, comme le nettoyage à sec, et dispose d’une machine à ozone, substance qui détruit la transpiration.
Les costumes sont enfin classés par catégories, ici les tutus de défilés, là les vestes des hommes …
Au total, 32 personnes en contrats à durée indéterminée et un nombre comparable d’intermittents travaillent pour ce service.
Maquette de l'Opéra Garnier en coupe longitudinale, visible au Musée d'Orsay
Le Foyer de la danse
Nous redescendons ensuite à l’arrière du Palais Garnier pour rejoindre le Foyer de la danse que les spectateurs ont pu revoir dans la reprise de la production de « Capriccio » par Robert Carsen.
Il est surmonté de 20 médaillons qui représentent les danseuses les plus célèbres depuis sa création, mais il est dorénavant fermé au public depuis 1935, quand Jacques Rouché, le directeur de l’époque, ne voulut plus permettre aux abonnés de venir au Palais Garnier pour rencontrer les danseuses
Cette salle d’échauffement possède, à l’instar du Studio Marius Petipa, une pente de 5%, orientée à l’opposé de celle du plateau.
Le Foyer de la danse
Le Plateau
Quelques mètres suffisent pour rejoindre le plateau où se trouve actuellement l’arrière du décor de « Iolanta ».
Le treuil et la pente de la scène sont utilisés pour avancer ce décor vers la salle, pente que l’on retrouve dans tous les théâtres à l’italienne pour permettre aux scénographes du XVIIème et XVIIIème siècle de créer des illusions d’optique.
Charles Garnier a donc hérité du savoir-faire de ses prédécesseurs, mais a également profité de l’apport de la Révolution Industrielle pour construire son théâtre de fer et de fonte.
Ainsi, l’apparition des décors, depuis le dessous de scène situé 15m en profondeur, est rendue possible par l’utilisation d’une ossature de fer.
Cette cage de scène a ensuite été sensiblement modifiée en 1995 par l’électrification du cintre sur lequel sont installés des moteurs électriques reliés à des ordinateurs.
Les techniciens peuvent actionner 83 porteuses, chacune pouvant porter 850 kg, et les manœuvrer à n’importe quelle vitesse pour engendrer des apparitions ou des disparitions.
Décor arrière de "Iolanta" vu depuis le plateau de scène
Au théâtre on utilise les mots « charger » et « appuyer », termes très particuliers à ce monde qui est l’héritier de celui de la voile. En effet, les premiers machinistes étaient sûrement des charpentiers de marine qui réalisaient les cages de scène, les cabestans et les dessous de scène. Faire apparaitre une toile ou carguer une voile relève finalement du même métier.
Et pour « Iolanta/Casse-Noisette », par moins de 12 machinistes, 3 cintriers, 8 électriciens, 6 accessoiristes, et 3 techniciens vidéo sont nécessaires au déroulement du spectacle.
Allée de la Bibliothèque
La Bibliothèque
En longeant le plateau par la droite, nous rejoignons la bibliothèque qui est partiellement ouverte au public. Quinze personnes y travaillent.
La salle de lecture de la Bibliothèque Nationale de France, où l’on trouve les partitions des compositeurs depuis le XVIIième siècle, est totalement dédiée au monde de l’opéra.
18 places sont ainsi réservées à ceux qui disposent de sujets de recherches suffisamment sérieux pour y avoir accès.
Détail de la salle de lecture
La Bibliothèque a été créée en 1866, et fut installée dans ces lieux en 1880, à la place de l’ancien salon de Napoléon III situé au-dessus de l’entrée qui porte le même nom.
On y conserve deux exemplaires de tout ce qui est imprimé, et des chefs d’orchestre y viennent pour comparer les différentes partitions et préparer leurs interprétations.
Iolanta – Casse-Noisette (Piotr Ilyitch Tchaikovski) Répétition générale du 05 mars 2016 - Version de concert du 09 mars 2016 - Représentation du 11 mars 2016 - Palais Garnier
Iolanta (1892)
Le Roi René Alexander Tsymbalyuk
Iolanta Sonya Yoncheva
Vaudémont Arnold Rutkowski
Robert Andrei Jilihovschi
Ibn Hakia Vito Priante
Alméric Roman Shulakov
Bertrand Gennady Bezzubenkov
Martha Elena Zaremba
Brigitta Anna Patalong
Casse-Noisette (1892)
Marie Marion Barbeau
Vaudemont Stéphane Bullion
Drosselmeyer Nicolas Paul
Le Père Aurélien Houette
La Mère Alice Renavand
Robert Takeru Coste
La Sœur Caroline Bance
Direction musicale Alain AltinogluSonya Yoncheva (Iolanta) et Arnold Rutkowski (Vaudémont)
Mise en scène Dmitri Tcherniakov (2016)
Chorégraphie Arthur Pita (L’Anniversaire de Marie), Edouard Lock (La nuit, La forêt, Divertissement), Sidi Larbi Cherkaoui (Pas de deux, Valse des Flocons, Valse des Fleurs, Pas de deux et variations) - Nouvelle production
Ultime opéra de Tchaïkovski, Iolanta est un ouvrage intimiste dont toutes les composantes, chœur féminin, airs pour soprano et basse, duo d’amour, respirations et couleurs de l’orchestre, dépeignent une ambiance profondément mélancolique.
L’action y est minimale, mais la puissance des états d’âme que suggère la musique en fait toute la beauté.
Depuis la création de la production dePeter Sellars au Teatro Madrid en 2012 qui est depuis immortalisée en DVD, Iolanta revient régulièrement sur les scènes lyriques, d’autant plus que des artistes telles Ekaterina Scherbachenko, Anna Netrebko ou Sonya Yoncheva l’incarnent magnifiquement.
Sonya Yoncheva (Iolanta)
Le livret de l’opéra écrit par Modeste Ilitch Tchaikovski, le frère du composteur, est inspiré de la pièce d’Henrik Hertz« Kong Renés Datter », et romance la vie de la fille du Roi René d’Anjou, Comte de Provence.
Celle-ci, ignorant qu’elle est aveugle, vit une vie heureuse, mais est excessivement protégée par son père qui ne veut pas la voir s’émanciper. Le médecin arabe de la cour, Ibn-Hakia, lui, sait que sa guérison passe par la prise de conscience de son état.
La passion du chevalier Vaudémont pour Iolanta devient alors la force révélatrice qui va lui permettre de voir et découvrir le monde tel qu’il est.
Sonya Yoncheva (Iolanta) et Elena Zaremba (Martha)
Ce sujet, bien que se déroulant en France au début du XVème siècle, est une nouvelle occasion pour Dmitri Tcherniakov de réaliser une transposition dans l’univers de la Russie du XIXème siècle, afin de lui donner une couleur tchekhovienne comme il l’avait fait pour Eugène Onéguine.
Et afin d’accentuer l’impression d’oppression mentale, il utilise un procédé bien rôdé dans ses autres propositions pour « Macbeth », « Lady Macbeth de Mzensk » et, surtout,« Dialogues des Carmélites », en reconstituant une pièce très resserrée et isolée au milieu du noir de la scène.
Les fenêtres laissent deviner un espace extérieur glacial, tout un petit monde évolue autour de la personne de Iolanta, un sapin évoque le temps de Noël de Casse-Noisette, et deux vases contenant respectivement une rose rouge et une rose blanche décorent la pièce, fleurs révélatrices de la cécité de la jeune fille.
Andrei Jilihovschi (Robert)
La violence passionnelle qui irrigue les veines du metteur en scène russe s’extériorise uniquement quand les grands sentiments se libèrent. Il donne ainsi une emphase insouciante et exaltée à ceux de Robert, le Duc de Bourgogne, pour Mathilde, et exacerbe un dolorisme aigu tout au long du duo entre Iolanta et Vaudémont.
Leur chant déchiré s’achève ainsi par une irrésistible et désespérée étreinte, blottis l’un contre l’autre.
Et l’on retrouve l’infinie minutie avec laquelle le metteur en scène russe aime si bien animer les moindres gestes de chaque personnage, quelle que soit l’importance de leurs rôles.
Il leur donne une impression de vie réelle, concentrée dans l’instant présent.
Sonya Yoncheva (Iolanta) et Elena Zaremba (Martha) - Version de concert du 09 mars
La transition avec Casse-Noisette est alors figurée par un éloignement du petit salon qui constitue le décor unique de Iolanta, afin de laisser émerger, au-devant de la scène, un autre salon bourgeois bien plus grand où l’on fête l’anniversaire de Clara, renommée Marie. Sonya Yoncheva, avec un magnifique sourire, salue les auditeurs sous les applaudissements des acteurs, mais également de la salle Garnier, merveilleux mélange de scène jouée et de réactions réelles.
Pendant les six scènes qui suivent, Dmitri Tcherniakov met en scène une soirée d’anniversaire festive où la chorégraphie d’Arthur Pita s’évertue à restituer l’ambiance Rock’n’Roll déjantée entre les participants. Avec ses allures de somptueuse Lady Macbeth en robe de velours, Alice Renavand évolue dans ce petit monde superficiel en laissant deviner d’un regard noir un tempérament quelque peu intrigant.
Marion Barbeau (Marie)
Nous nous retrouvons ainsi dans un univers bien connu du metteur en scène où l’apparente légèreté sous-tend des pensées plus sombres.
Au moment de minuit, ces personnages reviennent avec un regard inquisiteur quand Marie se retrouve seule avec Vaudémont, joué par Stéphane Bullion. La chorégraphie saccadée, mécanique et déshumanisée d’Edouard Lock prend le dessus, et Alice Renavand devient une sorte de femme maléfique et impressionnante qui tente de faire barrage à un amour grandissant.
Tcherniakov introduit alors un moment de rupture implacable en faisant disparaître la demeure dans un vacarme noir avant que ses débris ne viennent recouvrir l’entière scène.
Nous sommes maintenant dans un autre univers fantasmagorique débarrassé du petit monde bourgeois du début. On y découvre d’abord des laissés-pour-compte perdus dans une nuit d’hiver évoluant de façon macabre. Puis, apparaît Stéphane Bullion qui rejoint alors Marion Barbeau, dans un élan révélateur, pour entamer un beau pas-de-deux, pivotant sur des axes parfois très instables, qui donne une impression de fragilité à leur relation.
Alice Renavand (La Mère)
A partir de cet instant, la poésie de Sidi Larbi Cherkaoui est constamment sollicitée afin d'innerver de sensibilité les pas de deux et les valses du ballet.
Toutefois, la force de la vidéographie prend parfois le dessus sur la chorégraphie, aussi bien dans la scène de la forêt où se démultiplie Vaudémont, que dans cette scène spectaculaire où Marie semble isolée sur un astéroïde, à l’instar du Petit Prince, alors qu’un météore en feu se dirige vers elle. C’est d’ailleurs cet évènement qui la sort de son cauchemar pour la ramener dans sa demeure d’origine.
Danse arabe
Et le célèbre tableau des divertissements, envahi de jouets géants multicolores déambulant sur des effets comiques, prend une dimension burlesque totalement à part dans la scénographie. Il est ensuite suivi d'une évocation des souvenirs nostalgiques de Marie, le souvenir de son grand-père dans une nuit lunaire en particulier.
Cependant, les changements de scènes dans la dernière partie sont abruptes et les motifs chorégraphiques ne s’installent pas toujours dans la durée pour pouvoir en profiter - Lock donne parfois l'impression, dans les divertissements, qu'il déploie de larges mouvements pour les refermer précipitamment sur eux-mêmes. L'immersion du spectateur dans ce monde visuellement fort demande donc une aptitude à changer d'environnement émotionnel très rapidement, d’autant plus que les écarts stylistiques entre Cherkaoui et Lock sont importants.
Marion Barbeau (Marie) et Stéphane Bullion (Vaudémont)
Musicalement, ce diptyque baigne dans une même tonalité sobre qui accorde une présence charmante à l’harmonie chantante des vents. Mais l’on est particulièrement surpris par la manière avec laquelle Alain Altinoglu s’évertue à préserver la finesse des cordes, sans rechercher l’ornementation envoutante que l’orchestre saurait pourtant libérer dans Iolanta. Comme un refus de donner à la musique une profondeur et une violence débordante qui sonnerait trop russe, trop passionnée.
C’est d’autant plus frustrant lorsque l’on a encore dans l’oreille sa splendide interprétation de Lohengrin à Bayreuth l’été dernier.
Sonya Yoncheva (Iolanta) et Arnold Rutkowski (Vaudémont)
La distribution vocale est, elle, dominée par Sonya Yoncheva, actrice qui fait sienne l’hystérie communicative de Dmitri Tcherniakov, et qui prête à la jeune fille des accents de bête blessée comme pourrait l’être Violetta (La Traviata de Giuseppe Verdi).
Elle a un charme naturel, une attitude à la fois naïve et charnelle qui sonne toujours juste, des aigus vibrants très clairs, et quelques inflexions bien timbrées et graves qui révèlent une véritable complexité psychologique.
La tendresse avec laquelle elle accueille Marion Barbeau au salut final est très touchante, tendresse identique à celle qu’elle manifesta envers Arnold Rutkowski (Vaudémont), lors de la version de concert donnée le jour de la première, suite au mouvement de grève national.
Marion Barbeau (Marie) et Sonya Yoncheva (Iolanta)
Le ténor polonais incarne un Vaudémont serviable et romantique, en état d’admiration devant Iolanta, volontaire dans des aigus d’ampleur modeste, et affectif quand le médium de sa tessiture prend des accents slaves.
Son comparse, Andrei Jilihovschi, chante avec une joie et une clarté de timbre qui lui donnent une assurance séductrice indéniable, faisant ainsi pâlir le médecin de Vito Priante, touchant par la sagesse qui en émane, mais sans l’autorité paternaliste que l’on pourrait attendre de son rôle.
Alexander Tsymbalyuk (Le Roi René)
Le Roi René d’Alexander Tsymbalyuk n’a donc aucun mal à imposer une stature vocale noble mais jeune, ce qui ne transparaît pas à travers son costume de patriarche qui le vieillit beaucoup trop.
Quant à la Martha d’Elena Zaremba, excellente actrice compassionnelle, la texture complexe de son timbre d’alto en fait une femme bien à part parmi celles qui entourent Iolanta, c'est-à-dire une personnalité forte à la main de velours.
Sonya Yoncheva (Iolanta) et Elena Zaremba (Martha)
Lier les deux œuvres en induisant une continuité entre les personnages de l’opéra et ceux du ballet – chaque chanteur a son pendant comme danseur – est un défi que peu de metteurs en scène pouvaient relever.
Dmitri Tcherniakov s’est sans doute laissé emporter par la démesure et la complexité du songe de Casse-Noisette, mais ses univers restent toujours aussi passionnants quand ils portent en eux un regard aussi humain sur l'héroïne qu'il défend, et acéré sur la société dans laquelle elle évolue.
Ce spectacle fera l’objet d’une captation audiovisuelle
Une co-production Opéra national de Paris et Bel Air Média avec le soutien du CNC et la participation de France 3, réalisée par Andy Sommer.
A revoir sur Culturebox jusqu'au 25 septembre 2016 - Video.Iolanta / Casse-Noisette
Mercredi 02 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
I Capuleti e I Montecchi de Bellini à la Fenice de Venise
Vendredi 04 mars 2016 sur France 2 à 0h30
Manon Lescaut (Puccini) - dm Rizzy - ms Trelinski - La Monnaie
Jovanovitch, Fulanetto, Westbroek, Argiris, Mercurio, Antoine
Vendredi 04 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Philippe Jordan dirige Tannhäuser de Wagner à Baden-Baden
Samedi 05 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
Alceste de Gluck à La Fenice de Venise
Dimanche 06 mars 2016 sur Arte à 18h30
Rolando Villazon présente les stars de demain
Dimanche 06 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Simon Rattle dirige La Flûte Enchantée de Mozart à Baden-Baden
Mercredi 09 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
Juditha Triumphans de Vivaldi à La Fenice de Venise
Vendredi 11 mars 2016 sur France 2 à 0h30
Casse-Noisette (Tchaïkovski) - dm Gerts - ms O'Keefe - La Fenice
Estonian National Ballet
Vendredi 11 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Mozart: Don Giovanni, avec Erwin Schrott et Anna Netrebko à Baden-Baden
Samedi 12 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
Christophe Rousset dirige Zoroastre de Rameau à Drottningholm
Dimanche 13 mars 2016 sur Arte à 18h30
Une académie pour les soeurs Weber - Sabine Devieilhe - Raphaël Pichon
Dimanche 13 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Kent Nagano dirige Parsifal de Wagner à Baden-Baden
Lundi 14 mars 2016 sur Arte à 00h00
La Voix en quelques éclats
Mercredi 16 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
Magdalena Kožená chante Médée de Charpentier
Vendredi 18 mars 2016 sur France 2 à 0h30
Les Pêcheurs de perles (Bizet) - dm Hussain - ms Kurz
Yoncheva, Korchak, Heyboer, Testé - Phil. Radio France
Vendredi 18 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Philippe Jordan dirige Tannhäuser de Wagner à Baden-Baden
Samedi 19 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
William Christie Dirige Atys de Lully À L'Opéra Comique
Dimanche 20 mars 2016 sur Arte à 18h30
Lang Lang à Versailles - Chopin et Tchaïkovski
Dimanche 20 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Simon Rattle dirige La Flûte Enchantée de Mozart à Baden-Baden
Dimanche 20 mars 2016 sur Arte à 23h40
La Passion selon Saint Jean (Bach) - dm Dijkstra - Concerto köln
Schmitt, Nazmi, Landshamer, Vondung
Mercredi 23 mars 2016 sur Mezzo à 22h40
Daniel Barenboim Dirige Le Crépuscule Des Dieux À La Scala
Vendredi 25 mars 2016 sur France 2 à 0h30
David et Jonathas (Charpentier) - dm Christie - ms Homoki
Charbonneau, Quintans, davies, Caton, Spicer, Visse, Bessière
Vendredi 25 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Mozart: Don Giovanni, avec Erwin Schrott et Anna Netrebko à Baden-Baden
Samedi 26 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
William Christie dirige Didon et Enée de Purcell à l'Opéra Comique
Dimanche 27 mars 2016 sur Arte à 17h30
Cto pour violoncelle (Schumann) - Symph n°6 (Tchaïkovski) - Yo-Yo Ma
Dimanche 27 mars 2016 sur Mezzo HD à 20h30
Kent Nagano dirige Parsifal de Wagner à Baden-Baden
Lundi 28 mars 2016 sur Arte à 00h00
L'Enchantement des Pâques Russes (Valaam)
Mercredi 30 mars 2016 sur Mezzo à 20h30
La Wally de Catalani au Grand-Théâtre de Genève
Vendredi 01 avril 2016 sur France 2 à 0h30
Roméo et Juliette (Prokofiev) - dm Gergiev - ms Lavrovsky
Ballet et orchestre du Théâtre Mariinsky
Web : Opéras en accès libre
Lien direct sur les titres et sur les vidéos
Hommage à Gerard Mortier (Théâtre de la Monnaie de Bruxelles)
La Bohème mise en scène par Stefan Herheim (Opéra d'Oslo) jusqu'au 11 mars 2016
L'Elixir d'Amour (Aéroport de Milan) jusqu'au 17 mars 2016
Theodora (Théâtre des Champs Elysées) jusqu'au 19 mars 2016
Les Troyens (Opéra d'Hambourg) jusqu'au 19 mars 2016
Moïse et Aaron (Opéra National de Paris) jusqu'au 21 mars 2016
Rigoletto (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 28 mars 2016
Powder her Face (Thomas Ades) jusqu'au 01 avril 2016
Balanchine-Millepied-Robbins (Opéra National de Paris) jusqu’au 02 avril 2016
La Passion selon Saint-Jean (Philharmonie de Paris) jusqu’au 04 avril 2016
Gianni Schicchi (Opéra de Lyon) jusqu'au 09 avril 2016
Pénélope (Opéra de Strasbourg) jusqu'au 20 avril 2016
Dardanus (Grand Théâtre de Bordeaux) jusqu’au 23 avril 2016
Aïda (Teatro Regio Torino) jusqu’au 23 avril 2016
Ariane et Barbe-Bleue (Opéra de Strasbourg) jusqu'au 06 mai 2016
Les Caprices de Marianne (Opéra d'Avignon) à partir de mai 2016
La Flûte Enchantée (Festival d'Aix en Provence) jusqu'au 14 mai 2016
Straszny Dwor (Opéra National de Pologne) jusqu'au 18 mai 2016
Mitridate, re di Ponto (Théâtre des Champs Elysées) jusqu'au 20 mai 2016
Lucia di Lammermoor (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 26 mai 2016
Idomeneo (Théâtre an der Wien) jusqu'au 05 juin 2016
Rocio Marquez à Rio Loco jusqu'au 19 juin 2016
La Damnation de Faust (Opéra National de Paris) jusqu'au 21 juin 2016
La Flûte Enchantée (Den Norske Opera) jusqu'au 30 juin 2016
Le Roi Carotte (Opéra de Lyon) jusqu'au 03 juillet 2016
La Flûte Enchantée (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 06 juillet 2016
Svadba d'Ana Sokolovic (Festival d'Aix en Provence) jusqu'au 10 juillet 2016
Stiffelio (Teatro La Fenice) jusqu'au 25 juillet 2016
Eugène Onéguine (Komisch Oper Berlin) jusqu'au 30 juillet 2016
Lady Macbeth de Mzensk (Opéra de Lyon) jusqu'au 05 août 2016
Carmen (Opéra de Lyon) jusqu'au 11 août 2016
Carmen (Arènes de Vérone) jusqu'au 16 août 2016
Pas sur la bouche (Théâtre de l'Odéon de Marseille) jusqu'au 28 août 2016
Le Barbier de Séville (Opéra Royal de Wallonie) jusqu’au 23 octobre 2016
Orfeo - Rossi (Opéra de Nancy) jusqu'au 09 février 2017
Les Chevaliers de la table ronde d'Hervé (Teatro Malibran) jusqu'au 15 février 2017
Alcina (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 25 février 2017
Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Richard Wagner)
Répétition générale du 26 février 2016 et représentation du 01 mars 2016 - Opéra Bastille
Hans Sachs Gerald Finley
Veit Pogner Günther Groissböck
Kunz Vogelgesang Dietmar Kerschbaum Konrad Nachtigall Ralf Lukas
Sixtus Beckmesser Bo Skovhus
Fritz Kothner Michael Kraus
Balthasar Zorn Martin Homrich
Ulrich Eisslinger Stefan Heibach
Augustin Moser Robert Wörle
Hermann Ortel Miljenko Turk
Hans Schwarz Panajotis Iconomou
Hans Foltz Roman Astakhov
Walter Von Stolzing Brandon Jovanovich
David Toby Spence
Eva Julia Kleiter
Magdalene Wiebke Lehmkuhl
Ein Nachtwächter Andreas Bauer
Direction musicalePhilippe Jordan Brandon Jovanovich (Walter Von Stolzing) Mise en scène Stefan Herheim (2013)
Coproduction avec le Festival de Salzbourg, la Scala de Milan et le Metropolitan Opera de New York
Pour le 200ème anniversaire de la naissance de Richard Wagner, la scène du Grand palais des festivals de Salzbourg accueillit une nouvelle production des « Maîtres Chanteurs de Nuremberg » confiée à la direction scénique de Stefan Herheim, un an après la dernière reprise, au Festival de Bayreuth, de sa mise en scène historico fantastique de« Parsifal », qui retraçait les heures sombres et de renouveau de l'Allemagne du XXème siècle.
Gerald Finley (Hans Sachs)
La surprise fut grande pour ceux qui, connaissant l'inventivité de ses réalisations passées, découvrirent un spectacle au charme rétro, chargé de décors massifs et richement détaillés.
Stefan Herheim a en effet conçu une superproduction traditionnaliste qui serait parfaite pour enjouer la période de Noël.
Les éléments de décors se répartissent ainsi en quatre unités de lieu, la première, l'intérieur de l'échoppe de Hans Sach, constituant le point de départ de l'ouvrage.
Celle-ci est déjà en place lorsque les spectateurs s'installent, puis elle s'estompe sous un rideau dont ne ressort plus, en filigrane, au cours de l'ouverture, qu'une impression de la demeure du cordonnier.
Choeur de la cathédrale
A plusieurs reprises, un procédé vidéographique induit un effet de loupe grossissant sur divers éléments du mobilier de l'atelier, afin de créer une image démesurée qui ouvre sur le décor de la cathédrale, puis sur celui des ruelles de Nuremberg, et enfin sur celui de la prairie, transposé ici sur une place festive cernée de balcons, qui sont une aubaine pour y répartir le chœur face à la salle.
Cette idée fait donc des deux premiers actes un songe qui nous ramène à la réalité lorsque Walter, au début du troisième acte, évoque dans la demeure d'Hans Sach, son rêve du matin qu'il va formuler en chant poétique.
Choeur au pied du "Cor merveilleux de l’enfant"
L'autre idée du metteur en scène est de faire sortir d'un recueil de chants populaires germaniques, « Des Knaben Wunderhorn (Le Cor merveilleux de l’enfant) », à la fin de la scène tumultueuse du deuxième acte, des personnages des Contes des frères Grimm, Blanche Neige et les Sept Nains, le Petit Chaperon Rouge .., c'est à dire des personnages qui évoquent l'imaginaire légendaire germanique, et envahissent alors l'ensemble de la scène.
Günther Groissböck (Pogner)
Ces seules composantes enfantines, associées à une direction d'acteurs vivante et conventionnelle, et à une profusion de costumes colorés, se limitent à donner des « Maîtres Chanteurs de Nuremberg » une imagerie d'Epinal chevaleresque et divertissante, plutôt qu'à poser en pleine conscience la place de l'héritage artistique dans un monde politique finissant – Stefan Herheim a cependant le tact d’assombrir la scène au moment où Hans Sachs prend conscience de l’avenir qui se prépare.
Julia Kleiter (Eva)
Pour prendre tout son plaisir à ce spectacle, il faut donc accepter de se laisser porter par le pouvoir enjôleur de la musique, et par le naturel bon enfant du metteur en scène.
Et cela d'autant plus que Philippe Jordan en donne une lecture riche et vivifiée par un superbe courant symphonique, où les entrelacs de cordes sidérants de finesse submergent d'opulents mouvements cuivrés, tout en magnifiant les motifs de flûtes et vents qui chantent dans une clarté purement élégiaque.
Evidemment, il prend bien soin à isoler les motifs tristanesques quand ils viennent décliner les affects qui lient Eva à Walter.
Son attachement pour Wagner est en effet devenu en moins de cinq ans incontournable, ce qui est de bonne augure pour sa prochaine apparition à Bayreuth, où il dirigera cette œuvre.
Bo Skovhus (Beckmesser)
Et quand d'excellents chanteurs sont réunis pour exprimer tout le cœur du verbe et de la musique, cela donne une représentation qui, dès la dernière répétition, porte en elle un pouvoir émotionnel euphorisant.
Ainsi, rares sont les ténors héroïques capables de subjuguer une audience en alliant puissance et séduction. Les débuts du ténor américain Brandon Jovanovich à l’Opéra National de Paris, dans le rôle de Walter Von Stolzing, vont donc laisser une empreinte forte car, non seulement il a une allure chevaleresque et une physionomie qui cultive étrangement certains stéréotypes sur le physique et la blondeur des Allemands, mais, également, il brille d’une ampleur vocale embellie par la souplesse du phrasé, et les assombrissements de son timbre.
L’acteur ne se prend pas au sérieux, et il impose un personnage à la fois vaillant et innocemment attachant, presque à l’image d’un Prince de Contes de fées.
Brandon Jovanovich (Walter Von Stolzing) - répétition générale
Gerald Finley, que l’on vient d’entendre dans le rôle de Golaud à la Philharmonie de Berlin et qui était le baryton-basse régulièrement invité par Hugues Gall au cours des 9 années de son mandat, revient, lui, à l’Opéra de Paris après 12 ans d’absence. Et quel retour ! Il a une présence physique animale et, pourtant, un timbre agréablement lunaire qui évoque la mélancolie du Wolfram de « Tannhäuser ». Et quand il songe au chant naturel de Walter, au début du second acte, l’intensité avec laquelle il prend possession de la vastitude de la salle, porté qu’il est par le flot submergeant de l’orchestre, est un des plus beaux et intemporels moments de l’ouvrage.
Stefan Herheim remplaçant Toby Spence - répétition générale
Mais lors de la dernière répétition, le rôle optimiste et attachant de David, l’initiateur de Walter, n’a pu être joué par Toby Spence, souffrant du dos. Il a dû se contenter de chanter en retrait. C’est donc le metteur en scène lui-même, Stefan Herheim, qui l’a interprété d’une svelte fantaisie, sur-jouée mais très drôle, et qui a montré à quel point il savait s’investir dans ce personnage en en connaissant suffisamment bien la trame vocale. Cet instant de vie unique restera en mémoire de tous les spectateurs.
Bo Skovhus (Beckmesser)
Lors de la première représentation, Toby Spence a pu réintégrer la troupe artistique, et offrir ainsi un portrait à la fois juvénile, espiègle et réservé, au chant riant et impertinent. Une simplicité d’ange passionnante à admirer.
Et à l’écoute de Bo Skovhus jouant sa sérénade pour celle qui croit être Eva, il est impossible ne pas penser au personnage de Don Giovanni qu’il a régulièrement interprété sur les scènes internationales, même à Bastille. Un jeu au bord de la folie, et un souffle vital inaltérable qui renforce son incarnation impayable.
Toby Spence (David) et Julia Kleiter (Eva)
Quant à Günther Groissböck, Pogner hautement bourgeois, sa prestance et ses couleurs à la fois complexes, séduisantes et inquiétantes trahissent des humeurs dont il faudrait se méfier.
Enfin, les deux rôles féminins ont du caractère, autant Julia Kleiter, qui apporte une touche de raffinement straussien à Eva, bien seule dans cet environnement masculin lourdement wagnérien, que Wiebke Lehmkuhl, dont la richesse de timbre a la même séduction vénéneuse que celui de Nina Stemme, la grande soprano suédoise.
Heike Scheele, Philippe Jordan, Stefan Herheim, Gerald Finley
Le chœur, bien mis en valeur, est rôdé aux grands élans wagnériens et à leurs superpositions de nuances. L’ovation qu’il a reçue de la part du public, ce soir, n’est donc qu’un chant du cœur bien justement payé de retour.