Genèse de l’œuvre
Les réactions que « Nabucco » suscitent font prendre conscience à Verdi qu’il se situe au début d’une vague que lui-même peut contribuer à amplifier.
A nouveau Solera lui fournit un livret tiré d’un roman de Tommaso Grossi.
« I Lombardi alla prima crociata » donne à nouveau matière au grand spectacle et à des chœurs grandioses.
La première scène ouvre sur le parvis de la Basilique Sant’Ambrogio, lieu de culte des Milanais, où furent célébrées les obsèques de Margherita.
Une fois l’oeuvre achevée, il s’agit d’obtenir le visa de la censure. Ce qu’il a entendu des répétitions pousse l’archevêque Gaisruck à intervenir auprès du préfet de police. Monter sur scène des éléments religieux lui paraît dangereux.
Voilà donc Verdi, Solera et Merelli convoqués au quartier général de police où le choix est rapidement posé : l’œuvre est jouée telle qu’elle est (Verdi), ou alors la Scala est ruinée (Merelli) !
Le préfet et Gaisruck doivent finalement céder et Verdi accepte une modification sans importance pour lui, les mots « Ave Maria » de la prière du Ier acte deviennent « Salve Maria ».
La première a lieu le 11 février 1843 et est un succès triomphal.
L’oeuvre est reprise ensuite à Florence puis Venise où elle connaît alors un échec complet.
Le public Milanais avait plus que d’autre des raisons d’être touché par l’ouvrage, l’ouverture sur la cathédrale ayant fort ému.
I Lombardi alla prima crociata
Les Lombards, peuple germanique entré en Italie en 571, furent dominants jusqu’à être battus par Charlemagne. Ils cédèrent à l’église une large part de leur territoire autour de Rome.
En 1078, les Turcs Seljukides prennent Jérusalem aux Arabes Abbassides et s’établissent à Nicée.
En 1095, le pape Urbain II appelle alors, depuis Clermont, à la première croisade sur requête de l’empereur de Bysance, Alexius I Comnène.
Le petit peuple se mobilise et suit Pierre l’Ermite et Gautier-sans-avoir en passant par la Hongrie.
Arrivés à Bysanze, il se précipite vers Nicée où il est exterminé.
Parallèlement, des bandes d’origines allemandes s’en prennent aux juifs en Europe avant d’être battues par les Hongrois.
Enfin, quatre armées principales, menées par des féodaux français et normands, convergent vers Constantinople en 1096. A contrecoeur, Godefroy de Bouillon fait serment d’allégeance à Alexis I : les territoires lui seront restitués contre de somptueux cadeaux. Ensuite, les Turcs se livrent à Nicée, puis les croisés se dirigent vers Antioche qui est prise en 1098.
Dans la matinée du 7 juin 1099, les habitants de Jérusalem voient apparaître les croisés qui, ne disposant d’aucun instrument d’assaut, attendent deux semaines l’arrivée d’une escadre génoise. La prise de la ville en une semaine se soldera par le massacre de 70000 personnes.
« I Lombardi » se déroule à Milan, puis Antioche et enfin Jérusalem, et donc devrait se dérouler entre 1096 et 1099.
Opéra coloré de pardon, de conversion et de rédemption, sa trame principale est l’histoire de Giselda, fille d’Arvino, le chef des troupes lombardes, qui a échappé à un attentat commis par son frère Pagano.
Enlevée à Antioche, elle se lie à Oronte, fils du tyran de la ville, qu’Arvino blessera grièvement lors du siège, victoire facilitée par un mystérieux ermite.
Ce dernier convainc également Oronte de se convertir au christianisme.
Le dénouement a lieu devant les murs de Jérusalem.
La réutilisation de tous les éléments du succès de Nabucco (encore à Jérusalem, encore 4 parties, encore des chœurs) fait de cet opéra un peu trop le produit d’un opportunisme certain.