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Publié le 11 Novembre 2009

Apollonia au Théâtre National de Chaillot
Représentation du 08 novembre 2009
Durée 4h30 (avec un entracte)

Mise en scène Krzysztof Warlikowski

Dramaturgie Piotr Gruszczynski
Décor et costumes Malgorzata Szczesniak

Héraclès Andrzej Chyra
Alceste/Apolonia Magdalena Cielecka
Elisabeth Costello Maja Ostaszewska
Ryfka Goldfinger Ewa Dalkowska
Agamemmon/Oreste/Amal Maciej Stuhr
Clytemnestre/La tante Malgorzata Hajewska-Krzysztofik
Iphigénie Magdalena Poplawska
Apollon Adam Nawojczyk
Le petit fils Tomask Tyndyk
Musique et voix Renate Jett

 

Une mère, Apolonia Machczynska, cache vingt cinq enfants pour les épargner de la barbarie nazie. Dénoncée, puis réfugiée chez son père, elle est exécutée après avoir pu sauver une enfant juive.

                                                  

                                                                                         Magdalena Cielecka (Alceste)

A partir de ce drame là, Krzysztof Warlikowski explore une diversité de voies qui nous amène vers des réflexions dont on ne comprend pas toujours l’émergence.
L’analyse n’est pas immédiate, le temps fait son travail après le spectacle, surtout que le metteur en scène se passionne pour les motivations sexuelles, la force et la violence érigées comme part de l’identité masculine au delà de son imbécillité, le patriotisme, l’hérédité et la relation aux parents, le refus de conscience de chacun, pour confronter à la nouvelle d’Hanna Krall, le mythe du sacrifice.

Il aboutit ainsi à une scène profondément marquante, Alceste y apparaît comme une femme souffrant de n’avoir un homme intelligent capable de lui apporter la chaleur dont elle a besoin, et présente cela avec beaucoup d’ironie - l’histoire étrange et merveilleuse d’une relation amoureuse entre un dauphin et un homme - lors d’un repas en présence de convives insipides. A plusieurs reprises elle se lève, puis revient, entretenant ainsi de bien mystérieux moments de silence.

La situation dégénère en séance d’incisions du corps au milieu d’une cage de verre, cette belle femme se meurt en se tordant de douleur sur les paroles du Mépris de Godard Et mes pieds, tu les aimes, mes pieds ? Et mes jambes ? Et mes fesses ? Et mes seins ?.

Pourquoi se sacrifier pour un type pareil?

Il y a également ces magnifiques visages de femmes, très bien mis en valeur par la vidéo, sur lesquels se lisent des vies dures et la résistance au temps.

Renate Jett

A cette langue polonaise si directe, se mélangent la musique de Chopin, des balades et du rock, et ceux qui ont assisté à Iphigénie en Tauride et Parsifal à l’Opéra National de Paris découvrent que Renate Jett, interprète des Rôles muets d’Iphigénie et de Dave Bowman dans ces productions, est une chanteuse attachante.

Après le long discours d’Elisabeth Costello, assimilant extermination des juifs et abattage d’animaux, fort par son interprétation plus que par son analyse, les conséquences révèlent que Ryfka Goldfinger a pu être sauvée par Apolonia, mais que son petit fils est devenu un soldat de l’armée israélienne.

Ewa Dalkowska (Ryfka Goldfinger) et Krzysztof Warlikowski

Ewa Dalkowska (Ryfka Goldfinger) et Krzysztof Warlikowski

Krzysztof Warlikowski est dans une démarche qui paraît sans fin, et chacune de ses œuvres tisse des liens avec les précédentes, Agamemnon et le Parsifal guerrier, Iphigénie et Apolonia, Clytemnestre et la mère de Krum. Un théâtre désinhibé, douloureux, feutré et tendre mais aussi très agressif en réaction aux esprits consensuels et bornés.

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Publié le 19 Mai 2008

Angels in America (Tony Kushner)
Représentation du 17 mai 2008 (Théâtre du Rond Point)
Durée 5H45 mn (dont un entracte)

Andrzej Chyra Roy M.Cohn                      Tomasz Tyndyk Prior Walter
Jacek Poniedzialek Louis Ironson             Maciej Stuhr Joe Porter Pitt
Maja Ostaszewska Harper Amaty Pitt      Danuta Stenka Ethel Rosenberg
Boguslawa Schubert Hannah Porter Pitt    Rafal Mackowiak Belize
Magdalena Cielecka the Angel                 Zygmunt Malanowicz Martine Heller

Mise en scène Krzysztof Warlikowski

Après le téléfilm de près de 6h réalisé par Mike Nichols en 2003, d’où jaillit un fantastique magnifique, puis l’opéra de Peter Eötvös mis en scène de manière fort émouvante au Châtelet en 2004, voici dont la version Warlikowski.

Tomasz Tyndyk (Prior Walter)

Tomasz Tyndyk (Prior Walter)

Aucun apitoiement ici ; le style est toujours aussi direct, violemment contradictoire lorsqu’il s’agit d’opposer les pulsions de Joe Porter Pitt à sa morale mormone, de montrer la nature oppressive du parti républicain ou d’exposer des êtres de chair.

Le metteur en scène réussit très bien à lier l’évolution du couple d’hommes et du couple mormon, en entrelaçant leurs vies sur scène et leurs dialogues pour mieux montrer les forces communes qui les animent.

La rencontre entre Roy M Cohn et Ethel Rosenberg est un admirable parallèle avec la scène hallucinatoire d’Hermann

face à la Comtesse dans « La Dame de Pique », et la transformation de Prior en Jésus à la chevelure enlaidie en dit long sur la manière dont la religion catholique peut faire porter toute sa propre culpabilité sur celui qu’elle juge comme le symbole du péché.

Et puis, il y a cette ambiance sonore qui semble installer un faux confort, mais dont nous sommes parfois sortis de manière brutale comme cet hymne américain version Metal et très agressif qui nous fait comprendre trop bien le sentiment de révolte envers l’Amérique républicaine.

Andrzej Chyra (M. Cohn) et Danuta Stenka (Ethel)

L’insertion des surtitres est en revanche moins bien réussie que dans les autres pièces de Warlikowski (beaucoup trop surélevés), et peut être aurait-il mieux valu couper du texte écrit pour permettre de lire l’essentiel.
Mais quelle vie sur scène !

Un  grand moment de frisson restera l’intervention de l’Ange avec sa voix surnaturelle et mystique.

 

 

                                                                          Maciej Stuhr (Joe Porter) et Maja Ostaszewska (Harper Amaty)

De ce monde qui semble si vrai et chaotique, Prior Walter réssuscite enfin en costume bleu ciel et étincellant comme un grand soulagement.

Après Krum, Parsifal et Iphigénie en Tauride dans quelques jours, la saison 2007-2008 place Krzysztof Warlikowski au centre de la vie Théâtrale parisienne.

Profitons en car il semblerait que Nicolas Joël, futur directeur de l’Opéra de Paris compte se débarrasser de toutes les productions de l’artiste polonais. Pour le bonheur d’un public traditionnel, craintif et avide de confort sans doute.

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