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Publié le 11 Avril 2015

Orphée et Eurydice (Christoph Willibald Gluck)
Version originale de Vienne (1762)
Représentation du 08 avril 2015
Philharmonie 2 – Salle des concerts

Orphée     Franco Fagioli
Eurydice Malin Hartelius
Amour Emmanuelle de Negri

Direction musicale Laurence Equilbey    

Choeur Accentus
Insula Orchestra

 

                                 Laurence Equilbey

 

Depuis la version dramatique de Pina Bausch à l’opéra Garnier qui supprime l’ouverture festive et le final heureux de la version originale, il devient difficile d’éprouver, dans la version de Vienne intégrale, la même profondeur essentielle qui lie aussi fortement la vie, la musique et la mort.

C’est donc avec une implication moins prégnante que l’on se laisse prendre à la légende d’Orphée telle qu’elle est interprétée dans la Salle des concerts de la Cité de la musique en ce mercredi soir.

Franco Fagioli (Orphée)

Franco Fagioli (Orphée)

Au premier acte, l’Insula Orchestra, d’une musicalité sans faille, laisse entendre quelques relâchements harmoniques, alors que Franco Fagioli aborde le personnage d’Orphée sous un angle plaintif qu’il exprime à travers une variété de coloris mélangeant graves angoissés et éclats sensuels déroutants.

Mais quand survient la scène des enfers, Laurence Equilbey, inspirée par l’évocation de cet univers mythique et impressionnante par sa droiture, se saisit de son orchestre pour le parer d’arcs cuivrés qui saillent les ondes violines des archets avec un sens du drame esthétique magnifique. La façon dont les cors se fondent à cet ensemble donne une dimension épique et moderne à la musique de Gluck.

Par ailleurs, les solos instrumentaux sont détaillés et mis soigneusement en valeur – on repense à ce flûtiste chantant, debout, la paix heureuse du royaume des morts -, et le personnage d’Orphée gagne en densité et en relief, bien que l’acoustique altère la chair de sa voix même.

Choeur Accentus et Insula Orchestra

Choeur Accentus et Insula Orchestra

Franco Fagioli, corporellement contraint par sa gestuelle torturée, finit par devenir le centre douloureux du drame, et Malin Hartelius, telle une Lucia perdue et défaite, apparaît pour lui apporter une réplique sage mais harmonieusement timbrée aux couleurs de la voix du contre-ténor, ce qui les lie dans une même humanité.

Emmanuelle de Negri rayonne alors d’un optimisme enjoué digne des trois garçons bienveillants de la Flûte Enchantée de Mozart.

Autant la partie centrale de l’opéra aura été éblouissante de traits sonores et d’alliages orchestraux rutilants et impressionnants, autant le final heureux aura paru d’un caractère trop convenu pour soutenir l’émotion jusqu’au bout.

Mais l’on aura entendu des lignes fluides et pleines d'allant, et, surtout, un chœur d’une beauté spirituelle sublimée, de bout en bout, par des éclats vocaux fabuleux, et c’est bien ce qui compte.

 

A revoir sur Culturebox jusqu'au 08 octobre 2015

Orphée et Eurydice

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Publié le 17 Avril 2011

Ariane et Barbe-Bleue (Paul Dukas)
Version concert du 15 avril 2011
Salle Pleyel

Ariane Katarina Karnéus
La Nourrice Delphine Haidan
Sélysette Andrea Hill
Mélisande Emmanuelle de Negri
Barbe-Bleue Nicolas Cavallier

Direction musicale Jean Deroyer
Orchestre Philharmonique de Radio France
Choeur de Radio France

 

Katarina Karnéus (Ariane)

Les hasards heureux de la programmation font qu’il est possible d’entendre  Parsifal, Pelléas et Mélisande et Ariane et Barbe-Bleue à quelques jours d’intervalle.
Car ces trois oeuvres forment un aboutissement de l’intégration de l’univers symphonique à l’art de l’opéra.

Mais si - dans la recherche d’une réponse à Wagner - Debussy a cherché à se démarquer, la fascination de Paul Dukas pour le maître de Bayreuth, et Parsifal en particulier, est restée intacte.

Sous la direction monumentale de Sylvain Cambreling, l’Opéra de Paris avait présenté l’ouvrage dans une production visuellement dommageable à l’imprégnation de la musique.
Ce soir, en version concert, l’immersion dans les vagues lumineuses est totale, et Jean Deroyer anime l’immensité orchestrale en incitant des impulsions parfois un peu trop fracassantes.

Même si les cordes s’éliment dans les filages les plus fins, le plus beau passage s’ouvre au troisième acte, lorsque les ondoyances évoquent l’arrivée des filles fleurs de Parsifal.

La poésie du texte de Maeterlinck trouve ainsi, avec Katarina Karnéus et Dephine Haidan, un art de la diction noble et maîtrisé.

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