Publié le 28 Mars 2010

Orchestre de l’Opéra National de Paris
Concert du 26 mars 2010 au Palais Garnier

Felix Mendelssohn Meeresstille und glückliche Fart (Mer calme et heureux voyage), op. 27
Ouverture en ré majeur

Ernest Chausson Poème de l’amour et de la mer, op. 19
La Fleur des eaux
Interlude
La Mort de l’amour

Benjamin Britten Four Sea Interludes, op.33 A
Dawn
Sunday Morning

Moolight
Storm

Claude Debussy La Mer, trois esquisses symphoniques
De L’aube à midi sur la mer
Jeux de vagues
Dialogue du vent et de la mer

Sophie Koch Mezzo-soprano
Philippe Jordan Direction musicale

 

Hautement symbolique, le concert de ce soir l’est pour deux raisons : il réunit deux artistes qu’affectionne Nicolas Joel, Philippe Jordan et Sophie Koch, et se construit sur le thème de la Mer, milieu d’ondes vivantes et symphoniques pour lequel on sent que le nouveau directeur de l’Opéra de Paris nourrit une forte sensibilité.

D’où ce goût pour Massenet (la reprise de Werther était dédiée à Sophie Koch) et Wagner (Le Ring est confié à Philippe Jordan), univers marin depuis le Vaisseau Fantôme jusqu’à Tristan.

Concert Philippe Jordan Sophie Koch Opéra National de Paris

Pour l’occasion, des panneaux latéraux et des réflecteurs supérieurs en bois parent la scène de l’Opéra Garnier, l’acoustique est sous contrôle.

Nous sommes dès lors en famille, et il n’y a pas plus significative image que de voir le chef d’orchestre à proximité de la mezzo-soprano face à Philippe Fénelon (le compositeur du Faust de Lenau ,et plus récemment de la Cerisaie), installé au centre du balcon, sous la surveillance paternelle de Nicolas Joel, placé au premier rang de la première loge de face.
En astronomie, on parlerait d‘ « alignement remarquable ».

Le style musical, très homogène, avec lequel dirige Philippe Jordan propage une vitalité faite de tonalités immaculées et d’une tonicité virile, spectaculaire dans le « Storm » de Britten.

Visiblement le chef s’amuse, mène l’orchestre avec hauteur et la même élégance de geste que de son, mais ce sens de la pureté maintient une distance avec les profondeurs romantiques prêtes à surgir.

Philippe Jordan

Philippe Jordan

C’est grâce au talentueux violoncelliste que Le poème de l’amour et de la mer, débordant de mélodrame, peut prendre une dimension pathétique.

Sophie Koch dégage suffisamment de vagues de tristesse pour palier à un affaiblissement vocal temporaire entre deux représentations de l’Or du Rhin.

Présence et subtiles couleurs obscures ne lui font que peu défaut, la clarté du texte un peu plus car sa voix est essentiellement dramatique.

A l’arrière plan, le timbalier mesure très discrètement la tension des membranes même pendant l’exécution musicale. Il est d’ailleurs un net contributeur à cette impression d’énergie sans lourdeur.

Philippe Jordan avait commencé avec « Mer calme et heureux voyage » joyeux et léger, alors qu’il embrasse La Mer de Debussy avec une ampleur plus contenue.

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Publié le 17 Mars 2010

Présentation de la production de Faust (Philippe Fénelon)
Le 06 mars 2010 au studio Bastille

L’article suivant restitue quelques notes prises lors de la présentation de la production de Faust par Philippe Fénelon. La première représentation est prévue le 17 mars 2010 à l'Opéra Garnier.

C’est Nicolas Joel qui est à l’origine de la création du Faust de Philippe Fénelon.
Bien avant de savoir qu’il allait être le directeur de l’Opéra National de Paris, il cherchait un sujet pour le Théâtre du Capitole de Toulouse (création 2007).
Il suggera donc au compositeur d’opéra, qui a toujours travaillé sur les grands mythes, de faire un Faust. Fénelon lui proposa le Faust de Nicolaus Lenau (1802-1850).

Jusqu’à présent, seul Franz Liszt avait écrit deux pièces symphoniques sur le poème de Lenau (La procession nocturne et Mephisto-Valses).

Dans les vingt-quatre chapitres du texte, la diversité de styles et d’écritures - philosophie, poésie, dialogues - permet de reconstruire un cheminement et une dramaturgie, afin que l’opéra raconte quelque chose, et que l’on ait envie de s’identifier au monde qui est en train de se créer.

L’influence de la langue (allemande pour Faust) est déterminante dans la manière de faire chanter chaque rôle.
Elle a sa propre articulation, et donc elle influe également sur le comportement du compositeur.

Le Faust de Lenau est la quête de la Vérité. Est ce que la religion apporte un soutien, est-ce que l’amour conjugal apporte un soutien, est-ce que l’amour extra-conjugal ou la débauche sont une solution?

Présentation du Faust (Lenau) de Philippe Fénelon

Pet Halmen, le metteur en scène, a symbolisé la montagne que gravit Faust par un crâne, dans lequel se percutent toutes ses pensées. Il se casse la figure, mais Méphistophélès le retient et lui dit qu’il peut l’aider à condition qu’il signe le Pacte.

Pensant avoir trouvé la solution, Faust le suit d’aventure en aventure, et plus il avance dans la conquête de la vérité, qui serait normalement un ascension, plus il tombe.

Et dans l’avant dernier tableau, il se retrouve avec un homme, Görg, qui lui révèle la vérité tout à fait simple, un peu comme chez l’écrivain Rainer Maria Rilke, qui, au lieu de regarder les étoiles, lui dit de regarder ce qu’il se passe parmi nous.

Rilke a une très jolie image qui incite à regarder la chute de la petite enveloppe de la noisette, cette inflorescence qui tombe vers la Terre où se passent les choses importantes, et non dans le Ciel .
Cependant, Görg n’a pas assez d’autorité pour que Faust comprenne, donc plutôt que de continuer sa propre quête, il se suicide. Görg endosse alors son propre rôle, et devient un nouveau Faust.

L’Opéra se finit par un Lacrimosa, où tout le monde pleure la mort de Faust.

Souvent, Philippe Fénelon met des références à des œuvres de l’histoire de la musique. Ainsi, la course à l’abîme, entre la troisième et la quatrième scène, utilise le figuratif imaginé par Berlioz dans La Damnation de Faust.
Pour le compositeur, l’opéra est de la musique expressive, ce qui implique que chaque note doit signifier quelque chose.
Ce n’est pourtant pas ce que pense tout le monde dans le champ de la musique contemporaine, où un autre courant de pensée considère qu’il faut construire un objet purement abstrait et intellectuel.
Mais même dans ce cas là, l’auditeur interprètera les sonorités à sa manière.

Il n’y a pas de personnage comme Marguerite dans le Faust de Lenau. Il a donc fallu inventer ce que peut représenter la figure féminine pour lui. Fénelon a créé la femme du forgeron, qui est le symbole de l’Amour conjugal, Annette qui est la colorature nymphomane délurée, et la Princesse qui est la figure du respect.
Pour figurer le souvenir, un petit passage de l’Air de Marguerite de Gounod est inséré, forme de repère assez complexe à déceler, dans la lignée de ce que les compositeurs ont fait à toutes les époques.

Quand au personnage du Diable, il est nécessaire car il nous sort de nous même, nous fait tomber dans les ornières pour que l’on comprenne qu’il ne faut pas y aller.
Ce contre point à nous même nous pousse au risque, et nous évite ainsi de rester dans une certaine fadeur.

Ainsi ce Faust nous pousse à bout, avec tension et saturation dans les voix et les cris.

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Rédigé par David

Publié dans #Conférences

Publié le 14 Mars 2010

Der Ring des Nibelungen - Das Rheingold (Wagner)

Représentation du 13 mars 2010
Opéra Bastille

Wotan Falk Struckmann
Fricka Sopkie Koch
Loge Kim Begley
Alberich Peter Sidhom
Mime Wolfgang Ablinger-Sperrhacke
Fasolt Iain Paterson
Fafner Günther Groissböck
Freia Ann Petersen
Erda Qiu Lin Zhang
Donner Samuel Youn
Froh Marcel Reijans
Woglinde Caroline Stein
Wellgunde Daniela Sindram
Flosshilde Nicole Piccolomini

Direction Musicale Philippe Jordan
Mise en scène Günter Krämer

 

Synopsis

Le pacte des géants
Wotan, souverain des dieux, règne sur les géants, les hommes et les nains Nibelungen. Gardien des pactes gravés sur la hampe de sa lance, il a violé un contrat : pour rétribuer les géants Fafner et Fasolt qui lui ont construit le Walhalla, résidence des dieux, il leur a promis la déesse Freia. Mais une fois le Walhalla bâti, désireux de garder Freia dispensatrice aux dieux des pommes de l’éternelle jeunesse, il revient sur sa parole et offre un autre paiement. Les géants acceptent de recevoir le trésor d’Alberich le Nibelung.

Le pouvoir de l’anneau
Alberich a volé l’or gardé par les trois ondines du Rhin ; il en a forgé un anneau qui donne à celui qui le porte, à condition de renoncer à l’amour, la maîtrise du monde. Wotan n’a nulle intention de renoncer à l’amour, mais il veut l’anneau (outre le trésor) et le prend de force à Alberich avec la complicité de Loge, le dieu du Feu.
Le nain lance sur l’anneau une malédiction redoutable.

La malédiction de l’anneau
Wotan remet le trésor aux géants, mais garderait l’anneau si la sage déesse Erda , mère des trois Nornes fileuses du destin, ne l’avertissait du danger que constitue l’anneau, ainsi que de la fin approchante des dieux. Il remet l’anneau aux géants, et la malédiction d’Alberich fait aussitôt son effet : pour avoir la plus grande partie du trésor, Fafner tue son frère Fasolt et s’approprie la totalité. Puis il va entasser le trésor dans une grotte des profondeurs de la forêt et pour le garder se transforme en un monstrueux dragon, grâce au heaume magique forgé par Mime, le frère d’Alberich.
Alors que les dieux entrent dans leur nouvelle demeure, Wotan  songe à la race de demi-dieux qu’il prépare pour vaincre le Nibelung.

L’Or du Rhin (Philippe Jordan-Günter Krämer) à Bastille

Le premier volet du Ring, dans la vision de Günter Krämer, se regarde comme une bande dessinée au gros trait, dont les ambiances lumineuses constituent l’élément le plus impressionnant.

Le metteur en scène ne cherche pas à révolutionner la lecture philosophique du livret, mais à en proposer une vision très claire, exempte de symboles mythologiques et magiques, et décomplexée dans la représentation factice des dieux (on finit par s’habituer à leurs bustes fabriqués).

La première scène d’Alberich et les filles du Rhin, dont les robes évoquent autant le corps écaillé des sirènes que l’éclat des prostituées de luxe, semble comme un prolongement de celle des filles fleurs telles que Warlikowski les avait représentées dans Parsifal en 2008.

Ce premier tableau, avec ces bras rouges et ondoyants, est une bonne illustration du travail de Krämer pour restituer le désir sexuel en jeu, tout en s’appuyant sur la dynamique des éléments musicaux.

Sophie Koch (Fricka)

Sophie Koch (Fricka)

Tout au long de l’ouvrage, l’on est assez admiratif devant son pragmatisme dans la gestion des enchaînements visuels (les cordes qui retiennent Alberich sont également celles qui retiennent plus loin en otage Freia, la Terre fertile dont l‘avenir est en jeu, et celles qui tirent l’arc-en-ciel du Walhalla), l’utilisation des éléments fantastiques pour appuyer sa vision (la transformation d’Alberich, en serpent et en crapaud, souligne le niveau d’aliénation du peuple Nibelung), quitte à assumer les lourdeurs de la représentation des luttes de classes (les géants devenant des travailleurs en guérilla contre leur patron).

Avec ce même sens de la continuité, l’arrivée d’Erda est pressentie dès la transition vers la quatrième scène, mais son impact théâtral est moindre que l’arrivée des géants à la seconde scène, alors que son enjeu est plus fort.

Le thème de la malédiction d’Albérich est également moins marquant.

En revanche, la transformation finale du Walhalla en monumental escalier, d’où surgit la jeune hitlérienne que Wotan prépare à lancer contre le Nibelung, se réalise dans une illusion visuelle inoubliable.

Enfin, le travail théâtral, dont bénéficient le plus Alberich et Loge, cherche à rendre visible les forces qui animent les protagonistes (la haine de Mime qui le pousse à révéler à Loge où se cache Albérich transformé en crapaud).
Certains auront même remarqué comment Krämer résout une faiblesse du livret de Wagner, en laissant Wotan s’emparer d’une dernière pomme avant de suivre Loge.
Comment expliquer sinon qu’il ne soit pas plus affaibli lorsque qu‘il entame sa descente dans les mines?

Kim Begley (Loge)

Kim Begley (Loge)

Sous la direction de Philippe Jordan, l’orchestre de l’Opéra National de Paris porte une merveilleuse vision musicale fine et agile (il faut entendre la grâce du motif de l‘amour lorsque Fasolt rêve de la beauté de la femme), plus évocatrice des nébulosités célestes que des remous pervers et agressifs du Nibelung. Cette atténuation dramatique est relative, surtout que la théâtralité est visuelle.

Sur scène, l’implication de l’ensemble des chanteurs est captivante, clownesque et manipulateur Loge de Kim Begley, acéré Alberich de Peter Sidhom sans état d’âme quand il s’agit de se plier à la vulgarité de son personnage, et émouvante noirceur de Qiu Lin Zhang à l'apparition d'Erda.

A l’autorité un peu brute de Falk Struckmann répond la voix la plus noble du plateau en Sophie Koch, et les deux géants, Iain Paterson et Günther Groissböck, se distinguent plus visuellement que vocalement.

Wolfgang Ablinger-Sperrhacke laisse présager, dans Siegfried, un Mime très revanchard.

Rien de vocalement monstrueux dans ces personnages, tous très humains.

Reste à savoir, après le plaisir quasi enfantin que suscite ce prologue, dans quel univers va nous entraîner la Walkyrie, et quelle suite Günter Krämer va t-il donner à ses idées (Erda, avec qui Wotan eut les Walkyries, apparait en voiles noirs, alors que Freia, en voiles blancs, suit de force Wotan sur les marches du Walhalla)?

L'entrée au Walhalla

L'entrée au Walhalla

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Publié le 10 Mars 2010

Présentation de la saison lyrique 2010 / 2011
Mardi 09 mars 2010 au salon Berlioz du Grand Hotel InterContinental

 

La présentation est assurée par Christophe Ghristi, dramaturge qui a toute la confiance de Nicolas Joel.

Cette saison est centrée sur les grands compositeurs qui font une maison d’opéra, avec tout un éventail d‘esthétiques et de styles inhérents à ce « Grand Théâtre du Monde ».

Saison Lyrique 2010 / 2011 de l’Opéra National de Paris

Les entrées au répertoire

Le Triptyque (Puccini)
Du 04 octobre 2010 au 27 octobre 2010 (11 représentations à Bastille)
Juan Pons, Marco Berti, Oxana Dyka, Marta Moretto, Tamar Iveri, Luciana d’Intino, Barbara Morihien, Ekaterina Syurina, Marta Moretto, Alain Vernhes, Eric Huchet, Juan Francisco Gatell
Mise en scène Luca Ronconi / Direction Philippe Jordan

Décors et costumes de la Scala de Milan (2008) et coproduction avec le Teatro Real de Madrid

Le  triptyque constitue la première entrée au répertoire de cette saison. Puccini avait eu l’idée de constituer un triptyque de trois sujets issus de la Divine Comédie de Dante.
A l’arrivée seul Gianni Schicchi en est inspiré, mais ces trois ouvrages traitent de la difficulté de la vie sur Terre, qui ressemble parfois à l’Enfer ou au Paradis qui est censé nous attendre.

 

Mathis le Peintre (Hindemith)
Du 16 novembre 2010 au 06 décembre 2010 (8 représentations à Bastille)
Scott Mac Allister, Matthias Goerne, Thorsten Grümbel, Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, Gregory Reinhart, Burkhard Fritz, Antoine Garcin, Eric Huchet, manie Diener, Svetlana Doneva, Nadine Weissmann
Mise en scène Olivier Py / Direction Christoph Eschenbach

Mathis Der Maler est sans doute un des ouvrages les plus importants du XXième siècle.
Matthias Grünewald (1475-1528), le peintre du Retable d’Issenheim, œuvre que l’on peut admirer au musée de Colmar, est prétexte à Hindemith pour en faire un autoportrait.
Il vécut au moment de la Réforme et de la Guerre des paysans allemands, alors qu' Hindemith composa son opéra au moment de la montée du Nazisme et de l’arrivée d’Hitler au Pouvoir,
L’ouvrage pose la question de la place de l’artiste dans une société en guerre, doit-il se retrancher dans sa solitude pour continuer à créer, ou bien doit-il être à côté de ses compatriotes dans la rue, et demander justice.

Akhmatova (Mantovani)
Du 28 mars 2011 au 13 avril 2011 (6 représentations à Bastille)
Janina Baechle, Michael König, Lionel Peintre, Varduhi Abrahamyan, Valérie Condoluci, Christophe Dumaux, Fabrice Dalis
Mise en scène Nicolas Joel / Direction Pascal Rophé

Création Mondiale

Anna Akhmatova, poétesse russe du Xxième siècle, est considérée comme une grande héritière de Pouchkine grâce à la simplicité de ses vers et une immense mélancolie.
C’est un destin très singulier et très douloureux que Christophe Ghristi, le compositeur du livret de cet opéra, et Bruno Mantovani ont choisi d’évoquer.

Staline n’appréciait pas la popularité d’Akhmatova. Il tenta de la museler, interdite de publication, et quand il autorisa des oeuvres, ce furent des poèmes d’amour de jeunesse, dont elle même avait presque honte, au lieu de ses poèmes de guerre et de deuil. 
Ensuite il décida de la tourmenter en emprisonnant son fils.
Elle se posa la question si elle devait continuer à écrire, ou bien descendre et faire la queue devant les murs des prisons où se trouvait son fils.

Nicolas Joel n’a pu résister à faire lui même la mise en scène avec Wolfgang Gussmann, le décorateur attitré de Willy Decker (Eugène Onéguine, Lulu, Le Vaisseau Fantôme, Die Tote Stadt)

 

Francesca da Rimini (Zandonai)
Du 31 janvier 2011 au 21 février 2011 (8 représentations à Bastille)
Svetla Vassilieva, Louise Callinan, Wojtek Smilek, George Gagnidze, Roberto Alagna, Zwetan Michailov, William Joyner, Maria Virginia Savastano, Manuela Bisceglie, Isabelle Druet, Carol Garcia, Cornelia Oncioiu
Mise en scène Giancarlo Del Monaco / Direction Daniel Oren

Production de l'Opéra de Zurich (2007)

Ce compositeur italien, à peine postérieur à la grande vague vériste qui a agité l’Italie à la fin de la vie de Verdi, a pour héritage géographique l’Autriche et l’Allemagne.

Cela explique la rutilance et le chatoiement, à la manière de Klimt, qui viennent s’infiltrer dans sa musique.

Le drame se passe au Moyen Age, mais le caractère purement symboliste du texte de Gabriele D’Annunzio permet de mettre en scène l’ouvrage dans un lieu qui ressemblerait à la maison de l’écrivain, au bord du Lac de Garde, grandiose pyramide érigée en hommage à lui même.

C’est dans cette atmosphère décadente que Daniel Oren, grand spécialiste des ouvrages italiens 1900, dirigera cet opéra.

 

L'Anneau des Nibelungen

Siegfried (Wagner)
Du 01 mars 2011 au 27 mars 2011 (8 représentations à Bastille)
Torsten Kerl, Peter Sidhom, Wolfgang Abilner-Sperrhacke, Qiu Lin Zhang, Juha Uusitalo, Stephen Milling, Elena Tsallagova, Katarina Dalayman
Mise en scène Günter Krämer / Direction Philippe Jordan

Siegfried a souvent été décrit comme un scherzo car à certains moments il apparaît comme l’ouvrage le plus léger de la Tétralogie,
Torsten Kerl chante son premier Siegfried pour l’Opéra de Paris.

Saison Lyrique 2010 / 2011 de l’Opéra National de Paris

Le Crépuscule des Dieux (Wagner)

Du 03 juin 2011 au 30 juin 2011 (7 représentations à Bastille)
Torsten Kerl, Peter Sidhom, Iain Paterson, Katarina Dalayman, Hans-Peter König, Christiane Libor, Sophie Koch, Nicole Piccolomini, Caroline Stein, Daniela Sindram
Mise en scène Günter Krämer / Direction Philippe Jordan

 

Autre nouvelle production

Giulio Cesare (Haendel)
Du 17 janvier 2011 au 17 février 2011 (12 représentations à Garnier)
Lawrence Zazzo, Isabel Leonard, Varduhi Abrahamyan, Natalie Dessay, Jane Archibald, Christophe Dumaux, Nathan Berg, Dominique Visse, Aimery Lefèvre
Mise en scène Laurent Pelly / Direction Emmanuelle Haïm avec l’orchestre du concert d’Astrée

Natalie Dessay réserve sa première Cléopâtre à l’Opéra National de Paris avec son metteur en scène fétiche : Laurent Pelly.

 

Les reprises

Le Vaisseau Fantôme (Wagner)
Du 09 septembre 2010 au 09 octobre 2010 (9 représentations à Bastille)
Matti Salminen, Adrianne Pieczonka, Klaus Florian Vogt, Marie-Ange Todorovitch, Bernard Richter, James Morris

Mise en scène Willy Decker (2000) / Direction Peter Schneider
 

Ariane à Naxos (Strauss)
Du 11 décembre 2010 au 30 décembre 2010 (8 représentations à Bastille)
Franz Mazura, Detlev Roth, Sophie Koch, Stefan Vinke, Xavier Mas, Vladimir Kapshuk, Diana Damrau, Ricarda Merbeth, Elena Tsallagova, Diana Axentii
Mise en scène Laurent Pelly (2003) / Direction Philippe Jordan

La Fiancée Vendue (Smetana)
Du 04 décembre 2010 au 27 décembre 2010 (9 représentations à Garnier)
Oleg Bryjak, Isabelle Vernet, Inva Mula, Michael Druiett, Marie-Thérèse Keller, Andreas Conrad, Piotr Beczala, Pavel Cernoch, Jean-Philippe Lafont, Heinz Zednik, Valérie Condoluci, Ugo Rabec
Mise en scène Gilbert Deflo (2008) / Direction Constantin Trinks

Eugène Onéguine (Tchaikovski)
Du 17 septembre 2010 au 11 octobre 2010  (8 représentations à Bastille)
Nadine Denize, Olga Guryakova, Alisa Kolosova, Nona Javakhidze, Ludovic Tézier, Joseph Kaiser, Gleb Nikolski, Jean-Paul Fouchécourt, Ugo Rabec
Mise en scène Willy Decker (1995) / Direction Vasily Petrenko

Katia Kabanova (Janacek)
Du 08 mars 2011 au 05 avril 2011 (8 représentations à Garnier)
Angela Denoke, Vincent Le Texier, Jane Henschel, Donald Kaasch, Jorma Silvasti, Ales Briscein, Andrea Hill
Mise en scène Christophe Marthaler (2004) / Direction Tomas Netopil

Les Noces de Figaro (Mozart)
Du 26 octobre 2010 au 24 novembre 2010 et du 13 mai 2011 au 07 juin 2011 (21 représentations à Bastille)
Ludovic Tézier, Dalidor Jenis, Christopher Maltman, Barbara Frittoli, Dorothea Röschmann, Ekaterina Syurina, Julia Kleiter, Luca Pisaroni, Erwin Schrott, Karine Deshayes, Isabel Leonard, Ann Murray, Robert Lloyd, Maurizio Muraro
Mise en scène Giorgio Strehler (1973) / Direction Philippe Jordan et Dan Ettinger

Cosi fan Tutte (Mozart)
Du 16 juin 2011 au 16 juillet 2011 (10 représentations à Garnier)
Elza van Den Heever, Karine Deshayes, Matthew Polenzani, Paulo Szot, Anne-Catherine Gillet, Ildebrando d’Arcangelo
Mise en scène Ezio Toffolutti (1996) / Direction Philippe Jordan

L’Italienne à Alger (Rossini)
Du 11 septembre 2010 au 08 octobre 2010 (10 représentations à Garnier)
Marco Vinco, Jaël Azzaretti, Cornelia Oncioiu, Riccardo Novaro, Lawrence Brownlee, Vivica Genaux, Alessandro Corbelli
Mise en scène Andrei Serban (1998) / Direction Maurizio Benini

Madame Butterfly (Puccini)
Du 16 janvier 2011 au 14 février 2011 (10 représentations à Bastille)
Micaela Carosi, Enkelejda Shkosa, Anna Wall, James Valenti, Anthony Michaels-Moore, Carlo Bossi, Vladimir Kapshuk, Scott Wilde
Mise en scène Robert Wilson (1993) / Direction Maurizio Benini

Tosca (Puccini)
Du 20 avril 2011 au 18 mai 2011 (11 représentations à Bastille)
Iano Tamar, Massimo Giordano, Carlo Ventre, Franck Ferrari, Carlo Gigni, Francisco Almanza, Matteo Peirone, Yuri Kissin, Christian Tréguier
Mise en scène Werner Schroeter (1994) / Direction Renato Palumbo

Luisa Miller (Verdi)
Du 07 mars 2011 au 01 avril 2011 (9 représentations à Bastille)
Orlin Anastassov, Marcelo Alvarez, Roberto de Biasio, Maria José Monthiel, Arutjun Kotchinian, Franck Ferrari, Krassimira Stoyanova, Elisa Cenni
Mise en scène Gilbert Deflo (2008) / Direction Daniel Oren

Otello (Verdi)
Du 14 juin 2011 au 16 juillet 2011 (11 représentations à Bastille)
Aleksandrs Antonenko, Lucio Gallo, Sergei Murzaev, Michael Fabiano, Francisco Almanza, Carlo Cigni, Roberto Tagliavini, Renée Fleming, Tamar Iveri, Nona Javakhidze
Mise en scène Andrei Serban (2004) / Direction Marco Armiliato

Saison Lyrique 2010 / 2011 de l’Opéra National de Paris

Première impression sur cette saison :

Philippe Jordan, avec 6 ouvrages sur 19, devient dans les faits le directeur musical de la «Grande Boutique ».
Mais avec seulement 7 nouvelles productions (dont tout de même 4 pour le XXième et le XXIième siècle), la saison 2010/2011 de l’Opéra National de Paris est la moins innovante depuis le début de la période Hugues Gall en 1995.

Car c’est également la première fois que 5 productions vieilles de plus de 15 ans sont reprises (Les Noces de Figaro-1973, Cosi fan Tutte-1996, Eugène Onéguine-1995, Tosca-1994, Madame Butterfly-1993)

Sous le mandat de Gerard Mortier, au moins 9 nouvelles productions étaient proposées, et au plus 2 reprises avaient plus de 10 ans.

L’argument de Nicolas Joel, selon lequel le choix de ces mises en scène se justifie si l’interprétation musicale est supérieure à ce qui a été entendu auparavant, est sans doute valable pour les Noces de Figaro, mais pour les quatre autres il y a déjà eu des interprétations fortes (Tosca 2003 avec Giordani/Shafajinskaia/Viotti, Butterfly 2006 avec Zhang/Berti/Russel Davis, Oneguine 2003 Guryakova/Jurowski, et à discuter le Cosi 2005 Garanca/Wall/Degout/Kuhn/Chéreau).

La saison 2009/2010 a d’ailleurs montré de grandes réussites vocales pour le Barbier, André Chénier, Don Carlo, comme des points faibles pour Salomé et Idomeneo.
On attend toujours d’entendre des Wagner du niveau de Parsifal ou Tannhauser sous l’ère Mortier, et de savoir si la Donna del Lago atteindra les sommets des Capulets et Montaigus de 2008.

L’amélioration musicale n’est donc pas sensible, et si l’opéra n’est plus conçu comme un tout où musique, chant et mise en scène se fondent en une vision artistique unique, l’ambition ne peut plus que se limiter à entretenir une belle machine pour le plaisir de la faire fonctionner.

Le thème "Grand Théâtre du Monde" cache mal le caractère fourre-tout de la saison 2010/2011.

Dans ces conditions, c’est à chacun d’aller chercher des points d’intérêt.
La suite du Ring est bien sûr très attendue, mais ce sont surtout Mathis Der Maler et Akhmatova qui retiennent l’attention, car ils traitent tous deux de la condition de l’artiste.
Et pour Akhmatova, le fait que sa réalisation soit intégralement due à une équipe de personnes qui se connaissent et s’estiment (Mantovani, Ghristie, Joel, Rophé, Gussmann) peut permettre d’espérer un vrai spectacle d’âme.

Ce sera d’ailleurs le seul opéra français de la saison.

Un dernier mot sur la nouvelle politique tarifaire de l'Opéra National de Paris.

Les catégories élevées restent relativement stables, avec toutefois des changements de catégories (à la hausse), mais surtout les places sans visibilité de Garnier (7 euros) et les places de fond de premier balcon à Bastille (10 euros) augmentent de 50%.

Les acheteurs de places à petit prix sont sabrés, tout cela pour rapporter 300.000 euros de plus à Garnier par an, et 80.000 euros à Bastille (pour un budget total de 160.000.000 euros).

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Rédigé par David

Publié dans #Conférences, #ONP

Publié le 8 Mars 2010

Emilie (Kaija Saariaho)
Représentation du 07 mars 2010
Opéra National de Lyon

Création Mondiale
Reprise en juillet 2012 à l’Opéra Comique

Emilie du Châtelet Karita Mattila

Livret Amin Maalouf

Direction Musicale Kazushi Ono

Mise en scène François Girard

 

Dix ans après la création de L’amour de loin au festival de Salzbourg, sous la direction de Gerard Mortier, et après celle d’ Adriana Mater à l’Opéra Bastille en 2006, toujours sous la direction de Gerard Mortier, Kaija Saariaho crée à Lyon son nouvel opéra pour la soprano finlandaise Karita Mattila.

Emilie du Châtelet (1706-1749) permet d’approcher la psychologie de celle qui est reconnue comme la première femme scientifique européenne, mais aussi pour sa nature amoureuse qui rappelle celle d’Edit Piaf.

Il est fascinant de voir dans une même âme la rigueur scientifique, le sens du raisonnement sur lequel se construit la structure de l’esprit, et un bouillonnement de sentiments qui risque de la consumer.

Karita Mattila (Emilie)

Karita Mattila (Emilie)

Kazushi Ono semble parfaitement maître de l’ensemble orchestral, les nappes sonores évoquent le mystère, des pulsations répétitives, les réminiscences du clavecin de l’époque, il émerge même des cordes des couleurs glacées et intemporelles.

Ce discours musical n’est pas théâtral, et prédispose l’auditeur à une atmosphère de détente et de concentration.

Karita Mattila (Emilie)

Karita Mattila (Emilie)

Il y a adéquation avec l’aspect visuel de la mise en scène, architecturée autour d’une armature reconstituant la mécanique céleste des sept premières planètes du système solaire, en révolution autour du soleil figuré par le bureau sur lequel étudie Emilie.

Uranus n’ayant été découverte qu’en 1781, par William Herschel, un brillant spectateur a vu dans cet anachronisme une nécessité dramaturgique, lorsque ces sept planètes s’alignent pour illustrer les sept couleurs de l’arc en ciel, tel que Newton l’avait envisagé.

Chacun de ces globes porte le nom d’un personnage important de la vie d’Emilie, Saint Lambert (son dernier amour), Newton, le Baron de Breteuil, le Marquis du Châtelet, et Voltaire.

Si elle a pu trouver son indépendance dans son goût pour la science, elle s’est tout autant complu dans ses passions amoureuses, notamment pour Voltaire, avec un intense attachement.

Karita Mattila (Emilie)

Karita Mattila (Emilie)

Cette force ne se trouve pas dans la musique, mais dans le chant.
Karita Mattila interprète Emilie, enceinte de Saint Lambert à la fin de sa vie, avec une conviction et un relief vocal dramatiques, mordante dans les monologues parlés et violente dans ses supplications.

L’extrême aigu se détimbre parfois, sans que cela ne trouble les couleurs très contrastées de ses expressions.

On peut critiquer l’absence de légèreté dans ce portrait testamentaire, mais il s’agit d’un thème fort sur la dualité entre liberté et recherche du bonheur, avec les souffrances qu’elle engendre dans le rapport à l‘autre.

Emilie ne voulait pas qu’on se souvienne d’elle pour sa liaison avec Voltaire, alors c’est ce dernier qui publia en 1759 sa traduction de Principia mathematica de Newton, en profitant de l’engouement que suscita le passage de la comète de Halley.

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