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Publié le 9 Février 2022

London Symphony orchestra (Ludwig van Beethoven - Dmitri Chostakovitch) 
Concert du 07 février 2022
Philharmonie de Paris – Grande salle Pierre Boulez

Ludwig van Beethoven Concerto pour piano n° 5 "Empereur" (1809-1811)
Dmitri Chostakovitch Symphonie n° 15 (1971-1972)

Piano Beatrice Rana
Direction musicale Gianandrea Noseda
London Symphony Orchestra

Au moment même où Madrid cède au siège mené par Napoléon, et peu avant le déclenchement de la campagne d’Autriche qui verra Vienne mise hors de combat en seulement trois mois ainsi que le mariage de Marie-Louise avec l’empereur français, Ludwig van Beethoven compose son dernier Concerto pour piano alors qu’il réside toujours dans la capitale impériale. 

Gianandrea Noseda et les musiciens du London Symphony Orchestra

Gianandrea Noseda et les musiciens du London Symphony Orchestra

Le spectaculaire coup d’éclat de l’ouverture est splendidement rendu par les musiciens du London Symphony Orchestra avec souplesse dans la soudaineté et un épanouissement sonore qui dit tout de la poigne et de la majesté d’un des meilleurs orchestres au monde. Tissu velouté merveilleusement envoûtant, finesse des voiles d’où émerge dans une continuité naturelle le phrasé scintillant de Beatrice Rana qui tire de son piano dans les moments les plus intimes des ambiances de berceuse comme un retour aux rêveries de l’enfance dans un esprit d’orfèvrerie minutieuse, Gianandrea Noseda fait vivre ce grand moment d’évasion par une approche d’abord déterminée qui laisse de plus en plus les respirations de l’orchestre, et les pulsations sombres, prendre le large pour revenir au cœur pianistique palpitant et délié.

Beatrice Rana

Beatrice Rana

En seconde partie, un saut dans le temps de 160 ans et une remontée vers les plaines de Russie d’Europe nous emmènent aux heures de la composition de la dernière symphonie de Dmitri Chostakovitch lors d’un de ses séjours près de Saint-Pétersbourg. C’est d’abord un ouvrage qui dit beaucoup sur l’admiration du compositeur pour les musiciens européens dont il emprunte des motifs célèbres, l’ouverture du Grand opéra de Gioachino Rossini, 'Guillaume Tell', ou bien les présages funèbres ou extatiques de 'La Walkyrie' et 'Tristan und Isolde' de Richard Wagner.

Gianandrea Noseda

Gianandrea Noseda

La magnificence, la rondeur puissante des couleurs des cuivres et la lumière irrésistible des cordes forment un mélange qui mêle lyrisme romantique fluide et textures modernes plus complexes aux superbes teintes pittoresques, et où les percussions jouent un rôle mystérieux de papillotement sonore. L’interprétation qu’en donne Gianandrea Noseda est fortement incarnée tant il donne l’impression de contraindre l’expression pour la ramener à quelque chose de très tumultueux, concentré et personnel qui cherche le repli dans une intériorité maternelle aux origines des lumières d’un amour pur. Comme une stratégie de lutte de la vie face à la mort.

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