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Publié le 5 Septembre 2021

Sequenza 9.3–Simonpietri–Demarquette (Vocello - 2017)

Concert du 04 septembre 2021
Septembre musical de l’Orne
Église Saint Martin de Longny-au-Perche

Henry Purcell When I laid in earth (1689 - Londres)
Henryk Gorecki Symphonie des Chants plaintifs (1977 - Royan)
Johannes Ockeghem Hommage à Gilles Binchois (XVe siècle)
Éric Tanguy Stabat Mater (2014 - Aix-en-Provence)
John Dowland Flow my tears (1596)
Philippe Hersant Métamorphoses (2013 - Claivaux)
Jacob Clemens non Papa Ô Souverain Pasteur et Maistre (XVIe siècle)
Juste Janulyte Plonge (2015 – Philharmonie de Paris)

Ensemble Sequenza 9.3
Direction Catherine Simonpietri
Violoncelle Henri Demarquette

Pour sa 39e édition, le festival du Septembre musical de l’Orne accueille au cours de son week-end d’ouverture l’ensemble vocal Sequenza 9.3 créé par Catherine Simonpietri en 1998 afin d’explorer le répertoire contemporain, la création, et accompagner la jeunesse scolaire dans ses pratiques artistiques avec le soutien du département de la Seine-Saint-Denis.

Associé au violoncelliste Henri Demarquette, l’ensemble a édité au printemps 2017 son sixième enregistrement discographique, Vocello, alternance de pièces anciennes et contemporaines adaptées à l’alliage insolite du chœur et du violoncelle.

7 des 9 pièces de cet album sont ainsi reprises ce soir auxquelles s’ajoute la Symphonie des Chants plaintifs de Henryk Gorecki.

Catherine Simonpietri et Sequenza 9.3

Catherine Simonpietri et Sequenza 9.3

Le fameux When I laid in earth extrait de Didon et Enée de Purcell attribue au chœur le rôle de l’orchestre, et celui du violoncelle à la voix de Didon. Le début méditatif du chœur composé de six chanteurs et six chanteuses installe d’emblée un charme introspectif auquel s’immisce naturellement la plainte du soliste, mais le fait d’entendre le violoncelle sculpter la partie les plus aiguë alors que les voix sont contenues dans une tonalité plus basse ne paraît pas naturel quand on en connaît bien l’air original.

C’est dans l’extrait de la Symphonie des Chants plaintifs d’Henryk Gorecki que le chœur peut déployer ses qualités célestes élégiaques, et, par la fusion de ses nuances colorées, séduire une audience littéralement emportée par un mouvement qui le touche profondément.

Henri Demarquette et Sequenza 9.3

Henri Demarquette et Sequenza 9.3

L’Hommage à Gilles Binchois de Johannes Ockeghem met en valeur les voix masculines, un recueillement qui s’achève par une vibrante sonorité grave, et c’est dans le Stabat Mater d’Eric Tanguy que les mouvements du chœur mixte et du violoncelle prennent les accents les plus torturés.

L’écriture de l’instrument soliste, particulièrement austère, s’engouffre dans les tréfonds de l’âme comme s’il s’agissait de remuer quelque chose chez l’auditeur ou de chercher à le mettre mal à l’aise.

Après une courte pause, Flow my tears fait renaître des sentiments mélancoliques qui entrent magnifiquement en résonance avec l’atmosphère de l’ancienne église qui a été construite au même moment que John Dowland imaginait ses compositions.

Sequenza 9.3 dans son intégralité

Sequenza 9.3 dans son intégralité

Forts audacieuses et dénuées de tout pathos, Les Métamorphoses de Philippe Hersant peuvent se révéler dansantes ou facétieuses autour de développements plus lents avec des réminiscences orientales, bien qu’il s’agisse d’une pièce inspirée par la rencontre avec des prisonniers.

On retrouve ensuite le sens de l’individualité à travers Ô Souverain Pasteur et Maistre de Jacob Clemens non Papa qui met en valeur certains solistes, leurs visages et la lumière qui s’en dégage, et c’est sur les évanescences vocales hors du temps de Plonge de Juste Janulyte, mêlées aux étirements métalliques du violoncelle, comme pour peindre des horizons infinis, que s’achève ce voyage multiforme chaleureusement accueilli et dirigé avec un très agréable sens de l'attention et de la discrétion par Catherine Simonpietri.

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