Récital chant et piano par Marie Soubestre et Romain Louveau
Publié le 9 Juin 2014
Récital chant et piano (Marie Soubestre & Romain Louveau)
Concert du 08 juin 2014
La Grange aux Dîmes – Carrières sur Seine
Sergueï Rachmaninov « Ne poi krassavitsa »
Giuseppe Verdi, Rigoletto « Caro nome »
Hanns Eisler, Berceuse « Mein Sohn »
Sergueï Rachmaninov, vocalise
Hanns Eisler, Berceuse « Als ich dich… »
Johannes Brahms, Intermezzo, op. 118 n°2, pièce pour piano seul
Gioachino Rossini, Comte Ory « En proie à la tristesse… »
Marie Soubestre soprano
Romain Louveau piano
Dorothée Daffy mise en espace
Marie Soubestre
Spectacle présenté par la compagnie théâtrale Les Cassandres et l’association Equit'Art
Sur les bords bucoliques de la Seine qui font face à l’île des Impressionnistes – Claude Monet y peignit « Carrières-Saint-Denis », Pierre-Auguste Renoir de nombreux tableaux dont « Le Déjeuner des canotiers » - les vieilles ruelles de Carrières-sur-Seine s’élèvent à flanc de colline pour mener à l’ancienne grange aux Dîmes qui héberge aujourd’hui la Galerie Associative Equit’ART.
Et, pour la trouver, il suffit de se laisser guider par le son du piano provenant de l’arc brisé d’une fenêtre ouverte sur Paris.
C’est ici que deux étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Marie Soubestre et Romain Louveau, y interprètent un récital qui, en sept complaintes, fait se côtoyer Rachmaninov, Verdi, Eisler, Rossini et Brahms.
Les deux premières romances, « Ne poi krassavitsa » et « Caro nome » (extrait de Rigoletto), sont dédiées à un être cher. On sent, dès le début, l’ample passion du pianiste, qui ne lâche rien de l’écriture musicale pour en exalter l’intensité mélodique.
Il a une belle façon enveloppante d’engager le corps et de prolonger l’élan dans l’intensité du son, et l’Intermezzo de Brahms, plus loin, sera son grand moment à lui seul, et pour l’audience admirative.
Avec la complicité de Dorothée Daffy au jeu subtil des deux artistes, le duo trouve son unité. L’air de Rigoletto, et ses vocalises surnaturelles, est le grand air d’opéra du récital qui apparaît ici surdimensionné à la taille modeste de la salle.
Mais, lorsque nous découvrons ces airs prolétaires peu connus d’Hanns Eisler, les Wiegenlieder für Arbeitmutter, écrits dans les années 1930, Marie Soubestre nous ramène les pieds sur terre. Le texte est dur, empreint de cette violence que nous avons plus ou moins en nous, et renvoie à une réalité sans fard qui est, pour les auditeurs, un extraordinaire et saisissant instant de théâtralité musicale.
Le message passe parfaitement, sans même qu’il soit nécessaire de comprendre le texte impitoyable vis-à-vis de la réalité sociale d’une époque.
Les vocalises de Rachmaninov, qui séparent les deux Lieder, évoquent la légèreté d’un rêve. La soprano n’en reste cependant pas à cette unique interprétation. Elle en transforme l’évanescence en une recherche de quelque chose dans le regard de l’autre, le spectateur, le pianiste, un appel inexprimable qui peut intimider.
Puis, dans l’air de la Comtesse Adèle, l’humour et la fantaisie l’emportent, sous le regard toujours aussi bienveillant de Romain Louveau, et, pour remémorer aux plus ardents passionnés un air mythique interprété par Maria Callas, « Oh ! mio Babbino Caro » (Gianni Schicchi – Puccini) sera comme une berceuse offerte au petit garçon de la soprano.