Publié le 18 Février 2013

Der Ring des Nibelungen

Die Walküre (Richard Wagner)
Représentation du 17 février 2013
Opéra Bastille

Siegmund Stuart Skelton
Sieglinde Martina Serafin
Hunding Günther Groissböck
Brünnhilde Alwyn Mellor
Wotan Egils Silins
Fricka Sophie Koch

Direction musicale Philippe Jordan
Mise en scène Günter Krämer

 

 

                                                                                                     Martina Serafin (Sieglinde)

Depuis deux semaines, le Ring fait son retour sur la scène de l’opéra Bastille pour une série de représentations qui s’étireront tout le long de la saison restante, avant une reprise du cycle complet sur dix jours au début de l’été prochain.

A l’écoute et au regard de l’Or du Rhin, Philippe Jordan et l’orchestre ont manifestement déployé une beauté de son fluide, fine et rutilante, sans clinquant, avec néanmoins un excès de souplesse qui atténue la dynamique théâtrale de la musique. Par ailleurs, Günter Krämer a sérieusement repris et approfondi le jeu d’acteur, afin de créer un ensemble d’interactions humaines plus vivantes.

Scène d'ouverture

Scène d'ouverture

La première représentation de La Walkyrie confirme que l’orientation du travail musical fait la part belle à la métaphysique de la partition, et l'on sent que Philippe Jordan est en quête d'une ineffable forme de stylisation qui étire à l'extrême des sons évoquant les lueurs immatérielles de l'Orient, s'éloignant de plus en plus des interprétations vigoureuses et tranchantes que privilégient de nombreux chefs plus spectaculaires, et les plus fanatiques des Wagnériens.

Tout le premier acte est ainsi conçu sur une très fine toile tissée d’ondulations, comme si les murmures des cordes venaient s’infiltrer à travers les interstices du cœur. Dès l’ouverture, on entend même des irisations parcourir en surface ce flux évanescent qui nous plonge progressivement dans l’univers lent et impalpable de Tristan et Isolde.


Stuart Skelton et Martina Serafin forment un couple d’une beauté expressive dont on ne sait que dire tant ils sont si magnifiquement accordés. Siegmund sombre et tourmenté, le ténor australien évoque surtout Tristan, un homme sauvage et impulsif au cœur infiniment tendre.

Son chant surprend par sa profondeur de souffle, ses accents brisés qui font tout ce que l’on peut aimer chez un héros qui ne manifeste aucune vaillance déplacée, alors que Günter Krämer l'amène à se blottir au creux de Sieglinde, pour mieux montrer la détresse infligée par son passé.

 

                                                                                     Günther Groissböck (Hunding)

Et Martina Sérafin, belle et fascinante par sa manière de suivre en frayeur la souplesse de la musique, et de jouer des mouvements et des reflets mystérieux de sa longue chevelure brune, est encore plus féminine par son art du chant déclamé et son timbre affirmé mais touchant de fragilité et d’incertitude. Elle a une légère faiblesse sur la tessiture aigue, animale quand elle doit exprimer la force de ses sentiments les plus violents, sans que cela n’ôte quoi que ce soit au charme de son caractère bouleversant.

Entouré par ces deux êtres de légende, Günther Groissböck accentue les expressions monstrueuses de Hunding, poussé par une scénographie qui le transforme en un misérable chef de Gestapo rêvant de bouleverser l’ordre des choses.

Stuart Skelton (Siegmund) et Martina Serafin (Sieglinde)

Stuart Skelton (Siegmund) et Martina Serafin (Sieglinde)

Günter Krämer offre d’ailleurs un beau tableau d’ouverture en montrant dans un premier temps ces hommes montant les marches du Walhalla pour assassiner, certes, les héros nus, mais qui laissent ensuite les corps abattus sans vie se renverser et se magnifier sous les éclairages en clair-obscur, et prendre le caractère homoérotique envoûtant des peintures du Caravage.

Le metteur en scène allemand a aussi totalement repenser la première journée du Ring en la débarrassant de ses matériaux superflus, de manière à assurer une meilleure cohérence visuelle en explicitant plus clairement, par exemple, l'origine des corps que lavent les Walkyries au dernier acte, ou, en repensant le final pour qu’il y ait une continuité naturelle avec le second volet, Siegfried.

La tonalité d’ensemble devient plus nocturne, et grâce à quelques éclairages bien disposés et une réflexion plus fouillée sur les gestes des chanteurs, qu'ils soient aussi violents que réconfortants, on devient plus sensible à ce qu’il se joue sur scène. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser que d’autres régisseurs auraient fait aussi bien sans que cela ne coûte autant à la direction artistique de l'Opéra de Paris.

 Sophie Koch (Fricka) et Egils Silins (Wotan)

Sophie Koch (Fricka) et Egils Silins (Wotan)

Dans le second acte, on découvre un Philippe Jordan encore plus surprenant, car ses choix d’accentuations se portent maintenant sur la noirceur du discours, et sur l’extériorisation d’accords menaçants qui prennent au cœur quand Wotan livre son récit à Brünnhilde. On n’écoute pas seulement ce que chante magnifiquement Egils Silins, avec un timbre granuleux et homogène qui brosse un portrait solide de ce dieu inflexible, mais surtout ce que l’orchestre révèle de ses ombres, du magma névrotique dont il n’arrive pas à s’extraire. Toute sa personnalité est racontée par des musiciens qui ne doivent même pas se rendre compte du formidable gouffre qu’ils nous décrivent prodigieusement.

Alwyn Mellor (Brünnhilde)

Alwyn Mellor (Brünnhilde)

Toujours aussi noble d’allure, droite et fière, et plus approximative quand elle déclame ses intonations graves, Sophie Koch tient tête à Egils Silins en évitant tout mélodramatisme, quitte à se réfugier dans une froideur qui rend Fricka moins authentique, mais d‘une tenue sans faille.

On retrouve alors cette lenteur excessivement sensuelle et étrange au retour de Stuart Skelton et Martina Serafin, tous les deux formant ce cœur humain éternellement magnifique à revoir pour ses interactions fluides et naturelles, et à réentendre pour son chant si prenant.

Et, même à la mort de Siegmund, la musique fait entendre les plus tendres sentiments paternels de Wotan, quand il se penche sur le corps de son fils, alors que Fricka le rejoint pour vérifier la réalisation de l’acte qu’elle a si ardemment exigé.

Egils Silins (Wotan) et Sophie Koch (Fricka)

Egils Silins (Wotan) et Sophie Koch (Fricka)

Criant un peu fort lors de son arrivée, Alwyn Mellor se joue d'un timbre complexe à maitriser, celui ci pouvant très vite prendre des couleurs prématurément usées. C’est son expressivité et sa présence qui lui permettent de jouer de tant d’irrégularités et de libérer une énergie maternelle, à contre pied de l’image monumentale que l’on peut avoir de Brünnhilde.

Après un bref tableau du verger d’amour dépourvu de toutes ses feuilles, conséquence de la mort de Siegmund, la Chevauchée des Walkyries nettoyant les corps nus des héros morts au combat prend un aspect plus macabre qu’il y a deux ans. On distingue toutefois que toutes les voix ne forment pas un ensemble homogène.

Martina Serafin (Sieglinde) et  Stuart Skelton (Siegmund)

Martina Serafin (Sieglinde) et Stuart Skelton (Siegmund)

Philippe Jordan tire un grand éclat de l’orchestre, sans démesure, mais se concentre surtout sur l’intimité du discours pendant le long échange entre Wotan et sa fille, avec toujours ce sens de la lenteur merveilleuse sous laquelle finit par se noyer la salle entière, envahie intégralement par les fumées et les lueurs rougeoyantes du brasier final.

Loin de la dimension épique et nerveuse que l’on pourrait aimer retrouver, il s’agit cette fois d’une des plus sombres interprétations de l’ouvrage qui laisse augurer d'un futur Tristan et Isolde irréel, lors de la saison prochaine vraisemblablement.

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Publié le 17 Février 2013

La Khovantchina (Modest Moussorgski)
Représentation du 09 février 2013
Opéra Bastille

Ivan Khovanski Gleb Nikolsky
Andrei Khovanski Vladimir Galouzine
Vassili Golitsine Vsevolod Grivnov
Chakloviti Sergey Murzaev
Dossifei Orlin Anastassov
Marfa Larissa Diadkova
Susanna Marina Lapina
Le Clerc Vadim Zaplechnyy
Emma Nataliya Tymchenko
Varsonofiev Yuri Kissin
Kouzka Vasily Efimov
Strechniev Vladimir Kapshuk
Premier Strelets Igor Gnidii
Deuxième Strelets Maxim Mikhailov
Un confident de Golitsine Se-Jin Hwang

Direction Musicale Michail Jurowski                        Gleb Nikolsky (Ivan Khovanski)
Mise en scène Andrei Serban (2001)

Jamais reprise depuis son entrée au répertoire de l’Opéra Bastille à la fin de l’année 2001, La Khovantchina est une œuvre qui porte en elle une profonde noirceur à laquelle se mêlent des chants populaires contrastés, qui peuvent exprimer une joie jamais totalement libre, sous l’ombre de présages meurtriers, puis des lamentations découragées, parfois élégiaques.

Trois personnages, Ivan Khovanski, le vieux croyant Dossifei, et Marfa, opposés et effrayés par la menace que constitue l’avènement imparable du règne du jeune Pierre - déjà Tsar et résolu à entrer dans Moscou pour écarter définitivement la régente Sophie, sa demi-sœur, et ses alliés Streltsy -, tracent les principales lignes psychologiques de ce drame aux résonances historiques.

Fin acte I

Fin acte I

Les autres protagonistes, Andrei Khovanski, Chakloviti, Le Clerc, Golitsine, Susanna et Emma n’apparaissent qu’épisodiquement, et, tant bien même que leurs traits de caractères soient toujours fortement dessinés, ceux-ci ne sont que quelques fragments de leur personnalité. Il n’est donc pas possible d’être marqué par un grand portrait, une grande figure composée de facettes différentes et évoluant dans le temps.

C’est en fait le chœur, représentant tour à tour les Moscovites, les hommes d’armes Streltsy, leurs femmes et les Vieux-croyants qui forme l’âme la plus composite et prégnante de l’ouvrage.

La mise en scène d’Andrei Serban ne montre qu’un travail minimaliste sur l’expressivité théâtrale des chanteurs, et se concentre sur une description épurée des différents tableaux, avec le seul soucis d’accorder la tonalité visuelle grise et tourmentée, parcourue d’ombres où les personnages révèlent leurs propres ténèbres, à l’atmosphère dépressive de la musique de Moussorgski.

Vladimir Galouzine (Andrei Khovanski)

Vladimir Galouzine (Andrei Khovanski)

Les plans se resserrent dans l’intimité des palais, qu’ils soient les appartements de Golitsine, inspirés de l’Europe de Louis XIV, ou le salon orientalisant de Khovanski au milieu duquel huit esclaves féminines s’étirent lascivement sous l’influence de la musique persane, dans le plus pur conformisme d’une imagerie naïve telle qu‘on peut la concevoir.

L’impression la plus réussie est en fait l’arrivée de Pierre Le Grand à la toute dernière minute de l‘ouvrage, sorti des coulisses d’où il a organisé toutes les intriques ayant mené à l’élimination de ses opposants, un à un, marchant vers les Vieux-Croyant résolus au suicide collectif.
 

Pour renforcer cet effet glaçant, la musique de Chostakovitch, qui est l’orchestration choisie plutôt que celle plus couramment jouée de Rimski-Korsakov, épargne ainsi les coupures injustes infligées au chœur, et est remplacée par un final (Stravinsky?) plus brutal dans sa rupture nette avec l'action.

Elle s’achève sur la montée grandiose de percussions fracassantes, ne laissant derrière elle que le néant d’un chaos inextricable.

De cette distribution slave, Orlin Anastassov s’impose comme un Dossifei superbe de pureté de timbre, noir et clair à la fois, une spiritualité humaine qui se ressent au détriment d‘une autorité implacable, et à laquelle Larissa Diadkova en est le pendant féminin, une voix riche et sombre, mais un peu plus fatiguée que d’habitude pour cette dernière matinée.

                                                                                          Danse persane (acte IV)

Son air obsessionnel de voyance, au premier acte, comporte quelques disparités, ce que l’on oublie à l’écoute du troisième acte, en duo avec la voix souple, directe et astrale de Marina Lapina, dans un climat nocturne magnifique, pour lequel l’orchestre sort de sa placidité perceptible en première partie, afin de prendre une ampleur homogène et plus légère, et se déployer encore plus largement dans les deux derniers actes.

Michail Jurowski, le père de Dmitri et Vladimir, deux autres chefs russes que l’Opéra Bastille a accueilli pour interpréter La Dame de Pique, dirige avec une impassibilité qui révèle une poigne sans scrupule à lever la masse sonore de façon saisissante dans toutes les fins de scènes, et aussi une finesse subtile à rejoindre les moments de silence. Il ne cherche cependant ni à exagérer la tension, ni à imprimer un style qui se joue des conventions musicales. L’impression d’une direction traditionnelle et compacte domine inévitablement.

La stature impressionnante de Gleb Nikolsky est à l’image de l’ampleur de sa voix, avec des effets un peu trafiqués et vulgaires qui, s’il décrivent bien l’origine un peu ‘provinciale’ du personnage, donnent aussi envie d’en sourire. Son jeu très caricatural n’y est pas étranger non plus.

Sergey Murzaev (Chaklovity)

Sergey Murzaev (Chaklovity)

Avec ses accents sans charme, mais sincères, Vsevolod Grivnov apparaît comme un parvenu peu scrupuleux et en dessous du rang qu’il veut pourtant tenir, ce qui est tout à fait concevable vu sous cet angle ci. 
Dans la même ligne, Nataliya Tymchenko compose une Emma controversée, car ses stridences projetées avec force et sans nuances sont angoissantes. Mais n’est-elle pas harcelée et n’y a-t-il pas ici aussi une vérité de caractère indéniable?

Il faut dire que Vladimir Galouzine ne cède en rien à la sauvagerie fauve d’Andrei Khovanski, et qu’il excelle dans les rôles de fous alliés. Il sait néanmoins se rendre magnifiquement mélancolique et fidèle à l’âme populaire du chant russe, comme lors de son arrivée à travers la forêt, au tout dernier acte.

Scène finale et arrivée de Pierre Le Grand

Scène finale et arrivée de Pierre Le Grand

Enfin, Sergey Murzaev peine à dépasser l’orchestre lors de sa première apparition, mais s’offre une envolée d’applaudissements lorsqu’il revient pour enjoindre le peuple de manière poignante à défendre ses enfants.

Le chœur, un peu indolent au début, retrouve un engouement qui culmine au troisième acte, mais ne manifeste ni une violence outrée, ni une finesse de nuances, achevant de décrire finalement un tableau vocal d’un prosaïsme coloré.

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Publié le 16 Février 2013

Présentation de la saison Lyrique 2013 / 2014 du Teatro Real de Madrid

Le vendredi 08 février 2013, le Teatro Real de Madrid a révélé le détail de la saison 2013/2014, sur son site www.teatro-real.com/es/avance-temporada.
Elle comporte un nombre conséquent de nouvelles productions, dont une création mondiale, réalisées pour certaines en coopération avec d‘autres théâtres, ce qui est une surprise lorsque l’on connaît la sévère coupe budgétaire que le gouvernement a opéré sur la subvention publique de cette maison lyrique cette année.

Façade Ouest du Teatro Real

Façade Ouest du Teatro Real

Création Mondiale

Brokeback Mountain (Charles Wuorinen)

du 28 janvier au 11 février (8 représentations)
Tom Randle, Daniel Okulitch, Heather Buck, Hannak Esther Minutillo, Ethan Heschenfeld, Hilary Summers, Jane Henschel
Mise en scène Ivo van Hove / Direction Titus Engel

Création mondiale

Adaptation d’une nouvelle de Annie Proulx (également auteur du livret) sur une composition de Charles Wuorinen, musicien que Gerard Mortier situe dans la lignée d’Alban Berg ou Elliott Carter.
L’ouvrage se départit d’un certain romantisme présent dans le film d’Ang Lee.


L’Amérique et le nouveau monde

Die Eroberung von Mexico (Wolfgang Rihm)  

du 09 au 19 octobre (8 représentations)
Nadja Michael/Ausrine Stundyte, Georg Nigl/Holger Falk, Carole Stein, Katarina Bradic
Mise en scène Pierre Audi / Direction Alejo Pérez
Nouvelle production


Prévue, un moment, pour être confiée à la direction de la Fura Dels Baus, c’est finalement Pierre Audi et le scénographe Alexander Polzin qui se chargeront de donner forme à une œuvre qui, allégée de la vision de destruction inhérente au stéréotype de la conquête, termine sur un duo entre Montezuma (interprété par Nadja Michael) et Hernan Cortés (Georg Nigl).

The Indian Queen (Henry Purcell)

du 05 au 19 novembre (8 représentations)
Julia Bullock, Nadine Koutcher, Christophe Dumaux, Vince Yi, Markus Brutscher, Noah Stewart, Luthando Qave, Mattia Olivieri
Mise en scène Peter Sellars / Direction Teodor Currentzis (Chœurs et orchestre de l’Opéra de Perm)
Coproduction Opera de Perm
 

Une version inédite de la pièce inachevée d’Henry Purcell en 1695, en coproduction avec l’Opéra de Perm, dirigée dans la fosse par Teodor Currentzis, et sur scène par Peter Sellars.


Autres nouvelles productions

L’Elixir d’amour (Gaetano Donizetti)

du 02 au 20 décembre (14 représentations)
Nino Machaidze/Camila Tilling/Eleonora Buratto, Celso Albelo/Ismael Jordi/Antonio Poli, Fabio Capitanucci/Gabriele Viviani, Erwin Schrott/Paolo Bordogna
Mise en scène Damiano Michieletto / Direction Marc Piollet
Nouvelle production, en coproduction avec le Palau de les Arts de Valencia

Alceste (Christoph Willibald Gluck)

du 27 février au 15 mars (11 représentations)
Paul Groves/Tom Randle, Anna Caterina Antonacci/Sofia Soloviy, Willard White
Mise en scène Krzysztof Warlikowski / Direction Ivor Bolton

Nouvelle Production


La scénographie est dirigée par un des metteurs en scène préférés de Gerard Mortier, le sulfureux Krzysztof Warlikowski. Alceste est une œuvre qui rappelle que personne ne peut mourir pour quelqu‘un d‘autre, thème que le metteur en scène polonais avait abordé dans (A)pollonia.


 Anna Caterina Antonacci


Lohengrin (Richard Wagner)

du 03 au 27 avril (13 représentations)
Franz Hawlata/Goran Juric, Christopher Ventris/Michael Konig, Catherine Naglestad / Anne Schwanewilms, Thomas Johannes Mayer / Tomas Tomasson, Deborah Polaski / Dolora Zajick
Mise en scène Lukas Hemleb / Direction Harmut Haenchen/Walter Althammer
Nouvelle Production

Les Contes d’Hoffmann (Jacques Offenbach)

du 11 mai au 21 juin (12 représentations)
Eric Cutler/Jean-Noël Briend, Anne Sofie von Otter/Hannah Esther Minutillo, Vito Priante, Christoph Homberger, Ana Durlovski, Measha Brueggergosman, Ainhoa Arteta
Mise en scène Christoph Marthaler / Direction Sylvain Cambreling
Nouvelle Production



Nouvelles productions provenant de l’Opéra National de Paris

Tristan und Isolde (Richard Wagner)

du 12 janvier au 08 février (8 représentations)
Robert Dean Smith, Franz-Josef Selig, Violeta Urmana, Jukka Rasilainen, Nabil Sulinan, Ekaterina Gubanova
Mise en scène Peter Sellars, Video Bill Viola / Direction Teodor Currentzis
Nouvelle production provenant de l’Opéra National de Paris

Tristan und Isolde (images Bill Viola fin Acte I)

Tristan und Isolde (images Bill Viola fin Acte I)

Orphée et Eurydice (Christoph Willibald Gluck)

du 12 au 14 juillet (03 représentations)
Maria Riccarda Wesseling / Yun Jung Choi / Zoe Nicolaidou
Direction de scène Pina Bausch / Direction Thomas Hengelbrock
Ballet de l’Opéra National de Paris


Reprise du Teatro Real de Madrid

Il Barbiere di Siviglia (Gioachino Rossini)

du 14 au 26 septembre (10 représentations)
Dmitry Korchak/Edgardo Rocha, Bruno De Simone/José Fardilha, Serena Malfi/Ana Durlovski, Mario Casi/Franco Vassalo, Dmitry Ulyanov/Carlo Lepore
Mise en scène Emilio Sagi / Direction Tomas Hanus
Reprise 2005 en coproduction avec le Teatro Sao Carlos de Lisbonne


Versions de concert

Dido and Aeneas (Henry Purcell)

le 18 novembre (1 représentation)
Simone Kermes, Nuria Rial, Dimitri Tiliakos
Direction musicale Teodor Currentzis, Music Aeterna (Chœur et orchestre de l’Opéra de Perm)

I vespri siciliani (Giuseppe Verdi)

du 11 au 14 juin (3 représentations)
Francisco Tojar, Yonghoon Lee, Ferruccio Furlanetto, Julianna Di Giacomo, Antonio Lozano, Fernando Rado
Direction musicale James Conlon


 
Première impression sur cette saison 2013/2014

Avec 10 productions lyriques, dont une seule est une reprise du Teatro Real, et malgré une baisse de 30% de sa subvention publique, Gerard Mortier défie les petits discours de certains directeurs de grandes maisons d’opéra qui prennent excuse de contraintes financières, bien réelles pourtant, pour justifier une programmation peu audacieuse, alors qu‘elle est due, principalement, à leur manque d‘intuition et d’ambition artistiques, ainsi qu’à leur recherche exclusive du profit. Il y aura ainsi 100 représentations d'opéras la saison prochaine, soit 20 de plus que la saison en cours.

 

Krzysztof Warlikowski

Une de ses grandes lignes de force est le thème de l’amour et de la mort, sous sa forme la plus profonde, à travers la reprise de deux magnifiques spectacles parisiens, Orphée et Eurydice et Tristan et Isolde, sur deux musiques d‘époques bien différentes, l’une classique, l’autre romantique.
Didon et Enée, en version de concert, prolongera cette vision sur un style de composition encore plus ancien, anglais et baroque.

La création mondiale de Brokeback Mountain sera la grande nouveauté lyrique déclinant autrement la force inexplicable d’un amour homosexuel sur une musique cette fois contemporaine.

Pour le divertissement, une nouvelle production de l’Elixir d’Amour, œuvre que Mortier a monté trois fois en cinq ans à Paris, maintiendra sous une forme très légère ce lien avec l’amour noir de Tristan et Isolde.

Deux ouvrages, Die Eroberung von Mexico et the Indian Queens seront, même pour les plus fervents amateurs lyriques, deux découvertes majeures, et la nouvelle production de Lohengrin enrichira une saison où Wagner sera bien représenté.
 

Il est rare de voir une saison accorder autant de place à la période baroque et classique, avec deux œuvres de Purcell, et deux œuvres de Gluck, mais aucune de Mozart, en ne laissant seulement qu’un quart des œuvres chantées en langue italienne, et, même si l’on ne pourra entendre la langue slave, si ardemment défendue à Paris par le directeur flamand, le lien avec la Russie sera maintenu par trois invitations du chef d’orchestre Teodor Currentzis, nouvellement directeur de la création de l’Opéra ballet de Perm. Par deux fois, il dirigera son ensemble MusicAeterna, orchestre de chambre évoluant vers le répertoire symphonique.

Teodor Currentzis

 

Cette saison brille également par la confiance renouvelée à des metteurs en scène connus pour leur subtilité (Sellars, Hemleb) et leur approche théâtrale (Marthaler, van Ove) parfois radicale (Warlikowski).
Si, bien évidemment, les chefs fidèles, Haenchen, Cambreling, Hengelbrock sont présents, toutes les distributions intègrent les grands chanteurs également fidèles, Ventris, Michael, Urmana, Cutler, Selig, White.

Les Madrilènes, du moins les plus curieux d’esprit, auront une chance extraordinaire de vivre l’art lyrique dans toute sa richesse culturelle, car le Teatro Real promet une diversité d’approches musicales et théâtrales, et un choix d’œuvres fortement humaines, qui sont le fondement de ce qui peut nous renforcer face à un environnement culturel et intellectuel en pleine débâcle.

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Publié le 6 Février 2013

Parsifal (Wagner)
Version de concert du 02 février 2013
Teatro Real de Madrid

Amfortas Matthias Goerne
Titurel Victor von Halem
Gurnemanz Kwangchul Youn
Klingsor Johannes Martin Kränzle
Kundry Angela Denoke
Parsifal Simon O ‘Neill

Direction Musicale Thomas Hengelbrock
Balthasar-Neumann-Ensemble
Balthasar-Neumann-Chor
Petits chanteurs de la JORCAM
Solistes du choeur des garçons de l’Académie Dortmund Chorale

                                                                                                        Angela Denoke (Kundry)

Réunir pour trois soirées de grands chanteurs et un orchestre aussi typé et coloré que le Balthasar-Neumann-Ensemble, quand la pression financière se fait sentir à son plus fort, est un luxe qui est rendu possible grâce à un accord vertueux entre le Teatro Real, le Konzerthaus de Dortmund et la Philharmonie d’Essen.

Cet orchestre germanique, qui exalte une gamme fabuleuse de sonorités baroques, peut lever une formation de cent musiciens parmi lesquels pas moins de soixante cordes en forment le flot harmonique tendre.

Kwangchul Youn (Gurnemanz)

Kwangchul Youn (Gurnemanz)

Rien qu’à la manière dont il est disposé sur scène, l’ensemble est magnifique pour le regard, avec ses deux flancs de douze violons chacun étagés en pente, sur des gradins, des violoncelles, contrebasses et autres cordes se répartissant en arrière plan devant une phalange de vents et de cuivres, d’où émergent les rondeurs d’un superbe cor doré juxtaposé à un système froid de percussions noires, et les ornements de deux harpes monumentales.

Et, pour accorder le confort visuel et sonore avec une atmosphère chaleureuse et intime, une structure en bois enserre tout l’orchestre latéralement et supérieurement, alors que les éclairages diffusent une lumière ambrée réfléchie par la matière boiseuse, devant une monographie de la forêt environnant le château de Montsalvat.

Angela Denoke (Kundry)

Angela Denoke (Kundry)

A l’écoute, le son à l’ancienne évoque la simplicité harmonieuse de la musique de chambre - on pourrait se croire, parfois, dans quelques passages de la Flûte enchantée - et l’ampleur de l’orchestre renvoie une lumière claire qui fait ressortir les moindres dessins de chaque instrument avec une très belle finesse. Les stries des cordes parcourent en surface le tissu orchestral, les cuivres y fusionnent en sourdine comme une langue rougeoyante, et Thomas Hengelbrock enlace le tout avec un amour visible sur les moindres syllabes qu’il semble prononcer en doublant le texte de chaque chanteur.

L’ensemble est splendide, et l’on peut même remarquer avec quelle belle manière les instrumentistes s’impliquent. Ainsi se lit sur le visage d’une jeune violoncelliste la vie intérieure qu’elle emporte dans son interprétation, comme si le chef n’existait plus, uniquement guidée par son lien intuitif à la musique.

Ce n’est qu’au dernier acte, peut-être, que la volonté d’entendre plus de la profonde noirceur emphatique qui empreint la musique prend un peu le dessus sur la contemplation sensible et auditive que prodigue une telle transparence.

Simon O'Neill (Parsifal)

Simon O'Neill (Parsifal)

Comme on peut aisément le constater, la précision du phrasé et les couleurs vocales des chanteurs sont avantageusement mises en valeur.
Kwangchul Youn, un maître du rôle de Gurnemanz que l’on a pu entendre à Bayreuth l’été dernier, est un prodige de sagesse, clair et intériorisé, Simon O’ Neill s’investit d’un Parsifal décomplexé, facilement vaillant, mais tout de même plus proche d’un Siegfried primaire car l’émission aigue lui soustrait de la tendresse et le fait apparaître trop fier.

Dés son arrivée, Angela Denoke est magnifique, les couleurs de sa tenue de scène changeant en fonction de la tonalité de la musique de chaque acte, chemisier gris pour le premier et le dernier,  robe rouge longuement effilée sur les chromatismes du second.
Elle conserve une attitude intérieurement torturée et mystérieuse, chante avec un timbre d’une noirceur polie superbement boisée, transpose quelques aigus pour ne pas entraîner de rupture trop saillante et, de bout en bout, la tristesse humaine de son visage est d’une beauté esthétique qui fait d’elle une œuvre d’art vivante.

Angela Denoke (Kundry)

Angela Denoke (Kundry)

Annoncé souffrant, Matthias Goerne en tire partie en appuyant la blessure maladive d’Amfortas. La souplesse de son corps, qui s’étire et se replie tendrement, se retrouve dans le moelleux du timbre, plus sombre que d’habitude, ce qui poétise son personnage avec une innocence retrouvée.

Trop neutre de présence, Johannes Martin Kränzle n’impose pas de stature suffisante à Klingsor, ce qui valorise encore plus, mais qui s’en plaindra, Angela Denoke.
Toujours aussi impressionnant et lugubre, Victor von Halem interprète un Titurel que l’on ne verra qu’au rideau final, car il restera, pour ses quelques apparitions, dissimulé dans l‘ombre supérieure de la loge royale.

Petits chanteurs de la Jorcam et le Balthasar-Neumann-Chor

Petits chanteurs de la Jorcam et le Balthasar-Neumann-Chor

Enfin, tous, sans doute, ont été éblouis par le Balthasar-Neumann-Chor, par les voix claires masculines qui s’allient aux voix féminines pour renvoyer une tonalité à la fois élégiaque et charnelle, par la lumière des petits chanteurs de la Jorcam, situés le plus en hauteur de la scène, sous la gravure embrumée des arbres de la forêt, et par les deux petits solistes du chœur des garçons de l’Académie Dortmund Chorale, pour lesquels on admire la tenue face à une salle entière.

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Publié le 6 Février 2013

Dimanche 03 février 2013 sur Arte à 20h30
Spéciale Folle Journée de Nantes

Dimanche 10 février 2013 sur France 3 à 00h15   

La Didone (Cavalli)

 Anna Bonitabitus, Kresimir Spicer, Xavier Sabata, Marie Streijffert,
Katerine Watson, Tehila Nini Goldtein, Mariana Rewerski, Claire Debono....
Dir
William Christie Les Arts Florissants, msc Clément Hervieu-Leger Caen 2011

Dimanche 10 février 2013 sur Arte à 15h20   
Deux années avec Alfred Brendel et Kit Armstrong

Dimanche 10 février 2013 sur Arte à 16h20
Histoires d'Opéras. Roberto Alagna raconte Madame Butterfly

Dimanche 10 février 2013 sur Arte à 19h15
Concerto n°3 de Prokofiev. Lang Lang (piano)
Orchestre de Paris, dir. Järvi

Mardi 12 février 2013 sur France 2 à 00h30
La Force du Destin (Verdi)
Urmana, Alvarez, Luperi, Krasteva, dir Jordan, msc Auvray
Opéra National de Paris 2011

Dimanche 17 février 2013 sur France 3 à 00h15
Roméo et Juliette (Berlioz)
D'Oustrac, Beuron, dir Pähn, msc Waltz
Opéra National de Paris 2012

Dimanche 17 février 2013 sur Arte à 15h25
Afrique du Sud : cap sur l’opéra 

Dimanche 17 février 2013 sur Arte à 16h20
Histoires d'Opéras. Renée Fleming raconte Arabella 

 

Dimanche 17 février 2013 sur Arte à 19h15
Concerto n°1 de Brahms. Pollini (piano)
Staatkapelle de Dresde, dir. Thielemann


Mardi 19 février 2013 sur France 2 à 00h30
Concerto en sol (Ravel), Strauss. Hélène Grimaud (Piano)
Orchestre de Chambre d'Europe, direction Jurowski

Dimanche 24 février 2013 sur Arte à 16h20
Histoires d'Opéras. Elina Garanca raconte La Clémence de Titus

Dimanche 24 février 2013 sur Arte à 19h15
Arcadi Volodos au musikverein de Vienne: Schumann et Liszt

Lundi 25 février 2013 sur France 3 à 20H45

Victoires de la musique classique

 

Mercredi 27 février 2013 sur Arte à 22h30
Portrait de Georg Kreisler, chansonnier, parolier, compositeur d’opéras

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique