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Publié le 25 Mars 2024

Présentation de la saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris
Le vendredi 22 mars 2024 à l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Depuis le mercredi 20 mars 2024 à 11h30, la quatrième saison d’Alexander Neef à la direction de l’Opéra national de Paris est officiellement dévoilée au grand public sur le site internet de l’institution, trois semaines après l’annonce de la reconduction du directeur général jusqu’en 2032, ce qui va permettre de renforcer l’institution dans son évolution programmatique et organisationnelle, de consolider sa relation à tous ses publics, et de forger en profondeur son identité propre.

La saison 2024 / 2025 comprend ainsi 3 nouvelles productions maison et 3 coproductions, dont 1 nouveauté pour le répertoire, et 12 reprises.

Aux 18 œuvres scéniques jouées dans les grandes salles, s’ajoute également une production de l’Académie de l’Opéra de Paris qui sera représentée à l’amphithéâtre Bastille

Au total, 187 représentations lyriques seront ainsi données, en parfaite stabilité par rapport aux deux précédentes saisons.

En effet, après une première saison qui ciblait près de 200 représentations lyriques, l’Opéra s’est recentré sur un calendrier d’un peu plus de 180 représentations lyriques hors spectacle de l’académie, et semble s’y tenir.

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Et les nouvelles budgétaires sont très encourageantes, car le directeur général a annoncé pour 2023 un léger bénéfice de 2.3 M€, alors qu’un déficit de  – 10 M€ était initialement prévu. En lisant le rapport d’activité rendu public au même moment, on peut ainsi observer que si la billetterie s’est améliorée de 2 M€ grâce au passage d’une fréquentation de 86 % à 93 %, tous genres confondus, et ce malgré 2 M€ de pertes à cause des grèves, le mécénat a rapporté 6 M€ supplémentaires, et les activités commerciales 11 M€ de plus.

L’équilibre financier dépend donc surtout de ces deux derniers postes, les seuls à avoir un dynamisme capable de couvrir l’augmentation des frais de fonctionnement, la billetterie devant probablement se stabiliser autour de 70 M€.

Peter Sellars (mise en scène de 'Castor et Pollux')

Peter Sellars (mise en scène de 'Castor et Pollux')

Après ‘Œdipe’ de Georges Enesco, ‘Hamlet’ d’Ambroise Thomas, ‘Médée’ de Marc-Antoine Charpentier et ‘La Vestale’ de Gaspare Spontini, une autre pièce créée à l’Opéra de Paris et qui n’avait plus été jouée sur ses planches depuis 1940 sera de retour, ‘Castor et Pollux’ de Jean-Philippe Rameau, œuvre baroque dont la version révisée de 1754 fit partie des 5 titres les plus joués de l’Académie Royale de Musique jusqu’à la Révolution.

Il s’agira d’un des immanquables de la saison, dont la conception scénique et musicale sera confiée à deux artistes, Peter Sellars et Teodor Currentzis, profondément liés à travers une collaboration qui, sous la direction de Gerard Mortier au Teatro Real de Madrid, a donné d’inoubliables productions ‘Iolanta/Perséphone’ de Tchaïkovski/Stravinsky en 2012, puis ‘The Indian Queen’ de Purcell en 2013.

Depuis, leur association s’est enrichie principalement au Festival de Salzbourg où ils ont mis en scène ‘Idomeneo’ et ‘La Clemenza di Tito’ de Mozart.

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Cette saison sera aussi l’occasion de célébrer les 150 ans de l’ouverture du Palais Garnier, le 05 janvier 1875, dont la construction fut initiée en 1861. Un gala mis en scène par Victoria Sitja, artiste de l’Académie de l’Opéra de Paris, dirigé par Thomas Hengelbrock, avec la participation de Ludovic Tézier et Lisette Oropesa, donnera le coup d’envoi de cet anniversaire qui sera marqué par plusieurs manifestations. 

Et après 6 ans d’absence, les récitals vocaux sont de retour avec Benjamin Bernheim, Renée Fleming, Elīna Garanča, et Natalie Dessay qui en profitera pour fêter ses 60 ans.

Et comme chaque année, les équipes de communication de l’Opéra de Paris ont préparé un ensemble d’interviews de metteurs en scène, Wajdi Mouawad, Peter Sellars, Barrie Kosky …, de musiciens, Pascal Dusapin, de solistes, Natalie Dessay, Benjamin Bernheim …, pour partager avec le public leur rapport aux œuvres présentées.

Alexander Neef, Jean-Yves Kaced, Clara Mousseigne, Antonio Conforti, Inès McIntosh, Margarita Polonskaya et Thomas Ricart

Alexander Neef, Jean-Yves Kaced, Clara Mousseigne, Antonio Conforti, Inès McIntosh, Margarita Polonskaya et Thomas Ricart

Enfin, à l'occasion de la présentation au Grand Hôtel, les lauréats des prix de l'AROP 2022/2023 ont été récompensés en personnes, Clara Mousseigne, Antonio Conforti et Inès McIntosh pour les Prix de la Danse, Margarita Polonskaya, Thomas Ricart pour les Prix Lyriques.

Barrie Kosky (mise en scène des 'Brigands')

Barrie Kosky (mise en scène des 'Brigands')

Les nouvelles productions

Les Brigands (Jacques Offenbach – 1869) – Nouvelle production
Du 21 septembre au 12 octobre 2024 puis du 26 juin au 12 juillet 2025 (17 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Stefano Montanari / Michele Spotti, mise en scène Barrie Kosky
Marcel Beekmann, Marie Perbost, Antoinette Dennefeld, Yann Beuron, Laurent Naouri, Mathias Vidal, Philippe Talbot, Adriana Bignagni Lesca, Eugénie Joneau, Leonardo Cortellazzi, Éric Huchet, Franck Leguérinel, Ilanah Lobel-Torres, Héloïse Poulet, Clara Guillon, Maria Warenberg, Doris Lamprecht, Hélène Schneiderman, Luis Felipe Sousa, Marine Chagnon
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 12 janvier 1994

C’est au Théâtre des Variétés, où seront jouées les premières de la plupart des opérettes d’Offenbach, ‘La belle Hélène’ (1864), ‘Barbe-Bleue’ (1866), ‘La Grande Duchesse de Gerolstein’ (1867), ‘La Perichole’ (1868), et la seconde version de ‘La vie parisienne’ (1873), tous écrits sur les livrets de Meilhac et Ludovic Halévy, que sera créé en 1869 ‘Les Brigands’
L’œuvre connaîtra 107 représentations jusqu’à la guerre de 1870 qui balayera le Second Empire. Une seconde version sera ensuite créée pour le Théâtre de la Gaîté en 1878. 
Le brigandage y est présenté comme l’un des moteurs de la société.

‘Les Brigands’ fit bien plus tard son entrée réussie au répertoire de l’Opéra Comique, le 13 juin 1931, puis à l’Opéra de Paris le 3 décembre 1993 dans une production de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff donnée à l’Opéra Bastille pour 19 représentations, auxquelles participait déjà Doris Lamprecht dans le rôle de Fragoletto.

La nouvelle production de 2024 est confiée à Barrie Kosky qui a monté un ‘Orphée aux Enfers’ décapant au festival de Salzburg en 2019, entouré par son équipe de danseurs hors-pair pour induire un art du mouvement irrésistiblement entraînant.


Castor et Pollux (Jean-Philippe Rameau – 1737) Nouvelle production
Du 20 janvier au 23 février 2025 (12 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Teodor Currentzis, Orchestre et Choeur Utopia, mise en scène Peter Sellars
Jeanine De Bique, Stéphanie d’Oustrac, Reinoud Van Mechelen, Marc Mauillon, Claire Antoine, Laurence Kilsby
Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 26 octobre 1940

Héros antiques des poèmes d’Homère et d’Hésiode, Castor et Pollux ont inspiré à Jean-Philippe Rameau un de ses chefs-d’œuvre incontesté pour sa puissance dramatique et l’absence de faiblesse.

La première version, créée au Théâtre du Palais Royal en 1737, eut un succès d’estime, mais la version révisée de 1754, qui supprime le prologue (une commémoration de la fin de la Guerre de Succession de Pologne), réécrit le premier acte et raccourcit les récitatifs, fut jouée en continu jusqu’en 1785. 

Puis, après 133 ans d’absence, l’ouvrage réapparut au Palais Garnier en 1918, dans une mise en scène de Jacques Rouché, qui sera reprise jusqu’au 26 octobre 1940.

Teodor Currentzis, qui a édité en 2014 un album intitulé ‘The sound of light’ pour célébrer les 250 ans de la disparition de Jean-Philippe Rameau, revient après 15 ans d’absence à l’Opéra de Paris pour y retrouver à la mise en scène son complice, Peter Sellars, et faire revivre la première version de l’ouvrage.

Ching-Lien Wu - cheffe de chœur

Ching-Lien Wu - cheffe de chœur

L’Or du Rhin (Richard Wagner – 1869) Nouvelle production
Du 29 janvier au 19 février 2025 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Pablo Heras-Casado, mise en scène Calixto Bieito
Ludovic Tézier, Florent Mbia, Matthew Cairns, Simon O'Neill, Kwangchul Youn, Mika Kares, Brian Mulligan, Gerhard , Eve-Maud Hubeaux, Eliza Boom, Marie-Nicole Lemieux, Margarita Polonskaya, Isabel Signoret, Katharina Magiera
Œuvre jouée en public pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 18 juin 2013

Il s’agit d’un spectacle qui aurait du connaître sa première le 02 avril 2020, le prologue du nouveau cycle du Ring conçu par Calixto Bieito va donc être présenté à l’hiver prochain, et les 3 journées ‘La Walkyrie’, ‘Siegfried’ et ‘Le Crépuscule des Dieux’ suivront au cours des saisons 2025/2026 et 2026/2027, avant que deux cycles complets ne concluent la célébration des 150 ans de la présentation intégrale de ‘L’Anneau du Nibelung’ au Festival de Bayreuth en août 1876.

Le baryton toulousain Ludovic Tézier y fera une très attendue prise de rôle de Wotan auprès de Marie-Nicole Lemieux et Eve-Maud Hubeaux, sous la direction de Pablo Heras-Casado qui a emmené récemment l’orchestre du Teatro Real de Madrid à son meilleur pour offrir au public madrilène un Ring d’une grande force, et qui vient de faire ses débuts à Bayreuth en 2023 dans la nouvelle production de ‘Parsifal’.

 

Pelléas et Mélisande (Claude Debussy – 1902) Coproduction Abu Dhabi Festival
Du 28 février au 27 mars 2025 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Antonello Manacorda, mise en scène Wajdi Mouawad
Sabine Devieilhe, Huw Montague Rendall, Gordon Bintner, Jean Teitgen, Sophie Koch, Amin Ahangaran
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 06 octobre 2017

Auteur, en septembre 2021, d’une mise en scène d’’Œdipe’ à l’opéra Bastille qui remporta le Grand prix du Syndicat de la critique, Wajdi Mouawad revient à l’Opéra de Paris pour renouveler la vision onirique et glacée de ‘Pelléas et Mélisande‘ que Robert Wilson a offert au public parisien pendant plus de 20 ans.

Créé en 1902 à l’Opéra Comique, le chef d’œuvre lyrique de Claude Debussy fait désormais partie des 20 grands titres de l’institution, et il s’agit de la première coproduction de l’institution avec l’Abu Dhabi Festival.

Le baryton britannique Huw Montague Rendall, excellent Mercutio dans ‘Roméo et Juliette’ de Charles Gounod la saison passée, reprend le rôle de Pelléas qu’il a abordé à Rouen en 2021, auprès de Sabine Devieilhe qui est désormais familière du personnage de Mélisande depuis une dizaine d’années.

Pascal Dusapin (compositeur de 'Il Viaggio, Dante')

Pascal Dusapin (compositeur de 'Il Viaggio, Dante')

Il Viaggio, Dante (Pascal Dusapin – 2022) Coproduction Festival d’Aix-en-Provence, Saarländisches Staatstheater Sarbrücken, Théâtres de la ville de Luxembourg
Du 21 mars au 9 avril 2025 (6 représentations au Palais Garnier)
Direction musicale Kent Nagano, mise en scène Claus Guth
Bo Skovhus, David Leigh, Christel Loetzsch, Jennifer France, Danae Kontora, Dominique Visse, Giacomo Prestia
Entrée au répertoire

Onzième opéra de Pascal Dusapin basé sur la ‘Divine Comédie’ de Dante, cette commande conjointe avec le Festival d’Aix-en-Provence explore l’œuvre du poète florentin à travers le dialogue entre deux ‘Dante’.
Comme à Aix, Kent Nagano en assurera la direction musicale, dans une mise en scène de Claus Guth qui en sera déjà à sa sixième production à l’Opéra de Paris.

Il Trittico (Giacomo Puccini – 1918) Coproduction Salzburger Festspiele
Du 29 avril au 25 mai 2025 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Carlo Rizzi, mise en scène Christof Loy
Asmik Grigorian, Misha Kiria, Enkelejda Shkoza, Alexey Neklyudov, Dean Power, Lavinia Bini, Manel Esteve Madrid, Scott Wilde, Iurii Samoilov, Theresa Kronthaler, Vartan Gabrielian, Roman Burdenko, Joshua Guerrero, Ilanah Lobel-Torres, Chae-Hoon Baek, Pranvera Lehnert Ciko, Karita Mattila, Hanna Schwarz, Margarita Polonskaya, Daryl Freedman, Matteo Peirone, Andrea Giovannini, Maria Warenberg, Camille Chopin, Lisa Chaïb-Auriol, Silga Tiruma, Sophie Van de Woestyne

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 27 octobre 2010

Puccini avait eu l’idée de constituer un triptyque de trois sujets issus de la 'Divine Comédie' de Dante.
Finalement, seul ‘Gianni Schicchi’ en sera inspiré, mais ces trois ouvrages traitent de la difficulté de la vie sur Terre, qui ressemble parfois à l’Enfer ou au Paradis qui est censé nous attendre.

Pour cette nouvelle production créée au Festival de Salzbourg en 2022, l’ordre des œuvres est cependant modifié afin de commencer par la plus légère, ‘Gianni Schicchi’, et s’achever sur ‘Suor Angelica’, la plus forte.

Asmik Grigorian, soprano lituanienne et véritable star en Autriche, fera ses débuts à l’Opéra de Paris, à l’instar de Christof Loy qui a déjà derrière lui un quart de siècle de travail de mise en scène dans toute l’Europe.

Asmik Grigorian ('Il Trittico')

Asmik Grigorian ('Il Trittico')

Les reprises


Falstaff (Giuseppe Verdi – 1893)
Du 10 septembre au 30 septembre 2024 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Michael Schønwandt, mise en scène Dominique Pitoiset (1999)
Ambrogio Maestri, Olivia Boen, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Andrei Kymach, Gregory Bonfatti, Marie-Nicole Lemieux, Iván Ayón-Rivas, Federica Guida, Nicholas Jones, Alessio Cacciamani
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 16 novembre 2017

Madame Butterfly (Giacomo Puccini – 1904)
Du 14 septembre au 25 octobre 2024 (13 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Speranza Scappucci, mise en scène Robert Wilson (1993)
Eleonora Buratto, Elena Stikhina, Aude Extrémo, Stefan pop, Christopher Maltman, Carlo Bosi, Andres Cascante, Vartan Gabrielian, Marine Chagnon, Kim Youngwoo, Bernard Arrieta, Hyunsik Zee, Marianne Chandelier, Liliana Faraon, Stéphanie Loris
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 13 novembre 2019

Faust (Charles Gounod – 1859 1ère version – 1869 version de l’Opéra de Paris)
Du 26 septembre au 18 octobre 2024 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Emmanuel Villaume, mise en scène Tobias Kratzer (2021)
Pene Pati, Alex Esposito, John Relyea, Florian Sempey, Amina Edris , Marina Viotti, Sylvie Brunet-Grupposo
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 13 juillet 2022

La Fille du Régiment (Gaetano Donizetti – 1840) Production Metropolitan Opera, New-York, Royal Opera House Covent Garden, Londres, Staatsoper, Vienne
Du 17 octobre au 20 novembre 2024 (12 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Evelino Pidò, mise en scène Laurent Pelly (2012)
Julie Fuchs, Lawrence Brownlee, Lionel Lhote, Susan Graham, Florent Mbia, Felicity Lott, Cyrille Lovighi, Mikhail Silant’ev
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 11 novembre 2012

The Rake's Progress (mise en scène Olivier Py)

The Rake's Progress (mise en scène Olivier Py)

La Flûte enchantée (Wolfgang Amadé Mozart – 1791) Coproduction Festspielhaus, Baden-Baden
Du 02 au 23 novembre 2024 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Oksana Lyniv, mise en scène Robert Carsen (2014)
Pavol Breslik, Nikola Hillebrand, Aleksandra Olczyk, Jean Teitgen, Mathias Vidal, Mikhail Timoshenko, Ilanah Lobel-Torres, Nicolas Cavallier, Margarita Polonskaya, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Claudia Huckle, Niall, Nicholas Jones
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 19 novembre 2022

The Rake’s Progress (Igor Stravinsky – 1951)
Du 30 novembre au 23 décembre 2024 (7 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Susanna Mälkki, mise en scène Olivier Py (2008)
Ben Bliss, Iain Paterson, Clive Bayley, Golda Schultz, Justina Gringytė, Jamie Barton, Rupert Charlesworth, Vartan Gabrielian
Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 30 octobre 2012

Rigoletto (Giuseppe Verdi – 1851)
Du 01 au 24 décembre 2024 et du 10 mai au 12 juin 2025 (18 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Domingo Hindoyan / Andrea Battistoni, mise en scène Claus Guth (2016)
Roman Burdenko, George Gagnidze, Rosa Feola, Slávka Zámečníková, Liparit Avetisyan, Dmitry Korchak, Goderdzi Janelidze, Alexander Tsymbalyuk, Aude Extrémo, Justina Gringytė, Marine Chagnon, Seray Pinar, Blake Denson, Daniel Giulianini, Florent Mbia, Kevin Punnackal, Teona Todua, Amin Ahangaran, Julien Joguet, Fabio Bellenghi, Henri Bernard Guizirian, Sofia Anisimova
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 24 novembre 2021

La Petite Renarde rusée (Leoš Janáček – 1924)
Du 15 janvier au 01 février 2025 (6 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Juraj Valčuha, mise en scène André Engel (2008)
Elena Tsallagova, Paula Murrihy, Iain Paterson, Éric Huchet, Frédéric Caton, Milan Siljanov, Maria Warenberg, Se-Jin Hwang, Anne-Sophie Ducret, Rocio Ruiz Cobarro, Irina Kopylova, Marie-Cécile Chevassus, Slawomir Szychowiak, Marie Gautrot
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 12 juillet 2010

Krzysztof Warlikowski, Marina Rebeka, Simone Young - 'Don Carlos'

Krzysztof Warlikowski, Marina Rebeka, Simone Young - 'Don Carlos'

Les Puritains (Vincenzo Bellini – 1835)
Du 06 février au 05 mars 2025 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Corrado Rovaris, mise en scène Laurent Pelly (2013)
Lisette Oropesa, Lawrence Brownlee, Andrei Kymach, Roberto Tagliavini, Vartan Gabrielian, Nicholas Jones, Maria Warenberg
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 05 octobre 2019

Don Carlos (Giuseppe Verdi – 1867)
Du 29 mars au 25 avril 2025 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Simone Young, mise en scène Krzysztof Warlikowski (2017)
Charles Castronovo, Marina Rebeka, Christian Van Horn, Ekaterina Gubanova, Andrzej Filończyk, Alexander Tsymbalyuk, Sava Vemić, Marine Chagnon, Teona Todua, Kevin Punnackal, Hyun-Jong Roh, Christian Rodrigue Moungoungou, Amin Ahangaran, Niall Anderson, Alejandro Baliñas Vieites, Vartan Gabrielian, Florent Mbia, Milan Perišić
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 23 novembre 2019

Manon (Jules Massenet – 1884)
Du 26 mai au 20 juin 2025 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Pierre Dumoussaud, mise en scène Vincent Huguet (2020)
Nadine Sierra, Amina Edris, Benjamin Bernheim, Roberto Alagna, Andrzej Filończyk, Nicolas Cavallier, Nicholas Jones, Régis Mengus, Ilanah Lobel-Torres, Marine Chagnon, Maria Warenberg, Philippe Rouillon, Laurent Laberdesque, Olivier Ayault
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 26 février 2022

Le Barbier de Séville (Gioacchino Rossini – 1816)
Du 10 juin au 13 juillet 2025 (12 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Diego Matheuz, mise en scène Damiano Michieletto (2014)
Isabel Leonard, Aigul Akhmetshina, Mattia Olivieri, Levy Sekgapane, Carlo Lepore, Luca Pisaroni, Andres Cascante, Margarita Polonskaya, Jian-Hong Zhao
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 19 juin 2022

L’isola disabitata (Joseph Haydn - 1779)

L’isola disabitata (Joseph Haydn - 1779)

L’Académie de l’Opéra national de Paris

L’isola disabitata (Joseph Haydn - 1779)
Du 11 au 21 mars 2025 (6 représentations à l’amphithéâtre Bastille)

Direction musicale François López-Ferrer, mise en scène Simon Valastro
Artistes en résidence à l’Académie
Œuvre inédite à l’Opéra national de Paris

Les opéras de Joseph Haydn sont jusqu’à présent totalement absents du répertoire de l’Opéra de Paris.
Les artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris vont donc présenter une version de ‘L’isola disabitata’, un opéra composé en 1779 dont l’une des caractéristiques est que les récitatifs sont tous accompagnés à l’orchestre.

La salle de l'Opéra Bastille - Représentation de 'La Traviata' du 16 février 2024

La salle de l'Opéra Bastille - Représentation de 'La Traviata' du 16 février 2024

Premières impressions sur la saison 2024/2025

Avec 6 nouvelles productions dans les grandes salles, cette programmation se veut un peu plus prudente tout en assurant un renouvellement des œuvres conséquent en comparaison de ce que proposent les autres grandes maisons internationales (6 nouvelles productions au MET de New-York et 7 nouvelles productions à l’Opéra d’État de Bavière).

Par ailleurs, 16 des 20 titres les plus joués de l’Opéra de Paris ont connu une nouvelle production ces 10 dernières années, dont 13 sous Stéphane Lissner, ce qui signifie qu’Alexander Neef peut se consacrer principalement au développement de visions neuves sur des ouvrages moins fréquemment représentés.

On peut également remarquer que sur les 18 titres programmés, 8 n’ont pas été joués au cours des 10 dernières années (‘Castor et Pollux’, ‘La Fille du Régiment’, ‘Les Brigands’, ‘L’Or du Rhin’, ‘Il Trittico’, ‘La Petite Renarde rusée’, ‘The Rake’s Progress’, ‘Il Viaggio, Dante’), ce qui est une proportion élevée, car, depuis l’ouverture de Bastille, il est rare qu’une saison comporte plus de 8 titres absents de la dernière décennie.

La saison 2024/2025 comprend cependant une seule entrée au répertoire mais fort signifiante, celle de ‘Il Viaggio, Dante’, en langue italienne, qui signe le retour du compositeur français Pascal Dusapin à l’Opéra de Paris après plus de vingt ans d’absence, et s’y ajoute le retour au répertoire de ‘Castor et Pollux’, œuvre créée au sein de l’institution en 1737, et qui n’y était plus apparue depuis 1940.

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Mais le fait majeur de cette saison est qu'avec 7 ouvrages programmés, la langue française va occuper plus de 40% des soirées, et ce depuis la période baroque (Castor et Pollux) à l’après Wagner (Pelléas et Mélisande), en passant par le genre du grand opéra français (Don Carlos, dans la version originale des répétitions parisiennes de 1866), une prépondérance de la langue de Molière qui n’avait plus été observée depuis la saison 1992/1993 de Pierre Bergé aux débuts de l’opéra Bastille.

Il s'agit clairement pour Alexander Neef d'assoir l'identité propre de l'Opéra de Paris en rappelant son histoire tout en lui attachant une programmation originale.

Teodor Currentzis et Peter Sellars

Teodor Currentzis et Peter Sellars

Le répertoire des compositeurs italiens du XIXe siècle représente un autre socle important avec 40% de la programmation également, en s’appuyant sur Rossini, Bellini, Verdi et Puccini, ce qui est la part habituelle dans toutes les grandes maisons de répertoire, y compris à Munich où Serge Dorny privilégie pourtant les œuvres des XXe et XXIe siècles.

Et à nouveau, un titre chanté en anglais, ‘The Rake’s Progress’, prolonge cette ligne d’opéras anglo-saxons (Igor Stravinsky fut naturalisé américain en 1945) qu’Alexander Neef tisse patiemment depuis le début de son mandat, ce qu’aucun autre directeur n’avait profilé jusqu’à présent.

Mais à l’instar de cette saison, le répertoire slave reste peu représenté, et c’est avec beaucoup d’attention que l’on va suivre la reprise de ‘La Petite Renarde rusée’ de Leoš Janáček qui bénéficie d’une tarification très attractive, et qui pourrait créer la surprise de la même manière que ‘Cendrillon’  pour laquelle il était difficile de trouver une place.

Benjamin Bernheim, Renée Fleming, Natalie Dessay, Elīna Garanča

Benjamin Bernheim, Renée Fleming, Natalie Dessay, Elīna Garanča

Après l’entrée en fanfare de metteurs en scène féminins, Netia Jones, Lydia Steier, Valentina Carrasco et Deborah Warner, au cours de ses deux premières saisons, Alexander Neef n’invite cette fois qu’un seul nouveau metteur en scène, Christof Loy, bien connu partout ailleurs en Europe.

Et dans l’attente de connaître qui sera le futur directeur musical de l’Opéra national de Paris, de nouveaux chefs d’orchestre sont invités dans la fosse, Andrea Battistoni et Domingo Hindoyan (Rigoletto), Oksana Lyniv (La Flûte enchantée), Corrado Rovaris (Les Puritains), et Juraj Valčuha (La Petite Renarde rusée).

Comme chaque année, nombre d’artistes francophones sont par ailleurs invités, Marie Perbost, Antoinette Dennefeld, Yann Beuron, Laurent Naouri, Mathias Vidal, Philippe Talbot, Doris Lamprecht, Stéphanie d’Oustrac, Reinoud Van Mechelen, Marc Mauillon, Claire Antoine, Ludovic Tézier, Eve-Maud Hubeaux, Marie-Nicole Lemieux, Sabine Devieilhe, Jean Teitgen, Sophie Koch, Dominique Visse, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Florian Sempey, Sylvie Brunet-Grupposo, Julie Fuchs, Nicolas Cavallier, Frédéric Caton, Benjamin Bernheim, Roberto Alagna, Philippe Rouillon ..., auxquels s’ajoutent plusieurs artistes du chœur tels Julien Joquet, Laurent Laberdesque, Anne-Sophie Ducret, Rodrigue Moungoungou ...

Quant à la troupe lyrique de l’Opéra de Paris, composée en 2023 d’Alejandro Baliñas Vieites, Maciej Kwaśnikowski, Ilanah Lobel-Torres, Marine Chagnon, Nicholas Jones, Florent Mbia et Emy Gazeilles, elle s’enrichit en 2024 d’Amin Ahangaran et Maria Warenberg.

Evolution du prix des places pour le lyrique à Bastille de 1998/1999 à 2024/2025

Evolution du prix des places pour le lyrique à Bastille de 1998/1999 à 2024/2025

Les tarifs 2024/2025

Les tarifs de cette saison pour le lyrique à Bastille sont globalement en baisse de 3% car il y a deux fois moins de places à 220 € (optima) du fait que seuls l’’Or du Rhin’ et ‘Il Trittico’ sont classés dans la grille la plus élevée (15 à 220 €), bien qu'une augmentation de 6% soit appliquée sur les places de 35 à 70 € - il faut dire que la saison précédente les prix de ces places étaient restés inchangés -.

Par ailleurs, et à l'instar de la saison 2023/2024, toutes les autres productions, hormis 'La Flûte enchantée', bénéficient de déclassements de certaines places du parterre et des balcons par rapport au plan de salle de référence  - 600 places par soir sont concernées -, ce qui revient à réduire le prix de vente des places en moyenne de 3,5%. Cependant, la seconde série de 'Rigoletto', de mai à juin 2025, bénéficie d'un nombre supplémentaire de déclassements - la moitié des places baisse d'une catégorie -, ce qui réduit son prix moyen de 7% supplémentaires.

Et l’on retrouve à nouveau, comme chaque saison, deux spectacles à petits prix à Bastille, ‘I Puritani’ et ‘La Petite Renarde rusée’, avec un prix moyen de 90 euros pour le premier, et un prix moyen de 55 euros pour le second (soit 1500 places à 45 euros ou moins, et toutes les places optima à moins de 100 €). Ces deux spectacles représentent 10% des soirées, mais portent 30% des places à moins de 60 euros de la saison pour le lyrique à Bastille.

Cette politique tarifaire montre que l’Opéra de Paris maîtrise bien l'enveloppe des prix de manière à préserver son attractivité tout en cherchant à maintenir un volume de billetterie qui puisse couvrir un budget de 70 M€.

Présentation de la Saison Lyrique 2024 / 2025 de l’Opéra national de Paris

Le détail de la saison lyrique et chorégraphique 2024 / 2025 de l'Opéra national de Paris est accessible sous le lien suivant : Programmation & Billets - Opéra national de Paris (operadeparis.fr)

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Publié le 28 Janvier 2024

Dans les coulisses de l’Opéra national de Paris
Un reportage de Laetitia Cénac dessiné par Laure Fissore
Editions de La Martinière – Sortie le 22 septembre 2023
ISBN : 978-2-7324-9039-7
Nombre de pages 223

Dans les coulisses de l’Opéra national de Paris – Présentation et Impressions

Depuis son arrivée anticipée à la direction de l’Opéra national de Paris, le 01 septembre 2020, en pleine crise pandémique, Alexandre Neef a eu à cœur de mettre en avant le potentiel humain de l’institution avec la même importance que sa programmation artistique.

Cela s’est d’abord concrétisé, à la demande d’une partie du personnel, par la remise du rapport sur la diversité confié à Pap Ndiaye et Constance Rivière, par le maintien de l’activité de production pendant la période de fermeture des salles au public – on se souvient d’un technicien intermittent remercier pour cela le directeur en direct sur France Musique -, la nomination de Paul Marque en tant qu’Étoile en streaming et en direct dans ce même temps, l’édition d’un DVD ‘Opéra de Paris : une saison (très) particulière’, plus généralement la mise en avant de l’activité chorégraphique et des danseurs au même niveau que l’activité lyrique, l’illustration du programme de la saison 2021/2022 avec les visages des personnels de l’Opéra, et des actions de coopérations avec l’Opéra de Santiago du Chili, le conservatoire de musique, de danse et de théâtre de Guyane, ou bien avec la villa Hegra en Arabie Saoudite.

L'Opéra de Paris à la Villa Hegra, le 17 janvier 2024 (makkahnewspaper.com)

L'Opéra de Paris à la Villa Hegra, le 17 janvier 2024 (makkahnewspaper.com)

La sortie du magnifique livre de Laetitia Cénac, grand reporter à Madame Figaro, et Laure Fissore, artiste voyageuse, intitulé ‘Dans les coulisses de l’Opéra national de Paris’, s’inscrit dans la même logique et permet de comprendre comment le travail de tous les acteurs de l’Opéra, qui emploie 1500 salariés et 250 à 300 employés surnuméraires, s’articule. 

Sur la forme, ce livre se décompose en deux rencontres, l’une avec Alexander Neef, en prologue, et l’autre avec José Martinez, en épilogue. Elles encadrent 9 chapitres qui présentent en premier lieu le déroulement de plusieurs soirées d’opéras en 2022 et 2023 (‘Cendrillon’, ‘La Bayadère’, ‘Faust’, ‘Platée’), puis tout le travail de répétition en amont sur plusieurs spectacles (‘Parsifal’, ‘La Cenerentola’, ‘Ariodante’, ‘Fin de Partie’).

Alexander Neef et José Martinez

Alexander Neef et José Martinez

Puis s’en suit une entrée en profondeur dans le travail et l’organisation des musiciens et des choristes – ils doivent assurer près de 600 services et plus de 300 spectacles par an -, qui se prolonge par une même analyse pour les 154 danseurs du Corps de Ballet, avec lesquels il faut être capable de prévoir 5 distributions pour un spectacle donné sur 20 à 25 représentations.

Vient le temps de la formation avec, d’abord, un focus sur l’Ecole de Danse installée à Nanterre depuis 1987 à la demande de Claude Bessy et sous l’impulsion de Jack Lang – en 2022, 73 garçons et 85 filles y développent leur apprentissage -, et un second focus se porte sur l’Académie créée en 2015 par Myriam Mazouzi pour parfaire la technique des futurs chanteurs professionnels – une interview de Marine Chagnon, Ramon Teobald et Victoria Sitja montre notamment l’importance de la rencontre avec les metteurs en scène -.

La Khovanchtchina

La Khovanchtchina

Nous entrons ensuite dans les métiers de l’illusion pour découvrir une foule d’ateliers et de métiers (flou, modistes, tailleurs et décorateurs de costumes, perruques, maquilleurs, cordonniers et nettoyeurs) proches des artistes puisqu’ils sont chargés de les habiller. Les équipes de Bastille puis de Garnier sont présentées en détail avec leurs particularités. Le Central costume, dirigé par Xavier Ronze, se situe à Garnier et conserve une partie des costumes du répertoire de ballet, le reste étant stocké à Berthier.

Pour tout savoir sur la construction des décors depuis leur conception jusqu’à leur mise en œuvre au cours des spectacles, un grand chapitre est dédié au plateau Bastille où l’on découvre les bureaux d’études, animés par des dessinateurs et des ingénieurs très pointus en modélisation 3D, des ateliers de peinture, des ateliers de matériaux composites - on apprend que les toiles de la dernière reprise de ‘Casse-Noisette’ ont été repeintes et que des paravents ont été refaits en composite pour gagner 30kg de charge -, les ateliers de sculpture, de menuiserie, de serrurerie (pour réaliser l’ossature des grands éléments), les tapissières, les accessoiristes – qui font la même chose que les ateliers mais en plus petit -, et les importantes équipes de machinistes (89 personnes à Bastille et 62 à Garnier) organisées pour gérer jusqu’à 3 spectacles en exploitation et 1 en répétition par semaine dans chaque établissement. Les locaux sont si gigantesques qu’un Airbus A380 pourrait se garer dans les coulisses de Bastille.

La même organisation à Garnier, où se jouent les 3/4 des ballets, est étudiée et notamment la machinerie de scène. On apprend que c’est seulement depuis 1996 que les cintres sont électrifiés (il y en a 10 et 83 porteuses de 26m de haut pour manipuler les décors).

Le central costumes - Palais Garnier (Mars 2016)

Le central costumes - Palais Garnier (Mars 2016)

Un autre passionnant chapitre décrit le fonctionnement des ateliers Berthier où sont stockés les décors de Garnier. Ces locaux ont été construits par Charles Garnier avec l’appui de Gustav Eiffel suite à l’incendie en janvier 1894 des magasins de la rue Richer. 80 % du trafic des 17 remorques spécifiquement conçues circule à destination de Garnier, car cet édifice datant du Second Empire ne permet pas de laisser passer par ses grilles les conteneurs de décors standardisés. Berthier opère donc un rôle de sas de conversion.

Plus de 6000 toiles et 60000 vêtements y sont également entreposés.
Et pour stocker son patrimoine historique composé de 16000 partitions, la Bibliothèque-Musée dirigée par Mathias Auclair joue un véritable rôle d’Institution de Conservation auprès de l’Opéra.

Charles-Edouard et Nicolas - Protocole

Charles-Edouard et Nicolas - Protocole

Enfin, un dernier chapitre est laissé à l’organisation managériale en abordant le rôle de ‘Tour de contrôle’ de Martin Ajdari, chargé de coordonner les actions découlant des décisions prises par le directeur général, celui de Jean-Yves Kaced qui a la double casquette de directeur du développement et du mécénat de l’Opéra et de directeur de l’AROP (association constituée le 8 juillet 1980 et qui aligne 23 Millions d’euros de mécénat fin 2023, soit près de 10% du budget de l’institution), ou celui de la direction administrative et financière chargée de suivre le budget de fonctionnement de 240 millions d’euros, dont 100 millions d’euros proviennent de subventions de l’État français.

Le rôle des Cercles Berlioz, Noverre, et Lully qui aident les activités lyriques et chorégraphiques est aussi essentiel.

Façade de l'Opéra Bastille

Façade de l'Opéra Bastille

Le spectateur n’est pas oublié puisqu’il est le sujet privilégié de la direction de l’Expérience spectateur et marketing (140 personnes), qui cherche à fidéliser ces 40 à 45% de spectateurs qui, chaque soir, dans la salle, viennent pour la première fois à l’opéra – on ne peut s’empêcher de sourire à ceux qui prétendent, dans le milieu artistique, journalistique ou bien des passionnés, connaître ce que veulent les spectateurs -.

Pour valoriser la programmation artistique, l’Opéra de Paris réalise par ailleurs ses propres captations et dispose de sa propre plateforme de diffusion, Paris Opera Play.

Impossible de ne pas évoquer les préparatifs de la célébration des 150 ans de l’ouverture du Palais Garnier – qui eut lieu au début de la 3e République le 05 janvier 1875 -. Un documentaire est envisagé à cette occasion, ainsi qu’un gala d’anniversaire fin janvier 2025.

Un glossaire conclusif permet de mieux comprendre le jargon du théâtre et notamment les 4 points cardinaux, cour, jardin, face, lointain, pour les quatre endroits situés respectivement à droite, à gauche, en avant et en arrière de la scène lorsque l'on est face à elle.

La Bayadère

La Bayadère

Toutes ces activités sont ainsi approfondies en faisant intervenir des interviews d’artistes invités tels Benjamin Bernheim, qui rappelle l’importance d’avoir des artistes et des metteurs en scènes en phase avec leur temps, Guillaume Gallienne, qui précise sa méthode d’écoute des œuvres, ou bien Robert Carsen pour qui l’opéra est le meilleur moyen de casser le rapport au temps.

La voix est cependant surtout laissée au personnel de l’Opéra, les inspecteurs principaux, Charles-Edouard et Nicolas, qui racontent des histoires drôles et surprenantes sur le public, les danseurs étoiles et le sens qu’ils veulent donner à leur présence, les chefs des différents services et leur multiples contraintes de planning, d’espace ou de ressources, les artistes des chœurs et leur rapport aux autres personnels – très touchante anecdote sur Mariame Clément qui avait appris par cœur les prénoms des 60 choristes de la production de ‘Cendrillon’ -, et l’on apprend mille nuances entre les différentes fonctions, entre une maîtresse de ballet et un professeur de danse, que l’on peut jouer un Mozart et un Wagner chaque soir dans les deux théâtres ou bien deux Puccini, qu’il peut y avoir chaque soir sur le plateau 300 personnes, ce qui fait le coût réel d’une production, bien plus que les décors qui, eux, sont amortis avec le temps.

Mariame Clément - Cendrillon (26 mars 2022)

Mariame Clément - Cendrillon (26 mars 2022)

Ainsi, le fait de découvrir les noms et prénoms de tous ces intervenants ainsi que leurs visages dessinés à la main en noir et blanc, de voir des scènes de vie de plateau, de travail en atelier, de réunions, ou de pauses café aux Associés, peintes en couleurs pastel, renforce l’attache affective à cette organisation humaine que chaque personne prise individuellement ne soupçonne pas forcément. Un musicien peut alors découvrir à la lecture de ce livre ce que fait un machiniste, tout comme un régisseur va découvrir les états d’âmes des danseurs, ou bien un personnel de l’accueil va prendre fait de la taille de l’activité des accessoiristes et de leurs multiples compétences.

La nécessité de sortir de l’entre-soi, de s’ouvrir le plus possible à la société, d’inclure toutes ses composantes – le programme ‘Dix mois d’École et d’Opéra’ créé en 1991 participe à ce rôle inclusif -, est véritablement saillante tout au long des échanges, une urgence depuis les crises sociale et sanitaire de 2020 et 2021.

Atelier de couture - Palais Garnier (Mars 2016)

Atelier de couture - Palais Garnier (Mars 2016)

La vision qui en ressort, riche et complexe, est celle d’une organisation aux multiples ramifications qui sont interdépendantes, et l’on se rend compte de la responsabilité écrasante de la direction du planning et de la production qui doit tout prévoir 3 ans à l’avance et avoir le meilleur état de synthèse possible de tous les projets en cours et à développer.

Et en même temps, il ne s’agit que d’extraits de deux années de vie lyrique et chorégraphique rapportés en scènes imaginées sous une forme artistique qui replace l’humain dans son rapport à la technique professionnelle. 

Absolument indispensable pour aborder la vision d’ensemble du métier de l'Opéra et en tirer une meilleure conscience.

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Publié le 8 Janvier 2024

Article de juillet 2016 mis à jour le 08 janvier 2024

L'article qui suit est une mise à jour intégrale de son contenu rédigé la première fois en juillet 2016.
Il fait un état des lieux de l’audience des sites internet de théâtres lyriques, de salles de concert classique, d’orchestres philharmoniques, de revues musicales, de radios musicales, de chaînes culturelles, de bases de données classiques et de sites de vidéos en streaming et cherche à en tirer quelques enseignements.

Le point de départ est le site de mesure d'audience Similarweb.com (une jeune compagnie britannique de technologie de l'information) qui donne, gratuitement, quelques indicateurs, à ne considérer que pour leurs ordres de grandeur, et un classement mondial des sites sélectionnés (classement basé sur le nombre de consultations mais aussi le temps passé et le nombre de pages consultées par les lecteurs).

Il fournit, notamment, le nombre de consultations par mois, la part du trafic lié à un accès direct au site (plus la part des accès directs est importante, plus la part des lecteurs fidèles est élevée), et la nationalité des visiteurs. Contrairement aux idées reçues, la part de lecteurs amenée par les réseaux sociaux (Facebook, twitter, Instagram ..) est très faible et représente dans la plupart des cas moins de 5% du trafic. Ces sites sont avant tout consultés par accès direct (pour les fidèles) ou par recherche google pour lequel leur bon référencement est indispensable à leur visibilité.

Un même visiteur pouvant consulter un même site plusieurs fois par mois, voir par jour, et depuis différents moyens électroniques, le nombre de consultations est donc très supérieur au nombre de personnes physiques distinctes ayant accédé à un site internet.  Ainsi, ‘Google’, le site n°1, reçoit 90 milliards de consultations par mois, alors que seuls 4 milliards d’habitants ont accès à internet dans le monde. Le nombre de visiteurs réels d’un site web est donc probablement 20 à 100 fois inférieur au nombre de consultations.

Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris à la Philharmonie de Paris en septembre 2021

Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris à la Philharmonie de Paris en septembre 2021

 Le tableau qui suit présente le classement de 200 sites lyriques et musicaux pour les 11 catégories suivantes auxquelles un code couleur différent est associé (bleu foncé pour les maisons d'opéras, bleu clair pour les centres de musiques et les orchestres, rose pour les webzine et blog, etc.), à savoir :

  • 2 chaînes culturelles à titre de référence : Arte et 3Sat
  • 7 radios musicales (Classik FM, France Musique, Radio Classique, WQXR, BR Klassik ...)
  • 97 maisons d’opéras internationales (Opéra national de Paris, MET, Covent Garden, Mariinski etc.)
  • 38 salles de concerts et orchestres philharmoniques ou symphoniques et centres musicaux
  • 4 sites qui agrègent plusieurs salles (Kennedy Center, Aalto Theater Essen, Château de Versailles Spectacles et Opera Australia)
  • 24 webzines (Slipped Disc, Forum Opera, Bachtrack, etc.)
  • 4 sites dédiés aux violonistes (Violinist, The Strad, Strings Magazine, The Violin Channel)
  • 4 sites de streaming (Operavision, Medici TV, Digital Concert Hall, Opera on video)
  • 9 bases de données de partitions et d'archives (IMSLP, Opera Arias, La Flûte de Pan, Bärenreiter etc.)
  • 10 sites de ventes en ligne d’enregistrements musicaux (JPC, Qobuz, Presto Music, Naxos etc.)
  • 1 site de billetterie (Music Opéra)

 

Le choix du seuil de 200 sites permet d'inclure quasiment tous les sites recevant au minimum 50 000 consultations par mois (soit de quelques milliers de lecteurs individuels pour les plus modestes à plusieurs centaines de milliers pour Arte). Ce nombre de consultations mensuelles est une moyenne calculée sur le second semestre 2023 (Similar Web affiche les résultats des 3 derniers mois ce qui oblige à faire plusieurs sondages au cours de l'année).

Pour chaque site est affiché :

  • son classement mondial (moyenne des 6 derniers mois)
  • l'évolution de son classement par rapport au premier semestre 2023
  • le nombre de consultation par mois (moyenne des 6 derniers mois)
  • la part de visiteurs qui accèdent directement au site (sans recherche google ou réseaux sociaux)
  • la part de visiteurs français

 

Une mise à jour d'ensemble de ce classement aura lieu tous les 6 mois, chaque mois de janvier et juillet, afin de suivre l'évolution annuelle du succès de ces sites. 

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Audience comparée de sites dédiés à la Musique classique et à l'Art lyrique (juillet à décembre 2023)

Classic FM, première chaîne de musique classique
Avec plus de 3 millions d’accès par mois sur internet, et 5 millions d’auditeurs chaque week-end sur les ondes hertziennes, la chaîne de musique classique britannique Classic FM a fêté ses 30 ans le 7 septembre 2022 et est devenue la première chaîne de musique classique au monde. 

 

En France, France Musique et Radio classique sont au coude à coude avec environ 1 million d’auditeurs par jour en hertzien. Mais sur internet, France Musique prend le dessus sur sa concurrente avec 1,4 millions de consultations du site par mois (1,2 millions en 2016), ce qui peut être du à la richesse de son contenu numérique. Plus de 80 % des auditeurs numériques des deux radios sont français, mais 10 % du trafic de Radio Classique provient d’auditeurs belges, alors que 10 % du trafic web de France Musique provient d’auditeurs canadiens, suisses, espagnols et grecs.

Toutefois, depuis février 2022, Radio France agrège sur un même site ses différentes chaînes radios (France Culture, France Inter etc..) si bien qu'il n'est plus possible de suivre l'évolution de France Musique. Le nombre de consultations affiché ici est donc une estimation à partir de l'évolution de la fréquentation de Radio France.

Le ROH, l’ONP, le MET, le Mariinsky et le Bolshoi en tête des sites web de maisons lyriques les plus consultés au monde.
Le Royal Opera House Covent Garden, l’Opéra national de Paris, le MET Opera de New-York, le Théâtre du Mariinsky et le Bolshoi sont les cinq maisons d’opéra qui disposent de sites internet classés parmi les 100 000 plus consultés au monde avec plus de 500 000 connexions par mois (et même 1 million pour le ROH). On observe cependant une nuance entre les maisons occidentales et les maisons russes.

70 % des visiteurs numériques des maisons occidentales sont nationaux, et 8 % proviennent aussi des USA pour le Covent Garden et l’Opéra de Paris, tandis que 8 % des visiteurs numériques du MET sont britanniques ou canadiens.

 

Avec plus de 500 000 consultations par mois, les maisons russes de Saint-Pétersbourg (Le Mariinski) et Moscou (Le Bolshoi) talonnent ces trois maisons phares, mais  90 % de leurs visiteurs sont cette fois nationaux et 2 % sont américains. Et depuis fin 2023, et la nomination de Valery Gergiev, le site du Théâtre du Bolshoi est même le plus consulté des sites d'institutions lyriques.

Avec 400 000 visiteurs par mois, le site de l’Opéra de Vienne a une structuration de sa fréquentation un peu différente. Seuls 30 % des visiteurs sont nationaux, 15 % sont allemands, 10 % sont américains, 6% sont britanniques et 5% sont français, ce qui reflète une image de maison de répertoire ouverte au monde entier. Les Russes, qui représentaient 10% du public avant la guerre en Ukraine, en sont dorénavant absents.

Et hors Opéra de Paris, le Théâtre des Champs-Élysées, le Théâtre du Châtelet, l'Opéra de Lyon et l'Opéra de Bordeaux sont les seuls sites de théâtre lyrique et classique français à dépasser largement les 50 000 consultations par mois.

Les opéras allemands sont bien représentés en seconde partie de ce classement, le Bayerische Staatsoper de Munich (300 000 consultations) en tête, mais également les maisons européennes telles le Norwegian Opera, le Royal Danish Opera, le Teatro Real de Madrid, l'Opéra d'Amsterdam, l’Opéra d’État de Prague et le Théâtre national de Brno.

Hors Europe, le Teatro Colon de Buenos Aires se détache nettement avec 400 000 visiteurs par mois.

Les succès de la Philharmonie de Paris et de l’ElbPhilharmonie et la reconnaissance internationale du Philharmonique de Vienne
Ouvertes respectivement en 2015 et 2017, la Philharmonie de Paris et l’ElbPhilharmonie de Hambourg sont devenues en quelques années les salles de concerts philharmoniques disposant des sites les plus consultés au monde.

Quant au site du Philharmonique de Vienne (plus de 250 000 consultations par mois) – l’orchestre a célébré ses 180 ans en 2022 -, il dispose d’une structuration de ses visiteurs totalement internationale dont seuls 15 % sont autrichiens, 15 % allemands, 10 % américains, 5% polonais, 5% italiens et 5% japonais..

Il est de plus fréquenté à 50 % par une multitude d’autres nationalités. Vienne est véritablement associée à une image de culture musicale mondiale - mais le concert du nouvel an qui augmente l'afflux de visiteurs sur le site du Wiener Philharmoniker en janvier joue beaucoup sur cette mise en avant -.

Enfin, pas moins de 13 sites d'orchestres américains apparaissent dans ce classement, dont le New York Philharmonic qui est en tête (300 000 visites par mois) suivi par le Boston Symphony Orchestra et le Los Angeles Philharmonic, et le site de l'emblème musicale des Pays-Bas, le Concertgebow d'Amsterdam, atteint désormais les 250 000 consultations par mois.


 

Slipped Disc et Classical Music en tête des Webzines internationaux, Forum Opera n°1 français pour l'Opéra.
Les magazines en ligne de musique classique se sont développés au même rythme que les sites lyriques. On y trouve des interviews d’artistes, des chroniques de spectacles ou d’enregistrements, l’actualité musicale, et parfois des lieux de discussions. Les groupes anglo-saxons dominent sans partage ce genre de média et sont les véritables promoteurs de cet art dans le monde.

Fondé en 2007 par l’écrivain et critique Norman Lebrecht, Slipped Disc est devenu le n°1 mondial des webzines avec plus de 1 million de consultations par mois. Son lectorat est à 40 % américain, à 25 % britannique, 8 % allemand et 7 % canadien.

Classical Music, le site de la revue BBC Music Magazine (1992), obtient un nombre de consultations qui atteint 700 000 par mois, et d’autres webzines tels Gramophone Uk (la revue fut créée en 1923 par Compton MacKenzie) ou Classics Today (au contenu mis à jour de façon journalière) obtiennent respectivement 350 000 et 200 000 consultations par mois.

Et depuis 2016, un site américain, Operawire (déjà 300 000 visites par mois), monte pour mettre en valeur les artistes de l’art lyrique.

Fondé en 2008 par David et Alison Karlin, le site Bachtrack regroupe des interviews et des comptes-rendus internationaux de concerts, opéras et spectacles chorégraphiques, et peut être consulté en français depuis 2013 (même si seules 10 % de ses 300 000 consultations mensuelles proviennent de l’hexagone).

Tel un gigantesque hub, cet outil propose de nombreux liens vers les évènements et les captations vidéos accessibles en ligne. Il regroupe 150 chroniqueurs dans le monde qui publient 250 articles par mois.

D'autres webzines internationaux ont acquis une importance significative tels Connesi all Opera (Italie), Concerti (Allemagne), Schweizer Musikzeitung (Suisse) ou Opera Plus (Tchéquie).

BelCanto (depuis 2002) et Classical Music News (depuis 2006 - Rédacteur en Chef : Boris Lifanovsky) sont les deux sites russes phares qui dépassent les 300 000 visiteurs par mois.

 

Créé en 2001 par Camille de Rijck, et numéro 1 en France avec plus de 120 000 consultations par mois, Forum Opera est spécifiquement orienté Opéra et Art lyrique. 85 % de son lectorat est français, 4% belge, 2 % américain et 2 % tchèque.

Quatre autres webzines français le rejoignent, Resmusica (qui a quasiment doublé son niveau de fréquentation ces 5 dernières années pour devenir le site généraliste n°1 en France - puisqu'il couvre la danse, les concerts et les représentations lyriques), Opera Online (45% de lecteurs français, 10% allemands, 20% anglo-saxons) avec 110 000 visites par mois et des critiques aussi reconnus qu'Alain Duault ou Dominique Adrian (également présent sur Resmusica), Diapason Magazine, la vitrine du magazine papier du même nom, et Olyrix, exclusivement centré sur l’Opéra et qui s’est bien implanté ces 5 dernières années également (environ 90 000 consultations par mois).

D’autres sites français permettent d’avoir accès à des comptes-rendus de concerts et d’opéras (Concertonet, Altamusica, Anaclase, Classykeo, Carnets sur Sol, Concert Classic, Wanderer ...) avec toutefois une audience plus confidentielle (de quelques centaines de lecteurs à 1000 lecteurs pour 10 000 à 35 000 lectures mensuelles).

Quant aux forums de discussions, mal référencés car pénalisés par Google, ils ne réunissent que quelques centaines de lecteurs habituels.

Il est toutefois assez étrange de constater que l'Union européenne ne dispose pas de grand site de musique classique et lyrique au niveau de ceux des britanniques. Serait-ce parce que ces derniers sont plus commerçants dans l'âme?

 

Les réussites des sites de commerce et de streaming Qobuz, JPC, Presto Music, Arte concert, Medici TV 
Fondé par Alexandre Leforestier et Yves Riesel, dirigeants d'Abeille Musique, et avec près de 3 000 000 de consultations par mois, Qobuz s’est imposé comme la référence des sites de commerce en ligne et de streaming musicaux, suivi par Presto Music (spécialisé en musique classique). 

Au même niveau de fréquentation que Qobuz, la compagnie JPC fondée en 1973 par Gerhard Georg Ortmann dispose du premier site de commerce en ligne européen pour la musique classique (bien qu'elle ne se limite pas à cette catégorie de musique). Elle propose des enregistrements à prix très attractifs, des DVD, des livres et des partitions.

 

Arte concert (gratuit) et Medici TV (payant) se partagent le créneau de la diffusion d’opéras et de concerts en vidéo, et Opera Vision (exclusivement européen), avec seulement 80 000 consultations par mois, semble en perte de vitesse et surtout consulté par des russes. Il est en fait probable que ses accords de diffusion sur Youtube diluent les informations de consultations dans ceux de la chaîne américaine et qu’il ne devienne plus possible de mesurer son audience réelle de manière immédiate.

Enfin, impossible de ne pas citer le Digital Concert Hall du Philharmonique de Berlin qui permet d'avoir accès pour 150 euros par an à plus de 650 concerts enregistrés au cours des 60 dernières années. Ce site remarquable reçoit près de 300 000 visites par mois, et 25% des visiteurs sont anglo-saxons.

 

Naxos, leader mondial des labels d'enregistrements de musique classique
Né en 1987 à l'initiative de Klaus Heymann, un entrepreneur allemand, Naxos est devenu le premier éditeur label mondial de nouveaux enregistrements classiques, avec un catalogue réunissant plus de 15 000 disques à prix économiques.

 

Egalement, signalons les sites de bases de données de partitions, IMSLP (International Music Score Library Project ), Free score et Opera Arias, un site de calendriers de spectacles d’opéras (Operabase) qui couvre les salles du monde entier, ainsi que le très original Bach Cantatas, projet collectif débuté en 1999 sur les 209 Cantates de Bach.

 

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Publié le 9 Juillet 2023

L’art lyrique a connu en France une période prodigieusement foisonnante du milieu des années 1990 jusqu’au début de l’année 2020, avant que la vie culturelle ne soit fortement ébranlée par la pandémie mondiale que tout le monde a connu.

Que ce soit à Paris, avec la prise en main de l’opéra Bastille par Hugues Gall chargé de développer un nouveau répertoire - alors qu’en parallèle la capitale augmentait année après année son soutien au Théâtre du Châtelet sous les mandats de Stéphane Lissner et Jean-Pierre Brossmann -, ou en région où les opéras de Lyon, de Strasbourg, de Bordeaux, de Montpellier et de Nancy ont progressivement obtenus le label d’’Opéra national en région’ de 1996 à 2006, partout en France l’opéra va connaître un essor et un renouveau qui verra même apparaître de nouvelles maisons (Opéra de Massy en 1993) et de nouveaux festivals tels ceux de Sanxay ou bien Saint-Céré.

Ateliers de décors de l'Opéra Bastille

Ateliers de décors de l'Opéra Bastille

L’ouvrage dirigé par Hervé Lacombe ‘Histoire de l’opéra français – De la Belle Époque au monde globalisé’ (2022), retrace avec un sens du détail hors du commun cette évolution, si bien que l’article qui suit cherche uniquement à rendre compte, de façon très synthétique et visuelle, comment l’art lyrique est représenté aujourd’hui à travers chaque région de France.

Cette synthèse s’appuie uniquement sur les données recensées par le site de base de donnée international Operabase, qui comprend cependant quelques lacunes dont l’impact reste à la marge.

Faire ce bilan en 2023 est une façon de regarder le chemin parcouru, mais aussi de mettre en garde sur la trajectoire que va prendre dorénavant ce milieu artistique riche et fragile si les politiques publiques, étatiques et régionales, ne font pas le choix résolu de soutenir ces structures en période d’inflation, car il s’agit également de préserver un savoir faire artistique pointu acquis pas nombre de musiciens et chanteurs du territoire français, mais aussi de soutenir des qualités techniques uniques de fabricants de décors de costumes et d’accessoires qui font l’identité culturelle d’une nation.

45 maisons et festivals d’opéras en France sont ainsi considérés (voir tableau ci-dessous) sur la période 1996-2023, ce qui couvre deux fois plus de structures que celles analysées par la Réunion des Opéras de France dans leur dernier rapportObservation de l’Art Lyrique en France 2018-2020’ édité en 2022.

Une analyse de l’évolution de la programmation est également menée en identifiant deux sous-périodes, 1996-2007 et 2008-2023, un découpage pertinent surtout à Paris avec l’arrivée de Jean-Luc Choplin au Théâtre du Châtelet, qui va substituer, aux opérettes et opéras, des comédies musicales américaines, et avec l’arrivée de Jérôme Deschamps à la direction de l’Opéra Comique qui va substituer, aux opérettes programmées à outrance, le répertoire lyrique français historique de la salle Favart.

1. Les salles lyriques considérées

Le tableau ci-dessous récapitule les caractéristiques (nombre moyen de représentations par an et nombre de places proposées) des 45 salles et établissements à vocation lyrique pris en considération pour cette étude.

Région Théâtre ou Festival Soirées lyriques par an Capacité
Bretagne Opéra de Rennes 25 640
Normandie Théâtre de Caen 12 1070
Normandie Opéra de Rouen 20 1300
Hauts-de-France Opéra de Lille 25 1130
Hauts-de-France Atelier Lyrique de Tourcoing 8 210
Grand Est Opéra national du Rhin 65 1200
Grand Est Opéra national de Lorraine 30 1050
Grand Est Opéra de Metz 25 750
Grand Est Opéra de Reims 15 750
Bourgogne France Comté Opéra de Dijon 25 1375
Bourgogne France Comté Opéra-Théâtre de Besançon 10 1100
Bourgogne France Comté Festival de Beaune 6 830
Auvergne-Rhône-Alpes Opéra national de Lyon 65 1100
Auvergne-Rhône-Alpes Théâtre de l’Opérette de Lyon 8 1900
Auvergne-Rhône-Alpes Opéra de Saint-Étienne 15 1350
Auvergne-Rhône-Alpes Opéra de Clermont-Ferrand 10 600
Auvergne-Rhône-Alpes Opéra de Vichy 4 1480
Auvergne-Rhône-Alpes Festival d’Opérettes d’Aix-les-Bains 6 1300
Auvergne-Rhône-Alpes Festival d’Ambronay 2 1000
Provence-Alpes-Côte d’Azur Opéra de Marseille 30 1820
Provence-Alpes-Côte d’Azur Théâtre de l’Odéon de Marseille 8 800
Provence-Alpes-Côte d’Azur Opéra de Nice 25 1070
Provence-Alpes-Côte d’Azur Opéra de Toulon 20 1320
Provence-Alpes-Côte d’Azur Opéra d’Avignon 20 700
Provence-Alpes-Côte d’Azur Chorégies d’Orange 3 8300
Provence-Alpes-Côte d’Azur Festival d’Aix-en-Provence 35 1050
Occitanie Théâtre du Capitole de Toulouse 50 1150
Occitanie Opéra Orchestre national Montpellier 35 1000
Occitanie Festival lyrique de Lamalou-les-Bains 15 500
Occitanie Festival de Saint-Céré 12 500
Nouvelle-Aquitaine Opéra national de Bordeaux 40 1100
Nouvelle-Aquitaine Opéra de Limoges 10 1480
Nouvelle-Aquitaine Le Pin Galant de Mérignac 5 1400
Nouvelle-Aquitaine Festival de Sanxay 3 2500
Pays-de-Loire Angers-Nantes Opéra 35 750
Pays-de-Loire Opéra de Baugé 10 300
Centre Val de Loire Opéra de Tours 20 970
Île de France hors ONP Théâtre national de l’Opéra Comique 50 1200
Île de France hors ONP Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet 20 500
Île de France hors ONP Théâtre des Champs-Élysées 35 1900
Île de France hors ONP Théâtre du Châtelet 45 2040
Île de France hors ONP Philharmonie de Paris 7 2400
Île de France hors ONP Opéra Royal de Versailles 30 650
Île de France hors ONP Opéra de Massy 15 880
Opéra national de Paris Palais Garnier et Opéra Bastille 185 2500

Tableau 1 : Capacité moyenne et nombre de représentations moyen d’œuvres lyriques (concert ou scénique) par an pour 45 structures française entre 1996 et 2023.

2. L’offre de places de spectacles lyriques en France entre 1996 et 2023

Chaque année, 1,6 million de places de spectacles lyriques sont proposées en France. 
Dans ses deux salles principales, le Palais Garnier et l’Opéra Bastille, l’Opéra national de Paris en propose à lui seul 30% (et même 50% des places de spectacles chorégraphiques en France), et 17% supplémentaires sont apportés par les autres structures d’Île de France.

C’est donc près de 50% des places de spectacles lyriques en France qui sont proposées à 12 millions de franciliens et parisiens.

Avec Marseille, Toulon, Nice, Avignon, Orange et Aix-en-Provence, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est l’autre région très dense en propositions lyriques avec 13% de l’offre nationale, et ce sont les régions de Centre Val de Loire (Tours) et Bretagne (Rennes) qui ont l’offre la plus limitée (1% chacune de l’offre nationale), mais pas forcément la moins diversifiée comme nous le verrons plus loin.

La carte suivante rend compte de la volumétrie de l’offre lyrique par région, ainsi que de l’évolution entre 1996-2007 et 2008-2023.

Volumétrie de l’offre lyrique par région et évolution entre 1996-2007 et 2008-2023

Volumétrie de l’offre lyrique par région et évolution entre 1996-2007 et 2008-2023

On observe une légère baisse de l’offre dans 4 régions, Bourgogne Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Nouvelle Aquitaine, mais globalement, le nombre de représentations proposées en région reste de l’ordre de 750 soirées par an.

A Paris, le nombre de représentations lyriques est passé de 340 à 370 par an, progression qui est essentiellement due à la réouverture de l’Opéra de Versailles en 2009, l’inauguration de la Philharmonie en 2015, et l’intensification des comédies musicales au Théâtre du Châtelet.

3. La composition du répertoire lyrique en France selon les régions

Entre 1996 et 2023, plus de 1330 ouvrages lyriques de la période fin XVIe siècle à 2023 ont été joués en France, dont 300 interprétés pour un ou deux soirs seulement (‘Le Vin herbé’ de Frank Martin à l’Opéra de Lyon en 2008, par exemple).

Pour donner un premier aperçu général des opéras qui sont joués en France, il est possible de distinguer les catégories suivantes : les opérettes françaises (Offenbach, Lopez, Hervé, Lecoq, Audran, Varney, Messager, Ganne …), les opéras français (du baroque au contemporain), les opéras de Mozart, les opéras des compositeurs italiens du XIXe siècle (Verdi, Puccini, Donizetti, Rossini, Bellini etc.), les opéras de Richard Wagner, les œuvres baroques allemande, italienne et anglaise, et enfin le répertoire du XXe et XXIe siècle (hors français).

La carte ci-dessous représente de manière schématique et très visuelle la répartition de ce répertoire région par région, en distinguant la période 1996-2007 et 2008-2023.

Répartition et évolution du répertoire lyrique par régions de France sur les périodes 1996-2007 et 2008-2023

Répartition et évolution du répertoire lyrique par régions de France sur les périodes 1996-2007 et 2008-2023

L’opérette française est plus ou moins présente partout en France sauf à l’Opéra national de Paris, et elle se développe à l’ouest (Bretagne, Normandie, Pays de Loire, Centre Val de Loire, Nouvelle Aquitaine) où elle peut atteindre 15% des soirées lyriques.

Dans ce prolongement, l’opéra français (baroque inclus) représente entre 15% et 25% du répertoire des maisons lyriques françaises, et c’est en Bretagne qu’il est proportionnellement bien défendu, au même niveau qu’en Île de France depuis le retour de l’opéra français à l’Opéra Comique.

Le répertoire des compositeurs italiens du XIXe siècle est naturellement une valeur sûre pour plaire au plus grand nombre, et il peut représenter de 15% (Auvergne-Rhône-Alpes) à 40% de la programmation (Centre Val de Loire avant 2008). 

En Île de France, l’Opéra national de Paris est une immense machine à propager le romantisme italien où il représente plus du tiers de la programmation, surtout depuis le passage de Stéphane Lissner à la direction générale qui pouvait programmer jusqu’à 5 œuvres de Giuseppe Verdi par saison.

En revanche, en dehors de cette grande institution nationale, seuls l’opéra de Massy et le Théâtre des Champs-Élysées accueillent à bras ouverts les Italiens du XIXe siècle au sein de la première région de France.

Wolfgang Amadé Mozart est aussi bien présent sur tout le territoire (de 7 à 15% du répertoire avec un maximum atteint de 25% au Théâtre des Arts de Rouen au cours de la période 1996-2007), et seul l’Opéra national de Paris offre aux œuvres de Richard Wagner 6% de ses soirées (la scène de l’opéra Bastille s’y prêtant magnifiquement), alors qu’en province seulement 2% des représentations lui sont consacrées.

Pour les amateurs d’opéras baroques italien, allemand et anglais, les Hauts-de-France (avec l’opéra de Lille et l’Atelier lyrique de Tourcoing), la Normandie et la Bourgogne Franche-Comté (Festival de Beaune) sont les destinations à privilégier. 14 à 18% du répertoire leur est consacré, et même 19% à 25% si l’on y ajoute le répertoire baroque français (Lully, Campra, Rameau…).

A Paris, si l’Opéra n’accorde qu’une place réduite à ce répertoire, le Théâtre des Champs-Élysées lui consacre 25% de sa programmation, et même 30% en y ajoutant le baroque français.
Quant à l’Opéra Royal de Versailles, il lui dédie 60% de sa programmation, baroque français inclus.

Enfin, l’opéra du XXe siècle et les compositeurs contemporains (hors français) sont représentés de façon très diverses sur le territoire.

Ainsi, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur lui dédie 15% de sa programmation seulement, alors que l’Île de France, hors Opéra de Paris, le Grand-Est et Auvergne-Rhône-Alpes consacrent ces dernières années jusqu’à 30% de leurs soirées à ce répertoire, en y incluant les comédies musicales américaines.

A l’Opéra de Paris, cette représentativité est plutôt en baisse ces dernières années pour atteindre 15% de la programmation depuis 2008.

4. Evolution du nombre de représentations proposées ville par ville sur la période 1996-2023

Afin de donner un petit aperçu du répertoire de chaque institution, ce chapitre donne la tendance à la hausse où la baisse de la fréquence de représentation des opéras ville par ville, et liste pour chacune d’elle les œuvres de deux saisons séparées d'une vingtaine d'années. 

8 villes en région où l’art lyrique est en expansion
Rouen, Lille, Tourcoing, Clermont Ferrand, Lyon, Saint-Étienne, Angers-Nantes et Tours sont les villes où l’opéra a nettement progressé entre les années 2000 à 2020, passant de 160 représentations à 215 représentations par an pour cet ensemble de 8 villes. 

Bien que ne disposant d’aucun opéra national en région, la façade nord-ouest de la France défend très bien l’art lyrique ainsi que sa diffusion au sein de la population.

Quelques exemples de programmations à 20 ans d’intervalle sont présentés ci-dessous, bien que certaines de ces programmations ont été altérées en cours de saison à cause de l’augmentation des coûts de fonctionnement dus à la crise énergétique.

Rétrospective sur l'offre et le répertoire de l'Art Lyrique en France de 1996 à 2023

15 villes ou institutions en région où l’art lyrique est en contraction
Metz, Beaune, Besançon, Dijon, les théâtres d’opérettes d’Aix-les-Bains et de Lyon et de Lamalou-les-Bains, Avignon, Nice, Les Chorégies d’Orange, Toulon, Montpellier, le Festival de Saint-Céré,  Bordeaux, Mérignac, sont les villes où l’opéra et l’opérette sont en phase de contraction entre les années 2000 à 2020, passant de 300 représentations à 225 représentations par an pour cet ensemble de 15 villes. Elles sont quasiment toutes situées dans le Sud de la France.

Quelques exemples de programmations à 20 ans d’intervalle sont présentés ci-dessous.

Rétrospective sur l'offre et le répertoire de l'Art Lyrique en France de 1996 à 2023

13 villes ou institutions où l’offre se maintient
Enfin, un groupe de 13 villes et institutions, Rennes, Caen, Reims, Nancy, l’Opéra du Rhin (Strasbourg, Mulhouse et Colmar), Ambronay, Vichy, le Festival d’Aix-en-Provence, Marseille, Toulouse, Limoges et les festivals de Baugé et Sanxay, reste globalement constant dans sa diversité de programmation, et porte 270 représentations d’opéras par an. 

Quelques exemples de programmations à 20 ans d’intervalle sont présentés ci-dessous.

Rétrospective sur l'offre et le répertoire de l'Art Lyrique en France de 1996 à 2023

Et en Ile de France?
La situation au sein de la capitale (Opéra de Paris, Théâtre des Champs-Élysées, Théâtre du Châtelet, Opéra Comique, Théâtre de l’Athénée …) et en Île de France (Versailles et Massy) a toujours été florissante tout au long de la période 2000-2020, avec même de nouveaux établissements tels la Philharmonie et l’Opéra Royal de Versailles qui contribuent à augmenter l’offre lyrique. 

Au cours de cette période le nombre de soirées est ainsi passé de 150 à 185 par an (hors Opéra de Paris), nombre qui est doublé si on y ajoute les 185 soirées lyriques de l’Opéra de Paris.

Seul l’Opéra Comique a réduit son nombre de représentations lorsqu’il a arrêté de représenter à la chaine plus de 50 soirées de ‘La vie parisienne’ ou de ‘La Périchole’ par an, pour se concentrer avec profondeur sur le répertoire française lyrique ou la création, alors qu’à l’inverse le Théâtre du Châtelet a abandonné sa programmation lyrique pour les comédies musicales américaines avant de traverser un passage à vide dont on entrevoit cependant l’issue depuis la nomination d’Olivier Py à sa direction.

Quant à l’Opéra de Paris, si la diversité des œuvres lyriques s’estompe un peu, la durée des séries augmente de façon à maintenir le même nombre de représentations.

Quelques exemples de programmations à 20 ans d’intervalle sont présentés ci-dessous.

Rétrospective sur l'offre et le répertoire de l'Art Lyrique en France de 1996 à 2023
Rétrospective sur l'offre et le répertoire de l'Art Lyrique en France de 1996 à 2023

5. La création contemporaine

La vitalité de la création contemporaine est très importante pour le genre lyrique, car c’est ce qui lui permet de ne pas s’enkyster dans l’image d’un art du passé. D’ailleurs, elle intéresse souvent les publics les plus novices en quête de sujets qui parlent à leur imaginaire d’aujourd’hui.

Pour en rendre compte, ce chapitre fait l’état des lieux des œuvres créées en France et dans le monde au cours de la période 1990-2023 et qui ont été jouées sur notre territoire. On compte ainsi pas moins de 336 ouvrages contemporains, dont 271 ont été joués en région, 81 en Île de France hors Opéra de Paris, et 21 à l’Opéra de Paris. Dans tous les cas, 40% des créations lyriques proviennent de compositeurs français.

Et si en Île de France la moitié des créations jouées l'ont été en région, 90% des œuvres contemporaines jouées à l’Opéra de Paris n'ont pas été représentées ailleurs en France.

La création lyrique en région
Les régions sont donc le premier vecteur de la diffusion des œuvres contemporaines, et l’on observe des variations entre les Hauts-de France, les Pays-de-Loire et le Grand-Est où ce répertoire représente de 9 à 10% des soirées (ce qui est considérable!), et le Centre Val de Loire, la Nouvelle Aquitaine, l’Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur où il ne représente que 4 à 5% des soirées.

Un constat s’impose : le sud de la France accorde deux fois moins de place à la création contemporaine que le nord de la France.

Ci dessous, sont listées les œuvres contemporaines jouées pour au moins une dizaine de soirées en région.

Les principales créations lyriques contemporaines jouées en région de 1996 à 2023

Les principales créations lyriques contemporaines jouées en région de 1996 à 2023

L’Ombre de Venceslao’, composé par Martin Matalon sur un livret de Jorge Lavelli, fut créé en 2016 à l’Opéra de Rennes et a ensuite circulé sur le territoire jusqu’au Chili et en Argentine. Il s’agit du plus grand succès en région qui, pourtant, n’a toujours pas été joué en Île de France.

Avec au moins cinq opéras créés en France, Isabelle Aboulker est une compositrice prolixe qui a à cœur de toucher la jeunesse. Son opéra pour enfant ‘Jérémy Fischer’, d’après la pièce de Mohamed Rouabhi, a été créé à l’opéra de Lyon en 2007 et été repris avec succès.

D’autres ouvrages tels ‘Schneewittchen’ de Marius Felix Lange, un autre opéra pour enfant créé à Cologne en 2011, ‘Le balcon’ de Peter Eötvös (2002), ‘Les enfants terribles’ de Philip Glass (1996), et bien sûr les opéras de Philippe Boesmans (‘Julie’, ‘Pinocchio’, ‘Wintermärchen’, ‘Reigen’) ont aussi trouvé leur public.

La création lyrique en Île de France
En Île de France, hors Opéra de Paris, le répertoire contemporain représente 7% des soirées, ce qui le situe dans la moyenne nationale. 
Ci dessous sont listées les œuvres contemporaines jouées pour au moins cinq soirées dans la première région de France.

Les principales créations lyriques contemporaines jouées en Ile de France (hors ONP) de 1996 à 2023

Les principales créations lyriques contemporaines jouées en Ile de France (hors ONP) de 1996 à 2023

Les parisiens se souviennent de ‘Monkey Journey to the West’, un opéra pop de Damon Albarn, d’après un classique de la littérature chinoise, qui fut créé au Théâtre du Châtelet en début de mandat de Jean-Luc Choplin. Un peu auparavant, ce même théâtre avait accueilli l’un des chefs-d’œuvre de Kaija Saariaho créé à Salzbourg en 2000, ‘L’Amour de loin’, sur un livret d’Amin Maalouf.

Plus récemment, la création en 2019 à l’Opéra Comique de ‘L’Inondation’ de Francesco Filidei fut un tel succès qu’il y fut repris en 2023, en coproduction avec Rennes, Angers-Nantes, Caen et Limoges et l’aide du Ministère de la Culture.

A Paris, le Théâtre de l’Athénée a accueilli beaucoup de créations de Philip Glass, ‘Les Enfants terribles’, ‘In the penal colony’, de Thomas Adès (‘Powder her face’), de George Benjamin (‘Into the Little Hill’) ou de Michael Jarrell (‘Cassandra’). 

La création lyrique à l’Opéra de Paris
Grand théâtre de répertoire, l’Opéra de Paris ne consacre que 3% de ses soirées à la création contemporaine. Gerard Mortier a beaucoup contribué à l'élargissement des portes de l’institution à ces ouvrages, puisque 6 opéras sur les 21 présentés depuis 1996 l’ont été au cours de son mandat de seulement 5 ans.

Les spectacles aux frontières de l’opéra, du rock et du théâtre y ont trouvé leur place (‘The Temptation of Saint Anthony’ de Bernice Johnson Reagon, ‘Le Temps des Gitans’ de Stribor Kusturica), Philippe Fénelon a pu produire 3 opéras de 1998 à 2010 (‘Salammbô’, ‘Faust’, ‘La Cerisaie’), et ‘K’ de Philippe Manoury et ‘Yvonne, princesse de Bourgogne’ de Philippe Boemans sont les seules créations, avec ‘Salammbô’, a avoir été reprises.

Et alors que ‘Il Viaggio, Dante’ de Pascal Dusapin fera son entrée au Palais Garnier au cours de la saison 2024-2025, la question se pose de savoir si ‘Le Soulier de Satin’ de Marc-André Dalbavie, créé en 2021, reviendra sur les planches du plus bel opéra du monde.

Les créations lyriques jouées à l'Opéra national de Paris de 1996 à 2023

Les créations lyriques jouées à l'Opéra national de Paris de 1996 à 2023

6. Un vœux pour finir

Cette petite rétrospective mêlant synthèse et détails tente de rendre compte de la place du théâtre lyrique dans la vie culturelle française, et de son évolution au cours des 25 dernières années qui a constitué une période très riche portée par un élan sans entrave. Le rôle des régions dans la diffusion des œuvres contemporaines est clairement visible.

Cet art ne peut cependant exister sans une volonté politique forte, seule apte à accorder un soutien stable, sous forme de subventions aux institutions françaises.

Représentant en France un budget de l’ordre de 600 millions d’euros (danse et concerts compris) dont 375 millions proviennent de subventions publiques (avec une disparité entre l’Opéra de Paris subventionné à 45% seulement, et les opéras en région subventionnés en moyenne à 78%), les institutions lyriques doivent dorénavant composer avec un paysage politique de moins en moins favorable (voir les exemples malheureux de Lyon ou Bordeaux), une image parfois kitsch entretenue par quelques passionnés d’un autre temps, et une image élitiste qui s’estompe cependant petit à petit par une volonté de casser les codes en salle et sur scène.

Le mécénat prend toute sa place dans leur modèle économique, mais étant plus volatile, il peut rendre les maisons d’opéras fragiles s’il se retire en cas de crise économique. Toutes ne bénéficient pas du soutien aussi indéfectible que celui accordé par la ville de Toulouse à son Théâtre du capitole, dont le budget est couvert à 90% par les subventions, ce qui le met à l’abri des vicissitudes économiques.

Vivre avec son temps est donc une priorité afin de renouveler le public, mais si l’on prend en considération que les 375 millions d’euros de subventions publiques aux théâtres lyriques et chorégraphiques ne représentent que 3,5% des 11 milliards d’euros d’aides au secteur culturel (4 milliards provenant de l’État et 7 milliards provenant des régions), on peut poser la question des conditions qui permettraient de revoir à la hausse cette participation.

Alors, en s’engageant pour plus d’innovations dans les programmes, pour plus de créations, pour plus de coopérations, et pour une diffusion plus élargie sur le territoire, ne peut-on pas souhaiter voir les aides aux établissements à vocation lyrique représenter 4% du budget culturel français d’ici 4 ou 5 ans, ce qui, concrètement, reviendrait à réévaluer les subventions de fonctionnement annuelles de l’Opéra Comique et de l’Opéra de Paris de 10 millions d’euros supplémentaires dans leur ensemble, et de 12 millions d’euros en régions?

C’est bien le vœux que l'on peut formuler pour l’avenir.

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Publié le 27 Avril 2023

Saison lyrique 2023/2024 du Théâtre Royal de la Monnaie / De Munt de Bruxelles

Dévoilée le 28 mars 2023, la seizième saison de Peter de Caluwe à la direction du Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles inscrit à nouveau cette maison très originale parmi les institutions les plus ambitieuses et les plus créatrices du réseau lyrique, et ce malgré les impacts très négatifs de la période covid sur la programmation originellement prévue.

La saison 2023/2024 propose ainsi 10 ouvrages lyriques dont une version de concert, 2 ouvrages patchwork basés sur des opéras de Verdi, 2 créations, 4 autres nouvelles productions (dont les deux premiers volets du Ring mis en scène par Romeo Castellucci) et une reprise, pour un total de 67 soirées.

La première particularité de cette programmation est de ne présenter aucun titre faisant partie des 50 opéras les plus représentés dans ce théâtre. Aucune autre maison dans le monde ne montre un tel esprit d'ouverture.

‘Nostalgia’ / ‘Rivoluzione’ - d'après Giuseppe Verdi

‘Nostalgia’ / ‘Rivoluzione’ - d'après Giuseppe Verdi

Le projet Verdi qui va permettre de présenter deux ouvrages ‘Nostalgia’ et ‘Rivoluzione’ constitués à partir de ses œuvres de jeunesse écrites entre 1840 et 1849 (Giorno di Regno, Nabucco, I Lombardi alla Prima Crociata, Ernani, I due Foscari, Giovanna d’Arco, Alzira, Attila, Macbeth, I Masnadieri, Jérusalem, Il Corsaro, La Battaglia di Legnano) sera l’occasion d’entendre la musique du compositeur italien à travers deux formes contemporaines mises en scène par Krystian Lada, premier lauréat du Prix Mortier Next Generation créé par Serge Dorny et remis le 12 janvier 2019 à Gand.
Carlo Goldstein, principal chef invité du Wiener Volksoper, assurera la direction musicale de ces 12 soirées.

Christophe Coppens - 'Turandot'

Christophe Coppens - 'Turandot'

Le répertoire traditionnel italien pourra également s’appuyer sur Christophe Coppens (La Petite Renarde rusée – 2017, Le Château de Barbe Bleue / Le Mandarin merveilleux – 2018, Norma – 2021) qui sera de retour à La Monnaie pour mettre en scène ‘Turandot’, avec Kazushi Ono à la direction musicale, dans un théâtre qui n’accorde pas plus de 5% de ses soirées aux œuvres de Giacomo Puccini (c’est à dire 2 à 3 fois moins que dans les maisons de répertoire).

Cecilia Bartoli - ‘Giulio Cesare’

Cecilia Bartoli - ‘Giulio Cesare’

Quant à la musique baroque, elle ne pourra compter que sur l’unique soirée en version de concert dédiée à ‘Giulio Cesare’ de Georg Friedrich Haendel, 2 jours avec son passage au Théâtre des Champs-Élysées, avec Cecilia Bartoli dans le rôle de Cléopâtre et Gianluca Capuano à la direction musicale.

Alain Altinoglu - ‘Das Rheingold’ et ‘Die Walküre’

Alain Altinoglu - ‘Das Rheingold’ et ‘Die Walküre’

La période classique sera cependant totalement absente, même si Mozart reste le compositeur le plus joué en ce théâtre, au profit des deux premiers volets, ‘Das Rheingold’ et ‘Die Walküre’, d’une nouvelle Tétralogie de Richard Wagner mise en scène par Romeo Castellucci, 32 ans après celle d’Herbert Wernicke qui avait marqué la fin du mandat de Gerard Mortier avec Sylvain Cambreling à la direction orchestrale. 
Ce nouveau cycle parachèvera la réussite d’Alain Altinoglu dans l’univers wagnérien, après les succès de ‘Lohengrin’ et ‘Tristan und Isolde’.

Benjamin Britten - ‘The Turn of the Screw’

Benjamin Britten - ‘The Turn of the Screw’

Le cœur du XXe siècle sera ensuite représenté par une nouvelle production de ‘The Turn of the Screw’, la troisième après celle de Keith Warner (juin 1998) et celle de Luc Bondy (mars 2005 en coproduction avec les Wiener Festwochen), ce qui confortera Benjamin Britten comme le septième compositeur le plus joué à La Monnaie (3% des soirées). On pourra donc s’attendre à une vision implacable de la part d’Andrea Breth, avec Antonio Méndez à la direction musicale.

On peut toutefois signaler qu’à ce jour, ‘Billy Budd’ n’a toujours pas connu les honneurs de la scène bruxelloise…

Marie-Eve Signeyrole - ‘Cassandra’

Marie-Eve Signeyrole - ‘Cassandra’

Le XXIe siècle prendra évidemment toute sa place à travers deux créations, ‘Cassandra’ de Bernard Foccroulle (l’ancien directeur de l’institution Bruxelloise de 1992 à 2007 qui succéda à Gerard Mortier), dont la mise en scène sera confiée à Marie-Eve Signeyrole et la réalisation musicale à Kazushi Ono, et ‘Ali’ de Grey Filastine qui relatera la vie d’Ali Abdi Omar, jeune somalien arrivé à Bruxelles en 2019. Ricard Soler Mallol assurera la conception scénique, avec Michiel Delanghe à la direction musicale

‘Le conte du Tsar Saltan’ - ms Dmitri Tcherniakov

‘Le conte du Tsar Saltan’ - ms Dmitri Tcherniakov

Enfin, unique reprise habilement mise en scène par Dmitri Tcherniakov, ‘Le conte du Tsar Saltan’ de Nikolay Rimsky-Korsakov, dirigée par Timur Zangiev, couvrira la période de Noël. Il s’agit d’une production qui a remporté le prix de « Best New Production » lors de la cérémonie des International Opera Awards 2020.

A travers cette nouvelle saison lyrique, La Monnaie de Bruxelles donne une leçon d’optimisme et de volontarisme dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

Le lien vers la saison 2023/2024 intégrale c'est ici.

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Publié le 3 Avril 2023

Présentation de la saison Lyrique 2023 / 2024 de l’Opéra national de Paris
Le vendredi 31 mars 2023 à l’Hotel Intercontinental Paris Le Grand, et le samedi 01 avril 2023 à l’opéra Bastille

Présentation de la saison 2023/2024 de l'Opéra national de Paris aux couleurs de l'Ukraine

Présentation de la saison 2023/2024 de l'Opéra national de Paris aux couleurs de l'Ukraine

Le mercredi 29 mars 2023 à 12h00, la troisième saison d’Alexander Neef à la direction de l’Opéra national de Paris a été officiellement dévoilée au grand public sur le site internet de l’institution.

Elle comprend 4 nouvelles productions maison et 3 coproductions, dont 2 nouveautés pour le répertoire, et 12 reprises.

Aux 19 œuvres scéniques jouées dans les grandes salles, s’ajoute également une production de l’Académie de l’Opéra de Paris qui sera donnée à la MC93, Maison de la Culture de Seine Saint-Denis à Bobigny.
Au total, 186 représentations lyriques seront ainsi données.

La présentation de cette saison à l’Association pour le Rayonnement de L’Opéra de Paris a eu lieu le vendredi 31 mars à l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand, et Alexander Neef et José Martinez, le nouveau directeur de la danse depuis décembre 2022, ont réitéré cette présentation des œuvres lyriques et chorégraphiques aux abonnés, le lendemain matin à l’opéra Bastille.

De nombreuses interviews de metteurs en scène tels Kirill Serebrennikov, Lydia Steier, Peter Sellars, ou bien Damiano Michieletto, ont permis aux spectateurs d’avoir une première approche des questions que posent ces œuvres.

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Après ‘The Dante project’, ballet de Wayne McGregor créé à Londres en octobre 2021 sur la musique de Thomas Adès, qui a fait son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris le 03 mai 2023, une autre pièce du compositeur britannique va faire son entrée au répertoire lyrique, ‘The Exterminating Angel’, dans la continuité bien affirmée d’une ligne attachée à la représentation du répertoire anglo-saxon des XXe et XXIe siècles.

Dans le contexte actuel très difficile, la programmation est ambitieuse mais présentée avec beaucoup d’humilité et de bienveillance.

José Martinez, Andréa Sarri, Hohyun Kang, Marine Chagnon, Alejandro Baliñas Vieites, Myriam Mazouzi et Alexander Neef

José Martinez, Andréa Sarri, Hohyun Kang, Marine Chagnon, Alejandro Baliñas Vieites, Myriam Mazouzi et Alexander Neef

Cette saison montre aussi, et nous le verrons plus loin, à quel point la nouvelle direction de l'Opéra de Paris s'attache à mettre en valeur le potentiel humain qui fait vivre l'institution, et met aussi beaucoup de cœur à assurer une forte cohésion humaine avec toutes les différences et particularités qui composent cet ensemble d'une richesse artistique unique.

Et à l'occasion de la présentation au Grand Hôtel, les lauréats des prix de l'AROP 2021/2022 ont été récompensés en personnes, Hohyun Kang et Andréa Sarri pour les Prix de la Danse, Marine Chagnon et Alejandro Baliñas Vieites pour les Prix Lyriques, en présence de Myriam Mazouzi, directrice de l'Académie de l'Opéra de Paris.

Kirill Serebrennikov (ms Lohengrin)

Kirill Serebrennikov (ms Lohengrin)

Les nouvelles productions

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart – 1787) – Production du Staatsoper Unter den Linden, Berlin, en collaboration avec les Salzburger Festpiele
Du 13 septembre au 12 octobre 2023 (13 représentations à l’opéra Bastille)
Direction musicale Antonello Manacorda / Simone Di Felice, mise en scène Claus Guth
Peter Mattei, Kyle Ketelsen, Adela Zaharia, Julia Kleiter, Ben Bliss, Cyrille Dubois, John Relyea, Gaëlle Arquez, Tara Erraught, Alex Esposito, Bogdan Talos, Guilhem Worms, Ying Fang, Marine Chagnon
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 11 mars 2022

La dernière production d’Ivo van Hove (2019) étant coproduite avec le Metropolitan Opera de New-York où elle sera montée en mai 2023, c’est la production de Claus Guth mise en scène au Festival de Salzbourg en 2008 qui est invitée sur la scène Bastille. Dans son article commentant la création cette année là, le critique Renaud Machard parlait de la vision magnifique du metteur en scène allemand, et le public parisien va donc pouvoir découvrir comment deux ‘Robin des bois délinquants et héroïnomanes’ vont se sortir de la malédiction du Commandeur.
Peter Mattei, Don Giovanni de référence depuis plus de 15 ans, partagera le rôle avec Kyle Ketelsen.

Lohengrin (Richard Wagner – 1850) – Nouvelle production
Du 23 septembre au 27 octobre 2023 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Alexander Soddy, mise en scène Kirill Serebrennikov
Kwangchul Youn, Piotr Beczala, Johanni van Oostrum, Sinead Campbell Wallace, Wolfgang Koch, Nina Stemme, Ekaterina Gubanova, Shenyang, Bernard Arrieta, Chae Hoon Baek, Julien Joguet, John Bernard, Isabelle Escalier, Joumana El-Amiouni, Caroline Bibas, Yasuko Arita
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 18 février 2017

Auteur d’un fantastique ‘Parsifal’ pour l’opéra de Vienne en 2021, avec Jonas Kaufmann, Elīna Garanča et Ludovic Tézier, Kirill Serebrennikov fait ses débuts à l’Opéra national de Paris.
Le metteur en scène russe a dorénavant quitté sa résidence surveillée à Moscou et réside en Allemagne. 
Les cinéphiles qui ont pu apprécier son dernier film ‘La femme de Tchaïkovski’ (2022), peuvent s’attendre à une vision sombre de ce Lohengrin d’une très grande complexité scénique.
A cette occasion, Nina Stemme fera son retour sur la scène parisienne, et beaucoup découvriront les débuts dans la capitale de Johanni van Oostrum qui enchante l’opéra de Munich dans le rôle d’Elsa depuis plusieurs années.

Peter Sellars (ms Beatrice di Tenda)

Peter Sellars (ms Beatrice di Tenda)

Beatrice di Tenda (Vincenzo Bellini – 1833) - Coproduction avec le Gran Teatre del Liceu, Barcelone
Du 09 février au 07 mars 2024 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Mark Wigglesworth, mise en scène Peter Sellars
Quinn Kelsey, Tamara Wilson, Theresa Kronthaler, Pene Pati, Amitai Pati
Entrée au répertoire

Obsédé depuis 25 ans par ‘Beatrice di Tenda’, Peter Sellars a enfin l’occasion de monter l’avant-dernier opéra de Vincenzo Bellini composé deux ans avant ‘I Puritani’. Le compositeur cherchait à ouvrir le langage musical à travers cette œuvre qui parle de la brutalité des dictatures, un sujet ô combien d’actualité.

Le livret relate fidèlement les évènements tragiques qui amenèrent Béatrice Lascaris de Tende, épouse du duc de Milan, Filippo Maria Visconti, à être accusée d’adultère par ce dernier qui était en fait épris d’une autre femme. La jeune aristocrate sera alors emprisonnée, torturée et décapitée le 13 septembre 1418.

The Exterminating Angel (Thomas Adès – 2016) – Nouvelle production
Du 29 février au 23 mars 2024 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Thomas Adès / Robert Houssart, mise en scène Calixto Bieito
Jacquelyn Stucker, Gloria Tronel, Hilary Summers, Claudia Boyle, Christine Rice, Amina Edris, Nicky Spence, Frédéric Antoun, Jarrett Ott, Anthony Roth Costanzo, Filipe Manu, Philippe Sly, Paul Gay, Rod Gilfry
Entrée au répertoire

Créé au Festival de Salzbourg en 2016 dans une coproduction qui l’a amené à Toronto, New-York et Copenhague, ‘The Exterminating Angel’ est le troisième opéra de Thomas Adès
L’œuvre est basée sur le film de Luis Buñuel, ‘L’Ange exterminateur’ (1962), qui se déroule après une représentation d’opéra qui tourne mal lorsque plusieurs couples de riches bourgeois, réunis dans une villa pour finir la soirée, se trouvent dans l’incapacité de sortir de la demeure.

Avec Calixto Bieito à la mise en scène, les profils psychologiques des invités seront probablement décortiqués avec une dureté implacable.

Lea Desandre (Médée)

Lea Desandre (Médée)

Médée (Marc-Antoine Charpentier – 1693) – Production Grand Théâtre de Genève
Du 10 avril au 11 mai 2024 (12 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale William Christie, mise en scène David McVicar
Lea Desandre, Reinoud Van Mechelen, Laurent Naouri, Ana Vieira Leite, Gordon Bintner, Emmanuelle de Negri, Elodie Fonnard, Lisandro Abadie, Julie Rost, Mariasole Mainini
Œuvre jouée pour la dernière fois à la première salle du Palais-Royal le 15 mars 1694

Inspiré de la mythologie grecque, ‘Médée’ de Marc-Antoine Charpentier fait partie de ces créations qui, après la mort de Lully en 1687, ne trouveront pas leur public à l’Académie Royale de Musique, car il était difficile à l’époque de faire accepter un ouvrage qui n’était pas assez fidèle à l’esprit de celui qui avait régné sans partage sur le genre de l’opéra courtisan.

Créé le 04 décembre 1693, ‘Médée’ sera pourtant bien accueilli, mais ne sera joué que pour 10 représentations jusqu’au 15 mars 1694, avant de disparaître du répertoire de l’Académie.

Cette tragédie a depuis retrouvé les planches des théâtres lyriques – il y eut une production mise en scène par Pierre Audi au Théâtre des Champs-Élysées en octobre 2012 avec Laurent Naouri en Créon -, mais est restée jusqu’à présent absente de son institution d’origine.

C’est donc William Christie, à la tête de son ensemble Les Arts Florissants, qui sera chargé de faire revivre ce chef-d’œuvre dont il a enregistré une version de référence chez Harmonia Mundi en 1984.


Don Quichotte (Jules Massenet – 1910) Nouvelle production
Du 10 mai au 11 juin 2024 (11 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Mikhail Tatarnikov, mise en scène Damiano Michieletto
Marianne Crebassa, Christian Van Horn / Gábor Bretz, Étienne Dupuis, Emy Gazeilles, Marine Chagnon, Maciej Kwaśnikowski, Nicholas Jones, Youngwoo Kim, Hyun Sik Zee
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 11 février 2002

‘Don Quichotte’  n’est pas le plus connu des opéras de Jules Massenet, mais il mène une jolie carrière à l’Opéra national de Paris depuis son entrée au répertoire le 01 avril 1972 – il y eut également une production à l’Opéra Comique en 1945 sous l’égide de la R.T.L.N –, où il a connu plusieurs mises en scène de la part de Peter Ustinov, Piero Faggioni et Gilbert Deflo.

Le livret n’est pas une adaptation du roman de Cervantès, mais celle du drame héroïque de Jacques Le Lorrain ‘Le Chevalier de la longue figure’, qui fut créé au Théâtre Victor Hugo (l’actuel Trianon situé sur le boulevard Marguerite-de-Rochechouart à Paris) le 30 avril 1904.

Lydia Steier (ms La Vestale)

Lydia Steier (ms La Vestale)

La Vestale (Gaspare Spontini – 1807) Nouvelle production
Du 15 juin au 11 juillet 2024 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Bertrand de Billy, mise en scène Lydia Steier
Michael Spyres, Julien Behr, Jean Teitgen, Florent Mbia, Elza van den Heever, Eve-Maud Hubeaux
Œuvre jouée pour la dernière fois en français à la salle Le Peletier le 12 juin 1854
Œuvre chantée en italien par les artistes de la Scala de Milan au Palais Garnier le 24 janvier 1909

Alors que la période révolutionnaire avait fait subitement apparaître nombre d’hymnes incitant à l’agitation politique, c’est à Napoléon que l’on doit la reprise en main de l’Académie de Musique.

Sous son règne, l’institution fut prolifique, mais aucune œuvre lyrique de compositeurs français ne resta plus de 20 ans au répertoire.

La véritable renaissance artistique de l’Opéra de Paris aura finalement lieu à la salle Montansier, rue de Richelieu, le 15 décembre 1807.

Le compositeur italien Gaspare Spontini en est l’artisan, auteur de 29 opéras, mais dont la réputation tient à La Vestale (1807), Fernand Cortez (1809) et Olympie (1819).

Ce fils de cordonnier fou de musique et créateur d’une douzaine d'ouvrages lyriques en Italie, arriva en 1803 à Paris et fut nommé compositeur de la chambre de l’impératrice dès 1805.

Avec La Vestale qui, malgré le cadre antique, porte la grâce mélancolique du bel Canto romantique, et dont Maria Callas sera une inoubliable interprète de Julia à La Scala en 1954, Spontini renouvela l’esthétique du spectacle lyrique. Orchestration somptueuse, décors monumentaux et soin du détail, caractérisent désormais le grand opéra français. Il fut l’un des premiers chefs avec Spohr et Weber à se mêler de mise en scène dans un souci de cohérence.

L’ouvrage restera au répertoire près d’un demi siècle, jusqu’au 12 juin 1854, et il ne réapparaîtra qu’une seule fois au Palais Garnier le 24 janvier 1909, dans une version italienne, lors d’une tournée de la Scala de Milan.

Angela Denoke dans 'L'Affaire Makropoulos' mis en scène par Krzysztof Warlikowski en 2009

Angela Denoke dans 'L'Affaire Makropoulos' mis en scène par Krzysztof Warlikowski en 2009

Les reprises

Don Pasquale (Gaetano Donizetti – 1843)
Du 14 septembre au 13 octobre 2023 (9 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Speranza Scappucci, mise en scène Damiano Michieletto (2018)
Laurent Naouri, Florian Sempey, René Barbera, Julie Fuchs, Slawomir Szychowiak

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 16 avril 2019

L’Affaire Makropoulos (Leoš Janáček – 1926)
Du 05 au 17 octobre 2023 (5 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Susanna Mälkki, mise en scène Krzysztof Warlikowski (2007)
Karita Mattila, Pavel Černoch, Nicholas Jones, Ilanah Lobel-Torres, Johan Reuter, Cyrille Dubois, Károly Szemerédy, Peter Bronder

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 02 octobre 2013

Cendrillon (Jules Massenet – 1899)
Du 25 octobre au 16 novembre 2023 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Keri-Lynn Wilson, mise en scène Mariame Clément (2022)
Jeanine De Bique, Daniela Barcellona, Paula Murrihy, Caroline Wettergreen, Emy Gazeilles, Marine Chagnon, Laurent Naouri, Philippe Rouillon, Luca Sannai, Laurent Laberdesque, Fabio Bellenghi, Corinne Talibart, So-Hee Lee, Stéphanie Loris, Anne-Sophie Ducret, Sophie Van Den Woestyne, Blandine Folio-Peres

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 28 avril 2022

Turandot (Giacomo Puccini – 1926)
Du 06 au 29 novembre 2023 (13 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Marco Armiliato / Michele Spotti, mise en scène Robert Wilson (2021)
Anna Pirozzi, Irene Theorin, Tamara Wilson, Carlo Bossi, Mika Kares, Brian Jagde, Gregory Kunde, Ermonela Jaho, Adriana Gonzalez, Florent Mbia, Maciej Kwaśnikowski, Nicholas Jones, Guilhem Worms, Fernando Velasquez, Pranvera Lehnert, Izabela Wnorowska-Pluchrat

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 30 décembre 2021

L'Opéra Bastille, le samedi 01 avril 2023 matin, lors de la présentation de la saison 2023/2024

L'Opéra Bastille, le samedi 01 avril 2023 matin, lors de la présentation de la saison 2023/2024

Ma Mère l’Oye / L’Enfant et les Sortilèges (Maurice Ravel – 1912 / 1925)
Du 21 novembre au 14 décembre 2023 (8 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Patrick Lange, Chorégraphie Martin Chaix (2023), mise en scène Richard Jones (1998)
Avec la participation des élèves de l’École de Danse, des artistes en résidence à l'Académie
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, avec la Maîtrise Notre-Dame de Paris, la Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris

A l’occasion de cette reprise, ‘Ma Mère l’Oye’, œuvre inédite à l’Opéra national de Paris, est ajouté en première partie, dans une nouvelle chorégraphie de Martin Chaix afin de proposer une soirée entière réunissant l’ École de Danse et les artistes de l'Académie.

L’Enfant et les Sortilèges fut joué pour la dernière fois au Palais Garnier le 26 janvier 2020.

Les Contes d’Hoffmann (Jacques Offenbach – 1881)
Du 30 novembre au 27 décembre 2023 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Eun Sun Kim, mise en scène Robert Carsen (2000)
Benjamin Bernheim, Dmitry Korchak, Pretty Yende, Antoinette Dennefeld, Rachel Willis-Sørensen, Christian Van Horn, Leonardo Cortellazzi, Christophe Mortagne, Cyrille Lovighi, Christian Rodrigue Moungoungou, Vincent Le Texier, Angela Brower, Sylvie Brunet-Grupposo, Alejandro Baliñas Vieites

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 14 février 2020

Adriana Lecouvreur (Francesco Cilea – 1902)
Du 16 janvier au 07 février 2024 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Jader Bignamini, mise en scène David Mc Vicar (2015)
Anna Netrebko, Anna Pirozzi, Yusif Eyvazov, Giorgio Berrugi, Ekaterina Semenchuk, Clémentine Margaine, Ambrogio Maestri, Sava Vemić, Leonardo Cortellazzi, Alejandro Baliñas Vieites, Nicholas Jones, Ilanah Lobel-Torres, Marine Chagnon, Se-Jin Hwang

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 15 juillet 2015

Giulio Cesare (Georg Friedrich Haendel – 1724)
Du 20 janvier au 16 février 2024 (12 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Harry Bicket, mise en scène Laurent Pelly (2011)
Gaëlle Arquez, Adrien Mathonat, Wiebke Lehmkuhl, Emily D’Angelo, Lisette Oropesa, Iestyn Davies, Luca Pisaroni, Rémy Brès

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 18 juin 2013

Saskia de Ville (musicologue et journaliste), Alexander Neef, José Martinez et Sophie Gavriloff (Expérience spectateur) lors de la présentation à l'Opéra Bastille

Saskia de Ville (musicologue et journaliste), Alexander Neef, José Martinez et Sophie Gavriloff (Expérience spectateur) lors de la présentation à l'Opéra Bastille

La Traviata (Giuseppe Verdi – 1853)
Du 16 janvier au 07 février 2024 (12 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Giacomo Sagripanti, mise en scène Simon Stone (2019)
Nadine Sierra, Pretty Yende, Marine Chagnon, Cassandre Berthon, René Barbera, Ludovic Tézier,  Maciej Kwaśnikowski, Alejandro Baliñas Vieites, Florent Mbia, Hyun-Jong Roh, Olivier Ayault, Pierpaolo Palloni

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 16 octobre 2019

Simon Boccanegra (Giuseppe Verdi – 1881)
Du 12 mars au 03 avril 2024 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Thomas Hengelbrock, mise en scène Calixto Bieito (2018)
Ludovic Tézier, Nicole Car, Mika Kares, Charles Castronovo, Étienne Dupuis,  Alejandro Baliñas Vieites, Paolo Bondi, Marianne Chandelier

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 13 décembre 2018

Salomé (Richard Strauss  – 1905)
Du 09 au 28 mai 2024 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Mark Wigglesworth, mise en scène Lydia Steier (2022)
Gerhard Siegel, Ekaterina Gubanova, Lise Davidsen, Johan reuter, Pavol Brelik, Katharina Magiera, Matthäus Schmidlechner, Eric Huchet, Maciej Kwaśnikowski, Nicholas Jones, Florent Mbia, Luke Stoker, Yiorgo Ioannou, Dominic Barbieri, Bastian Thomas Kohl,  Alejandro Baliñas Vieites,  Ilanah Lobel-Torres

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 05 novembre 2022

Cosi fan tutte (Wolfgang Amadé Mozart – 1787)
Du 10 juin au 09 juillet 2024 (12 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Pablo Heras-Casado, mise en scène Anne Teresa De Keersmaeker (2017)
Vannina Santoni, Angela Brower, Hera Hyesang Park, Josh Lovell, Gordon Bintner, Paulo Szot

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 21 octobre 2017

 Eve-Maud Hubeaux (air d'Eboli de 'Don Carlos')

Eve-Maud Hubeaux (air d'Eboli de 'Don Carlos')

L’Académie de l’Opéra national de Paris 

Street Scene (Kurt Weill - 1947) 
Du 19 au 27 avril 2024 (5 représentations à la MC93 de Bobigny)

Direction musicale Yshani Perinpanayagam, mise en scène Ted Huffman
Artistes en résidence à l’Académie

Œuvre inédite à l’Opéra national de Paris

Affiche du Gala anniversaire des 100 ans de la naissance de Maria Callas, le 02 décembre 2023

Affiche du Gala anniversaire des 100 ans de la naissance de Maria Callas, le 02 décembre 2023

Premières impressions sur la saison 2023/2024

Avec 7 nouvelles productions dans les grandes salles, l’Opéra de Paris maintient un rythme de renouvellement conséquent dans un contexte économique fort difficile (et avec un niveau de subventions inférieur à 45% de son budget). 

Et aux deux entrées au répertoire de ‘Beatrice di Tenda’ et ‘The Exterminating Angel’, s’ajoute le retour de deux œuvres françaises créées au sein de l’institution qui n’y étaient plus apparues depuis au moins la fin du Second Empire, ‘Médée’ et ‘La Vestale’.

A cette ligne très claire que dessine Alexander Neef depuis le début de son mandat en faisant revivre la richesse du patrimoine créatif de l’Opéra de Paris, se déploie une autre ligne destinée à mieux faire connaître l’opéra anglo-saxon et les thèmes qu'il aborde. En seulement trois saisons, il aura progressé sur ces deux axes forts plus que n’importe quel autre directeur.

Ainsi, la langue française va occuper un tiers des soirées lyriques avec 6 ouvrages, depuis ‘Médée’ à ‘L’enfant et les sortilèges’ de Maurice Ravel, œuvre qui n’avait été donnée que pour un seul soir en janvier 2020. Les productions de ‘L’enfant et les sortilèges’ et des 'Contes d'Hoffmann' seront d'ailleurs les plus anciennes de la saison, puisqu'elles furent créées respectivement le 05 novembre 1998 et le 20 mars 2000. Le chef d'œuvre d'Offenbach en sera à sa neuvième série dans la production de Robert Carsen.

En revanche, le répertoire slave reste pour l’instant peu représenté, puisque seul ‘L’Affaire Makropoulos’ sera repris, mais avec un couple Karita Mattila / Krzysztof Warlikowski qui devrait se révéler explosif.

Toutefois, un seul metteur en scène, Kirill Serebrennikov, fait ses débuts sur les planches de l’institution, et Lydia Steier, auteure d’une ‘Salomé’ clivante, est confirmée pour ‘La Vestale’  dont on attend une vision tout aussi forte. Le fait que Calixto Bieito soit également choisi pour mettre en scène ‘The Exterminating Angel’ démontre aussi le positionnement très clair d’Alexander Neef sur des metteurs en scène ayant des univers très personnels.

Même si Gustavo Dudamel a dorénavant quitté l'Opéra de Paris, cette saison amènera de nouveaux chefs d’orchestre tels Keri-Lynn Wilson, Eun Sun Kim, Jader Bignamini, Pablo Heras-Casado (le directeur musical du Teatro Real de Madrid) et Yshani Perinpanayagam dans ‘Street Scenes’. La relation entre Alexander Soddy, remplaçant de Gustavo Dudamel à la direction musicale de 'Lohengrin', et l'orchestre de l'Opéra de Paris sera également sous tous les regards.

Et parmi les grands artistes invités, Lise Davidsen, l’une des voix actuelles les plus puissantes, et Tamara Wilson, distribuée dans le rôle meurtrier de ‘Turandot’ et dans celui, bel cantiste, de 'Beatrice di Tenda’, seront très attendues.

Présentation de la saison Lyrique 2023 / 2024 de l’Opéra de Paris

Nombre d’artistes francophones sont invités, Gaëlle Arquez, Cyrille Dubois, Frédéric Antoun, Laurent Naouri, Elodie Fonnard, Emmanuelle de Negri, Lea Desandre, Etienne Dupuis, Philippe Sly, Marianne Crebassa, Julien Behr, Jean Teitgen, Eve-Maud Hubeaux, Florian Sempey, Julie Fuchs, Benjamin Bernheim, Sylvie Brunet-Grupposo, Vincent Le Texier, Clémentine Margaine, Rémy Brès, Ludovic Tézier, Eric Huchet, et plusieurs artistes du chœur apparaissent dans les distributions : Bernard ArrietaJulien Joquet, Isabelle Escalier, Caroline Bibas, Laurent Laberdesque, Anne-Sophie Ducret, Rodrigue Moungoungou, Corinne Talibart, Olivier Ayault, Marianne Chandelier ...

Mais la grande nouveauté de cette saison est le début de la création de la troupe lyrique de l’Opéra de Paris. On pourra ainsi régulièrement retrouver Alejandro Baliñas Vieites, Maciej Kwaśnikowski, Ilanah Lobel-Torres, Marine Chagnon, Nicholas Jones, Florent Mbia (issu du chœur) et Emy Gazeilles dans nombre de rôles et à travers des ouvrages très divers.

Présentation de la saison Lyrique 2023 / 2024 de l’Opéra de Paris

Les tarifs 2023/2024

Les tarifs de cette saison sont en légère augmentation mais évoluent en dessous du niveau d’inflation national actuel.

Les prix sont inchangés pour les places inférieures à 90 euros afin de préserver l’accessibilité à tous, et une augmentation de 5 à 10 euros maximum est appliquée pour les catégories supérieures. 

Par ailleurs, ‘Don Giovanni’, ‘Lohengrin’ et ‘Turandot’ sont classés dans une tarification supérieure pour un total de 35 représentations, ce qui est le double de soirées par rapport à la saison en cours, mais reste en dessous de ce qui était pratiqué au cours du mandat de Stéphane Lissner.

Et il faut noter également que le plan de salle des prix à Bastille, présenté dans le programme, n’est valable que pour 'Don Giovanni’, ‘Lohengrin’, ‘Turandot’ et ‘La Traviata’.

Pour toutes les autres productions, des places sont déclassées au parterre et au second balcon (une centaine de places de catégorie 5 à 7 apparaissent sur les flancs latéraux de l’orchestre, par exemple), ce qui n’est pas mis en évidence dans la brochure de saison.

Evolution du prix des places pour le lyrique à Bastille de 1998/1999 à 2023/2024

Evolution du prix des places pour le lyrique à Bastille de 1998/1999 à 2023/2024

Et l’on retrouve à nouveau, comme chaque saison, deux spectacles à petits prix à Bastille, ‘L’Affaire Makropoulos’ et ‘Cendrillon’, mais dans ce second cas, le prix moyen des places passe à 57 euros, et les places optima coûtent moins de 100 euros. C’est la première fois que l’on voit des prix cassés à ce niveau là.

Résultat : il n'y a jamais eu autant de places à moins de 60 euros pour le lyrique à Bastille depuis la saison 2011/2012.

En revanche, l’augmentation semble plus marquée pour le ballet classique, ce qui se comprend très bien puisque la crise du covid a révélé que la demande pour ce genre artistique avait été moins affectée.

Globalement, l’enveloppe des prix progresse donc de 4,5 % à Bastille pour le lyrique, soit à peine de quoi compenser l’inflation, et correspond tout juste à ce qui est nécessaire pour couvrir l’augmentation des coûts en énergie de l’institution (l’augmentation était de 2,5 millions d’euros rien qu’entre 2019 et 2022, selon Martin Ajdari, le directeur général adjoint).

Le prix moyen des places est donc aujourd’hui le même que sous le mandat de Stéphane Lissner en 2018, alors que l’inflation en France a cru de 15 % depuis cette année là.

Cette politique tarifaire réaliste et très raisonnable va probablement obliger encore plus l’institution à se financer autrement, mais l’exercice semble déjà atteindre ses limites alors que le budget de l’Opéra de Paris frôle les 240 millions d’euros.

Présentation de la saison Lyrique 2023 / 2024 de l’Opéra de Paris

Le détail de la saison lyrique et chorégraphique 2023 / 2024 de l'Opéra national de Paris est accessible sous le lien suivant : Programmation & Billets - Opéra national de Paris (operadeparis.fr)

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Publié le 4 Février 2023

Les difficultés financières qui s’accumulent au cours de la saison 2022/2023 à la suite de l’épidémie de covid, aggravées par la crise énergétique (Martin Ajdari, le directeur général adjoint de l’Opéra national de Paris, relève que les dépenses énergétiques de l’institution sont passées de 1,6 M€ en 2019 à 4,1 M€ en 2022, et que ce sera encore plus en 2023)(2) , ont déjà obligé plusieurs opéras français à annuler des spectacles. C’est le cas de l’Opéra national du Rhin qui a annulé la version scénique du ‘Conte du Tsar Saltan’, et de l’Opéra national de Montpellier Occitanie qui a reporté les ‘Scènes du Faust de Goethe'.(1)

Opéra de Rouen Normandie : Une structure que le Ministère de la Culture doit soutenir en priorité

Le rapport sur la politique de l’Art lyrique en France piloté par Caroline Sonrier a par ailleurs souligné en 2021 que ‘L'écart des financements entre Paris et les régions, et l’absence d’opéra national de région à l’Ouest et au Nord de la France nécessite des rééquilibrages. La mise en place d’un nouveau label unique selon des critères simplifiés pourrait aussi permettre un élargissement et une meilleure représentation du réseau sur le territoire’(3).

Or, un autre opéra vient d’annoncer sa fermeture pour 6 semaines, à partir du 1er avril 2023, afin de préserver sa saison 2023 / 2024, l’Opéra de Rouen Normandie, la facture d’énergie ayant augmenté de 450 000 euros.

Pour bien comprendre l’importance de cette structure et sa position très particulière sur le territoire, la carte ci-dessous, élaborée lors de l’analyse du rapport de Caroline Sonrier (Analyse et réflexions à propos du rapport 2021 sur la politique de l’art lyrique en France), montre que hors de la région parisienne, les opéras nationaux en région sont tous situés dans le sud et à l’est, et qu’au nord et à l’ouest, seuls les opéras de Lille et de Rouen bénéficient du statut de Théâtre lyrique d’intérêt national, ce qui leur permet de recevoir une subvention de la part de l’État, mais plus faible que celle des opéras nationaux.

Opéra de Rouen Normandie : Une structure que le Ministère de la Culture doit soutenir en priorité

Et l’Opéra de Rouen, dirigé par Loïc Lachenal, est la seule structure du nord-ouest de la France à disposer de son propre orchestre (40 musiciens), en plus d’ateliers de costumes et de décors. Le tableau ci-dessous compare quelques éléments budgétaires et de performances de l’Opéra de Rouen à d’autres opéras nationaux en région selon le Rapport sur les Opéras en Région édité par le Ministère de la Culture en 2018(4).

  Rouen Nancy Strasbourg Montpellier Bordeaux Lyon
Budget 14 M€ 15 M€ 21 M€ 22 M€ 28 M€ 36 M€
Subventions totales 10,5 M€ 13 M€ 16 M€ 20 M€ 20 M€ 29 M€
dont subvention d'Etat 1,5 M€ 3 M€ 5 M€ 3,2 M€ 4,7 M€ 6 M€
Spectateurs 90 000 62 000 100 000 74 000 165 000 115 000
Levers de rideau 100 + 30 (tournées) 125 155 190 200 200
dont spectacles lyriques 20 à 25% 45% 55% 27% 10% 50%
ETP permanents 100 165 315 210 335 300
ETP non permanents 50 45 105 215 115 105

 

Bien que ne faisant pas partie des opéras nationaux en région, l’Opéra de Rouen est comparable à l’Opéra national de Lorraine (Nancy) avec un nombre bien plus important de spectateurs (45 % en plus). Mais le nombre de rideaux lyriques reste un peu trop faible pour être véritablement reconnu comme opéra national. 

Et pourtant, obtenir ce statut lui permettrait de voir sa subvention étatique passer de 1,5 M€ à plus de 3 M€, et donc de consolider sa structure et d’accroître à la fois son rayonnement et sa capacité de production.

L’autre particularité de l’opéra de Rouen est qu’il est le seul où la région représente plus de 75 % de l’apport en subvention, ce qui traduit l’une de ses vocations à opérer des tournées régulières dans des villes telles Evreux, Vernon, Condé-sur-Vire ou Petit-Caux.

La métropole de Rouen participe donc peu en comparaison des autres métropoles du territoire au soutien de son opéra, mais le maire, Nicolas Mayer-Rossignol, souligne qu’il y a d’autres structures à Rouen qui sont intégralement soutenues par la ville. La tension entre le conseil régional et le maire est donc accrue par ce contexte budgétaire.

L’excellente performance de rayonnement de l’Opéra de Rouen mise en rapport avec son budget (plus de 90 000 spectateurs pour 10,5 millions d’euros de subventions) et son positionnement unique dans le nord-ouest de la France justifient donc un intérêt prioritaire de la part du Ministère de la Culture afin de ne pas laisser seules la région et la ville de Rouen décider du sort d’une structure dont l’existence est sollicitée et appréciée par les habitants de la Normandie. 

Sinon, la réduction de son activité ne lui permettrait plus de répondre à une demande qui existe pourtant bien, au vu des chiffres de fréquentation rendus publics.

Addendum : le vendredi 10 février 2023, le Ministère de la Culture a annoncé qu'une rallonge de 200.000 euros était allouée à l'Opéra Rouen Normandie, et, dans la foulée, la métropole a débloqué 300.000 euros supplémentaires.

Opéras en souffrance : l'État annonce des coups de pouce (radiofrance.fr)

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Publié le 26 Octobre 2022

Venise révélée – Grand Palais Immersif à l’Opéra Bastille
Exposition ‘Venise révélée’
Du 21 septembre 2022 au 19 février 2023
Vernissage du 20 septembre et visite du 18 octobre 2022
110, rue de Lyon – Paris 12
Opéra Bastille

L’exposition ‘Venise Révélée’ s’inscrit dans la continuité des expositions ‘Sites éternels’ (14 décembre 2016 au 09 janvier 2017) et ‘Pompéi’ (01 juillet au 29 octobre 2020) qui furent organisées par la Réunion des musées nationaux et le Grand Palais afin de présenter des reconstitutions 3D de sites archéologiques.

Bucentaure et Palais des Doges

Bucentaure et Palais des Doges

Elle se déroule dans un tout nouvel espace qui était originellement prévu pour accueillir de nouvelles formes musicales, la salle modulable de l’Opéra Bastille, projet cher à Pierre Boulez, Massimo Bogianckino et Gerard Mortier initié en 1984.

Les vicissitudes historiques ont reporté ce projet à des horizons inconnus, mais l’espace brut existe toujours, si bien que c’est dans ce volume de 1600 m² et 40 m de hauteur, réservé pour moitié à l’espace d’exposition et pour l’autre moitié à l’accueil du public, que les visiteurs peuvent venir apprécier ce lieu inachevé et profiter dorénavant de la première exposition à s’y dérouler.

Lion de Saint-Marc en bois sculpté et peint de la Chaire de la Basilique Saint-Marc (Bianco Alvise XVIe siècle)

Lion de Saint-Marc en bois sculpté et peint de la Chaire de la Basilique Saint-Marc (Bianco Alvise XVIe siècle)

Pour réaliser cette prouesse virtuelle, le Grand Palais s’est associé à la société Iconem qui a développé des technologies de numérisations innovantes à grande échelle éprouvées en 2017 pour évaluer les dommages subis par l’ancienne ville d’Alep, en Syrie, à partir d’images satellites UNOSAT à finalité humanitaire.

En collaboration avec la Fondazione Musei Civici di Venezia, ils ont pu démontrer l’intérêt de ces modèles numériques pour la conservation de la Sérénissime, si bien qu’en plein covid, les équipes techniques ont eu accès à l’intérieur de tous les palais de la ville.

Il en résulte une banque de données de plus de 300 000 images à très haute résolution récoltées en scannant à partir d’avions, de drones, de photos prises au sol, l’ensemble de la ville et le Grand Canal, qui ont ensuite été traitées afin de reconstituer un modèle unique de toute la cité, y compris l’intérieur des Palais principaux, jusqu’aux détails millimétriques des peintures.

Vue 3D dynamique de Venise située à l'entrée de l'exposition

Vue 3D dynamique de Venise située à l'entrée de l'exposition

La hauteur sous plafond réservée à la salle modulable permet ainsi de créer de très grandes projections qui invitent chacun à voyager de manière inédite à travers la cité. Pour ce faire, il suffit d’un peu de laisser-aller, et de s’installer sur l’un des bancs de l’espace d’exposition tout en fixant les grands écrans où défilent de splendides façades. Et soudain, le spectateur a alors l’impression que c’est lui-même qui est en mouvement et navigue le long des canaux, des escaliers et des salles des monuments, l’illusion se déstructurant au fil de l’avancée.

L'espace de la salle modulable dédié aux projections 3D des lieux de pouvoir et de leurs œuvres.

L'espace de la salle modulable dédié aux projections 3D des lieux de pouvoir et de leurs œuvres.

Dès l’entrée, d’ailleurs, cette impression de survol au-dessus des toits de la ville peut être expérimentée à partir d’une projection étalée légèrement en contrebas qui s’élève ensuite en arrière-plan.

La disposition de tous les écrans n’est donc pas laissée au hasard, car elle cherche à créer de la perspective et augmenter l’impression d’immersion.

La musique du compositeur David Chalmin, relaxante et parcellée d’effets  liquides, aide aussi à se laisser aller à un état d’esprit contemplatif.

Coupe d'un palais avec le double escalier de Léonard de Vinci séparant les espaces de vie imbriqués de deux familles

Coupe d'un palais avec le double escalier de Léonard de Vinci séparant les espaces de vie imbriqués de deux familles

Certains espaces, plus confinés, permettent d’entrer dans un état d’esprit analytique à partir de tableaux numériques qui aident à comprendre l’architecture de la ville, la construction des rues sur l’eau, l’origine du bois et des matières premières, ou invitent à suivre les différentes étapes de construction des bateaux à l’Arsenal. Une vue ouverte sur un palais comprenant un double escalier qui évite aux deux familles y habitant de se croiser est même montrée. Sa description se trouve dans un manuscrit de Léonard de Vinci datant de 1490.

Le pont du Rialto dans le jeu 'Assassin's Creed' (Ubisoft)

Le pont du Rialto dans le jeu 'Assassin's Creed' (Ubisoft)

Il est également possible de comparer des peintures de Venise par Francesco Guardi ou Antonio Canaletto avec les modèles réels d’Iconem grâce à des impressions lenticulaires qui permettent, par un simple mouvement de tête de quelques centimètres, de modifier l’image vue.

A cette expérience qui mêle réalité objective et perception artistique, s’ajoute une étonnante section dédiée au jeu d’Ubisoft ‘Assassin’s Creed’ qui est une manière interactive de voyager dans la Venise de la Renaissance, telle que les historiens de la société de jeu vidéo ont pu la reconstituer.

Détail de peinture de la salle du Grand Conseil : 'Le Paradis' (Tintoret - 1588 / 1594)

Détail de peinture de la salle du Grand Conseil : 'Le Paradis' (Tintoret - 1588 / 1594)

L’analyse des œuvres d’art est également renforcée en mettant à disposition du visiteur des photographies haute résolution de peintures habituellement inaccessibles, car trop éloignées des regards, et qui sont ainsi mises en valeur par l’utilisation de grands écrans digitaux tactiles qui deviennent de formidables outils de navigation à travers les détails les plus fins de ces œuvres, et qui permettent même de s’affranchir de la vue générale.

Les différentes salles du pouvoir au Palais des Doges

Les différentes salles du pouvoir au Palais des Doges

L’intérêt scientifique devient mieux palpable, car le but est d’identifier des microfissures dans des toiles perchées à 12 mètres de haut dans les salons du Palais des Doges, ou de voir des phénomènes d’érosion sur les Palais du Grand Canal – on peut remarquer, par exemple, des statues ébréchées lors de la navigation dans les modèles -, ainsi que des caractéristiques topographiques en cas d’inondation.

Le Bucentaure : maquette en bois précieux, incrustation de nacre, feuille d'or et velours ancien (Atelier d'Ivan Ceschin)

Le Bucentaure : maquette en bois précieux, incrustation de nacre, feuille d'or et velours ancien (Atelier d'Ivan Ceschin)

Et même si cette exposition rend compte à quel point la cité est un miracle d’architecture qui résiste à tous les changements et les menaces actuelles, et notamment écologiques, la numérisation de la ville est utilisée à des fins artistiques et visionnaires en proposant un voyage à travers une Venise noyée sous les eaux dans une lumière bleuâtre irréelle.

Vue imaginaire du Pont du Rialto sous les eaux

Vue imaginaire du Pont du Rialto sous les eaux

Enfin, un grand espace sert à reconstituer à l’échelle réelle les grands lieux de pouvoir, la Place Saint-Marc et sa Basilique pour le pouvoir religieux, le Palais des Doges pour le pouvoir politique et militaire, afin de montrer l'importance de l’architecture.

Et au pied des trois grands écrans, une maquette du luxueux bateau du Doge (‘Bucintoro’ en italien) reproduit la magnificence de ce vaisseau galérien qui servait aux dignitaires de la Venise afin de parader aux yeux de tous.

Ce voyage virtuel peut donner envie à ceux qui ne connaissent pas Venise de s’y rendre, mais il est aussi un intéressant outil qui peut modifier notre regard, le rendre plus acéré, lors de nos visites dans des lieux anciens.

L'espace de la salle modulable (en rouge) de l'Opéra Bastille dédié à l'exposition 'Venise révélée'.

L'espace de la salle modulable (en rouge) de l'Opéra Bastille dédié à l'exposition 'Venise révélée'.

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Publié le 28 Août 2022

Hervé Lacombe, Histoire de l’opéra français, De la Belle Epoque au monde globalisé
Editions Fayard - Sortie le 11 mai 2022
ISBN : 978-2-213-70991-8
Nombre de pages 1520

Histoire de l’opéra français, De la Belle Epoque au monde globalisé - Présentation et impressions.

Le troisième et dernier tome de la série ‘Histoire de l’opéra français’ (mai 2022) dirigée par Hervé Lacombe en collaboration avec une centaine de chercheurs paraît après les deux premiers volumes ‘Du Consulat aux débuts de la IIe république’ (octobre 2020) et ‘Du Roi-Soleil à la Révolution’ (mars 2021), et ce qui nous touche dans cet ouvrage composé de 21 chapitres est son rôle de jonction entre le monde du passé et le monde d’aujourd’hui qu’il remplit avec beaucoup de force et une profusion de détails sur l’histoire des compositeurs, des œuvres et des institutions, inégalée à ce jour, au point qu’il rend compte de l’étendue du monde lyrique en nous faisant prendre conscience qu’il s’agit d’un univers de galaxies en expansion, alors que certains soi-disants ‘experts’ du domaine voudraient le réduire à un petit amas d’étoiles du passé perdu dans l’immensité de l’espace.

Jacques Rouché chez lui (1910)

Jacques Rouché chez lui (1910)

Sont ainsi racontés en premier lieu les prémices de la démocratisation et de la popularisation de l’opéra au cours de la IIIe République, le développement des nouvelles techniques de divertissement, le cinéma et le music-hall en particulier, le rôle des femmes dans la transmission, et les premières réflexions décentralisatrices pour encourager les créations en Province dont certaines seront reprises et primées à Paris (‘Salomé’ d’Antoine Mariotte – 1908).

Malgré la prégnance de Wagner en ce début de XXe siècle, l’implication des compositeurs français tels Debussy ou Dukas pour redécouvrir le répertoire français du passé, et l’intérêt des écrivains tels Cocteau, Gide ou Guitry pour imaginer les nouveaux livrets d’opéras, vont permettre, dans un premier temps, de donner de nouvelles formes à l’inspiration wagnériste - un focus est réalisé sur ‘Pelléas’ et Mélisande’, dont la prosodie se démarque des airs à numéros -. 

Puis, vient le succès du naturalisme musical (vérisme) en résonance avec le naturalisme littéraire (Zola), et cette recherche de nouvelles formes d’expressions se prolonge avec le groupe des six (Auric, Durey, Honneger, Milhaud, Poulenc et Tailleferre).

La grande période de Jacques Rouché à l’Opéra tente bien de limiter l’importance de Wagner, alors qu’une réflexion s’amorce sur les complémentarités entre l’institution parisienne et l’Opéra Comique au même moment que grandit l’opposition entre le Théâtre des Champs-Elysées, dépendant des mécènes, et le Théâtre du Châtelet, propriété de la ville de Paris.

L'entre Deux-Guerres voit aussi la renaissance de l’esprit d’Offenbach grâce à Reynaldo Hahn (‘Ciboulette’) et ses affinités avec André Messager, et l'ouvrage étudie également le rapport à l’exotisme au moment de l’Exposition coloniale de 1931 à travers, notamment, une étude de la commande de ‘Padmâvati’ d’Albert Roussel par Jacques Rouché.

Le retour à l’antiquité grecque (‘Oedipe’ de Georges Enesco, ‘Penélope’ de Gabriel Fauré) quand sont restaurés, dans le même temps, des sites archéologiques afin d’accueillir de grands festivals (Oranges, Nîmes) pose la question de ce que représente le néo-classicisme : ne s’agit-il pas d’un besoin de clarté tout en déformant les modèles du passé?

Cette première partie du XXe siècle démontre ainsi comment l’opéra absorbe les grands mouvements historiques et philosophiques d’une époque charnière, ce qui en fait un art vivant en perpétuel mouvement.

Le Renard - Ballet par Igor Stravinsky (1929)

Le Renard - Ballet par Igor Stravinsky (1929)

Mais vient rapidement la remise en cause de l’opéra, genre bourgeois par excellence. Et cette remise en cause est d’abord artistique avec, par exemple, la création à l’Opéra de ‘Renard’ de Stravinsky, proche du théâtre de foire. Il y a ainsi une volonté de s’échapper du genre opératique via le théâtre musical avec des œuvres telles ‘Socrate’ de Satie ou ‘L’histoire du Soldat’ de Stravinsky.

Ce qui n’empêche pas, parfois, des retours aux grands opéras, comme le démontre ‘Christophe Colomb’ de Darius Milhaud.

On découvre également l’essor des opéras en plein air et l’âge d’or des casinos français (où se jouent ‘Les Huguenots’ à Vichy, ‘Don Carlos’ et ‘Lohengrin’ à Monte-Carlo), mais qui s’essoufflent après la crise économique. 

Aux frontières, La Monnaie de Bruxelles apparaît alors comme un lieu d’élargissement possible du répertoire, à un moment où l'on parle de la disparition de la civilisation de l’Opéra, car la France néglige toujours de grandes œuvres de Strauss, Bartok ou Berg.

La crise s’avère féconde, car apparaît en filigrane des réflexions sur la nécessité de redonner toutes leurs places à la musique et à l’action. Et malgré le développement de l’opéra français aux Etats-Unis et en Grèce, son érosion est sensible.

Le chercheur Rémy Campos fait ainsi un constat sévère : ‘Le répertoire français n’est dès lors plus qu’une machine à nourrir la nostalgie d’auditeurs âgés en voie de disparition’.

En effet, en 1946, l’architecte et décorateur André Boll publie ‘La Grande Pitié du théâtre lyrique’ sur le délabrement du genre et l’impossibilité de le faire évoluer. Après la Seconde Guerre mondiale, l’avant garde, de Brecht à Boulez, rejette l’opéra. Et même Patrice Chéreau, en 1974, ne craint pas d’affirmer : ‘Quand je vois le public d’opéra que j’ai appris à découvrir, je me rends compte que ces gens me sont étrangers, sont la plupart d’une inculture saisissante, que je n’ai rien à leur dire, que je ne veux rien avoir à leur dire’.

« Domaine privé », Rolf Liebermann (prod. François Serrette / France Musique 1995) ©Getty

« Domaine privé », Rolf Liebermann (prod. François Serrette / France Musique 1995) ©Getty

Au cours des années 50 à 70, l’État laisse donc l’Opéra de Paris s’affaiblir. Tout un chapitre décrit alors le détail des subventions aux opéras, les aides à la création, la réorganisation des mandats des directeurs, les collaborations, le mécénat, la recherche sonore et l’Ircam, les librettistes (femmes notamment), et même les inspirations de films cultes.

Un historique passionnant de la R.T.L.N de 1944 à 1972 est développé pour comprendre les rôles du ministère et des directeurs sur cette période, leurs réflexions sur l’avenir de l’institution et les oppositions qu’ils rencontrent, les drames, jusqu’à l’arrivée de Rolf Liebermann. Les mandats des directeurs suivants, et particulièrement les mandats de Pierre Bergé, Hugues Gall, Gerard Mortier et Stéphane Lissner, sont étudiés, et il en va de même pour l’Opéra Comique, le Théâtre des Champs-Elysées et le Théâtre du Châtelet.

Sont également présentées les structures qui s’organisent à l’échelle nationale ou européennes telles la Réunion des Opéras de France (ROF), le club Opera Europa, FEDORA, ainsi que celles destinées à encourager la création (ENOA, MEDINEA).

Puis, plus d’une centaine de pages sont consacrées à l’historique des 24 structures d’opéras en régions et aux opéras de Versailles, de Massy et de Monte-Carlo. Il s’agit d’un voyage là aussi passionnant sur les rapports des villes et des régions à leurs opéras, les sensibilités des directeurs, l’évolution des salles, les changements de goût du public, qui fait prendre conscience qu’il y eut des hauts mais aussi des bas dont ces maisons se sont toujours sorties un jour où l’autre quand la volonté politique a prévalu.

Les festivals ne sont pas oubliés, dont celui de Vichy (1952-1963), mais, sauf erreur, les festivals populaires de Sanxay et de Saint-Céré, ainsi que le festival baroque de Beaune auraient mérité d’être présentés.

La création est abordée sous deux angles, l’innovation (Zimmermann) et la déconstruction (Nono), et aussi sur le rapport aux sources littéraires. Une large ouverture est offerte à des compositeurs qui sont une découverte même pour les passionnés d’opéras qui parcourent l'ouvrage. ‘Saint-François d’assise’ d’Olivier Messiaen apparaît finalement comme un aboutissement.

Tous les grands compositeurs des années 90 sont également évoqués (Hersant, Manoury, Dusapin, Fénélon ..), leurs styles musicaux comme les sujets qu’ils explorent avec une grande diversité, ce qui permet de dépasser la défiance exprimée par les avant-gardistes après la Seconde guerre mondiale.

Et effectivement, impossible de ne pas contempler à l’issue de cette partie le chemin parcouru en si peu de temps à l’échelle de la vie de l’opéra.

Philip Glass (compositeur) et Robert Wilson (metteur en scène)

Philip Glass (compositeur) et Robert Wilson (metteur en scène)

Mais l’ouvrage revient aussi sur la redécouverte du répertoire baroque dans les années 90 après le choc d’’Atys’ de Lully par les Arts Florissants en 1986, et sur l’accélération de l’intégration du répertoire français de l’Opéra Comique au répertoire de l’Opéra de Paris à partir des années 1970.

Puis, l’accueil tardif des œuvres russes, tchèques et surtout anglo-saxonnes (Britten, Philip Glass et son ‘Einstein on the Beach’) est présenté comme un mouvement qui recoupe les évolutions musicales que connaît la France à ce moment là.
Dans le prolongement des compositeurs des années 90, cinq compositeurs contemporains (Boesmans, Eötvös, Saariaho, Raskatov et Benjamin) sont analysés dans toute la verve de leur esprit, leurs techniques, et leurs lieux de découverte.

Et l’exploration du genre s’étend aux limites du théâtre musical, de la comédie musicale et de la programmation ‘jeune public’ jusqu’à son insertion dans la musique de cinéma.

Puis, la réflexion revient sur les plus récentes architectures (Bastille, Lyon …) sans omettre les défauts, et opère une plongée dans le monde numérique qui devient le nouveau support incontournable de l’opéra comme moyen de diffusion, mais aussi de création et d’ouverture sur le monde (‘La 3e scène' de l’Opéra de Paris).

Un des thèmes les plus importants de l’ouvrage à propos de l’évolution de la mise en scène d’opéra est confié à Isabelle Moindrot qui lui consacre pas moins de 80 pages. Les évolutions techniques (machineries, lumières, décors, costumes, espaces scéniques) sont détaillées et démontrent que de ce progrès découlent naturellement les évolutions et la modernisation des mises en scène, mais pas seulement. 

L’arrivée de metteurs en scène qui accordent de l’importance au sens profond des textes des œuvres, à la musique qui éclaire le texte, et à la vérité des gestes, bouscule le regard sur ces mêmes œuvres. Toutes les dimensions, y compris la langue des ouvrages, sont analysées, et les qualités théâtrales de certains grands chanteurs sont aussi mises en valeurs.

Et, à nouveau, l’opéra apparaît comme un art qui peut révéler et explorer des dimensions inconnues de l’art, ce que propose Robert Wilson avec sa gestuelle qui possède un univers propre qui croise les différents plans de la musique comme s’il s’agissait d’ouvrir des espaces multi-dimensionnels à l’infini pour rendre compte de la complexité des sens de la vie.

Isabelle Moindrot rappelle à juste titre que la mise en scène comprend deux parties, l’organisation de l’action scénique, d’une part, et le point de vue interprétatif, d’autre part. Cette seconde dimension, inhérente au théâtre, ne peut être niée, et, de fait, la mise en scène va permettre à l’opéra de se dégager des soupçons qui pèsent sur lui depuis près d’un siècle, et de le replacer dans le monde d’aujourd’hui.

Krzysztof Warlikowski (metteur en scène)

Krzysztof Warlikowski (metteur en scène)

Enfin, la relation à la presse est abordée par l’énumération des revues papiers depuis Lyrica (1925-1940) à Opéra Magazine (depuis 2005) et Avant Scène Opéra, et sont aussi présentés tous les grands sites numériques français (ainsi que leurs créateurs) à dominante lyrique qui se sont imposés auprès du grand public et des professionnels (Forum Opera, Opera Online (et son célèbre critique Dominique Adrian, alias 'MusicaSola' sur twitter), ResMusica, Olyrix), consultés tous les mois par des milliers de lecteurs – sans oublier de citer, bien que localisé en Suisse, le site de Guy Cherqui, Wanderersite, toujours d’une haute précision dans ses analyses -, qui permettent ainsi de croiser les points de vue et d’avoir la vision la plus large possible sur ce genre toujours sous le feu des préjugés.

Le dernier chapitre, un peu prématuré, tente de tracer une analyse de six grandes scènes internationales au début du XXIe siècle sur une période un peu trop courte (2005 à 2015 seulement) et compare différents modèles économiques et de répertoire, toutes ces maisons ayant en commun un besoin important de financements publics ou privés pour finalement se consacrer à un répertoire dominé par le XIXe siècle.

Et l’on retient surtout à la fin de cette seconde décennie du XXIe siècle que s’il y a bien un vieillissement du public, celui-ci est général et concerne aussi le public rock, si bien que l’on peut voir avec optimisme les politiques pour les jeunes qui commencent à porter leurs fruits, et d’envisager avec le sourire l’avenir de l’opéra.

Véritablement, cet ouvrage est une ode à l’opéra et à toutes ses contradictions qui permet d’asseoir les fondements d’un genre qui n’a pas fini de se diffuser et de se transformer.

Et le jeudi 20 octobre 2022, Hervé Lacombe s'est vu remettre au Théâtre des Champs-Elysées le prix Georges Bizet pour 'Histoire de l’opéra français, De la Belle Epoque au monde globalisé', prix qui récompense le meilleur livre d'Opéra de l'année. Dans la catégorie Danse, c'est Hugo Marchand qui a été récompensé à la même occasion pour son libre 'Danser'.

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Publié le 2 Avril 2022

Présentation de la saison Lyrique 2022 / 2023 de l’Opéra national de Paris
Le mercredi 30 mars 2022 à l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand et le samedi 02 avril 2022 au Palais Garnier

Le salon Berlioz de l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand

Le salon Berlioz de l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand

Le 30 mars 2022 à 11h30, la seconde saison d’Alexander Neef à la direction de l’Opéra national de Paris a été officiellement dévoilée au grand public sur le site internet de l’institution.
Elle comprend 3 nouvelles productions et 3 coproductions, dont 1 nouveauté pour le répertoire, et 11 reprises.

Aux 17 œuvres scéniques jouées dans les grandes salles, s’ajoute une production de l’Académie de l’Opéra de Paris qui sera jouée au théâtre de l’Athénée pour un total de 188 représentations lyriques.

La présentation de cette saison à l’Association pour le Rayonnement de L’Opéra de Paris a eu lieu le soir même à l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand, après deux ans d’annulation pour cause de pandémie, et Alexander Neef et Aurélie Dupont ont réitéré à deux reprises cette présentation aux abonnés quelques jours après, le samedi 02 avril 2022.

De nombreuses interviews de metteurs en scène tels Lydia Steier, Robert Carsen, Krzysztof Warlikowski, Deborah Warner, Thomas Jolly ou Valentina Carrasco ont été projetées en séance afin de permettre aux spectateurs d’avoir une première approche des questions que posent ces œuvres.

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Jean-Yves Kaced (Directeur de l'AROP) et Alexander Neef (Directeur général de l'Opéra de Paris)

Après ‘A Quiet Place’ de Leonard Bernstein que le public a découvert en février et mars 2022, un second ouvrage américain, ‘Nixon in China’ de John Adam, fait ses débuts à l’Opéra de Paris – une interview de Gustavo Dudamel met en valeur les qualités de sa musique -, et ‘Peter Grimes’ de Benjamin Britten revient enfin à l’affiche, ce qui confirme qu’un chemin s’ouvre durablement à l’Opéra de Paris pour le répertoire anglo-saxon du XXe siècle.

Bleuenn Battistoni, Guillaume Diop, Kseniia Proshina, Fernando Escalona, Alexander Neef et Aurélie Dupont

Bleuenn Battistoni, Guillaume Diop, Kseniia Proshina, Fernando Escalona, Alexander Neef et Aurélie Dupont

Ce qui frappera sans doute les auditeurs au cours des différentes présentations est le soin avec lequel Alexander Neef aura décrit comment se construisent des équipes réunissant chanteurs, metteurs en scène et chefs d’orchestre autour de ces ouvrages.

Et en fin de soirée, les lauréats des prix de l'AROP 2020/2021 seront récompensés en personnes, Bleuenn Battistoni et Guillaume Diop pour les Prix de la Danse, Kseniia Proshina et Fernando Escalona pour les Prix Lyriques.

Lydia Steier - metteur en scène de 'Salomé' en octobre/novembre 2022

Lydia Steier - metteur en scène de 'Salomé' en octobre/novembre 2022

Les nouvelles productions

Salomé (Richard Strauss – 1905) – Nouvelle production
Du 15 octobre au 05 novembre 2022 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Simone Young, mise en scène Lydia Steier
Elza van den Heever, Zoran Todorovich, Karita Mattila, Iain Paterson, Tansel Akzeybek, Katharina Magiera, Matthäus Schmidlechner, Éric Huchet, Maciej Kwaśnikowski, Mathias Vidal, Sava Vemić, Luke Stoker, Yiorgo Ioannou, Dominic Barbieri, Bastian Thomas Kohl, Alejandro Baliñas Vieites, Thomas Ricart
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 30 septembre 2011

La dernière production maison d’un opéra de Richard Strauss qui se soit durablement installée au répertoire et celle de ‘Capriccio’ créée en juin 2004 au Palais Garnier. C’est dire que cette nouvelle production de ‘Salomé’ est très attendue. Le désir de remettre en question cette œuvre fidèle à la pièce d’Oscar Wilde s’exprime par le choix d’une équipe féminine qui réunit la metteur en scène américaine Lydia Steier et la directrice musicale australienne Simone Young, ainsi qu’une artiste très importante pour Alexander Neef, la soprano sud-africaine Elza van den Heever
Ce sera aussi l’occasion de retrouver dans le rôle d’Hérodias la soprano finlandaise Karita Mattila, inoubliable Salomé sur cette même scène à l’automne 2003.


Peter Grimes (Benjamin Britten – 1945) – Coproduction Teatro Real, Madrid, Royal Opera House Covent Garden, Londres et Teatro dell’Opera, Rome
Du 26 janvier au 19 février 2023 (9 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Joana Mallwitz, mise en scène Deborah Warner
Allan Clayton, Maria Bengtsson, Simon Keenlyside, Catherine Wyn-Rogers, Anna-Sophie Neher, Ilanah Lobel-Torres, John Graham-Hall, Clive Bayley, Rosie Aldridge, James Gilchrist, Jacques Imbrailo, Stephen Richardson
Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 07 février 2004

Opéra sur la marginalité et sur l’opposition d’un individu à la foule, ‘Peter Grimes’ vise, à l’instar du ‘Wozzeck’ d’Alban Berg qui illustre un thème semblable, à attirer la compassion sur un homme mis au ban par la société dont il s’écarte de plus en plus. 
Deborah Warner, qui a été récompensée à plusieurs reprises pour sa production de ‘Billy Budd’ créée en 2017 au Teatro Real de Madrid, fait enfin ses débuts à l’Opéra de Paris et retrouve Allan Clayton dans le rôle titre.

Krzysztof Warlikowski - metteur en scène de 'Hamlet' en mars/avril 2023

Krzysztof Warlikowski - metteur en scène de 'Hamlet' en mars/avril 2023

Hamlet (Ambroise Thomas – 1868) – Nouvelle production
Du 11 mars au 09 avril 2023 (10 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Thomas Hengelbrock, mise en scène Krzysztof Warlikowski
Ludovic Tézier, Jean Teitgen, Julien Behr, Clive Bayley, Frédéric Caton, Julien Henric, Eve-Maud Hubeaux, Lisette Oropesa / Brenda Rae
Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 28 septembre 1938

Placé parmi les 12 ouvrages les plus joués au Palais Garnier jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ’Hamlet’ est le dernier Grand opéra français créé à la salle Le Peletier avant qu’elle ne soit détruite par un incendie. Cet opéra en cinq actes totalisa près de de 300 représentations au total.

Sur une musique gracieuse et mélodique, Ambroise Thomas a adapté pour le public français un des chefs-d’œuvre de Shakespeare en le centrant sur l’amour entre Ophélie et le héros.
Alexander Neef a confié le rôle titre au plus grand baryton français actuel, Ludovic Tézier
Et lorsqu’il lui a demandé avec quel metteur en scène il souhaitait travailler, le chanteur a proposé Krzysztof  Warlikowski dont il avait énormément apprécié l’intelligence musicale et le travail scénique pour ‘Don Carlos’ en 2017, autre Grand opéra français de Giuseppe Verdi créé un an avant ‘Hamlet’.

Cela tombe bien, car c’est avec la pièce de Shakespeare, ‘Hamlet’, que Krzysztof Warlikowski s’est fait connaître en France au Festival d’Avignon en 2001.


Nixon in China (John Adams – 1987) – Nouvelle production
Du 25 mars au 16 avril 2023 (8 représentations à l’opéra Bastille)
Direction musicale Gustavo Dudamel, mise en scène Valentina Carrasco

Xiaomeng Zhang, Thomas Hampson, Joshua Bloom, Yajie Zhang, John Matthew Myers, Renée Fleming, Kathleen Kim
Entrée au répertoire

Écrit plus de 10 ans après la rencontre historique entre Richard Nixon et Mao Zedong à Pekin en 1972, ‘Nixon in China’ est considéré comme un des grands chefs-d’œuvre du XXe siècle créé le 22 octobre 1987 au Houston Grand Opera.
Gustavo Dudamel et Alexander Neef l’ont choisi pour la richesse de sa musique, où l’on ressent l’influence de Philip Glass, et pour son approche du contact entre les cultures qui, dans le contexte actuel, peut avoir une très forte résonance.
La musique de John Adams fait ainsi son entrée au répertoire de l’institution parisienne et Thomas Hampson et Renée Fleming seront de retour sur la scène Bastille pour défendre un spectacle qui verra les débuts de Valentina Carrasco à la mise en scène.

Présentation de la saison lyrique 2022 / 2023 de l’Opéra national de Paris

Ariodante (Georg Friedrich Haendel – 1735) – Coproduction Metropolitan Opera, New-York
Du 20 avril au 20 mai 2023 (11 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Harry Bicket, mise en scène Robert Carsen
The English Concert
Luca Pisaroni, Olga Kulchynska, Emily D'angelo, Eric Ferring, Christophe Dumaux, Tamara Banjesevic, Enrico Casari
Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 15 mai 2001

Présenté par Alexander Neef comme ce qu’il considère être le chef-d’œuvre de Georg Friedrich Haendel, ‘Ariodante’ fut créé au Covent Garden Theatre de Londres 3 mois avant ‘Alcina’ qui a été repris à Garnier en décembre 2021, également dans une production de Robert Carsen
A cette occasion, le directeur musical du Santa Fe Opera, Harry Bicket, fera ses débuts à l’Opéra de Paris avec son ensemble The English Concert, ainsi que la soprano ukrainienne Olga Kulchynska.
Ce sera aussi le retour du contre-ténor français Christophe Dumaux sur la scène du Palais Garnier.


Roméo et Juliette (Charles Gounod – 1867) – Coproduction Teatro Real, Madrid
Du 17 juin au 15 juillet 2023 (15 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Carlo Rizzi, mise en scène Thomas Jolly
Elsa Dreisig / Pretty Yende, Léa Desandre / Marina Viotti, Benjamin Bernheim / Francesco Demuro, Maciej Kwaśnikowski, Thomas Ricart, Huw Montague Rendall / Florian Sempey, Sergio Villegas Galvain, Yiorgo Ioannou, Laurent Naouri, Jean Teitgen, Jérôme Boutillier
Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 22 décembre 1985

Créée en 1867 au Théâtre Lyrique situé sur la place du Châtelet, la version de ‘Roméo et Juliette’ par Charles Gounod fut remaniée avec l’ajout d’un ballet pour entrer au répertoire de l’Opéra de Paris le 28 novembre 1888. Le Palais Garnier lui consacrera plus de 600 représentations, si bien que l’œuvre restera parmi les 12 titres les plus joués jusqu’aux années 1970.
Comme pour ‘Hamlet’, c’est à un metteur en scène shakespearien qu’est confiée cette nouvelle mise en scène. 
Nul doute que Thomas Jolly, qui avait interprété ‘Roméo au balcon’ en début de confinement en mars 2020, proposera une vision forte dont la référence à une épidémie de peste accentuera la prégnance de la Mort tout au long de l'histoire. 
Et la double distribution Elsa Dreisig / Benjamin Bernheim et Pretty Yende / Francesco Demuro, sous la direction de Carlo Rizzi, chef d'orchestre qui a fortement impressionné par sa lecture de ‘Cendrillon’ de Jules Massenet, promet d'avance de très grands soirs lyriques.

Détail d'une statue du salon Berlioz de l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand

Détail d'une statue du salon Berlioz de l’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand

Les reprises

Tosca (Giacomo Puccini – 1900)
Du 03 septembre au 26 novembre 2022 (17 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Gustavo Dudamel / Paolo Bortolameolli, mise en scène Pierre Audi (2014)
Saioa Hernandez / Elena Stikhina, Joseph Calleja / Brian Jagde, Bryn Terfel / Gerald Finley / Roman Burdenko, Sava Vemic, Michael Covin, Philippe Rouillon, Renato Girolami, Christian Moungoungou

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 25 juin 2021

La Cenerentola (Gioacchino Rossini – 1817)
Du 10 septembre au 09 octobre 2022 (10 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Diego Matheuz, mise en scène Guillaume Gallienne (2017)
Dmitry Korchak, Vito Priante, Carlo Lepore, Martina Russomanno, Marine Chagnon, Gaëlle Arquez, Luca Pisaroni

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 26 décembre 2018

La Flûte enchantée (Wolfgang Amadé Mozart – 1791)
Du 17 septembre au 19 novembre 2022 (15 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Antonello Manacorda / Simone Di Felice, mise en scène Robert Carsen (2014)
René Pape / Brindley Sherratt, Michael Colvin, Pretty Yende / Christiane Karg, Caroline Wettergreen, Martin Gantner / Michael Kraus, Niall Anderson, Tobias Westman, Margarita Polonskaya, Mauro Peter / Pavel Petrov, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Katharina Magiera, Huw Montague Rendall / Iurii Samoilov

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 22 janvier 2021 (Captation à huis clos)

Les Capulet et les Montaigu (Vincenzo Bellini – 1830)
Du 21 septembre au 14 octobre 2022 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Speranza Scappucci, mise en scène Robert Carsen (1995)
Jean Teitgen, Julie Fuchs, Anna Goryachova, Francesco Demuro, Krzysztof Bączyk

Œ
uvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 23 mai 2014

Détail du Plafond de Marc Chagall du Palais Garnier

Détail du Plafond de Marc Chagall du Palais Garnier

Carmen (Georges Bizet – 1875)
Du 15 novembre 2022 au 25 février 2023 (15 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Fabien Gabel, mise en scène Calixto Bieito (2017)
Michael Spyres / Joseph Calleja, Lucas Meachem / Étienne Dupuis, Marc Labonnette, Loïc Félix, Guilhem Worms / Tomasz Kumiega, Gaëlle Arquez / Clémentine Margaine, Golda Schultz /Adriana Gonzalez / Nicole Car, Andrea Cueva Molnar, Adèle Charvet

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 23 mai 2019

Les Noces de Figaro (Wolfgang Amadé Mozart – 1786)
Du 23 novembre au 28 décembre 2022 (12 représentations au Palais Garnier)

Direction musicale Louis Langrée, mise en scène Netia Jones (2002)
Gerald Finley, Miah Persson, Luca Pisaroni, Jeanine de Bique, Rachel Frenkel, Sophie Koch, James Creswell, Éric Huchet, Christophe Mortagne, Ilanah Lobel-Torres

Œuvre jouée pour la dernière fois au Palais Garnier le 18 février 2022

La Force du destin (Giuseppe Verdi - 1862)
Du 12 au 30 décembre 2022 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Jader Bignamini, mise en scène Jean-Claude Auvray (2011)
James Creswell, Anna Netrebko / Anna Pirozzi, Ludovic Tézier, Russell Thomas, Elena Maximova, Ferruccio Furlanetto, Nicola Alaimo, Isabelle Druet, Florent Mbia, Carlo Bosi, Hyunsik Zee

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 09 juillet 2019

Tristan et Isolde (Richard Wagner – 1865)
Du 17 janvier au 4 février 2023 (7 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Gustavo Dudamel, mise en scène Peter Sellars (2005)
Mary Elizabeth Williams, Michael Weinius, Okka von der Damerau, Ryan Speedo Green, Eric Owens, Neal Cooper, Maciej Kwaśnikowski

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 09 octobre 2018

Le Palais Garnier le samedi 02 avril 2022 pour la présentation de la prochaine saison

Le Palais Garnier le samedi 02 avril 2022 pour la présentation de la prochaine saison

Le Trouvère (Giuseppe Verdi – 1853) – Coproduction Nederlandse Opera, Amsterdam et Teatro dell’Opera, Roma
Du 21 janvier au 17 février 2023 (9 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Carlo Rizzi, mise en scène Alex Ollé et Valentina Carrasco (2016)
Anna Pirozzi, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Judit Kutasi, Etienne Dupuis, Roberto Tagliavini, Yusif Eyvazov, Samy Camps, Shin Jae Kim,Chae Hoon Baek

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 14 juillet 2018

Lucia di Lammermoor (Gaetano Donizetti – 1835)
Du 18 février au 10 mars 2023 (8 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Aziz Shokhakimov, mise en scène Andrei Serban (1995)
Mattia Olivieri, Brenda Rae, Javier Camarena, Thomas Bettinger, Adam Palka, Julie Pasturaud, Éric Huchet

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 16 novembre 2016

La Bohème (Giacomo Puccini – 1896)
Du 02 mai au 04 juin 2023 (12 représentations à l’opéra Bastille)

Direction musicale Michele Mariotti, mise en scène Claus Guth (2017)
Ailyn Pérez, Slávka Zámečníková, Joshua Guerrero, Andrzej Filończyk, Simone Del Savio, Gianluca Buratto, Franck Leguérinel, Luca Sannai, Bernard Arrieta, Pierpaolo Palloni, Paolo Bondi

Œuvre jouée pour la dernière fois à l’opéra Bastille le 31 décembre 2017

Présentation de la saison lyrique 2022 / 2023 de l’Opéra national de Paris

L’Académie de l’Opéra national de Paris

La Scala di seta (Gioacchino Rossini – 1812)
Du 29 avril au 06 mai 2023 (6 représentations à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet)

Direction musicale Jean-François Verdier, mise en scène Pascal Neyron
Artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris

Œuvre inédite à l’Opéra national de Paris

Présentation de la saison lyrique 2022 / 2023 de l’Opéra national de Paris

Premières impressions sur la saison 2022/2023

Dans sa structure, cette saison comporte une dissymétrie inédite, car sa première partie de septembre à décembre 2022 est quasi exclusivement constituée de reprises d’opéras joués au cours des 6 dernières années, alors que la seconde partie de janvier à juillet 2023 est principalement constituée de nouvelles productions.

Sont ainsi programmés les cinq titres les plus joués de l’institution depuis 50 ans, ‘Les Noces de Figaro’, ‘La Bohème’, ‘La Flûte enchantée’, ‘Carmen’ et ‘Tosca’, ce qui laisse entrevoir que cette saison a été pensée de façon à consolider ses recettes pour l’exercice 2022, afin de n’engager le renouvellement du répertoire qu’en 2023. 

Dans cette logique de sortie de crise ‘post-covid’, le nombre un peu plus réduit de nouvelles productions (6 au lieu de 8 en moyenne) se comprend, et on peut trouver des similarités entre cette saison et les premières saisons Hugues Gall dont l’objectif était de développer toute la puissance de l’Opéra Bastille. Ainsi, plus des 3/4 des soirées lyriques auront lieu la saison prochaine sur la scène Bastille, et 2/3 de ces soirées seront dédiées aux œuvres du XIXe siècle.

Les nouvelles productions

3 femmes metteurs en scène font leurs débuts à l’Opéra de Paris, Lydia Steier, Deborah Warner et Valentina Carrasco, toutes trois associées à des ouvrages du XXe siècle. 

Et en confiant ‘Hamlet’ et ‘Roméo et Juliette’ respectivement à Krzysztof Warlikowski et Thomas Jolly, Alexander Neef renforce sa ligne de développement du répertoire français historique de l’institution tout en la faisant reposer sur des metteurs en scène d’une très grande pertinence de par leur affinité avec l’écrivain commun à ces deux ouvrages, William Shakespeare.

Les reprises

Les reprises sont donc surtout l’occasion de découvrir de nouveaux artistes ou de grands artistes dans de nouveaux rôles, tels Gaëlle Arquez dans ‘La Cenerentola’ et ‘Carmen’Saioa Hernandez et Elena Stikhina dans ‘Tosca’, Julie Fuchs, Marianne Crebassa sous la direction de Speranza Scappucci dans ‘Les Capulet et les Montaigu’, Brenda Rae et Javier Camarena dans ‘Lucia di Lammermoor’, ou bien la direction de Louis Langrée pour ‘Les Noces de Figaro’ et celle de Gustavo Dudamel pour ‘Tristan und Isolde’.

Le répertoire anglo-saxon

Avec trois titres, ‘A Quiet Place’ , ‘Nixon in China’ et ‘Peter Grimes’,  en deux saisons, Alexander Neef a déjà programmé autant d’œuvres en langue anglaise que n’importe quel autre directeur de toute l’histoire de l’Opéra de Paris.  Ce point remarquable démontre sa détermination sur cette autre ligne de force qui devrait caractériser son mandat.

Paul Marque et Sae Eun Park dans un extrait du 'Lac des Cygnes' interprété lors de la présentation au Palais Garnier

Paul Marque et Sae Eun Park dans un extrait du 'Lac des Cygnes' interprété lors de la présentation au Palais Garnier

Les tarifs 2022/2023

Les tarifs de cette seconde saison sont stables et même en légère baisse avec une moyenne pour le lyrique de 119 euros la place à Bastille contre 120 euros pour la saison 2021/2022. La moitié des places sont ainsi à moins de 120 euros, 

Les deux spectacles aux tarifs les plus élevés à Bastille sont les représentations de ‘Roméo et Juliette’, en juin et début juillet 2023, et les représentations de ‘Tosca’ sous la direction de Gustavo Dudamel pour un prix moyen de 143 euros.

Mais les représentations de ‘Tosca’ sous la direction de Paolo Bortolameolli sont 20 % moins chères à 113 euros en moyenne, et les quatre dernières de ‘Roméo et Juliette’ au mois de juillet sont 10 % moins chères à 127 euros en moyenne.

Et parmi les nouvelles productions, celles de ‘Salomé’ et ‘Nixon in China’ disposent des prix les plus abordables avec une moyenne de 113 euros.

Enfin, les deux reprises les moins chères à Bastille sont ‘Les Capulet et Montaigu’ et ‘Lucia di Lammermoor’ à 90 euros en moyenne, deux productions de 1995 qui tiennent toujours la route.

L'évolution des prix de places à l'Opéra Bastille pour le lyrique de 1998/1999 à 2022/2023

L'évolution des prix de places à l'Opéra Bastille pour le lyrique de 1998/1999 à 2022/2023

Le détail de la saison lyrique et chorégraphique 2022 / 2023 de l'Opéra national de Paris est accessible sous le lien suivant : Programmation & Billets - Opéra national de Paris (operadeparis.fr)

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