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Publié le 13 Juin 2022

Parsifal (Richard Wagner – 1882)
Représentations du 06 et 12 juin 2022
Opéra Bastille

Amfortas Brian Mulligan
Titurel Reinhard Hagen
Gurnemanz Kwangchul Youn
Klingsor Falk Struckmann
Kundry Marina Prudenskaya
Parsifal Simon O'Neill
Erster Gralsritter Neal Cooper
Zweiter Gralsritter William Thomas
Vier Knappen Tamara Banjesevic, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Tobias Westman, Maciej Kwaśnikowski
Klingsors Zaubermädchen Tamara Banjesevic, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Ramya Roy, Kseniia Proshina, Andrea Cueva Molnar, Claudia Huckle
Eine Altstimme aus der Höhe Claudia Huckle                  
Simon O'Neill (Parsifal)

Direction musicale Simone Young
Mise en scène Richard Jones (2018)

La nouvelle production de ‘Parsifal’ par Richard Jones ayant souffert en 2018 d’un accident de plateau qui avait engendré l’annulation de la moitié des représentations, une reprise quatre ans plus tard était nécessaire pour en faire profiter le plus de spectateurs possible.

Marina Prudenskaya (Kundry)

Marina Prudenskaya (Kundry)

Ces dernières années, l’ouvrage a connu à Paris et à l’étranger des mises en scène fortes, intelligentes et d’une grande complexité de la part de Stefan Herheim (Bayreuth 2008), Krzysztof Warlikowski (Opéra Bastille 2008), Calixto Bieito (Stuttgart 2010) ou bien plus récemment Kirill Serebrennikov (Vienne 2021), si bien que celle de Richard Jones se présente comme une antithèse qui choisit de raconter l’histoire de manière factuelle sans tenir compte de la symbolique attachée aux divers objets ou à son contexte chrétien.

Les faits se déroulent au sein d’une confrérie d’aujourd’hui (les tuniques vertes des adeptes sont marquées de l'année 1958 en caractères romains) qui veille les derniers jours de son maître spirituel et opère un rite autour d’une coupe dorée dans l’espoir de retrouver l’autre objet perdu par Amfortas, la lance.

Klingsor est présenté littéralement comme celui qui « a fait du désert un jardin de délices où poussent de démoniaques beautés », comme le raconte Gurnemanz au premier acte, et devient ainsi un généticien inventeur de créatures mi-humaines mi-plantes que Parsifal affrontera et détruira. Mais dès l’arrivée de Kundry au second acte, le metteur en scène ne travaille plus qu’une seule idée afin de montrer par un jeu d’ombres habile la métamorphose de celle-ci, mère protectrice, en femme séductrice.

Kwangchul Youn (Gurnemanz) et William Thomas (Second chevalier)

Kwangchul Youn (Gurnemanz) et William Thomas (Second chevalier)

Le principal atout de cette dramaturgie est de reposer sur un immense décor tout en longueur qui bénéficie des larges espaces latéraux de la scène pour défiler selon les différents lieux de l’action de manière totalement fluide. Richard Jones arme Parsifal d’un glaive pour bien montrer que la lance n’est qu’un objet décoratif, et non une arme magique et destructrice, et une fois de retour dans la communauté, le jeune innocent libère ses occupants en leur faisant prendre conscience qu’ils doivent se libérer avant tout de leur endoctrinement et des ‘mots’ (‘Wort’ en allemand) qui les éloignent de la vie.

Parsifal part ainsi avec Kundry vers une nouvelle spiritualité, et Jones, par son refus de relire le texte de l’ouvrage, montre à travers sa mise en scène toute la distance qu’il entretient avec ce texte qu’il invite de manière sous-jacente à laisser de côté.

Parsifal (O'Neill Prudenskaya Mulligan Young Jones) Opéra de Paris

Simone Young n’était jusqu’à présent venue qu’une seule fois à l’Opéra de Paris à l’occasion de la production des 'Contes d’Hoffmann' jouée sur la scène Bastille dans la mise en scène de Roman Polanski en octobre 1993.

Pour son retour près de trois décennies plus tard, elle se saisit d’un orchestre éblouissant avec lequel elle se livre à une lecture mesurée dans le prélude pour gagner progressivement en ampleur à partir de la scène du rituel du premier acte. Avec beaucoup de réussite dans les moments spectaculaires où la puissance des percussions et des cuivres soulève la masse orchestrale tout en préservant la chaleur du son, elle met magnifiquement en valeur la poésie et la rondeur des timbres et s’approprie l’entièreté de l’espace sonore avec une grande clarté. Et si elle ne laisse aucun silence s’installer, transparaît surtout une envie de ne pas rompre la narration et le mouvement des chanteurs et de les emporter dans une grande respiration symphonique d’une superbe luminosité. C’est particulièrement convaincant lors de la confrontation entre Parsifal et Kundry où il ne se passe quasiment rien sur une scène sombre et dépouillée.

Brian Mulligan (Amfortas)

Brian Mulligan (Amfortas)

Les ensembles de chœurs sont également splendides, et parfois féroces pour ceux qui sont sur scène, d’une élégie un peu tourmentée pour ceux qui œuvrent dans les coulisses, et d’une touchante picturalité pour les femmes situées en couloirs de galeries.

On ne présente plus Kwangchul Youn qui chante Gurnemanz sur toutes les scènes du monde et qui a laissé un souvenir mémorable dans la production de Stefan Herheim à Bayreuth. Le timbre est dorénavant plus austère mais toujours d’une pleine homogénéité si bien qu’il incarne une sagesse un peu taciturne. 

Doué d’une tessiture acide et très claire qui évoque plus naturellement l’héroïsme tête-brûlée de Siegfried, Simon O'Neill n’en est pas moins un Parsifal intéressant par la précision de son élocution et la détermination qu’il affiche, imperturbable en toute situation. Son endurance dénuée de tout glamour est un atout précieux car elle assoit un caractère viril fort.

Simon O'Neill (Parsifal) et Marina Prudenskaya (Kundry)

Simon O'Neill (Parsifal) et Marina Prudenskaya (Kundry)

Brian Mulligan ne fait certes pas oublier les accents de tendresse blessée qui font le charme des incarnations de Peter Mattei, sa voix métallique est cependant une gangue impressionnante pour faire ressentir les tortures de douleurs presque bestiales que subit Amfortas, et son personnage est en tout cas bien mieux dessiné que celui de Klingsor auquel Falk Struckmann apporte une certaine expressivité rocailleuse qui solidifie beaucoup trop le magicien dans une peinture prosaïque.

La Kundry de Marina Prudenskaya est évidemment le portrait le plus fort de la soirée, elle qui est corporellement si souple et fine et qui dispose pourtant d’une voix aux graves très développés. D’une très grande aisance théâtrale, les exultations en tessiture aiguë se font toujours avec une légère adhérence pour finalement s’épanouir en un tranchant vif et coloré, et ce mélange de sensualité et de monstruosité en fait un véritable caractère wagnérien troublant.

Marina Prudenskaya, Ching-Lien Wu, Simone Young et Simon O'Neill

Marina Prudenskaya, Ching-Lien Wu, Simone Young et Simon O'Neill

Et les filles fleurs intensément vivantes de Tamara Banjesevic, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Ramya Roy, Kseniia Proshina, Andrea Cueva Molnar et Claudia Huckle, ont de quoi impressionner par leur débauche de traits fusés avec une violence implacable.

Enfin, parmi les rôles secondaires, Maciej Kwaśnikowski se fait remarquer par sa droiture et sa clarté juvénile, ainsi que William Thomas pour sa noble noirceur hypnotique.

Malgré toutes les réserves que l’on peut avoir sur le parti pris de la mise en scène qui trivialise beaucoup trop le livret, la beauté de cette interprétation musicale sublime tout, d’autant plus que la dernière représentation s’est jouée sans surtitres sur le panneau central, ce qui a accru la prégnance de la musique et permis de voir nombre de spectateurs échanger aux entractes sur le sens de ce qu’ils venaient de voir.

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Publié le 24 Septembre 2021

Œdipe (Georges Enescu – 1936)
Livret d’Edmond Fleg
Répétition du 17 septembre, et représentations du 23 septembre, 11 et 14 octobre 2021
Opéra Bastille

Œdipe Christopher Maltman
Tirésias Clive Bayley
Créon Brian Mulligan
Le berger Vincent Ordonneau
Le grand prêtre Laurent Naouri
Phorbas / Le Veilleur Nicolas Cavallier
Thésée Adrian Timpau
Laïos Yann Beuron
Jocaste Ekaterina Gubanova
La Sphinge Clémentine Margaine
Antigone Anna-Sophie Neher
Mérope Anne Sofie von Otter
Une Thébaine Daniela Entcheva

Direction musicale Ingo Metzmacher
Mise en scène Wajdi Mouawad (2021)

Nouvelle production                             Wajdi Mouawad

Spectacle retransmis en direct le 14 octobre à 19h30 sur Medici.tv, et sur la plateforme numérique de l'Opéra national de Paris l'Opéra chez soi et en différé sur Mezzo Live HD le Dimanche 17 octobre 2021 à 21h, et sur Mezzo le Mercredi 20 octobre 2021 à 20h30.

Chaque nouveau directeur de l’Opéra de Paris est amené à ouvrir sa première saison avec une nouvelle production qui symbolise une des lignes fortes qui inspirera son mandat.
Stéphane Lissner ouvrit en octobre 2015 avec Moses und Aron d’Arnold Schoenberg mis en scène par Romeo Castellucci, une œuvre biblique du XXe siècle qui n’avait été jouée à Paris qu’en version française sous Rolf Liebermann.

Et si l’on remonte un peu plus dans le temps, Gerard Mortier présenta en octobre 2004 un opéra français créé au Palais Garnier en 1983, Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen, dont il confia la mise en scène à Stanislas Nordey.

Christopher Maltman (Œdipe)

Christopher Maltman (Œdipe)

Alexander Neef s’inscrit exactement dans l’esprit de ce dernier en programmant dès le mois de septembre 2021 un autre opéra français créé au Palais Garnier, le 13 mars 1936, Œdipe de Georges Enescu

A sa création, l’œuvre fut donnée pour 11 représentations avant de ne revenir que pour deux soirs, en version roumaine, le 21 et 22 mai 1963, lors du passage de la troupe de l’Opéra de Bucarest. 

Et pour cette redécouverte, c’est à nouveau un homme de théâtre francophone qui est en charge de la mise en scène tout en faisant ses débuts à l’Opéra de Paris, Wajdi Mouawad.

Yann Beuron (Laïos) et Ekaterina Gubanova (Jocaste)

Yann Beuron (Laïos) et Ekaterina Gubanova (Jocaste)

Cette tragédie lyrique est la seule qui raconte l’histoire d’Œdipe dans son intégralité.

Le premier acte se déroule au Palais de Laïos à Thèbes, le second acte se joue 20 ans plus tard au Palais de Polybos à Corinthe, le troisième acte revient 15 ans plus tard au Palais Royal de Thèbes touché par une épidémie meurtrière – cet acte à lui seul correspond à la tragédie grecque de Sophocle, Œdipe Roi -, et le dernier acte se déroule à Colone, près d’Athènes, là où s’achève l’errance d’ Œdipe – cet acte s’inspire d’une autre tragédie de Sophocle, Œdipe à Colone -.

Laurent Naouri (Le grand prêtre)

Laurent Naouri (Le grand prêtre)

Le metteur en scène choisit une approche lisible et stylisée afin de raconter l’histoire d’Œdipe. 

Il introduit un prologue de 10 minutes qui, sous forme de pantomime accompagnée d’un texte parlé, dénué de musique, raconte de façon éclairante la genèse mythologique qui mène à l’existence de Laïos, son acte de viol sur le fils de Pélops, Chrysippe, et la malédiction d’Apollon. La présence et le ton de la voix du narrateur font monter la tension, et un Minotaure aux yeux rouges luminescents apparaît pour symboliser les démons que le Roi n’a su vaincre.

Christopher Maltman (Œdipe)

Christopher Maltman (Œdipe)

Les premières minutes qui décrivent l’enlèvement d’Europe et le voyage de son frère phénicien Cadmos, lié à la jeune Harmonie, vers la Thrace pour y fonder Thèbes avec une intention civilisatrice, fait penser inévitablement à une identification à peine voilée à la vie de Wajdi Mouawad.

Et son évocation de la décadence de Thèbes dès qu’elle se met à construire des murailles pour se protéger des étrangers est un message européen d’une lecture politique contemporaine tout à fait claire.

Christopher Maltman (Œdipe) et Anne Sofie von Otter (Mérope)

Christopher Maltman (Œdipe) et Anne Sofie von Otter (Mérope)

La forme visuelle du premier acte laisse par la suite assez perplexe, car l’ensemble de la cour Thébaine est bardée de couleurs, affublée de couronnes végétales aux lignes diverses dont la variété des coloris printaniers rappelle celle des toiles d’Arcimboldo. Ces coiffes décrivent des forces intérieures comme la vitalité ou le feu, et illustrent l’harmonie avec la nature. 

Une fois accepté cet effet surréaliste, le discours théâtral reste narratif. Seule quelque dalle dressée derrière la scène de la cour suggère de monumentales murailles, ce qui permet d’incruster les sur-titrages à moindre hauteur.

Clive Bayley (Tirésias) et Christopher Maltman (Œdipe)

Clive Bayley (Tirésias) et Christopher Maltman (Œdipe)

Dans ce tableau introductif qui narre non sans longueur la naissance d’Oedipe, Laurent Naouri incarne un grand prêtre de grande prestance aux accents sensiblement menaçants, ce qui se reflète dans ses pratiques sacrificielles, toutefois édulcorées par la mise en scène.

Yann Beuron prouve qu’il a la stabilité vocale et des couleurs ombrées qui lui permettent de caractériser un Laïos consistant, et donc qu’il est peut-être un peu tôt pour tirer sa révérence, et Ekaterina Gubanova reste à cet instant peu compréhensible, dans l’attente de son retour en seconde partie où elle va mieux déployer son lyrisme obscur.

Mais Clive Bayley introduit un Tirésias d’une diction très claire avec un impact sonore qui suggère un esprit d’une implacable lucidité.

Christopher Maltman (Œdipe) et Ekaterina Gubanova (Jocaste)

Christopher Maltman (Œdipe) et Ekaterina Gubanova (Jocaste)

Le second acte reste tout aussi symbolique à travers un dégradé de couleurs partant du bleu ciel vidéographique sur lequel se détachent des vols d’oiseaux pour imager l’univers hors du monde où a été élevé le jeune homme, jusqu’à la rencontre avec la Sphynge, agglutinée dans un maelstrom d’informes noirceurs, après qu’Œdipe ne tue en méconnaissance de cause Laïos au pied d’un rocher sur lequel se dessine la figure d’Hécate, déesse de l’ombre et des morts. 

Vincent Ordonneau (Le berger)

Vincent Ordonneau (Le berger)

L’effet scénique des tirs de flèches sur les opposants d’Œdipe est un leurre tout à fait réussi, mais il est dommage que les belles teintes lumineuses qui parcellent l’ensemble de la soirée ne soient pas utilisées de façon plus vivante pour amplifier les orages orchestraux et donc accompagner la dynamique de la musique. Ce statisme des éclairages est flagrant au moment du meurtre de Laïos par son propre fils.

Vaillant et paré d’un agréable timbre vocal souple qui n’est pas sans rappeler celui de Mathias Vidal, Vincent Ordonneau campe un berger grave et pur, et c’est avec Nicolas Cavallier, à la fois Phorbas et Veilleur, que l’on commence à entendre des couleurs de basse qui tirent vers des ombres sages. 

Et c’est un véritable plaisir de réentendre Anne Sofie von Otter dans le court rôle de Mérope qu’elle assure avec panache et une lumière intérieure qui la rend si attachante.

Adrian Timpau (Thésée)

Adrian Timpau (Thésée)

L’écriture vocale chaloupée de La Sphinge peut parfois surprendre, pourtant, Clémentine Margaine ne trahit aucune réticence à outrer ses inflexions pour lui donner un relief qui tire aussi bien vers une clarté franche que des noirceurs névrosées qui lui sont également naturelles. 

Cette première partie qui s’achève sous les murs de Thèbes permet de mesurer quel poids écrasant pèse sur Christopher Maltman, un chanteur fortement dramatique qui incarnait déjà Œdipe à Salzbourg en 2019 avant d’être Oreste, cet été, au cours de ce même festival.

Empreinte massive, avec une excellente projection et un mordant solide qui forment son charisme puissant, il y a en lui une grandeur humaine qui s’intensifie dans la communion avec l’orchestre ce qui prodigue un impact phénoménal.

Christopher Maltman (Œdipe) et Anna-Sophie Neher (Antigone)

Christopher Maltman (Œdipe) et Anna-Sophie Neher (Antigone)

Sous la direction d'Ingo Metzmacher, l’orchestre de l’Opéra de Paris exhale en effet son splendide drapé limpide traversé d’ombres bourdonnantes pour aussi bien décrire des ambiances bucoliques que de monumentales vagues d'une noirceur menaçante. Il est également saisissant d’entendre comment ce travail sur la souplesse orchestrale peut soudainement se glacer en une structure minérale éclatante qui se fracasse pour retrouver ensuite sa structure liquide.

Cette construction splendide atteint des sommets dans la seconde partie où les chœurs sont sollicités dans toutes les tonalités, avec des effets de spatialisation dans les hauteurs de galeries, et c’est une référence à l’origine de l’opéra et du théâtre grec qui est évoquée par cet ensemble d’une beauté austère fascinante.

Christopher Maltman (Œdipe)

Christopher Maltman (Œdipe)

La seconde partie gagne donc en impact dramatique avec l’ouverture sur un univers gris, enserré par des blocs de murailles oppressants et d’étranges statues humaines mal dégrossies où un peuple chante son désespoir face aux ravages de la peste qui se diffuse dans la ville.

Le Créon de Brian Mulligan a des accents d’acier, et Ekaterina Gubanova donne enfin à Jocaste un rayonnement vocal âpre.

La révélation de la vérité à Oedipe est fortement dramatisée mais ne verse pas dans l’horreur quand il surgit de derrière les murailles avec le regard noir constellé d’étoiles. La sauvagerie de la cécité forcée est ainsi sublimée en quelque chose de plus symbolique et esthétique.

Christopher Maltman (Œdipe)

Christopher Maltman (Œdipe)

Puis, le voyage à Colone est le tableau le plus stylisé avec ce grand panneau aux striures et variations de bleu qui se reflètent dans une large dalle polie comme un grand miroir.

Quand elle apparaît, la noblesse d’Adrian Timpau donne une belle prestance humaine à Thésée, et Anna-Sophie Neher offre un portrait d’Antigone vivant et ardent dans ses plaintes à cœur ouvert par amour pour son père.

Ekaterina Gubanova et Ingo Metzmacher

Ekaterina Gubanova et Ingo Metzmacher

La réunion monumentale du chœur à la complexité orchestrale suffit à emplir de sens cet univers scénique si épuré, et la beauté sereine dans laquelle se reflètent les dernières minutes de vie d’Œdipe valent à Wajdi Mouawad un accueil chaleureux car il s’est montré à la fois intelligent dans la compréhension des thèmes de l’œuvre et humble dans sa traduction humaine pour l’auditeur.

Christopher Maltman (Œdipe) - Lundi 11 octobre 2021

Christopher Maltman (Œdipe) - Lundi 11 octobre 2021

Représentation du lundi 11 octobre 2021

18 jours après la première, c'est une salle bien remplie - un exploit pour un lundi soir - qui assiste à une représentation qui préfigure hautement celle qui sera retransmisse en direct 3 jours plus tard.

Les chœurs sont en grande majorité sans masque, ce qui accroit naturellement l'impact en salle surtout que l'énergie qui y règne semble galvaniser la totalité de l'équipe artistique. On verra d'ailleurs Ching-Lien Wu, la directrice des chœurs, venir au salut brandir des mains victorieuses face à aux sourires radieux des chanteurs, Christopher Maltman aura époustouflé l'audience de par son incarnation monumentale, une sorte de force prodigieuse en souffrance, et Ingo Metzmacher aura obtenu de l'orchestre une splendide lecture faisant ressortir la complexité de l'enchevêtrement des lignes musicales d'une beauté inouïe avec des reflets surréalistes, et même futuristes, dans les textures d'une impressionnante plasticité. Une soirée inoubliable et fortement touchante qui devrait être amenée à se reproduire le jeudi 14 octobre.

Ching-Lien Wu et les Choeurs de l'Opéra de Paris - Lundi 11 octobre 2021

Ching-Lien Wu et les Choeurs de l'Opéra de Paris - Lundi 11 octobre 2021

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