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Publié le 11 Octobre 2008

La Fiancée Vendue (Bedrich Smetana)
Répétition générale du 09 octobre 2008 à l’Opéra Garnier
 

Krušina Oleg Bryjak
Ludmila Pippa Longworth
Marenka Christiane Oelze
Mícha Stefan Kocán
Háta Helene Schneiderman
Vašek Christoph Homberger
Jeník Ales Briscein
Kecal
Franz Hawlata

Esmeralda Amanda Squitieri

Mise en scène Gilbert Deflo
Direction musicale Jirí Belohlávek

Jusqu’à présent, l’œuvre n’avait été jouée qu’une seule fois à Paris. Et encore, en 1928 l’Opéra Comique n’avait pu monter « La Fiancée vendue » qu’en français.

C’est donc une première!

L’histoire semble banale et nous conte l’amour de Marenka et Jeník malheureusement entravé par Krušina, père de la jeune fille, qui l'a promise au fils du riche Mícha, Vašek.

Au premier abord les nombreuses danses qui rythment l’ouvrage sur une musique enjouée et fine nous plongent dans une atmosphère légère d’où émergent à partir du second acte des scènes savoureuses.

Le duo charmant entre Marenka et Vašek laisse place à la cadence gaie de l’échange clé entre Kecal (le marieur du village) et Jeník.

Tous les sentiments de Marenka sont peints et gagnent en profondeur quand elle cède au désespoir au cours du 3ième acte.

Christiane Oelze et Ales Briscein

Christiane Oelze et Ales Briscein

Dans ce rôle, Christiane Oelze est tout simplement idéale tant elle libère de sa voix toute légère une grande sensibilité et beaucoup de délicatesse. Ales Briscein se joint à elle avec autant de fraîcheur et une expressivité que les accents slaves caractérisent singulièrement.

Autre valeur de la distribution, Christoph Homberger joue de manière très drôle le bégayant Vašek et en plus se distingue très nettement de Briscein (et oui, nous avons deux ténors sur scène!) par un chant moins gracieux mais très affirmé.

Très en forme (ce sera sa seule apparition cette année à l‘Opéra de Paris), Franz Hawlata se balade dans son personnage pur comique quand la pétillante Amanda Squitieri achève de colorer cet ensemble bardé d’humour.

Pour « La Fiancée vendue » Gilbert Deflo est le metteur en scène qu’il fallait. Sensible au genre de La commedia dell’arte (L’amour des 3 oranges, Le Bal Masqué), tout ce monde est avec lui animé avec beaucoup de finesse et d’humanité.

Les couleurs vives bleues, oranges, vertes, jaunes dissipent toute la joie de la musique et Deflo nous offre des scènes de danses dont notamment celle du cirque, extraordinairement délurée et hypnotisante, avec ces jeunes danseurs et danseuses accoutrés de salopettes.

C’est toute cette vie qui manquait tant dans Luisa Miller la saison passée.

Franz Hawlata (Kecal), Pippa Longworth et Oleg Bryjak (les Krušina)

Franz Hawlata (Kecal), Pippa Longworth et Oleg Bryjak (les Krušina)

Avec cette nouvelle production, l’Opéra Garnier possède maintenant une œuvre qui est le reflet de L'Elixir d'Amour à Bastille avec poésie et une chaleur humaine entraînante.

Dans l‘enthousiasme de faire partager cette musique, Jirí Belohlávek emmène l’orchestre sur un rythme parfois pas toujours facile à suivre pour les chœurs.

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Publié le 7 Juillet 2007

Rusalka (Dvorak)

Répétition générale du 06 septembre 2005 (Bastille)
 
Direction musicale Jiri Belohlavek
Mise en scène Robert Carsen
 
Le Prince Miroslav Dvordky
La princesse étrangère Anda Louise Bogza
Rusalka Olga Guryakova
L’Esprit du lac Franz Hawalata
Jezibaba Larissa Dyadkova
Le garçon de cuisine Karine Deshayes
 
Les propos suivants sont à nuancer, les chanteurs n’étant pas tenus de chanter à pleine voix lors d’une générale.
 
C’est tout d’abord un vrai plaisir de retrouver l’Opéra Bastille, tout donne le sentiment que le spectateur va être mieux traité que l’année passée. Pléthore de sièges permettent aux spectateurs d’attendre plus confortablement aux guichets, les distributions sont de retour, gracieusement remises à chacun, le programme est passé de 11 à 10 euros et les places debout au fond du parterre paraissent bien agencées et laissent la possibilité de rejoindre éventuellement les places vides du parterre.
Enfin les syndicats ont eu tout ce qu’ils voulaient pour ne pas poser leur préavis de grève pour la première.
 
Cette reprise de Rusalka (c’est un opéra du XXième siècle mine de rien) devrait superbement lancer cette 2ième saison à l’Opéra National de Paris.
Olga Guryakova interprète une Rusalka fort émouvante. Elle vous projette intensément cette douleur qui vous touche au cœur au moment où l’attention vis-à-vis de son sort pourrait faiblir. La mise en voix se ressent au premier mouvement de la romance au clair de lune, ensuite on se laisse porter.
 
Le timbre de Franz Hawalata est toujours aussi caractéristique. Il me renvoie à cet extraordinaire Capriccio de juin 2004 à Garnier où toutefois il ne semble pas avoir depuis déployé projection et présence aussi marquante. Il est un esprit du lac inquiétant mais pas écrasant.
 
Dyadkova est une excellente tragédienne, ses graves impressionnent, mais ses aigus éraillés font vaciller la stature de Jezibaba.
 
Dans le genre « je veux écraser toutes mes concurrentes » Anda Louise Bogza présente une princesse bien affirmée au physique généreux et passe facilement l’orchestre.
Personnellement c’est un peu la déception avec Miroslav Dvordky car son prince semble laisser filer la voix latéralement. Musical, il reste trop peu affecté et on ne l’entend pas toujours. Il s’en sort mieux au duo final.
Scène finale : Miroslav Dvordky et Olga Guryakova

Scène finale : Miroslav Dvordky et Olga Guryakova

Si l’orchestre est l’élément principal de cet opéra et bien Jiri Belohlavek tient peut être une interprétation idéale. C’est théâtral, lyrique et rarement bruyant. L’effet est amplifié par l’atmosphère visuelle de ce très beau spectacle.
 
Pour les fans de Karine Deshayes, sa brève apparition en garçon de cuisine est remarquable. Présence, clarté vocale et vivacité.

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