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Publié le 28 Septembre 2009

Le Barbier de Séville (Rossini)
Représentation du 27 septembre 2009

Opéra Bastille

Direction musicale Bruno Campanella
Mise en scène Coline Serreau

Il Conte d’Almaviva Antonino Siragusa
Bartolo Alberto Rinaldi
Rosina Karine Deshayes
Figaro George Petean
Basilio Paata Burchuladze
Fiorello Aimery Lefèvre
Berta Jeannette Fischer
Un Ufficiale Denis Aubry

 

 

                                       Karine Deshayes (Rosine)

 

Créée le 02 avril 2002, on peut regretter que la mise en scène de Coline Serreau aborde sur le ton de la comédie le dénie de liberté qui est fait aux femmes dans des pays où les hommes aiment à porter la barbe.

Mais comment ne pas reconnaître à quel point cette vision est juste, sans remettre en cause une sensibilité personnelle?  En plus les tableaux de ce Séville historiquement islamisé et transposé dans un pays des Milles et une nuits ravissent par leur raffinement, si bien que l’on passe sur quelques passages théâtralement peu inspirés (le final de l’acte I joué au ralenti).

Karine Deshayes (Rosine)

Karine Deshayes (Rosine)

Fraîchement remis de son récital de la veille au Théâtre des Champs Elysées - et remporté les mains dans les poches - Antonino Siragusa se joue des dimensions architecturales des galeries de l’opéra Bastille, pour composer un Comte adorable de douceur et de charme comme nous en entendons bien rarement.

Nous lui accueillons donc en toute complaisance la naïveté d’une gestuelle plus faite pour amuser les petits enfants.

Karine Deshayes méritait bien mieux que les second rôles toujours brillamment interprétés à Paris (le garçon de cuisine de Rusalka, Krista de l‘Affaire Makropoulos), ce que son incarnation de Rosine démontre en toute évidence.
Lyrique, dramatique avec la froide rondeur des chanteuses slaves, l’exubérante mezzo-soprano saisit cette occasion pour déployer l’entendue de ses moyens.

Mais à y regarder de plus près, il manque encore un approfondissement du caractère enragé de la jeune pupille, ce qui transparaît dans les expressions corporelles comme gambader telle une gazelle pour mettre sans dessus-dessous son appartement dans un excès de colère.

Antonino Siragusa (Il Conte Almaviva)

Antonino Siragusa (Il Conte Almaviva)

Visiblement l’équipe scénique fonctionne très bien, puisque George Petean compense les limites de ses subtilités par un style généreux et sans ambages, Paata Burchuladze investit tout l’espace sonore d’une voix semi-caverneuse et agréable, et Alberto Rinaldi réussit le meilleur rôle de composition de la représentation avec Bartolo.

Depuis le temps qu’elle chante Berta avec coeur, Jeannette Fischer profite de son unique air à elle toute seule, « Il vecchiotto cerca moglie », pour s’offrir trois minutes de one woman show qui doivent lui faire un bien fou!

L’ouverture résume assez bien la tonalité d’ensemble de Bruno Campanella : une direction vive et fine laissant le champ libre aux chanteurs.
Il reste pourtant de la marge afin de faire jouer au discours musical un rôle plus stimulant.

Karine Deshayes (Rosine)

Karine Deshayes (Rosine)

Rétabli pour la première fois à cette occasion, l’air « cessa di piu resistere » permet à Antonino Siragusa un dernier jeu de bravoure, considérablement applaudi aussi bien pour sa valeur que pour sa conclusion loufoque, le ténor se métamorphosant en joueur de football numéro 10 (le meneur), et cela sous les yeux de Coline Serreau venue filmer l'ensemble du spectacle.

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Publié le 27 Septembre 2009

Sumi Jo et Antonino Siragusa
Concert du 26 septembre 2009
Théâtre des Champs Elysées

Donizetti : Don Pasquale, ouverture
"Una furtiva lagrima", air extrait de L'elisir d'amore
Rossini : "Si ritrovarla io giuro", air extrait de La  Cenerentola 
Bellini : "Care compagne", air extrait de La Somnambula
Verdi : "Caro Nome", air extrait de Rigoletto
Bellini : "Prendi l'anel ti dono", air extrait de La Somnanbula
Rossini : Guillaume Tell, ouverture
Meyerbeer : "C'est bien l'air que chaque matin", air extrait de L'Etoile du Nord
Rossini : "Deh troncate", air extrait de Elisabetta Regina d’Inghilterra
Donizetti : "Quoi? Vous m'aimez?", "A mes amis", airs extraits de La fille du régiment
Bellini : "Fini, mi lassa", air extrait de I Puritani

Direction Danielle Callegari
Orchestre National d’Ile de France

Les Théâtres Lyriques seront éternellement hantés par les souvenirs des chanteurs les plus divins, car il y aura toujours des âmes pour les faire revivre et relativiser ce que la vie d’aujourd’hui peut offrir de meilleur.

Alors peut être qu’Antonino Siragusa n’a pas tout à fait le moelleux d’un Pietro Bottazzo (pour ceux qui connaissent l’Italienne à Alger avec Marilyn Horne et dirigée par Carlo Franci), mais il vient de nous offrir de bien heureux moments de sa voix sensuelle, claire et pleine de jeunesse, un style et des inflexions latines qui vous donnent l’impression d’écouter une âme qui appelle à votre considération.

D’autant plus que le chanteur est très sympathique, joue tout un numéro de décontraction dont on se doute tout de même qu’il sert surtout à charmer comme lors d’une première rencontre, car il se répète très vite.

Antonino Siragusa et Sumi Jo

Antonino Siragusa et Sumi Jo

Découverte en 1987 lors du concert hommage à Maria Callas au Palais Garnier, Sumi Jo n’est plus une inconnue dans la capitale : Les Contes d’Hoffmann, Lucia di Lammermoor, Rigoletto à Bastille et plusieurs récitals après, la cantatrice coréenne est toujours là pour dessiner avec une finesse extrême de fragiles filaments, comme si elle sculptait une œuvre d’art.

Et elle réussit cela grâce à sa capacité à diriger son souffle sur la durée, ce qui est son point fort dans la Sonnanbula.
Nous sommes comme Louis XIV visitant la Manufacture des Gobelins, peut-on dire.

Moins à son avantage dans les moyennes altitudes, une vibration très caractéristique colore son timbre à la fois de brillant et d’impuretés, ce qui laisse un petit goût de déception après tant de passages aériens. 

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