Présentation de Roméo et Juliette

Publié le 16 Octobre 2007

Présentation de Roméo et Juliette de Berlioz

Par Gerard Mortier et Brigitte Lefèvre
Le 11 octobre 2007 au Studio Bastille
 
Dés son arrivée à la direction de l’Opéra de Paris, Gerard Mortier eut l’idée avec Brigitte Lefèvre de monter des spectacles mêlant chœurs, orchestre et Ballet de l’Opéra. Il y eut l’Orphée de Gluck puis le plus discuté Allegro de Haendel.
 
Aujourd’hui, il s’adresse au public de l’AROP (Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris) afin de présenter Roméo et Juliette mis en scène par Sasha Waltz
Passons sur le passage au grill des critiques qui n’ont même pas dit un mot du chef (Valery Gergiev) après la Première, comme si la musique ne valait rien, pour porter notre attention sur l’analyse du génie du compositeur français.
 
L’œuvre fut créée dans les années 1830 sous la Monarchie de Louis Philippe et est une musique très en avance sur son temps.
Bien sûr avec « I Capuleti e i Montecchi » Bellini a voulu écrire de la très belle musique pour de belles voix. Puis avec Gounod, « Roméo et Juliette » devient un drame épique.
Cependant il n’y a pas de réflexion profonde sur l’Amour.
 
Berlioz entreprend ainsi de parler de l’Amour mais aussi de comment il peut être tué par les autres, comment un être peut rencontrer un autre être humain, et également comment l’Amour peut être destructeur en comparant avec « Antoine et Cléopâtre » de William Shakespeare.
 
Alors au début le compositeur explique cette lutte entre les Capulets et les Montaigus grâce à un Fugato : la beauté de ces thèmes qui se poursuivent ( des thèmes identiques sont chantés différemment) traduisent que ce sont tout de même des frères qui s’affrontent.
Puis survient la chanson de la Reine Maab qui est une métaphore de la Folie de l’Amour. C’est un grand moment de virtuosité.
 
Et alors que, jusqu’à présent, les chœurs et solistes exprimaient les forces en jeu, place est laissée à la musique symphonique et à la sensualité des cordes pour le duo d’Amour.
C’est un pas de deux de 18 minutes comparable aux 25 minutes de Tristan et Iseult de Richard Wagner. Physiquement, c’est à la limite du possible.
 
Mais au tableau suivant Juliette est déjà morte. Le décor, comme un livre plié, s’ouvre.
Seul chante pendant 12 minutes Frère Laurent, doublé par un danseur, qui est celui qui a voulu sauver cet Amour. Il est accompagné par les chœurs dans un final très dramatique.
 

Sasha Waltz préfère rester dans une certaine intériorité car l’explication de texte est dans la fosse. Brigitte Lefèvre la perçoit plus comme une artiste baroque d’aujourd’hui privilégiant l’émotion abstraite.

25 danseurs sont engagés (Aurélie Dupont pour Juliette et Hervé Moreau pour Roméo), un très grand orchestre de 80 musiciens (plus grand que celui de Tristan) avec 16 premiers violons, 8 timbales, 2 harpes, 70 choristes et 3 chanteurs (Mikhaïl Petrenko, Ekaterina Gubanova, Yann Beuron) complétant l’ensemble. 30000 spectateurs vont ainsi découvrir l’œuvre à l’Opéra Bastille.

Hector Berlioz s’est ainsi emparé de « Roméo et Juliette » pour raconter une histoire sur la passion de l’Amour, la beauté de l’Amour et la force créative de l’Amour.

Les derniers mots de Roméo dans Shakespeare en résument le drame : « Thus with a kiss I die », ainsi avec un baiser je meurs.
Énergisant dans la littérature, le baiser ne devrait donc pas être quelque chose qui détruit.

Voir également l'article sur la représentation de Roméo et Juliette

Rédigé par David

Publié dans #Conférences, #Gerard Mortier

Commenter cet article