Saison Lyrique 2014 / 2015 de l’Opéra National de Paris
Publié le 5 Mars 2014
Présentation de la saison Lyrique 2014 / 2015 de l’Opéra National de Paris
Depuis le mardi 04 mars la nouvelle saison de l’Opéra National de Paris est officiellement dévoilée. Elle comprend 3 nouvelles productions et 3 coproductions ou reprises de productions provenant d’autres théâtres nationaux ou internationaux.
Avec 16 titres au lieu de 20 habituellement, aucune création et peu d’œuvres rares, cette saison ne se veut ni innovante, ni thématique.
La Traviata (Giuseppe Verdi)
Du 8 septembre au 12 octobre (12 représentations à Bastille)
Ermonela Jaho / Venera Gimadieva, Anna Pennisi, Cornelia Oncioiu, Francesco Meli / Ismael Jordi, Dmitri Hvorostovsky / Fabio Capitanucci
Mise en scène Benoît Jacquot / Direction Dan Ettinger
Le Barbier de Séville (Gioachino Rossini)
Du 19 septembre au 03 novembre (14 représentations à Bastille)
René Barbera / Edgardo Rocha, Carlo Lepore/ Paolo Bordogna, Karine Deshayes / Marina Comparato, Dalibor Jenis / Florian Sempey
Mise en scène Damiano Michieletto / Direction Carlo Montanaro
Production originale du Grand Théâtre de Genève
Tosca (Giacomo Puccini)
Du 10 octobre au 15 novembre (20 représentations à Bastille)
Martina Serafin / Oksana Dyka / Béatrice Uria-Monzon, Marcelo Alvarez / Marco Berti / Massimo Giordano, Ludovic Tézier / George Gagnidze / Sebastian Catana / Sergey Murzaev
Mise en scène Pierre Audi / Direction Daniel Oren / Evelino Pidò
Nouvelle production
L’Enlèvement au Sérail (Wolfgang Amadé Mozart)
Du 16 octobre au 08 novembre & du 21 janvier au 15 février (19 représentations à Garnier)
Jürgen Maurer, Erin Morley / Albina Shagimuratova, Anna Prohaska / Sofia Fomina, Bernard Richter / Frédéric Antoun
Mise en scène Zabou Breitman / Direction Philippe Jordan / Marius Stieghorst
Nouvelle production
Hansel et Gretel (Engelbert Humperdinck)
Du 20 novembre au 18 décembre (10 représentations à Garnier)
Jochen Schmeckenbecher, Irmgard Vilsmaier, Andrea Hill, Bernarda Bobro, Doris Lamprecht
Mise en scène Marianne Clément / Direction Yves Abel
La Bohème (Giacomo Puccini)
Du 30 novembre au 30 décembre (14 représentations à Bastille)
Ana Maria Martinez / Nicole Cabell, Mariangela Sicilia, Khachatur Badalyan / Dimitri Pittas, Tassis Christoyannis, Simone Del Savio
Mise en scène Jonathan Miller / Direction Mark Elder
Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart)
Du 15 janvier au 14 février (10 représentations à Bastille)
Erwin Schrott, Lian Li, Tatiana Lisnic, Stefan Pop, Marie-Adeline Henry, Adrian Sâmpetrean, Alexandre Duhamel, Serena Malfi
Mise en scène Michael Haneke / Direction Alain Altinoglu
Ariane à Naxos (Richard Strauss)
Du 22 janvier au 17 février (7 représentations à Bastille)
Franz Grungheber, Martin Gantner, Sophie Koch, Klaus Florian Vogt, Kevin Amiel, Dietmar Kerschbaum, Daniela Fally, Karina Mattila, Olga Seliverstova, Edwin Crossley-Mercer
Mise en scène Laurent Pelly / Direction Michael Schønwandt
Pelléas et Mélisande (Claude Debussy)
Du 02 au 28 mars (8 représentations à Bastille)
Stéphane Degout, Paul Gay, Franz Josef Selig, Nicolas Cavallier, Elena Tsallagova, Doris Soffel, Jérôme Varnier, Julie Mathevet
Mise en scène Robert Wilson / Direction Philippe Jordan
Faust (Charles Gounod)
Du 02 au 28 mars (9 représentations à Bastille)
Piotr Beczala / Michael Fabiano, Rémy Corazza, Ildar Abdrazakov, Jean-François Lapointe, Michał Partyka, Krassimira Stoyanova
Mise en scène Jean-Louis Martinoty / Direction Michel Plasson
Le Cid (Jules Massenet)
Du 27 mars au 21 avril (9 représentations à Garnier)
Anna Caterina Antonacci, Annick Massis, Roberto Alagna, Paul Gay, Nicolas Cavallier, Franck Ferrari
Mise en scène Charles Roubaud / Direction Michel Plasson
Production de l'Opéra de Marseille
Rusalka (Anton Dvorak)
Du 03 au 26 avril (8 représentations à Bastille)
Khachatur Badalyan, Alisa Kolosova, Olga Guryakova, Dimitri Ivashenko, Larissa Diadkova, Igor Gnidii, Diana Axentii
Mise en scène Robert Carsen / Direction Jakub Hrůša
La Flûte Enchantée (Wolfgang Amadé Mozart)
Du 17 avril au 28 juin (20 représentations à Bastille)
Edwin Crossley-Mercer / Bjorn Bürger, Elisabeth Schwartz / Norma Nahoun, Ante Jerkunica / Dimitri Ivashenko, Rodolphe Briand / Michael Laurenz, Jacquelyn Wagner / Camilla Tilling, Jane Archibald / Olga Pudova
Mise en scène Robert Carsen / Direction Constantin Trinks / Patrick Lange
Le Roi Arthus (Ernest Chausson)
Du 16 mai au 14 juin (10 représentations à Bastille)
Sophie Koch, Thomas Hampson, Roberto Alagna, Alexandre Duhamel, Bernard Richter, François Lis, Peter Sidhom
Mise en scène Graham Vick / Direction Philippe Jordan / Sébastien Rouland
Nouvelle production
Alceste (Christoph Willibald Gluck)
Du 16 juin au 15 juillet (12 représentations à Garnier)
Stanislas de Barbeyrac, Véronique Gens, Stéphane Degout, Tomislav Lavoie, Franck Ferrari
Mise en scène Olivier Py / Direction Marc Minkowski
Adriana Lecouvreur (Francesco Cilea)
Du 23 juin au 15 juillet (8 représentations à Bastille)
Marcelo Alvarez, Wojtek Smilek, Raúl Giménez, Alessandro Corbelli, Alexandre Duhamel, Carlo Bosi, Angela Gheorghiu / Svetla Vassileva, Luciana D’intino
Mise en scène David McVicar / Direction Daniel Oren
Coproduction avec le Royal Opera House Covent Garden Londres, Le Théâtre du Liceu Barcelone, le Wiener Staatsoper et le San Francisco Opera
Première impression sur cette saison 2014/2015
Du point de vue du spectateur ne fréquentant qu’occasionnellement l’Opéra National de Paris, la lecture du programme de la dernière saison de Nicolas Joel apporte quelques raretés (Le Roi Arthus, Le Cid), et du grand répertoire (Mozart, Puccini, Verdi, Rossini) dans des mises en scène soignées - si l’on passe sur la bien connue production de Faust par Jean-Louis Martinoty. Pour les grands habitués, il y a disproportion entre les moyens disponibles et l'ambition artistique. On peut par exemple comparer la saison parisienne aux choix du Teatro Real de Madrid avec 9 productions, dont 2 créations mondiales, et un budget presque 5 fois plus faible.
Le chauvinisme y est flatté avec pas moins de 6 mises en scène confiées à des directeurs français alors que la France ne dispose pas d’un tel savoir-faire théâtral, surtout dans le milieu lyrique où seuls Olivier Py, André Engel, Patrice Chéreau, Jean François Sivadier, Stéphane Braunschweig et Vincent Boussard (ces trois derniers n’ont d’ailleurs jamais été invités à l’Opéra de Paris) ont su réaliser un travail intelligent et sensible.
Le Roi Arthus est la véritable perle de cette dernière saison, et il est un peu dommage qu’il n’ait pas été associé, sur la même période, à un ouvrage tel que Tristan et Isolde, ou, à défaut, rapproché de Pelléas et Mélisande.
Adriana Lecouvreur, souvent décrié pour ses facilités, est aussi un opéra qui devrait être un incontournable de l’Opéra National de Paris car il s’agit tout de même du portrait d’une tragédienne de la Comédie Française. Mais cet ouvrage souffre d’une image d’œuvre emblématique des Maisons de Répertoire (New-York, Vienne, Londres, Barcelone) fréquentées par un public très conservateur.
Reste à savoir si Angela Gheorghiu et Svetla Vassileva sauront rendre, notamment dans le monologue de Phèdre, le caractère enflammé, meurtri et théâtral de ce personnage, et il est possible que ce soit la seconde qui crée la surprise.
Cette saison comprend également une nouvelle mise en scène de Tosca, confiée à Pierre Audi, dont on attend qu’elle fasse oublier celle de Werner Schroeter.
Mais était-il nécessaire de remplacer la production du Barbier de Séville de Coline Serreau par celle de Damiano Michieletto, moderne, sans doute, mais pas indispensable?
C’est en fait tout le problème de cette programmation qui prend très peu de risques et propose plus de 80 représentations de Puccini et Mozart en 5 titres, tout en cherchant à préserver un résultat excédentaire de plusieurs millions d’euros (5 millions en 2011, 8 millions en 2012, malgré la baisse de subvention).
Alors qu’une direction artistique digne de ce nom devrait chercher une pluralité, un sens dans le choix des œuvres, une ouverture sur le monde avec comme seul objectif financier de garantir l’équilibre des comptes, la direction est lancée dans une logique d’optimisation financière pesante.
Comment expliquer aujourd’hui que le rôle du Mécénat soutenant l’Opéra National de Paris (près de 10 millions d’euros) soit détourné afin de garantir ses résultats excédentaires, et que la direction actuelle aille jusqu’à augmenter les prix des certaines places de stalles (qui passent de 10 à 25 euros) au prétexte que tout bénéfice, aussi petit qu’il soit, est toujours bon à prendre ?