Destitution de Gerard Mortier : mais ici, qui démissionne?

Publié le 14 Septembre 2013

Depuis l'annonce de la destitution de Gerard Mortier de la direction artistique du Teatro Real de Madrid et de son remplacement immédiat par Joan Matabosch, le directeur du Liceu de Barcelone, un froid est tombé sur le théâtre. En attendant de connaître comment la situation juridique va être résolue, le directeur flamand a en effet fait savoir qu'il compte mener entièrement cette saison si importante pour lui, Ana Arambarri, membre des "Amis du Teatro Real", s'est exprimée dans le journal El Pais. Ce qu'elle décrit du comportement des membres du conseil d'administration n'est cependant pas spécifique à la capitale espagnole.

Sa lettre est traduite ci dessous en français.

https://elpais.com/elpais/2013/09/13/opinion/1379091800_792080.html

 

Mais ici, qui démissionne?

La disparition de Gerard Mortier du Teatro Real pénalise un projet ambitieux, intelligent et novateur pour l’Opéra sur la scène Madrilène. Il a été un directeur artistique innovateur, polémique, autant apprécié que décrié, et qui n’a laissé personne indifférent.

Mortier, durant les années où il a eu la charge de directeur artistique du Teatro Real, a été associé avec grande habileté aux personnes de pouvoir qui lui ont permis de réaliser ses objectifs. Ce sont ces mêmes personnes qui, pourtant, l’ont trahi.
 

Mortier, qui a appris par la presse qu’il a été destitué, croit que certains membres du conseil d’administration devraient démissionner. Mais qui, ici, démissionne ? Actuellement, personne ne se sent concerné par le projet de Mortier. Et nous n’entendons même pas la voix de ceux qui se disent fervents partisans de la culture par le simple fait qu'ils sont membres du conseil d'administration du Théâtre Royal. Leur attitude démontre ce que tout le monde savait : à quelques exceptions près, ces personnes ne sont là que pour des raisons sociales qui dépassent la simple défense de la cause culturelle.

Je ne crois pas dans le slogan triomphaliste répété ces dernières années : "Nous avons placé le Teatro Real sur la scène mondiale." Sûrement pas. En revanche, Mortier a rendu possible une nouvelle proposition, un répertoire peu connu, des productions théâtrales innovantes et, surtout, il a réalisé un travail exceptionnel pour améliorer l'orchestre et le chœur.

 

                              Terrasse du Teatro Real lors du concert de Rufus Wainwright (22 juillet 2013)

Alors, cette mise à l’écart est bien triste. Dans une société ouverte et démocratique, les solutions passent par la confrontation des projets et la négociation des résultats. Malheureusement, il n’en a pas été ainsi. Ni les arguments intelligents, ni les propositions de Mortier pour élire un nouveau directeur artistique n’ont été pris en compte. Le mauvais coup fait à Mortier est le symbole du triomphe de la médiocrité qui gangrène notre pays.

Interview de Gerard Mortier à l'ENO au moment de sa prise de fonction au Teatro Real (2009)

Mais ... que peut-on attendre de ces protecteurs, amis et mécènes du théâtre, qui se réfugient dans le silence au lieu de montrer leur engagement envers le projet pour lequel ils ont été nommés.

Que pouvons-nous attendre de ces personnes, si certaines d'entre elles sont capables de rédiger des notes de travail ou d'envoyer des messages sur leur mobile au cours de l' Agnus Dei du Requiem de Verdi ?

Ana Arambarri.

Rédigé par David

Publié dans #Conférences, #Actualité, #Gerard Mortier

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