3e Symphonie Mahler (Philharmonique Romberger Saraste) Radio France Auditorium

Publié le 19 Septembre 2024

3e Symphonie (Gustav Mahler -
                          9 juin 1902, Krefeld)
Concert du 19 septembre 2024
Maison de la Radio et de la Musique 
Auditorium de Radio France

Ce que me content les Rochers.
Ce que me content les Fleurs des Prés
Ce que me content les Animaux de la Forêt
Ce que me conte l’Homme
Ce que me content les Anges
Ce que me conte l’Amour

Contralto Gerhild Romberger
Direction musicale Jukka-Pekka Saraste
Orchestre Philharmonique de Radio France
Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

En résonance avec l’ouverture de la saison précédente qui avait permis d’entendre à la Philharmonie la '3e symphonie' de Gustav Mahler interprétée par l’Orchestre de Paris sous la direction de Semyon Bychkov, c’est cette fois le Philharmonique de Radio France qui présente en ce mois de septembre l’un des monuments éblouissants de la fin du romantisme dont la première exécution fut dirigée par le compositeur lui-même en juin 1902 à la Stadthalle de Krefeld, une salle de 1600 places, devant Richard Strauss, Alma Mahler et Engelbert Humperdinck.

Gerhild Romberger et Jukka-Pekka Saraste

Gerhild Romberger et Jukka-Pekka Saraste

Ce soir, c’est Jukka-Pekka Saraste qui assure la direction musicale, Mikko Franck, souffrant, ayant du se désister.

L’auditorium de la Radio, empli de spectateurs jusque dans les recoins les plus escarpés de ses chaleureux balcons en bois, se présente comme un écrin qui devrait accentuer la profondeur des passages les plus intimes, mais ce qui frappe dans l’interprétation du premier mouvement est la nature abrupte de sa structure avec des cuivres qui creusent des courants dissonants comme pour traduire les torsions de la matière. Les cordes entretiennent une tension frémissante, et il est assez étrange de se sentir dans l’univers du second acte du ‘Siegfried’ de Richard Wagner, ce qui a du sens puisque les impressions de la nature y jouent aussi un rôle important.

Orchestre Philharmonique de Radio France

Orchestre Philharmonique de Radio France

L’engagement des musiciens est merveilleux, et le soin qu’ils accordent tous à la clarté des détails, à la vivacité des lignes, à l’étirement des sons afin de les fusionner irrésistiblement, tout en semblant se nourrir eux-mêmes du son qu’ils produisent, est très beau à voir.

Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

Vient le moment où la contralto Gerhild Romberger aborde le passage sur ‘ce que me conte l’Homme’, et le pathétisme du galbe de sa voix chargée de noirceur est d’une plénitude magnifique tant elle semble travaillée avec la même délicatesse que celle d’un verrier modelant finement un cristal à chaud - il sera d’ailleurs possible de la réentendre en Erda dans ‘Siegfried’ en avril prochain à la Philharmonie -.

Installés en arrière scène avec une allure de juges sérieux et impassibles, les enfants de la Maîtrise de Radio France se révèlent des anges très sûrs d’eux, leurs voix étant bien timbrées et harmonieusement équilibrées à celles des femmes, ce qui rend une impression de sérénité joyeuse fort charmante.

Orchestre Philharmonique de Radio France

Orchestre Philharmonique de Radio France

Mais le plus beau est dans la façon dont l’orchestre s’enfonce dans les voluptés de l’Amour. Il est souverain à insuffler un mouvement de fond aux contrastes prenants, un son d’une plasticité magnifique chargé d’irisations et d’éclats crépusculaires portés par une respiration à fleur de peau d’une densité chaleureuse impossible à se défaire.

Une interprétation rare qui vous reconnecte à l’essentiel.

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