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Publié le 1 Décembre 2024

Les Offrandes oubliées (Olivier Messiaen – 19 février 1931, Théâtre des Champs-Élysées)
Symphonie n°7 (Anton Bruckner – 30 décembre 1884, Leipzig)
Concert du 21 novembre 2024
Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Direction musicale Philippe Jordan
Orchestre national de France
Violon solo Sarah Nemtanu

 

‘Les Champs-Élysées sont aussi pour moi un grand souvenir, car on y a donné ma première œuvre d’orchestre – j’étais à ce moment là un petit jeune homme fort timide de 22 ans -, et c’est Walter Straham qui a dirigé mes ‘Offrandes oubliées’ – c’était, je crois, en 1931 -. J’avais le cœur si tremblant que je n’entendais absolument rien de ce qui se passait sur la scène, mais je crois que l’exécution a été excellente, et l’accueil a été très favorable, ce qui est assez surprenant.’

Ainsi se rappelait Olivier Messiaen de la création de son œuvre lors d’une interview rediffusée sur France Musique, une méditation symphonique décomposée en trois volets, ‘La Croix’, ‘Le Péché’ et ‘L’Eucharistie’, que Cristian Măcelaru avait déjà choisi d’interpréter il y a 3 ans avec l’Orchestre national de France, en ouverture de saison à l’Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.

Philippe Jordan

Philippe Jordan

Dans sa structure, l’œuvre commence par de lents entrelacs de cordes dont le métal est utilisé pour créer des effets d’irisations, puis, après une brève transition assombrie par les bassons, un déferlement d’attaques décrit une course vers l’abîme, un peu comme dans ‘La Damnation de Faust’, les cisaillements des cordes se faisant âpres, battus par les timbales, jusqu’à une montée prodigieuse mêlant cuivres et percussions. Après une fracture nette, les bassons reprennent leur motif de calme noir pour mener au mouvement lent final, où les violons s’étirent dans les aigus dans une ambiance quasi-mystique.

Philippe Jordan, dont a été annoncé dès le matin avec joie et sourires sa nomination à partir de septembre 2027 à la direction de l’Orchestre national de France, obtient des musiciens une clarté diaphane qu’il affectionne beaucoup dans le répertoire français du XXème siècle, une flamboyance quasi-straussienne dans le mouvement central avec un net effet d’entraînement qui bouscule cette surprenante envolée, avant de retrouver un espace de recueillement intime qu’il va étirer avec finesse jusqu’au long silence conclusif.

L'Orchestre national de France - 7e symphonie de Bruckner

L'Orchestre national de France - 7e symphonie de Bruckner

La pièce principale de la soirée est cependant la 7e Symphonie d’Anton Bruckner rendue célèbre au cinéma par le film de Luchino Visconti ‘Senso’ (1954), à travers laquelle on retrouve sous la gestuelle souple et enveloppante de Philippe Jordan les ombres veloutées et sous-jacentes qu’il sait si bien mettre en valeur dans les ouvrages wagnériens pour lesquels le compositeur autrichien vouait aussi une immense admiration.

Ce soir, la volonté de maintenir un rapport au corps serré avec l’orchestre est saillant ce qui transparaît dans la grande densité de l’interprétation. Les mouvements des contrebasses s’apprécient pour leur moelleux, les cuivres clairs se montrent pimpants et les cors chaleureux, le trait poétique de la flûte est lumineusement coloré, et après un superbe adagio prenant et recueilli, sans virer aux états d’âmes trop crépusculaires, scherzo et final sont menés avec une véhémence flamboyante aux courbes et volumes d’une malléabilité magnifique.

On sent le soin accordé à l’enchantement suscité par des motifs très fins et des piqués légers, et il est très beau de voir comment sous un apparent calme cérémoniel Philippe Jordan peut faire ressortir une effervescence d’un grand raffinement tenue par une ligne aristocratique très élancée.

Philippe Jordan - 7e symphonie de Bruckner

Philippe Jordan - 7e symphonie de Bruckner

Beaucoup d’enthousiasme en fin de concert entre musiciens, public et chef d’orchestre, tant cette soirée est placée sous le sceau de l’évidence, et augure d’un avenir prometteur.

L'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

L'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

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Publié le 19 Septembre 2024

3e Symphonie (Gustav Mahler -
                          9 juin 1902, Krefeld)
Concert du 19 septembre 2024
Maison de la Radio et de la Musique 
Auditorium de Radio France

Ce que me content les Rochers.
Ce que me content les Fleurs des Prés
Ce que me content les Animaux de la Forêt
Ce que me conte l’Homme
Ce que me content les Anges
Ce que me conte l’Amour

Contralto Gerhild Romberger
Direction musicale Jukka-Pekka Saraste
Orchestre Philharmonique de Radio France
Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

En résonance avec l’ouverture de la saison précédente qui avait permis d’entendre à la Philharmonie la '3e symphonie' de Gustav Mahler interprétée par l’Orchestre de Paris sous la direction de Semyon Bychkov, c’est cette fois le Philharmonique de Radio France qui présente en ce mois de septembre l’un des monuments éblouissants de la fin du romantisme dont la première exécution fut dirigée par le compositeur lui-même en juin 1902 à la Stadthalle de Krefeld, une salle de 1600 places, devant Richard Strauss, Alma Mahler et Engelbert Humperdinck.

Gerhild Romberger et Jukka-Pekka Saraste

Gerhild Romberger et Jukka-Pekka Saraste

Ce soir, c’est Jukka-Pekka Saraste qui assure la direction musicale, Mikko Franck, souffrant, ayant du se désister.

L’auditorium de la Radio, empli de spectateurs jusque dans les recoins les plus escarpés de ses chaleureux balcons en bois, se présente comme un écrin qui devrait accentuer la profondeur des passages les plus intimes, mais ce qui frappe dans l’interprétation du premier mouvement est la nature abrupte de sa structure avec des cuivres qui creusent des courants dissonants comme pour traduire les torsions de la matière. Les cordes entretiennent une tension frémissante, et il est assez étrange de se sentir dans l’univers du second acte du ‘Siegfried’ de Richard Wagner, ce qui a du sens puisque les impressions de la nature y jouent aussi un rôle important.

Orchestre Philharmonique de Radio France

Orchestre Philharmonique de Radio France

L’engagement des musiciens est merveilleux, et le soin qu’ils accordent tous à la clarté des détails, à la vivacité des lignes, à l’étirement des sons afin de les fusionner irrésistiblement, tout en semblant se nourrir eux-mêmes du son qu’ils produisent, est très beau à voir.

Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

Vient le moment où la contralto Gerhild Romberger aborde le passage sur ‘ce que me conte l’Homme’, et le pathétisme du galbe de sa voix chargée de noirceur est d’une plénitude magnifique tant elle semble travaillée avec la même délicatesse que celle d’un verrier modelant finement un cristal à chaud - il sera d’ailleurs possible de la réentendre en Erda dans ‘Siegfried’ en avril prochain à la Philharmonie -.

Installés en arrière scène avec une allure de juges sérieux et impassibles, les enfants de la Maîtrise de Radio France se révèlent des anges très sûrs d’eux, leurs voix étant bien timbrées et harmonieusement équilibrées à celles des femmes, ce qui rend une impression de sérénité joyeuse fort charmante.

Orchestre Philharmonique de Radio France

Orchestre Philharmonique de Radio France

Mais le plus beau est dans la façon dont l’orchestre s’enfonce dans les voluptés de l’Amour. Il est souverain à insuffler un mouvement de fond aux contrastes prenants, un son d’une plasticité magnifique chargé d’irisations et d’éclats crépusculaires portés par une respiration à fleur de peau d’une densité chaleureuse impossible à se défaire.

Une interprétation rare qui vous reconnecte à l’essentiel.

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Publié le 15 Juin 2024

Dream Requiem (Rufus Wainwright – Lord Byron – Paris, le 14 juin 2024)
Concert du 14 juin 2024
Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Dream Requiem (2024) – Création mondiale
Pour narrateur, soprano solo, chœur d’enfants, chœur et orchestre, sur le poème « Darkness » de Lord Byron et la messe de Requiem.
1. Darkness I, 2. Requiem aeternam, 3. Lux perpetua, 4. Kyrie, eleison!, 5. Sequentia I: Dies irae, 6. Darkness II, 7. Sequentia II: Mors stupebit, 8. Sequentia III: Rex tremendae, 9. Sequentia IV: Ingemisco,  10. Sequentia V: Confutatis, 11. Darkness III, 12. Offertorium, 13. Sanctus, 14. Agnus Dei, 15. Lux Aeterna, 16. Darkness IV, 17. In paradisum

Direction musicale Mikko Franck
Orchestre Philharmonique de Radio France
Chœur et Maîtrise de Radio France
Violon Solo Nathan Mierdl
Récitante Meryl Streep
Soprano Anna Prohaska

Commande de Radio France, Royal Ballet London, Los Angeles Master Chorale, Palau de la Música Catalana Barcelona, RTÉ Concert Orchestra, Helsinki Philharmonic Orchestra, Nederlands Philharmonisch Orkest

Depuis son passage à Paris en octobre 2003 lors d'une soirée unique passée sur le Batofar, une péniche branchée flottante au pied de la Grande Bibliothèque de Paris, pour y interpréter au piano des mélodies de ses trois premiers albums, ‘Rufus Wainwright’ (1998), ‘Poses’ (2001) et ‘Want One’ (2003), la carrière de Rufus Wainwright a atteint un rayonnement inimaginable au cours des 20 ans qui suivirent.

Mikko Franck, Meryl Streep et Rufus Wainwright

Mikko Franck, Meryl Streep et Rufus Wainwright

Fortement imprégné de l’univers de l’opéra, le chanteur canadien a créé son premier ouvrage lyrique ‘Prima Donna’, en langue française, au Palace Theatre de Manchester, le 10 juillet 2009, puis un second opéra, ‘Hadrian’, à la Canadian Opera Company le 13 octobre 2018, sous la direction d’Alexander Neef.

‘Dream Requiem’ est donc sa troisième composition lyrique qui reprend la structure d’une messe liturgique en y insérant des extraits du poème de Lord Byron ‘Darkness’, écrit en 1816 suite à l’éruption du Mont Tambora (Indonésie), dont la violence entraîna un hiver volcanique pendant 3 ans, au point de provoquer des baisses de température de 3°C en moyenne en Europe.

Philharmonique et Chœur de Radio France à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Philharmonique et Chœur de Radio France à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Le lancinant et sombre déroulé introductif des cordes donne l’impression de survoler un paysage lunaire évoquant le désastre humain après un cataclysme, et la voix narrative de Meryl Streep, simplement posée sur le souffle avec une diction très précise et accrocheuse, s’allie à l’ensemble et à la ligne mortuaire d’une clarinette avec beaucoup de naturel.

La voix d’Anna Prohaska appelle à la lumière, et l’élan extatique de l’orchestre explose et porte le chœur, surélevé en arrière scène sous la sculpture monumentale de l’orgue, avec une vigueur qui semble virer à la transe. La musique devient très rythmée et dansante, comme une mécanique en marche.

Anna Prohaska

Anna Prohaska

On reconnaît par la suite des motifs de cordes oscillants emblématiques de la musique de Philip Glass, ainsi que le chant allant sautillant de l’écriture vocale de John Adams, jusqu’à ce magnifique moment d’évasion joué à l’alto par Marc Desmons en plein milieu de l’ouvrage avec le soutien des cordes, qui nous emmène dans l’univers onirique de ‘La Femme sans ombre’ de Richard StraussMikko Franck est d'une implication impeccable.

Le retour sur terre est vif avec une reprise grandiose du chœur, des passages a cappella, le chant de l'ensemble coulant sur un seul souffle sans discontinuité cette fois, l’atmosphère sombre et dévastée du début est à nouveau rappelée, et le chœur d’enfants conclut la pièce par une évocation de l’espoir, de l’apaisement, et un retour à une certaine pureté.

Meryl Streep

Meryl Streep

Salle comble devant un public très jeune que l’on ne voit pas habituellement à l’occasion des concerts classiques, car Rufus Wainwright, plus connu pour ses ballades, soit intimes et uniquement accompagnées au piano, soit enveloppées d’une orchestration sophistiquée et baroque, a ainsi le pouvoir de capter ses admirateurs et de les inviter à le suivre dans ses incursions lyriques et symphoniques.

Marc Desmons (Alto)

Marc Desmons (Alto)

Standing ovation nourrie pour tous les artistes, Rufus Wainwright compris, cela va sans dire!

A revoir sur Arte Concert ici jusqu'au 13 juin 2028.

Maîtrise de Radio France

Maîtrise de Radio France

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Publié le 24 Février 2023

Leonard Bernstein / Jake Heggie / John Adams 
Concert du 23 février 2023
Auditorium de Radio France

Leonard Bernstein (1918-1990) : Candide, ouverture (1956)
Jake Heggie (né en 1961) : Camille Claudel : Into The Fire (2012)
John Adams (né en 1947 ) : Harmonielehre (1985)

Mezzo-soprano Joyce DiDonato
Direction musicale Pierre Bleuse
Orchestre National de France

 

Cette soirée du 23 février 2023 restera sans doute inoubliable pour le public de l’auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique au point que l’on peut déplorer qu’une plus grande publicité n'ait été faite pour ce concert 100 % américain qui méritait une salle comble.

Sous forme de mise en bouche, l’étincelante ouverture de ‘Candide’ de Leonard Bernstein est d’emblée une bouffée d’optimisme à l’effervescence bien rythmée qui laisse la plénitude du son s’épanouir, ce qui permet à Orchestre National de France d’offrir une première démonstration de l’ampleur de ses couleurs.

Joyce DiDonato

Joyce DiDonato

Magnifique et vêtue d’une robe aux reflets grenats et prompte à entrer dans les états d’âme recueillis de Camille Claudel, Joyce DiDonato fait une entrée chaleureuse et émue, sous les applaudissements du public mais aussi de Pierre Bleuse, car elle s’apprête à offrir à l’assistance, en première pour la France, son interprétation d’’Into The Fire’ dont elle avait assurée la première mondiale 11 ans plus tôt, le 04 février 2012, au Herbst Theater de San Francisco.

A ce moment là, Jake Heggie avait composé cet hommage à la muse de Rodin pour un quatuor à cordes, une forme plus intime et introspective que la version orchestrale jouée ce soir, dont l'arrangement fut achevé trois ans plus tard pour le Berkeley Symphony, en décembre 2014.

Sur des textes de Gene Scheer, auteur et compositrice américaine, les huit poèmes symphoniques racontent l’absence, l’attachement, le manque et des étreintes évanouies de la sculptrice, jusqu’au délire paranoïaque et la solitude de l’asile psychiatrique. 

Joyce DiDonato et Pierre Bleuse

Joyce DiDonato et Pierre Bleuse

L’amateur d’opéra ne peut s’empêcher de reconnaître, dès la première pièce intitulée ‘Rodin’, des réminiscences de la scène de la tour de ‘Pelléas et Mélisande’ qui reviendront à plusieurs reprises dans les autres passages. Le texte est d’ailleurs très explicite, peut-être par hasard, dans ‘La petite châtelaine’, lorsque sa mère évoque ses sorties la nuit par la fenêtre de la tour.

Mais on pense aussi au sentimentalisme du ‘Werther’ de Massenet dès le début, ou bien, dans ‘Shakuntala’, à un orientalisme mauresque où Joyce DiDonato fait une démonstration d’ornementations nuancées et de colorations passionnées d’une intensité fabuleuse. La tension corporelle qui l’anime atteint son paroxysme à ce moment précis. 

Joyce DiDonato

Joyce DiDonato

Et puis il y a aussi ces évanescences minimalistes qui évoquent les compositions de Philip Glass dans ‘The Gossip’, puis un retour, dans l’épilogue, à ce mélange subtil de romantisme et de symbolisme présent au début.

Cette très belle musique aux tissures délicates fait voyager, mais aussi fait progressivement remonter des émotions profondes dans un esprit de sérénité très mystérieux.

Applaudissements nourris, galvanisés par un spectateur, assis au parterre, très enthousiaste qui cherche à entraîner avec lui toute la salle, cette première partie est autant un hommage à Jake Heggie qu’à une artiste aussi merveilleuse et bienveillante que Joyce DiDonato.

L'Orchestre National de France

L'Orchestre National de France

Changement d’atmosphère en seconde partie, où Pierre Bleuse va se lâcher et électriser l’Orchestre national de France surmonté par une impressionnante rangée de percussions et de vibraphones.

‘Harmonielehre’ fut créée le 21 mars 1985 au Davies Hall de San Francisco. Cette symphonie en trois mouvements est née d’un rêve de John Adams, ce qui autorise pleinement l’auditeur à laisser courir son imagination sur une musique de conception minimaliste, mais qui s’ouvre sur des paysages grandioses et une ampleur d’où peuvent surgir des accélérations rythmiques qui catalysent une énergie phénoménale. 

Pierre Bleuse

Pierre Bleuse

Le chef d’orchestre français, qui dirigera l’Ensemble intercontemporain à partir de la saison prochaine, est impressionnant d’enthousiasme. Sens inné de la tension physique, drainé par une exaltation quasi hallucinée, il fait ressortir l’étrange dimension wagnérienne de l’œuvre d’autant plus aisément que l’Orchestre National de France en a l’envergure.

A plusieurs moments, le sentiment d’être aspiré dans un univers cosmique vertigineux devient très intense, et cette sensation nous fait perdre tous nos repères quand l’ivresse sonore l’emporte. Et visiblement, les musiciens sont eux-mêmes subjugués par ce véritable monstre musical qu’ils engendrent, respectant la complexe mécanique musicale tout en faisant s'enchevêtrer les multiples nappes sonores avec un art de la fusion splendide.

Un concert dont on sort estomaqué et heureux d’avoir été aussi submergé par une telle impression de grandiose et d’excès.

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Publié le 8 Octobre 2022

Concerto pour violon et Suite du Chevalier à la Rose – Orchestre National de France

Concert du 06 octobre 2022
Auditorium de Radio France

Johannes Brahms
Concerto pour violon et orchestre (1er janvier 1879 – Leipzig)

Jean Sébastien Bach
Fugue extraite de la Sonate n°1 en sol mineur (1720) 'bis'

Richard Strauss
Le Chevalier à la rose, nouvelle suite de Philippe Jordan et Tomáš Ille (05 octobre 1944 – New York / 06 octobre 2022 - Paris)

Direction musicale Philippe Jordan
Violon Antonio Stradivari ‘Lady Inchiquin’ 1711 Franz Peter Zimmermann
Orchestre National de France

Depuis le concert d’adieu joué le 02 juillet 2021 à l’Opéra Bastille, Philippe Jordan est totalement investi à ses projets avec l’Opéra de Vienne. Son retour à Paris est donc un évènement qui marque ses débuts avec l’Orchestre National de France.

Et dès son arrivée, sa joie de retrouver l’auditorium de Radio France où il avait enregistré ‘Siegfried’ en pleine période de confinement, le 06 décembre 2020, est évidente, tout autant que sont palpables la fébrilité et l’attention des auditeurs venus ce soir, parmi lesquels peuvent même être aperçues des personnalités liées à l’Opéra de Paris et son histoire.

Philippe Jordan - Suite du Chevalier à la Rose

Philippe Jordan - Suite du Chevalier à la Rose

En première partie de ce concert, le 'Concerto pour violon et orchestre', fruit de l’amitié entre Johannes Brahms et le violoniste Joseph Joachim, permet immédiatement de mettre en valeur la plénitude des bois et l’agilité homogène du geste orchestral toujours très caressante sous la baquette de Philippe Jordan.

Franz Peter Zimmermann ne tarde pas à devenir le point focal de l’œuvre par un jeu d’une vivacité acérée qui évoque, par la plasticité de ses traits d’ivoire effilés, un caractère chantant et bucolique très accrocheur. Il esquisse ainsi de véritables dessins d’art sonores avec une recherche d’authenticité et une dextérité inouïe, ce qui fait la force de ce grand artiste.

Et pour le plaisir, on retrouve ce mélange de finesse lumineuse et de rudesse mélancolique dans la fugue extraite de la 'Sonate pour violon n°1' de Jean-Sébastien Bach offerte en bis.

Franz Peter Zimmermann et Philippe Jordan - Concerto pour violon de Brahms

Franz Peter Zimmermann et Philippe Jordan - Concerto pour violon de Brahms

En seconde partie, c’est une nouvelle version de la 'Suite du Chevalier à la Rose’ que dirige Philippe Jordan, version qu’il a mis au point avec le musicologue tchèque Tomáš Ille pour augmenter sa dimension symphonique. Ainsi, de 25 minutes pour la version originale exécutée la toute première fois par Artur Rodziński à New-York en 1944, cette nouvelle version passe désormais à 40 minutes de luxuriance exacerbée.

Le résultat est que les spectateurs de l’auditorium de Radio de France vont vivre un moment absolument éblouissant avec l’Orchestre National de France, à travers une interprétation d’une ampleur prodigieuse, enlevée par un déferlement sonore d’une vitalité souriante empreinte de jaillissements de couleurs et d’éclats fulgurants. Les passages les plus intimes, comme à l’arrivée de Sophie, sont transcrits avec une clarté et une douceur irrésistibles, et point également une ébullition tout en retenue – très belle finesse qu’il obtient du premier violon - qui magnifie la délicatesse des instrumentistes.

Philippe Jordan - Suite du Chevalier à la Rose

Philippe Jordan - Suite du Chevalier à la Rose

Puis, Philippe Jordan laisse extérioriser l’enthousiasme qui l’anime intrinsèquement, et il le transmet au public avec énormément de générosité, d’autant plus que ‘Der Rosenkavalier’ est un opéra qui s’associe avec beaucoup d’évidence à sa personnalité, ce qui est d’autant plus sensible dans cette symphonie issue de sa propre conception.

Philippe Jordan et les musiciens de l'Orchestre National de France

Philippe Jordan et les musiciens de l'Orchestre National de France

L’échange fait de joie et d’admiration entre lui et les musiciens, lisible au moment des saluts, n’en est que plus réjouissant à admirer.

Ce concert, diffusé en direct sur France Musique, peut être réécouté sous le lien suivant et permet également d'écouter les inteviews des artistes:
Brahms et Strauss par Frank Peter Zimmermann et l'Orchestre National de France dirigé par Philippe Jordan

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Publié le 23 Octobre 2020

Concertos pour clavier  (Johann Sebastian Bach – 1736 / 1739)
Concert du 23 octobre 2020
Auditorium de Radio France

Concerto pour clavecin en ré mineur, BWV 1059
Concerto pour clavecin en fa majeur, BWV 1057
Concerto pour clavecin en ré mineur, BWV 1052
Concerto à deux claviers en ut mineur, BWV 1060

Ensemble Café Zimmermann

Dans une lettre écrite le 28 octobre 1730 à Georg Erdmann, consul de Russie à Gdansk, Johann Sebastian Bach exprimait son désabusement à Leipzig, qu’il avait rejoint après un passage heureux à la cour du Prince Leopold d’Anhalt-Cöthen. Il n‘occupait pas de fonctions aussi importantes qu’il le pensait et trouvait les autorités peu portées sur la musique.

Mais le décès du recteur de la ville entraîna une amélioration de sa situation, et Bach délaissa les compositions d’église pour se consacrer pleinement au Collegium Musicum, un petit ensemble qui se réunissait au Café Zimmermann de la rue Sainte-Catherine.

Concertos pour clavier de Bach par Café Zimmermann – Auditorium de Radio France

Ce lieu à l’esprit convivial a inspiré en 1999 le nom d’un ensemble créé par la claveciniste Céline Frisch et le violoniste Pablo Valetti, "Café Zimmermann". Cet ensemble a depuis enregistré d’août 2000 à mai 2010 une magnifique série d’enregistrements des concerts à plusieurs instruments de Bach, tous réunis dans un coffret en six volumes édité par le label Alpha Productions.

Il plane donc une grande impatience sur cette première soirée de concertos pour clavier donnée à l’auditorium de Radio France à un horaire avancé, et enregistrée par France Musique.

Carole Cerasi et Céline Frisch (de dos)

Carole Cerasi et Céline Frisch (de dos)

Trois des huit concertos pour un seul clavecin sont au programme, le BWV 1059 en ré mineur, dont il n’existe qu’un court fragment de la main de Bach, le BWV 1057 en fa majeur, qui est une adaptation du 4e Concerto brandebourgeois BWV1049 composé en 1721, et le BWV 1052 en ré mineur dont Bach a donné plusieurs versions.

L’acoustique de l’auditorium semble créer un espace un peu trop large pour la formation chambriste, mais un halo lumineux focalise chaleureusement toute l’attention sur l’ensemble, et la part belle est faite au clavecin et à sa superbe marqueterie finement ornée de motifs floraux.

Concertos pour clavier de Bach par Café Zimmermann – Auditorium de Radio France

Céline Frisch et Carole Cerasi alternent d’un concerto à l’autre, diffractant un enchantement sonore scintillant et feutré, une pétulance heureuse qui engendre un sentiment diffus de légèreté dont on a tant besoin en ce moment.

Les instrumentistes, violons, alto et violoncelles, répondent à cette allégresse avec un toucher caressant qui affine les phrasés avec une souplesse bienveillante où l’esprit domine le corps. Il y a même des jeux de correspondance subtilement bondissants entre les violoncelles et le clavecin qui se révèlent accrocheurs par la douceur qui les anime.

L'ensemble Café Zimmermann

L'ensemble Café Zimmermann

Puis, en dernière partie, deux claviers sont disposés face à face par l’équipe de techniciens en charge de régler précisément le positionnement des instruments et le dispositif de prise de son pour la radio.

L’un des trois concertos pour deux clavecins composés par Bach, le BWV 1060 en ut mineur, constitue ainsi l’apothéose finale de ce concert. Céline Frisch et Carole Cerasi sont entraînées dans un jeu étourdissant et épatant au son miroitant qui provoque le même plaisir que l’on peut avoir à observer à travers un instrument le scintillement précieux d’amas d'étoiles.

Beaucoup de sourires au salut final en réponse à un public ravi.

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Publié le 16 Avril 2015

Programmation de l’auditorium de Radio France d’avril à juillet 2015

Depuis le concert d’inauguration du 14 novembre 2014, l’ouverture du nouvel auditorium de Radio France a très vite été occultée par l’ouverture de la Philharmonie deux mois plus tard.
Les formations de la Maison de la Radio ont donc réintégré leurs locaux d’origine, puisqu’elles disposent dorénavant d’une salle de 1461 places plus 31 places pour handicapés.
Mais la programmation de cet auditorium est toujours insuffisamment connue, car Radio France présente l’ensemble de ses concerts par dates, et non par salles (le Théâtre des Champs-Elysées, la Philharmonie, la Basilique Saint-Denis et les autres théâtres où jouent également les formations ont, de toute façon, un programme spécifique). 

Les concerts prévus d’ici la fin de saison dans ce nouvel auditorium, y compris les activités pédagogiques, sont ainsi rappelés dans les lignes qui suivent.

Par ailleurs, les abonnements pour la saison 2015/2016 seront disponibles dès le 20 avril 2015 ( Concerts de Radio France - Nouvelle saison, nouvelles offres ).

 © AS.Architecture Studio

© AS.Architecture Studio

Avril 2015

Orchestre Philharmonique de Radio France - Koopman, Hardy (basson) le 16 avril 19h
Mozart Cto pour basson et orchestre n°1 – Haydn Symph. n°60 « Le distrait »

Orchestre Philharmonique de Radio France - Koopman, Isserlis (violoncelle)  le 18 avril 11h
Haydn Cto n°1 pour violoncelle et orchestre

Orchestre Philharmonique de Radio France - Koopman, Hardy (basson), Isserlis (violoncelle) le 18 avril 20h
Mozart Cto pour basson et orchestre n°1 – Haydn Symph. n°60 « Le distrait »

Orchestre Philharmonique de Radio France – Franck, Skride  (violon), Isserlis (violoncelle) le 24 avril 20h
Sibelius Le Roi Christian II (extrait), Cto pour violon et orchestre, En Saga, Symph. n°7

 

Mai 2015

Orchestre Philharmonique de Radio France – Koopman, Skride  (violon), Raclot (violoncelle), Devilleneuve (hautbois), Duquesnoy (basson) le 13 mai 20h
Haendel Cto a due cori – Bach Cto pour violon et hautbois – Haydn Symph. n°105 « concertante »

Chœur de Radio France – Quattuor Ellipse, Arman, Lecompte (orgue)  le 19 mai 20h
Michael Haydn Missa Sanctae Crucis – Mozart Adagio et Fugue, Requiem

Orchestre National de France – Bychkov, Tharaud (piano) le 21 mai 20h
Mozart Cto pour piano et orchestre n°21 – Chostakovitch Symph. n° 8

Orchestre Philharmonique de Radio France – Rophé,  Neue Vocal Solisten de Stuttgart le 22 mai 20h
Stravinsky Quatre études pour orchestre – Mantovani Création pour orchestre – Berio Sinfonia

Orchestre Philharmonique de Radio France – Mantovani,  David (saxophone), Coppey (violoncelle) le 23 mai 20h
Donatoni Spiri – Mantovani Troisième round, Streets -  Jarrell Asson. V, cto pour violoncelle -  Attahir Quartes blanches

Orchestre National de France – Robertson, Järvi, Pierlot (flûte), Curt (percussions) le 28 mai 20h
Daugherty Route 66 – Bernstein On the Town – Schnyder Cto pour flûte, percussions et cordes – Milhaud La Création du monde- Ellington Harlem

Orchestre Philharmonique de Radio France – Weilerstein, Delunsch le 29 mai 20h
Chausson Viviane - Canat de Chizy « Voilé, dévoilé » pour soprano et orchestre – Rachmaninov Danses symphoniques

Orchestre Philharmonique de Radio France – Weilerstein le 30 mai 11h
Rachmaninov Danses symphoniques

 

Juin 2015

Orchestre National de France – Gatti le 02 juin 20h
Programme surprise ! en hommage à Daniele Gatti qui prend les rênes de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam.

Orchestre Philharmonique de Radio France – Laurenzi (réalisation informatique musicale Ircam) le 05 juin 20h
Hurel Tour à tour (Commande Radio France et Ircam du cycle intégral pour orchestre et électronique)

Orchestre Philharmonique de Radio France - Myung-Whun Chung , Shaham (violon) le 12 juin 20h
Bruch Cto pour violon et orchestre n°1 – Mahler Symph. n°5

Orchestre Philharmonique de Radio France – Koopman le 27 juin 11h
Mozart  Symph. n°25

Orchestre Philharmonique de Radio France – Koopman le 27 juin 20h
Haydn Il mondo della luna, ouverture - Mozart Symph. n°25 - Beethoven Symph. n°2

 

Juillet 2015

Chœur de Radio France - Orchestre National de France – Gatti  le 03 juillet 20h
Brahms Requiem allemand

 

Détail de tous les concerts sur le site de Radio France

Agenda de la Maison de la Radio

 

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