Clytemnestra - Martha Graham Dance au Châtelet
Publié le 19 Avril 2009
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Clytemnestre (1958)
Martha Graham Dance Company
Représentation du 18 Avril 2009
Théâtre du Châtelet
Chorégraphie Martha Graham
Musique Halim El-Dabh
Clytemnestra Fang-Yi Sheu,
Agamemnon David Zurak,
Helen of Troy Katherine Crockett,
Paris David Martinez,
Electra Jennifer DePalo,
Orestes Tadej Brdnik,
Aegisthus Maurizio Nardi,
Iphigenia Miki Orihara,
Cassandra Elizabeth Auclair
Fang-Yi Sheu (Clytemnestre) déplorant le sacrifice d'Iphigénie.
C’est la tragédie des Atrides selon Eschyle qui sert de support à ce ballet oppressant et passionnant.
Clytemnestre occupe seule le premier plan, une femme déchirée par le sacrifice de sa fille Iphigénie, geste qu’elle ne pardonne pas à Agamemnon.
C’est pour cette raison qu’elle l’assassine lors de son retour de la Guerre de Troie, et non pas à cause d’un amour coupable pour Cassandre.
Égisthe, l’amant de Clytemnestre sensuel mais vulgaire et sans envergure, devient ici la personnification de l’objet du désir féminin, la chorégraphie qui associe ce couple meurtrier est un conflit entre attirance sexuelle et répulsion devant l’image du crime prémédité.
Une tension renforcée par la musique d’Halim El-Dabh, et dont les affinités avec celle de Luigi DallaPiccola surprennent.
Par opposition, le couple Pâris-Hélène exprime beaucoup plus un rapport de tendresse, une évocation de la jeunesse de Roméo et Juliette.
Martha Graham compose également un impressionnant passage pour Clytemnestre, à partir d’un grand voile qu’elle utilise soit pour souligner la féminité de ses formes, soit pour les déformer, et montrer comment la Reine est en train de perdre tout son être.
L’ensemble de la pièce met en scène aussi bien le sacrifice d’Iphigénie, que la prédiction de Cassandre (la manière dont elle sera tuée avec Agamemnon), la vengeance d’Electra et d’Orestes, le pardon d’Athena et Apollon.
Comme lors de la rétrospective de mardi soir, nous retrouvons des hommes musclés et très en chair, une mise en valeur de la sensibilité féminine (c’est le destin de cinq femmes qui est ainsi raconté), une narration linéaire (avec enchevêtrement du présent et d’obsessions ressassées), et une mixité culturelle à l'image du public.