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Publié le 22 Mars 2020

Les deux articles ci-dessous retranscrivent les deux témoignages succincts donnés par Martial Di Fonzo Bo (Comédie de Caen) et Cyrille Dubois, artiste Lyrique régulièrement invité à l'Opéra de Paris, au journal régional de France 3 Normandie le samedi 21 mars 2020, sur la situation des artistes et techniciens touchés par l'arrêt des spectacles vivants.

Le rideau est tombé précipitamment, le théâtre donne l’impression d’avoir été évacué. Une affichette précise que le festival « Ecriture partagée » est annulé. Mais qui en douterait ?
Sur son site internet, la Comédie de Caen invite son public à ne pas demander le remboursement des billets.

Martial Di Fonzo Bo - "Si une personne sur deux, une personne sur trois, accompagne ce geste que l’on fait envers les artistes, encore une fois cet argent ne va que dans les équipes programmées, et bien je pense que c’est une façon d’être solidaire avec quelque chose que l’on aime."

La Comédie de Caen a en effet décidé de payer les cachets prévus pendant le confinement. Douze spectacles étaient à l’affiche. Il devait faire travailler une centaine d’artistes et de techniciens qui se retrouvent aujourd’hui désœuvrés, fragilisés par cet arrêt à durée indéterminée.

Marco Bataille-Testu, professionnel du spectacle -  "Il y a de fortes chances que l’on ne puisse pas reporter tous les spectacles sur la saison prochaine. Un spectacle qui s’est arrêté maintenant, s’il n’a pas de dates de représentations prévues dans un mois, deux mois, trois mois, n’aura pas l’occasion de rejouer, et tout cela est un manque à gagner terrible."

En attendant le retour des beaux jours, la Comédie de Caen propose une saison virtuelle. Des captations de spectacles passés seront mis en ligne. Il Faudra attendre le lundi, le mercredi, le jeudi, comme on le ferait au théâtre.

Martial Di Fonzo Bo - "J’ai toujours été bouleversé de voir qu’encore aujourd’hui huit cents personnes peuvent être à l’heure au même endroit, assis côte à côte."

La vidéo ne dit évidemment rien des émotions vécues dans une vraie salle grâce à la sueur des techniciens et des comédiens. Il faut peut être en être privé pour mesurer combien cela nous est précieux.

A revoir à partir de la minute '11' sur la vidéo du 19/20 suivante :

https://www.france.tv/france-3/normandie/19-20-normandie/1332975-19-20-normandie.html

Cyrille Dubois (artiste lyrique) - 19/20 Région Normandie du 21 mars 2020 (France 3)

Cyrille Dubois (artiste lyrique) - 19/20 Région Normandie du 21 mars 2020 (France 3)

Vous êtes confinés, vous aussi. Est-ce que pendant ce confinement vous avez besoin de faire des exercices pour entretenir votre voix ?

Cyrille Dubois  - "Il faut savoir que comme n’importe quel sportif nous avons besoin d’entretenir notre instrument, alors c’est forcément beaucoup moins facile lorsque l’on n’a pas un pianiste avec nous ou un orchestre avec lequel répéter. On essaye de faire quelques exercices, mais il faut aussi savoir que le métier d’un chanteur c’est beaucoup de travail de recherche autour d’un rôle, autour d’un répertoire, et donc cela m’occupe aussi pas mal de temps."

Revenons à la tribune que vous avez cosignée : tous les concerts sont annulés et il n’y a plus de spectacles. Est-ce cela veut dire que les artistes, mais aussi les techniciens du spectacle, vont être complètement privés de revenus?

Cyrille Dubois - "La situation que l’on vit aujourd’hui est vraiment dramatique. Nous ne cherchons pas à tirer la couverture à nous, le personnel médical qui est en première ligne vis à vis des malades est bien évidemment tout simplement héroïque, mais nous faisons aussi part de notre crainte vis-à-vis du drame social qui est en train de se produire en parallèle de ce drame sanitaire.

Il faut voir que tous les concerts ont été arrêtés, et que notre statut fait que chaque fois que l’on ne travaille pas, que ce soient les artistes, les solistes, mais aussi bien sûr les techniciens, les musiciens d’orchestres, les maquilleurs, les habilleurs, et donc tous ceux qui nous entourent au quotidien, sont privés de salaire.

Alors, à la Comédie de Caen, je viens d’entendre dans votre reportage précédent que certaines collectivités locales faisaient l’effort de payer les artistes sur les contrats qui étaient engagés, et sur les contrats qui allaient venir, pendant la période de confinement. Mais, malheureusement, il faut savoir que ce n’est pas le cas partout.

Nous cherchons donc à avoir une réponse coordonnée, et que l’État nous garantisse une partie des revenus qui étaient prévus, car, pour les intermittents du spectacle, une date qui n’est pas travaillée est en fait une date perdue. Ainsi, il s’agit parfois de contrats qui sont planifiés un ou deux ans à l’avance, mais il y a aussi certaines professions, je pense notamment aux techniciens, qui ne signent le contrat qu’au moment où ils arrivent sur place pour faire leur cachet, pour faire leur pige, et dans ces cas là il n’y a aucun contrat de travail qui les protège.

C’est donc au petit bonheur en fonction de l’employeur qui vous fait face, et s’il voudra bien vous rémunérer ou non. Il y a ainsi certains employeurs qui jouent le jeu et qui protègent les artistes, mais il y en a d’autres aussi qui ne peuvent pas, qui n’ont pas la trésorerie, ou qui parfois ne veulent pas, et cela peut représenter pour nous des mois et des mois de travail non rémunérés.

Et nous ne savons pas du tout combien de temps cela va durer. Mon prochain concert sera vraisemblablement donné au mieux au mois d’août, ou sinon en septembre, et d’ici là je n’aurai aucun revenu."

A revoir à partir de la minute '12:50' sur la vidéo du 19/20 suivante :

https://www.france.tv/france-3/normandie/19-20-normandie/1332975-19-20-normandie.html

Lien vers la lettre du collectif cosignée par Cyrille Dubois

https://www.francemusique.fr/actualite-musicale/coronavirus-les-artistes-lyriques-lancent-un-cri-du-coeur-82399

 

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